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Un programme d'inventaire et d'étude archéologique des sites préhistoriques immergés du Léman

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Un programme d'inventaire et d'étude archéologique des sites préhistoriques immergés du Léman

CORBOUD, Pierre

CORBOUD, Pierre. Un programme d'inventaire et d'étude archéologique des sites

préhistoriques immergés du Léman. Bulletin du Centre genevois d'anthropologie , 1988, vol. 1, p. 120-122

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:101681

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1 20 NOUVELLES DU CENTRE GENEVOIS D'ANTHROPOLOGIE

Un programme d'inventaire et d'étude archéologique des sites préhistoriques immergés du Léman En 1977 encore, l'image populaire des stations lacustres des rives lémaniques était beaucoup plus proche du mythe que de la connaissance scientifique. Pourtant la découverte de ces vestiges, aujourd'hui immergés, remonte à l'hiver 1853- 1854. Au siècle dernier nombre de savants illustres se sont passionnés pour l'étude de ces villages préhistoriques engloutis, où abondent les objets les plus divers, infiniment mieux conservés que dans les sites terrestres.

Dans le Léman, plus de soixante stations ont été signa­

lées au siècle dernier et si certaines ont déjà disparu, victimes des travaux d'aménagement des rives ou de l'éro­

sion, la plus grande part peut encore fournir des données précieuses.

La prise de conscience des menaces de destruction des sites archéologiques du Léman est assez récente. Contraire­

ment aux lacs de Zurich, Constance et Neuchâtel, où dès les années soixante les archéologues constatent l'importance des phénomènes récents d'érosion, ce n'est qu'en 1982 que nous pouvons mesurer, dans la rade de Genève, l'ampleur de cette menace, notamment en observant la disparition de plus de la moitié des stations préhistoriques relevées en

1921 par l'archéologue Louis Blondel.

Les causes de l'érosion des vestiges archéologiques dans le Léman sont diverses et complexes, on peut schématique­

ment les classer en menaces d'origines humaine et naturelle : aménagement de nouveaux ports, de digues ou de quais qui recouvrent ou perturbent gravement les vestiges des anciens établissements littoraux, mais aussi l'érosion naturelle, qui s'exerce sur les grèves à l'occasion de chaque tempête, génératrice de vagues et de mouvement des eaux.

C'est en fonction de cette situation, que nous avons mis sur pied, en 1982 pour une durée de six années, un premier programme d'étude et d'inventaire archéologique des sta­

tions littorales du Petit-Lac. Ce programme était soutenu financièrement par les Départements des Travaux publics des cantons de Genève et de Vaud et bénéficiait en outre de l'aide de l'Office fédéral des Forêts.

En 1982, la recherche entreprise faisait suite aux travaux poursuivis entre 1978 et 1981 sur le site lacustre de Corsier­

Port, menacé à cette époque par un projet de port de plaisance.

Le programme d'étude et d'inventaire 1982- 1987 avait pour objectif l'examen détaillé des rives immergées du Petit­

Lac et de quelques sites du Haut-Lac, ainsi que le repérage et l'étude superficielle des sites identifiés. Les opérations de terrain comprenaient la prospection des zones ayant livré des objets archéologiques au siècle dernier, le relevé topo­

graphique des contours des stations, des sondages par carottages pour retrouver les éventuelles couches archéolo­

giques conservées et parfois des analyses plus détaillées telles le relevé complet des pieux d'un site ou des fouilles limitées dans certains secteurs. Ainsi, pour chacune des stations préhistoriques identifiées, nous avons réuni une documentation précise, qui permet d'évaluer au mieux l'inté­

rêt scientifique des vestiges archéologiques, leur importance dans un contexte historique étendu, l'état de conservation et les menaces de destruction qui pourraient toucher tel ou tel site.

En fait, ce premier programme de recherche a été conçu dans une optique semblable aux inventaires des monuments historiques et biens culturels entrepris depuis quelques années dans la plupart des cantons suisses.

Au cours des six campagnes de travaux, de trois mois chacune, nous avons pu étudier 26 stations préhistoriques immergées et prospecter plus de 27 kilomètres de rives. Par rapport à l'ensemble des sites lémaniques, tels qu'ils nous sont signalés par les découvertes anciennes, cela représente le 43 % des 60 stations connues dans le Léman et plus précisément le 55 % des stations des rives suisses.

Le programme 1982- 1987 se poursuit actuellement avec la deuxième phase des recherches sur les sites immergés du

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NOUVELLES DU CENTRE GENEVOIS D'ANTHROPOLOGIE 121 Léman, prévue pour une période de quatre ans. Le but de

ce nouveau projet est d'étudier les stations les plus mena­

cées et les plus intéressantes du Petit-Lac et, parallèlement, de poursuivre la prospection des rives du Haut-Lac avec des méthodes et des moyens qui tiendront compte de l'expé­

rience acquise.

Les objectifs du projet 1988-1991 peuvent se répartir en trois buts distincts, mais qui émanent chacun de la volonté d'obtenir une image plus précise du peuplement préhisto­

rique de la région lémanique.

Le premier objectif du nouveau programme est de pour­

suivre la prospection des rives lémaniques, cette fois dans le Haut-Lac, de façon à compléter les informations réunies dans le Petit-Lac et connaître ainsi la situation des stations littorales de l'ensemble des rives suisses du Léman. Cette recherche pourra être réalisée plus rapidement que celle effectuée dans le Petit-Lac, si l'on se limite au repérage des sites et à un certain nombre d'observations superficielles sur l'état de conservation des vestiges. On peut estimer à deux campagnes de travaux le temps nécessaire pour mener à bien cette tâche.

