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Quelles politiques économiques dans le cadre européen? Une proposition d une séance d activités

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Academic year: 2022

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Quelles politiques économiques dans le cadre européen ? Une proposition d’une séance d’activités

Les effets de la politique monétaire et de la politique budgétaire sur la conjoncture

 DUREE INDICATIVE 2 heures environ

 OBJECTIFS

A la fin de cette séance, je dois-être capable de :

définir les acquis de première suivants : politique monétaire, banque centrale, politique budgétaire, demande globale, solde public.

 définir et maîtriser le sens des termes conjoncture économique et contracyclique.

 distinguer une politique conjoncturelle d’une politique structurelle.

distinguer une politique conjoncturelle de rigueur d’une politique conjoncturelle de relance.

 expliquer les mécanismes sous-tendant la politique monétaire de la Banque centrale (moyens conventionnels et non conventionnels).

 expliquer le mécanisme des stabilisateurs automatiques.

distinguer le mécanisme des stabilisateurs automatiques de la conduite d’une politique budgétaire discrétionnaire.

 expliquer l’effet d’éviction en tant que limite de la politique budgétaire discrétionnaire.

Remarque à l’intention de l’enseignant

 L’OA n°3 « Comprendre comment la politique monétaire et la politique budgétaire agissent sur la conjoncture. » est traité dans le cadre d’une séance d’activités de 2h, indépendantes du cours. Celle-ci sera réalisée en amont du chapitre.

 En effet, celui-ci appelle une mobilisation d’un nombre important de prérequis du programme de première et se prête ainsi, particulièrement à un travail en autonomie des élèves.

 D’autre part, l’OA n°3 a trait à la présentation de mécanismes économiques généraux qui ne s’inscrivent pas nécessairement dans la problématique de l’Union européenne. L’intégrer au chapitre implique un « détour de production » qui peut nuire à la logique d’ensemble du questionnement.

 Enfin, en année impaire, lorsque l’item sur la lutte contre le chômage fait partie des chapitres évaluables, cet OA peut paraître redondant. L’organisation d’un séance d’activités détachée du chapitre permet ainsi de la souplesse en offrant la possibilité d’aborder ces éléments un peu plus tôt dans l’année.

Apport du professeur - Introduction de la séance – A noter

La situation économique d’un pays n’est pas stable. Les activités de production, de consommation, la création d’emplois connaissent des phases d’accélération (on parle d’expansion économique), de décélération (récession économique) voire de chute (dépression économique). Ces variations à la hausse ou à la baisse de l’activité économique sont appelées des fluctuations économiques. L’action des pouvoirs publics visant à modifier la situation économique à court terme du pays – c’est-à-dire la conjoncture économique – se nomme politique conjoncturelle.

Il existe, au côté de la politique conjoncturelle, un autre type de politique économique dont l’horizon temporel est souvent plus long car elle vise à modifier les caractéristiques fondamentales de l’économie. Il s’agit des politiques structurelles parmi lesquelles on retrouve notamment les politiques de recherche et développement, les politiques éducatives et de formation, les politiques de la concurrence, les politiques de l’emploi et les politiques sociales.

Notre séance s’intéresse uniquement aux politiques conjoncturelles, c’est-à-dire celles visant à agir sur la conjoncture et stabiliser les fluctuations économiques (on parle d’ailleurs également de politiques de stabilisation).

Ces politiques conjoncturelles se décomposent en deux sous-ensembles déjà étudiés en première : la politique monétaire et la politique budgétaire.

 Marche à suivre : La séance de deux heures sera décomposée en deux parties suivant l’ordre de progression du programme de première. La première consistera en un rappel des mécanismes et des effets de la politique monétaire et la seconde portera sur les mécanismes de la politique budgétaire.

Tout au long de la séance, les élèves travailleront en autonomie. Ils seront regroupés en binôme afin que l’échange au sein du groupe les amène à expliciter les arguments et les connaissances qui fondent leurs réponses et à les confronter. Chaque heure donne lieu à un temps de correction collective.

