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Enquêtes tableaux de chasse

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le bulletin technique & juridique de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage

N° hors-série Décembre 2019

© P. Massit/ONCFS

Enquêtes tableaux de chasse

Hors-série

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2

Éditorial

La connaissance

des prélèvements cynégétiques, un des piliers de la gestion

des populations chassées

L

a chasse, comme toute activité de prélèvement d’une ressource, se doit d’être durable, c’est-à-dire de préserver la ressource considérée. La compa- raison financière est d’une simplicité immédiate et parlante : une population animale soumise à la chasse est un capital, renouvelable à travers la dynamique sous- jacente de la population, et la chasse une taxe, qui doit donc préserver le capital. Le prélèvement ne doit pas dépasser les intérêts du capital, c’est-à-dire la capacité de croissance de la population chassée. Dès lors, il est important de connaître l’effectif de la population – comment gérer un capital sans en connaître le montant ? Mais il faut aussi connaître la capacité de croissance de la population – comment gérer un capital sans connaître le taux d’intérêt ? Ces deux points sont traités avec ténacité et professionnalisme depuis des décennies pour de nombreux matériels biologiques par les équipes de la Direction de la recherche et de l’expertise de l’ONCFS, bientôt de l’OFB1, avec leurs partenaires des organismes de recherche, des universités, et des structures gestion- naires (APN, structures cynégétiques).

Mais il faut connaître aussi le prélèvement. Ce numéro présente un panorama particulièrement riche du sujet, en rappelant tout d’abord le « pourquoi » de la démarche, avant d’en détailler la mise en œuvre et les multiples précautions qu’elle réclame. Ce n’est en effet que par un échantillonnage soigné qu’on peut limiter les biais de toute sorte, et assortir le résultat d’une mesure de pré- cision, indispensable dans la confrontation des estima- tions de tableaux de chasse aux autres informations. La présentation de quatre exemples contrastés complète bien ce remarquable panorama.

Mais l’estimation des tableaux de chasse n’est donc qu’une des pièces d’un puzzle, pièces qu’il faut alors assembler en un schéma de gestion cohérent, ce qui ne va

pas sans difficultés. La première concerne les pertes non comptabilisées dans les tableaux. On estime ainsi qu’il faut majorer les tableaux de chasse au gibier d’eau de 30 %, pour tenir compte des nombreux individus blessés à la chasse, et mourant ultérieurement sans être ni retrouvés ni comptabilisés (le « crippling loss » des auteurs anglophones). La seconde concerne les autres modifications de la dynamique propre de la population, souvent difficiles à estimer : l’impact de l’intensification agricole sur les espèces chassables de plaine, ou celui du changement climatique sur les galliformes de montagne, en sont des exemples. Enfin, la variabilité des perfor- mances démographiques au cours du temps ne peut être négligée. Chaque population animale vit dans un « régime de perturbation » qui lui est propre, et qui inclut divers types d’événements intermittents : extrêmes climatiques bien sûr, mais aussi mortalités massives, les épidémies étant le lot commun des populations vivantes. Il importe donc, pour permettre aux populations de récupérer nor- malement de tels accidents, de préserver leur capacité de croissance. À défaut, en opérant des prélèvements qui ne font que maintenir les effectifs à court terme, on main- tient les populations « la tête à peine hors de l’eau », la moindre vague suffisant alors à les mettre en danger. En assurant une capacité de croissance suffisante des popu- lations chassées, on ne fait donc qu’exercer la gestion « en bon père de famille » chère aux notaires, qui permet de se prémunir de tels événements. L’augmentation des événe- ments météorologiques extrêmes induite par le chan- gement climatique, et la multiplication des épizooties résultant du transport en tous sens de nombreux patho- gènes, imposent d’être particulièrement attentifs à ce point.

De multiples efforts de gestion visent à prendre en compte ces diverses difficultés. La « gestion adaptative » en est une des approches les plus achevées, mais plus Jean-Dominique Lebreton

Membre de l’Académie des sciences CEFE : CNRS, EPHE, IRD, Univ. Montpellier, Univ. Paul Valéry Montpellier 3, Montpellier

© ONCFS

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N° hors-série ❙ Décembre 2019

exigeante qu’on ne le croit en général. La gestion adap- tative d’une population animale a pour principe d’utiliser des modulations de la gestion, notamment des prélève- ments cynégétiques, pour mettre à jour nos connais- sances du fonctionnement de la population étudiée. En affinant progressivement le choix entre plusieurs modèles concurrents de la dynamique de la population étudiée, on tend ainsi vers une gestion plus éclairée et durable.

L’équivalent médical serait d’utiliser des modulations de traitement pour affiner progressivement le diagnostic et donc le traitement d’un patient. C’est impossible sans des mesures précises des effets de la modulation : comment moduler un traitement contre la fièvre sans prendre la température du patient ? On prendrait le risque en allé- geant le traitement d’augmenter la fièvre sans s’en rendre compte. On n’est donc que très rarement en situation de pouvoir procéder à une réelle gestion adaptative, et elle ne peut pallier une insuffisance de données. L’état de conservation des populations, une mesure claire et reconnue de leur santé souvent basée sur les tendances

des effectifs, est alors à prendre prioritairement en compte. Tel un sage conseiller financier, le gestionnaire devra s’en tenir alors à un principe de précaution essentiel dans la gestion de la biodiversité. C’est un des points qui fait parfois polémique dans les discussions sur la gestion des populations. La ferme prudence des scientifiques spécialistes de la « dynamique des populations exploitées » est heureusement de plus en plus comprise et acceptée dans le contexte général d’érosion de la biodiversité.

La connaissance des prélèvements cynégétiques bril- lamment résumée dans ce numéro est donc un point clé du développement d’une gestion raisonnée des popula- tions animales. Cette connaissance prend désormais naturellement une place importante dans les suivis (ou

« monitorings ») intégrés de population, à côté des dénombrements permettant d’estimer les variations d’effectifs, et des suivis démographiques le plus souvent basés sur des individus marqués.

