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LES GRANDS VINS DE FRANCE

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ARTS ET MÉTIERS FRANÇAIS <">

LES GRANDS VINS DE FRANCE

« L a vigne, le vin sont de grands mystères ». Ainsi s'exprime l'admirable Colette, dans Prisons et Paradis. « Seule, ajoute-t-elle, la vigne nous rend intelligible ce qu'est la véritable saveur de la terre. Quelle fidélité dans la traduction ! Elle ressent, exprime par la grappe les secrets du sol... »

Ce que le clairvoyant écrivain nous amène à discerner tout d'abord, dans ces quelques lignes, c'est la grande raison pour laquelle le vin n'a cessé de jouir, sur les champs de bataille de chez nous, du prestige que l'on sait.

Oui, c'est bien avec le sol même de son pays que ce fantassin, nouvel Antée, communiait en vidant son quart, au moment de franchir le parapet. E t comme i l est émouvant de penser que ce malheureux agonisant, dans telle ambulance du Nord ou de l'Est, ait pu retrouver dans ce jurançon toute la douceur du « bet ceù de Pau », ou dans ce Châteauneuf-du-Pape toute la splendeur de sa Provence !

Enfin, ce que cette pénétrante intuition de la grande Colette nous fait toucher du doigt dans un sens plus concret, c'est la raison primordiale en vertu de laquelle i l n'existe pas sur terre deux vins qui se ressemblent, ni qui puissent identiquement se ressembler.

L'élément apportant aux divers vins les goûts qui s'y mélangent, en composant leurs caractères respectifs, ce ne sont pas les cépages.

Sans doute créent-ils entre eux d'indiscutables liens de parenté.

(1) Voir La Revue des 1" février et Ie' mars.

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L E S GRANDS VINS D E F R A N C E 271 Leur véritable race et leur pleine individualité, c'est le sol qui les élabore, en fournissant aux vignes qui les produisent leur nourriture.

Or BufTon, en nous indiquant excellemment que dans la nature

« tout est relatif, tout se fait par nuances et tout se combine par approximation », nous amène à cette conclusion capitale, qu'il ne saurait exister deux fois le même sol, en deux points distincts de ce bas monde.

Telle est précisément, dans l'ordre agronomique, l'une des bases de la législation française, en matière d'appellation d'origine.

Celles-ci sont attachées, par des liens indissolubles, au terroir qui leur a donné naissance. Fort différentes en cela des marques commer- ciales ou des simples désignations de provenance, elles présentent, par leur essence même, ce double caractère d'être imprescriptibles et rigoureusement incessibles.

L'admirable gamme des grands vins de France, et de tous les grands vins de l'univers dans leur ensemble, y trouve, par contre- coup, avec son incomparable diversité, l'attrait constant qu'ils offrent à la dégustation mondiale.

* * *

A-t-on suffisamment réfléchi à ce que présente, en fait d'endu- rance et de courage — car les plantes ont une âme, comme tout ce qui vit •— ce modeste pied de vigne, sur tel petit lopin de terre indigente et rocailleuse, caractère bien connu de tous les sols pro- duisant les meilleurs vins ? Considérez ce cep tordu et torturé, brûlé par le soleil, étiolé par la soif, envoyant l'interminable chevelu de ses racines chercher, dans le moindre repli du sol ou du rocher, la plus infime gouttelette d'une eau de condensation quelconque, mordu par le gel, meurtri par la grêle, martyrisé de toutes manières, car la « passion de Dionysos » dont i l traduit le vivant symbole se poursuit, d'une vendange à l'autre, par la taille, le liage, Vécimage, le soufrage, le sulfatage, Yépamprage, la cueillette enfin, qui fera déborder la hotte du vendangeur de tant de grappes juteuses d'or et de pourpre. Ce qu'il donnera au monde, en fin de compte, ce modeste cep, ce sera, suivant sa nature et son pays, la splendeur d'un Xérès ou d'un Porto, la chaleur florentine d'un Chianti, la liqueur d'un Sainos ou d'un Malvoisie, celle encore d'un Tokay, c'est le trésor d'un Riidesheini ou d'un Johannisberg, c'est l'un

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quelconque nectar du sol helvétique, des Amériques ou de l'Aus- tralie ; c'est enfin l'éblouissante série de tous les vins de France, dont il sera question dans ces quelques pages.

Or voici l'opinion professée par un Américain du métier, Mr. Frank Schoonmaker, dans un livre récent The complete wine-

book (1) : « France produces not only more wine, but more good wine, than any other country ». (La France produit non seulement plus de vin, mais plus de bon vin que n'importe quel autre pays).

