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Research Insight L efficacité, clé pour l obtention de taux d intérêts plus faibles dans la microfinance. Executive Summery

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Research Insight

L’efficacité, clé pour l’obtention de taux d’intérêts plus faibles dans la microfinance

Executive Summery

Mars 2014

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Résumé

Grâce à la microfinance, des centaines de millions de ménages défavorisés ont accès à des services financiers. Néanmoins, les faibles volumes de crédit et l’absence de garanties ou de documentation génèrent des frais d’exploitation élevés pour les institutions de microfinance (IMF).

Ces cinq dernières années, ces frais d’exploitation ont pu être diminués en moyenne de 23 %, ce qui représente un gain d’efficacité majeur.

Ce dernier se fonde sur les moteurs que constituent une concurrence saine, une régulation effective et des structures de marché adéquates, mais aussi l’innovation.

L’emprunteur profite lui aussi du gain d’efficacité. Les frais d’exploitation repré- sentent environ 60 % des taux d’intérêts facturés aux micro-entreprises et aux ménages. Une efficacité opérationnelle plus élevée permet aux IMF de facturer durablement des taux d’intérêt pus faibles.

Les taux d’intérêt ont reculé entre 2008 et 2013 parallèlement aux frais d’exploi-

tation. Le développement du secteur financier profite donc à la fois aux prêteurs et

aux emprunteurs.

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responsAbility – Research Insight 3 débuts, la microfinance s’efforce de relever ces défis en les abordant de front. Un point décisif consiste par exemple à mettre en œuvre une organisation efficace des zones et des itinéraires de visite des clients en limitant au minimum les distances et les durées de déplacement. L’introduction de prêts de groupe permet également de faire pression sur le coût du crédit. Selon ce concept, un prêt est accordé à un groupe d’emprunteurs solidairement responsables du crédit. Pour les IMF, la responsabilité de groupe réduit le risque de défaut1 des emprunteurs ; par ailleurs, le fait de prêter à tout un groupe d’individus réduit la durée et le coût des visites effectuées chez les clients.2 En outre, le déploiement de bureaux de crédit et le recours à ces derniers,3 qui connaît une hausse constante au fur et à mesure de la maturation de l’industrie locale, contribuent considérablement à faciliter la procédure d’éva- luation des crédits.

Une évaluation approfondie de la capacité de remboursement des clients contribue à réduire la probabilité de défaut et de surendettement, et à asseoir la pérennité de l’IMF. Les méthodes d’évaluation des IMF, relativement rigoureuses par rapport au secteur traditionnel, sont toutefois synonymes de dépenses opérationnelles accrues. Les frais de personnel, avec 60 à 70 % du coût total, représentent le poste le plus élevé des dépenses opérationnelles, suivis par les frais administratifs.

Dans notre portefeuille de base,4 l’IMF moyenne supporte des coûts opérationnels5 totalisant 18 % de la taille du crédit octroyé. En d’autres termes, pour chaque prêt de USD 1 000, l’IMF doit débourser en moyenne USD 180 uniquement pour couvrir les dépenses opérationnelles. Après avoir dépensé ces sommes, l’IMF n’a encore ni couvert le coût de son propre refinancement, ni organisé les provisions pour pertes de crédit, ni réalisé le moindre bénéfice.

Une question de volume

Outre le fait de devoir recourir à différentes procédures d’éva- luation des clients, les IMF proposent des prêts de montants sensiblement plus petits que le secteur financier traditionnel, et ce souvent à échéance plus courte. Les prêts accordés par les IMF de notre portefeuille commencent à USD 100 et s’élèvent en moyenne à environ USD 3 000.

Réduire les coûts opérationnels et les taux d’intérêt dans le secteur de la microfinance

1 Les clients de la microfinance disposent rarement d’actifs viables à titre de sûretés. Afin de ne pas exclure ces clients de l’accès au crédit, les IMF octroient également des prêts en l’absence de sûretés sous-jacentes.

