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Le pilotage de l'irrigation : de la parcelle au périmètre irrigué

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conduite de l'irrigation

Le pilotage de l'irrigation :

de la parcelle au périmètre

irrigué

J.-C. COMBRES Cirad, avenue Agropolis, BP 398, Montpellier Cedex 5, France ¡ean-claude.combres@cirad.fr

L. LE MEZO Cirad-ca, Station Ligne-Paradis, 7 chemin de l'Irat, Ligne-Paradis, 9 7 4 10 Saint-Pierre, Réunion

Introduction

Lorsqu'une exploitation est correcte­ ment équipée en matériel d'irrigation, l'agriculteur d o it décider q u o tid ie n ­ nement quand, où, et co m b ie n ir r i­ guer. Il doit conduire ou piloter l'irri­ gation au mieux de ses intérêts et de ses objectifs de production. Il possède ra re m e n t l'e n s e m b le des d onnées n é c e s s a ire s p o u r q u a n t i f i e r les apports d'eau. Il applique le plus sou­ vent des doses excessives par sécuri­ té, qui ont des conséquences environ-

n e m e n ta le s et é c o n o m iq u e s . Le pilotage de l'irrigation vise à ajuster les apports d'eau au strict nécessaire, pour assurer les objectifs en réduisant les n u is a n c e s . L 'a id e au p ilo ta g e concerne les décisions quotidiennes q u e d o it p re n d re l'a g r ic u lte u r . Le pilotage fait appel aux connaissances sur les relatio ns h y d riq u e s dans le co ntinuum sol-plante-atmosphère. Il faut le différencier des c h o ix straté­ giques qui concernent une échelle de temps plus importante, la campagne d'irrigation.

Les méthodes

de pilotage

de 'irrig ation

Trois grandes catégories de méthodes s o n t u tilis é e s p o u r le p ilo t a g e de l ' i r r i g a t i o n . Il s 'a g it de m e s u re s d ir e c t e s au n iv e a u de la p la n t e (variations de diamètre, température de s u rfa c e , f l u x de s è v e), ou au niveau du sol ( h u m id ité ou p o te n ­

tiel), la troisième voie étant la simu­ lation du bilan hydrique.

Les approches « plante » utilisent des mesures au niveau d 'u n organe. Ce sont les plus précises, car elles tra­ duisent directement la réaction de la c u lt u r e à l'a lim e n ta tio n h y d riq u e . Elles fo nt appel à des équipem ents c o m p le x e s et o n é re u x nécessitant u n e f o r t e t e c h n i c i t é . Elles s o n t confrontées au problèm e de la gran­ de v a ria b ilité entre organes au sein d'une même parcelle. La mesure de la te m p é r a tu r e de surfa ce p e rm e t une intégration spatiale, mais reste trè s t e c h n i q u e . Ces t e c h n i q u e s sont de ce fa it peu développées en grande culture.

Les d e u x v o ie s les plu s c o uran tes sont le pilotage à partir de mesures d 'h u m id ité du sol, et le pilotage par la simulation du bilan hydrique. Ces m é th o d e s , et les lo g ic ie ls q u i les a c c o m p a g n e n t , o n t été m ises au p o in t pour une parcelle homogène. Leur o bjectif est le pilotage à la par­ c e lle . S ont-elles a p p lic a b le s dans tous les cas ? Quelles sont les limites à la généralisation ?

Les contraintes de

l'agriculteur aux

différentes échelles

spatiales

P o ur l 'e x p l o i t a t i o n et la p ris e de décision par l'agriculteur, la parcelle n'est pas l'élém ent déterminant. De

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d e lo parcelle au périmètre

n o m b r e u x f a c t e u r s e n t r e n t en c o m pte. Sans être exhaustif, citons l'h é té ro g é n é ité spatiale, la gestion des é q u ip e m e n ts et du p erson ne l, l'i n t é g r a t i o n de l ' i r r i g a t i o n dans l'e n s e m b le des p ré o c c u p a tio n s de l'agriculteur, ainsi que les stratégies a g rico les de c e lu i-c i, qui sont des éléments de décision déterminants. Au n iveau du p érim è tre , q u 'il soit c o lle c tif ou a g ro-ind ustriel, la ges­ tio n g lo b a le de la resso urce, son m o d e de d is trib u tio n , son p rix ou son coût, sont autant de facteurs qui conditio nn en t les pratiques agricoles et imposent des contraintes.