© M. Benmergui/ONCFS

1. À compter du 1er janvier 2020, l’Agence française pour la biodiversité et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage formeront l’Office français de la biodiversité.

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4

ommaire

N° hors-série ❙ Décembre 2019

Introduction

page 6

Les enquêtes sur les tableaux de chasse :

quand ? comment ? pour quoi faire ?

M. Guillemain, L. Bacon, P. Aubry

Éléments de méthode

page 10

Enquêtes sur les tableaux

de chasse : pourquoi est-il essentiel d’y répondre, même quand

on n’a rien prélevé ?

P. Aubry

page 15

Enquêtes sur les tableaux de chasse basées sur

l’échantillonnage aléatoire des chasseurs :

comment ça marche ?

P. Aubry

page 21

L’enquête sur les tableaux de chasse à tir

pour la saison 2013-2014 :

quelques éléments de compréhension concernant la mise en œuvre

du dispositif d’échantillonnage

P. Aubry

page 27

Quel système de production de statistiques de tableaux de chasse pour la France ? Comparaison avec le reste de l’Europe

P. Aubry, M. Guillemain

page 33

La précision des tableaux de chasse issus d’une estimation statistique : bien comprendre

pour mieux communiquer

P. Aubry, G. Body

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N° hors-série ❙ Décembre 2019

Résultats

page 40

Enquête nationale

sur les tableaux de chasse à tir Saison 2013-2014

Résultats nationaux

P. Aubry, L. Anstett, Y. Ferrand, F. Reitz, F. Klein, S. Ruette, M. Sarasa, J.-P. Arnauduc, P. Migot

page 48

Estimations des prélèvements des espèces de petit gibier sédentaire de plaine en France pour la saison 2013-2014

É. Bro, J.-S. Guitton, F. Ponce, P. Aubry

page 52

Estimation du tableau de chasse de l’alouette des champs en France pour la saison 2013-2014

C. Eraud, D. Roux, Y. Ferrand, J. Veiga, R. Hargues, P. Aubry

page 58

Les tableaux de chasse à tir de la caille des blés en France

C. Eraud, D. Roux, A. Villers, C. Suas, P. Aubry

page 67

Estimation des tableaux de chasse des grives et du merle noir

en France pour la saison 2013-2014

C. Eraud, D. Roux, Y. Georgeons, C. Rieutort, B. Blanchy, P. Aubry

page 75

Estimation des tableaux de chasse de colombidés en France

pour la saison 2013-2014

H. Lormée, P. Aubry

page 83

Estimation du tableau de chasse de la bécasse des bois en France pour la saison 2013-2014

Y. Ferrand, K. Le Rest, F. Gossmann, P. Aubry

page 89

Estimation des tableaux de chasse de bécassine des marais

et de bécassine sourde

en France pour la saison 2013-2014

Y. Ferrand, K. Le Rest, D. Coreau, P. Aubry

page 95

Les prélèvements cynégétiques de vanneaux huppés

et de pluviers dorés en France

B. Trolliet, P. Bonnin, S. Farau

page 101

Les prélèvements cynégétiques de limicoles côtiers en France métropolitaine

B. Trolliet, P. Bonnin, S. Farau

page 106

Estimation des tableaux de chasse de canards en France pour la saison 2013-2014

M. Guillemain, P. Aubry, B. Folliot, A. Caizergues

Ce numéro hors-série a été réalisé en co-rédaction avec Matthieu Guillemain (ONCFS, Direction de la recherche et de l’expertise, Chef de l’Unité Avifaune migratrice et Chef de projets « Anatidés ») et Philippe Aubry (ONCFS, Direction de la recherche et de l’expertise, Biométricien, Cellule d’appui méthodologique).

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© M. Benmergui/ONCFS

6 Introduction

En 2016, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage et la Fédération nationale des chasseurs publiaient les résultats de l‘enquête nationale sur les tableaux de chasse à tir en France pour la saison 2013-2014 (Aubry et al., 2016). Très attendue, cette publication présentait pour la première fois depuis plus de 15 ans des estimations des prélèvements cynégétiques pour 60 espèces de mammifères et d’oiseaux sédentaires et migrateurs en France. Ces estimations ont ensuite été commentées plus en détail et mises en perspective avec les tableaux de chasse des pays voisins, par une série d’articles compilés dans le présent numéro hors-série de Faune sauvage. Mais quand et comment collecter les tableaux de chasse, et dans quel but ?

de chasseurs et de pêcheurs tiennent aussi un carnet personnel dans lequel ils consignent leurs prélèvements, afin de conserver la mémoire de ces événements.

Des enquêtes nationales de longue date en France et en Europe

Le besoin de collecter les informations relatives aux tableaux de chasse à l’échelle nationale, puis de compiler ces informa- tions entre pays pour les espèces

L

ongtemps considérées comme une ressource saisonnière quasi inépui- sable, les populations sauvages, en particulier migratrices, ont fait l’objet d’une exploitation importante – parfois même commerciale – sans que ces prélè- vements ne soient nécessairement évalués ni concertés entre les différents utilisateurs de la nature. Le risque dans cette situation est ce qui a été décrit comme la « Tragédie des Communs » (Hardin, 1968), c’est-à-dire que des niveaux de prélèvements non concertés sur une ressource partagée s’avèrent en fin de compte extrêmement élevés et

peuvent dans certains cas la conduire jusqu’à son extinction.

Évaluer les prélèvements qui sont réa- lisés dans les populations sauvages – afin de s’assurer que ces populations peuvent les supporter sur le long terme – apparaît aujourd’hui comme une démarche évi- dente et responsable pour tout chasseur, pêcheur, sylviculteur, etc. De fait, la décla- ration et la tenue de registres des prélè- vements sont de longue tradition, en particulier pour les espèces sédentaires ou les propriétés privées, que ce soient de grands domaines, des clubs ou de simples huttes de chasse individuelles. Beaucoup

MATTHIEU GUILLEMAIN

1

, LÉO BACON

1

, PHILIPPE AUBRY

2

1 ONCFS, Direction de la recherche et de l’expertise, Unité Avifaune migratrice – La Tour du Valat, Le Sambuc, Arles.

2 ONCFS, Direction de la recherche et de l’expertise, Cellule d’appui méthodologique – Saint-Benoist, Auffargis.

Les enquêtes

sur les tableaux de chasse :

quand ? comment ? pour quoi faire ?