Toutefois, en cas de défaillance d’un client, les IMF peuvent théorique- ment perdre la totalité des sommes prêtées et ne sont pas protégées par la valeur de la garantie (comme c’est le cas généralement dans le secteur bancaire traditionnel). Afin de combler le manque de garants traditionnels ou de documents formels, les IMF ont, entre autres exemples, introduit le concept de prêt de groupe à responsabilité conjointe, selon lequel l’engagement du groupe à payer sert de garantie de prêt. Simultanément (comme précisé plus haut), cela permet également aux IMF de traiter les crédits de manière plus efficace que si elles avaient à traiter individuelle- ment avec chaque client.

2 Au lieu de rencontre chaque client séparément, le gestionnaire de crédit peut intervenir auprès de l’ensemble du groupe en une seule fois.

3 Les bureaux de crédit enregistrent les encours de crédit du client ainsi que son historique de prêts et son état d’endettement. Grâce à l’accès à ces informations, les IMF sont en mesure de réduire l’asymétrie informationnelle.

4 Le portefeuille de base de responsAbility est constitué de 100 IMF qui sont considérées comme représentatives de l’univers de la microfinance propice à l’investissement et totalisent un portefeuille d’encours de prêts de USD 28 milliards.

5 Les dépenses opérationnelles se composent habituellement de trois éléments : les frais d’employés, les frais administratifs et l’amortissement.

La microfinance trouve un terrain fertile dans les pays et sur les marchés où les populations défavorisées n’ont pas accès aux institutions financières traditionnelles. Dans les pays concernés, la disponibilité des capitaux au profit des micro- entrepreneurs et des ménages défavorisés est bien inférieure à la demande. La microfinance a pour but de réduire ce fossé en fournissant aux populations démunies un accès aux services financiers formels tels que le crédit, les comptes d’épargne et les paiements par transfert. Faute d’accès à la microfinance et à ce type de services, la seule alternative reste le recours à des ressources informelles. Celles-ci se limitent, au mieux, à la famille et aux amis soumis à des contraintes économiques similaires ou, dans le pire des cas, à des prêteurs privés échappant à toute réglementation et aux pratiques parfois prédatrices et usurières.

L’accès aux services financiers formels est une solution clairement supérieure à ces autres options ; toutefois, dans de nombreux pays, la microfinance se heurte à de rudes obstacles engendrés par la faiblesse d’une infrastructure peu fiable. Ces freins sont de plusieurs natures : accès limité et onéreux à l’électricité, infrastructure de transport morcelée et dégradée.

Par ailleurs, les clients de la microfinance sont souvent dans l’incapacité de produire une preuve formelle de leur activité économique. Tandis qu’un homme d’affaires d’Europe occidentale candidat à un emprunt peut sans délai fournir un certificat de salaire ou une preuve formelle de son affiliation au registre du commerce accompagnés d’états financiers, il est difficile pour un micro-entrepreneur de justifier ses sources de revenus. Indépendamment de ces circonstances, les IMF sont néanmoins contraintes d’évaluer la capacité de rembour- sement et la crédibilité de leurs clients.

Un frein majeur : le coût élevé des opérations

Les IMF doivent donc évaluer la solvabilité de leurs clients selon différents critères : par exemple, afin de vérifier l’exis- tence et la viabilité de l’activité du client, le gestionnaire de crédit doit se rendre sur le site de ce dernier et, le plus souvent, à son propre domicile. Dans les zones rurales reculées et peu habitées, cette démarche laborieuse peut s’avérer coûteuse. En butte à de tels obstacles depuis ses

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sein de chacune des régions concernées n’empêchent pas toutefois de tirer des conclusions générales.

