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Troubles obsessionnels compulsifs : «nouvelle maladie» ?

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Academic year: 2022

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avons évalué l’utilisation de ce site selon les filières scolaires, voies de préparation à l’uni- versité (VSB), aux écoles professionnelles (VSG) ou aux apprentissages (VSO).a Etant donné le peu de temps imparti pour réaliser cette recher che, une stratégie d’échantillon- nage basée sur toutes les écoles n’était pas possible et le questionnaire n’a pas pu être prétesté.

résultats

Nous avons rencontré 157 adolescents (92 filles, 65 garçons, âge moyen de 14,2 ans) dans des lieux publics à Lausanne, 42 aux collèges de l’Elysée et des Bergières.

L’utilisation de Facebook est rapportée par 82,2% des élèves (82,6% chez les filles et 81,4% chez les garçons). Le temps moyen d’utilisation est de 101 minutes par jour avec une médiane de 60 minutes par jour (mé- diane de 90 min/jour chez les filles et 60 min/jour chez les garçons). Le temps mé- dian d’utilisation était différent en fonction des filières des étudiants : 60 min/jour pour les étudiants de la filière préuniversitaire,

75 min/jour pour les étudiants de la filière écoles professionnelles et 120 min/jour pour les étudiants en filière préapprentissage. Le temps médian passé par les adolescents sur Facebook est de 71 min/jour si l’ordinateur se trouve dans une pièce commune et de 115 min/jour s’il se trouve dans leur cham bre.

conclusion

Une large majorité des adolescents utili- sent Facebook et l’utilisation quotidienne de ce site occupe une part importante de leur temps. D’autres études devraient examiner quelles sont les activités sacrifiées par l’uti- lisation de ce site et, plus généralement, d’internet. Cette forte utilisation de Facebook par les adolescents suggère que les ré- seaux sociaux devraient être pris en compte par les professionnels de la santé et les autres acteurs en contact avec les adoles- cents (inclus leur famille). Plus généralement, il faut s’interroger sur l’impact de Facebook sur la santé des adolescents mais aussi sur l’utilisation de ces réseaux comme moyens et véhicules de promotion de santé. Les données présentées reflètent l’opinion d’un petit groupe de jeunes ; elles devraient être vérifiées dans un collectif plus large pour

s’assurer qu’elles correspondent à la réalité pour l’ensemble des jeunes de notre région.

720 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 30 mars 2011 a VSB : voie supérieure baccalauréat ; VSG : voie supérieure

générale ; VSO : voie supérieure option.

Remerciements

Nous remercions les Prs P. Bovet et J.-B. Daeppen, nos tuteurs. Nous remercions aussi le Pr P.-A.

Michaud, le Dr P. Stephan, l’ONG Action innocence, Mme S. Booth ainsi que les collèges de l’Elysée et des Bergières pour leur aide précieuse.

Bibliographie

• Michaud PA, Bélanger R. Les adolescents, internet et les nouvelles technologies : un nouveau pays des merveilles ? Rev Med Suisse 2010;6:1320-5.

Moreno MA, Vanderstoep A, Parks MR, et al. Re- ducing at-risk adolescents’ display of risk behavior on a social networking web site : A randomized control- led pilot intervention trial. Arch Pediatr Adolesc Med 2009;163:35-41.

Orr ES, Sisic M, Ross C, et al. The influence of shyness on the use of Facebook in an undergraduate sample. Cyberpsychol Behav 2009;12:337-40.

Valkenburg PM, Peter J. Online communication and adolescent well-being : Testing the stimulation versus the displacement hypothesis. J Computer-Mediated Communication 2007 ; 12, article 2. http://jcmc.indiana.

edu/vol12/issue4/valkenburg.html

Wilson K, Fornasier S, White KM. Psychological predictors of young adults’ use of social networking sites. Cyberpsychol Behav Soc Netw 2010;13:173-7.

Ybarra ML, Mitchell KJ. How risky are social networking sites ? A comparison of places online where youth sexual solicitation and harassment oc- curs. Pediatrics 2008;121:e350-7.

Troubles obsessionnels compulsifs : «nouvelle maladie» ?

Emily Berthet, Quentin Guélat, Anne Pelet, Nathalie Rochat et Caroline Schnider

problématique et objectif En 1980, s’inscrit dans le Diagnostic and statistical manual III (DSM III) une nouvelle entité : le trouble obsessionnel compulsif (TOC). Au vu de sa prévalence actuelle (es- timée à 2%), de l’augmentation des coûts liés à l’invalidité, de l’intérêt des médias, de l’industrie pharmaceutique et de la popula- tion pour ce sujet, il paraît pertinent de cher- cher comment ces différents acteurs ont in- fluencé la définition de la maladie. De ce fait, nous nous posons les questions sui- vantes : est-ce une nouvelle maladie, une redéfinition d’une entité préexistante ou une construction arbitraire sous l’influence de divers enjeux ?