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2/9 Académie d’Aix-Marseille Samir SLIMANI

1. COMMENT LA POLITIQUE MONETAIRE AGIT-ELLE SUR LA CONJONCTURE ECONOMIQUE ?

 EXERCICE N°❶ – Les modalités de la politique monétaire

La politique monétaire est un des principaux instruments de la politique économique. Elle est placée sous la responsabilité des banques centrales (comme la Banque centrale européenne).

Définition et objectifs de la politique monétaire

Le rôle de la politique monétaire est de veiller à la stabilité monétaire et financière. Ce qui consiste à fournir les liquidités nécessaires à la croissance de l’économie tout en garantissant la stabilité de la monnaie. L’augmentation de la quantité de monnaie disponible dans l’économie ne doit être ni trop faible (le risque est de limiter l’activité économique, si les moyens de paiement en circulation sont insuffisants), ni trop rapide par rapport à la croissance de la production (le risque est de provoquer une hausse des prix, inflation, si le pouvoir d’achat à la disposition des agents est supérieur à l’offre de biens et services disponibles). Au sein de la zone euro, l’objectif principal assigné à la politique monétaire est la stabilité des prix qui correspond à une cible d’inflation à moyen terme de 2%.

L’Eurosystème, qui est constitué de la Banque centrale européenne (BCE) et des banques centrales des 19 pays membres de la zone euro (dont la France) est chargé de piloter la politique monétaire de la zone euro.

Principaux instruments de la politique monétaire

Afin de maintenir l’inflation à un niveau bas et stable de façon durable, les banques centrales disposent de plusieurs instruments. Le principal instrument de la politique monétaire est le pilotage des taux d’intérêt directeurs et des taux d’intérêt du marché monétaire (marché interbancaire). Rappelons que le taux d’intérêt représente le "loyer"

(le prix) de [la monnaie] prêté[e]. Il est payé par l’emprunteur.

- Les taux directeurs correspondent aux taux d’intérêt que la banque centrale applique aux banques commerciales auxquelles elle accorde des prêts (cette opération correspond au refinancement des banques par la banque centrale). La banque centrale a ainsi la possibilité de faire varier le coût de la monnaie en fonction de la conjoncture économique. Les taux directeurs déterminent le niveau des autres taux bancaires, notamment ceux auxquels les banques commerciales accordent des crédits aux agents économiques (ménages, entreprises, etc.). On parle de

"taux directeurs" car ils influent indirectement sur tous les autres taux d’intérêt. La demande de crédit va ainsi augmenter ou ralentir en fonction des taux directeurs. La banque centrale peut déterminer grâce à cet instrument le niveau de la création monétaire, c’est-à-dire la monnaie en circulation dans l’économie, créée via les crédits accordés par les banques commerciales.

- Le marché interbancaire permet aux banques de se prêter chaque jour des liquidités à court terme. Sur ce marché, le niveau des taux est déterminé par le jeu de l’offre et de la demande de monnaie. Comme la banque centrale est un acteur très important sur le marché monétaire son action permet d’orienter les taux.

A travers le circuit du financement de l’économie, la politique monétaire exerce une action sur l’évolution des prix et de l’activité économique (en influençant les décisions de consommation ou d’investissement). […]

La crise financière de 2008 a conduit les banques centrales à mettre en œuvre de nouvelles mesures dites "non conventionnelles" (afin de les différencier des mesures de la politique monétaire conventionnelle évoquées précédemment). L’objectif était d’adopter des moyens inédits pour améliorer le financement de l’économie, de lutter contre le risque de déflation (baisse des prix) et le ralentissement de la croissance. Ces mesures sont de différentes natures en fonction de l’objectif poursuivi et du mode de financement de l’économie (via les marchés financiers ou par l’intermédiaire du système bancaire).