Introduction

(7)

7 Introduction

N° hors-série ❙ Décembre 2019

migratrices, a été identifié depuis plusieurs décennies : dès les années 1960 et 1970, des groupes de recherche internationaux étaient mis en place pour collecter ces informations de manière la plus conjointe et harmonisée possible entre les pays, afin de gérer ces populations et leur chasse de manière pertinente (Lampio, 1972 et 1973 pour les anatidés, par exemple). L’Office national de la chasse et ses partenaires ont alors commencé à produire des esti- mations du tableau de chasse national, mais de façon très épisodique (saisons 1974-1975, 1983-1984, 1998-1999 et dernièrement 2013-2014 : respecti- vement ONC, 1976 ; Landry et al., 1986 ; Landry & Migot, 2000 ; Aubry et al., 2016).

Des méthodes d’estimation qui ont évolué au fil du temps

L’évolution des problématiques scien- tifiques, les changements dans l’organi- sation de la validation du permis de chasser et les délais entre les enquêtes nationales françaises successives ont conduit à des méthodes d’estimation des tableaux de chasse différentes au cours du temps. La précision taxonomique a fortement évolué : quand la première enquête nationale ne distinguait pas les différentes espèces de grives, de canards ou même de limicoles (ONC, 1976), la dernière distingue 91 espèces et fournit des estimations pour 60 d’entre elles (les

estimations pour les autres étant jugées trop imprécises pour être publiées – Aubry et al., 2016). La méthode d’échantil- lonnage de la population de chasseurs a également beaucoup progressé : selon le type de chasse pratiqué ou les espèces recherchées, la distribution des prélève- ments est très variable à l’échelle du ter- ritoire national et il est donc recommandé de stratifier géographiquement l’échan- tillon de chasseurs ; ce qui peut se faire à l’aide des départements. Il faut ensuite ajuster l’effort d’enquête dans les diffé- rents départements pour maximiser la précision des estimations nationales. Il faut éviter de s’appuyer uniquement sur des chasseurs volontaires et de préférence

© ONCFS

La tenue de carnets de prélèvements est de longue tradition en France.

© ONCFS

Couvertures des bulletins techniques de l’ONCFS dans lesquels ont été publiées les enquêtes nationales successives sur les tableaux de chasse à tir.

le bulletin technique & juridique de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage N° 310 Supplément\janvier – mars 2016

Enquête nationale sur les tableaux de chasse à tir

Saison 2013-2014 Résultats nationaux

PHILIPPEAUBRY1, LAETITIAANSTETT2, YVES FERRAND3, FRANÇOISREITZ4, FRANÇOISKLEIN5, SANDRINERUETTE6, MATHIEUSARASA2, JEAN-PIERREARNAUDUC2, PIERREMIGOT7 1ONCFS, Direction de la recherche et de l’expertise, cellule d’appui méthodologique – Auffargis.

2FNC, Direction du service technique – Issy-les-Moulineaux.

3ONCFS, Direction de la recherche et de l’expertise, Unité Avifaune migratrice – Nantes.

4ONCFS, Direction de la recherche et de l’expertise, Unité Faune de plaine – Auffargis.

5ONCFS, Direction de la recherche et de l’expertise, Unité Cervidés-Sanglier – Bar-le-Duc.

6ONCFS, Direction de la recherche et de l’expertise, Unité Prédateurs et animaux déprédateurs – Gières.

7ONCFS, Direction de la recherche et de l’expertise – Auffargis.

Contact : philippe.aubry@oncfs.gouv.fr

À plusieurs reprises, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, en partenariat avec l’Union nationale des fédérations départementales des chasseurs, a réalisé une estimation nationale des tableaux de chasse à tir.

Quinze ans après la dernière enquête nationale relative à la saison de chasse 1998-1999 (Landry & Migot, 2000), il était indispensable d’en lancer une nouvelle.

En effet, la connaissance des tableaux de chasse est indispensable pour une bonne gestion des espèces chassables : à l’échelle du territoire de chasse local ou du département pour le petit gibier sédentaire et pour le grand gibier ; à l’échelle nationale,

voire internationale, pour les oiseaux migrateurs.

Cette enquête, menée et financée conjointement par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et la Fédération nationale des chasseurs (FNC), visait à estimer les prélèvements cynégétiques par chasse à tir pour la saison cynégétique 2013-2014.

Elle repose sur la sollicitation de près de 60 000 chasseurs répartis sur tout le territoire national, sélectionnés aléatoirement parmi l’ensemble des chasseurs ayant validé leur permis de chasser durant la saison 2012-2013 (voir les explications sur le dispositif d’échantillonnage).

©J.-L. Potiron/ONCFS

FS_310 Page 27

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Introduction 8

N° hors-série ❙ Décembre 2019

collecte de données est un vrai défi pour l’avenir. Obtenir rapidement et à moindre coût des données cynégétiques fiables en est un autre : le processus de gestion adap- tative, qui consiste à régulièrement réé- valuer l’état et le fonctionnement des populations, pour redéfinir si possible annuellement des quotas de chasse les plus pertinents possibles (voir Bacon &

Guillemain, 2018), réclame en effet une estimation précise et régulière des prélè- vements (Johnson et al., 2018). En Amérique du Nord, où la gestion adap- tative des prélèvements d’oiseaux d’eau est en place depuis environ 25 ans, les tableaux de chasse annuels par espèce sont publiés seulement quelques mois après la fin de la saison (Raftovich et al., 2018). Ceci est nécessaire pour qu’ils puissent être pris en compte dans les modèles démographiques utilisés pour définir les quotas de la saison suivante.

