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Le fil d'or de Blonde Esmerée

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Academic year: 2021

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Le fil d’or de Blonde Esmerée

1

.

Adeline RICHARD (Université de Provence)

La littérature médiévale est fondée, pour une part appréciable, sur la réécriture de thèmes et de motifs obligés : le poète, qui s’inscrit alors dans une tradition, voire une filiation littéraires, est jugé sur son habileté à la variation.

C’est ainsi, par exemple, que dans le roman courtois, le portrait féminin doit remplir sa fonction informative et caractériser un personnage unique, tout en reprenant des motifs fréquents, au nombre desquels le topos des cheveux d’or.

Dans Le Bel Inconnu

2

, l’objet de la quête du héros, Blonde Esmerée, incarne de par son nom cette essence féminine et romanesque qu’est la blonde chevelure

3

. Bâti à partir d’un topos qui, paradoxalement, ne sert plus de lieu commun mais de trait particulier, le personnage a-t-il l’épaisseur nécessaire pour induire un effet de personne ? Son nom ne semble pas l’y destiner ; en revanche, il relie l’héroïne à toutes les demoiselles du roman, qui ont cette chevelure d’or en partage. Les cheveux rejoignent la notion de lien et, par contiguïté, peuvent être perçus comme des équivalents des fils d’or dont sont tissés plusieurs vêtements précieux portés par les héroïnes, Blonde Esmerée comprise : ils renvoient donc à la notion de tissage du texte. La chevelure parle du roman, nous sert de fil d’Ariane pour le découvrir. Il faudra cependant savoir dans quel sens suivre ce fil que le poète nous invite à saisir.

Lorsque Blonde Esmerée apparaît dans le texte, juste après le Bel Inconnu, c’est de manière apparemment banale : sa servante, Hélie, vient à la cour d’Arthur réclamer de l’aide pour sa maîtresse en détresse. Le lecteur ignore son nom, tout comme celui du héros. Elle est présentée comme la fille au roi Guingras

4

et comme la dame

5

d’Hélie. Au travers de ces relations interpersonnelles, elle est encore perçue comme un être de chair et de sang,

1

Précisons d’entrée que cette étude se place dans la continuité de l’ouvrage de Romaine Wolf-Bonvin, Textus, de la tradition latine à l’esthétique du roman médiéval. Le Bel Inconnu, Amadas et Ydoine, Paris, Champion, 1998, dont nous retiendrons en particulier l’idée d’un texte tissé à l’égal d’un vêtement précieux.

2

Renaut de Beaujeu : Le Bel Inconnu, roman d’aventures édité par G. Perrie Williams, Paris, Champion, 1991.

3

Esmerée est ici polysémique : appliqué à l’être humain, à la jeune fille, il signifie

« gracieuse, élégante » ; mais en rapport avec le métal, et l’or en particulier, il prend le sens de « pur ».

4

id. v. 177.

5

id. v. 198.

(2)

puisque se situant dans un lignage. Cette impression sera pourtant fugace et son souvenir complètement effacé dès qu’apparaîtra dans le texte le nom de Blonde Esmeree

6

, presque au milieu du roman.

Cette place centrale nous incite à voir dans ce nom un indice textuel important, sur lequel l’auteur veut faire réfléchir ou, tout au moins, attirer l’attention. Sa caractéristique est de n’être qu’un surnom. Le terme de Blonde rappelle la célèbre Yseut la Blonde, dont le nom, cité plusieurs fois par le texte, sert de point de comparaison

7

. Mais, pour Yseut, blonde devient une sorte d’épithète homérique : l’héroïne conserve un prénom. D’ailleurs, cette épithète s’efface pour ne plus laisser exister que le prénom. Yseut n’est jamais cachée derrière sa chevelure.

Au contraire, chez Blonde Esmerée, tout prénom disparaît. Lorsque l’on songe que Chrétien de Troyes (dont Le Bel Inconnu s’inspire largement, fût-ce pour le parodier) déclarait dans son Conte du Graal que par le non conuist an l’ome

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, toute ouverture sur l’intériorité et sur l’humanité de la demoiselle nous est interdite. Le texte suggère qu’elle n’est que pure apparence, une persona, un masque uniquement constitué d’une chevelure.

Et encore cette chevelure est-elle contaminée par l’adjectif esmeree qui lui est associé et efface ce que le blond avait encore de rapport avec le charnel et l’humain. En effet, ce participe passé apparaît couramment dans l’expression fin or esmeré, utilisée pour désigner la matière de nombre d’ouvrages d’orfèvrerie. Elle n’apparaît cependant jamais de manière complète dans un texte qui multiplie les éclats dorés : ne subsiste que fin or

9

, comme si la jeune fille était l’esmeré attendu pour achever le texte, et pour cette raison recherché par le héros. L’objet de la quête est donc moins humain que métallique.

