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Dynamique du sorgho de contre saison et potentialités des sols en zone de savane de l'Extrême-Nord du Cameroun

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Dynamique du sorgho de contre saison et potentialités

des sols en zone de savane de l’Extrême-Nord du

Cameroun

Eric Fotsing, Félix Mainam

To cite this version:

Eric Fotsing, Félix Mainam. Dynamique du sorgho de contre saison et potentialités des sols en zone

de savane de l’Extrême-Nord du Cameroun. 2003, 7 p. �hal-00128923�

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Jamin J.Y., Seiny Boukar L., Floret C. (éditeurs scientifiques), 2003. Savanes africaines : des espaces en mutation, des acteurs face à de nouveaux défis. Actes du colloque, mai 2002, Garoua, Cameroun. Prasac, N’Djamena, Tchad -Cirad, Montpellier, France.

Dynamique du sorgho de contre saison et

potentialités des sols en zone de savane

de l’Extrême-Nord du Cameroun

Eric FOTSING*, Félix MAINAM**

*CEDC, BP 410 Maroua, Cameroun

**IRAD, Maroua, Cameroun

Résumé —. Dans les plaines de l’Extrême-Nord du Cameroun, la culture du « Muskuwaari », sorgho

de contre saison connaît depuis les deux dernières décennies un engouement de plus en plus croissant des producteurs qui commencent à la pratiquer au-delà des terres traditionnelles sur vertisols adaptées à la culture. Toutefois, l’évolution de l’extension spatiale n’a pas encore été maîtrisée et les facteurs qui déterminent ce processus à l’échelle régionale sont complexes. Cette étude qui porte sur une zone de référence autour de la ville Maroua, vise d’abord à analyser les limites actuelles de cette extension et de fournir ensuite des éléments de compréhension de cette dynamique. Le croisement de la carte d’aptitude potentielle des sols avec celle des sites d’extension de la culture sous un SIG permet de se rendre compte qu’une importante partie, (soit 61 % en 1987 et 76 % en 1999) des meilleures terres ont déjà été défrichées principalement pour l’installation des champs de muskuwaari. L’interprétation des images satellites et les observations de terrain, confirment que le processus d’extension spatiale est en cours d’achèvement. Dans certaines zones, la forte demande en produits vivriers liée à la croissance démographique et les spéculations de plus en plus importantes effectuées par certains producteurs contribuent à une appropriation totale des meilleures terres et amènent certains à étendre la culture sur des sols reconnus peu propices. Il est évident que dans un avenir proche, l’extension des superficies ne sera plus une alternative. La voie d’intensification est souhaitable mais reste hypothétique, car nécessite un appui organisationnel et technique.

Abstract – Dynamic of dry season sorghum and soil potentialities in the savannah area of far north Cameroon. During the last two decades, Muskuwaari crop has played an increasing role in the

agricultural production system of the Northern Cameroon Savannahs. Currently, the crop has been extended beyond the clay soils that are traditionally used for its production. The spatial extent of this process is still unknown and its underlying factors remain complex. This study, carried out on a small and representative area around Maroua town, aimed at assessing the scope of this extension in order to provide some understanding of the process under consideration. By combining the soil suitability map with the crop extension map in a GIS software, we showed that a large proportion (76%) of the most suitable land have already been cleared for establishing mainly Muskuwaari farms. The interpretation of satellite images together with field observations confirmed that the process is near completion. In some areas, competition for land is driven by high demand in food which in turn is due to increasing population. Evidently, the Muskuwaari extension cannot continue indefinitely. Therefore, we suggest that the production of Muskuwaari should be land intensive.

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Introduction

Développée dans le royaume de Bornou (Nigeria), la culture du muskuwaari, sorgho de contre saison est introduite dans le Nord-Cameroun à partir de la fin du XIXe

siècle et son adoption est plus probablement attribuée aux populations d’éleveurs fulbés qui jugeaient cette culture beaucoup plus compatible avec leur activité pastorale que les autres cultures pluviales. Les principaux foyers de développement dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun sont les localités de Bogo et Petté dans le nord de la ville de Maroua (Seignobos et al., 2001). Elle s’est ensuite progressivement étendue à presque toute la région à cause de son importance et de son rôle régulateur dans le système de production de la zone.

