M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
J. C HOULEUR
Graphiques et tableaux
Mathématiques et sciences humaines, tome 10 (1965), p. 3-30
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1965__10__3_0>
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GRAPHIQUES ET TABLEAUX
J. CHOULEUR
~P.~L.- L’article
de Monsieur
J. Chouleur est le second que nousPublions
sur les
représentations graphiques
(voir M.S.H. N° 6). NousPensons
que cethème,
surlequel
uneréflexion est particulièrement
utile en vue de lapé- dagogie
desmathématiques, Provoquera
d’autres articles que nous serions enmesure de
Publier.
SignaLons
que L’Association desProfesseurs
deMathématiques
arégalement commencé,
dans son bulletin d’octobreÎ964,
une série depublications
sur lemême
sujet.
La collecte et
l’élaboration
d’une information sont choses difficiles et coûteuses, o(1 )
Or,
il ne suffit pas dedisposer
d’une information pourqu’elle
soit effi- cace :.tantqu’elle n’est
pas assimilée par sondestinataire,
elle est en faitinexistante.
Ainsi,
toute élaboration d’information devrait normalement, être assortie de l’étude des modesd’expression
enpermettant
l’assimilation aisée.. Nous allons voir que la
représentation graphique y
trouve uneplace
dechoix.
Mieux, même,
y legraphique
est un véritable outil detravail,
y mais pour pou- voirremplir
cerôle
y il doit donner unereprésentation
correcte de l’ info~ma- tion dont il estl’image.
On
peut grossièrement
classer les modes d’assimilation en troiscatégo-
ries :
1. La lecture
séquentielle
d’un document. C’ est leprocédé
leplus
im- médiat :l’information apparaît
sous forme d’un texte ou d’une suite de don-nées,
de telle sorte que le lecteurprend successivement
connaissance des diffé- rents éléments de l’information(2).
Ce
procédé
nepermet
pas une assimilation aisée. Eneffet,
y la bonne coin-préhension
d’une information suppose desrapprochements
et descomparaisons qu’il
est très difficile defaire,
y car notre mémoire est insuffisante.*
Ce
chapitre
est extrait de 1‘ENCYCLOPéDIE DE L’ENTREPRISE MODERNE, tome 6, Les techniques ma- thématiques dans l’entreprise, par Jean CHOULEUR. L‘Encyclopédie est publiée sous la direction de Roland CAUDE, par l’Entreprise Moderne d’Edition, 4, rue Cambon, Paris 1er. -Notice sur demande.
(1)
Nous entendons ici principalement l’information chiffrée: statistiques, chiffres comptables, résultats d’études financières ou techniques. Mais nous verrons *que les procédés graphiques etque les tableaux sont également importants pour des descriptions où les valeurs numériques ne
sont pas dominantes, ou sont même totalement inexistantes.
(2)
Les communications avec nos semblables sont généralement séquentielles: lecture, écriture, pa- role sont soumises à cette contrainte.De
plus,
y dès que le nombre des éléments décrits est un peuimportant,
ilest
à peuprès impossible
de retirer une vue d’ensemble d’unesimple
lecture.2. Le tableau
apporte
une dimensionsupplémentaire.
On reste soumis à la contrainteséquentielle
de lalecture,
mais il estpossible
de faire une lecturehorizontale ou
verticale,
et de nombreuxrapprochements qui
étaient interditsprécédemment
deviennentaisés,
d’autantplus
que ladisposition
en. tableaufacilite
l’adjonction
d’éléments decomparaison,
comme despourcentages
parexemple.
3. Le
graphique
a recours à des processus très différents. La lecture n’in- tervientplus
que par un rôle mineur dans les intitulés et lalégende.
L’assimilation de l’information repose ici sur une saisie
synthétique
d’unereprésentation imagée
de l’information: l’oeil a la faculté de comparer aisémentlongueurs, aires,
courbures etpentes.