On peut citer notamment : […]

- l’adoption d’une politique de taux directeurs très accommodante afin d’encourager la demande de liquidités par les banques commerciales avec l’octroi notamment de prêts à plus long terme ;

- le lancement de programmes "d’assouplissement quantitatif" qui consiste dans le cas de la BCE à intervenir directement sur le marché secondaire (distinct du marché primaire où sont émis la première fois les titres et sur lequel la BCE ne peut pas intervenir) en achetant massivement des titres financiers aux banques (comme le rachat d’obligations émises par les Etats de la zone euro) afin de leur fournir davantage de liquidités et faire baisser les taux d’intérêt dans le but de stimuler le crédit. Une autre conséquence indirecte possible de la baisse des taux d’intérêt est un effet sur le taux de change à travers une baisse de la valeur de la monnaie qui peut favoriser les exportations.

Fiche thématique « Qu'est-ce qu'une politique monétaire ? », Vie Publique, Publié le 12 septembre 2019.

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 A partir du document et de vos connaissances issues du programme de Première, vous répondrez aux questions ci-dessous.

 Par quel moyen conventionnel les banques centrales peuvent-elles stimuler le recours au crédit ? Proposez un schéma d’implication pour étayer votre réponse.

Les banques centrales – dont la BCE – utilisent comme outil principal les taux d’intérêt directeurs. Par cet intermédiaire, une banque centrale peut agir sur la conjoncture économique de la façon suivante :

Baisse des taux d’intérêt directeurs → Baisse des taux d’intérêt pratiqués sur le marché interbancaire(marché sur lequel banque commerciales et la banque centrale se retrouvent pour échanger de la monnaie centrale) → Baisse des taux d’intérêt des crédits que les banques de second rang (BSR) octroient → Baisse du coût du crédit pour les agents économiques → Hausse de la demande globale.

 Par quel moyen non conventionnel les banques centrales peuvent-elles simuler le recours au crédit ? Proposez un schéma d’implication pour étayer votre réponse.

Depuis la crise de 2008, les banques centrales ont développé des moyens non conventionnels d’action sur la conjoncture. Cela se traduit par un usage inhabituel de l’outil habituel (les taux d’intérêts directeurs) qui sont fixés à un niveau proche ou égal à zéro pour faciliter le refinancement des BSR. Dans ce premier cas, l’action est la même que celle décrite dans la question précédente.

Parce que l’abaissement des taux n’a pas permis de produire un effet suffisamment stimulant, les banques centrales se sont lancées dans des programmes d’achat d’actifs possédés par les BSR, dont les effets sur l’économie procèdent de la façon suivante :

Achat par la banque centrale d’actifs détenus par les BSR dans leur bilan → Fourniture de monnaie centrale aux BSR → Hausse crédits octroyés par BSR → Hausse de la demande globale.

 Récapitulez dans le tableau ci-dessous les objectifs, les instruments et à partir de vos connaissances issues du programme de première, complétez la dernière ligne sur les effets pervers possibles des deux types de politique monétaire.

Politique monétaire de relance Politique monétaire de rigueur

Objectifs Stimuler la croissance

Stimuler les créations d’emplois Ralentir l’inflation Instrument principal

(outil conventionnel) Baisse taux d’intérêt directeurs Hausse taux d’intérêt directeurs

Effet pervers possibles Inflation Ralentissement croissance

Hausse chômage

 EXERCICE N°❷ – Distinguer une politique monétaire expansive d’une politique monétaire restrictive

 Complétez le schéma n°1 avec les termes suivants : hausse de l’emploi ; hausse du volume de crédit ; risque d’inflation ; hausse de la demande globale ; baisse des taux d’intérêt directeurs ; hausse de la consommation ; hausse de la production ; hausse de l’investissement ; baisse des taux d’intérêt par les banques de second rang (BSR).