Le deuxième volet de ce programme concerne essentielle­

ment les stations du Petit-Lac, et plus particulièrement celles des rives genevoises. Nous tenterons, au moyen d'études ponctuelles et approfondies, de résoudre un certain nombre de questions d'ordre historique relatives au peuplement préhistorique de la région. Ces travaux spécifiques concer­

neront deux ou trois sites au plus.

Le troisième axe de recherche touche l'ensemble du Léman, il a trait à des aspects plus généraux que l'on pourrait nommer «outils de compréhension», indispensa­

bles à l'interprétation des données archéologiques récoltées sur le terrain. Ces outils devraient permettre de résoudre deux types de questions: soit d'une part les problèmes de datation absolue des sites où sont conservés des bois, et ceci par le moyen de la dendrochronologie; d'autre part, ils devraient concerner le champ des questions liées aux phéno­

mènes sédimentaires et faire appel au cortège des analyses associées telles la palynologie, l'étude des diatomées et des restes végétaux.

Au sujet de la répartition des temps de travail à consacrer à chacun de ces objectifs et aux parts respectives touchant les rives vaudoises et genevoises, nous avons proposé un partage égal entre les cantons de Vaud et de Genève, soit en alternant une année sur deux dans chaque canton.

Le retard de l'archéologie lémanique, par rapport aux connaissances acquises ces vingt dernières années dans les lacs du Plateau suisse, peut s'expliquer par plusieurs cir­

constances historiques et naturelles. Tout d'abord l'absence, pour le Léman, de grand travaux de correction du niveau des eaux, comme les corrections des eaux du Jura qui ont amené la mise au jour de nombreux sites dans le lac de Neuchâtel. La seule «correction des eaux du Léman» effec­

tive à partir de 1 897, s'est limitée à la stabilisation des fluctuations naturelles du lac autour d'un niveau moyen maintenu artificiellement.

Ensuite, la profondeur plus importante que dans les autres lacs suisses des stations lémaniques, est probable-

ment à mettre à la charge des conditions d'érosion particu­

lières qui interdisent pratiquement la conservation d'un site archéologique sous moins de deux mètres de profondeur d'eau.

Enfin, la dernière raison de ce retard, qui peut aussi être considéré comme une chance exceptionnelle, est le nombre relativement limité des grands travaux de génie civil : rem­

blaiements, autoroutes, etc. qui ont touché les rives du lac ces vingts dernières années. Cette situation s'oppose à celle connue sur les rives nord du lac de Neuchâtel et du lac de Bienne où se sont déroulées des recherches archéologiques importantes motivées par les travaux des routes nationales.

La situation géographique du Bassin lémanique en fait un domaine culturel homogène, dont les grands courants de peuplement préhistoriques ainsi que les mouvements cultu­

rels sont influencés par les sources les plus diverses. Pour ne citer que les relations les plus évidentes, on évoquera l'axe rhodanien, aussi bien en amont (Chablais, Valais) qu'en aval (Savoie, Isère, etc.), les contacts privilégiés avec le Jura français et bien sûr l'ensemble des cultures issues du Plateau suisse. Cet environnement culturel a façonné à tous moments le mode de vie des populations préhistoriques lémaniques et a inspiré un développement original dont nous commençons enfin à percevoir les composantes. La poursuite systématique des recherches archéologiques dans les sites préhistoriques immergés, mais aussi dans les terri­

toires bordant le Léman devrait révéler toute cette potentia­

lité, trop longtemps ignorée.

Ainsi, nous avons prévu la construction du programme 1988-1991 sous la forme d'un triptyque dont les deux premiers volets comporteraient des motifs strictement archéo­

logiques, c'est-à-dire la poursuite accélérée de la prospec­

tion des sites du Haut-Lac et un certain nombre d'études plus approfondies, localisées dans des stations du Petit-Lac ayant livré des éléments culturels d'un intérêt remarquable.

Le troisième volet sera consacré à des études touchant les sciences naturelles et les datations des vestiges ligneux.

L'articulation des trois pans de ce programme devrait permettre, dans un délai de quatre à cinq ans, de proposer une image intégrant les éléments à la fois écologiques et culturels du peuplement préhistorique des rives du Léman, et ceci en sélectionnant les sites, les aspects et les analyses les plus pertinents à la lumière de la connaissance acquise aujourd'hui.

Pierre Corboud

Bibliographie:

BAUDAIS (D.), CORBOUD (P.), NIERLE (M.-C.). 1986. Un site littoral lémanique, CORSIER-PORT (GE). In : Première céramique - Premier métal: du néolithique à l'âge du bronze dans le domaine circum-alpin. Lons-le-Saunier: Musée d'Archéologie, 91-97.

CORBOUD (P.). 1985. La découverte des stations lacustres du Léman. In: Sauvons le Léman. Association pour la sauve­

garde du Léman. Paris: Baron Group SARL, 1 1-15.

CoRBOUD (P.). 1986. Les villages préhistoriques du Léman, un patrimoine archéologique menacé. In: Sauvons le Léman.

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122 NOUVELLES DU CENTRE GENEVOIS D'ANTHROPOLOGIE

Association pour la sauvegarde du Léman. Genève: Ass. pour la sauvegarde du Léman, 16-22.

CORBOUD (P.). 1987. L'étude du peuplement préhistorique lémanique:

nouvelles questions pour un vieux problème. In: Sauvons le Léman. Rev. off. de l'Ass. pour la sauvegarde du Léman, 1987, 16-24.

CoRBOUD (P.), BAUDAIS (D.). 1978. Premières recherches archéolo­

giques subaquatiques dans la baie de Corsier (Genève).

ASAG, 42, 2, 105-1 12.

GALLAY (A.), CORBOUD (P.). 1979. Les stations préhistoriques du Léman: Où en sont nos connaissances?. Archéologie suisse, 2,

1, 44-49.

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