De la parcelle homogène

à la parcelle hétérogène

Si l'on irrigue avec un pivot une par­ celle dont le sol est homogène, et si ce p iv o t est é q u ip é d 'u n e p o m p e indépendante puisant dans une res­ source illim itée, toutes les méthodes sont utilisables. O n se retrouve dans le cas de figure de la parcelle expéri­ m e n t a le i d é a le . Les a p p r o c h e s « sol » et « plante » seront très e ffi­ caces car elles fournissent une mesu­ re d irecte. U n n om bre restreint de capteurs (tensiomètres par exemple) fournira un pilotage optim um . C'est le pilotage à la demande, qui se tra­ d u it le plus souvent par une dose fixe et u n e f r é q u e n c e v a r i a b l e . O n o b tie n d ra it un résultat co m p a ra b le avec un bilan hydrique bien calé, en f i x a n t un s e u il d ' h u m i d i t é p o u r déclencher l'irrigation.

Irrigation d 'une parcelle

en plusieurs unités

S upposons q u e la m êm e p a r c e lle soit irriguée en aspersion en couver­ ture totale en 12 jours et 3 positions par jour. Ce sont donc 12 — voire 36 — unités d'irrigation qui seront à des états hydriques différents. La parcel­ le homogène est devenue hétérogè­ ne sur le plan de son état hydrique. Si l'on utilise des capteurs d 'h u m id i­ té p our la piloter, leur nom bre d o it être c o n s id é r a b le m e n t a c c ru . O n pourrait choisir de ne suivre qu'une unité, les autres étant régulièrement décalées d'u n m ultiple de l'Etm (éva­

p o tra n s p ira tio n m axim a le) m o y e n ­ ne. C'est à peu près vrai lorsqu'il ne pleut pas. Mais lorsqu'une pluie sur­ v ie n t, si e lle est in s u ffis a n te p o u r saturer la réserve de toutes les unités d ' i r r i g a t i o n , son e f f i c a c i t é est variable selon la date de la dernière irrig a tio n de l'u n ité . T o u t se passe com m e si chacune recevait une p lu ­ v i o m é t r i e d if f é r e n t e . L 'u n i t é sur la q u e lle p o rte n t les mesures n'est p lu s re p ré s e n ta tiv e des a utres. A l'in v e rs e , lorsque toutes les unités o n t le u r r é s e rv e s a tu r é e , à q u e l m om ent reprendre l'irrigation ? Si la réserve u tile est fa ib le et que l'o n a tte n d le seuil de d é c le n c h e m e n t tensiométrique de la première unité, il y a un risque im p o rta n t de fa ire subir un fort stress à la dernière. La contrainte d'é qu ip em en t apparaît. Il faut donc établir un plann ing d 'ir r i­ gation à dose variable pour irriguer la dernière au bon moment. Le bilan h y d r iq u e , associé à des règles de gestion est alors m ieux adapté pour simuler les situations et prendre des décisions.

L'hétérogénéité spatiale du sol au sein de la parcelle a la même incidence et a c c r o ît e n c o re les d if f ic u lt é s . Les mesures au niveau du sol deviennent plus délicates et leur représentativité peut s'avérer discutable.

De la parcelle

à l'exploitation

Le p ilo ta g e à la d e m a n d e p e u t se heurter à des lim ita tion s , v o ire des im p o s s ib ilité s . Il suppose en effet q u e l 'o n s o it c a p a b l e d ' i r r i g u e r l 'e n s e m b l e de l ' e x p l o i t a t i o n en m ê m e te m p s . Dans l'e x e m p le du p iv o t ci-dessus, supposons que l'on en ait un grand nom bre identiques. Les possibilités de pompage dans la nappe par exemple, ou l'énergie dis­ ponible pour faire fonctionner toutes les p o m p e s , ou les c a p a c it é s de p o m p a g e p e u v e n t r e s tre in d re les possibilités. Un planning d'irrigation d e v ie n t n écessaire. Le p ilo ta g e à l'a id e de tensiomètres s'avère alors plus difficile pour l'agriculteur, car il d o it connaître, p ou r chaque valeur te n s i o m é t r iq u e o b s e rv é e , q u e lle dose d'eau apporter.

