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L'architecture immobile des intérieurs: destruction, conservation, restauration?

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L'architecture immobile des intérieurs: destruction, conservation, restauration?

EL-WAKIL, Leïla

Abstract

La communication questionne le statut patrimonial des intérieurs et de leurs décors à travers les âges et particulièrement à notre époque. Il donne à réfléchir sur les opérations que sont l'empaillage et le façadisme et conclut sur l'importance de considérer l'architecture comme une entité constituée de ses façades et de ses intérieurs.

EL-WAKIL, Leïla. L'architecture immobile des intérieurs: destruction, conservation, restauration?

In: Université Libre de Bruxelles. Conservation Restauration Technologie. Bruxelles : 1994.

p. 21-31

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:106314

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L'INTERIEUR IMMOBILE?

DESTRUCTION, CONSERVATION, RESTAURATION par

Leïla EL-WAKIL

La notion d'intérieur est difficile à cerner. Nous avions déjà tenté de le faire lors du colloque de Bâle consacré à l'histoire de la restauration (1991) auquel nous nous permettons de renvoyer le lecteur, pour ne pas alourdir la présente contribution1 • Le sujet

continue de retenir notre attention dans le cadre d'une recherche ~lus générale relative au patrimoine

monumental . La problématique liée à la destruction, la conservation ou la restauration des intérieurs gagne à être éclairée d'une brève réflexion sur la nature composite des intérieurs, sur leur statut, sur leur rapport au phénomène de mode que nous vous livrons ici à l'état d'esquisse.

1 ) MEUBLE ET IMMEUBLE

Objet aux contours imprécis, l'intérieur se situe au carrefour de plusieurs disciplines: architecture, peinture artistique et peinture décorative, stucs, papiers peints, art de 1& tapisserie et du tissu, sculpture, menuiserie et ébénisterie, design,

éclairagisme, etc. Intervenir sur l'une des composantes de l'intérieur équivaut parfois à en modifier

profondément le caractère.

De même que l'intérieur résulte d'éléments palpables et d'éléments impalpables (lumière,

éclairage), i l est le produit d'éléments mobiles et d'éléments immobiles; ce rapport entre le meuble et l'immeuble varie dans le temps. Ainsi par exemple,

jusqu'à la création de Versailles, la cour de France se déplace-t-elle de château en château emmenant avec elle dans sa transhumance les éléments de son cadre de vie:

les lits à baldaquins se démontent, les tapisseries se roulent et s'accrochent de murs en murs. Ce décor-là, attaché aux fastes royaux, est mobile et indépendant de l'architecture. Il trouve facilement place dans les espaces dessinés par les architectes. Les tentures

1 Leila EL-WAKIL, Les intérieurs entre destruction ét restauration, ds. Histoire de la Restauration en Europe, vol II, Bâle, 1992, p. 155. Nous renvoyons en outre le lecteur intéressé à l'ouvrage devenu classique de Mario PRAZ, L'ameublement. Psychologie et évolution de la décoration intérieure, Paris, 1964, ainsi qu'aux Actes du colloque de Saintes, Entretiens du Patrimoine, Meubles et Immeubles, Paris, 1993.

2 Le patrimoine monumental entre rénovation et destruction. En marge d'une histoire de la restauration, Subsides de recherche ATHENA Nos 1217-032346 et 1217-040727, octroyés par le Fonds national de la recherche scientifique helvétique.

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ornent indifféremment les murs de Chambord ou d'Amboise, rendant les intérieurs quasiment interchangeables 3 •

La sédentarisation relative du décor et du

mobilier royal daterait de Louis XIV. Si les lambris ont alors remplacé les tentures, i l n'en demeure pas moins, comme le souligne l'ébéniste français Jacques André Roubo 4 , qu'une distinction subsiste entre

mobilier dormant et mobilier courant: i l apparaît ainsi que les fauteuils meublants, placés le long des murs, finissent parfois par appartenir intrinsèquement aux lambris, tandis que les fauteuils cabriolets ou

courants restent déplaçables 5 . -

2 ) STATUT ET HIERARCHIE

Le destin des oeuvres est tributaire de bien des facteurs au nombre desquels leur statut, leur réception et leur reconnaissance. Le vie des intérieurs, souvent brève par le passé, pose avec acuité la question de leur rang dans la hiérarchie artistique. De toute évidence, et à l'exception de la peinture murale artistique, le décor intérieur ne bénéficie pendant longtemps pas, tant dans l'esprit des architectes que des commanditaires, d'une grande reconnaissance 6 .

