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Marie-Thérèse BOUCHARDON, épouse de François Girard

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Marie-Thérèse BOUCHARDON, épouse de François Girard

Le tableau après restauration de la peinture et de la déchirure de la toile et après encadrement dans un cadre à portrait d’époque Louis XV contemporain du tableau.

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Description

Portrait de Marie-Thérèse Bouchardon, exécuté à l’huile sur sa toile et son châssis et ses clous en fer forgé d'origine

Par Jean-Baptiste Lefèvre (signé daté 1747au dos).

Cadre à portrait en bois doré d'époque Louis XV.

Dimension de la toile : 82 cm haut ; 65 cm large

Dimension du cadre : 108 cm haut ; 92 cm large

Paisiblement affairée au rouet, la personne représentée sur ce portrait, est Marie-Thérèse Bouchardon, sœur du célèbre sculpteur Edme Bouchardon, épouse de François Girard, bourgeois de Paris, ainsi qu'il résulte de la plaque commémorative au dos du tableau.

Présentée de trois-quarts par son portraitiste, Jean-Baptiste Lefèbvre, un ami de la famille, madame Girard est vêtue

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d’une robe de soie jonquille enrichie de dentelles dont le peintre a su restituer toute la finesse et la légèreté.

Afin de protéger ce précieux vêtement et pour faciliter l’ouvrage, madame Girard a revêtu un tablier en soie noire retombant sur ses jambes. Contre la

poitrine, la

quenouille est bien installée pour filer la laine à l’aide du rouet en noyer et en laiton, tâche à laquelle on retrouve nombre de dames de qualité quand elles ne sont pas représentées derrière le métier à tapisser. On songera d’ailleurs à ce sujet à un portrait de la marquise de Pompadour par François-Hubert Drouais, conservé à la National Gallery de Londres.

Photo du tableau déverni

Le portrait de Mlle Lefèvre, homonyme, est sans doute le plus intéressant des portraits similaires, car l’on y distingue le même tablier noir disposé par-dessus la robe et sur lequel est posé le rouet. On le retrouve aussi sur un dessin d’Étienne Jeaurat conservé aux Galeries Nationales d’Écosse à Edimbourg.

a.Portrait de Mlle Lefèvre, par Louis Carrogis ditCarmontelle, musée Condé, Chantilly, 1758 (ci-dessous).

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b. Famille dans un intérieur, Étienne Jeaurat, craie et gouache sur papier, vers 1750, National

Galleries, Edinburgh (ci-dessus).

c. Portrait présumé de Françoise-Marie Pouget, seconde épouse de Chardin, Joseph Aved, musée Carnavalet, Paris (ci-contre).

J.-B. Lefebvre a rendu à M. Th. Girard un air aimable souligné par un sourire discrètement esquissé, mais présent, et la bonhommie du personnage est accrue par un œil vif, par un teint relevé de fard et de rouge sur les lèvres.

Confortablement installée dans une mise en scène assez classique de la bourgeoisie et de l’aristocratie, madame Girard est présentée assise dans un fauteuil de velours gaufré, occupée à une activité réservée aux femmes, on peut la rapprochée d’autres portraits de femmes de qualité du milieu du XVIIIe siècle (voir ci- dessus figures a. b. et c.), dont celui de présumé de Françoise-Marie Pouget, seconde femme de Chardin, par Joseph Aved.

Composé de manière tout à fait classique pour le XVIIIe siècle, le portrait de M.-T. Girard se détache du fond neutre esquissé par le portraitiste qui est habitué à cette manière.

Jean-Baptiste Lefebvre dessine le contour du visage en le détachant du second plan partiellement nimbé de lumière.

Provenance

Ce portait a appartenu à la baronne de Montessuy au XIXe siècle dont la famille, propriétaire du château de Juvisy, fut anoblie en 1782 (étiquette au dos du cadre).

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Il a été acquis lors de la vente publique organisée par Maitres GUIZZETTI et COLLET, commissaires-priseurs à Reims (Marne) du groupe IVOIRE le 13 mai 2012 (lot 208).

Constat d’état et travaux de remise en état de la toile et de son support et d’encadrement

Le portrait en cours de restauration (réparation d'une déchirure au-dessus du visage)

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Le tableau est peint sur toile. Il a conservé sa toile et son châssis d’origine.

Au moment de l’acquisition, le tableau était encadré d’un cadre en chêne d’époque Louis XVI à fond plat en bas duquel était cloué la plaque en laiton commémorative du personnage représenté sur le tableau et au dos duquel était collée l’étiquette mentionnant la provenance de la baronne de Montessuy (cette étiquette a été reportée au dos du cadre Louis XV, ainsi que la plaque commémorative). Il n’a pas été possible d’obtenir du commissaire-priseur, le nom du vendeur.