Les contraintes liées

au matériel d 'irriga tio n

en couverture m obile

Le m atériel d 'irr ig a tio n im pose ses contraintes d 'u tilis a tio n . La p lu pa rt du temps, un p la nn ing d 'u tilis a tio n est nécessaire. C'est le cas des c o u ­ vertures m obiles, de l'aspersion en c o u v e r t u r e t o t a le et des c a n o n s enrouleurs, où le matériel se déplace sur différentes unités. Ces dép la ce ­ ments, la d is p on ibilité en personnel et en matériel (tracteurs, remorques) qu'ils im pliquent, font que la gestion de ce planning est la préoccupation essentielle de l'agriculteur. La préci­ sion des doses d'eau à apporter peut apparaître secondaire. Faut-il pour autant négliger le pilotage ?

Gestion de l'irrigation

avec du matériel fixe

Lorsque le matériel est fixe, en gout­ te à goutte ou en aspersion en c o u ­ verture intégrale, ces problèm es ne se posent plus. En goutte à goutte, l'irrigation quotidienne est nécessai­ re. Certains auteurs préconisent l'u ti­ lisation de tensiomètres pour carac­ t é r is e r l ' e x t e n s i o n du b u l b e et estimer ainsi l'excédent, « sur-irriga­ tion » ou le déficit « sous-irrigation ». C 'est très intéressant p o u r les c u l ­ tures hétérogènes pour lesquelles le régime d'évapotranspiration est mal connu. En c u ltu re dense c o m m e la c a n n e à sucre, il est aussi s im p le d 'a pp orter q u o tid ie n n e m e n t l'é q u i­ valent de l'Etm, à condition de c o m ­ m e n c e r sur un sol s u ff is a m m e n t h u m id if ié . M ais un s tric t p ilo ta g e « à l'Etm » c o n d u it aussi à des sur­ c o n s o m m a tio n s , car il ne v a lo ris e pas les pluies. Un pilotage par bilan h y d riq u e en ajustant c o rre c te m e n t les seuils est plus économe.

En aspersion en couverture intégrale, si l'irrigation quotidienne est techn i­ quement possible, elle est générale­ ment peu souhaitable. L'évaporation du sol nu est alors considérablement a c c ru e . L 'e au , in te r c e p té e p a r le fe uillag e, ne p arvie nt pas au sol et est évaporée à un régime d'évapora­ tion potentielle plus élevé que l'éva- potranspiration potentielle. Cette pra­ tiq ue c o n d u it à une c o n s o m m a tio n

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Exemple d'hétérogénéité hydrique

sur un sol homogène

à la Réunion

L'exploitation possède trois parcelles. Elle est équipée d'un système en couverture totale « améliorée ». Trois vannes volumétriques séquentielles pilotent les trois parcelles. Trois positions sont irriguées en 24 heures, une sur chaque parcelle. Les numéros montrent les asperseurs qui fonctionnement simultanément sur une même vanne. Les asperseurs sont déplacés selon l'ordre croissant des numéros de chaque parcelle. La fréquence d'irrigation est différente sur chaque parcelle. Sur chaque unité (position d'asperseur), le déficit et le contenu de la réserve facilement utilisable sont visualisés. Il s'agit d'un cas relativement simple, car toutes les parcelles et unités ont la même réserve utile (le même sol). On note néanmoins l'importance de l'hétérogénéité hydrique liée au planning d'irrigation.

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V is u a lis a tio n d e l'h u m id ité d u sol sur les tro is p a rce lle s.

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hydrique beaucoup plus importante que les besoins de la plante. Elle ne permet pas par ailleurs de valoriser l'effet tam pon de la réserve du sol. U n p l a n n i n g d 'a r r o s a g e s 'a v è r e nécessaire également dans ce cas.