 Complétez le schéma n°2 avec les termes suivants : risque de hausse du chômage ; baisse du volume du crédit ; désinflation ; ralentissement (voire baisse) de la demande globale ; hausse des taux d’intérêt directeurs ; ralentissement (voire baisse) de la consommation ; ralentissement (voire baisse) de la production ; ralentissement (voire baisse) de l’investissement ; hausse des d’intérêt par les banques de second rang (BSR).

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Schéma n°① – La politique monétaire expansive (ou de relance)

Schéma n°② – La politique monétaire restrictive (ou de rigueur) Action de la banque centrale

Baisse des taux d’intérêt directeurs

Baisse des taux d’intérêt par les BSR

Hausse du volume de crédits

Hausse de l’investissement

Hausse de la consommation

Hausse de la demande globale

Hausse de la production

Hausse de l’emploi

Risque d’inflation

Action de la banque centrale

Hausse des taux d’intérêt directeurs

Hausse des taux d’intérêt par les BSR

Baisse du volume de crédits

Ralentissement (voire baisse) de la

consommation

Ralentissement (voire baisse) de l’investissement

Ralentissement (voire baisse) de la demande globale

Ralentissement (voire baisse) de la production

Risque de hausse du chômage

Désinflation

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2. COMMENT LA POLITIQUE BUDGETAIRE AGIT-ELLE SUR LA CONJONCTURE ECONOMIQUE ?

Apport du professeur - Introduction de la 2

e

heure de la séance d’activités– A noter

Depuis sa publication en 1936, la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de John Maynard KEYNES a fourni le cadre conceptuel essentiel pour analyser l’influence de la politique budgétaire sur la demande globale, soit la demande qui s’adresse aux producteurs d’un pays. L’analyse de Keynes a fait l’objet de plusieurs modélisations à partir de la fin des années 19301. Un modèle s’impose et autour de celui-ci et d’autres concepts clés, se développe alors un courant de pensée : le keynésianisme.

Les travaux issus de ce courant enseignent qu’en économie fermée à tout le moins, combiner politique budgétaire et politique monétaire peut se révéler particulièrement efficace pour soutenir l’activité, on parle alors de policy mix. Parmi les économistes de ce courant, certains sont conseillers dans les années 1960 pour l’administration KENNEDY. Ils participent, ainsi, à la généralisation au sein des pays développés à économie de marché de l’usage de politiques volontaristes de dépenses publiques (on parle de politiques discrétionnaires). Ces politiques discrétionnaires ont vocation à être contracycliques, cela signifie c’est-à-dire qu’elles visent à lutter contre les variations du cycle économique2.

Ces politiques connaissent leur âge d’or durant les Trente Glorieuses. A partir des années 1980, leur usage sera marginalisé, et ce jusqu’à globalement la crise de 2008, car on leur reconnaît de multiples effets négatifs dont le principal est l’effet d’éviction, étudié en classe de première.

 EXERCICE N°❸ – Les modalités de la politique budgétaire

La politique budgétaire est un des principaux instruments de la politique économique. Elle consiste à utiliser le budget de l’État pour agir sur la conjoncture. Elle englobe l’ensemble des mesures qui ont des conséquences sur les ressources et les dépenses de l’Etat et qui visent à atteindre certains objectifs de politique conjoncturelle.

Avant les années 1930, la fonction principale du budget de l’Etat était d’assurer le financement des administrations (des services publics). On ne lui attribuait pas de rôle économique. La gravité de la crise de 1929 va conduire les pouvoirs publics à considérer le budget de l’État comme un levier de la politique économique. Les travaux de l’économiste britannique J. M. KEYNES montrant que l’utilisation du budget pouvait avoir une influence sur la demande des agents économiques (consommation, investissement) et, par conséquent sur le niveau de l’activité, vont donner un fondement théorique à cette nouvelle approche.