Ildistingue
desreprésentations
superpo-sées si l’on recourt à différents
graphismes (hachures,
traits gras,tiretse etc.)
ou à la couleur: on
peut
ainsi situerchaque
élément dans tout un contexte:Le
graphique permet
simultanémentl’analyse
et lasynthèse.
Tableaux et graphiques
sont donc des modesprivilégiés
de communication.Nous savons que les Ensembles se caractérisent par leur structure et que des ensembles constitués par des éléments de natures
différentes,
et danslesquels
existent des relations dont l’énoncé n’utilise pas les mêmes
termes, peuvent
êtremis en
correspondance -lorsque
les structures sont les mêmes(ensembles isomorphes
ou
homomorphes).
Tout l’intérêt des
graphiques
repose sur cettecorrespondance
entre unecertaine structure des
points
etlignes
de lareprésentation graphique
et lastructure abstraite du
phénomène
étudié.Le
graphique
n’est correct - dontpleinement
utile et nontrompeur -,
quelorsque
cettecorrespondance
existe.On saisit ainsi combien les
graphiques
ne sauraient êtreemployés
arbitrai-rement,
mais aussi combien ils constituent des outils de travailparticulière-
ment
riches, puisque
toutes lespropriétés
existant dans l’ensemblegéométrique
de la
représentation graphique
vont avoir une traduction dans lastructure
duphénomène
étudié.z
Cette richesse a une
contrepartie: puisqu’un graphique
n’est pas uneimage,
destinée à rendre moins austère la lecture d’un
document,
il demande à êtrecompris
par celuiqui
l’utilise et la densité même d’information rend nécessaireune véritable étude de sa
signification.
GRAMDES FAMILLES DE
GRAPHIQUES
Nous savons, par notre
expérience quotidienne, qu’il
existe ungrand
nombrede
types
degraphiques. ,
.Nous ne rechercherons pas ici à en faire une énumération
complète.
Il seraitbien
prétentieux
d’affirmer avoir fait le tour d’un moded’expression
où bien desnouveautés nous attendent encore.
Nous avons seulement désiré établir une classification de
quelques-uns des
types
lesplus usités,
en mettant l’accent sur les raisonsprofondes qui
rendentune
représentation graphique
correcte ou fallacieuse.1.
GRAPHIQUES
REPRESENTANT LA STRUCTURE D’UN ENSEMBLE.a ) ensemb 1 es
nontota 1 ement ordonnés
- ces
représentations reposent
sur le faitqu’un segment
a deux extrémités etqu’il peut
êtreorienté;
elles servent àreprésenter
des relationsbinaires,
orientées ou non:organigranmes,
arbresgénéalogiques,
ydiagrammes
d’ordonnan- cement ousimilaires, sociogrammes,
etc.bu) ensembles totalement ordonnés
- il est
possible
dereprésenter
un ensemble totalement ordonné sur un axe.Mais, généralement,
y onprofite
de la deuxième dimension duplan
pour rendre la re-présentation plus
aisée.2.
GRAPHIQUES
METTANT EN CORRESPONDANCE DEUX ENSEMBLESCes
graphiques -
lesplus
courants -reposent
sur le fait que leplan,
ayant
deuxdimensions,
ypermet
de décrire un ensemble surchaque
axe decoordonnées,
les
points
duplan marquant
alors unecorrespondance
entre ces ,deux ensembles.- les deux ensembles
peuvent
l’un et l’autre être divisés enclasses;
- l’un des deux ensembles est divisé en
classes,
alorsqu’in
existe un ordredans
l’autre ;
- ce second ensemble
peut
êtremesurable;
- les deux ensembles sont
ordonnés;
- l’un est ordonné et l’autre est
mesurable;
- les deux ensembles sont mesurables.