De l'exploitation

au périmètre

Au n ive au d 'u n p é rim è tre irrigu é, q u 'il s'agisse d'un périmètre c o lle ctif ou d 'u n grand périmètre agro-indus­ tr ie l, apparaissen t des c o n tra in te s hydrauliques et des facteurs supplé­ mentaires d'hétérogénéité spatiale.

Les contraintes du système

hydraulique

Les caractéristiques hydrauliques du rés e a u d ' a d d u c t i o n d 'e a u s o n t fixées. Selon la c o nce ptio n initiale, le débit et la pression peuvent lim iter en certains points la gamme de sys­ tèmes d'irrigation utilisables. O r cette conception initiale n'intègre généra­ lement pas l'utilisation agronom ique de l'eau. La ressource est rarement illim ité e . Son m ode de d is trib u tio n impose la tactique d'irrigation. Dans le cas d'u n captage au fil de l'eau, la ressource glo ba le est lim ité e par le déb it de la rivière. Les réseaux sont calés sur un d é b it d 'é tia g e , et des co up ures d 'e au seront nécessaires s'il descend en dessous. Si la d istri­ b u tio n est u nifo rm e, avec un déb it par hectare fixe et continu, l'a gricul­ te u r est c o n t r a i n t d 'o r g a n is e r un planning d'irriga tion pour m obiliser en permanence cette ressource, par­ fo is in s u ffis a n te . A l'in v e r s e , s 'il s 'a g it d 'u n réseau à p ilo t a g e par l'aval, le d é b it d is p o n ib le n'est pas lim ité. Le pilotage à la demande est envisageable si la ressource est to u ­ jours disponible.

L'hétérogénéité liée

aux microclimats

Les facteurs supplémentaires d'h été­ r o g é n é i t é s p a t ia le s o n t lié s a u x m icroclim ats. Sous un c lim a t tr o p i­ cal, la pluviom étrie quotidienne pré­ sente une très forte variabilité spatia­ le du f a i t de la l o c a l i s a t i o n des

pluies. Ce paramètre essentiel peut, et devrait être, mesuré par l'a gricul­ te u r sur l 'e x p lo it a t io n , m ais c ette é c h e lle p e u t ê tre in s u f fis a n te au c h a m p . La d e m a n d e c l i m a t i q u e (mesurée par l'é v a p o tra n s p ir a tio n potentielle, Etp) et la température qui influence la vitesse de croissance et les c o e f f i c i e n t s c u l t u r a u x s o n t d'autres facteurs de variabilité. Dans le cas p a r t i c u l i e r de la R é u n io n , c o n n u e p o u r sa fo r t e v a r i a b i l i t é m ic ro c lim a tiq u e , ces deux facteurs ne peuvent être négligés. Mais l'agri­ culteur n'a pas accès à ces données et ne pourrait pas les intégrer.

Incidence des échelles

d'espace

Les différentes méthodes de pilotage ont des dom aines d 'a p p lic a tio n qui leur sont propres. Elles sont toutes envisageables à l'é che lle de la par­ celle homogène. Mais l'hétérogénéi­ té s 'a c c r o ît lo rs q u e l'é c h e lle a u g ­ mente, et les problèmes deviennent plus complexes.

L'irrigation à la demande est excep­ tionnelle en grande culture. Le plan­ n in g d 'ir r ig a tio n s 'im p o s e c o m m e une contrainte dominante. A grande é c h e lle , les m éthodes fondées sur

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de la parcelle au périmètre

des mesures au niveau de la plante o u du so l s o n t in a d a p t é e s à des prises de décision quotidiennes. Le b il a n h y d r iq u e i n f o r m a t i s é p e u t c o n v e n ir dans la p lu p a rt des cas, à l'e xception des situations où la nap­ pe phréatique est proche de la surfa­ ce. Seul, il serait également insuffi­ sant. Il c o n v ie n t de lu i a d jo in d r e l'ensemble des règles permettant de traiter les différents niveaux d'h été ­ rogénéité et de prendre en co m p te les pratiques de l'agriculteur.