La politique budgétaire est un levier de la politique de régulation de la conjoncture. Elle peut être utilisée dans deux situations opposées. En période de ralentissement de la croissance ou de crise, elle va servir à soutenir l’activité économique. On parle de politique de relance budgétaire. Au contraire, dans les phases de forte croissance, pendant lesquelles la surchauffe de l’activité économique peut provoquer de l’inflation (hausse des prix) ou des déficits extérieurs importants (déséquilibre des échanges avec le reste du monde), elle permet de freiner l’activité en réduisant la demande des agents économiques. On parle de politique de rigueur budgétaire.

Effets positifs de la politique budgétaire

L’atténuation des variations de la conjoncture grâce aux recettes et aux dépenses publiques peut s’exercer de deux façons mécanique ou volontaire.

En cas de ralentissement de l’activité économique, les dépenses publiques (indemnités chômage, certaines prestations sociales, etc.) tendent à augmenter spontanément, alors que les recettes perçues par l’Etat diminuent.

Cette situation entraîne une dégradation du solde budgétaire. Mais ce transfert de revenus de l’Etat qui s’opère au profit des ménages et des entreprises permet de compenser mécaniquement les effets négatifs du ralentissement

1 Le plus connu étant celui développé, par John HICKS (Mr Keynes and the classics, a suggested interpretation, 1937) et Alvin HANSEN (Monetary Theory and Fiscal Policy, 1949) dans le cadre du fameux schéma IS/LM qui constitue en quelque sorte un « compromis » entre les analyses de Keynes et celles des économistes classiques

2 A l’oral – pour apporter davantage d’explications sur ce terme : En situation d’expansion économique, parce que les tensions inflationnistes sont fortes en raison du dynamisme de la demande globale, les pouvoirs publics doivent mener, selon les économistes keynésiens, une politique restrictive. A l’inverse, en situation de récession, il faut relancer la demande globale pour générer de la croissance, c’est pourquoi ces économistes préconisent la mise en œuvre d’une politique expansive.

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6/9 Académie d’Aix-Marseille Samir SLIMANI économique comme la baisse des dépenses des agents économiques. Ces derniers perçoivent en effet des revenus supplémentaires dont une partie viendra alimenter la consommation et l’investissement et stimulera la création d’emplois. Les recettes et les dépenses jouent ainsi le rôle de stabilisateurs automatiques du cycle économique.

Lorsque la conjoncture économique se dégrade fortement ou en cas de crise, les pouvoirs publics peuvent décider d’intervenir directement et de mettre en œuvre des mesures spécifiques en termes de dépenses, d’impôts ou de transferts sociaux afin d’influer volontairement sur la conjoncture. Les pouvoirs publics prévoient un montant de dépenses publiques supérieur aux ressources prélevées sur les agents économiques. L’Etat peut augmenter certaines dépenses publiques comme la rémunération des fonctionnaires, les aides aux entreprises, les dépenses d’investissement dans des infrastructures, etc. ou diminuer certaines recettes (réduction de l’impôt sur le revenu pour les ménages, remises d’impôts pour les entreprises, etc.). Le déficit budgétaire permet ainsi de stimuler l’activité économique à court terme en favorisant une augmentation de la demande des agents économiques qui disposent de davantage de ressources monétaires pour la consommation ou l’investissement.

Limites de la politique budgétaire

Dans un contexte d’ouverture croissante des économies, une politique de relance budgétaire risque de favoriser les entreprises étrangères au détriment des entreprises nationales. Le soutien de la demande se traduit alors par une augmentation des biens et services importés et un déséquilibre de la balance commerciale. Le mode de financement du déficit budgétaire peut également poser problème. Si le déficit budgétaire est financé par un recours à la création monétaire, il peut provoquer de l’inflation. Si le déficit budgétaire est financé grâce à des emprunts auprès des agents économiques, il risque de créer un effet d’éviction, c’est-à-dire conduire à un déplacement trop important des ressources d’épargne disponibles vers l’Etat au détriment des autres agents économiques.

Une autre limite de la politique budgétaire qui est liée au financement du déficit budgétaire concerne l’augmentation de la dette publique. Une dette importante implique en effet le versement d’intérêts considérables.

