85e Congrès de l’Acfas Colloque
Avenues et avenirs de la subjectivité politique
Université McGill (Montréal, Québec), 10-11-12 mai 2017 Résumé
Le concept de subjectivité/subjectivation politique a essaimé depuis Foucault dans une multitude de disciplines et de terrains de pratique. Quels sont ses avantages théoriques et interprétatifs, et quelles actions transformatrices a-t-il inspirées ? La multiplication de ses usages en affaiblit-il la cohérence, et que laisse-t-il dans l’ombre ? Ce colloque entend évaluer la fécondité actuelle et les devenirs possibles de la subjectivité politique au XXIe siècle.
Argumentaire
La philosophie politique et les sciences sociales ‘continentales’, ainsi que les idées politiques qui s’en inspirent (comme les féminismes de la 3e vague, les études postcoloniales ou subalternes), font un large usage du concept de ‘sujet’ et de ses dérivés : subjectivité, subjectivation. Il s’agit de placer au centre de la réflexion un concept du sujet compris comme une interruption, un écart, un déplacement d’un dispositif de pouvoir, qui renvoie à une pratique de la résistance, voire à une expérience de la liberté. Jouer la subjectivité/subjectivation contre le ‘sujet’ traditionnel, c’est ainsi demander de quelles possibles institutions elle est porteuse : comment la résistance s’institue-t-elle en un sujet politique, comment penser la consistance temporelle spécifique d’un processus donné de subjectivation, son institution ? Quel est aujourd’hui l’atout théorique de l’usage de la
‘subjectivité politique’ dans la pensée du pouvoir et des normes, et en quoi se distingue-t- elle d’autres propositions contemporaines, comme celles qui privilégient les concepts d’agency ou de self, davantage présentes dans le monde anglo-saxon ? Inversement, que laisse-t-elle dans l’ombre, quels en sont les limites et les effets pervers possibles ? Ce concept a par ailleurs migré dans d’autres champs du savoir, comme la sociologie, le travail social, la santé ou l’éthique du care. Enfin, il présente l’idée d’un sujet incarné (corps, affects, genres) et ancré dans des pratiques, allant du local au global : on peut donc se demander quelle est sa fécondité en regard des orientations pratiques, voire des politiques publiques qu’il est susceptible d’appuyer ou de critiquer, et aussi quels types d’identité et de vécus politiques il permet d’éclairer ou de produire.
Ce colloque entend explorer ces questions dans le triple domaine de la constitution du sujet, des dispositifs de pouvoir et des potentiels d’émancipation. Son objectif principal consiste à identifier l’origine, circonscrire les avenues actuelles et la fécondité potentielle du concept de subjectivité politique, et cela dans différents champs théoriques et pratiques. Il s’agira d’examiner et de discuter les problèmes éthiques, épistémiques, méthodologiques et politiques soulevés par ses usages dans la perspective : a) de comprendre les tensions et les conflits des transformations sociales en cours à travers la pluralité des formes de subjectivité politique qui s’y manifestent, b) d’identifier les nouvelles potentialités démocratiques et d’émancipation qui y sont en émergence, et les défis que cela pose pour l’action collective, c) de mener une réflexion interdisciplinaire et transdisciplinaire (articulations entre recherche, formation et intervention sur le terrain) renouvelée sur les rapports entre subjectivité et politique dans ce contexte.
MERCREDI 10 MAI 2017
8h30-8h45 Mot de bienvenue et présentation du colloque par André Duhamel
Séance 1 Ouvertures vers l’autre du sujet
Présidence : André Duhamel
8h45-9h30 Marc MAESSCHALCK - Centre de philosophie du droit, Université catholique de Louvain Entre désir de subjectivation et illusion identitaire. Un principe de non identité
9h30-10h00 Ricardo PENAFIEL- Science politique, Université du Québec à Montréal
‘Je est un autre’. Identités sociales, intérêts communs, actions collectives et subjectivations politiques
10h00-10h15 Questions et discussion
10h15-10h30 PAUSE
10h30-11h00 Thibault TRANCHANT- Philosophie, Université de Sherbrooke La philosophie politique et le sujet de la différence
11h00-11h30 Jean-Cassien BILLIER- Philosophie, Université de Paris IV-Sorbonne Responsabilité morale collective et sujet politique collectif
11h30-11h45 Questions et discussion
11h45-14h00 DÎNER
Séance 2 Biopolitique et subjectivations sur le terrain
Présidence : Nicolas Bernier
14h00-14h30 Christian SAINT-GERMAIN- Philosophie, Université du Québec à Montréal La mort ‘donnée’, ultime stade de la ‘gratuité’ du modèle québécois
14h30-15h00 Lina ALVAREZ VILLAREAL - Philosophie, Université catholique de Louvain
La physiocratie et la re-production du colonialisme : une lecture décoloniale de l'œuvre de Pierre-Paul Rivière de La Mercier
15h00-15h15 Questions et discussion
15h15-15h30 PAUSE
15h30-16h00 Thierry GUTKNECHT- Réseau Fribourgeois de Santé Mentale (Suisse)
Du travail social à la cité, et retour, en passant par Foucault. Réflexions sur la subjectivité politique du travailleur social
16h00-16h30 Carine DIERCKX- Philosophie et éthique appliquée, Université de Sherbrooke, Travail social, Université du Québec à Montréal
Pouvoirs et subjectivations: quelle portée politique de la réflexivité en travail social?