Enfin, que penser de cette femme, censée n’être que chevelure, et dont l’attribut principal n’est pas même décrit ni mentionné ? Peu avant de révéler son nom, l’auteur nous dresse son portrait. Or, ce dernier est très sommaire :

Tant le sot bien Nature ouvrer C’onques si biele n’ot el mont De bouce, de iols, de vis, de front,

6

id. v. 3669 pour 6266 vers.

7

id. v. 4346 : Isexs la blonde ; v. 4422 : Yseut ; v. 5587 : Yseuls la biele. On constate même qu’Yseut commence par se départir de sa blondeur pour n’être plus qu’elle-même, Yseut, afin de pouvoir ensuite accueillir d’autres épithètes homériques, comme la biele, qui ne se réfère plus à sa célèbre blondeur. En outre, la blondeur reste ici synonyme de beauté (puisque les termes blonde et biele sont interchangeables), mais c’est une beauté toute charnelle : Yseut est biele et non esmeree.

8

Chrétien de Troyes : Le Conte du Graal (Perceval), édité par Félix Lecoy d’après la copie de Guiot (Bibl. nat. fr. 794), Paris, Champion, 1998 (éditions précédentes : 1990, 1997), tome I, v. 560.

9

id. v. 155 (le harnais du palefroi d’Hélie), 1546 (la chevelure de Margerie)…

(3)

De cors, de bras, de piés, de mains

10

[…]

Dans les parties du corps ici mentionnées, les cheveux n’apparaissent pas. S’il y a de l’or dans cette description, il n’est que dans le fil qui a servi à broder le vêtement :

Plus de cinc onces d’or, sans faille, Avoit entor le kieveçaille

11

.

Les cheveux de Blonde Esmerée sont donc à proprement parler devenus des fils d’or et elle-même n’est qu’un nom de chevelure. Elle semble donc n’être que pure forme.

Dès lors, ce personnage se prête à devenir le support de concepts. On se rappellera à ce sujet l’étude de Jean-Guy Gouttebroze qui montrait que Blonde Esmerée est une personnification de la souveraineté telle qu’on en trouve dans les récits celtiques

12

. Sa chevelure métallique prend alors une dimension nouvelle : la souveraineté semble naturellement couronnée d’or et, autour d’elle se propagent les mentions de cet attribut royal, dont la première est d’ailleurs placée dans sa bouche

13

. Il n’y a qu’elle qui puisse transmettre à Guinglain cette couronne qu’elle matérialise par sa seule chevelure.

En outre, elle est apte à devenir archétype. Elle est le modèle à partir duquel sont produites toutes les autres jeunes filles du roman, dont on souligne toujours la blondeur et la parure d’or, mais qui, elles, sont présentées comme des demoiselles de chair et de sang

14

. Blonde Esmerée devient véritablement persona, une forme destinée à représenter l’héroïne arthurienne archétypale et susceptible d’en contenir tous les avatars que sont les autres figures féminines, qui entourent le Bel Inconnu comme autant d’amoureuses. Les noms de

10

id. v. 3268-3272.

11

Le Bel Inconnu, v. 3295-3296.

12

Jean-Guy Gouttebroze : « J’ai deux amours… Guinglain entre épouse et maîtresse », dans Cahiers de Civilisation Médiévale, n° XII, janvier-mars 1998, p. 60.

13

Le Bel Inconnu, v. 3398 : Rices rois serés coronnés ; puis v. 6178 : Si en serrés rois corounés et v. 6195-6201 : Li rois dist ses noces fera/ Et son neveu coronnera./ Mais ne le veut Blonde Esmeree/ Tant qu’ele soit en sa contree,/ Que de la coronne son pere/ Et de celi qui fu sa mere/ I soient andoi coronné.

14

Le Bel Inconnu, v. 143-145 : Bel cief avoit, si estoit blonde:/ N’ot plus bel cief feme ne home./ En son cief ot un cercle d’or (Hélie) ; v. 1545-1546 : Les crins ot blons et reluissans, come fin or reflanboians (Margerie) ; v. 2243-2252 : Cors ot bien fait et le cief blont ;/ […]

Et deriere ot ses crins jetés,/ D’un fil d’or les ot galonnés, et v. 3972-3982 En son cief avoit

un capiel/ Qu’ele portoit por le calor ; […] Portrais i avoit oisials d’or ;/ Li capials valoit

un tresor./ Par deriere ot jeté ses crins/ Plus reluissans que nus ors fins./ Sans guinple

estoit ; a un fil d’or/ Ot galonné son cief le sor (Blanches-mains) ; quant à Clarie, elle est la

seule à ne pas voir sa chevelure décrite, elle est cependant associée à l’or à travers

l’expression l’ors clarie employée au vers 2686.

(4)

Margerie et Clarie se rapportent d’ailleurs tous deux à l’univers de l’orfèvrerie

15

; le nom de Blonde Esmerée devient le terme général qui contient virtuellement tous ceux des autres jeunes filles.