Notons que la même
correspondance
obtenue ici par lespoints
situés à l’in-tersection des deux ordonnées
représentant
les éléments dechaque ensemble, peut
être établie en
joignant
par une droite lespoints représentatifs
de ces éléments.Cette
représentation
duale seradéveloppée
un peuplus
loin.o
1
’
o o
I - GRAPHIQUES REPRESENFAII LA STRUCTURE D’UN ENSEMBLE
a ) ensemb 1 es
nontota 1 ement ordonnés
ORGANIGRAMMES. ARBRES
GÉNÉALOGIQUES
Dans toutes les
entreprises
les relationshiérarchiques
fontl’objet
d’unereprésentation graphique, l’organigramme.
Il se
présente généralement
sous la forme d’un arbre aux ramificationsdirigées
vers le bas.Pourquoi
cettereprésentation
est-elle correcte ?La structure à
représenter
est la suivante:Entre deux membres de
l’entreprise
ilpeut:
a)
exister une liaisonhiérarchique
directeet,
dans ce cas, y la liaison est orientée(par exemple
du chef vers lesubordonné);
b)
ne pas exister de liaisonhiérarchique
directe.Chaque
élément de l’ensemble(chaque
membre dupersonnel)
estreprésenté
par un cartouche.
Lorsque
deux cartouchesreprésentent
deux personnesayant
une liaison hié-rarchique,
y un arc est tracé entre eux.L’orientation est donnée par la situation relative des deux
cartouches,
y ce-lui
qui
estplacé plus
haut étant lesupérieur hiérarchique
de l’autre.(fig. 1).
Ainsi,
la relation "Asupérieur hiérarchique
deB",
estexprimée
par un arc orienté: cetteimage
est correcte.Toute relation binaire
antisymétrique (si
elle est vérifiée dans un sens, elle nepeut
l’être dansl’autre),
ypeut
fairel’objet
de cette mêmereprésenta-
tion.
Ainsi la filiation par descendance masculine par
exemple,
estreprésentée
correctement par de tels
graphiques.
On sait par contre que l’arbregénéalogique
ne
permet
pas dereprésenter
correctement toutes les relations defiliation;
cette
représentation
nepermet
pas en effetd’exprimer
"Pierre est fils de Paul et de Je anne" .Mais il est
possible
de faire l’arbregénéalogique
inversé d’une personne:il
présente
unegrande régularité puisque chaque
ascendant a,lui-.même,
deuxascendants. Les seules
irrégularités proviennent
desmariages consanguins (fig.2)..
PLANS DE CLASSEMENT
Lorsqu’un
ensemble est divisé ensous-ensembles,
divisés eux-mêmes en sous- ensemblesplus petits, etc...,
e il estpossible
dereprésenter
ces inclusions suc-cessives sous une f orme
graphique
ousynoptique
les mettant en évidence.’
Citons le
plan
de classement desespèces
animales ouvégétales (fig. 3).
Cette
représentation
conduit donc à unhomomorphisme
avec les arbresgénéa- logiques.
Dans les
entreprises,
on recourtfréquemment
à des classements des matièrespremières,
despiècese
desassemblages complets.
Est-il
possible
de faire unereprésentation
correcte selon ionplan
de clas-sement
ranifié, qui
estindispensable
pour affecter unsymbole représentatif
etpermettre
une recherche aisée ? .Ici,
contrairement au casprécédent
où lesparties
lesplus petits étaient
contenues entièrement dans un sous-ensemble et un
seul, chaque pièce,
parexemple, appartient
àplusieurs
sous-ensemblesqui
serecoupent: matière, forme,
dimen-sions, définistint
un réseaucomplet (fig. 4),
y et l’on neparvient
à unesymboli-
sation
pratique qu’en
fixantd’abord, arbitrairemente
un ordre dans les diffé- rentespartitions.
On classera d’abord les
pièces par ,leur matière
constitutive.A l’intérieur de chacune de ces classes on fera de nouvelles classes corres-
pondant
à la formegénérale, puis
à tel détail defabrication, etc.
y mais aucunereprésentation graphique
correcte nepeut
être réalisée endehors
de cas artifi-ciellement
simples:
lediagramme
d’Eulerpermet
tout auplus
de choisir trois critèrespouvant prendre
deux valeurs(fig. 5).