Figure 2 : disparités régionales des dépenses opérationnelles (médiane, en % du portefeuille de prêts)

En moyenne, les IMF de l’Asie du Sud et du Sud-Est doivent faire face à des dépenses opérationnelles sensiblement inférieures. Cela est essentiellement dû au fait que les IMF implantées dans cette région du monde – spécialement en Inde – octroient surtout des prêts de groupe dont les avantages ont été décrits plus haut. Par ailleurs, la densité de population et les niveaux de salaires plutôt faibles y contribuent indéniable- ment. Les coûts comparativement faibles affichés par les IMF d’Amérique du Sud ne s’expliquent pas par une forte proportion de prêts de groupe dans la région. Au contraire, les pays de l’Amérique du Sud ont des secteurs financiers plus matures et affichent un rendement économique plus élevé que les autres régions du globe concernées. Il en ressort que les IMF bénéfi- cient d’un accès à une infrastructure et une main-d’œuvre de meilleure qualité qui leur permet d’intervenir de manière plus efficace. De surcroît, parce qu’elles opèrent dans une région économique plus développée, leurs clients nécessitent des prêts de montants plus importants pour répondre à leurs besoins de financement. Ces éléments aident à comprendre pourquoi les IMF d’Amérique du Sud ont tendance à fonction- ner plus efficacement que celles opérant, par exemple, dans les pays à plus faibles revenus d’Afrique subsaharienne qui ont des secteurs financiers moins matures. Toutefois, tous les indices laissent penser que ces secteurs sont appelés, au fil du temps, à rattraper leur retard.7

Comme l’illustre la figure 1, les dépenses opérationnelles liées à la constitution d’un dossier de crédit sont étroitement corrélées à son volume. D’une manière générale, les IMF octroyant des crédits de petit volume et se distinguant par une forte pénétration dans les zones rurales affichent un ratio dépenses opérationnelles/volume de crédit plus élevé.6 Toute- fois, cela ne signifie pas forcément que les IMF qui octroient des crédits de montants faibles sont inefficaces. Par exemple, supposons que le coût moyen de l’octroi d’un crédit reste à peu près identique en valeur absolue, quel que soit le montant de crédit engagé. Dans ce cas, une IMF offrant à des popula- tions défavorisées des crédits de faible montant supporterait des coûts opérationnels relativement plus élevés qu’une IMF offrant à des populations à hauts revenus des crédits de montant important.

Figure 1 : les dépenses opérationnelles par rapport au montant moyen du crédit

Les deux particularités de la microfinance – opérations plus laborieuses et montants engagés plus faibles – engendrent un surenchérissement des coûts en pourcentage du montant du crédit déboursé.

De grandes disparités entre les marchés

Comme l’illustre la figure 2, une comparaison des coûts entre les différentes régions du monde révèle de grandes disparités des dépenses opérationnelles dans le secteur de la microfi- nance. Si celles-ci s’expliquent en partie par la taille du prêt moyen, elles sont davantage le fruit de facteurs sectoriels et régionaux sous-jacents disparates. Les grandes disparités au

6 Par exemple Hermes et al. (2011) : « Outreach and Efficiency of Microfinance Institutions », dans World Development, vol. 39, no 6.

7 Rosenberg et al (2013) : Microcredit interest rates and their determinants. 2004–2011.

Source : responsAbility Research 50

45 40 35 30 25 20 15 10

3 000 5 000

Dépenses opérationnelles (en % du portefeuille de prêts)

2 000 1 000

0

Volume moyen du crédit (USD)

4 000

Source : responsAbility Research 50

45 40 35 30 25 20 15 10 5 0

Asie-

Pacifique Europe

de l’Est Amérique

du Sud MENA Asie centrale Afrique

subsaharienne Amérique centrale

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Des gains d’efficacité manifestes au fil du temps

Tandis que, dans le chapitre précédent, nous avons présenté une vue statique des coûts des IMF, le présent chapitre entend démontrer leur évolution au fil du temps. Pour ce faire, nous nous proposons d’examiner le portefeuille de base de responsAbility, constitué de 100 IMF considérées comme repré- sentatives de l’univers de la microfinance propice à l’investis- sement et totalisant un portefeuille d’encours de prêts de USD 28 milliards. Comme l’illustre la figure 3, la part des dépenses opérationnelles moyennes non pondérées8 en pourcentage du portefeuille de prêts a diminué de 23 % entre 2008 et 2013.

Entre-temps, le montant des crédits par rapport au revenu national brut est resté relativement stable.

