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A TRANSFORMATION MODERNE DE BRUXELLES

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Academic year: 2021

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LA TRANSFORMATION

MODERNE

DE BRUXELLES

Processus d'agencement de l'espace

urbain bruxellois entre 1949 et 1979

Géry Leloutre

Thèse en Art de Bâtir et Urbanisme Faculté d'architecture de l'ULB - Università IUAV Année académique 2019-2020

Membres du jury:

Jean-Michel DECROLY [ULB, président] Chloé DELIGNE [ULB]

Bénédicte GROSJEAN [ENSAP Lille] Victor BRUNFAUT [ULB, Promoteur] Paola VIGANÒ [Università Iuav di Venezia, co-directrice]

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L’écriture d’une thèse à temps partiel n’est pas un exercice facile en termes de gestion du temps, mais il a l’avantage de la longueur, qui permet, tout au long du processus de recherche, de rencontrer un grand nombre de personnes et, surtout, d’approfondir les relations humaines et les échanges intellectuels. Mon parcours de recherche fut, à niveau, d’une richesse extraordinaire.

Je voudrais tout d’abord exprimer ma plus profonde gratitude à mon promoteur Victor Brunfaut et ma co-directrice Paola Viganò pour leur encadrement. Celui-ci dépassait largement l’enjeu de la thèse en s’inscrivant dans une réflexion fondamentale sur la pratique urbanistique et les formes de gouvernance territoriale. Faire état de cette réflexion revêt ici une forme d’hommage vibrant à la personnalité de Bernardo Secchi, dont la pensée nous a rassemblé tous les trois et nous fait cheminer côte à côte depuis de nombreuses années, et en ce qui me concerne, depuis mes études.

Ces remerciements s’étendent aux autres membres de mon Comité d’Accompagnement. Tous m’ont fortement influencé dans ma formation d’architecte ou d’urbaniste et ce fut en honneur de les avoir à mes côtés. Jean-Michel Decroly, dont la sagacité des critiques est inversement proportionnelle à sa passion pour les protocoles administratifs, qui avait la tâche ingrate, il y a 20 ans, d’initier les étudiants de première année en architecture à la géographie, chose dont il s’acquitta avec succès puisque je continue à m’émerveiller de ses analyses territoriales bruxelloises. Chloé Deligne, dont les travaux sur l’histoire des usages liés à la Senne avaient chamboulé ma perception des cours d’eau dans les villes alors que je rédigeais mon mémoire en architecture. Merci pour ton accompagnement méthodologique et ta participation généreuse à l’inventaire du fonds Planification Locale de la Région bruxelloise. Bénédicte Grosjean, dont la thèse sur l’urbanisation belge reste l’un des apports les plus fondamentaux de ma formation d’urbaniste. Merci pour toutes tes invitations à travailler ou réfléchir ensemble sur le sujet, et, surtout, la rigueur que tu as systématique apporté au suivi de ma recherche doctorale.

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Enfin, je voudrais remercier les membres extérieurs du jury, Laurent Hodebert et Michiel Dehaene, pour leur enthousiasme à accepter de lire et critiquer ma thèse. Un enthousiasme qui m'honore sincèrement, et que, j’espère, la lecture des très nombreuse pages n’entamera pas trop.

Cette recherche se fonde essentiellement sur un corpus archivistique inédit, qu’il a fallu aller rechercher auprès de nombreux organes administratifs ou archivistiques. Je tiens donc à remercier chaleureusement toutes les personnes qui m’en ont assuré l’accès. Cécilia Paredes, Paula Dumont, Gilbert Germen, Marc Bernard d’Urban. brussels, Télesphore Rugema et Fabien Stiénon de Bruxelles Mobilité, Patrice Demol, de la commune d’Anderlecht, David Huyben, d’Evere, Georges Waeghenaere de Jette, Christophe De Wannemaekers et Jean Coeckelberghs, de Ganshoren, Sarah Duray de la Ville de Bruxelles, Jean-Marie Vanhamme de Woluwe-Saint-Lambert, Stéphanie Deblieck et Manon Kempinaire des Archives d’Architecture Moderne, Isabelle Pauthier et Marion Alecian de l’ARAU, Audrey Comtesse, et, bien entendu, Irène Lund, qui gère les Archives d’architecture de l’ULB.

Je veux aussi remercier très chaleureusement les différents « témoins » de la transformation moderne qui m’ont accordé avec chaleur un peu de leur temps pour revenir sur cette période : Jacques Aron, Herman Baeyens, Ghislain L’Ecluse, Roger De Greef, Charles De Coster, Jef Janssens et son épouse, Fientje Meiboom qui m’a confié les archives personnelles de son mari après son décès.

La thèse fut conduite en co-direction, entre l’ULB et la faculté d’architecture de Venise

(Università IUAV di Venezia), et plus précisément la Scuola dottorale di Urbanistica où j’ai pu rencontrer et débattre avec un groupe de professeurs et de chercheurs extrêmement dynamique. Je voudrais remercier en particulier Chiara Maria Tosi et Stefano Munarin, pour m’avoir en outre accueilli comme conférencier dans leur cours respectif, Lorenzo Fabian pour son intérêt pour Bruxelles, ainsi qu’Armina Pilav pour son extraordinaire hospitalité, Verena Lena pour nos longues discussions et Zhang Qinyi pour son intrigante fascination pour la métropole horizontale.

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et Tom Broes, pour leurs apports importants et leur passion commune pour l’histoire de l’urbanisation. Je me dois encore de remercier les étudiants qui ont accepté de partager mon goût immodéré pour l’enquête archivistique dans le cadre de leur mémoire de fin d’étude : Justine Pierson, Antoine Lannoote, Thomas Vandenweghe et Killian Tostivint.

J’ai la chance également de pratiquer

l’architecture et l’urbanisme avec une équipe qui m’a toujours soutenue et qui donne un grand sens à mon travail de chercheur : Hubert Lionnez et Matthieu Delatte, avec qui je travaille depuis toujours, Bernard Baines, Jean Garcin, Alessandro Pontara et toute l’équipe du bureau Karbon’, ainsi que David Broekaert, l’une des seules personnes qui se serait lancé dans une lecture exhaustive de cette thèse pour son simple plaisir, et qui nous a quitté peu avant sa finalisation. Je lui dédie ce tapuscrit.