Plaque commémorative identifiant la personne de Marie-Thérèse Bouchardon et le nom du Peintre reporté au dos du tableau. Cette plaque a

été fixée au dos du cadre dans sa partie inférieure.

Un concours de circonstance m’a permis de trouver un cadre à portrait contemporain du tableau en bois doré chez mon doreur qui correspondait exactement à la taille de la toile. A noter qu’un cadre d’un style très similaire mais plus tardif encadrait un tableau attribué à Louis TOCQUE provenant du château de RAY-SUR-SAONE et préempté par le département de la HAUTE-SAONE pour remeubler le château dont il provenait, lors de la vente du 19 juin 2021 organisée par les commissaires-priseurs VASSY-JALENQUES à CLERMONT- FERRAND.

Emmanuel JOYEROT, restaurateur support toile, est intervenu pour retendre la toile sur son châssis après pose de bandes et consolider la déchirure (voir rapport d’intervention du 7 janvier 2013).

Bertrand BEDEL de BUZAREINGUES, restaurateur de peintures, a allégé le vernis ancien encrassé et oxydé, mastiqué les lacunes et procédé aux réintégrations après application d’un vernis dammar avant réintégration, le tout dans les conditions précisés dans son rapport de restauration du 15 janvier 2013.

Les rapports d’intervention d’Emmanuel Joyerot et de Bertrand de Buzareingues figurent dans le lien suivant :

https://1drv.ms/u/s!ApJGAg0cL5VfkUUbYNSFMRgEZ5ps?e=Wrw1qt

Les justificatifs d’achat du cadre et de restauration en conservation du support de la toile, de son nettoyage figurent dans le lien suivant :

https://1drv.ms/b/s!ApJGAg0cL5VfkUR3H8ijuSE0ABG5?e=BQIOku

« Marie-Thérèse Girard, née Bouchardon »

Née le 23 septembre 1715, Marie-Thérèse Bouchardon est la quinzième enfant du sculpteur et architecte Jean-Baptiste Bouchardon (1667-1742), et l’une des sœurs du célèbre sculpteur Edme Bouchardon. Mariée à un bourgeois de Paris, elle évolue tout au long de sa vie dans le cercle des artistes et sculpteurs parisiens.

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Par testament son frère Edme, la préférant à ses autres frères et sœurs, l’institua comme sa légataire universelle. A la mort de l’artiste, une vente eut lieu en 1762, mais l’héritière conserva la majeure partie des possessions du sculpteur, qu’elle installa à l’hôtel de Longueville, rue Saint-Thomas-du-Louvre, où elle résidait avec son mari. Puis elle les transmit à son fils Louis Bonaventure Girard, trésorier de France. Ce dernier légua 832 dessins de son oncle au musée du Louvre tandis que le reste de la collection fit l’objet d’une vente en 1809. Elle comportait notamment quelques études pour la fontaine de Grenelle, des terres cuites d’Edme Bouchardon lui-même et des objets d’art.

Jean-Baptiste Lefebvre, peintre de l’Académie de Saint-Luc

En 1712, on relève un Jean Lefèvre, peintre de l’Académie de Saint-Luc marié à Angélique Martine Berthelot, et lui-même fils d’un certain Jean Lefèvre bourgeois de Paris. Ce peintre était mort en 1757. Il avait eu une fille, Marguerite Victoire Lefèvre, qui avait alors 33 ans au décès de ce dernier et un fils nommé Jean- Baptiste François Lefèvre demeurant alors place Dauphine, paroisse Saint- Barthélémy.

Jean-Baptiste Lefebvre a été identifié comme ayant été peintre, fils d’« un ancien » directeur de l’Académie de Saint-Luc. Or, deux peintres ayant porté le nom de Lefèvre furent directeur de l’Académie de Saint-Luc dans la première moitié du XVIIIe siècle : Jules-César Lefèvre, et Nicolas Lefèvre.

A cette première difficulté pour identifier le peintre, s'ajoute celle de l'existence de deux peintres homonyme ayant intégré l’Académie de Saint-Luc au XVIIIe siècle et ayant été formé à seulement quelques années d’écart, ainsi qu’en témoignent les contrats d’apprentissage découverts aux Archives nationales : MC/ET/XXXVIII/250 : 1730-06-04 :

Contrat de mise en apprentissage, pour 5 ans, entre Louis Choisy, menuisier, et Antoine Magnet, maître peintre, au profit de Jean-Baptiste Lefèbvre, âgé de 13 ans, beau-fils de Louis, nourri les 6 derniers mois des 5 années, sans deniers déboursés (approuvé par les gardes).