Figure 3 : évolution des dépenses opérationnelles au fil du temps

Cette tendance n’est pas spécifique à l’échantillon étudié ; elle s’observe sur l’ensemble du marché de la microfinance.

Une récente étude9 menée par le Groupe consultatif d’assis- tance aux plus pauvres (GCAP), Microfinance Information Exchange (MIX) et l’Etablissement de crédit pour la reconstruc- tion (KfW), qui repose sur 6 043 observations recueillies entre 2004 et 2011, a également conclu à une nette tendance à la baisse des dépenses opérationnelles. Il s’agit là d’un indice fort montrant que le microcrédit est en passe de relever son défi : faciliter l’accès des clients défavorisés aux services financiers de base.

responsAbility – Research Insight 5

8 Les chiffres indiqués dans ce rapport ont tous été calculés comme des moyennes non pondérées des IMF de notre portefeuille, ce afin d’éviter que les institutions les plus importantes ne soient surreprésentées dans ledit portefeuille.

9 Rosenberg et al (2013) : Microcredit interest rates and their determinants. 2004–2011.

Le développement du secteur financier

Au fur et à mesure de leur maturation, les secteurs de la microfinance permettent aux IMF d’opérer avec une efficacité accrue. Ces avancées – tant économiques qu’institutionnelles – peuvent être subdivisées en quatre catégories :

Cadre réglementaire et infrastructure de marché : la régle- mentation gouvernementale concernant la création d’un environnement opérationnel propice au microfinancement s’améliore constamment.10 L’optimisation de l’arsenal régle- mentaire va souvent de pair avec les progrès réalisés en ma- tière d’infrastructure des marchés. Les bureaux de crédit, par exemple, sont de plus en plus reconnus comme des services indispensables pour assurer le bon fonctionnement du mar- ché de la microfinance. En plus d’améliorer la transparence du marché et de réduire le risque de crédit en l’absence de garanties fiables, les bureaux de crédit permettent aux IMF de réduire considérablement leurs dépenses opérationnelles.

Etant donné que le bon fonctionnement des bureaux de crédit dépend largement de la participation des acteurs du marché au reporting, la réglementation rendant obligatoire ce reporting est en passe d’en améliorer considérablement le fonctionnement.

Portrait de la concurrence : les IMF des quatre coins du globe évoluent dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Aidées par le développement des infrastruc- tures de base du marché, un nombre croissant d’IMF prennent pied dans le secteur ou se développent au point de devenir de sérieux concurrents. Dans la mesure où la micro- finance est censée se comporter comme tout autre secteur économique, la pression concurrentielle entre les acteurs pèse davantage sur les prix facturés au client final11 et participe à l’évolution de l’offre de produits des IMF. Afin de rester compétitives, les IMF doivent s’adapter aux besoins d’une clientèle de plus en plus rompue aux arcanes de la finance. Et dans le contexte économique actuel, cela consiste à diversifier davantage l’offre de produits tout en veillant à diminuer les coûts. Le Pérou – le marché de référence incon- testé de la microfinance – a montré que la concurrence du marché peut exercer une pression à la baisse efficace sur les

10 The Economist Intelligence Unit (2013) : Global microscope on the microfinance business environment.

11 CGAP (2006) : Focus Note: Competition and microcredit interest rates.

Dépenses opérationnelles (en % du portefeuille de prêts) Crédit par emprunteur/RNB par habitant (moyen) Source : responsAbility Research

24 23 22 21 20 19 18 17 16 15

Déc. 08 Déc. 09 Déc. 10 Déc. 11 Déc. 12 Juin 13

55 50 45 40 35 30 25 20 15

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Ce que tout cela signifie pour les taux d’intérêt des clients finaux Comme décrit ci-dessus, on observe une diminution de la part des dépenses opérationnelles des IMF en pourcentage de leur portefeuille de prêts, grâce à une industrie toujours plus mature ainsi qu’à des produits et processus innovants. La question essentielle à explorer maintenant est de savoir si ces gains d’efficacité se traduisent par une réduction des coûts d’emprunt pour les clients.