Enfin, je voudrais remercier ma famille. Mes beaux-parents pour leur soutien affectueux. Mon père pour sa passion communicative pour Bruxelles, et les années passées à fustiger l’évolution architecturale de sa ville; ma mère, qui n’a jamais renoncé, en vacances, à expliquer à ses trois enfants les caractéristiques de l’architecture gothique ou romane, la structure des bastides, l’organisation des forteresses médiévales et l’ordonnancement des châteaux de la renaissance. Tous deux ont, sans aucun doute, participé à susciter ma vocation d’architecte urbaniste. Merci aussi à mon frère, Benoît, pour ses solutions techniques et à ma sœur, Lore, pour ses relectures.

La finalisation de cette thèse a pu bénéficier du Plan Confinement du Gouvernement belge, afin de jouir, dans la tension de la dernière ligne droite, du soutien permanent, plein et entier de toute la famille à la maison et aider le chercheur à très fréquemment prendre distance avec son travail. Pour leur efficacité à ne pas rendre la thèse trop chronophage dans l’organisation journalière, je voudrais remercier mes trois enfants, Axel et ses frères jumeaux, Cyril et Matthias, nés alors que débutait la recherche doctorale. Enfin, je veux remercier Anne, pour l’équilibre qu’elle a toujours veillé à maintenir, avec talent, humour et inventivité, entre travail et vie de famille, afin que celle-ci puisse être un lieu d’épanouissement pour tous. C’est sans doute la chose la plus fondamentale, et c’est à elle que je le dois.

avoir donné la possibilité, peu après sa création, à un groupe d’enseignants assistants dont je faisais partie, de libérer une portion de leur charge pour la recherche. Je veux souligner ici l’importance qu’a eu l’action spécifique de Jean-Louis Genard et Judith le Maire dans cette politique. Jean-Louis, tes références prolifiques, tes conseils et tes encouragements m’ont énormément servi et poussé à avancer, en particulier durant nos longues pérégrinations sur les routes chahutées du Kongo Central où j’ai le plaisir de coordonner avec toi et Judith le programme de formation doctoral et de soutien à l’enseignement de l’architecture. Judith, ta bienveillance et ton enthousiasme m’ont littéralement porté lorsque, au milieu du chemin, la vie devenait particulièrement compliquée pour moi. Merci pour cela.

A la Faculté d’architecture, j’ai eu la chance de travailler en parallèle avec un groupe de chercheu.r.se.s de grand talent, qui ont pu générer une véritable ambiance de laboratoire au sein de notre centre de recherche LoUIsE. Je pense ici à Claire Pelgrims et Yanick Vanhaelen, avec qui nous formions un groupe de recherche qui a pu avancer avec beaucoup de plaisir sur plusieurs études de cas dans le cadre de cette thèse, ainsi qu’à Giuseppe Macaluso, Pietro Manaresi, Dalia Perziani, Sophie Hubaut, Quentin Nicolaï, Sara Tassi et Pauline Varloteaux, qui a l’élégance de trouver un intérêt constant pour mes recherches. J’ai

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RÉSUMÉ

La thèse s’emploie à retracer le système complexe de cristallisation des idées autour desquelles se sont montées les opérations urbanistiques et architecturales qui transformèrent le paysage Bruxellois dans l’après-guerre, une transformation qui s’est faite en absence de système formel de planification. Cette absence, combinée à la mise en œuvre d’importants travaux d’infrastructures ferroviaire et routière dans un contexte de boom immobilier, a forgé une perception générale de cette période comme erratique, destructrice et prédatrice.

La recherche s’inscrit dans une volonté générale de reconsidération des effets de la transformation Moderne de Bruxelles dans ce qu’ils représentent dans la structure actuelle de l’agglomération (héritage « tangible ») et dans ce qu’ils révèlent des pratiques de conception et de construction de la ville (héritage disciplinaire), se fondant sur un travail de description des formes urbains héritées et de ses conditions d’émergence.

Décrire la transformation nécessite avant tout —c’est la première partie de la thèse— de disséquer —pour s’en écarter— le discours sous-jacent à la l’historiographie bruxelloise, dominée par le concept de « bruxellisation », soit le saccage patrimonial et social d’une ville, dans une collusion entre mondes politique et immobilier, en absence de toute publicité ou concertation. A Bruxelles, le rejet de cette période s’allie à une nostalgie de l’art urbain des tracés, dans un ostracisme caractérisé de l’urbanisme Moderne. Dans ce contexte, la recherche propose d’adopter le regard porté par des chercheurs qui depuis une vingtaine d’année, aborde la forme urbaine non plus via l’histoire de la ville mais celle de l’urbanisation.

L’hypothèse de recherche est que la transformation moderne de Bruxelles s’opère d’une manière opportuniste, certes, mais bien plus stratégique que ce qui a été considéré jusqu’ici, où acteurs du développement urbain et concepteurs se rejoignent sur des problèmes urbains et partagent des idées communes quant au futur de la ville, et construisent des alliances objectives pour réformer progressivement, mais en profondeur et dans son ensemble, le paysage de la capitale. Si la période de transformation moderne est spécifique par l’ampleur de son impact sur la structure urbaine, dans le contexte de modernisation générale du territoire belge, elle illustre par contre une continuité en matière de pratiques d’aménagement, via des instruments de planification éprouvés, bien ancrés dans une culture spécifique belge de fabrication de la ville, qui amène à s’intéresser tout particulièrement au travail des administrateurs territoriaux, et des concepteurs qui les conseillent.

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principales sur le territoire belge et se lance, dès sa création en 1945, dans une tentative de coordonner les mutations de Bruxelles. Cet exercice fait l’objet d’un chapitre particulier, consacré à l’expérience singulière, menée par l’Administration de l’Urbanisme et le bureau d’études du Groupe Alpha, de l’esquisse d’un plan à l’échelle de l’agglomération, resté officieux, mais qui se révèle finalement un miroir fidèle des politiques et opérations en cours.