Cette dernière fait aussi penser à d’autres héroïnes arthuriennes, plus lointaines car issues des nombreux intertextes du Bel Inconnu. Si la première est Yseut, plusieurs fois citée par le texte, on ne peut oublier Enide, à laquelle renvoient le combat pour l’épervier

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ainsi que la description de la robe merveilleuse de Blonde Esmerée

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, et plus généralement les héroïnes de Chrétien de Troyes… Si Blonde Esmerée est si désincarnée, c’est qu’elle doit pouvoir être une représentante universelle de la demoiselle arthurienne.

En outre, l’or de toutes ces chevelures qui sont le reflet d’une seule, produit un effet de dédoublement et de superposition qui relève de la logique du rêve. N’est-ce pas déjà là le moyen de parler de littérature, de dire à quel point le monde arthurien n’est que fiction pure ? Ce monde est hanté par des Blonde Esmerée, toutes demoiselles aux cheveux d’or. L’auteur du Bel Inconnu accentue dans son roman l’indifférenciation des amoureuses potentielles pour les dépersonnaliser et révéler en chacune d’elles l’archétype arthurien épuré en Blonde Esmerée.

On assiste donc, à travers elles, à une variation sur le thème de la fille aux cheveux d’or. C’est également ce que laisse présager une figure aussi purement formelle que Blonde Esmerée. Renaut de Beaujeu nous propose un exercice de style autour du portrait féminin, dont on trouve plusieurs variantes.

Ces dernières peuvent aller de la synonymie (Clarie s’approche par le sens d’esmerée : la similitude de leurs cheveux d’or figure celle de leurs prénoms) à l’amplificatio et à l’ellipse, chacun de ces extrêmes étant représenté par la Pucelle aux blanches mains et Blonde Esmerée. La deuxième apparition de la Pucelle aux blanches mains constitue en effet l’aboutissement d’un mouvement d’amplification du portrait féminin à partir de l’élément doré des cheveux ; ce dernier finit par contaminer tous les éléments qui composent le dernier portrait, si bien que la jeune fille n’est plus alors seulement une demoiselle aux cheveux d’or, mais une demoiselle entièrement dorée

18

.

15

Margerie renvoie étymologiquement à la perle, tandis que Clarie fait écho à l’ors clarie (v.

2686).

16

Le Bel Inconnu, v. 1578 et suivants.

17

Le Bel Inconnu, v. 5141-5169. Cette robe rappelle le manteau multicolore à l’image du monde que la reine Guenièvre offre à la promise d’Erec lors de son arrivée à la cour.

18

Le Bel Inconnu, v. 3942-3996. On retiendra notamment : Ses crins [al palefroi] sanbloit

estre dorés (v. 3948), Molt estoit rices ses lorains,/ Cent escaletes i ot d’or (v. 3950-3951),

De fin or fu [la siele] et de cristal (v. 3963), Ele avoit vestu un bliaut/ Qui tos estoit a or

batus (v. 3968-3969), Portrais i avoit [sor le capel] oisials d’or (v. 3977), Par deriere ot

jeté ses crins/ Plus reluissans que nus ors fins./ Sans guinple estoit ; a un fil d’or/ Ot galonné

son cief le sor (v. 3979-3982).

(5)

Quant au nom de Blonde Esmerée, il apparaît comme le tour le plus synthétique qui soit, une tentative d’épure. Ce nom en soi est une gageure, il s’agit de créer en deux mots l’équivalent du portrait de la Pucelle aux blanches mains. L’or de sa chevelure, qui résonne dans le nom, apparaît presque comme le résultat d’une opération alchimique, qui du métal ne garderait que l’essence la plus pure, esmerée.

En même temps qu’il permet de procéder à cet exercice de style, le personnage de Blonde Esmerée en révèle aussi les dangers. Toutes ces jeunes filles ne sont que des leurres dorés, des rêves arthuriens. Parce qu’elle est désincarnée, Blonde Esmerée dénonce le caractère purement séducteur du portrait féminin dans le roman, passage obligé et ornement : le charme d’une telle héroïne ne peut être que littéraire. Elle est une forme qui permet de parler de celle du roman. Elle n’est que chevelure, qui métaphorise le texte.

Romaine Wolf-Bonvin a montré que le vêtement, dans Le Bel Inconnu, fonctionnait comme une image du texte

19

. Il n’est pas étonnant que la chevelure, et en particulier celle de Blonde Esmerée, dont on a vu qu’elle s’apparentait aux fils d’or qui composent la broderie, voire le vêtement tout entier, joue le même rôle. L’abondance de vêtements dorés dans le roman renforce encore le rapprochement. Selon que le fil sert à orner ou à tisser le vêtement, il ne remplit pas tout à fait le même rôle. Le fil d’or de la chevelure peut être perçu comme une matière précieuse qui orne le texte, ou encore en composer la trame.