L'enquête historique montre qu'il s'agit dans bien des cas d'un genre en marge, d'un petit genre subordonné à l'architecture.

Sous l'Ancien Régime l'art du décorateur est peu considéré; le peintre-décorateur travaille vite, pour satisfaire au goût changeant de son commanditaire et en employant souvent des matières fragiles. Ephémère par nature, sa production ne mérite pas les égards que l'on réserve aux oeuvres qui se mesurent à l'éternité. Le décorateur est donc en règle générale exclu de la famille des artistes. Au XIXe siècle, soucieux de revaloriser leur pratique, certains décorateurs

affichent une nouvelle raison sociale: ils font figurer

3 Cf. Monique CHATENET, Le château vide, ds. Entretiens du patrimoine, Meubles et

immeubles, Actes du colloque de l'Abbaye aux Dames de Saintes, novembre 1992, Paris, 1993, pp. 152-157.

4 intitulé L'art du menuisier, Paris, 1769-1775. cf aussi L'art du menuisier en bâtimens et en meubles extrait, en partie, de l'ouvrage de ROUBO et orné de nouvelles figures

représentant les ordres et ornemens d'architecture. ainsi que des Meubles et des Décorations de boiseries, avec les détails de leur construction, Paris, 1823, 2e ed.

5 Jean-Pierre BABELON, Lorsque le château était plein, ds. Entretiens du patrimoine.

Meubles et immeubles, Actes du colloque de l'Abbaye aux Dames de Saintes, novembre 1992, Paris, 1993, pp. 158-165, notamment p. 161.

6 L'étude des décors de théâtre illustre à travers ses réfections constantes ce peu de cas fait de la peinture décorative. cf. Leila EL-WAKIL, Des Muses aux anges, les décors du théâtre de la Chaux-de-Fonds, à paraître dans •télanges •taree! Grandjean, Lausanne, 1995.

.1

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sur leur tampon ou leur~papier à en-tête leur qualité artistique7.

Au XVIe siècle les architectes s'intéressent encore peu au traitement des intérieurs. En Italie la création architecturale réside prioritairement dans l'invention des façades, la création et la distribution convenable des espaces, le découpage parfois compliqué des pièces et jusqu'à l'étude de leur plafonnement ou de leur voûtement. Le bâtiment est ensuite livré aux décorateurs que sont les peintres, les sculpteurs et les stucateurs: le décor est alors affaire d'artisan ou, dans le meilleur des cas, d'artiste.

Ainsi Palladio dans ses Quattro Libri

dell'architetturaB se félicite~t-il que ses riches commanditaires aient eu les moyens et le bon goût de faire décorer leur maison à la fresque par de

remarquables artisans, voire d'excellents artistes comme Véronèse à la villa Maser9 • Il prend la peine de mentionner quelques noms dans son traité. C'est, par exemple, Giallo Fiorentino qui peint d'admirables grotesques chez Francesco Badoer à Frata1 0; c'est

Battista Franco qui orne la grande salle de la maison à Mira Gambararell.

En France la situation diffère sensiblement et tant Jacques Androuet du Cerceau que Philibert de l'Orme portent dans leurs traités une attention nouvelle aux intérieurs,,notamment à la manière de disposer le mobilier, préfigurant "un art de se loger à

la française.n12 Influencé par la France, Sebastiano Serlio consacre dans Tutte l'opere d'architettura1 3

(1584) quelques passages à l'étude des cheminées14 , des

7 C'est le cas du piémontais Joseph Ferrero, l'un des meilleurs décorateurs actifs à Genève au temps de l'Exposition Nationale de 1896, qui s'intitule "artiste-peintre-décorateur".

8 Particulièrement dans le livre II sur les maisons particulières, où il fait état de ses principales réalisations de villas.

9 Palladio ne cite toutefois pas Véronèse qui intervient à la villa Maser en 1561.

10 "a questa altezza è il pavimento delle stanze, le quali tutte sono in solaro a sono state ornate di grottesche di bellissima invenzione dal Gallo fiorentino." ds. livre II, Chap. XIV, 19 r, De disegni delle case di villa di alcuni nobili venetiani, ds. Andrea Palladio Scritti sull'architettura (1554-1579) a cura di Lionello PUPPI, Vicenza, 1988, p.

93.

11 ••• "la sala, la.quale è stata ornata di eccellentissime pitture da messer Battista veneziano. Messer Battista Franco, grandissimo disegnatore a nostri tempi, avea ancor lui dato principio a dipingere une delle stanze grandi ma, sporavenuto dalla morte, ha lasciata l1opera imperfetta." Ibid.