L’analyse du travail des administrations fait apparaître une forme de scénario zéro pour l’époque, soit un futur vraisemblable et potentiel du territoire bruxellois de l’après-guerre. La description de ce scénario zéro constitue la troisième et dernière partie de la thèse.

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ABSRACT

The thesis attempts to trace the complex system of crystallisation of ideas around which the urban planning and architectural operations transformed the Brussels landscape in the post-war period. The transformation took place in the absence of a formal planning system. This absence, combined with the implementation of major rail and road infrastructure works in the context of a construction boom, did raise a general perception of this period as erratic, destructive and predatory.

The research is part of a general ambition to reconsider the effects of the Modern transformation of Brussels in what they represent in the current structure of the agglomeration (“real” heritage) and in what they reveal of the city’s design and construction practices (disciplinary heritage), based on a work of description of the inherited urban forms and its conditions of emergence.

Describing the transformation requires above all - this is the first part of the thesis - to dissect - in order to depart from it - the discourse underlying Brussels historiography, dominated by the concept of “bruxellisation”, i.e. the damaging of a city’s built and social heritage, in a collusion between the political and real estate worlds, in the absence of any transparency or consultation. In Brussels, the rejection of this period is combined with a nostalgia for the classical urban design, that led to an ostracism of Modern urbanism of land use planning. In this context, the research proposes to adopt the viewpoint of researchers who, for the last twenty years or so, have been approaching urban form no longer via the history of the city but via the history of urbanisation.

The research hypothesis is that the modern transformation of Brussels is being carried out in an opportunistic way, certainly, but much more strategically than has been considered so far, where urban development actors and designers come together around urban questions, share common ideas about the future of the city, and build objective alliances to gradually, but profoundly and as a whole, reform the landscape of the capital. If the period of modern transformation is specific in the extent of its impact on the urban structure, in the context of the general modernization of the Belgian territory, it illustrates on the other hand a continuity in planning practices, with proven planning tools, anchored in a specific Belgian culture of city making, which leads to a special attention to the work of territorial administrators, and the designers who advise them.

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in-depth reflection on the positioning and management of the growth of the main cities on the Belgian territory and launched itself, as soon as it was created in 1945, in an attempt to coordinate the changes in Brussels. This exercise is the subject of a specific chapter, devoted to the singular experience, carried out by the Urban Planning Administration and the Alpha Group’s design office, of the sketch of a plan on the scale of the agglomeration, which has remained unofficial, but which finally proves to be a faithful mirror of the policies and on-going operations.

Analysis of the work of the administrations reveals a kind of scenario zero for this period, i.e. a plausible and potential future for the post-war territory of Brussels. The description of this scenario zero constitutes the third and final part of the thesis.

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La transformation moderne de Bruxelles

— Tome 1 —

JALONS

1949. Les conditions ont changé. ...18

Les politiques sectorielles comme instrument d’aménagement ...20

L’émergence d’une tutelle systématique de l’Etat sur l’aménagement du territoire ...22

Un acteur majeur dans la planification bruxelloise, mais peu connu : le Groupe Alpha. ...24

Repères géographiques ...26

Repères administratifs ...28

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Objet de la thèse ...37

Problématique ...40

L’apport méthodologique du projet d’urbanisme par rapport à la question des sources....43

Trois figures comme fil rouge de la recherche ...45

Plan de la thèse ...47

L’image comme corpus empirique. ...50

PARTIE 1. REGARDS SUR LA TRANSFORMATION MODERNE DE BRUXELLES

1.

La bruxellisation comme problématique.

Ce que la littérature sur Bruxelles a empêché de voir.

Une définition de la bruxellisation ...59

Comment la bruxellisation structure la littérature secondaire sur Bruxelles ...64

Conclusions ...84

2.

Une autre manière de regarder la ville.

Le glissement de l’histoire de la ville vers celle de l’urbanisation

introduction ...89

De la ville à la banlieue radieuse. ...93

De l’histoire de la ville à l’histoire de l’urbanisation ...97

La description de l’urbanisation dispersée pour révéler la portée de la gestion et de la planification de la forme urbaine... 100

Territorialiser l’urbanisation dans le périmètre de l’agglomération capitale ... 119

3.

Une hypothèse : la transformation vue comme une

continuitédans la culture de l’aménagement du territoire

Ne pas contrarier pour mieux coaliser : le laisser-faire comme outil. ... 124

Planification ponctuelle et opportuniste : une parcimonie stratégique de la servitude urbanistique ... 137

Esthétique architecturale et paysage urbain : une architecture urbanistique ... 145

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Table des matières

PARTIE 2. LA TRANSFORMATION MODERNE DE BRUXELLES :

UN PROJET DANS UNE TRADITION DE PRATIQUES.

Introduction ... 163

4.

Une culture commune.

Les communes comme acteurs d’une vision singulière

et concertée pour l’agglomération bruxelloise

Introduction ... 169

La coordination tutélaire du développement de l’agglomération ... 171

Une action sans tutelle, mais commune ... 173

La métropole intercommunale ... 177

Formulation et circulation d’un savoir commun : la toile municipale ... 181

La place communale ... 187

Une architecture commune ... 195

La nation communale ... 197

La condition municipale ... 209

Conclusion ... 219

5.

L’armature urbaine nationale. L’Etat comme acteur

du positionnement de Bruxelles sur le territoire belge

Introduction ... 223

L’aménagement régional de Liège et Bruxelles : deux plans miroirs ancrés dans une réalité territoriale ... 225

La formalisation d’une grande agglomération belge : centrés satellites et ceinture verte .. 233

L’alliance objective entre planification et operateurs publics du logement ... 237

Le consensus sur l’aménagement des régions métropolitaines via les ceintures vertes dans l’action de la SNT ... 243

Les ceintures terriennes ... 247

La ceinture verte et les Noyaux d’habitat : contenir l’acculturation et integrer l’urbanisation ... 253

L’armature urbaine nationale ... 254

Equilibrer l’armature urbaine nationale : vers une ville nouvelle en Famenne ... 257

Des polarités aux axes de développement : la confrontation à la réalité avec l’élaboration des plans de secteur ... 263

La consolidation d’une vision partagée pour une zone métropolitaine bruxelloise... 267

Conclusion ... 273

6.

