L’Ange noir
J’avais juste calmé quelqu’ancienne douleur, Écarté de ma vie tout espoir de bonheur, Qu’elle effritait déjà le granit de mon cœur Par d’acides mensonges et baisers rongeurs. Ses grands yeux reflétaient des couleurs d’océan
Et des gris de tempêtes mêlés aux embruns. Mon âme se perdait dans de mortels courants,
Je n’avais pas encore alors le pied marin. Moi qui chérissais tant ma fière liberté, Je devenais esclave entre ses doigts habiles.
Je rêvais d’idéal, mais n’étais que l’objet De vaines effusions et caprices futiles. Mes caresses de feu léchaient son corps de braise
Mais je me consumais sur mon brûlant ouvrage. Me voyant dépérir, elle était à son aise, Me laissant en cadeau, l’enfer et davantage.
L’ange noir qui gardait sa cruelle personne Posait sur son visage une sombre couronne À quelques pas à peine, une étrange Gorgone
Révélait au grand jour, sa face de Démone. M'offrant pour tout bonheur des plaisirs contrefaits,
Elle ornait mon malheur d’un sourire inquiétant, Et je la détestais autant que je l’aimais. Mais les ardeurs s’estompent avec les tourments.
Les accords cristallins de ses chants de sirène Résonnent aujourd’hui comme cloche fêlée Et son charme envoûtant, ses allures de reine Ont perdu désormais tous leurs troublants attraits.
Ces instants d’émotions retombent à ce jour, Comme un calme de mort sur un vieux cimetière.
Ses passions confondaient trahison et amour, Mais le temps patiemment les couvre de poussière.