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Submitted on 24 May 2016
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La torture dans le théâtre de Samuel Beckett
Aymen Degachi
To cite this version:
Aymen Degachi. La torture dans le théâtre de Samuel Beckett. Les Doctoriales 2016, May 2016, Sfax, Tunisie. �hal-01320782�
Journées doctorales 2016 - EDLAH
La torture dans le théâtre de Samuel Beckett
Aymen Degachi Doctorant en Littérature Française – LERIC Directeur de recherche : M. Lassaad Jamoussi
Introduction :
Samuel Beckett procède à un dérangement total de tout ordre avéré ou établi à travers un genre classé comme « théâtre de l’absurde » ou encore par une appellation plus accentuée à savoir « l’anti-théâtre ». Notre étude s’inscrit dans ce cadre en relevant les différentes manifestations de la problématique de la torture. En effet, le projet dramatique beckettien tend à défigurer les personnages par effets d’anéantissement de toutes les possibilités qui contribuent à une éventuelle détermination identitaire. En outre, Beckett place les protagonistes dans un chronotope totalement abstrait :d’une part dans un cadre spatial qui se caractérise par l’incertitude et l’enfermement, et d’autre part dans un temps qui se veut flou et perpétuellement répété. De surcroît, Beckett mobilise une rhétorique de l’épuisement avec l’aide des objets qui apparaissent sur scène et qui agissent sur les personnages;
les engageant dans une expérience placée sous le signe de la souffrance physique et psychologique.
Le non-être des personnages :
Samuel Beckett prive son personnage de toute substance psychologique ou physique et le dépouille de toute information qui rapporterait une éventuelle identité, le condamnant à l’anonymat. Ses protagonistes ne se définissent que par leurs présences scéniques exténuées. Beckett détruit les liens qu’entretient le personnage avec les contingences du monde en minimisant ou en éliminant même le dialogue pour le remplacer par un système de sons et de mouvements afin de le désincarner et le désintégrer sur scène.
L’enfermement spatial :
Le traitement de l’espace scénique dans les pièces de Samuel Beckett tient au principe de la claustration, un espace sans échappatoire qui condamne les personnages à une errance immobile et donc dérisoire. Nous avons l’impression que Beckett désincarne l’espace le plus quotidien pour arriver à en percevoir l’image d’une cage où la scène se transforme en « plateau-piège », un lieu carcéral et sans issue. Même l’espace extérieur, le hors-scène est habité par une présence indéterminée mais surtout inquiétante. L’Ailleurs devient encore plus terrifiant que l’Ici.
Les objets : Processus d’épuisement :
L’objet semble un élément indispensable à l’existence des personnages beckettiens. Il faut signaler que le corps du protagoniste est entièrement passif et doit supporter la gêne et l’impuissance subies par les différents jeux scéniques, tour à tour, avec l’apparition d’un objet nouveau. Ces objets ne sont là que pour combler le vide de la vie et surtout pour épuiser le personnage et accroître par là même le désespoir quant à sa condition scénique. Donc le personnage ne mène pas le jeu scénique, mais il est un simple appui pour la réalisation du jeu dans une expérience scénique où se révèle la souffrance corporelle au niveau de la manipulation spectaculaire de l’homme-objet.
Le temps répétitif :
Samuel Beckett plonge le personnage dans une temporalité figée où tout se répète. Ce mouvement circulaire qui domine dans la dramaturgie beckettienne engendre une durée indifférente et incessamment réitérée où se dessine l’abstraction d’un temps vague et confus. Alors les scènes s’inscrivent dans le perpétuel retour où se profile la perspective d’une pièce en spirale qui descend à l’infini ; spirale qui pourrait être celle du temps, d’une scène qui pourrait se prolonger ad libidum dans une sorte de déambulation vaine d’un personnage, bouleversé par la perte des repères temporels et vivant la platitude et l’absurdité du quotidien.
Conclusion :
L’écriture dramatique de Samuel Beckett est subversive dans le traitement du personnage de l’espace-temps et des objets sur scène, d’où se dégage toute la puissance de la torture dévastatrice. Les protagonistes se présentent à l’image des figures de l’empêchement qui dévoilent l’impuissance à être-là. Ils se trouvent projetés dans un cadre spatial qui les enferme et les engouffre dans une durée vide et absurde au sein d’une expérience de souffrance inexplicable et interminable d’un corps rendu servile ou réduit malgré lui à une sorte d’esclavage aux objets.
Source des images :
1. http://www.2do2go.ru/msk/events/48454/lekciya-semyuel-bekket-put-v-tishinu
2. http://www.theguardian.com/stage/2014/jan/21/samuel-beckett-happy-days-half-buried-woman 3. gsamovingimagelibrary.wordpress.com/portfolio/smithstewart-recommend/quad-samuel-beckett/
4. https://allanradcliffe.wordpress.com/2016/02/09/review-endgame-citizens-theatre-glasgow/
5. heatrestorm.com/2013/01/30/waiting-for-godot-at-marin-theatre-company-is-engaging-and-funny/
Remerciements :
Je tiens à remercier Mme Najiba Chkir pour avoir assuré la partie théorique et pratique de la formation concernant la réalisation d’un poster scientifique.
E-mail : degachiaymen@gmail.com