Le fait est que, venu le moment des vendanges, à considérer l'incomparable variété de notre production nationale en matière de raisins, on serait porté à lancer vers le dieu du vin la fameuse invocation de Virgile, au début de la 2e Géorgique : « O Bacchus Lenœus .... tout est ici comblé de tes richesses. Mets bas tes cothur- nes et, les jambes nues, viens presser avec nous les raisins nou- veaux ! »

L a vigne étant amenée tout naturellement à dominer, sur ses coteaux, les rives de nos grandes artères fluviales, parcourons celles-ci, à tour de rôle. Négligeons, bien entendu, la Seine, amie du « régime sec » qui, prenant sa source aux alentours de Dijon, fait fi de la Bourgogne dès son point de départ, passe au large de la Champagne en la frôlant de justesse, n'en affecte pas moins par la suite cette marche incertaine que rien ne justifie, lance enfin à la dive bouteille ce suprême défi, de se jeter dans la Manche, au pays du cidre !

*

Descendons plutôt le cours de la Loire, admirable fleuve, dont les vins, d'une diversité sans égale, répondent à tous les goûts.

Ronsard les a chantés. L a verve rabelaisienne s'en est nourrie.

Corneille les réclamait, dans la capitale, au Cabaret de la Pomme de Pin.

Voici les Sauvignons des régions de Sancerre, de Quincy, de Pouïlly et de Reuilly dans le Cher, vins blancs fruités à souhait ; puis le fameux Vouvray « tranquille » ou « mousseux », au nord de Tours, avec son frère le Montlouis, sur l'autre rive.

(1) Simon & Schuster, New-York, 1934, cliap. IV, page 53.

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LES GRANDS VINS D E F R A N C E 273 Les Coteaux de Tour aine offrent aux grands amateurs de vins rouges le Bourgueil, excellent « vin de table » fleurant la framboise, et le Chinon, plus proche de la violette.

Traversons maintenant Saumnr, en savourant au passage l'agréable sève de ses vins blancs, finement bouquetés, pour nous attarder ensuite, au sein de l'exquise « douceur angevine », parmi les nectars puissants et franchement liquoreux, des Coteaux de la Loire, du Loir, de YAubance et du Layon, sans oublier pour autant le délicieux rosé, joliment dénommé « Rose de cabernet », régal des gens de goût.

Le Muscadet — celui des Coteaux de la Loire, comme celui des Coteaux du Maine — rigoureusement sec, avec ce goût si personnel qu'on lui connaît, va nous servir, par voie d'analogie, de transition avec cet autre terroir, non moins cher à tous les cœurs français, celui de l'Alsace.

C'est là une autre belle région do grands vins blancs, déroulant sa longue écharpe depuis Strasbourg jusqu'à Mulhouse, en passant par Sélestat, Ribeauvillé, Riquewihr et Colmar, pour accrocher aux pentes du Rhin français le joyau de ses Sylvaner, de ses Tra- miner et de ses Riesling.

*

* *

L a Saône, avant d'aborder le Beaujolais et d'aller grossir les eaux du Rhône, dépasse, en la laissant sur sa rive gauche, une aire de production dont les vins, ceux des Coteaux du Jura, présentent une originalité de premier ordre. C'est ici que naissent les vins à'Arbois, si agréables à boire, avec leur teinte rouge pâle, nuancée de « pelure d'oignon ». E t ce que l'on chercherait en vain partout ailleurs, ce sont Jes fameux « vins jaunes », ceux notamment de Château-Chalon, au goût si spécial, prownant d'une vinification qui leur est propre et comporte un séjour en fûts de six années consécutives.

Mais n'abandonnons pas le Jura, sans mentionner en outre ses « Vins de paille », à base de raisins secs, très liquoreux et chers à tant d'initiés !

Entonnons maintenant la Coupo Santo, au moment de nous élancer sur les flots du grand fleuve mistralien, vers les richesses des Côtes du Rhône, vers celles aussi qui, de part et d'autre de sa vaste embouchure, font l'orgueil du Languedoc et de la Provence.

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Des croupes à pentes raides, cultivées en terrasses entre Vienne et Valence, fournissent les beaux vins rouges de la Côte Rôtie, puis ceux de Cornas, les vins blancs capiteux et pénétrants du Château-Grillet, de Drieu et de Saint-Péray, enfin les vins blancs et rouges de Y H ermitage et de Crozes-H ermitage.

Les amateurs de « bouillabaisse » savent comme elle s'accom- mode avec bonheur d'un Tavel ou d'un Lirac, vins rosés d'une si généreuse vigueur, produits dans le Gard.

Mais c'est vers Avignon que nous irons chercher, rôti, concentré par tout le soleil de la Provence, le clou de cette belle région, le Châteauneuf du Pape, né de vignes plantées parmi tant de cailloux, que le sol, par endroits, n'est plus qu'un tas de pierres.

L a dévorante chaleur du ciel méditerranéen produit encore,'plus au sud-ouest, de merveilleux muscats, ceux de Frontignan, dans l'Hérault, puis ceux de Banyuls, de Maury et de Rivesaltes dans le Roussillon, sur les pentes rocheuses des Pyrénées Orientales.