Cette dépense due à la charge des intérêts aggrave le déficit, ce qui conduit à un nouvel endettement public et peut entraîner une hausse des taux d’intérêt. C’est ce que l’on appelle le cercle vicieux de la dette. A partir des années 1990, l’aggravation des déséquilibres budgétaires a conduit, de nombreux pays à adopter des règles contraignantes pour la politique budgétaire. Ces règles budgétaires strictes visent à atteindre un équilibre à long terme des dépenses et des recettes du budget de l’Etat. De même au sein de l’Union européenne, l’utilisation de la politique budgétaire est contrainte par la fixation d’un niveau maximal autorisé de déficit des administrations publiques (3% du produit intérieur brut).

Fiche thématique « Qu'est-ce qu'une politique monétaire ? », Vie Publique, Publié le 12 septembre 2019.

 A partir du document et de vos connaissances issues du programme de Première, vous répondrez aux questions ci-dessous.

 Quels sont les deux outils de la politique budgétaire ? La politique budgétaire repose sur deux catégories d’outils.

 Tout d’abord, l’évolution mécanique et spontanée du solde budgétaire peut avoir un effet stabilisateur sur la croissance et l’activité économiques d’un pays. C’est le mécanisme des stabilisateurs automatiques.

En période de récession (c’est-à-dire de ralentissement de croissance économique), les recettes publiques diminuent et les dépenses publiques augmentent, ce qui provoque un déficit public. Ce dernier, dans une perspective keynésienne, stimule la demande globale et atténue la récession. Symétriquement, en période de forte croissance économique, les recettes publiques augmenteront et les dépenses publiques diminueront, ce qui provoque un excédent budgétaire. Ce dernier freine la demande globale et atténue les tensions inflationnistes possibles.

 Le second type d’outils renvoie à des choix discrétionnaires réalisés par les pouvoirs publics qui assurent alors une stabilisation consciente de l’activité économique. Celui-ci est généralement utilisé lorsque les stabilisateurs automatiques apparaissent insuffisants pour soutenir l’activité en cas de récession importante, comme ce fut le cas en 2009 ou 2020 par exemple.

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 Complétez le tableau ci-dessous.

Politique discrétionnaire de relance

Politique discrétionnaire de rigueur

Dépenses publiques Augmenter les dépenses

publiques Baisser les dépenses publiques

Recettes fiscales Baisser les impôts Augmenter les impôts

Solde public Déficit public Excédent public

Effet sur l’activité économique

Accélération

(Stimulation de la demande globale)

Ralentissement

(Freinage de la demande globale)

 Attention ! Rappels du programme de première – Interroger les élèves sur ces différences de vocabulaire

 Il faut distinguer le déficit « budgétaire » – qui ne comprend que les dépenses et les recettes de l’Etat central soit l’Etat au sens strict – du déficit « public », qui prend également en compte celles des collectivités territoriales et de la sécurité sociale soit le déficit de l’Etat au sens large.

 Il faut également distinguer le déficit public de la dette publique. Le déficit public correspond à une situation dans laquelle les dépenses publiques sont inférieures aux recettes publiques (solde public négatif). La dette publique désigne la dette de l’Etat au sens large. Elle désigne l’ensemble des emprunts publics. Elle résulte du financement des dépenses publiques par l’emprunt plutôt que par l’impôt (recettes de l’Etat).

 Présentez sous la forme d’un schéma d’implication comment une variation à la hausse des dépenses publiques favorise la croissance économique.

Hausse dépenses publiques→ hausse du revenu disponible des agents économiques → hausse de la consommation

→ hausse de la demande globale → hausse de la production → croissance économique

Apport du professeur et rappel du programme de première : C’est ce que J-M KEYNES appelait le multiplicateur de dépenses publiques : Une hausse des dépenses publiques entraine une hausse plus que proportionnelle du revenu national.

 Rappelez ce qu’est l’effet d’éviction.