Dans cette optique, la loi du 24 juillet 2019 instaurant le processus de gestion adaptative en France rend obligatoire la déclaration en continu par les chasseurs des données de prélèvements pour les espèces concernées (https://www.legi- france.gouv.fr/eli/loi/2019/7/24/

TREL1827740L/jo/texte). Outre la gestion adaptative des espèces et de leurs prélè- vements, ces données seront également très précieuses pour la rédaction des schémas départementaux de gestion cynégétique ou pour répondre aux obli- gations de rapportage à la Commission européenne dans le cadre de la directive

« Oiseaux » (article 12 relatif à l’éva- luation des statuts et tendances des popu- lations d’oiseaux sauvages – voir https://

inpn.mnhn.fr/programme/rapportage- directives-nature/presentation). Des outils modernes de déclaration des tableaux de chasse, via des sites internet ou des applications pour smartphone, ont été développés en Europe et notamment en France. En plus du simple nombre d’animaux tués, les chasseurs sont souvent invités à fournir des éléments sur la structure de leurs prélèvements, en termes de sexe et d’âge-ratios, que ce soit via l’envoi d’ailes (voir par exemple Eraud et al., 2019) ou parfois même de simples photos de leur tableau (Solokha &

Gorokhovsky, 2017). Nous espérons que les informations présentées dans les dif- férents articles de ce numéro hors-série pousseront les chasseurs à pleinement adhérer aux processus de collectes d’infor- mations cynégétiques qui se développent en France et en Europe, qu’ils soient régle- mentairement obligatoires ou sur la base du volontariat, pour une meilleure gestion des populations concernées et de l’activité cynégétique.

estimation robuste des prélèvements, au sens où elle ne nécessite pas de faire des hypothèses. Elle permet en principe une déclinaison régionale ou même départe- mentale des tableaux (voir par exemple Bro et al., 2017), ce qui pourrait permettre une spatialisation de la gestion des prélè- vements (cas de la montée en puissance du nord de la France pour les prélèvements de pigeons ramiers dans Lormée & Aubry, 2018).

Vers des méthodes rapides et standardisées

La plupart des autres pays d’Europe collectent aussi les tableaux de chasse, de manière plus ou moins régulière et détaillée. Il est ainsi possible d’obtenir des estimations globales pour certaines espèces pour une période donnée (voir par exemple Hirschfeld & Attard, 2017). Si une telle approche à l’échelle des voies de migration est réclamée par les scienti- fiques concernés (Elmberg et al., 2006 ; Holopainen et al., 2018), on sait aussi depuis longtemps que les protocoles nationaux de collecte de données diffèrent largement entre pays, de sorte qu’il n’est pas pertinent de simplement sommer les estimations nationales pour obtenir un total européen (Priklonsky, 1974). Les pays d’Europe ont en effet mis en place leurs protocoles de collecte de données cyné- gétiques de manière indépendante les uns des autres, les différentes approches étant sujettes à leurs contraintes et limites propres. L’analyse des différents proto- coles en place permet de faire des propo- sitions pour bâtir un système national français de qualité (Aubry & Guillemain, 2019b). Tenter d’unifier ces systèmes de recourir à l’échantillonnage aléatoire

(Aubry, 2018 et 2019). La façon de prendre en compte la fraction de l’échantillon de chasseurs ne répondant pas à l’enquête a beaucoup changé au fil des enquêtes. On sait maintenant que les chasseurs qui ne répondent pas ont, plus souvent que ceux qui répondent, un tableau faible ou nul. Si l’estimation statistique ne tient pas compte de ces différences entre répon- dants et non-répondants, alors les prélè- vements sont surestimés, parfois de façon importante (Aubry, 2017 ; Aubry &

Guillemain, 2019a).

Des changements importants dans la collecte et le traitement des tableaux de chasse individuels peuvent conduire à des estimations globales de qualités très dif- férentes. Ceci limite fortement la capacité à comparer entre eux les résultats des différentes enquêtes nationales fran- çaises. Le déclin des tableaux de chasse estimés entre les saisons 1998-1999 et 2013-2014 pour l’alouette des champs, les grives ou les limicoles, par exemple, pourrait en partie s’expliquer par une surestimation lors de l’enquête de 1998- 1999, due à une prise en compte inadé- quate des non-répondants (Eraud et al., 2017a, b ; Trolliet et al., 2018a, b).

L’évolution des prélèvements estimés entre enquêtes est cependant tellement grande parfois, ou tellement en phase avec l’évolution des populations (cas du fuligule milouin dont les prélèvements estimés ont suivi la même tendance au déclin que les effectifs recensés – Guillemain et al., 2017), qu’elle pourrait s’approcher de l’évolution réelle des tableaux de chasse.

La méthode employée pour la dernière enquête s’appuie entièrement sur l’échan- tillonnage aléatoire (Aubry, 2019 ; Aubry

& Guillemain, 2019a). Elle autorise une

© P. Massit/ONCFS

On sait maintenant que les chasseurs qui ne répondent pas aux enquêtes ont plus souvent un tableau faible ou nul que ceux qui y répondent. Il faut en tenir compte pour ne pas surestimer les prélèvements.

(9)

9 Introduction

N° hors-série ❙ Décembre 2019

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Guillemain, M., Aubry, P., Folliot, B. & Caizergues, A. 2017.

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Trolliet, B., Bonnin, P. & Farau, S. 2018a. Les prélèvements cyné- gétiques de vanneaux huppés et de pluviers dorés en France. Faune sauvage n° 318 : 9-14.

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© P. Massit/ONCFS

Des outils modernes de déclaration des tableaux de chasse, via des sites internet ou des applications pour smartphone, ont été développés en Europe et notamment en France.

