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Six règles de méthode pour rédiger une dissertation de philosophie

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Academic year: 2022

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Six règles de méthode pour rédiger une dissertation de philosophie

1 – Comprendre le sens de la question : analyser les termes du sujets sans perdre de vue le sens général de la question.

Le premier travail préparatoire est de s'assurer que l'on a bien compris ce dont il est question. Pour cela, il faut expliciter pour soi-même la signification des principaux termes du sujet sans oublier que la définition d'un terme doit s'entendre par rapport au contexte de signification, c'est-à-dire par rapport à la question posée.

2 – Transformer la question en problème : repérer les réponses possibles et faire apparaître une contradiction.

L'énoncé de la question recouvre de manière implicite un problème. Il faut expliciter le problème, c'est-à-dire le caractère contradictoire, au moins en apparence, des réponses que l'on pourrait apporter à la question posée. Le travail d'élaboration de la problématique, absolument indispensable, consiste à repérer les réponses possibles à la question afin d'identifier le problème, la possibilité d'une contradiction. Souvent (mais pas toujours), ce travail revient à formuler, pour ensuite la mettre en question, la réponse la plus évidente, l'opinion commune (la doxa), que l'analyse doit faire apparaître comme insuffisante. Les évidences, ou les idées reçues, on les porte en soi. Cela ne suffit pas toujours. Les références philosophiques (La connaissance des auteurs, des grandes doctrines, les citations) permettent d'avoir à l'esprit quelques lieux communs sur le sujet. C'est sur la base d'un repérage de ces lieux communs que l'on peut commencer à élaborer la problématique.

3 – Construire un plan : déterminer ce que l'on veut démontrer (le but de l'argumentation) et les étapes nécessaires pour y parvenir.

Le développement est développement du problème. Il faut éviter de réduire la difficulté et d'enchaîner les affirmations simplistes et arbitraires. La finalité de l'analyse et de l'argumentation est de surmonter les contradictions que l'on a fait apparaître dans l'introduction et au cours du développement. Le raisonnement doit procéder par étapes et conduire à une solution, à une réponse à la question posée justifiée par les analyses et l'argumentation qui précèdent. Dans la rédaction, le style subjectif est à proscrire. On peut

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employer le "nous" ou le "on", afin d'impliquer le lecteur dans la conduite d'une réflexion qui ambitionne d'être objective. Il s'agit d'argumenter et de viser la vérité, non d'affirmer arbitrairement des opinions, des avis ou des croyances.

Le propos doit être organisé, mais il n'y a pas de plan-type. Il doit procéder d'une démarche réflexive authentique et être en adéquation avec la problématique. Deux règles absolues s'imposent : les exigences de cohérence et de progressivité de la réflexion. L'impératif de cohérence requiert de ne pas se contredire (toujours penser en accord avec soi-même). Le caractère progressif de la réflexion signifie qu'il doit y avoir approfondissement ou enrichissement de l'analyse à mesure que le devoir avance : il faut introduire de la nouveauté et de la complexité tout en conservant les acquis des premières analyses.

S'il n'y a pas de plan-type imposé, deux types de plans sont toutefois recommandés: le plan dialectique et le plan progressif. Le plan dit "dialectique" consiste à mettre en scène l'opposition entre des thèses contradictoires. C'est le fameux plan "Thèse – Antithèse – Synthèse". Le plan dit "progressif" consiste à mettre en scène les différents niveaux de signification d'une notion ou d'un problème. Les différents moments du développement correspondent ainsi à autant de degrés d'approfondissement de l'analyse. En fait, ces deux types de plan doivent nécessairement combiner dialectique (jeu de la contradiction) et progressivité (approfondissement de l'analyse et enrichissement du propos). La difficulté du plan dialectique réside dans le moment de la synthèse, moment du dépassement de la contradiction qui conserve des éléments de vérité présents dans la thèse et l'antithèse. S'il n'y a pas progressivité de la réflexion, la synthèse ne sera qu'une "prothèse" ou une "foutaise", un moment de relativisme (réponse de Normand) aux antipodes de ce qui est demandé (la défense argumentée d'une thèse). Pour éviter cet écueil, si on ne trouve pas le principe d'une synthèse, on peut se contenter d'un plan en deux parties. La difficulté du plan progressif est symétrique et inverse: le risque est d'oublier que la dissertation est la discussion d'un problème et qu'elle vise à surmonter des contradictions. Des moments dialectiques (contradiction entre deux thèses) doivent donc apparaître aux différentes étapes de la réflexion.