Bruxelles périmètre spécifique de projet.

Le plan régional comme reflet et synthèse des questions urbaines de l’après-guerre. ...277

Introduction ... 277

Le projet comme vision : le plan Alpha ou le territoire bruxellois comme unité plastique ... 279

Le projet comme processus : le plan en tant que scénario tendanciel ... 296

Le projet comme héritage : le plan alpha comme cadre interprétatif. ... 327

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La transformation moderne de Bruxelles

— Tome 2 —

PARTIE 3. UNE LECTURE DE LA TRANSFORMATION MODERNE DE BRUXELLES

Introduction ... 353

7.

Un scénario zéro. Une méthode pour reconstruire

le projet de transformation moderne de Bruxelles

Introduction ... 357

Le projet comme vision : le plan Alpha ou le territoire bruxellois comme unité plastique ... 358

Le projet comme processus : le plan en tant que scénario tendanciel ... 362

Le projet comme héritage : le plan alpha comme cadre interprétatif. ... 366

Conclusion ... 379

8.

Le Roadscape: un paysage architectonique

pour les boulevards aménagés en autoroutes urbaines

Introduction ... 383

Projet routier et desserrement urbain ... 387

Le « Plan Vert » : le réseau routier comme une œuvre paysagère ... 393

Le paysage urbain de la route ... 399

Les communes, les subsides nationaux et les investisseurs privés: la construction collective et consciente du roadscape ... 409

Assemblage des actions publiques et privées pour la réalisation de l’infrastructure de mobilité métropolitaine ... 417

Clauses d’une mise en œuvre collective du desserrement avec le privé ... 427

La question de la visibilité et du panorama comme argument de négociation ... 435

Une nouvelle monumentalité tangente et cinétique ... 441

Façonner le paysage urbain de la route ... 447

L’espace calculé ... 455

Circulation et prospérité ... 459

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Table des matières

9.

La Couronne verte: l’édification d’une bordure

dense et aérée pour l’agglomération bruxelloise

Introduction ... 475

L’urbanisme périphérique... 475

Une nouvelle réglementation pour la couronne d’extension urbaine ... 481

Cristallisation de la ville verte comme modèle urbanistique pour l’AUAT. ... 489

Émergence d’une nouvelle génération de techniciens acquis à la ville verte ... 499

Faire ville en « type ouvert » autour du jardin de quartier ... 507

Le logement social comme fer de lance de la ville verte ... 515

Coopérer à la construction du logement librement implanté dans un espace vert .... 519

Collectiviser l’initiative privée ... 527

Un appartement dans un parc ... 535

Alliances radieuses pour la ville verte ... 541

La ville verte opportune ... 551

L’espace civique des sous-capitales périphériques ... 557

Offrir un « bois de la cambre » populaire et fonctionnel : la bordure de l’agglomération comme programme métropolitain ... 567

La « ville verte » comme dimension normative d’aménagement urbain ... 575

Conclusion ... 582

CONCLUSIONS GÉNÉRALES

Un regard sur la pratique et ses effets ... 587

Planification : un pragmatisme opérationnel ... 590

Les terrains d’entente des visions communes ... 596

Les prises de l’urbanisme ... 600

BIBLIOGRAPHIE

Sources primaires ... 607

Sources secondaires ... 619

Liste des publications produites dans le cadre de la recherche ... 633

ANNEXES

Organigrame et cadre législatif de l’AUAT ... 637

Note historique sur l’AUAT ... 641

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(17)

Jalons de la

transformation

moderne de

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18

réseau d’autoroutes irradiant depuis Bruxelles, et plus précisément d’une route de rocade —le ring—, lui-même placé au cœur d’un réseau international européen, confirmé par la déclaration de Genève en 1950. Les autoroutes convergeant vers la capitale complètent le nœud ferroviaire que forme la jonction Nord-Midi, inaugurée en 1952, plus de 60 ans après le lancement du projet et la démolition d’une partie significative des quartiers entre les parties haute et basse du centre-ville. Route et rails confirment Bruxelles comme pôle économique principal d’un pays dont la relance économique est supportée par les lois de 1955 et de 1974 de développement régional de l’industrie. Bruxelles, en tant que capitale, se reconvertit en centre tertiaire et diplomatique international, reconversion dont l’organisation de l’exposition universelle de 1958 au Heysel est à la fois la vitrine et le catalyseur. Cette reconversion voit la création d’un marché de bureaux jusque-là inexistant, qui va, en moins de 10 ans, prendre le pas sur la construction résidentielle. Cette évolution marque un changement fondamental dans le processus de fabrication de la ville, jusque-là essentiellement résultant de la production de foncier, par la vente de terrains à bâtir via les plans d’alignement. A partir de l’après-guerre, et grâce à l’adoption préalable de la loi sur la co-propriété en 1924, l’impact de la promotion immobilière, soit la mise sur le marché d’immeubles, devient

1949. Les conditions ont changé.

La période d’après-guerre s’ouvre sur une modification fondamentale du régime légal, financier et social inhérent à l’urbanisation et à la production de la ville, qui confère à l’Etat belge une capacité d’intervention inédite sur le territoire et, à fortiori, sur sa capitale. Ce changement est lié à une autonomisation du financement des politiques sectorielles liées à la mobilité, au logement et au développement économique.

En 1949, l’adoption de la loi Brunfaut pérennise le financement de la Société Nationale des

Habitations à Bon Marché (SNHBM). Elle permet par ailleurs aux sociétés et autorités locales en prise avec la construction de logements sociaux d’obtenir des subsides pour l’aménagement des abords et des voiries de nouveaux ensembles. Le texte est voté en contrepartie de la loi portée par le ministre social-chrétien De Taye en 1948, qui favorise pour la petite classe moyenne l’accès à la propriété individuelle via un système de prime à l’acquisition. Ces deux lois forment le volet de production d’habitations neuves dans une politique du logement complétée par la lutte contre les taudis, stimulée par la loi de 1953, également promue par De Taye.