L’effet d’éviction3 décrit une situation dans laquelle la hausse des dépenses publiques provoque une baisse de l’investissement privé. Cet effet peut s’expliquer selon deux mécanismes.

 Tout d’abord, pour financer son déficit public, l’Etat va émettre des obligations. Il draine alors vers lui l’épargne qui aurait pu financer les investissements privés car l’Etat propose une qualité de signature des créances que les entreprises peuvent difficilement concurrencer (un Etat ne fait pas faillite). Les agents à capacité de financement vont préférer acquérir des titres obligataires d’Etat plutôt que des titres d’endettement d’agents privés.

 Secondement, lorsqu’un Etat mène une politique de hausse de ses dépenses publiques, il va devoir emprunter massivement sur les marchés des capitaux. Il participe donc à une importante augmentation de la demande sur ces marchés. Toutes choses égales par ailleurs, cela conduit à une hausse des taux d’intérêts générant une exclusion par les prix des demandeurs de fonds prêtables (les entreprises à besoin de financement qui ne peuvent supporter le nouveau taux d’intérêt, le plus souvent des PME, sortent ou n’entrent pas sur le marché).

Ainsi, lorsque la politique budgétaire produit un effet d’éviction, elle réduit les possibilités de financement des entreprises donc leurs capacités de consommation et d’investissement. Cela devient préjudiciable à la demande globale et la croissance économique (les entreprises ne peuvent pas produire davantage ou innover).

3Le mécanisme décrit ici est celui de l’effet d’éviction financière développée la première fois par M. FRIEDMAN en 1982 (avec Anna SCHWARTZ, « The Effect of Term Structure of Interest Rates on the Demand for Money in the United States », Journal of Political Economy).

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 EXERCICE N°❹ – Les stabilisateurs automatiques

 Complétez le schéma ci-dessous récapitulant les effets des stabilisateurs automatiques en cas de récession économique.

 EXERCICE N°❺ – Distinguer une politique budgétaire discrétionnaire expansive d’une politique budgétaire discrétionnaire restrictive

 Complétez le schéma n°1 avec les termes suivants : hausse de la demande globale ; baisse des prélèvements obligatoires (PO) ; hausse de l’investissement ; augmentation du déficit public ; hausse de la consommation ; hausse de la production ; dégradation du solde public ; hausse de l’emploi ; hausse des dépenses publiques.

Schéma n°① – La politique budgétaire discrétionnaire expansive (ou de relance)

Récession économique (Ralentissement de la production et hausse du chômage)

Hausse des dépenses publiques

(dont dépenses d’allocations chômage ou minima sociaux)

Baisse des recettes publiques

(moins d’impôts et de cotisations sociales prélevés)

Hausse mécanique

du déficit public

Récession atténuée

Action des pouvoirs publics

Hausse des dépenses publiques Baisse des prélèvements obligatoires

Augmentation du déficit public Hausse de la

consommation

Hausse de l’investissement

Hausse de la demande globale

Hausse de la production

Hausse de l’emploi

Dégradation du solde public

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 Complétez le schéma n°2 avec les termes suivants : : ralentissement (voire baisse) de la demande globale ; hausse des prélèvements obligatoires (PO) ; ralentissement (voire baisse) de l’investissement ; amélioration du solde public

; ralentissement (voire baisse) de la consommation ; baisse du déficit public (voire excédent public) ; ralentissement (voire baisse) de la production ; risque de hausse du chômage ; baisse des dépenses publiques.

Schéma n°② – La politique budgétaire discrétionnaire restrictive (ou de rigueur) Action des pouvoirs publics

Baisse des dépenses publiques Hausse des prélèvements obligatoires

Baisse du déficit public (voire excédent public) Ralentissement (voire

baisse) de la consommation

Ralentissement (voire baisse) de l’investissement

Ralentissement (voire baisse) de la demande globale

Ralentissement (voire baisse) de de la production

Risque de hausse du chômage

Amélioration du solde public

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