* * *

Béziers, Montpellier, Nîmes, Sète et Narbonne, autant de capi- tales de ce qu'on nomme plus spécialement les « Vins du Midi », pourvoyeurs quotidiens de tant de tables françaises, généreux dis- pensateurs de santé, utiles à tous, indispensables au travailleur manuel.

Bien des vins de ce multiple terroir, notamment ceux des Côtes de Provence, de Corbièrcs et du Minervois, de Saint-Georges et des Costières du Gard, appartiennent à la légion choisie des « vins déli- mités de qualité supérieure ». D'autres, tels que les Clairettes de Bellegarde et du Languedoc, les vins de Cassis et de Bandol, de Palette et de Fitou, jouissent de 1' « appellation contrôlée ».

N'oublions pas enfin, en dehors de la métropole, ces autres vins, ceux d'Algérie qui, pour venir au monde par delà la Méditer- ranée, n'en relèvent pas moins de la mère-patrio : vins de montagne, ardents et pleins, titrant jusqu'à 14 et 15 degrés, tels ceux de Mascara, blancs et rouges, et jouissant comme eux de la plus flat- teuse notoriété, — vins de coteaux, parfaits « vins de table », tels ceux à'Oran et du sahel à'Alger, —• vins de plaine enfin, titrant encore leurs 12 degrés, tels ceux de la Milidja, de Mostaganem et de Philippevillc, utilisés surtout comme « vins de coupage ».

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* *

Rapprochons nous maintenant du Sud-Ouest. iMais gardons-nous de négliger, au passage, deux « vins mousseux » bien connus des gourmets : le Gaillac dans le Tarn et, dans l'Aude, la Blanquette de Limoux.

Saluons, en traversant le Béarn, le fameux vin de Jurançon, puis les rosés subtils de Salies-Bellocq.

Ayons, dans ces nobles parages, mieux qu'une pensée pour les prestigieux alambics de Y Armagnac, puis, par voie de conséquence, pour ceux de la région de Cognac portant si haut la gloire de la distillation française, sur les marchés du monde entier.

Demandons au Lot-et-Garonne le stimulant de ses Côtes de Duras blancs et rouges.

Abordant enfin la Dordogne, goûtons, en leur accordant toute la faveur qu'ils méritent, ses vins blancs et rouges de Bergerac, ses vins blancs de Montravel, ses Monbazillac surtout, liquoreux, parfumés, faisant merveille sur cette autre splendeur : les truffes et les foies gras de cette opulente contrée.

LES VINS DE BORDEAUX

Pénétrons à présent dans la vaste région des grands vins de Bordeaux qui constitue, semble-t-il, avec la Bourgogne et la Cham- pagne; la trilogie la plus en vue de notre Viticulture nationale.

Or cet auteur américain, dont nous avons cité l'appréciation si flatteuse pour les vins de France, ajoute ceci, deux pages plus loin : « The wine growing région to which Bordeaux lias given its name produces considerably more fine wine than any other viti- cural district in Europe. » (1) (La région viticole à laquelle Bordeaux a donné son nom produit considérablement plus de vin fin que n'importe quelle autre région d'Europe).

Il s'agit donc là d'une réputation solidement implantée de par le monde. Trop peut-être, car certains « Sauternes » de Californie, de Palestine ou d'Australie, ou certains « Cepa Sauternes » de la péninsule ibérique, pour ne parler que d'eux, nous rappelleraient,

(1) !<'. Sclioonmaker, op. cil., cliap. IV, page 55.

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s'il en était besoin, qu'aucune gloire trop accentuée ne saurait exister ici-bas, sans sa rançon.

Nous avons cité l'opinion de l'Amérique. Voici celle de l'an- cienne Russie. Un héros de Pouchkine, Eugène Oniéguine s'en fait l'écho. Cousin de Childe Harold transplanté sur les bords de la Neva, atteint lui aussi par le « mal du siècle », c'est au vin de Bor- deaux qu'un soir de mélancolie bien arrosée, nous le verrons tendre les bras (1).

C'est toi, lui dit-il, le frère

Qui, dans le chagrin, le malheur, Compagnon sans réserve et pour la vie, Es toujours prêt à nous aider, Comme à partager notre peine.

Vive le Bordeaux, notre ami!

Ce dont cette région-ci pourrait surtout se réclamer, tout comme la généralité des vins de France dans leur ensemble, ou la Bour- gogne à elle seule, ou le Val de Loire — nous l'avons noté — c'est la grande richesse de ses plantations, et l'extrême variété des vins qu'elle offre à la dégustation mondiale.

Abordons donc ce nouveau vignoble qui, occupant la totalité des pentes des trois rivières qui le parcourent, la Garonne, la Dor- dogne et la Gironde, s'étend, sur une longueur de 120 kilomètres, depuis L a Réole jusqu'à Lesparre.