(10)

4 Connaissance & gestion des espèces

Connaissance & gestion des espèces

Lorsqu’un chasseur est sollicité pour répondre à une enquête sur les tableaux de chasse, le plus souvent il ne retourne pas son questionnaire. Il y a plusieurs raisons possibles à cela, en particulier un tableau de chasse faible ou nul. Pourtant, il est essentiel de répondre à une enquête même quand on n’a rien prélevé. Explications et illustrations à partir de l’enquête nationale sur les tableaux de chasse à tir (ENTC) qui a été réalisée pour la saison 2013-2014.

Enquêtes sur les tableaux de chasse : pourquoi est-il essentiel d’y répondre , même quand on n’a rien prélevé ?

P

HILIPPE

A

UBRY1

1 ONCFS, Direction de la recherche et de l’expertise, Cellule d’appui

méthodologique – Saint-Benoist, Auffargis.

Contact : philippe.aubry@oncfs.gouv.fr

Le fait de ne pas répondre à une enquête sur les prélèvements conduit automatiquement à une baisse de la précision des estimations.

© P. Aubry/ONCFS

L

a gestion durable des espèces gibiers (gestion adaptative des populations) nécessite de connaître les tableaux de chasse, à différentes échelles géographiques (département, région, territoire national) et avec une périodicité convenable, idéalement tous les ans.

Divers dispositifs de recueil des tableaux de chasse coexistent en France (ils ne seront pas discutés ici). Ces tableaux peuvent être connus par territoire, ou par chasseur. Dans les deux cas, deux possibilités existent selon que l’on veut connaître de façon exhaustive les prélèvements ou bien les estimer à partir

d’un échantillon. La connaissance exhaustive des tableaux de chasse au niveau national est impossible en pratique. Même si l’on imposait par la loi la déclaration obligatoire du tableau de chasse de chaque détenteur d’une validation du permis de chasser, on n’obtiendrait jamais 100 % de réponses. Dans tous les cas, les tableaux de chasse seront donc finalement estimés. Même si ces estimations ne reposent pas toujours sur une méthodologie statistique bien fondée, on conçoit aisément qu’elles sont d’autant plus utiles qu’elles sont proches de la réalité. Ceci étant, en quoi le fait de ne pas communiquer

un tableau de chasse faible ou nul dégrade- t-il la qualité de ces estimations ?

Pour en discuter, nous considérerons par exemple que l’on cherche à connaître les tableaux de chasse pour un département donné en interrogeant, au moyen d’un questionnaire envoyé par voie postale, un échantillon1 de chasseurs.

Comment est estimé le tableau de chasse ?

On interroge un échantillon de n chasseurs sélectionnés parmi N chasseurs. Que l’échantillon soit sélectionné en faisant intervenir le hasard ou pas, dans tous les cas un tableau moyen par chasseur est calculé avec une formule qui utilise les prélèvements déclarés par les chasseurs répondant à l’enquête : on nomme cette formule un estimateur. Comme le nombre des chasseurs enquêtés N est considéré connu, il suffit ensuite de multiplier par N le prélèvement moyen estimé, pour obtenir un tableau de chasse total estimé. Il est essentiel de comprendre à ce stade que, quelle que soit la complexité de l’estimateur, et qu’il repose ou non sur l’échantillonnage aléatoire (au hasard), le prélèvement total estimé n’est jamais obtenu en cumulant simplement les

1 Pour des éléments de base sur l’échantillonnage, voir notamment Bro et al. (2011).

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Éléments de méthode

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5 Connaissance & gestion des espèces

: essentiel d’y répondre ,

prélèvements déclarés, mais toujours en estimant un prélèvement moyen par chasseur. Penser qu’il n’est pas nécessaire de déclarer son tableau parce qu’il est nul (puisqu’ajouter zéro ne change rien au total), c’est confondre ce qui se passerait si on compilait les tableaux de chasse (en en faisant la somme) et ce qui se passe quand on les estime (en utilisant une moyenne).

Dans le cas de l’échantillonnage aléatoire simple2 (ou EAS) qui va nous servir d’exemple, l’estimateur du prélèvement total est N fois la moyenne d’échantillon ; la moyenne d’échantillon étant ici un estimateur non biaisé3 de la moyenne de la population de chasseurs (ceci n’est pas nécessairement vrai pour d’autres dispositifs d’échantillonnage).

Ne pas répondre à l’enquête : quel impact sur l’estimation ?

Il faut d’abord distinguer le taux de retour, qui concerne les questionnaires reçus par l’organisme assurant l’enquête, et le taux de réponse, qui concerne les questionnaires réellement exploitables. En effet, parmi les questionnaires retournés, certains ont été partiellement ou pas du tout remplis ; d’autres sont mal remplis, raturés, etc., et ne sont donc pas utilisables. Dans une situation élémentaire comme l’EAS, le taux de réponse est calculé comme la proportion de questionnaires exploitables (au nombre de nr) parmi tous ceux qui ont été envoyés (au nombre de n). Plus le taux de réponse est faible, moins les estimations sont précises, puisque cela revient à faire diminuer la taille d’échantillon effective (c’est-à-dire le nombre de réponses nr qui seront utilisées lors de l’estimation). Nous n’avons aucun moyen de compenser cette perte de précision une fois l’enquête terminée. En général, on anticipe ce type de problème en prévoyant une taille d’échantillon bien plus importante que celle requise théoriquement pour atteindre la précision souhaitée. Ceci a évidemment une conséquence directe sur le coût de l’enquête puisqu’une grande partie des questionnaires sont imprimés et envoyés en pure perte.