16h30-16h45 Questions et discussion
JEUDI 11 MAI 2017
Séance 3 Résistances, mobilisations et narrativité
Présidence : Diane Lamoureux
8h30-9h00 Valérie DAOUST- Philosophie, Université d’Ottawa La philosophie du sujet : pertinence et inclusion
9h00-9h30 Nathalie FROGNEUX - Philosophie, Université catholique de Louvain Subjectivation en politique : le mouvement subjectivant de la résistance
9h30-10h00 Jean-Philippe COBBAUT- Centre d’éthique médicale, Université catholique de Lille Subjectivité politique et mobilisation des droits fondamentaux dans le champ du handicap 10h00-10h15 Questions et discussion
10h15-10h30 PAUSE
10h30-11h00 Jacques QUINTIN- Médecine/psychiatrie, Université de Sherbrooke De sujet mutilé à sujet créateur. Pour une politique des formes de vie 11h00-11h30 Alain LOUTE - Centre d’éthique médicale, Université catholique de Lille
Éthique clinique et narrativité : le point aveugle de la subjectivation 11h30-11h45 Questions et discussion
11h45-14h00 DÎNER
Séance 4 Écarts, marges et luttes
Présidence : Jacques Quintin
14h00-14h30 Marie-Eveline BELINGA- Institut des études féministes et de genre, Université d’Ottawa / Philosophie, Collège de l’Outaouais
Exister en tant que chercheure racisée au Québec
14h30-15h00 Lourdes RODRIGUEZ DEL BARRIO- Travail social, Université de Montréal Folie, marges et subjectivation politique. Figures plurielles écarts inattendus 15h00-15h15 Questions et discussion
15h15-15h30 PAUSE
15h30-16h00 Nicolas BERNIER - Philosophie et éthique appliquée, Université de Sherbrooke Jacques Rancière et la tentative d’émancipation politique du mouvement étudiant
québécois du printemps 2012
16h00-16h30 Diane Lamoureux - Science politique, Université Laval Comment devient-on sujet politique ?
16h30-16h45 Questions et discussion
VENDREDI 12 MAI
Séance 5 Risques et politiques du sujet : théories et pratiques
Présidence : Carine Dierckx
8h30-9h00 Julie PERREAULT - Science politique, Université d’Ottawa
Entre éthique et politique : le destin du sujet dans l’œuvre de Lawrence Olivier 9h00-9h30 Yasmine JOUHARI- Philosophie/Institut d’éthique appliquée, Université Laval
La gestion du risque à l’heure du terrorisme. Basculement du risque subjectivé au risque individualisé.
9h30-10h00 David LONGTIN - Science politique, Université du Québec à Montréal
Actes de véridiction, risque de violence et subjectivation politique dans le cadre des luttes socio-environnementales au Honduras (2009-2015)
10h00-10h15 Questions et discussion
10h15-10h30 PAUSE
10h30-11h00 Francis DOLAN - Science politique, Université du Québec à Montréal
Les nouvelles frontières théoriques du marxisme français au tournant des années 60 11h00-11h30 André DUHAMEL- Philosophie et éthique appliquée, Université de Sherbrooke
Subjectivité politique de l’amour 11h30-11h45 Questions et discussion
11h45-12h00 Mot de clôture par Carine Dierckx
Responsables :
André DUHAMEL, Université de Sherbrooke andre.duhamel@usherbrooke.ca
Carine DIERCKX, Université du Québec à Montréal et Université de Sherbrooke dierckx.carine@uqam.ca
Voir www.acfas.ca, colloque 307