Les chevelures d’or parsèment le texte, répondant à d’autres éclats dorés qui semblent en être des annonces, comme la perche d’or de l’épervier promis à Margerie

20

, ou l’Ile d’Or

21

où vit la Pucelle aux blanches mains. La séduction de la femme se confond alors avec la séduction du texte. Comme le fil d’or orne la robe de Blonde Esmerée ou donne son éclat à la seconde apparition de la Pucelle aux blanches mains, les cheveux d’or se font parure du roman.

On pourrait comparer leur rôle à celui de la feuille d’or en enluminure.

Ils en ont le caractère séducteur pour l’œil et l’esprit. Ils illuminent le texte, mais le rendent aussi plus lisible. L’or souligne les charnières et les moments- clefs du texte, comme il peut mettre en valeur le détail crucial d’une illustration en attirant sur lui l’attention. Il arrive dans le texte porté par Hélie, voix de l’aventure pour Guinglain, pour le conduire à l’Ile d’Or et à la Pucelle aux blanches mains puis à l’or de la guivre et enfin de Blonde Esmerée.

Ces deux derniers exemples montrent aussi que, comme en peinture, l’or est un indice du surnaturel : couleur de lumière, il laisse apercevoir un au-delà.

19

Romaine Wolf-Bonvin dans Textus, op. cit.

20

Le Bel Inconnu, v. 1585-1587 : En un plain, dalés un mostier,/ Illuec ont asis l’esprevier,/

Sor une perce tote d’or.

21

Première occurrence : Le Bel Inconnu, v. 1930.

(6)

L’héroïne arthurienne garde souvent un rapport avec l’Autre Monde. La Pucelle aux blanches mains et Blonde Esmerée sont femme-fée et femme- guivre, des femmes aux cheveux d’or.

D’épisode en épisode, de femme en femme, on retrouve cet or tout au long du texte. Il est cette matière éclatante, la matière arthurienne, toujours en rapport plus ou moins lointain avec un Autre Monde, et que le poète travaille comme un orfèvre. La chevelure de Blonde Esmerée métaphorise cette matiere d’une incomparable richesse. Toutes les autres chevelures lui répondant en écho donnent au texte une unité de ton, au sens pictural du thème : Le Bel Inconnu est un livre d’or, une « légende dorée ».

Les cheveux d’or forment donc autant la matière des épisodes que le lien qui donne sa cohérence au texte. C’est pourquoi la chevelure blonde est esmerée : elle n’est pas seulement matériau brut, fût-il précieux, mais matiere organisée, transcendée par la conjointure qui, seule, lui donne son caractère d’exception. Cette fonction de Blonde Esmerée est déjà soulignée par son vêtement

22

, mais celui-ci est redoublé par le motif de la chevelure qui devient fil d’or, fil directeur de la fiction. Cependant, alors que son vêtement seul suffisait à révéler en elle le texte achevé, sa chevelure n’est conjointure du texte que dans la mesure où elle est reliée à toutes celles de ses doubles féminins.

Dès le début du roman, le rôle de la chevelure d’or s’annonce capital puisque celle qui l’arbore, Hélie, est l’envoyée d’une autre dame blonde, la fille du roi Guingras, Blonde Esmerée, et lance le Bel Inconnu dans l’aventure. A ce moment du récit, elle vient demander de l’aide pour Blonde Esmerée qui devient, dès lors, l’origine de la fiction. On a souligné le rapport privilégié que le personnage entretient avec Yseut qui, dans la légende tristanienne, joue déjà ce même rôle

23

. Elle est en effet le fil qui guide une partie de la narration,

22

Romaine Wolf-Bonvin : Textus, op. cit., p. 146 : « De fait, en inscrivant l’aventure dans un cadre préétabli, mais un cadre à dépasser pour celui qui devra cueillir les fruits de son renom à la cour, elle [la fée Blanches-Mains] incarnerait plutôt le stade initial du travail littéraire selon Geoffroi de Vinsauf : l’œuvre lorsqu’elle n’est élaborée qu’en pensée, materia faite femme que poesis va revêtir de son texte au prix d’une infidélité secrète. […] Quant à la reine que finit par épouser Guiglain, elle consacre l’accession du bacheler à la souveraineté.

Amenant la Dame de la lyrique et la fée à se confondre dans la même perte, Blonde incarne le résultat de la quête désormais achevée à la cour d’Arthur, de telle sorte qu’elle resterait seule à personnifier, dans ce lieu d’écoute nourri de récits aventureux, le texte en son accomplissement. »

23

Eilhart von Oberg : Tristrant, texte établi et présenté par Danielle Buschinger et Wolfgang

Spiewok, Union Générale d’Editions, collection 10/18, série « Bibliothèque médiévale »,

1986, p. 74-75, v. 1381-1418 : « A cet instant deux hirondelles, qui étaient entrées par la

fenêtre dans la salle du trône, commencèrent à se donner des coups de bec. Perdu dans ses

pensées, le souverain aperçut leur jeu. Faites bien attention, car je vous dis la pure vérité : les

hirondelles laissèrent échapper un long et magnifique cheveu. Le roi eut l’idée de le

regarder. ‘C’est un cheveu de femme’, se dit-il en lui-même, ‘c’est le meilleur moyen de me

défendre. C’est cette femme que je désirerai opiniâtrement comme épouse […].’ »

(7)

puisqu’elle joue à l’occasion le rôle d’auteur : metteur en scène de la grande mascarade du Mal Pas

24

, elle sait aussi se faire poète comme le prouve sa maîtrise du langage qu’elle peut à loisir détourner dans le serment de la Blanche Lande

25

. Il semble donc que la chevelure d’or soit un motif traditionnel pour désigner le fil conducteur du récit.