Dans le cas de l’EAS, considérons par exemple le tableau de la sarcelle d’hiver pour la Somme, estimé d’après les prélèvements effectués par les chasseurs dont la validation concerne uniquement ce département. Le tableau estimé est associé à un coefficient de variation (CV), qui est une mesure de précision relative (plus le CV est faible, plus l’estimation est précise). Avec un taux de

réponse inférieur à 12 % (ordre de grandeur de celui obtenu dans le cadre de l’ENTC), le CV serait estimé à environ 19 %, ce qui correspond à un intervalle de confiance dont les bornes seraient à environ ( 38 % du total estimé. Avec un taux de réponse de l’ordre de 50 % (comme c’est le cas dans des enquêtes menées par certaines FDC ou FRC), le CV serait seulement de 9 %, ce qui correspond à un intervalle de confiance dont les bornes seraient à environ ( 18 % du total estimé, intervalle nettement plus étroit que le précédent (l’estimation serait donc nettement plus précise). Ainsi, la non-réponse conduit automatiquement à une baisse de la précision de l’estimation, laquelle devient assez considérable lorsque le taux de réponse à l’enquête par voie postale est de l’ordre de grandeur de ceux obtenus lors de l’ENTC (en moyenne pas plus de 15 %, avec une variation départementale comprise entre 0 % et moins de 25 % – cf. Aubry et al., 2016).

Ne pas répondre à l’enquête quand son tableau est faible ou nul : quel impact sur l’estimation ? Le biais de non-réponse

Si le taux de non-réponse a un impact direct évident sur la précision des estimations, il n’introduit pas nécessairement un biais.

Pour formuler le biais causé par la non- réponse, nous considérons pour simplifier que l’on peut diviser la population de

chasseurs en deux groupes : a) celui des chasseurs qui auraient répondu à l’enquête s’ils avaient été sélectionnés (les répondants), et b) celui des chasseurs qui n’auraient pas répondu (les non-répondants). L’éventuel biais causé par la non-réponse est alors le produit de deux facteurs :

™ la proportion des non-répondants parmi la population de chasseurs ;

š la différence entre les tableaux moyens parmi les répondants et parmi les non-répondants.

Il faut donc retenir que le biais de non- réponse est d’autant plus important que le taux de non-réponse est élevé et, conjointement, que le tableau moyen parmi les non-répondants diffère de celui des répondants.

Sachant cela, pour discuter d’un éventuel biais de non-réponse, il faut analyser le comportement de non-réponse des chasseurs. Il y a plusieurs raisons au fait qu’un chasseur ne réponde pas à une enquête sur les tableaux de chasse (encadré), l’une d’entre elles étant que son tableau est faible ou nul. Lorsque la non-réponse est ignorable (encadré), cela revient à considérer que le prélèvement moyen des non-répondants ne diffère pas de façon significative de celui des répondants. Dans ce cas, un taux de non- réponse élevé n’introduit pas un biais important puisqu’il est multiplié par une valeur proche de zéro. Inversement, si la différence entre les prélèvements moyens des deux groupes est élevée, mais que la proportion de non-répondants est proche

2 Simple signifie ici que tous les chasseurs ont la même chance de faire partie de l’échantillon. Autrement dit, ils ont tous la même probabilité d’être sélectionnés, laquelle vaut / = n/N. La proportion n/N est également désignée comme le taux de sondage ou la fraction d’échantillonnage.

3 Un estimateur est dit non biaisé s’il coïncide en moyenne avec la valeur du paramètre que l’on cherche à estimer.

Les chasseurs qui ne répondent pas parce qu’ils n’ont pas ou peu prélevé,

ou au contraire parce qu’ils ont prélevé beaucoup, sont à l’origine d’un biais de non-réponse.

© P. Massit/ONCFS

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de zéro, alors le biais est négligeable. En revanche, dès lors que les deux facteurs sont conjointement nettement différents de zéro, alors le biais de non-réponse ne peut plus être négligé : c’est précisément le cas en pratique, avec un taux de non-réponse élevé ou très élevé, et une nette différence de prélèvements moyens entre les répondants et les non-répondants.

Dans quel sens va le biais dû à la non-réponse ?

Imaginons une situation dans laquelle les chasseurs ayant un tableau élevé ont une plus grande propension à ne pas répondre.

Dans ce cas, le prélèvement moyen parmi les non-répondants est supérieur à celui des répondants. Le biais de non-réponse est alors négatif et le tableau total est sous-estimé.

Inversement, dans le cas général où les chasseurs qui ont un tableau faible ou nul ont une plus grande propension à ne pas répondre, le prélèvement moyen des non- répondants est inférieur à celui des répondants. Le biais de non-réponse est alors positif, et le tableau total est surestimé.

Pour bien se rendre compte de l’importance potentielle de cette surestimation, considérons l’exemple fictif d’un prélèvement moyen parmi les répondants de 2 pièces de gibier par chasseur, contre 1,5 pièce parmi les non-répondants, parce qu’il y a davantage de chasseurs avec un tableau nul parmi les non-répondants que parmi les répondants. Considérons une population de 1,2 million de chasseurs et un taux de non-réponse de 85 % (ordre de grandeur de celui obtenu en moyenne dans l’ENTC pour les questionnaires papier – cf.

Aubry et al., 2016). En considérant un EAS de chasseurs, il en découle que le tableau de chasse total pour ce gibier (2 x 1,2 million =

Encadré • Quelles sont les raisons invoquées par les chasseurs pour ne pas répondre ?

L’enquête téléphonique effectuée auprès de chasseurs n’ayant pas répondu aux deux phases postales successives de l’ENTC 2013-2014 (cf. Aubry et al., 2016) révèle notamment que :

• 6 % déclarent avoir retourné le questionnaire ;

• 19 % déclarent ne pas avoir reçu le questionnaire ;

• 16 % déclarent ne pas se souvenir l’avoir reçu ;

• un peu plus de 3 % déclarent avoir perdu le questionnaire ;

• 34 % déclarent ne pas avoir eu le temps ou avoir oublié ;

• 5 % refusent de communiquer leur tableau de chasse ou de remplir le questionnaire ;

• environ 17 % déclarent ne pas avoir répondu parce qu’ils avaient un tableau faible ou nul (peu ou pas chassé, ou rien prélevé).

Le fait de ne pas répondre peut être ignoré (on parle de non-réponse ignorable) s’il n’y a pas de lien avec le tableau de chasse (par exemple quand on a perdu le questionnaire).