1949 est également l’année de la publication de la «Déclaration sur la modernisation du réseau routier» rédigée par Henri Hondermarcq, directeur général des Ponts et Chaussées, qui prévoit un

Première version du projet de réseau autoroutier pour Bruxelles, élaboré par l'Administration des Routes, 1951.

(19)

19 Jalons

Charlemagne (1967), mais ensuite pour les autres institutions comme le parlement. La transformation progressive et sans plan d’ensemble du Quartier Léopold en centre tertiaire par le secteur privé permet à l’Etat de conforter Bruxelles comme capitale européenne de fait sans jamais devoir le revendiquer officiellement. Par contre, cette transformation détruit la majeure partie d’un

patrimoine architectural néo-classique d’une richesse exceptionnelle.

L’expo 58 sert également de moteur pour le lancement de la construction du réseau d’autoroutes urbaines à l’intérieur de l’agglomération bruxelloise, afin d’en faire, littéralement, le carrefour de

l’Occident. Cette construction gagnera, à l’instar du logement social, en autonomie avec la création concomitante du Service du Trafic routier et le Fonds autonomes des Routes en 1955, placé sous l’autorité du Ministère des Travaux Publics. Le premier objective les besoins et le second assure le financement des réalisations. Ce double dispositif donne un poids considérable au Ministère des Travaux Publics, et à l’intérieur de celui-ci, à l’Administration des routes, à la fois en termes de capacité d’action et de légitimation de celle-ci, face aux autres administrations, et singulièrement les autorités communales.

déterminant. Dans le secteur du logement, les décennies 1960 et 1970 sont les années de gloire d’opérateurs comme Etrimo et Amelinkx qui vont jouer un rôle majeur dans la construction de la couronne résidentielle verte bruxelloise. L’action des promoteurs immobiliers, qu’elle porte sur le résidentiel ou sur le tertiaire, est largement facilitée par la loi organique sur l’urbanisme de 1962, dont l’article 25 permet au secteur privé de se substituer aux pouvoirs publics pour exproprier un bien, pour autant que l’opérateur possède au moins la moitié du périmètre foncier nécessaire à la réalisation de son projet, dans le cadre d’un Plan Particulier d’Aménagement. Ce mécanisme va conférer aux société immobilières une capacité d’action inédite sur la ville et les propriétaires, et encourager une pratique spéculative débridée, liée à l’achat de biens et leur abandon délibéré suivant un stratégie de dévalorisation générale de l’ensemble bâti visé par un projet de transformation urbaine, ce qui entraînera la multiplication de chancres, en particulier dans le centre-ville et le long des grands axes de circulation. Le Quartier Léopold est à ce titre un cas d’école. Les autorités belges vont s’appuyer sur le secteur immobilier privé pour y développer progressivement une infrastructure tertiaire à la mesure des besoins de l’Union Européenne, d’abord pour la Commission, avec les immeubles Berlaymont (1963-1969) et

La figure de Jean-Florian Colin, emblématique patron d'Etrimo, 1969.

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20

A la suite du vote de la loi de 1953 qui subsidie, sur proposition des communes, la démolition d’immeubles jugés insalubres par le Ministère de la Santé Publique, la Ville de Bruxelles met par exemple sur pied un Service d’Action pour la Lutte contre les Taudis. Plus largement, afin de coordonner transversalement l’ensemble de ses actions, la Ville mandate en 1960, de sa propre initiative, le Groupe d’urbanistes Tekhnê afin d’élaborer un plan directeur pour la rénovation de la partie centrale de son territoire, appelé le Pentagone, en allusion au tracé de la seconde enceinte qui ceinturait la ville depuis le XIVe siècle. Ce schéma, finalisé en 1962, devait orienter le travail d’un Bureau d’Action et de Coordination, une émanation du Collège échevinal rassemblant le Bourgmestre, le Secrétaire de la ville (indispensable pour la libération des crédits) et les Échevins dont les compétences sont nécessaires à l’exécution des plans, et agissant sous les conseils des urbanistes de Tekhnê. Le projet cherchait à enrayer la baisse constante de population d’un centre-ville que les autorités voient s’affirmer de plus en plus comme un lieu d’affaires, de commerce

Les politiques sectorielles comme

instrument d’aménagement

Dans la structure de l’Etat belge, l’essentiel des compétences de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme a été historiquement confié aux communes, à l’exception des grandes voiries, par la loi communale du 30 mars 1836. Cette même loi consacre la parfaite égalité des droits entre toutes les communes du royaume. Le phénomène urbain bruxellois se matérialise sur un terrain politiquement et administrativement loin d’être homogène, qui, dans l’après-guerre, forme une agglomération de 19 communes. Celles-ci disposent d’une longue tradition de développement de leur territoire, soit par elles-mêmes, soit via les cercles réflexifs liés à l’Union des Villes et Communes Belges, une association très active dans la réflexion sur l’urbanisme, en particulier durant la première

moitié du XXe siècle. Dans ce cadre, bien que les

politiques sectorielles émanent de l’Etat central, elles vont être utilisée par les communes comme un levier de financement de leurs propres volontés de rénovation ou d’extension urbaine.

Opération de lutte contre les taudis, rue des Potiers, Ville de Bruxelles.Groupe Structure, 1960

Plan Tekhnê

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21 Jalons

investissements liés à l’aménagement de ses abords via le Fonds des routes. Ce parc sportif participe à la construction d’un vaste park system formant l’espace public des nouveaux quartiers résidentiels de la commune.