Dans Le Bel Inconnu, où il n’en finit pas d’être redoublé, il prend une signification plus évidente encore. L’irruption de la féerie dans le réel déclenche l’action (nos demoiselles blondes sont toutes, à différents égards, des femmes-fées, comme Yseut était une princesse de l’Autre Monde) : Guinglain, nouveau Tristan, initie une seconde quête de la fille aux cheveux d’or, point de départ de sa propre histoire qui doit l’amener à découvrir son identité.

Blonde Esmerée invite déjà le lecteur à se laisser conduire par sa chevelure, immense et tressée de celle d’Hélie, coiffée d’un diadème d’or, de Clarie, qui porte l’or dans son nom, de Margerie, dont les cheveux blonds sont brillants comme de l’or fin, de la Pucelle aux blanches mains, reine de l’Ile d’Or aux cheveux retenus d’un fil du même métal, puis de Blonde Esmerée, qui était d’abord guivre dorée

26

.

Tous les fragments de la quête de Guinglain, représentés par ces demoiselles, sont donc reliés par un cheveu d’or. Ces fragments sont à la fois des épisodes, des interventions d’intertextes, ou encore des genres différents.

Le Bel Inconnu est un roman composite, qui trouve son unité et sa beauté notamment grâce à ce fil d’or qui le parcourt. Le texte aurait pu rester morcelé, à l’image de la guivre multicolore, et humaine aussi bien qu’animale : il devient œuvre achevée, à l’image de Blonde Esmerée, parfaite création de la Nature

27

. La chevelure donne au texte son achèvement et son unité.

L’œuvre est le résultat du mélange intime de trois genres, représentés par trois demoiselles : le roman (Blonde Esmerée), le lai (la Pucelle aux blanches mains) et la lyrique amoureuse (la dame, dédicataire du Bel Inconnu)

28

. Le

24

Béroul : Le Roman de Tristan, poème du XII

ème

siècle édité par Ernest Muret, quatrième édition revue par L.M. Defourques, Paris, Champion, 1982, v. 3288 et suivants.

25

Béroul : Le Roman de Tristan, v. 4197 et suivants.

26

La guivre est multicolore, mais c’est la couleur or qui est mise en valeur par le conteur : Ains Dius ne fist cele color/ Qu’en li ne soit entremellee ;/ Desous sanbloit estre doree (v.

3146-3148). Cet or en quelque sorte sous-jacent, accompagné des escarboucles que semblent être les yeux de la guivre, pourrait être considéré comme un symbole alchimique.

27

Le Bel Inconnu, v. 3268-3269 : Tant le sot bien Nature ouvrer/ C’onques si biele n’ot el mont […].

28

Kathryn Gradval : « Pouvoir féodal et objets matériels dans le Bel Inconnu », in Le

Chevalier et la merveille dans le Bel Inconnu ou le beau jeu de Renaut, Paris, Champion,

1996, p. 57 : « Une autre lecture satisfaisante du Bel Inconnu est l’analyse formelle du roman

comme mélange de trois genres littéraires : le roman (représenté par le personnage de la

Blonde Esmerée), le lai (genre signalé par la présence de la fée, la Pucelle aux Blanches

Mains), et le chant lyrique (signalé par les quatre interruptions du narrateur-amoureux, qui

impose sa propre histoire d’amour au récit de Guiglain. »

(8)

roman d’aventure n’atteint donc sa singularité poétique qu’une fois lié à d’autres genres ; la chevelure blonde ne devient esmerée qu’une fois tressée à celle d’une autre demoiselle. L’œuvre révèle à travers cet attribut féminin les ressorts de sa création.

C’est peut-être dans ce tissage que l’on retrouve la partie manquante de l’expression a fin or esmeré. La lyrique amoureuse, désignée par le conteur comme le point de départ du roman, trouve son inspiration dans la fin’amor

29

. La dame d’amour du narrateur crée Blonde Esmerée, la fin amor crée le fin or.

Lorsque l’on se rappelle que la pensée médiévale est avant tout analogique, il n’est pas interdit de penser que le rapprochement à la fois lexical et graphique de ces deux expressions était présent à l’esprit de l’auteur du Bel Inconnu. Le roman serait donc conçu comme un jeu orfévré, une prouesse de poète artisan : l’or de la chevelure métaphorise le jeu purement verbal et éclatant de la fin’amor qui tisse le texte d’un bout à l’autre.