,- ~
Dans ce cas
particulier,
y on retrouve ladisposition
dusimplexe
d’ordre 3(fig. 6).
S’il y avaitplus
de trois critères ouplus
de deux valeurs pour telou tel
critère,
cette secondereprésentation pourrait
êtreutilisée,
mais ledessin deviendrait très vite illisible.
z
GRAPHIQUES
D’ORDONNANCEMENT OU PERT ET SIMILAIRESDans la réalisation d’un chantier
important,
dans la construction d’une grossemachinée
y certainesopérations
se commandent l’une l’autre: on nepeut
bâtir un mur que
lorsque
les fondations sontfaites,
etc.Entre toutes les
opérations
élémentaires existe donc une relation binaire telle que l’une des deuxoptions
ci-dessus soit vérifiée:1)
une desopérations
doit être exécutée avantl’autre;
2)
iln’ y
a pas d’enchaînement entre les deuxopérations.
Il
s’agit
bien d’une relation d’ordreantisymétrique (si
à doit être faitavant
B,
alors B ne doit pas être fait avantA),
y et transitive(si
A doit êtrefait avant
B,
et B avantC,
alors A doit être fait avantC).
Cet enchaînement crée un
isomorphisme
entre lesopérations
élémentaires etun ensemble ordonné:
- entre deux
éléments,
y ilpeut
y avoir une liaisonet,
y si elleexiste,
elle estorientée
ettransitive,
- de
plus,
il existe un minimum: lesopérations
suivent toutes la décision ini- tiale. Cette décision est donc uneétape précédant
toutes lesautres,
- il existe de même un maximum: c’est la mise en service
qui
suit l’exécution de toutes lesétapes
de la construction.Dans un réseau
BERT,
ce sont lesétapes qui
constituent les éléments de l’en- semble et les arcs lesopérations.
L’orientationpourrait
être donnée en situantles
opérations
de lagauche
vers la droitedans
l’ordre de leur exécution. Cette convention est engénéral respectée, mais,
pour donnerplus
de liberté au dessi-nateur et ne pas entraîner de confusion dans le sens de succession des
opérations,
les arcs sont fléchés
(fig. 7).
b) ensemble totalement ordonnés
La succession des
points
sur une droite constitue un ensemble totalementordonné. Il est donc
isomorphe
à tous les ensembles totalement ordonnés que nous pouvons désirerreprésenter.
Ainsi la durée totale d’insolation d’un observatoire
météorologique peut
être
représentée
sur un axe(fig. 11 ) .
Cette
représentation
estcorrecte,
mais elle est de lecture assezpénible
sile nombre de
points
àreprésenter
n’est pas très réduit.De
plus,
on a souvent intérêt à assimiler des valeurs très voisines du ca-ractère que l’on veut
représenter
et l’on regroupe les mesures à l’intérieur de classes.’
Les heures
d’insolation,
parexemple,
y sontcomptées
enheures,
y sans tenircompte
des minutes. Ainsi 194 heures 33 minutes et 195 heures 28 minutes sont re-groupées
en "195 heures".Ce recours à des classes est très
général:
les classes de mobilisationrépon-
dent exactement à cette
définition;
la taille des êtres humains estregroupée
surle centimètre le
plus voisin,
etc..Un
exemple
conduit à ungraphique appelé histogramme
oupyramide
desâges,
ydans le cas
particulier
où l’onanalyse
unepopulation d’après
lesâges.
Regroupons
les heures d’insolation par tranches de 50 heures. On obtient le tableau suivant:Ce tableau se traduit
graphiquement
par lafig.