L’extension récente et l’intérêt croissant des producteurs pour cette culture est le résultat combiné de plusieurs facteurs biophysiques, agronomiques et socio-économiques. En particulier, la place que le muskuwaari occupe dans le calendrier agricole des communautés rurales des zones de savane de l’Extrême-Nord du Cameroun fait d’elle une culture qui joue un rôle important pour la sécurité alimentaire dans la région. Les risques liés à la production encouragent la spéculation des grands producteurs ou des acheteurs qui constituent des stocks en période de relative abondance pour les revendre plus cher à des périodes de soudure. Le muskuwaari est sans aucun doute une composante essentielle de l’agrosystème des plaines du Diamaré, de Kaélé et de Mora où la culture se pratique principalement. Toutefois, les pratiques culturales actuelles caractérisées par les défrichements systématiques avant la mise en culture et la quasi-inexistence des jachères (10 à 15 ans en culture continue) ont des répercutions inévitables sur la gestion durable des espaces agropastoraux et en particulier des ressources ligneuses.

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Dans ce contexte, une meilleure connaissance de son extension spatiale, des facteurs déterminant cette extension, ainsi que les conséquences de leur évolution dans le temps et l’espace sont des préoccupations majeures (Fotsing, 2001).

Avec les nombreux défrichements observés et la recherche croissante des paysans pour des nouvelles terres de muskuwaari, on peut se demander si l’on est déjà parvenu à une limite dans l’extension spatiale des muskuwaaris ? Si non, quel est l’état actuel du processus, comment s’expriment les dynamiques spatiales de cette culture, quels sont les principaux déterminants et quelles sont les conséquences pour la gestion durable des espaces agraires et pastoraux ? Cette étude menée à l’échelle d’une zone de référence autour de la ville de Maroua visait à répondre à ces questions en s’appuyant sur l’hypothèse de la très forte corrélation entre l’extension de la culture du muskwaari et les potentialités des sols.

Source des données et protocole de cartographie

La carte de base utilisée est celle des types de sol (Brabant et Gavaud, 1985). Les unités cartographiques des types de sols sont numérisées et superposées avec la carte des sites de culture détectés sur les images. On peut émettre des hypothèses sur des zones où la culture s’étend sur des sols spécifiques. Les observations récentes de terrain sur ces zones et les connaissances paysannes sur leurs potentialités pour la culture du muskuwaari permettent ensuite de regrouper les unités de types de sol en classe d’aptitudes sur la base des propriétés physiques du sol suivantes : largeur et profondeur des fentes, type et taux d’argile, structure et aridité du sol.

Un jeu de deux images satellites SPOT de saison sèche prises respectivement en janvier 1987 et février 1999 est utilisé pour cartographier les aires de culture et leur extension. Les sites d’extension de la culture sont identifiables sur les images par une texture composée de celle des sites où la culture est en pleine croissance en saison sèche et de celle des vertisols (sols argileux noirs qui subissent le passage des feux avant la mise en culture. Les feux réalisés dans les brousses (savanes boisées) voisines pour évacuer les oiseaux granivores lorsque la culture arrive en épiaison définissent également des structures remarquables sur les images satellites.

Résultats

Aptitude des sols à la culture du Muskuwaari

La culture du Muskuwaari exige traditionnellement des conditions favorables bien spécifiques du milieu physique où elle est pratiquée. Les paysages concernés préférentiellement sont des plaines argileuses constituées des steppes à épineux et des prairies périodiquement inondées dont la strate arborée est dominée par Acacia seyal (Letouzey, 1985). La culture présente de fortes exigences en eau et les sols recommandés sont des vertisols. Ces sols sont argileux, présentent des fentes de retrait et collent en saison de pluies. Les vertisols étaient utilisés par le passé pour la culture du coton pérenne ou le riz en association avec le Muskuwaari, mais, ils sont aujourd’hui presque exclusivement réservés à la culture du Muskuwaari (Seignobos, 1998).