C'est la voie fluviale que nous emprunterons une fois de plus, ce en quoi nous ne ferons que suivre un illustre exemple.

E n 1852, le futur Napoléon III rendit visite à la Gironde. Où une chaloupe, rutilante de tous ses cuivres et de tous ses vernis, le prit à son bord. E t le spectacle, à la tombée du jour, ne manqua pas, semble-t-il, d'une certaine splendeur. Feux de bengale, lan- ternes vénitiennes, pièces d'artifice de toute nature embrasaient, sur tout le parcours, les vignes de l'une et l'autre rives. Le Prince venait d'Agen. Nous ferons de même.

*

* *

Voici Langon. Ce vignoble, à tribord, en haut de cette route grimpante conduisant à Verdelais, c'est Malagar, à M . François Mauriac. Nous sommes ici sur le prolifique terroir des Premières

(1) Eugène Oniéguine, cliap. IV, Str. 45.

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L E S GRANDS VINS D E F R A N C E 277 Côtes de Bordeaux, exposant au soleil du Sud-Ouest leurs pentes graveleuses, prolongées par les Côtes de Bordeaux Saint-Macaire, et longeant la rive droite de la Garonne, depuis Langon jusqu'à Bassens, au nord de Bordeaux.

Des vins rouges parfaitement constitués sont à leur actif, ner- veux et bouquetés, deux communes principales servant ici de chefs de file, celles de Camblanes et de Quinsac.

Mais des vins blancs s'y ajoutent, secs, demi-secs ou liquoreux, provenant des trois cépages fondamentaux, le Sémillon, le Sauvi- gnon et la Muscadelle, deux communes, ici encore, se détachant du lot, celles de Cadillac et de Langoiran dont les produits, d'une qualité plus accentuée, annoncent déjà en quelque manière ceux de Loupiac et de Sainte-Croix-du-Mont, dont les aires de production très réduites jouissent d'une réputation des plus anciennes.

Gravissons la pente conduisant à ces deu-x vedettes des « Grands vins blancs liquoreux de la rive droite ». Et, de la terrasse du château de Tastes, mairie de Sainte-Croix-du-M ont, admirons le somptueux panorama qui s'y déploie. Nos regards, par delà une mer de vignes, iront se perdre au loin vers le Sud-Est, rêvant peut- être d'y faire surgir, au dessus des ruines de Villandraut, son lieu de naissance, où des forêts d'alentour, l'ombre puissante de Ber- trand de Got, autrement dit le pape Clément V qui, en transférant le Saint-Siège de Rome en Avignon, vit s'ouvrir pour la Chrétienté l'une des ères les plus sombres et les plus tourmentées de son histoire.

Or cette mer de vignes, tous ces sémillons et sauvignons inondés de soleil sur l'autre rive constituent la région de Sauternes et Barsac, de renommée mondiale, séparée de celles des Graves par celle de Cérons, celle-ci formant transition de l'une à l'autre et tenant, pour une large part, de chacune d'elles.

* *

Traversons le fleuve, et rendons nous sur le terre-plein d'Yquem d'où la vue, avant de s'étendre à toute la vallée de la Garonne, distingue les cinq communes participant à l'appellation Sauternes, Barsac comprise. Sous nos yeux un certain nombre de « premiers crus ». Vers le nord, ceux de la commune de Bommes : Rayne- Vigneau, Rabaud, Peyraguey et Lafaurie-Peyraguey ; puis La Tour

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Blanche, dissimulé par un bouquet d'arbres, Suduiraut à l'est, dans Preignac. Ce petit mamelon vers le sud, coifîé de ses bâtiments vinicoles, c'est Rieussec, dans Fargues. Guiraud manque à l'appel, caché par les murs d'Yquem, dans la direction de Sauternes. Cli- mens et Coutet, dans Barsac, sont trop loin pour se pouvoir discerner.

Il faudrait, pour être complet, nous attarder encore à bien d'autres exploitations, appartenant elles aussi au fameux « Classe- ment de 1855 » : Doisy-Daëne et Doisy- Védrines, Broustet, Caillou, Nairac, Arche, Filhot, Malle enfin, dont le château constitue par lui-même un petit chef-d'œuvre architectural dans la commune de Preignac.

Mais les véritables connaisseurs, fort loin de s'en tenir aux répu- tations toutes faites, n'oublient pas les trésors susceptibles d'être découverts, chez tant d'autres vignerons que l'exiguïté de. leur production tient éloignés, bien à tort, de certaines listes. Ils sont nombreux dans cette région-ci : Raymond-Lafon, Lafon-Larose, Liot, Roumieux, tant d'autres.