Un autre projet s’appuie explicitement sur les fonds destinés aux autoroutes urbaines, mais porté cette-fois-ci par trois communes : Bruxelles, Schaerbeek et Saint-Josse. Elles rejoignent leurs ambitions respectives de rénovation urbaine sur un périmètre administrativement à cheval sur leur territoire respectif mais morphologiquement cohérent, soit le Quartier Nord, entre le canal, le viaduc de la jonction Nord-Midi et le boulevard de la Petite Ceinture, à travers un projet de centre administratif international dessiné par le Groupe Structure (les plans sont officiellement approuvés en 1967). Ce projet, resté célèbre comme l’un des plus gros échecs urbanistiques de l’histoire bruxelloise, illustre néanmoins la capacité des communes de s’organiser entre-elles pour affronter des enjeux qui concerne l’ensemble de l’agglomération.

et de culture, en reconfigurant fondamentalement la morphologie urbaine, par une densification en hauteur combinée à la création d’espaces ouverts et une réorganisation de la mobilité automobile liée à des parkings publics. Plusieurs opérations sont menées dans ce cadre comme le nœud routier de la place de Brouckère formé par le centre Monnaie et l’immeuble Phillips (construits concomitamment en 1969), le quartier de la Vieille Halle au Blé et de la place Saint-Jean entre le Palais provincial et le viaduc de la jonction Nord-Midi, ou la rénovation du quartier des Radis, entre la place du Jeu de Balle et la Gare du midi (résultat d’un concours organisé par Tekhnê en 1961)

La commune d’Anderlecht mène de son côté une politique d’urbanisation de la partie occidentale de son territoire via une régie foncière autonome crée en 1936. Elle fonde son projet sur la préservation d’un vaste espace ouvert en bordure de la commune, maintenue rurale pour une partie, et transformée en un grand parc sportif pour l’autre, en profitant de la construction du Ring et des

Centre Monnaie (1971) et tour Phillips (1967-69) couplés à la construction du métro

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22

L’émergence d’une tutelle systématique de

l’Etat sur l’aménagement du territoire

La période de l’après-guerre s’ouvre avec la mise sur pied d’une Administration de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire (l’AUAT) en 1945, logée au sein du Ministère des travaux Publics. Elle est construite sur les cendres du Commissariat Général à la Reconstruction du Pays qui avait mis en œuvre, durant les années d’occupation, les principes déjà édictés en 1915 par un premier projet de loi sur l’urbanisme, bloqué par le Parlement après l’armistice. L’ensemble des dispositions prises par le Commissariat furent annulées dès la libération, mais reprises dans un arrêté-loi le 2 décembre 1946, à titre temporaire, jusqu’à l’adoption d’une loi organique sur l’urbanisme et l’aménagement du territoire, laquelle fut finalement votée le 29 mars 1962.

L’arrêté-loi de 1946 que l’AUAT est chargée de mettre en pratique est basée sur deux piliers. Le premier porte sur une planification générale du territoire par le plan d’affectation du sol et des infrastructures de transport. L’AUAT coordonne les niveaux nationaux et régionaux, tandis que les collectivités locales sont invitées à dresser des plans d’aménagement — généraux, à l’échelle de la commune (PGA) et particuliers, à l’échelle du quartier ou de l’îlot (PPA). Le second pilier repose sur l’établissement d’une tutelle de l’État

sur les communes pour le contrôle d’une part de l’élaboration de ces plans, et d’autre part, de la qualité esthétique et sanitaire des demandes de permis de bâtir, lorsque ces demandes concernent des biens situés à l’extérieur de périmètres de plans particuliers d’aménagement. Ce contrôle passe par l’apposition, à côté de la signature du Collège communal, de celle du Gouvernement, via le Fonctionnaire Délégué.

L’AUAT est organisée à partir d’une Direction générale nationale, qui chapeaute le travail des Directions provinciales, lesquelles assurent la relation avec les communes et donc, la supervision de première ligne de l’élaboration des plans d’aménagement. La direction brabançonne est dirigée par Guillaume Vanderveken (1940), alors jeune diplômé de l’Institut d’urbanisme de l’ULB (1940), de 1945 à 1947, puis par l’ingénieur Jacques Würth.

Dans les faits, seuls deux PGA sont officiellement approuvés dans l’agglomération Bruxelloise (Jette en 1954 et Ganshoren en 1958). Par contre, ce sont près de 250 PPA qui sont mis à l’étude entre 1945 et 1979. Au niveau supérieur, l’AUAT confie en 1948 aux architectes et urbanistes du Groupe Alpha une étude sur le développement régional de la capitale, dans un périmètre couvrant 320 km2, soit le double de la superficie de l’agglomération bruxelloise. La

PGA de la Commune de Ganshoren, version de 1958

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23 Jalons

la bataille des Marolles, une contestation populaire contre un projet d’extension du Palais de justice de Bruxelles menée par Jacques Van der Biest, le très charismatique prêtre de la paroisse de ce quartier et soutenue par un groupe d’intellectuels regroupés dans l’Atelier de Recherche et d’Action Urbaine (ARAU). Cette contestation profite de la médiatisation croissante de la résistance des habitants du Quartier Nord face aux expropriations visant la réalisation du nouveau centre d’affaires.

En réaction au climat de contestation, le Ministère des Travaux Publics élabore en 1973 une loi encourageant la rénovation urbaine et lance un projet pilote de reconstruction de logements dans les Marolles dans le respect de la morphologie existante. Dans le cadre du processus de fédéralisation de l’Etat belge, l’agglomération bruxelloise est reconnue comme entité politique en 1971, tandis qu’au sein du gouvernement national est créé un Ministère pour la Région bruxelloise, auquel est transféré la confection du plan de secteur. Ce sera le lieu de discussion, jusque 1976, d’une nouvelle version du plan, orientée vers la défense du bâti existant, la rénovation urbaine et la mise en place d’une procédure de concertation ouverte aux citoyen liée aux décisions en termes de permis de bâtir et de planification. Le plan est définitivement adopté en 1979.

. partie analytique est exposée au Palais des

Beaux-Arts en 1954, tandis qu’à l’Expo 58 sont présentées les options d’aménagement. Elles prévoient la limitation de l’extension urbaine au territoire des 19 communes et la gestion de la croissance successive via 12 centres satellites.