Les meilleures terres (très bonne et bonne aptitude) pour la culture du Muskuwaari sont constituées des vertisols modaux ou faiblement associés ne nécessitant en général pas d’aménagement spécifique. Ceux-ci occupent 34 % de la superfiCeux-cie de la zone d’étude. Les sols d’assez bonne aptitude représentent 5 % des sols de la zone. Ces sols nécessitent soit un drainage de l’excès d’eau qui peut être néfaste à la plante ou alors, un repiquage tardif dans le cas où on attend le retrait des eaux. Les sols d’aptitude passable (24 %) sont utilisés en cas de manque des meilleures terres. Leur utilisation exige le plus souvent des aménagements de diguettes pour retenir l’eau dont la plante aura besoin. Les sols de faible aptitude sont utilisés pour une grande variété de culture. Dans certaines régions, ces sols sont utilisés pour le sorgho pluvial et le sorgho de contre saison au cours de la même année.

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Tableau I. Description des caractéristiques des classes d’aptitudes de sol à la culture du muskuwaari.

Classes d’aptitude

Types de sols Caractéristiques 1 Très

Bonne

Vertisols modaux des plaines argileuses

Larges fentes > 4 cm, au moins 100 cm en profondeur, structure prismatique grossière, taux d’argile > 35% de type

montmorillonite 2 Bonne Association de vertisols à

pédoclimat sec, sols argileux à faciès vertiques

Fentes moyennes entre 3 et 4 cm, entre 80 et 100 cm en profondeur, structure prismatique moyenne, taux d’argile entre 25 et 35% de type montmorillonite

3 Assez Bonne

Planosols à caractère vertique(hydromorphes)

Petites fentes entre 2 et 3 cm, profondeur < 50 cm, structure prismatique à columnaire moyenne à fine, taux d’argile entre 25 et 35 %, présence de sodium

4 Passable Association de planosols lessivés, fersiallitiques, verstisols à pédoclimat sec

fentes très petites (1-2cm), profondeur < 50 cm, structure polyédrique, taux d’argile entre 20 et 25 %, présence de sodium 5 Faible Sols d’apport alluvial à texture fine Structure massive, rares fentes, taux d’argile < 20%

6 Non Apte

Sols ferrugineux, sableux rouges ou jaunes, régosoliques de montagne

Structure massive, taux d’argile < 20%

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Les meilleures terres (très bonne et bonne aptitude) pour la culture du muskuwaari sont constituées des vertisols modaux ou faiblement associés ne nécessitant en général pas d’aménagement spécifique. Ceux-ci occupent 34 % de la superfiCeux-cie de la zone d’étude. Les sols d’assez bonne aptitude représentent 5 % des sols de la zone. Ces sols nécessitent soit un drainage de l’excès d’eau qui peut être néfaste à la plante, ou alors un repiquage tardif dans le cas où on attend le retrait des eaux. Les sols d’aptitude passable (24 %) sont utilisés en cas de manque des meilleures terres. Leur utilisation exige le plus souvent des aménagements de diguettes pour retenir l’eau dont la plante aura besoin. Les sols de faible aptitude sont utilisés pour une grande variété de culture. Dans certaines régions, ces sols sont utilisés pour le sorgho pluvial et le sorgho de contre saison au cours de la même année.

Figure 3. Répartition des superficies des sols en fonction de leur aptitude à la culture du muskuwaari.

Dynamiques spatiales de la culture du Muskuwaari entre 1987 et 1999

L’extension spatiale de la culture du muskwaari a connu une très forte évolution autour de la région de Maroua et cela traduit la place qui lui est accordée par les producteurs. Deux principales conversions de l’occupation du sol, liées à la culture du muskuwaari sont observées. Les installations de champs à la suite des défrichements des brousses sur les meilleures terres (vertisols modaux) et la récupération des terres marginales (hardé) parfois sur des sols en topographie d’altitude où les réseaux de diguettes sont installés par les paysans afin de faciliter l’infiltration et la rétention des eaux nécessaires à la culture.