12 CHATENET, Ibid., p. 154.

13 Tutte 1 'opere d' architettura di Sebastiano Serlio Bolognese da IL Gio Domenico Scamozzi, Venise, 1584. Livre IV, chap. X, Quanto mi e paruto essere di bisogno ho trattato de gli ornamenti d'ogni maniera du edificio circa le pietre.

14 Livre IV, Regole generali d'architettura di Sebastiano Serlio bolognese sopra le cinque maniere degli edifici cioe toscano, dorico, ionico. corinthio & composito. Pour cet élément de mobilier architectural, véritablement attaché à l'architecture des pièces, il propose

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portes en bois et en bronze 15 , des plafonds de bois 16 , des alcôves17 et s'attarde plus longuement sur les ornements en peinture18 . Il met alors le doigt sur la concurrence entre les arts en relevant le rapport conflictuel qui peut exister entre architecture et décoration19 . Ceci ne l'empêche pas de vanter les mérites des chefs-d'oeuvres que sont le Triomphe de César peint par Andrea Mantegna pour Frédéric de

Gonzague, ainsi que la Salle des colonnes de Baldassare Peruzzi à la Farnesina pour Agostino Chigi.

On attribue généralement aux architectes de Napoléon 1er, Charles Percier et Pierre-François- Léonard Fontaine, auteurs du célèbre Recueil de

décorations intérieures 20 l'invention de la décoration intérieure. C'est faire peu de cas de leurs

prédécesseurs anglais ou français, que ce soient les frères Adam 21 ou Jacques-François Blondel 22 . Dans son traité de menuiserie, Roubo rappelle déjà que

l'architecte est censé maîtriser son projet jusque dans le plus petit détail de la décoration intérieure 23 •

Sur la voie ouverte par les architectes du XVIIIe siècle, Percier et Fontaine résument en quelques

une série de modèles de son invention dans les différents ordres. On retrouve jusque chez William Chambers, A treatise on the decorative part of civil architecture, (1791), cet intérêt de l'architecte pour le traitement de la cheminée et aussi du plafond.

15 Delle porte di legno overo di bronzo, Livre IV, chap. X, prodiguant des exemples de panneautages, de ferrures et de décorations.

16 De i cieli piani di legname & de gli ornamenti, Livre IV, chap. XII.

17 Monique CHATENET, Ibid., p. 154 et 157, alcôve inventée en France et dont il est dit qu'"elle associe étroitement l'immeuble au meuble."

18 De gli ornamenti della pittura fuori & dentro de gli edificij, Livre IV, chap. XI.

19 Ce sont principalement les trompe-l'oeil en façade qui sont en cause.

20 Recueil de décorations intérieures comprenant tout ce gyi a rapport à l'ameublement composé par Charles Percier et P.F.-L. J'ontaine, exécuté sur leurs dessins, Paris, 1812.

21 Robert et James ADAM, The works in architecture of Robert and James Adam, Londres, 1773.

22 Dans la Décoration des édifices et de la distribution des maisons de plaisance, Paris, 1737-1738, il consacre une seconde partie à la décoration intérieure et donne une série d'exemples illustrés de gravures et assorties de commentaires circonstanciés. Dans sa dissertation intitulée, De l'utilité de joindre à l'étude de l'architecture celle des sciences et des arts gui lui sont relatifs (1754 et 1771, repr. Minkoff, 1973), il insiste sur le fait que l'architecte doit avoir, jusque dans le moindre détail, la maîtrise entière du projet: "··· c'est alors que l'on conçoit que l'Architecte a présidé partout; que partout il a su soumettre les Beaux-Arts à son génie & que tous se sont venus ranger sous ses lois avec d'autant plus de prudence qu'ils ont acquis séparément un nouvel éclat dont ils auraient été privés, s'ils eussent été isolés & dépouillés des secours mutuels qu'ils se prêtent les uns aux autres, lorsqu'ils se trouvent réunis par un habile Maître."

23 Op. cit., Seconde partie, p. 153: "Il est très certain que les Architectes &

généralement tous ceux qui président à la distribution & à la décoration d'un Bâtiment ne sauroient faire trop d'attention pour prévenir toutes les difficultés qui se rencontrent dans la décoration des dedans & qu'ils ne doivent pas négliger d'entrer dans le détail le plus exact, le plus circonstancié possible de toutes les parties de la décoration

intérieure, avant même de commencer à fonder un bâtiment."