Figure 4 : la relation entre les dépenses opérationnelles et rendement du portefeuille

On a observé que rendement du portefeuille,15 une variable pour les taux d’intérêt facturés aux emprunteurs, s’aligne de près sur leur composant le plus important, les dépenses opérationnelles (figure 4). Ceci suggère qu’un nombre croissant d’IMF maîtrisant leurs coûts ont eu tendance à répercuter leurs gains d’efficacité sur leurs clients.

D’une manière générale, les clients de la microfinance sont mieux servis qu’ils ne l’étaient il y a quelques années. Ils profitent de secteurs de la microfinance plus matures, qui offrent des gammes de produits améliorées à des coûts réduits.

En outre, les impressionnantes avancées politiques et écono- miques dans de nombreux pays émergents ont stimulé les investissements dans la microfinance. En plus de fournir aux IMF les moyens de croître et d’opérer, ces investissements les ont fortement incitées à atteindre la durabilité.

taux d’intérêt.12 Pour preuve, la baisse substantielle du rendement du portefeuille médian de la totalité des IMF péru- viennes reportant au MIX : celui-ci est passé de 44 % en 2003 à 29 % en 2012.13 Outre une réglementation propice à la concurrence, les effets de la concurrence sur les taux d’intérêt peuvent être renforcés par l’amélioration de la transparence du marché. Comparés aux marchés financiers conventionnels, lesdits marchés de microfinance sont d’ores et déjà très transparents grâce à la plate-forme de reporting mondiale MIX market ou à des initiatives comme MFTransparency.

Des économies d’échelle : outre ces évolutions au niveau des marchés, les institutions se développent et gagnent en maturité. Au fur et à mesure que les IMF accumulent de l’expérience et augmentent la taille de leurs opérations, elles sont en mesure de ventiler leurs coûts fixes, tels que le coûts des fonctions administratives ou des systèmes d’information de gestion (SIG), sur une assiette de prêts élargie, réduisant ainsi le niveau des coûts fixes par crédit.

Innovations : la présence d’un environnement opérationnel plus favorable ainsi que la pression concurrentielle sont susceptibles de donner un coup de fouet à l’innovation.

Un exemple particulièrement frappant est le déploiement de la banque mobile dans certains secteurs de la microfinance en Afrique orientale14 avec, à la clé, une réduction drastique des coûts supportés par les IMF et leurs clients dans le trai- tement des paiements. En plus des innovations produits, les innovations dans le domaine des processus permettent éga- lement aux IMF de dynamiser la productivité. Prenons, par exemple, un modèle de notation de crédit évaluant la solva- bilité d’un client en utilisant des variables socio-économiques facilement observables telles que le sexe et le domicile.

Appliqué avec succès, ce modèle de notation contribue à alléger les contraintes de l’évaluation de chaque client indi- viduel et à réduire le coût de chaque prêt octroyé.

15 Le produit des intérêts est une variable pour le taux d’intérêt moyen facturé par l’IMF. Le produit des intérêts est défini comme le revenu général d’un prêt en tant que pourcentage d’un prêt moyen en cours d’une IMF.

12 Voir également l’étude Research Insight de responsAbility concernant le développement du marché péruvien de la microfinance : « Le Pérou, marché modèle de la microfinance » (2012), www.responsAbility.com/

marchemodeleperou/fr

13 www.mixmarket.org

14 Voir également l’étude Research Insight de responsAbility concernant le développement du marché de la microfinance sur le marché de l’Afrique orientale : « Révolution du secteur de la microfinance en Afrique orientale » (2013), www.responsAbility.com/microfinance- afriqueorientale/fr

rendement du portefeuille (en % du portefeuille de prêts) Dépenses opérationnelles (en % du portefeuille de prêts) Source : responsAbility Research

Déc. 08 Déc. 09 Déc. 10 Déc. 11 Déc. 12 Juin 13

35 30

25 20

15 10 5

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responsAbility – Research Insight 7