Le croisement des cartes d’extension de la culture et d’aptitude des terres sous un SIG permet de se rendre compte qu’une importante partie, (soit 61 % en 1987 et 76 % en 1999) des meilleures terres qui représentent 34 % de la superficie de la zone d’étude ont déjà été défrichées principalement pour l’installation des champs de muskuwaari. La localisation géographique des zones d’extension sur les meilleures terres dans la partie sud de Maroua, suggère une hypothèse de corrélation avec les zones d’approvisionnement en bois de feu qui font l’objet d’important défrichement et exploités ensuite pour l’agriculture de contre saison. L’analyse visuelle des images satellites de 1990 et 1995 sur certains de ces sites montre que ces terres étaient encore en friches. Les observations de terrain (coupe systématique pour la création de nouveaux champs) confirment que le processus est en cours mais atteint déjà ses limites.

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Cette analyse croisée montre que dans certaines zones bien identifiées, la forte demande en produits vivriers liée à la croissance démographique et les spéculations de plus en plus importantes effectuées par certains producteurs venant de la ville contribuent à une appropriation totale des meilleures terres et amènent certains à étendre la culture sur des sols reconnus peu propices ou marginales. Les principaux sites d’extension sur les terres marginales sont principalement localisés dans la zone des piedmonts où d’importantes superficies sont mises en culture sur des terres de faible aptitude. Dans la plaine du Diamaré, certains vertisols qui ont atteint un stade avancé de dégradation (hardé) sont toujours utilisés pour la culture avec la pratique des aménagements en diguettes.

Conclusion

Il ressort de cette étude qu’en 1999, un peu plus de 76 % des meilleures terres de muskuwaari de la zone de référence étaient déjà défrichées. Le contexte régional actuel caractérisé par une rapide augmentation de la population porte à croire que l’intérêt pour la culture du muskuwaari sera de plus en plus croissant et on assistera à une forte demande de la population locale et urbaine.

Afin de faire face à cette demande, on a d’abord assisté à l’extension des champs sur des sols favorables à la culture. Les données montrent que cette forme de conversion qui est en place depuis près de deux décennies dans la zone des savanes de l’Extrême-Nord du Cameroun est en cours d’achèvement. On assiste de plus en plus à des extensions de la culture sur des sols de faible aptitude grâce à des aménagements en diguettes. Cette pratique est observée au niveau de plusieurs territoires villageois de la plaine du Diamaré est en cours d’adoption dans les plaines de Kaélé. Cette forme de conversion reste très marginale. Il est évident que dans un avenir proche, l’extension des superficies ne sera plus une alternative. La voie d’intensification est souhaitable mais reste hypothétique dans un avenir proche, car elle est conditionnée par un appui technique et organisationnel conséquent.

Remerciements

Ce travail a été effectué dans le cadre de l’opération de recherche PRASAC sur le peuplement de l’espace et ses conséquences. Les cartes ont été réalisées avec l’assistance des Informaticiens YONTA Carlyn et KOUAM Guy du CEDC à qui nous adressons nos remerciements.

Bibliographie

BRABANT P., GAVAUD M., 1985. Les sols et les ressources en terres du Nord Cameroun. Notices et Cartes, ORSTOM, 285 p.

FOTSING E., 2001. Dynamique des paysages agraires des plaines du Diamaré et de Kaélé dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Rapport d’avancement de thèse. CEDC, Université de Dschang-Université de Leiden.

SEIGNOBOS C., MANDJEK I.O., 2000. Atlas de la province de l’Extrême-Nord Cameroun. IRD-MINREST-INC, 171 p.

Figure

Figure 1. Localisation de la zone d’étude.
Tableau I. Description des caractéristiques des classes d’aptitudes de sol à la culture du muskuwaari.
Figure 3. Répartition des superficies des sols en fonction de leur aptitude à la culture du muskuwaari.

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