L’adoption en 1962 de la loi organique sur l’Urbanisme et l’aménagement du Territoire instaure le niveau de planification du secteur. L’étude de l’avant-projet pour celui de Bruxelles, dont le périmètre correspond aux 19 communes de l’agglomération, est confiée au Groupe Alpha. Supervisé par l’Administration de l’urbanisme du Brabant et son directeur Jacques Würth, l’avant-projet est élaboré jusqu’en 1967 puis adapté et traduit dans le cadre légal jusqu’en 1970, mais le plan n’est pas contresigné par le Ministre des Travaux Publics. Celui-ci hésite, réagissant à une conscientisation croissante de la population face aux transformations de la ville liées à l’aménagement des autoroutes urbaines et la croissance concomitante des immeubles de bureau dans le Quartier Léopold et sur les avenues majestueuses héritées du XIXe siècle. Les comités citoyens fleurissent. Le premier apparaît en 1964 dans les allées huppées au bord de la Forêt de Soignes à Boitsfort, pour s’opposer à la densification tertiaire de la chaussée de la Hulpe via notamment le PPA n°6. En 1969, se joue

Tract de contestation contre le PPA 6, chaussée de la Hulpe à Watermael-Boitsfort, 1965

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24

Alberto Vandenauwera (1918-1998, diplômé en 1941) et Theo Deans (1904- ?). Son activité débute à la fin de la seconde guerre mondiale. Il se fait connaître essentiellement par son étude régionale pour Bruxelles, dont le concept de gestion de la croissance via la construction de cités satellites est largement exposé dans le pavillon de l’Urbanisme de la section belge de l’Expo ’58. Pour ce travail, le groupe s’adjoint les conseils de spécialistes comme la jeune sociologue Simone Bellière ou René Pechère, paysagiste jouissant déjà d’une renommée nationale importante, et conseiller pour l’aménagement des abords des routes auprès du Ministère des Travaux Publics. L’étude régionale Alpha, finalisée en 1957, ne sera jamais complètement publiée, au contraire des études régionales ultérieures commanditées par l’AUAT.

En 1962, l’adoption de la loi organique sur l’aménagement du territoire et l’urbanisme institue les plans de secteurs, qui, au contraire des plans régionaux, mais sur des périmètres plus restreints, définissent de manière contraignante l’organisation et l’affectation du sol. Afin de gagner du temps et de profiter de l’expérience acquise jusque-là, l’AUAT décide de reprendre les équipes qui s’étaient penchées sur les études régionales des territoires concernés, ce qui maintient le Groupe Alpha à la barre pour le secteur de Bruxelles, limité aux 19 communes de l’agglomération. Depuis le lancement

Un acteur majeur dans la planification

bruxelloise, mais peu connu : le Groupe

Alpha.

Dès sa création en 1945, l’Administration de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme cherche à se donner un cadre pour sa mission de contrôle de l’élaboration par les communes de leurs plans d’aménagement général ou particuliers, via des études régionales prospectives. Ces études, pourtant sans force légale contraignante, revêtent aux yeux du Directeur général de l’AUAT, Victor Bure, une très grande importance et feront l’objet d’un grand soin dans leur préparation ainsi que dans leur communication.

Les deux premières sont lancées à titre expérimental en 1948, pour les territoires de l’hinterland liégeois et bruxellois. Elles sont confiées aux deux bureaux d’études considérés à l’époque comme les seules structures en Belgique aptes à assumer ce genre de recherche multidisciplinaire : le Groupe L’Equerre et le Groupe Alpha. L’Equerre dispose alors déjà d’une grande expérience

technique et théorique. Acteur engagé et prolifique de l’avant-garde moderniste belge de l’entre-deux-guerres, l’un de ses membres, Émile Parent (1910-1985), est également proche de Victor Bure (1904-1981), tous deux liégeois et de la même génération.

Le Groupe Alpha est plus jeune. Il est fondé à la fin de la guerre par Jean Gilson (1912-2000, diplômé en 1937), René Piron (1918-2000),

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25 Jalons

aussi été conseiller du Ministre des Travaux Public social-chrétien Oscar Bohogne jusqu’au moment où ce ministère lance les enquêtes régionales. Par ailleurs le caractère très hétéroclite des équipes de projet explique en partie de peu de relief des réalisations architecturales officielles de l’époque. Cet aspect terne imprègne néanmoins également les réalisations propres au Groupe Alpha, signant une architecture très retenue, voire banale, laissant une grande place à l’aménagement des abords, comme pour les différentes cités-jardin qu’il signe à Bruxelles —Val Marie (1954-1959), Tornooiveld (1956), Constellations (1952-1956) ou Pléiades (1956-1961). Cette impression est renforcée par le sentiment que dégage l’austère tour du Sablon (1965-1966) dessinée par Alberto Vandenauwera pour le compte des entreprises Blaton à la place de la Maison du Peuple (1895-1899) de Victor Horta. Les œuvres les plus marquantes à rattacher à l’équipe sont les églises signées par Jean Gilson, dont l’église Saint-Nicolas à Oostduinkerke (1950-1956) et, à Bruxelles, la très colorée église Saint-Martin à Ganshoren (1965-1971)

Urbaniste du groupe, René Piron dirigera les différentes études pour Bruxelles, marquées par une foi infaillible en la capacité de l’architecture moderne à refaçonner le paysage urbain, et à la fois par une attention toute particulière à préserver certaines ambiances urbaines liées à la morphologie de la ville ancienne comme les rues commerciales.

des premières études régionales, et le constat du manque criant d’organismes pour les produire, s’est constitué en Flandre un groupe de recherche lié à la mouvance syndicale chrétienne, dénommé « Mens en Ruimte ». Dans le contexte de fixation de la frontière linguistique et de fédéralisation de l’État belge, « Mens en Ruimte » sera chargé de l’étude du plan des secteurs périphériques à Bruxelles de langue Néerlandaise.