16 responsAbility Research

17 Symbiotics (2013) : Symbiotics MIV Survey. Market Data & Peer Group Analysis.

18 www.mixmarket.com

19 Deutsche Bank (2012) : Microfinance in evolution.

20 The Smart Campaign (2010) : Responsible pricing – The State of the Practice.

21 Un autre aspect est que les IMF pourraient également être tentées d’augmenter les frais ou autres coûts de services aux consommateurs pour que leurs affaires demeurent rentables. Dans ce cas, l’emprunteur ne profiterait pas d’un coût réduit tel que le visent les plafonnements et les frais additionnels ou plus élevés facturés avec les taux d’intérêt rendraient le coût effectif de son prêt moins transparent.

montrent que la marge nette moyenne des IMF à but lucratif est plus faible que celle des IMF à but non lucratif.19

Figure 5 : composantes du rendement du portefeuille en pourcentage du portefeuille de crédits

Distribution du rendement du portefeuille

Le rendement du portefeuille est en moyenne de 31 % du portefeuille de crédits et se compose comme suit :

Frais d’exploitation : avec 18,5 % du portefeuille de crédit global, ils sont le paramètre le plus important du rendement du portefeuille. Les frais d’exploitation

ayant été commentés de manière détaillée dans les paragraphes précédents, ce paragraphe se concentre sur

les trois autres composantes.

Charges financières : elles représentent en moyenne 7,5 % du portefeuille global et comprennent l’ensemble des coûts résultant des obligations d’une IMF ; en font partie également les intérêts payés sur les éventuels dépôts clientèle ainsi que les intérêts versés pour le financement en dette. Contrairement aux charges d’ex-

ploitation, les charges financières ont augmenté ces dernières années sur l’ensemble du marché.16 Certaines

études partent du principe que cela est dû à des modifi- cations durables des structures de financement globales des IMF. Depuis plusieurs années, de plus en plus d’IMF passent de sources de financement subventionnées à des sources de financement privées. Ces dernières sont plus durables, mais aussi plus chères.17

Provisions : cette composante constitue près de 2,4 % du portefeuille global. Les IMF constituent des provi- sions afin de couvrir les pertes générées par des crédits restructurés ou défaillants. Ce type de crédits étant très peu présent dans le portefeuille moyen des IMF,

cette composante représente une part assez faible du rendement du portefeuille. Après la crise financière, les provisions pour pertes sur crédits ont globalement légèrement augmenté, entretemps elles ont retrouvé un

niveau « normal ».

Marge nette : les bénéfices des IMF se calculent une fois les composantes citées ci-dessus déduites. Ils s’élèvent en moyenne à 2,6 % du portefeuille global et ne sont donc en aucun cas exagérément élevés,

contrairement à certaines allégations. La commercialisa- tion de la microfinance n’a pas non plus généré de marges bénéficiaires plus élevées, au contraire : les don- nées collectées dans l’ensemble du secteur industriel18

Les plafonnements des taux d’intérêt ne sont pas la bonne réponse

Les plafonnements – plafonds appliqués aux marges ou aux taux d’intérêt – sont souvent mis en avant comme moyens efficaces pour maintenir les taux d’intérêt à un bas niveau. Imposés par les autorités au nom de la protection des consommateurs, de tels plafonds visent à empêcher les prêteurs de facturer des taux d’intérêt excessivement élevés. Plus de 30 pays en voie de développement et marchés émergents,20 parmi lesquels l’Inde, la Zambie, l’Equateur ou la Bolivie, ont instauré différents types de plafonnements.

Malgré leurs bonnes intentions, les plafonnements de taux d’intérêt peuvent en fait exercer des effets négatifs sur les emprunteurs et sur le marché en général. Si les plafonds fixés sont trop hauts, ils peuvent ralentir la baisse des taux d’intérêt puisqu’ils sont considérés comme un point d’an- crage pour le taux prévalant sur le marché. Par ailleurs, si les plafonds sont fixés trop bas, cela pourrait obliger les fournisseurs de services financiers à lutter pour couvrir leurs frais,21 entraînant un ralentissement de croissance, une réduction des services ou même un retrait complet du

35 % 30 % 25 % 20 % 15 % 10 % 5 % 0 %

Frais

d’exploitation Charges

financières Provisions Marge nette Rendement du portefeuille Source : responsAbility Research

18,5 %

7,5 %

2,4 %

2,6 %

31 %

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22 Birgit Helms, CGAP (2006) : Access for all Building inclusive financial systems.