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formules percutantes le rapport intime entre

l'architecture, la décoration24 et l'ameublement 25 ; ils dénoncent de même les absurdités et les contre-sens résultant d'une absence de coordination 26 . Ils marquent par là la volonté claire des architectes de

s'approprier enfin le territoire désormais convoité de la décoration intérieure. Ils seront nombreux à marcher sur leurs traces, de William Morris à Red House (1860) aux artisans du Bauhaus et au-delà.

3 ) INTERIEUR ET MODE

Bien davantage que l'extérieur d'un bâtiment, son intérieur est soumis au caprice de la mode et du goût.

Châteaux et palais nous imposent souvent une anthologie historique et stylistique, chaque génération ayant

successivement sacrifié au goût du temps.

L'intérieur semble régi par les mêmes exigences de mode que le vêtement. Ecclésiastique recyclé dans

l'édition du fait de la Révolution, Pierre de la

Mésangère (1761-1831) 27 l'a compris qui crée en 1797 le Journal des dames et des modes. Il y répand jusque vers 1830 le goût de son temps, tant en matière

d'habillement féminin que de décoration intérieure. Cet organe rencontre un grand succès public, même si l'art de ce Percier de pacotille est taxé par les

spécialistes de débauche tapissière!28

Sur un ton quelque peu désabusé, Percier et Fontaine, relèvent avec pertinence le caractère

éphémère du décor29: "La décoration et l'ameublement deviennent aux maisons ce que les habits sont aux personnes: tout en ce genre vieillit aussi et dans un petit nombre d'années passe pour être suranné et

ridicule. Les arts industriels qui concourent avec l'architecture à l'embellissement des édifices

reçoivent de l'esprit de la mode la même impulsion, et

24 "La construction est dans les édifices ce que l'ossature est au corps humain. On doit l'embellir sans la masquer entièrement( ••. ) La construction et la décoration sont dans un rapport intime; et si elles cessent de le paraître, il y a un vice de l'ensemble.",~

cit., p. 15.

25 "L'ameublement se lie de trop près à la décoration des intérieurs, pour que l'architecte puisse y être indifférent.", Ibid.

26 "L'esprit de la décoration, séparé de celui de la construction et opérant sans concert avec lui, se fera un jeu de toutes les sortes d'absurdités et de contre-sens; non seulement il pervertira les formes essentielles de l'édifice, mais il les fera disparaître. Des glaces indiscrètement posées, des tapisseries maladroitement attachées, produiront des vides là où il faudrait des pleins, et des pleins où il faudrait des vides.", Ibid.

27 Le décorateur qui règne sur l'Empire, ds. Connaissance des Arts, oct. 1960.

28 A la fin du XIXe siècle, d'aucuns protestent "contre le capitonnage voluptueux et l'aimable chiffonage de l'ameublement contemporain; art de modiste et de tapissier, art charmant mais sans lendemain et sans style d'aucune sorte." Ernest CHESNEAU, Gazette des aeaux-Arts, I, 1881, pp. 148-157.

29 Op. cit., Discours préli1inaire, p. 9.

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aucune sorte de beauté ou de talent ne peut assurer à tous ces objets de goût d'autre durée que l'intervalle de temps nécessaire pour leur trouver un goût nouveau qui les remplace". Désormais les modèles d'intérieurs prolifèrent et figurent en bonne place dans les

bibliothèques des architectes30.

Ce que Percier et Fontaine ne relèvent pas, ce sont les successions de propriétaires qui entraînent souvent une valse des intérieurs, comme si

l'appropriation passait obligatoirement par la

transformation et le changement. Indice de standing ou signe de ralliement31, l'intérieur est à l'image de l'utilisateur et à la mesure de ses moyens.

Alors qu'au XIXe siècle le décor intérieur semble happé par un processus de production industrielle et condamné plus que jamais à l'éphémère, un nouveau genre pictural se développe3 2 de nature à en fixer la

mémoire. Les vedute d'intérieur, certaines aussi prec1ses que des inventaires 33 , prolifèrent sous le pinceau d'Auguste Garnerey, d'Elie Honoré Montagny ou d'Eugène Lami34.