Recommandations

Dour l'usage du

Dilan hydrique

Si le b ila n h y d r iq u e est u n a n im e ­ m ent reconnu c o m m e m éthode de r é fé r e n c e , il n 'e s t p o u r t a n t pas e x e m p t de c ritiq u e s , in h é re n te s à tout m odèle de prévision. Les para­ mètres d'entrée doivent être connus avec une bonne précision.

• L'échelle à laquelle est évaluée la réserve utile est déterminante (LEEN- HART, 1991). O n possède rarement la carte au 1/2 500 qui serait néces­ saire au niveau de l'exploitation. • Les coefficients culturaux doivent être précis. Les données empiriques de la b i b l i o g r a p h i e s o n t très v a ria b le s s u iv a n t la région de leur d é te rm in a tio n et la référence d'Etp utilisée. Il est préférable d'utiliser un m odèle plante qui permette d 'in té ­ g re r la v a r i a b i l i t é c l i m a t i q u e et hydrique.

• L'Etp qui était d éte rm in é e par le passé avec une incertitude de 30 % est dorénavant calculable à 4 % près (ALLEN et al., 1994). Au niveau de l ' e x p l o i t a t i o n , la c o n s o m m a t io n d 'e a u c o n s e i l l é e p a r le b il a n hydrique est proportionnelle à l'Etp. Il convient donc d'être précis. • Enfin, la p lu viom étrie, l'irrig a tio n e t l ' e f f i c i e n c e des é q u ip e m e n t s d'irrigation doivent être bien connus. Tous ces points peuvent être m aîtri­ sés. S'ils ne l'é ta ie n t pas, le b ila n h y d r iq u e f o u r n i r a i t des ré s u lta ts erronés.

Le b ila n h y d r iq u e fa it par a ille u rs appel à des données (météo) et des méthodes (informatiques) qui ne sont pas celles de l'agriculteur. Il nécessite donc un intermédiaire, physique ou télém atique, qui intègre cette étape pour conseiller l'agriculteur. Cet inter­ médiaire et la façon dont il maîtrise les p o in t s c i-d e s s u s , les r e la t io n s de confiance en l'inn o v atio n q u 'il crée avec l'agriculteur, et la façon dont est fourni le conseil pour que l'agriculteur se l'a p p r o p r ie , sont d é te rm in a n ts . M ais ceci est v a la b le p ou r tous les modes de pilotage.

L'agriculteur,

ses pratiques

et ses décisions

L 'a g ric u lte u r gère une e x p lo ita tio n qui peut aller de quelques hectares dans le cas d 'u n petit planteur, à p lu ­ sieurs m illie r s d 'h e c ta re s p o u r les gestionnaires de grands périm ètres agro-industriels. A ce niveau égale­ m e n t, la t a i l l e de l ' e x p l o i t a t i o n conditio nn e la hiérarchie des préoc­ cupations des exploitants. L 'e x p lo i­ t a t i o n ne p e u t ê tre r é d u i t e à un ensem ble de parcelles, et les d é c i­ s io n s ne se p r e n n e n t pas à le u r niveau.

Au niveau de l'exploitation, l'agricul­ teur, ses décisions et ses choix straté­ giques jouent un rôle déterminant qui c o n d itio n n e le type de p ilo ta g e de l'irrigation. Les typologies d'e xploita­ tions à la Réunion (DUCLAY, 1995) ont montré qu'il y avait un lien étroit entre la stratégie de l'agriculteur, son choix en équipements d'irrigation, et ses demandes en conseil. Les exploi­ tants intéressés par le pilotage de l'irri­ gation, y com pris les m ieux formés, d e m an de nt des conseils simples et d ire c te m e n t a p p lic a b le s . Ils seront alo rs f a c ile m e n t in té g ra b le s dans l'ensemble des décisions, et dans les charges de travail quotidiennes. M ais le p ilotage est une affaire qui peut être très complexe. Il d o it inté­ gre r, du p o i n t de v u e te c h n iq u e , deux groupes de facteurs : la gestion des é q u ip e m e n ts et les besoins en