Malgré un nombre important de réalisations et d’études (plus de 400 entre 1949 et 1988), le Groupe Alpha n’atteindra jamais la notoriété du Groupe L’Equerre. Il reste un groupement un peu gris, attaché à l’urbanisme et l’architecture institutionnels. Outre les études régionales pour Bruxelles et plusieurs territoires au Sud du pays, il participe à la conception et à la construction de la Cité Administrative de l’État (1955-1980). A titre individuel, Jean Gilson, intègre également l’équipe des architectes désignés pour le centre administratif Monnaie rassemblant les services de la Ville de Bruxelles et le siège du Ministère des Communications (1967-1971), ainsi que le Berlaymont (1963-1969), siège de la Commission européenne. A l’époque, les architectes sélectionnés pour ce genre d’opération publique l’étaient en fonction de la composition politique du pouvoir commanditaire. Le fait que le frère de Jean, André Gilson était un important ministre social-chrétien n’est à ce titre pas un détail, ni que Jean Gilson ait

Maquette du Berlaymont, 1963

Maquette de la Cité

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(27)

27 Jalons Création de l'A U AT Ar

rêté-Loi sur l'Urbanisme

Plan des r outes pour Brux elles 1. Inauguration de la J onction 2. Pr emier quar tier Etrimo à W oluw e-St-Pier re 4. Expo 58

Loi organique de l'Urbanisme

7. Berla ymont 10. PP A Quar tier Nor d Plan de secteur Faillite d'Etrimo

Construction d'ensembles de logements dans des parcs privés, en complémentarité avec la structure des parcs

5. T our Rogier 6. Cité

Adminsitra- tive de l'Etat

11. T our du Bastion 12. T our ITT 1971 15. T our IBM 1978 14. T our Astr o 1972 13. Centr e Monnaie 1971

Les autoroutes urbaines aménagées entre 1954 et 1973 placent Bruxelles au centre du redéveloppement économique de la Belgique

9. T our Madou 1965 3. T our P.S. 8. T our de T rieste Création de l’AUAT

Planification sur 19 communes 1 Bruxelles

1a Pentagone 1b Laeken

1c Neder-Over-Heembeek 1d Haeren

1e Quartier Léopold (UE) 1f Avenue Louise 2 Saint-Josse-ten-Noode 3 Schaerbeek 4 Evere 5 Etterbeek 6 Woluwe-Saint-Lambert 7 Woluwe-Saint-Pierre 8 Ixelles 9 Auderghem 10 Watermael-Boitsfort 11 Saint-Gilles 12 Uccle 13 Forest 14 Anderlecht 15 Molenbeek 16 Koekelberg 17 Berchem-Sainte-Agathe 18 Jette 19 Ganshoren

Loi organique de l'Urbanisme

Bruxelles devient un secteur de planification

Secteurs subdivisant le territoire belge, 1962 (Source: IGEAT, ULB, tâche urbanisation 2005

soustraite de la tâche de 1935)

Noir: extension de l'urbanisation durant la seconde moitié du XXe siècle

Pentagone

(ancienne enceinte de Bruxelles)

Ring

(28)

28 1944 1945 1946 1948 1958 1962 1979 1969 1967 1970 1954 1940 1915

Administration de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire (AUAT) Victor BURE, directeur général

AUAT - Division provinciale - Province de Brabant Jacques Würth, Ingénieur-Directeur

Permis de bâtir hors d’un périmètre de PPA Plans Particuliers d’Aménagement (PPA)

Plan de Secteur (Groupe Alpha)

Com. Nat. d’Amén. du Terr. (CNAT)

Plans Généraux d’Aménagement (PGA) via

avis

élaboration

Communes

Plan régional de Bruxelles (Groupe Alpha)

Permis de bâtir

dans périmètre PPA

Permis de bâtir hors d’un périmètre de PPA élaboration contrôle et délivrance directs double contrôle et délivrance contrôle double contrôle et délivrance PGA PPA

Com. Consultative pour l’Aménagement de l’Agglomération Bruxelloise

avis élaboration

250 dossiers de PPA en 30 ans

411 000 maisons subsidiées par la loi De Taye

1956 1953 1952 1951 1963 1924 1922 1918 1949 1966 1933 Régime urbanistique du Commissariat Général à la Reconstruction

Création de la SNPPT

Loi sur l'inter

comm unalité Création de la SNHBM Pr emièr e tentativ e de loi sur l'Urbanisme

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29 Jalons 1944 1945 1946 1948 1958 1962 1979 1969 1967 1970 1954 1940 1915

Administration de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire (AUAT) Victor BURE, directeur général

AUAT - Division provinciale - Province de Brabant Jacques Würth, Ingénieur-Directeur

Permis de bâtir hors d’un périmètre de PPA Plans Particuliers d’Aménagement (PPA)

Plan de Secteur (Groupe Alpha)

Com. Nat. d’Amén. du Terr. (CNAT)

Plans Généraux d’Aménagement (PGA) via

avis

élaboration

Communes

Plan régional de Bruxelles (Groupe Alpha)

Permis de bâtir

dans périmètre PPA

Permis de bâtir hors d’un périmètre de PPA élaboration contrôle et délivrance directs double contrôle et délivrance contrôle double contrôle et délivrance PGA PPA

Com. Consultative pour l’Aménagement de l’Agglomération Bruxelloise

avis élaboration

250 dossiers de PPA en 30 ans

411 000 maisons subsidiées par la loi De Taye

1956 1953 1952 1951 1963 1924 1922 1918 1949 1966

1933 Loi Brunfaut (Logement social)

Loi De Ta ye de prime à l'acquisition Création de l'INL Création de l'A U AT Ar

rêté-Loi sur l'Urbanisme

Plan des r outes pour Brux elles Inauguration de la J onction Loi De Ta ye Lutte contr e les taudis Pr emier quar tier Etrimo à W oluw e-St-Pier re PGA J ette Expo du sur ve y régional du Gr oupe Alpha Expo 58

Loi d'expansion régionale

Loi organique de l'Urbanisme

Berla ymont PP A Quar tier Nor d

Bataille des Mar

olles

Création du Conseil de l'Agglomération brux

elloise

Plan de secteur

Faillite d'Etrimo

Image du Plan Régional pour Bruxelles 1958

Avant-projet de plan Groupe Alpha, 1967

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