23 Cela ne signifie pas que n’importe quel taux d’intérêt pouvant être payé par l’emprunteur est justifié. Certaines institutions surfacturent les emprunteurs et il faudrait les en empêcher par les mécanismes de marché tels que ceux décrits dans cette étude. Ce chapitre se concentre cependant sur le client type du microcrédit qui est un entrepreneur et se comporte comme tel – même s’il opère à petite échelle.

24 Malcolm Harper (2012) : Microfinance Interest Rates and Client Returns.

25 D. McKenzie and C. Woodruff (2008): Experimental Evidence on Returns to Capital and Access to Finance in Mexico.

26 Rosenberg et al (2009) : The New Moneylenders – Are the Poor Being Exploited by High Microcredit Interest Rates?

27 La collecte de données comparables sur les taux d’intérêt de fournisseurs de crédits informels est difficile. Ce chiffre repose sur une étude réalisée par CGAP (voir citation ci-dessus) pour plus de 35 pays en voie de développement en 2009.

Par conséquent, ce taux n’est pas directement comparable aux taux de prêt des banques et de la microfinance, tous deux valides pour 2012. Cependant, les données semblent suffisantes pour une analyse de tendance approximative.

28 Moyenne simple des taux de prêt prévalant dans les pays où nous investissons.

29 World Bank (2012) : Le taux de prêt est le taux bancaire qui répond généralement aux besoins financiers à court et à moyen terme du secteur privé. Ce taux est normalement différencié en fonction de la solvabilité des emprunteurs et des objectifs de financement. Cependant, les modalités et conditions appliquées à ces taux diffèrent selon les pays, ce qui limite leur comparabilité.

Ne sous-estimez pas le micro-entrepreneur

Le discours sur les taux d’intérêt en microfinance omet souvent le fait que le client est un entrepreneur avec un accès limité au capital. Si l’entrepreneur décide de remédier à ce manque par un microcrédit, on peut partir du principe qu’il prend une décision raisonnée et espère générer un rendement qui couvrira les frais de l’emprunt.23 Des données du Bangladesh24 sug- gèrent que les rendements annuels du « petit commerce », un secteur d’activités courant pour les clients de la microfinance, peuvent atteindre en moyenne un rendement annuel de 200 % ou plus. Des données de la ville de Léon, au Mexique,25 sug- gèrent que les micro-entrepreneurs travaillant dans ce même secteur peuvent générer des rendements d’environ 360 % par an sur un investissement de USD 150. Quand on les compare aux rendements annuels potentiels de 200 % ou plus, des taux d’emprunt de 30 % ont certainement un sens pour un micro-entrepreneur.

Source : responsAbility Research, World Bank, CGAP 120

100 80 60 40 20 0

Prêteur Microfinance Crédits bancaires

Même si ces chiffres ne sont pas représentatifs de l’ensemble du marché de la microfinance – d’autres secteurs, comme l’agriculture, montrent en effet un taux de rendement bien inférieur – on peut estimer que les commerces de la micro- finance possèdent les moyens d’augmenter significativement leur capital investi. La capacité générale de remboursement des clients de la microfinance se reflète également dans le fait qu’environ 3 % seulement des montants des prêts en cours ne sont pas remboursés dans les 30 jours suivant leur date d’échéance.

Les alternatives de financement pour les micro-entrepreneurs sont rares et souvent encore plus coûteuses. Si les entrepre- neurs n’ont pas accès à la microfinance, ils doivent recourir à des prêteurs informels et ces derniers ont tendance à pratiquer des taux d’intérêt très élevés. Selon une étude menée par CGAP,26 le taux d’intérêt moyen pratiqué par un prêteur est de 120 à 300 %.27 Comme l’illustre la figure 6, le taux d’intérêt moyen pratiqué par les IMF est nettement inférieur au taux imposé par les prêteurs informels. Si l’on considère que le taux de prêt moyen des banques au secteur privé dans les pays en voie de développement et les marchés émergents28 est d’environ 15 %,29 les IMF s’avèrent plutôt performantes au regard des coûts plus élevés expliqués ci-dessus.