L’or de la chevelure met en évidence le fonctionnement du texte. Le Bel Inconnu reposant en grande partie sur l’inversion de motifs traditionnels, sur la parodie, ne peut-il également fonctionner comme un indicateur de subversion ?

Tout d’abord, le rapport qu’il crée entre Yseut et Blonde Esmerée est un rapport faussé, du fait que l’héroïne du Bel Inconnu est une figure inversée de la reine de Cornouailles. Il ne s’agit pas seulement de remarquer une nouvelle fois que, comparativement à la légende tristanienne, les rôles de l’épouse et de l’amie ont été intervertis entre la demoiselle Blonde et la demoiselle aux blanches mains

30

. Il y a aussi renversement du code éthique d’ordinaire proposé par le roman courtois. Il n’est pas rare que la femme-fée, l’amie, y soit

29

Francis Dubost : « ‘Tel cuide bien faire qui faut’ : le ‘beau jeu’ de Renaut avec le merveilleux », in Le Chevalier et la merveille dans le Bel Inconnu ou le beau jeu de Renaut, Paris, Champion, 1996, p. 31-32 : « La mise en place d’un cadre énonciatif dominé par le jeu courtois se fait d’emblée par la référence à la cançon, à une production poétique antérieure dans laquelle fiction littéraire et expérience de vie se confondent, brouillent leurs contours et conduisent finalement à reconnaître qu’une inspiratrice tient le poète en sa baillie. Déjà destinataire de la chanson, la Dame règnera aussi sur le roman, pour peu qu’elle le veuille.

Dans la fiction des origines du texte, la dynamique de l’écriture vient donc de l’amour. La Dame que le narrateur aime outre mesure est à la fois origine et fin de l’acte d’écriture qu’elle inspire, qu’elle juge et, éventuellement, oriente ou réoriente. L’ensemble du texte, énoncé et énonciation, est donc placé sous la régie de la fin amor. Aux yeux de la Dame, le texte sera performance d’écriture, à évaluer comme le sont dans la diégèse, aux yeux d’une autre dame, les performances du chevalier. »

30

Francis Dubost : « ‘Tel cuide bien faire qui faut’ : le ‘beau jeu’ de Renaut avec le

merveilleux », p. 54. « […] celle qui est aimée porte ici le nom de celle qui n’est pas aimée

dans le Tristan de Thomas, référence de tous les amurus ! »

(9)

assimilée à une créature diabolique

31

, et plus spécialement au serpent, afin de renvoyer à l’idée de péché, en particulier d’adultère. Or, dans notre roman, c’est la future épouse qui apparaît sous la forme d’une guivre. Ici, le risque de péché serait donc du côté de la relation légitime.

Cette faute va au-delà de la trahison de l’amie, qui ne serait pas d’ordinaire diabolisée, comme en témoigne le roman de Thomas qui déplore le mariage de Tristan avec Yseut aux Blanches Mains, mais n’assimile pas cette dernière à une créature du Malin. Si le projet de mariage de Guinglain est ainsi stigmatisé selon le dogme chrétien, c’est peut-être parce que le jeune homme n’entretient pas de véritable relation courtoise : il semble en effet avoir accepté la demande en mariage de la Pucelle aux blanches mains

32

, avant d’accepter d’épouser Blonde Esmerée. Pécheur contre la règle divine et courtoise, il possèderait à la fois deux femmes et deux amies

33

, dont l’équivalence est marquée par la similitude de la chevelure qui souligne ainsi l’entorse faite au code de l’amour fine et de la fin’amor.

L’or esmeré de la chevelure consisterait alors dans le détournement de topoï et l’utilisation ironique du langage. Il permettrait un retour au véritable sens de la fin’amor à l’origine de ces chevelures, qui est bien moins amour de la Dame qu’amour des mots et du jeu qu’ils permettent d’instaurer. La dame du poète est en effet anonyme et il n’est même plus fait mention de sa chevelure dont le fil d’or s’arrête avec elle.

Aurions-nous donc suivi ce fil dans le mauvais sens, en croyant qu’il nous amenait à Blonde Esmerée ? Les chevelures d’or ont conduit à une femme qui, bien que purifiée, est destinée à ne pas être aimée, donc à l’anti-fille aux cheveux d’or censée faire l’objet de la quête du héros ; en outre, ce que le poète nous donnait comme la Blonde Esmerée, parfaite, ne constitue pas l’ultime degré de la beauté, comme le texte le précise lui-même :

Tant le sot bien Nature ouvrer C’onques si biele n’ot el mont […] Fors sel celi as Blances Mains,

31

Que l’on pense à l’association de Guenièvre au serpent dans le Lancelot en prose, ou d’Yseut à la Beste Glatissant dans le Tristan en prose, deux romans arthuriens datés, comme Le Bel Inconnu, du XIII

ème

siècle.