eau de la p la n te . Le p re m ie r a un rôle d é te rm in a n t sur l'o rg an isatio n du travail et la mobilisation de la res­ source. Il a un aspect concret et il est i n c o n t o u r n a b l e . Plus la t a i l l e de l'e x p l o it a t i o n a u g m e n te , p lu s cet aspect de planification est prépondé­ rant. Si différents systèmes d 'irr ig a ­ t i o n s o n t u t ilis é s sur de g ra n d e s exploitations, la gestion du planning devient la contrainte majeure. Le se c o n d est p lu s a b s tra it et fa it appel à des notio ns non m a té ria li- sables (réserve utile, Etp, coefficients c u lt u r a u x ) ou à des m e s u re s q u i s'avèrent lourdes en m ilie u hétéro­ gène. De ce fait, faute de s o lu tio n simple, la dose à apporter apparaît souvent co m m e une préoccupation secondaire par rapport à la gestion des équ ip em en ts, su rtout si la res­ source et son c o û t ne sont pas les contraintes majeures. L 'a g ric u lte u r u t i li s e a lo rs ses p r o p r e s c r it è r e s visuels de décision.

Il est donc essentiel que le système de conseil gère ces deux aspects de façon transparente et fiable. Il d o it également permettre de matérialiser les relations eau-sol-plante du bilan hydrique pour établir le lien entre les observations de terrain et les calculs du logiciel.

Le conseil associé au p ilo tag e d o it être personnalisé car deux exploita ­ tions contiguës, m ême si elles sont identiques du point de vue p é d o c li­ matique, diffèrent par leurs équ ip e ­ ments et par les agriculteurs qui les gèrent. Le co nse il p o u r un g roupe d'agriculteurs ou pour un terroir est, de ce fait, peu p ro ba nt et a peu de chances de résoudre les problèmes individuels de l'irrigant.

L 'a g r ic u lte u r d o it par a ille u rs être m otivé et co nva in cu de l'intérêt du pilotage, et du pro fit q u 'il en retire. Ses critères de comparaison portent sur le c o û t total de l'ir rig a tio n , les rendements obtenus et la p é n ib ilité d u p il o t a g e . C o m p t e te n u de la variabilité interannuelle des besoins en eau et des rendements, la percep­ tion intuitive de l'a pport du pilotage n 'e s t pas to u jo u r s é v id e n te sur le c ourt terme. Il est donc essentiel de p ou voir, a p o s te rio ri, com parer ses

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conduite de l'irrigation

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pratiques à l'o p tim u m p our entrete­ n ir avec lui un dialogue, source de confiance en l'innovation.

Conclusion

L'a ide à la décision p ou r le pilotage q u o tid ie n de l'ir r ig a tio n d o it gérer les différentes causes de v a ria b ilité in t ra - et i n t e r p a r c e lla ir e , et t e n ir c o m p te des p ra tiq u e s des a g r ic u l­ teurs, souvent confrontés à la d if f i­ c u lté de gérer le p la n n in g d 'ir r ig a ­ tion.

Les travaux conduits par le Cirad à la R éunion, en c o lla b o ra tio n avec la Chambre d 'agriculture et La Société d 'a m é n a g e m e n t des p é r im è t r e s h y d r o - a g r i c o l e s de l ' î l e de la Réunion, o n t cet o b je c tif. Ils c h e r­ chent à résoudre les problèmes sui­ vants :

- in té g re r la v a r ia b ilité s p atia le et tem p ore lle sur les plans édaphique, b io lo g iq u e , c lim a tiq u e et h y d riq u e ( ir r ig a t io n ) (CO M BRES et K A M IE - NIARZ, 1992) ;

- é t a b lir les p ra tiq u e s ré e lle s des agriculteurs, pour en conceptualiser les règles générales ;

- prendre en compte les contraintes

du réseau (débit, pression), les carac­ té ris tiq u e s des é q u ip e m e n ts et le p la n n in g d 'u t i li s a t i o n du m a té rie l pour fo urnir un conseil personnalisé. Il p re n d la fo r m e d 'u n c a le n d r ie r d 'ir r ig a t io n à c o u rt te rm e qui rend co m p a tib le le pilotage et la gestion des chantiers ;

- restituer aux agriculteurs une ana­ lyse c o m p a r a tiv e de leurs ré a lis a ­ tions.