MC/ET/XXXVIII/300 : 1738-10-14

Contrat de mise en apprentissage, pour 5 ans, entre Nicolas Joseph Lefèbvre, bourgeois de Paris, et Joseph Deleloche, maître peintre, au profit de Jean-Baptiste Lefèbvre, âgé de 14 ans, fils de Nicolas Joseph, couché par son maître les 5 années, nourri par lui les 3 dernières années, sans deniers déboursés (approuvé par les jurés en charge).

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Néanmoins, le second contrat, rédigé en 1738, indique que le Jean-Baptiste concerné est trop jeune pour correspondre au portraitiste actif dès 1738 (Jacques Duval d’Epremesnil, portrait signé, musée national du château de Versailles).

Il semble donc que le portraitiste de Mme Bouchardon, épouse Girard fut celui ayant débuté son apprentissage en 1730 et qui apparaît plus tard dans les documents d’archives sous le nom de Jean-Baptiste Lefèvre l’aîné, maître peintre et professeur de l’Académie de Saint-Luc, résidant quai Pelletier à Paris, à l’enseigne A la couronne d’or.

Actif dès le deuxième quart du XVIIIe siècle, Jean-Baptiste Lefèvre poursuit sa carrière jusqu’aux années 1770. Il réalise de nombreux portraits au pastel et à l’huile qu’il expose fréquemment au Salon. Membre de l’Académie de Saint-Luc, il bénéficie de la protection de son fondateur, d’Argenson, et de son fils le marquis de Voyer.

Reçu maître en 1751, il est conseillé à l’Académie de Saint-Luc en 1756, puis adjoint à professeur vers 1762 et professeur vers 1764.

Peintre célébré pour la qualité de ses portraits, il exposa portraits à l’huile et au pastel au Salon comme le rapporte le spécialiste du pastel Neil Jeffares dans son dictionnaire des pastellistes (notamment 1753, 1756, 1762, 1764 et 1774). Il exécuta plusieurs portraits de Louis V Joseph de Bourbon, prince de Condé, et du marquis de Paulmy.

Peintre reconnu, J.-B. Lefèvre exerça aussi le rôle d’expert. On trouve son nom dans plusieurs procès-verbaux du Châtelet de Paris conservés aux Archives nationales. Peintre établi, il forma de jeunes peintres, tel que Gabriel Jean-Louis Rabigot :

MC/ET/XXXIII/57: 1769-02-18 :

Brevet d'apprentissage par Jean-François Rabigot, de son fils, âgé de 16 ans, nommé Gabriel-Jean-Louis Rabigot, pour cinq ans, chez Jean-Baptiste Lefebvre, maître peintre et professeur de l'Académie Saint-Luc, demeurant quai Pelletier, en présence de Jacques- Alexandre Prudhomme, maître peintre, Charles-Laurent Poullain, maître sculpteur, demeurant rue de Vendôme, et Claude-François Le Maire, maître peintre.

Le château de Versailles conserve deux autres portraits de Jean-Baptiste Lefèvre.

Il est heureux que deux des portraits de celui qui fut aussi « peintre du roi aux départements réunis à l’hôtel de la Guerre » figurent dans cette ancienne résidence royale, d’autant qu’il réalisa plusieurs toiles pour la reine Marie Leszczynska à Versailles en 1741 et en 1742, comme le souligne Neil Jeffares.

Est notamment conservé au château de Versailles, le portrait de Monsieur d’Epremesnil, syndic de la Compagnie des Indes (127 H ; 107 L;

numéro d’inventaire : MV 4478 ; INV 4383 ; B 735).

Références bibliographiques

Séverine Darroussat, Jean-Baptiste Bouchardon:

architecte et sculpteur, archives, livre de raison, marchés Henry Ronot, Jean-Baptiste Bouchardon, Faton, 2002, p. 128.

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Jules Guiffrey, Scellés et inventaires d’artistes français du XVIIe et du XVIIIe siècle, tome II, 1741-1770,

1885, p. 311.

Benjamin Peronnet, Burton B. Fredericksen, Répertoire des tableaux vendus en France au XIXe siècle: 1801-1810, 1998, p. 50.

Alphonse Roserot, Jean-Baptiste Bouchardon: sculpteur et architecte à Chaumont en Bassigny 1667-1742, E. Plon, 1894.

Daniel Wildenstein, Documents inédits sur les artistes du XVIIIe siècle, Les Beaux- Arts, 1966, p. 90.

Georges Wildenstein, Rapports d'experts 1712-1791: Procès-verbaux d'expertises d'oeuvres d'art extraits du fonds du Châtelet, aux Archives Nationales, 1921.

Nous remercions Mr Vincent Pruchnicki pour ses travaux de recherches et qui a contribué à rédiger cette fiche.

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