La non-réponse est en général ignorable, sauf pour les chasseurs non-répondants qui déclarent refuser de communiquer leur tableau (pour quelle raison ? parce qu’il est élevé ?) ou avoir un tableau faible ou nul. Les chasseurs non-répondants qui ne répondent pas parce que leur tableau est faible ou nul (ou bien au contraire parce que leur tableau est élevé) sont à l’origine du biais de non-réponse.

2,4 millions) est surestimé de 510 000 pièces, ce qui représente 27 % de surestimation ! L’atténuation du biais

de non-réponse :

une illustration à partir de l’ENTC Comment effectuer des estimations qui prennent en compte l’existence du biais de non-réponse ? Il y a deux types d’approches pour cela. La première consiste à sous- échantillonner les non-répondants, tandis que la seconde consiste à utiliser un modèle statistique de la propension à répondre. Cette dernière approche suppose de disposer de connaissances qui permettent, par exemple,

de définir dans la population de chasseurs des groupes homogènes en termes de comportement de non-réponse. Nous n’avons pas ce niveau de connaissance, ce qui explique que pour l’ENTC nous ayons eu recours à un dispositif de sous- échantillonnage des non-répondants (cf. Aubry et al., 2016). Le dispositif d’échantillonnage de l’ENTC comporte trois phases successives. La phase 1 correspond à l’expédition du questionnaire à l’échantillon initial de chasseurs ; après la date limite de réponse, on déclare que les chasseurs qui n’ont pas répondu sont non-répondants pour la phase 1. La phase 2 correspond à l’expédition du questionnaire à un Dans l’enquête nationale sur les tableaux de chasse de 2013-2014,

le biais de non-réponse a été atténué en sous-échantillonnant les non-répondants.

© P. Massit/ONCFS

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Phase 1 Phase 2 Phase 3

% de tableaux non nuls 91,6 90,9 71,9

% de tableaux nuls 8,4 9,1 28,1

Dispositif Phase 1 Phase 2 Phase 3

Coefficient de variation en % 3 4 7 3

Borne inférieure (95 %) 279 049 99 093 102 592 331 302

Total estimé 295 355 107 640 119 234 352 382

Borne supérieure (95 %) 311 660 116 188 135 877 373 461

Dispositif Phase 1 Phase 2 Phase 3

Coefficient de variation en % 5 4 6 8

Borne inférieure (95 %) 661 751 1 181 996 889 700 506 252

Total estimé 736 129 1 277 198 1 013 701 599 579

Borne supérieure (95 %) 810 506 1 372 400 1 137 703 692 906

7 Connaissance & gestion des espèces échantillon de non-répondants de la

phase 1 ; à nouveau, après la date limite de réponse, on déclare que les chasseurs qui n’ont pas répondu sont non-répondants pour la phase 2. Théoriquement, on peut continuer ainsi indéfiniment ; mais en pratique, nous ne disposions ni du budget ni du temps nécessaire pour effectuer plus de deux phases de ce type. La phase 3 consiste à échantillonner parmi les non-répondants de la phase 2, en utilisant cette fois-ci un questionnaire allégé, administré par téléphone. La phase d’enquête téléphonique est susceptible de garantir un taux de réponse beaucoup plus élevé que les phases précédentes, mais avec un coût unitaire plus élevé (et aussi d’autres inconvénients, notamment une plus grande imprécision dans les réponses). L’estimateur utilisé combine les réponses obtenues au cours des trois phases. On démontre que si le taux de réponse à la phase 3 est de 100 %, alors l’estimateur utilisé n’est pas biaisé, quels que soient les taux de réponse aux phases 1 et 2.

Dans l’ENTC, nous avons obtenu un taux de réponse de 93 % à la phase 3, et nous parlons d’atténuation du biais de non-réponse (mathématiquement, nous ne l’avons pas complètement éliminé).

Une comparaison entre les phases

Comme le dispositif comporte trois phases au cours desquelles des données sur les tableaux individuels de chasseurs ont été recueillies, nous pouvons nous livrer à un petit exercice. Imaginons que la non-réponse

soit ignorable : cela revient à considérer que les échantillons des phases 2 et 3 ont été sélectionnés depuis la population générale de chasseurs (alors qu’ils ont été sélectionnés parmi les non-répondants de la phase précédente). Si tel était le cas, alors les totaux estimés au cours des trois phases et dans le cadre du dispositif complet (c’est-à-dire en combinant les données des trois phases)

devraient être très semblables (aux fluctuations d’échantillonnage près lors de chaque phase).

Les tableaux nuls

Si nous examinons les données retenues pour estimer les prélèvements totaux, nous observons les proportions de tableaux nuls suivantes :

La proportion de tableaux nuls observée à la phase 3 est plus du triple de celle observée à la phase 1 ou à la phase 2. Nous pouvons estimer le nombre total de chasseurs ayant

un tableau nul, dans le cadre du dispositif complet, mais également à chaque phase considérée isolément :

Si la non-réponse était ignorable, nous devrions obtenir des totaux estimés semblables. Le nombre total de tableaux nuls est sous-estimé aux phases 1 et 2 par déficit de répondants ayant un tableau nul. Au contraire, la phase 3 le surestime puisqu’elle s’adresse à des chasseurs ayant, plus que la moyenne, des tableaux nuls (le fait d’avoir

un tableau nul étant une cause importante de non-réponse – cf. encadré).

L’exemple de la bécasse des bois

Prenons le cas de la bécasse des bois. En estimant le prélèvement total dans le cadre du dispositif et indépendamment à chaque phase, nous obtenons les résultats qui suivent :

La concordance des estimations issues de la dernière enquête nationale avec celles issues des carnets de prélèvements pour la bécasse des bois, illustre la validité de la méthode utilisée pour atténuer le biais de non-réponse.

© P. Goursaud/ONCFS

Là encore, il est manifeste que la non- réponse ne peut pas être ignorée. Il est intéressant de noter que les estimations régionales effectuées à partir des données issues des carnets du PMA bécasse et celles produites par l’ENTC sont concordantes (voir l’article de Ferrand et al. dans ce numéro).