Sans nous étendre à toutes les particularités de la vinification locale, rappelons du moins la façon si peu commune de faire la vendange, aussi bien dans Sauternes et Barsac, qu'à des degrés divers, dans chacune des aires limitrophes. L'on exige ici mieux que la simple maturité du raisin. Le vendangeur attend, pour le cueillir, sa pourriture. Pourriture assurément très spéciale, mais le mot « surmaturité » traduirait mal ce qu'est la fameuse « pourriture noble », autrement dit cette corruption progressive des baies con- taminées de la sorte, sous l'action conjuguée du soleil et d'un cham- pignon ami de leur région, le Botrytis Cinerea. Quelques jours y suffisent, et ces raisins, flétris, gâtés, pour la plus grande joie du récoltant, ne contiennent plus qu'un résidu de confiture, sous une peau fendue, velue, rouge violacée.

Aux effets de cette concentration massive s'ajoutera, lors de la fermentation ultérieure, une importante production de glycérine.

C'est à cela que les vins de Sauternes et de Barsac doivent leur abondante liqueur, en même temps que certaines saveurs qui leur sont rigoureusement propres.

Une pareille vendange entraîne, est-il besoin de l'ajouter, des déperditions considérables, se traduisant par des rendements très faibles et de très gros frais.

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L E S GRANDS VINS D E F R A N C E 279 C'est un tout autre produit, qu'en raison des différences de sol, vont engendrer les mêmes plants dans la vaste région des Graves, adonnée, en ce qui la concerne, aux vins blancs secs.

Le point de cristallisation de ce terroir dés plus divers, contour- nant la région de Sauternes, pour s'étaler ensuite jusqu'aux sorties nord de Bordeaux, c'est sans conteste le château de L a Brède.

Ceinturé de douves poissonneuses, flanqué de tours et de ponts- levis, c'est dans ses murs que vécut, pendant plus de trente ans, celui qui fut mieux qu'un grand vigneron, le docte penseur de Y Esprit des Lois, dont l'influence allait, dès son vivant, gagner l'Europe entière, jusqu'au Kremlin de Catherine II.

Terre privilégiée, que cette plantureuse région des Graves qu'appréciait Mme de Sévigné, et qui, à côté de grands vins blancs de la classe d'un Bouscaut, d'un Carbonnieux ou d'un Olivier, peut aligner autant de grands vins rouges, tels ceux de Haut-Brion, premier cru du « Classement de 1855 », de La Mission et de Ilaut- Bailly, où la fleur de certains grands médocs perce déjà.

Or le Médoc est extrêmement proche, puisqu'il suffit, pour passer de l'une à l'autre région, de franchir la « Jalle » de Blanquefort.

Longue succession de croupes graveleuses, bordant le cours olympien de la Gironde sur toute la longueur de sa rive gauche, séparé de l'Océan par les prolongements de la forêt landaise, le Médoc produit assurément ce que Bordeaux offre de plus subtil, en matière de vins rouges.

« Pour que le vin soit bon, proclame un dicton local souffrant d'ailleurs quelques exceptions, i l faut que la vigne voie la rivière. »

Tel est bien le cas des communes les plus en vue de cet important terroir, Pauillac, Saint-Julien, Saint-Estèphe, Margaux. Chacune d'entre elles peut admirer, la nuit venue, le majestueux p*âssage des grands paquebots de la Transatlantique ou des Messageries, glissant silencieusement vers la haute mer, en illuminant le fleuve de tous leurs feux.

Les navires du x v ne siècle, lorsqu'ils passaient devant Beyche- velle, abaissaient leurs voiles, tant pour rendre hommage à ses vignes fameuses, que pour saluer leur propriétaire d'alors, le duc d'Eper- non, Grand-Amiral de France.

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Il n'est pas ici le moindre coin de terre où quelque page d'his- toire ou quelque anecdote ne soit mêlée, de près ou de loin, aux fastes viticoles qui lui sont propres. Philippe Egalité, fort loin de négliger l'art du bien boire, possédait dans ses caves un Château Margaux dont i l tirait très grande fierté. Latour, autre premier cru, fut coiffé jadis d'un château fort qui, maintes fois assiégé, pris et repris pendant la guerre de Cent Ans, fut finalement rasé par Duguesclin, prompt à châtier son propriétaire, un « collaborateur » de cette époque.

Quant à Lafite, l'on voit, dans L'Idiot de Dostoïevski, une de ses bouteilles aboutir, par le plus diabolique des processus, entre les mains d'un névrosé (1).

Mouton Rothschild et ses merveilles, Gruaud Larose, Rauzan- Gassies et Rausan-Ségla, Brane Contenue, Cos d'Estournel, Montrose, Lascombes, les Léoville et les Pichon, i l faudrait tout citer. C'est partout le règne du Cabernet et du Merlot, les deux cépages fon- damentaux de la région qui, suivant leurs proportions respectives, donneront aux divers vins plus de corps ou plus de finesse, le pre- mier apportant, dit-on, l'élément mâle, le second, l'élément femelle.