Les r é s u lt a ts de ces t r a v a u x o n t c o nd uit à la mise au p o in t du logiciel IR R IC A N N E + (C O M B R E S e t a l., 1996, 1997 ; COMBRES, 1999) uti­ lisé en routine depuis 1997.

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Bac classe A (Bras d e la p la in e , Réunion). ( © C ira d )

A gricultu re et développem ent ■ n° 24

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de la parcelle au périmètre

Résumé. ..Abstract... Resumen

J.-C. COMBRES, L. LE MEZO — Le pilotage de l'irrigation : de la parcelle au périmètre irrigué. Le pilotage de l'irrig a tio n concerne successivement la parcelle, l'exploitation et le périmètre. Pour la parcelle, se posent surtout des problèmes d'homogénéité des sols ou des apports d'eau, notamment dans le cas d'aspersion totale. Pour l'exploitation, c'est la notion de planning qui résume bien comment l'agriculteur gère une ressource en eau limitée ou le déplacement du matériel d'irrigation. Pour le périmètre, des contraintes peuvent résulter du réseau d'adduction. La forte variabilité spatio-temporelle des pluies contribue aussi à la complexité de l'ensemble. Le pilotage à la demande, bien adapté à la parcelle, cède la place, en changeant d'é che lle, à une p rio rité au planning d'irrigation. La simulation du bilan hydrique, associée à un planning et à des règles de gestion, permet de p re n d re en com pte ces m u ltip le s aspects. Une cartographie de la réserve utile en eau des sols, une évaluation précise de l'évapotranspiration de référence, et une bonne appréciation spatiale des pluies et des arrosages co n d itio n n e n t la v a lid ité des prévisions. L'agriculteur doit pouvoir disposer d'un outil qui intègre ces données pour l'aider dans la gestion des équipements. Mots-clés : irrig a tio n , p la n ifica tio n , pilotage, bilan hydrique.

J.-C. COMBRES, L. LE MEZO — Irrigation control: from plot to irrigation scheme.

Irrig ation control concerns the plot, the farm and the irrigation scheme in succession. The main problems at plot level are homogeneity of the soils or water applications, particularly in the case of total sprinkling. At farm level, it is the planning concept that takes over, allowing farmers to manage limited water supplies or move their irrigation equipm ent e fficiently. As regards irriga tio n schemes, problems can arise because of the canalization system. The high sp atio-tem p oral v a ria b ility of ra in fa ll also contributes to the complexity of operations. Watering on demand, which is suitable in plots, is less important than planning when working on a larger scale. Simulating the water balance, combined with planning and management rules, takes account of these various aspects. Mapping the a v a ila b le soil w a te r reserve, precise e v a lu a tio n of standard évapotranspiration and an accurate spatial appreciation of rainfall and watering are essential for valid planning. Farmers need a tool integrating these data if they are to manage their equipment efficiently. Keywords: irrigation, planning, control, water balance

J.-C. COMBRES, L. LE MEZO — El control del riego: de la parcela al área regada.

El control del riego afecta sucesivamente la parcela, la explo ta ción y el área. En la parcela, los problem as conciernen principalmente la homogeneidad de los suelos o los aportes de agua, sobre todo en el caso de aspersión total. En la explotación, es la noción de planificación la que resume bien cómo el agricultor gestiona un recurso hidrico limitado o el desplazamiento del material de riego. En el área, las restricciones pueden venir de la red de abastecim iento de agua. La im po rtan te va ria bilid ad espaciotemporal de las lluvias contribuye también a la complejidad del conjunto. El control a la demanda, bien adaptado a la parcela, deja sitio, cambiando de escala, a una prioridad del programa de riego. La simulación del balance hidrico, asociada a un programa y a reglas de gestión, permite tener en cuenta todos esos aspectos múltiples. Una cartografía de la reserva útil de agua de los suelos, la evaluación precisa de la evapotranspiración de referencia y una buena apreciación espacial de lluvias y riegos condicionan la validez de las previsiones. El agricultor debe poder contar con un instrum ento que integre dichos datos para ayudarlo en la gestión de los equipos.

Palabras clave: riego, planificación, control, balance hidrico.

Références

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