Les résultats sont-ils concordants avec d’autres sources de données, pour d’autres espèces ?

La coexistence de divers dispositifs destinés à estimer les tableaux de chasse au niveau local, départemental, régional ou national témoigne de l’intérêt du monde cynégétique pour ce sujet. Elle constitue pour nous une occasion de confronter les résultats obtenus

par l’estimateur de l’ENTC à l’échelle départementale, pour laquelle cette enquête n’a pas été dimensionnée (puisque l’objectif était d’estimer des tableaux au niveau national). Nous effectuons cette comparaison pour le département du Loir-et-Cher, dont la Fédération départementale des chasseurs (FDC 41) recueille les tableaux de chasse par territoire. Les tableaux communiqués par la FDC 41 sont traités ici comme des valeurs de référence. Si nous considérons l’ensemble des 35 espèces ou groupes d’espèces (bécassines, grives et merles, pigeons, tourterelles) communs entre les données de la FDC 41 et les estimations de l’ENTC, nous obtenons un coefficient de corrélation linéaire très élevé r = 0,976, avec globalement une légère tendance à la surestimation. Si

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Connaissance & gestion des espèces 8

N° 315\2e trimestre 2017

Bibliographie

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Résultats nationaux. Faune sauvage n° 310, supplément central. 8 p.

Z Bro, E., Aubry, P., Pindon, G. & Godard, A.

2011. Comment optimiser les suivis de la faune sauvage ? Un exemple avec le faisan commun. Faune sauvage n° 290 : 12-17.

nous retirons les pigeons (qui correspondent à un point très influent), nous obtenons cette fois r = 0,990 et la tendance évoquée précédemment disparaît. Bien sûr, a) la précision varie en fonction des espèces ou groupes d’espèces et b) les estimations sont plus imprécises au niveau départemental qu’au niveau national. Il en découle qu’il est préférable de tenir compte de l’imprécision des estimations lors de la comparaison.

Pour cela, nous conservons uniquement les 14 tableaux estimés avec un coefficient de variation maximum de 33 % (afin de pouvoir inclure les pigeons) : nous constatons que tous les intervalles de confiance contiennent les valeurs de référence (figure).

Cet exemple témoigne de l’efficacité de l’atténuation du biais de non-réponse effectuée grâce à l’estimateur utilisé par l’ENTC. L’amplitude des intervalles de confiance (figure) illustre également le manque de précision de l’ENTC au niveau départemental, par suite d’un échantillon de chasseurs sélectionnés de taille modérée et d’un taux de non-réponse très élevé (ici environ 85 % – cf. Aubry et al., 2016).

En conclusion

Quand on enquête les chasseurs, le tableau total estimé n’est jamais obtenu en faisant la somme des tableaux déclarés, mais en estimant d’abord un tableau moyen par chasseur. Les chasseurs interrogés dans les enquêtes sur les tableaux de chasse ne répondent pas toujours et le pourcentage de non-répondants peut être très élevé. Une cause de non-réponse est un tableau faible ou nul. Il en découle que les chasseurs qui ne répondent pas ont, en moyenne, des tableaux de chasse inférieurs à ceux qui répondent. Cette différence est à l’origine d’un biais de non-réponse qui va dans le sens

Figure Comparaison entre les intervalles de confiance des tableaux de chasse estimés

pour le Loir-et-Cher dans le cadre de l’ENTC (ONCFS-FNC) et les valeurs de référence fournies par la Fédération départementale des chasseurs (FDC) pour 14 espèces ou groupes d’espèces.

Les chiffres sont donnés en milliers de pièces de gibier. Une estimation égale à la valeur de référence se situe sur la diagonale figurée en gris (exemple de la perdrix rouge). Un point correspond à une surestimation s’il est situé au-dessus de la diagonale (exemple des pigeons), et à une sous-estimation s’il est situé en dessous

(exemple du canard colvert). Tous les libellés des espèces ou groupes d’espèces ne sont pas figurés pour une question de lisibilité.

Si le biais de non-réponse n’est pas pris en compte lors des enquêtes sur les prélèvements, alors ils seront surestimés ; avec des conséquences préjudiciables possibles dans le cadre d’une gestion adaptative des espèces concernées…

© J. Allou

180 170 160 150 140 130 120 110 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 FDC (x 1 000)

ONCFS-FNC (x 1 000)

110 120 130 140 150 160 170 180

populations). Dans le cadre d’une gestion adaptative, il est indispensable d’atténuer le biais de non-réponse, faute de quoi ce sont des prélèvements surestimés qui seront pris en compte dans les calculs, avec le risque d’obtenir des conclusions qui seront erronées.

Remerciements

Nous remercions les chasseurs qui font l’effort de répondre consciencieusement aux diverses enquêtes sur les tableaux de chasse réalisées sur le territoire métropolitain. Un grand merci à la Fédération départementale des chasseurs du Loir-et-Cher pour nous avoir autorisés à utiliser les données de tableaux de chasse recueillies et communiquées par Gilles Mettaye. Merci à Pierre Mayot, Florian Millot et François Reitz (ONCFS) pour leurs avis constructifs qui ont permis de grandement simplifier et clarifier l’article.

L’enquête nationale sur les tableaux de chasse à tir pour la saison 2013-2014 a été financée conjointement par la Fédération nationale des chasseurs et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. O d’une surestimation. Si aucune mesure n’est

prise pour atténuer ce biais, les tableaux de chasse obtenus sont donc surestimés, parfois de façon assez importante (par exemple + 30 %). Si l’on s’intéresse uniquement aux tendances d’évolution des prélèvements, il faut que le biais de non-réponse change peu au cours du temps. Il faut surtout que le biais de non-réponse ne présente pas lui-même de tendance (à la hausse ou à la baisse), sans quoi il sera impossible d’interpréter la présence/absence d’une tendance d’évolution des tableaux de chasse estimés comme représentative de celle des prélèvements réels (et encore moins des effectifs des

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