Palmer, Giscours, Calon Ségur, Talbot, Cantemerle et Pontet- Canet, autant d'autres élus du fameux « Classement de 1855 ». Mais que de « crus bourgeois » chers au consommateur, en dehors d'eux : La Tour de Mons, Poujcaux, Chasse Spleen, et combien d'autres...

Mario d'Annunzio, fils d'un illustre père, mentionne, dans un livre récemment paru, tout le respect que portait ce dernier aux vins de Sauternes et du Médoc (2). Or il leur fut servi, certain soir de 1913, dans un grand restaurant de Paris, une bouteille d'un fameux vin de Pauillac « sembra fosse di Château Lafite — che recava intorno al collo, e un po ovunque sul vetro, le tracce polverose di un'epoca che la faceva coeva di Napoleone primo console ». E n 1913 ! Une bouteille contemporaine du Premier Consul ! E t qui conservait encore toute sa puissance !

Ce n'est certes pas à l'égard des vins du Médoc qu'il convient de se presser outre mesure, en s'inquiétant trop tôt de cet avertisse- ment d'Horace ; « Ton héritier, plus sage que toi, boira ce nectar que tu enfermes sous trente clefs » (3). Non, les vins du Médoc doivent être attendus. C'est là un de leurs premiers caractères. E t

(1) Pion, éd. 1 887, 1ome I, 1" partie, page 193.

(2) Mario d'Annunzio. Con mio padre, sulla nave del ricordo, enap. X , page 112; A.

Mondadori, 1950.

(3) Severi Falerni, tome I, ode 27.

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L E S GRANDS VINS D E F R A N C E 281 le second, c'est leur longévité. I l leur faut, pour mettre en évidence tout ce qu'ils recèlent, que certains excès de tanin marquant leur jeunesse aient disparu de leur substance ; que, suivant une expres- sion locale très imagée « tous les angles se soient définitivement arrondis dans la bouteille ». Tous les parfums propres à tel ou tel millésime se révéleront alors, celui de la fraise et celui de la pêche, celui de la cerise et celui de la truffe, beaucoup d'autres encore, sur lesquels i l sera difficile de mettre un nom.

Le conseil que nous devrons suivre ici sera donc plutôt celui d'Ovide : « Que d'autres, poussés par la soif, boivent du vin nouveau.

Quant à ma coupe, versez-y d'un vin vieux, mis en cave sous d'autres consuls ». (1)

* *

Un grand gourmet de la Gironde, cherchant à différencier les Médoc des Saint-Emilion, avait coutume de dire que les premiers étaient « du velours », et les seconds « du satin ». Comparaison des plus exactes. Les Médoc, plus fondus, ont plus de race et de bouquet, les Saint-Emilion, plus de corps et de robustesse.

Différences de goûts, différences de sols. Il faut traverser toute la largeur de la Gironde, pour aller de l'un à l'autre. Mais, pour- suivant le jeu des symboles, de quelle moire veloutée devrons- nous revêtir les Pomerol qui, de l'avis général, tiennent tout à la fois des deux natures ?

Ici encore quelques crus d'un beau renom : Ausone, Cheval- Blanc, Canon, Beauséjour, pour ce qui est de Saint-Emilion. Et, dans Pomerol : Pétrus, VEvangile, Certan, La Conseillante.

L a vallée de la Dordogne est l'une des plus pittoresques qui soient au monde. Nous sommes ici non loin de son embouchure.

Une église creusée dans le roc : celle de Saint-Emilion. Que de fines ogives et de motifs anciens, à l'actif de cette petite ville aux vues panoramiques très étendues, sillonnée de rues et de ruelles tortueuses escaladant, au gré des changements de pente, le bloc enchevêtré formant sa base ! Et de quelle abbaye de Thélème ont bien pu dépendre, dans cette capitale du bon vin, ces deux cloîtres ajourés, datant précisément de cette époque ?

Les Côtes de Fronsac et de Canon Fronsac, accrochées à leurs

(1) L'art d'aimer, LU). II.

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pentes rocheuses, vinifient, avec un égal bonheur, dans l'orbite de ces grands voisins.

*

* *

Traversons la Dordogne. C'est à l'Entre deux mers, vaste espace triangulaire qui la sépare de la Garonne, planté de vignes blanches et prolongé par la région de Sainte-Foy, qu'appartient l'honneur d'avoir été le berceau de tant de « caves coopératives » dont le réseau s'étend peu à peu, et de proche en proche, à tous les vins de Bordeaux, mis à part les très grands crus, justement jaloux de leurs marques et de leurs étiquettes propres.

Le nombre de ces caves est de 72, dès à présent, procurant à la petite exploitation tous les avantages et toutes les facilités de la grande, en vue d'assurer au commerce ayant mission de les acheter, puis au consommateur désireux d'en faire usage, des vins de mieux en mieux vinifiés, de plus en plus satisfaisants dans l'ordre de la qualité.