CONSERVER ET RESTAURER LES INTERIEURS: VADEMECUM

Les intérieurs ont à nos yeux une valeur qu'ils n'ont peut-être jamais eue par le passé 35 , résultat d'une prise de conscience de leur fragilité et de leur caractère irremplaçable36~ La tâche des spécialistes est d'inventorier et de documenter ces témoins; elle devrait se prolonger par une action pédagogique sur les

30 Ainsi l'important architecte genevois Jacques-Elysée Goss acquiert en date du 21 juillet 1890 l'ouvrage intitulé Décors intérieurs pour édifices publics et privés, ensembles et détails, composés et dessinés par E. PRIGNOT, Paris, 1873, qui porte aussi l'ex libris d'un de ses successeurs, Edmond Fatio.

31 Mario PRAZ, Op. cit., p. 30, fait ainsi par exemple état du style adopté par les Rothschild, les Goldsmith et les Camondo éduqués par les Goncourt dans la veine Louis XVI.

32 Sir Horace Walpole serait peut-être à l'origine de ce mouvement; John Carter laissa en effet quelques vues intérieures de Strawberry Hill datées d'après la transformation (1788).

33 Et si précieuses en cas de reconstitutions. Alexandre Calame a laissé du palais Eynard de Genève une dizaine de gouaches détaillées qui ont même permis de reconstituer la

collection de tableaux que possédait la famille. cf. Renée LOCHE, Un cabinet de peintures à

Genève au XIXe siècle: la collection Eynard. Essai de reconstitution, ds. Genava, n.s., t.

XVII, 1979, pp. 177-186.

34 cf. Mario PRAZ, Op. cit. et aussi Charlotte GERE, XIX centurv interiors. An album of watercolours, New York, 1992.

35 Pourtant il vaudrait la peine de poursuivre l'enquête. On sait par exemple que Napoléon Ier entreprend de rendre au Petit Trianon son décor et sa polychormie d'origine.

36 En amont de la restauration et de la conservation, ceci est vrai pour tous les champs du patrimoine, devraient prendre place les indispensables travaux d'inventorisation et de documentation. La tâche des spécialistes est de faire connaître et de faire apprécier aux usagers et au public en général la valeur d'un patrimoine ancien.

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usagers et le public en général, afin que ceux-ci

prennent conscience de 'l'intérêt qu'ils représentent 37 . cet intérêt pour les intérieurs participe du

regain de faveur général à l'égard du patrimoine architectural et d'un nouveau regard accordé à ce patrimoine comme entité. A la pratique d'une

conservation épidermique, fréquente dans les années '60 et '70, s'est substitué le concept d'une conservation substantielle38. Il ne devrait plus être possible

aujourd'hui d'écorcher39 ou de déhousser à la légère un bâtiment historique porteur d'un décor ancien de

qualité.

La conservation des intérieurs in situ 40 implique maintes contraintes, en tête desquelles le maintien du gros oeuvre. Il importe donc de trouver les

affectations qui soient en sympathie tant avec la distribution qu'avec le décor 4l , ce qui de cas en cas entraîne même de déroger à certaines mises aux normes.

La rareté de ce patrimoine, qui ne constitue plus, bien souvent, qu'un infime pourcentage du bâti, la difficulté de réussir les intégrations4 2 plaident en faveur d'attitudes respectueuses. Si l'on souhaite transmettre à la postérité des témoins d'intérieurs anciens, i l importe aujourd'hui de s'affranchir des comportements inféodés aux processus irréfléchis et compulsifs de la mode et de la consommation.

37 cf. notamment les contributions d'Ulrich SCHIESSL ds. Paul ~ilippot. Pénétrer l'art.

Restaurer l'oeuvre. Une vision humaniste, Kortrijk, 1990, où est redite l'importance du rôle pédagogique des historiens de l'art.

38 Ainsi la partique de l'enpaillage (soit démolition des intérieurs et conservation des façades), si fréquente à Bruxelles (cf. Le façadiste: conservation ou bruxellisation? ds.

Nouvelles du patrimoine, N' 49, mai 1993), ne devrait être autorisé qu'à titre exceptionnel.

39 Pour reprendre l'image anatomique développée par Percier et Fontaine cf. supra, note 25.

40 Lorsqu'on ne peut maintenir un décor à son emplacement d'origine, la tendance actuelle est d'étudier la possibilité de le replacer ailleurs dans le bâtiment.

41 Il ne s'agit pas de prôner une muséification, telle qu'on peut la voir à la maison Van Buren à Bruxelles. Mais, en matière de conservation monumentale, on l'aura compris, et contrairement à l'axiome de Sullivan, la fonction devrait suivre la forte.

42 Dans certains cas toutefois, il faut savoir apprécier ce qui pourrait être un "gain de substance", cf. Leila EL-WAKIL, Les intérieurs entre destruction et restauration, ds. ~ cit., p. 164.

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