Notre projet vise donc à réaliser une étude qualitative sur l’émergence d’une ma- ladie dans la société. Sur la base d’une recherche de littérature et de plusieurs en- tretiens semi-structurés, nous cherchons à identifier les différents protagonistes impli-

qués dans ce processus en nous appuyant sur l’exemple des TOC. Nous avons ainsi rencontré, un historien, un anthropologue et l’association AETOC pour la dimension socioculturelle. Des psychiatres, un géné- raliste, une psychologue pour les aspects cliniques et thérapeutiques. Le médecin- conseil de l’assurance invalidité (AI), de la VISANA et un délégué médical Pfizer pour le lien économique.

une histoire d

obsession Historiquement, la notion d’obsession date du XIXe siècle, depuis la naissance de la psychiatrie. Le TOC résulte de la fragmen- tation de la névrose obsessionnelle en dif- férentes entités sur une base d’observations symptomatiques athéoriques. En effet, la notion de «troubles psychonévrotiques» dans le DSM I est passée à la notion de «troubles anxieux et TOC» dans le DSM III.

sociopathie

?

D’un point de vue anthropologique, les facteurs socioculturels, notamment la reli- gion et les rites sociaux peuvent influencer le développement de TOC. Par ailleurs, la société actuelle conduit à une individualisa- tion du sujet, le soumettant à de nombreu- ses pressions, comme notamment la sur- responsabilisation, pouvant participer au développement de psychopathologies. Ce- la étant, ce ne sont que des hypothèses. Il semblerait que les TOC existent tout de même depuis de nombreuses années et résulteraient aussi d’une interprétation sub- jective des rites (par exemple la vision occi- dentale de rites propres à une tribu).

rôle de lamédecine

Une définition claire dans le DSM est utile au médecin malgré les critiques concer- nant la perte d’influence des modèles psy-

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chodynamiques. Cependant, le TOC semble être une maladie sous-diagnostiquée en raison du manque de formation des méde- cins dans son investigation et du silence des patients. Par contre, l’existence d’une thérapeutique pousse à poser le diagnos- tic. La prise en charge thérapeutique re- pose essentiellement sur la thérapie cogni- tivo-comportementale (TCC) et les SSRI (Selective serotonin reuptake inhibitors). L’indication pharmacologique vient de l’ob- servation d’une baisse de la symptomatolo- gie TOC lors du traitement de dépression associée. Par ailleurs, le TOC est reconnu par les assurances et l’AI comme une mala- die et donc son traitement est pris en charge.

Une recherche étiologique neurobiologi- que est tout de même existante, semblant identifier divers mécanismes impliqués dans le TOC.

déstigmatisation

La médiatisation grandissante des mala- dies psychiatriques et les associations de patients permettent la déstigmatisation et la reconnaissance de la maladie. Les patients consultent plus facilement et peuvent être diagnostiqués plus précocement. A contra- rio, le risque est que le patient se définisse par sa maladie et reste figé dans son statut.

diseasemongering et conclusion

Le disease mongering correspond à la création d’un état de mal-être qui n’était jusque-là pas considéré comme une mala- die. Il existe plusieurs stratégies :

• Quantitative : baisse des paramètres dé- finissant le pathologique (HTA, cholestérol) ;

• Qualitative : conditions humaines quali- fiées à tort comme des maladies (timidité, impuissance).

Cette création artificielle de la demande ne semble pas intervenir dans la construc- tion socioéconomique du TOC. Malgré la tentative des firmes pharmaceutiques d’élar- gir les connaissances de leur public médi- cal par un plan marketing, ce que l’on peut qualifier de selling sickness, le marché éco- nomique reste encore restreint.

Au vu des informations obtenues lors de la réalisation de notre étude, le TOC semble correspondre à la définition d’une entité dé- jà existante. Malgré cela, le poids potentiel des déterminants sociaux, comme l’écono- mie, les réseaux de soins et le vécu socio- culturel, reste important dans l’émergence d’une pathologie. Ainsi, il est pertinent d’étu- dier l’influence des différents acteurs pour avoir un avis critique dans la pratique cli- nique et prendre conscience de leur inter- dépendance afin d’améliorer la pratique mé-

dicale. Le médecin doit avoir connaissance de ces influences pour répondre au prin- cipe de non-malfaisance.

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Remerciements

Nous tenons à remercier notre tuteur le Dr D.

Widmer, les Drs E. Chalet, M. Saraga, L. Michel, T. Bischoff, A. Vincent et A. Crittin, les Prs F. Paccaud, I. Rossi et V. Barras, Mmes E. Frésard et I. Moncada ainsi que l’Association AETOC et M. J.-J. Marmier.

Bibliographie

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• Domenighetti G. D’Hippocrate à Knock. AGEFI MAGAZINE, BIOTECH, 29 mars 2010.

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• Kutchins H. Making us crazy : DSM the psychiatric bible and the creation of mental disorders. Londres : ed. Constable, 1999.

• Moynihan R, Heath I, Henry D. Selling sickness : The pharmaceutical industry and disease mongering.

BMJ 2002;324:886.

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Références

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