Afin d'introduire contradiction et approfondissement, et donc de construire les moments ou parties du développement, il faut pouvoir se représenter les objections que l'on pourrait opposer à chacune des thèses ou des grandes idées que l'on se propose de développer, ainsi que les différents thèmes associés à l'analyse d'une notion, éventuellement les différentes

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significations dont une notion peut être investie.

Le plan comprend deux ou trois parties. Chacune des parties comprend elle-même de trois à cinq paragraphes. Chaque paragraphe développe une idée principale, éventuellement agrémentée d'une illustration et/ou d'une citation. Les idées (et donc les paragraphes) doivent être distinguées; les phrases de transitions entre les parties peuvent s'inscrire à la fin d'un paragraphe, ou au début du premier paragraphe de la nouvelle partie, sans qu'il soit nécessaire de les isoler.

4 – Construire un plan : mobiliser les références

Le développement doit être nourri par les références philosophiques. Chaque paragraphe doit contenir un élément de doctrine, éventuellement appuyé d'une citation. La dissertation ne doit cependant pas servir de prétexte à la récitation d'un cours. Il ne s'agit pas d'exposer des connaissances mais de discuter un problème. Les références sont au service de la problématique et ne sont pertinentes que dans la mesure où elles s'articulent à la problématique. Une référence peut faire l'objet d'un développement ou demeurer simplement allusive. Il faut savoir choisir et éliminer les références que l'on peut avoir à l'esprit, soit parce qu'elles ne s'intègrent pas à la discussion du problème, soit parce qu'elles nuisent à la cohérence du propos. Les références philosophiques doivent être, dans tous les cas de figure, assimilées et intégrées dans une réflexion personnelle. Il y a nulle obligation d'exhaustivité, et il existe suffisamment de doctrines et d'auteurs pour que chacun puisser trouver une pensée à laquelle adosser sa réflexion.

5 – Rédiger la conclusion

La conclusion est en un sens superflue. Lorsque la réflexion parvient à son terme, le problème est supposé avoir été exploré, la contradiction surmontée, et la solution (la thèse), justifiée par le déroulement de l'argumentation. La conclusion n'a alors pour ambition que de rappeler de la manière la plus concise et brillante possible le chemin parcouru ainsi que le résultat obtenu. Elle a pour fonction de clore la discussion et l'examen du problème. Il est donc déconseillé d'ouvrir une nouvelle perspective. Terminer par une question produit un effet déplorable : le lecteur se demandera légitimement pourquoi, si vous jugez la question importante au regard du problème examiné, vous n'y avez pas répondu.

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6 – Rédiger l'introduction

Idéalement, il faudrait pouvoir rédiger l'introduction après avoir mis un point final à la discussion. On sait alors ce que l'on va dire (puisqu'on l'a déjà dit) et l'on a une vision plus claire et plus synthétique du problème sur lequel on a travaillé. Or, l'introduction est le moment le plus stratégique de la dissertation. On doit en effet y exposer la problématique, ce qui permet au correcteur de voir immédiatement si le problème a été ou non compris, si le sujet sera ou non traité.

Les erreurs à éviter les plus courantes sont : 1) la répétition de la question, ou la multiplication des questions ; il n'est pas interdit de questionner, mais il importe davantage d'expliciter le sens de la question posée et de la transformer en problème ; 2) l'énoncé de généralités du type "les hommes (ou les philosophes) ont toujours pensé que..."; lorsqu'on évoque une évidence partagée, dans une dissertation de philosophie, c'est pour la mettre immédiatement en question afin de susciter le doute et la perplexité; 3) la définition des termes du sujet séparée de l'interprétation générale du sens de la question et de l'élaboration de la problématique; les définitions sont nécessaires, afin de préciser ce dont il est question, mais le travail de définition ne doit pas apparaître comme une fin en soi; il faut proposer les définitions de manière habile, au détour d'une phrase, dans le mouvement même de la réflexion qui s'attaque au problème. 4) l'annonce du plan, du plus mauvais effet lorsqu'elle s'étire en longueur et qu'elle revêt un aspect mécanique ("dans une première partie... dans une deuxième partie...)"; personnellement, je saute de manière systématique ces exposés fastidieux qui n'apportent rien à la dynamique de la dissertation. Si plan et cohérence du raisonnement il y a, cela doit apparaître de manière limpide à la lecture. La transition de l'introduction au premier paragraphe de la première partie doit donc s'effectuer de manière fluide, dans la continuité de la réflexion.

La première phrase de l'introduction ("l'attaque") doit être particulièrement ciselée : elle a pour but d'éveiller l'attention du lecteur (qui après la vingt-cinquième copie a tendance à s'assoupir). La dernière phrase annonce non pas le plan (ce serait trop long, et inutile de surcroît) mais le thème de la première partie.

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