Dix de ces caves, d'une capacité globale de 160.000 hectolitres, desservent la seule région de Bourg, productrice de puissants vins rouges, et celle de Blaye, son émule, dont le nom s'attache à tant de souvenirs historiques. N'est-ce pas ici qu'au témoignage de la Chanson de Roland, l'Empereur à la barbe fleurie conduisit « en do blancs cercueils » son héroïque neveu, victime des Sarrasins, Olivier son compagnon « et l'Archevêque qui fut féal et preux » ?

*.

* 4c

Charlemagne fut, dit-on, propriétaire en Gascogne, comme i l posséda des vignes dans bien d'autres provinces de son empire.

Le vignoble girondin n'avait pas encore pris son majestueux essor.

Un poète mineur de la Pléiade pouvait écrire encore, en plein x v ie siècle :

O Médoc, mon pays solitaire et sauvage!

Le Médoc a fait son chemin depuis, jusqu'à ce x i xe siècle au cours duquel l'exportation des vins de Bordeaux semble bien avoir atteint son maximum.

Les guerres ont pu passer par là, procurant à la Gascogne d'être

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dévastée, à tour de rôle, par les Wisigoths, les Francs, les Sarrasins, puis les Normands. L'invasion allemande de 1940 a menacé le vaste et fructueux assemblage de la production et du négoce girondins. Les secousses de cette nature ont toujours porté leurs fruits. Rappelons-nous les fameux vers de Ronsard :

Le Français semble au saule verdissant, Plus on l'attaque, et plus il se défend Et rejetonne en branches davantage, Tirant parti de son propre dommage.

Or ce magnifique trait, combien de fois vérifié au cours des âges, notre vieux sol aquitain et tous les vins qui font sa gloire entendent bien le justifier, en ce qui les concerne, une fois de plus.

Une question vient dès lors à l'esprit : quel est l'avenir des vins de Bordeaux? L a réponse que nous ferons ici ne leur est pas parti- culière. Elle s'applique à l'ensemble des grands vins de France et, d'une certaine manière, à ceux du monde entier. Bien des signes, en effet, se font jour, suivant lesquels la vogue du vin, bien loin de s'atténuer ou de rester stagnante, s'achemine vers un renouveau dépassant les engouements les plus tapageurs de son passé.

Existe-t-il dans l'univers un seul produit qui ait prêté davantage à l'inspiration des poètes, qui ait joué un plus grand rôle dans toutes les religions, depuis que le monde est monde, et qui ait apporté aux divers pays appelés à en tirer quelque fierté une part de gloire plus rayonnante ? *

Ce n'est assurément pas de l'esprit du bien que peuvent se réclamer les tendances prohibitionnistes qui se révèlent çà et là, de loin en loin, vacillent pendant quelques mois, puis font long feu. Nous ne saurions, en ce qui nous concerne, oublier ce mot d'Henry Chéron, l'ancien ministre renommé pour son entrain, sa belle santé, sa bonne humeur, ami de tous. « Quant à moi, disait- il, entre la face réjouie et florissante des buveurs de vin, et la mine patibulaire et renfrognée des entrepreneurs de campagnes de tempérance, mon choix est fait ». — Le nôtre aussi.

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On l'a souvent remarqué, il n'est pas de secteur de la produc- tion française où l'organisation professionnelle soit aussi poussée, que dans la branche viti-vinicole.

Sur le plan régional, des Conseils Interprofessionnels, à carac- tère paritaire, viennent un peu partout coiffer la hiérarchie locale des Syndicats et Fédérations du Commerce et de la Production.

L a Champagne en fut l'initiatrice. Bordeaux, le Roussillon, l'Anjou, la Bourgogne ont suivi. D'autres y viendront.

Sur le plan national, la Fédération des Associations viticoles de France, groupant tous les syndicats de producteurs, mène le plus utile des combats pour l'ensemble des vins de notre pays, tandis que la Confédération Nationale des Vins fins, émanation de Y Institut National des Appellations d'origine des Vins et Eaux- de-vie joue le même rôle pour la part la plus raffinée des produits de notre vignoble.

Côté négoce, l'ensemble des syndicats régionaux se trouve groupé au sein d'une Confédération Nationale des Industries et du Commerce des Vins, Cidres, Sirops, Spiritueux et liqueurs. Puis une Commission d'exportation rend les plus éminents services.

Enfin, sur le plan international, YOffice International du Vin groupe d'ores et déjà 21 nations, dont la plupart se retrouvent au sein de la Fédération internationale des industries et du Commerce en gros des Vins, Spiritueux et Liqueurs, nouvellement créée par un président dont i l convient de citer le nom, M . Jean Bourcier.

Il semble bien, en effet, qu'il s'agisse là d'une création capitale, étant donnés les buts vers lesquels la viticulture mondiale semble actuellement s'orienter, à commercer par la réalisation, à plus ou moins longue échéance, d'un vaste .marché libre international du V i n .