32

Le Bel Inconnu, v. 2259-2277. Le texte s’avère sur ce point extrêmement ambigu, puisque l’Inconnu n’accepte pas explicitement la demande de la Pucelle aux blanches mains, mais ne la refuse pas non plus. L’auteur entretient volontairement une hésitation qui permet de faire planer le soupçon sur la parfaite courtoisie de son héros.

33

On trouvera l’équivalent de cette relation dans la légende tristanienne dans la théorie

dévelopée par Jean Subrenat dans son article, « Sur le climat social, moral, religieux du

Tristan de Béroul », dans Le Moyen Age, t. LXXXII, n°2, 1976, p. 219-261, où il suggère

que l’union physique de Tristan et Yseut associée à la demande en mariage dont elle a fait

l’objet, les a également unis par les liens du mariage.

(10)

Quar nule a li ne s’aparele

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Le nom est délibérément mensonger. La véritable fille aux cheveux d’or esmerés est la Pucelle aux blanches mains, qui réapparaît dans le texte dorée des pieds à la tête

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. La vraie beauté n’est pas dans l’archétype, qui a perdu toute chair et toute vie à force d’être utilisé, mais dans ce qui le transgresse, principe qui fonde la poétique du Bel Inconnu. C’est pourquoi le fil d’or de la chevelure a tout d’abord mené à un idéal que le héros refuse, comme le refuse le roman éponyme.

Finalement, c’est au bout d’un roman inachevé que nous aura conduits le fil de la chevelure, au bout d’un roman dont l’échec aurait paradoxalement consisté à trouver son apothéose avec l’esmeré tel que le définit Blonde. Il trouve sa forme originale, personnelle et la plus parfaite possible dans ce qui n’est pas accompli, qui n’est pas esmeré. Plus exactement, il crée sa propre définition de l’esmeré, qui se trouve dans le détournement ironique des mots et des topoï. Il réinvente le langage, en lui donnant un nouveau sens : faire du neuf avec le matériau commun à tous, là est le véritable talent de l’orfèvre.

Il s’agit alors de remonter le fil des chevelures, tel un anti-fil d’Ariane, afin de découvrir le lieu d’origine du texte. Au début du roman, on croit l’avoir trouvé dans Blonde Esmerée, qui est donnée tout d’abord comme le point de départ de la quête, conformément à son personnage de fille aux cheveux d’or. Il s’agit cependant d’une nouvelle mystification du poète, d’un faux départ. La chevelure de Blonde Esmerée nous mène à celle de son double, la Pucelle aux blanches mains, véritable metteur en scène de l’histoire de Guinglain, à l’origine même de l’arrivée d’Hélie et de sa demande d’aide auprès d’Arthur :

« Biaus amis, certes, je sui cele Qui fis savoir a la pucele Qui estoit apielee Helie Qu’a la cort alast querre aïe

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Le Bel Inconnu, v. 3268-3273.

35

Le Bel Inconnu, v. 3942 et suivants : Quant il les vit molt en fu liés,/ Car entre eles conut

s’amie/ Qui menoit cele conpaignie/ Et sist sor un blanc palefroi ;/ Souef anbloit et sans

desroi,/ Et blanc fu de noir pumelés,/ Ses crins sanbloit estre dorés./ C’est la Pucele As

Blances Mains ;/ Molt estoit rices ses lorains,/ Cent escaletes i ot d’or ;/ […] Que vos diroie

de la siele/ Sor coi la damoisele sist ?/ Uns maistres d’Ilande le fist ;/ Tant par estoit et bone

et ciere/ Qu’a deviser n’iert pas legiere ;/ De fin or fu et de cristal,/ Ouvree molt bien a

esmal./ La dame ert biele et honneree/ Et cevaucoit eskevelee./ Son mantiel osta por le

caut ;/ Ele avoit vestu un bliaut/ Qui tos estoit a or batus ;/ Plus rice dras ne fu veüs,/ Ovrés

estoit et bien et bel./ En son cief avoit un capiel/ Qu’ele portoit por le calor ;/ Ouvrés fu de

mainte color,/ D’inde, de vert, de blanc, de bis ;/ Bien li gardoit del caut le vis ;/ Portrais i

avoit oisials d’or ;/ Li capials valoit un tresor./ Par deriere ot jeté ses crins/ Plus reluissans

que nus ors fins./ Sans guinple estoit ; a un fil d’or/ Ot galonné son cief le sor.

(11)

Por sa dame a Artus le roi

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»

Une fille aux cheveux d’or en cachait donc une autre. C’est aussi la Pucelle aux blanches mains, et non Blonde Esmerée, qui a su se désincarner au sens propre et se faire pur langage et pure voix pour délivrer la vérité de l’origine :

« Et si sui cele, biaus amis, Quant eüstes Mabon ocis Et quant le fier baiser fesistes, La vois que vos après oïstes, Qui vostre non vos fis savoir

37

»

Elle se désigne donc comme l’origine de toute la fiction.