Figure 6 : comparaison des taux de prêts dans les pays en voie de développement et les marchés émergents

marché. Ceci entraînerait un accès réduit au financement pour les communautés dans lesquelles les IMF opèrent.

De plus, confrontées à la pression de réduction des coûts, les IMF sont susceptibles d’augmenter leurs volumes de crédit ou de se retirer des zones rurales où le coût des opé- rations est cher. Il en résulterait une exclusion accrue des clients les plus pauvres, en particulier ceux vivant dans les zones rurales. Les données empiriques confirment ces tendances : les plafonnements ont des conséquences prin- cipalement négatives et les effets secondaires non inten- tionnés sont prédominants.22

Plutôt que d’instaurer des limites ou des plafonds, les autorités devraient aider à construire un environnement de marché transparent qui permette la concurrence. Cela constituerait un moyen plus viable et plus durable de dimi- nuer les taux d’intérêt.

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Autres informations

Vous trouverez l’ensemble des études de recherche, des publications et des webcasts de responsAbility ainsi que les possibilités de commande sur

www.responsability.com/multimedia/fr A propos de responsAbility

Avec un portefeuille sous gestion de USD 1,9 milliard, responsAbility Investments AG est l’un des principaux ges- tionnaires de fonds indépendants dans le monde, spéciali- sés dans les secteurs liés au développement économique des pays émergents tels que la finance, l’agriculture, la santé, l’éducation et l’énergie. responsAbility investit en dette ou en capital dans des entreprises non cotées offrant des solutions et services adaptés aux populations à revenus faibles et contribuant ainsi fortement à la croissance économique et au progrès social des pays émergents.

La microfinance offre aux tranches de population défavorisées dans les pays en voie de développement et les marchés émergents un accès à des services financiers essentiels. Les emprunteurs n’étant souvent pas en mesure de fournir les preuves formelles de leurs revenus, les IMF sont dans l’obligation de mettre en place des processus de contrôle chronophages afin d’évaluer la solvabilité de leurs clients. Cela se déroule dans des pays disposant d’un environnement réglementaire, économique et politique exigeant. Pour cette raison, les tran- sactions de microfinance impliquent des charges d’exploitation élevées par rapport au volume de crédit en cours en comparaison avec les transactions bancaires traditionnelles.

Cependant, la plupart des IMF réussissent à améliorer leur efficacité opérationnelle. Ces cinq dernières années, les 100 IMF analysées sont parvenues à diminuer leurs frais d’ex- ploitation de 23 %. Ces progrès sont influencés par l’évolution générale du secteur de la microfinance, évolution encouragée par un environnement politique et économique plus stable, qui se traduit par une meilleure régulation, une concurrence saine, l’expansion des opérations et des innovations au niveau des produits et des processus. Cette évolution du secteur financier est accompagnée par des investisseurs tels que responsAbility privilégiant un modèle économique durable et efficace ainsi que l’utilisation active d’institutions de marché, par exemple les bureaux de crédit, lors de l’évaluation de leurs placements.

Grâce aux économies réalisées lors du processus d’octroi de crédit, les IMF sont en mesure de proposer des taux d’intérêts plus faibles, ce qui se répercute sur les emprunteurs en leur permettant de réaliser des économies. De la même manière que pour les frais d’exploitation des IMF, les intérêts facturés aux clients finaux ont également fortement diminué ces cinq dernières années. Par suite, les clients de la microfinance bénéficient non seulement d’une palette de services meilleure et plus vaste, mais aussi de coûts de crédit plus faibles.

Conclusion

responsAbility – Research Insight 9 responsAbility Investments AG

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Crédit des photos : Markus Bühler (page de titre)

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Carola Hug Research Analyst

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