L'abaissement des barrières douanières, la diminution des droits de douane, autant d'objectifs s'ofîrant ici en première ligne.

Il conviendrait, aussi que le vin cessât d'être considéré par tant d'Etats comme un produit de luxe, et d'être frappé, à ce titre,

* d'autant de taxes que de droits excessifs.

Comment un produit de la terre, né de la simple fermentation du jus de raisin, peut-il faire l'objet de pareille, méprise, quelle que soit sa' qualité, voire son excellence ? Or nous croyons savoir qu'un important congrès d'ordre international doit se tenir à Ostende, l'été prochain, au cours duquel la question du V i n

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LES GRANDS VINS D E F R A N C E 285

« aliment essentiel » sera longuement traitée et mise au point.

Il serait à désirer enfin que vinssent à se résorber certaines tendances prohibitionnistes, demeurées latentes çà et là, notam- ment dans tel ou tel des Etats-Unis d'Amérique, cela se traduisant par un amas de formalités vexatoires et de tracasseries adminis- tratives.

* *

Nos grands vins qui, jusqu'au verre du consommateur, en passant par tous, les stades de la distribution, sont comptables du renom de la France, en matière d'appellations d'origine, exigent que celles-ci soient protégées dans les pays étrangers contre la fraude sous toutes ses formes.

Qu'on n'aille pas s'y méprendre, un Médoc, un Vouvray, un Chambertin n'intéresseront jamais le véritable œnophile, s'ils ne conservent, jusqu'à l'instant d'être servis, leur pleine origi- nalité, demeurés purs et sans mélange, portant en eux, suivant le mot de la grande Colette, toutes les saveurs de la terre qui les a vu naître.

Il faut donc nous réjouir, à voir notre législation française des appellations d'origine, fondée sur des données agronomiques si convaincantes, faire de plus en plus tache d'huile au delà de nos frontières. L a Belgique l'a adoptée déjà, dans son ensemble.

L'Italie, la Suisse, l'Allemagne, la Grèce, les pays Scandinaves et l'Afrique du sud, autant de pays définitivement orientés dans le même sens. Nous pourrions y ajouter la Hollande, si le mot Cognac ne continuait d'y faire figure d'appellation tombée dans le domaine public, ce qui est évidemment flatteur mais abusif, et ce à quoi tant d'autres pays ont définitivement renoncé.

Quant aux pays anglo-saxons et espagnols, y compris l'Amé- rique latine, tout est à faire encore de leur côté, pour atteindre à la pleine loyauté de l'univers, en matière de vins.

Un effort de cette nature est d'une nécessité d'autant plus impérieuse, que la France vient, après bien des tâtonnements, de mettre au point, puis de s'imposer, en ce qui la concerne, un

« contrôle des vins à l'exportation » qui, sans nulle brimade, et sans aucune des lenteurs paralysantes propres à toute mesure mal combinée, donnera aux négociants étrangers toute garantie

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sur la sincérité de nos vins, jusqu'à l'accès de leurs frontières.

Aux divers Etats d'en assurer la suite.

Mais ce n'est pas tout, car il est une autre discipline que la France vient d'instituer sur son marché, avec le « contrôle des vins chez le détaillant ». Il faut pourtant le dire, à peine créé, ce contrôle a provoqué des réactions de telle nature qu'un projet de loi tendant à l'abolir est déjà déposé devant le Parlement.

L a profession manquera-t-elle à ce point de vigilance, que puisse aboutir contre son gré pareil pas de clerc ?

*

*

*

Est-il besoin de souligner, pour conclure, l'importance que présente pour les caisses de l'Etat l'exportation de nos grands vins ? Elle s'est soldée en 1952 par le chiffre, fort imposant par lui-même, de 17 milliards 470 millions.

Mais l'essentiel n'est pas là. Il est dans le fait que, seule ou presque seule de toute la série, cette exportation procure au Trésor un bénéfice net, sans qu'il faille en déduire, comme dans le cas des textiles et de la métallurgie, les frais souvent massifs de ma- tières premières préalablement importées.

Voici, à cet égard, deux exemples particulièrement typiques.

Les Lainages et les Cotonnades s'inscrivent nettement avant le Vin, dans le palmarès apparent de nos exportations. Or voici, pour 1951, le bilan des opérations. Les Lainages ont certes exporté pour 50 milliards de marchandises, mais ils sont importateurs de matières premières à concurrence de cent dix. Les Cotonnades, de leur côté, ont exporté pour 19 milliards, contre cent d'impor- tations.

Tel n'est certes pas le cas de la Viticulture qui, elle, n'importe rien. Dix-sept milliards sont ici dix-sept milliards nets.

E n faut-il davantage pour justifier toute la peine qu'on prend à le servir, ce beau V i n de France, et pour qu'il figure à la place qui lui revient, parmi les préoccupations de l'Etat ?

M»» D E L U R - S A L U C E S ,

Président du Comité National de Propagande des Vins de France.

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