Nous savons pourtant que le fil de la chevelure ne s’arrête pas avec elle, mais avec la Dame d’amour du poète. En le suivant, nous avons donc abouti à un nouveau faux départ : le commanditaire de l’histoire de Guinglain n’est pas la Pucelle aux blanches mains, mais celle pour qui chante le poète. Notre fil d’Ariane nous avait donc fourvoyés avant de nous ramener dans la bonne direction, en remontant à rebours vers la véritable origine du texte, la fin’amor qui fait de la beauté féminine et du désir qu’elle suscite, emblématisés par la chevelure d’or, le point de départ de toute création.

Néanmoins, en intégrant la Dame dans sa fiction, l’auteur montre qu’il est celui qui tient le bout de ce fil et travaille sa matière dorée pour en faire un ouvrage esmeré. Par le motif de la chevelure, il dénonce l’artifice de la fin’amor : il est le créateur des cheveux d’or, il est en son pouvoir d’établir ou non la séduction censée produire le texte par l’intermédiaire du désir. C’est l’auteur qui invente le jeu amoureux et crée une femme aimée, qui n’est autre qu’un ouvrage d’orfèvre, une forme qui peut receler toutes les héroïnes amoureuses, comme il avait créé, à partir de la seule détermination de sa chevelure, Blonde Esmerée. C’est pourquoi il peut se représenter, à la fin du roman, comme tenant la Dame à sa merci : il est son créateur ex-nihilo. C’est l’amour que l’auteur porte aux mots qui crée la Dame et non l’inverse. Il l’affiche à travers Blonde Esmerée, à l’existence de laquelle il nous fait croire, tout en ne faisant d’elle qu’un nom de chevelure métallique.

Pourtant, l’or de cette chevelure n’apparaît pas toujours comme une matière noble aux infinies ressources poétiques. Plusieurs passages du roman sont à cet égard surprenants au premier abord, car ils accordent une importance considérable à la valeur marchande de l’or, qui ne se destine pas aux raffinements de l’esthétique et d’une noble séduction courtoise, mais passe de

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Le Bel Inconnu, v. 4985-4989.

37

Le Bel Inconnu, v. 4995-4999.

(12)

main de marchand en main de marchand

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. Seul l’auteur est à même de le transmuer en une chevelure de toute beauté. Cette transmutation renvoie à l’épisode de la guivre, à cet égard significatif. C’est à l’aide d’un livre que Blonde Esmerée devient guivre : l’auteur se met en scène sous l’apparence d’un enchanteur tout-puissant

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, qui peut à l’envi faire et défaire son ouvrage. Le beau n’est pas beau en soi, il ne le devient que par l’entremise de l’auteur. Sa magie permet à l’or de la chevelure de devenir esmeré, comme elle avait pu l’avilir en le transformant en guivre dorée, symbole du pouvoir alchimique du poète.

Ainsi donc, par ce nom-chevelure de Blonde Esmerée, le romancier rappelle plus que jamais sa présence, dont il révèle le rôle primordial, et propose un résumé de sa poétique, en une condensation extrême. Tout le texte semble avoir été distillé, comme par une opération alchimique, pour arriver à cette quintessence, par définition épurée, esmerée. Il reflète ainsi la vision de l’auteur propre au genre romanesque où la figure du poète aime à s’affirmer en maître de l’œuvre, en médiateur imposé entre la fiction et le lecteur. Et le nom de l’héroïne, en disant beaucoup du roman, exprime – en une ellipse suprême – la quintessence d’un style esmeré.

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Le Bel Inconnu, v. 1921-1930 : Iluec vienent li marceant,/ Qui d’avoir sont rice et manant,/ S’i amainnent lor marchandie/ Par la mer, qui illuec les guie,/ Dont li passages molt valoit/ Que cele vile recevoit ;/ De lor avoirs, qui i vient grans,/ Est la vile rice et manans./ Icis castials dont vos oiés/ A l’Isle d’or estoit nonmés ; v. 2371-2372 : La soie et l’ors qu’el lit estoit/ Plus de cent mars d’argent valoit.

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Emmanuèle Baumgartner : « Féerie-fiction : le Bel Inconnu de Renaud de Beaugeu », in

Le Chevalier et la merveille dans le Bel Inconnu ou le beau jeu de Renaut, Paris, Champion,

1996, p. 17. « A cette date toutefois, projeter dans la fiction des figures de l’auteur s’inscrit

aussi dans une tradition bien établie. Inutile de rappeler la place essentielle qu’occupe Merlin

l’enchanteur dans la « naissance » d’Arthur, chez Geoffroy de Monmouth et chez Wace, puis

dans la programmation d’un pan important du texte arthurien. Mais il est d’autres

représentants, sur le mode mineur, de cette éminente figure de l’enchanteur/écrivain. »

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