12.Chaque
mois estrepré-
senté par unrectangle
situé dans une colonnecorrespondant
à sa classe de durée d’insolation. Il estpossible
deporter
dans cerectangle
unrepère permettant
del’identifier. Il a été
possible
ici d’écrire le n.om du mois en toutes lettres.Dans d’autres cas, on se contentera d’un numéro.
Un tel
histogramme
reste encoreparfaitement
lisible pourreprésenter 100e 200,
voire 500 éléments.D’autres
représentations
du mêmetype
sont utilisées(par
cumul des effectifsde
chaque
classe enparticulier).
II - GRAPHIQUES METTANT EN CORRESPONDANCE DEUX ENSEMBLES
Puisqu’il s’agit
de mettre encorrespondance
deuxensembles,
il est àprévoir
que la structure des ensembles à
représenter
va avoir unegrande importance
sur lechoix des modes de
représentation
et sur les contraintes àrespecter.
Du
point
de vuequi
nousintéresse,
il y a lieu dedistinguer:
a)
les ensembles divisés enclasses,
par une relationd’équivalence.
Par
exemple,
"être natif de teldépartement" représente
une telle relationd’équivalence: chaque
personne née en Franceappartient
à une classe et une seule.De même: "être client rattaché à tel
agent
commercial"représente
aussi unerelation
d’équivalence.
b)
les ensembles totalementordonnés,
tels que deux élémentspeuvent
êtretoujours comparés
l’un à l’autre et que cettecomparaison permet
de mettre l’un des deux éléments avantl " autre,
ou de direqu’ils
sontégaux.
La
température,
y la taille d’individus sont des caractères totalement ordon- nés.1
c)
les ensemblesmesurables,
yqui ajoutent
à lapropriété précédente,
celled’autoriser l’addition. Ainsi le montant des chiffres
d’affaires,
les tonnes deproduction
sont des éléments mesurables. ,Le caractère ordonné ou mesurable
peut
êtrequelquefois
dû àl’optique
par- tic~uliè r~e où l’on examine unproblème.
On
pourrait multiplier
lesexemples:
nousrappelons
lacharge
utile des ca-mions, évoquée
à propos des ensembles mesurables. Achaque
foisqu’un objet pré-
sente une dimension
(longueur, poids, capacité, etc..)
ce caractèrepeut
ne per- mettre que lacomparaison (création
d’unordre)
ou autorise l’ addition(création
d’une
mesure)
selon leproblème
abordé.A - Représentation de deux ensembles divisés en classes
Les effectifs d’une
petite entreprise comprennent
25 personnespouvant
chia-cune
accomplir
un certain nombre des 12 fonctions à assumer.La direction a établi un tableau
rectangulaire
en mettant un nom surchaque ligne
et enreprésentant chaque
fonction par une colonne(fig. 8).
Le tableau est
complété
par des croixindiquant
lescompétences
de chacun.Ainsi,
l’ensemble des effectifs est mis encorrespondance
avec l’ensembledes fonctions.
Ce travail
simple permet
dejuger
si les différentes fonctionspeuvent
êtreremplies
par un nombre suffisant de personnes(nombre
de croix dans unecolonne)
et la
polyvalence
dupersonnel (nombre
de croix dans uneligne).
On
dispose
ainsi d’un outilpermettant
de faire évoluer lerecrutement,
etde parer au mieux à une absence.
Ainsi,
ychaque ligne représente
un élément’ dupremier
ensemble(l’un
des mem-bres du
personnel)
etchaque
colonne un élément du second ensemble(l’une
desfonctions à
assumer).
Le dessin
plus dépouillé
de lafig.
9 a évidemment la mêmesignification,
mais insiste
davantage
surl’origine géométrique
de lareprésentation:
deux droittes
perpendiculaires
secoupent
en unpoint
et un seul. Il est doncpossible
demettre
chaque
élément dupremier
ensemble encorrespondance
avecchaque
élémentdu second
ensemble,
et cela defaçon unique.
Mais à la
propriété:
"deux droites secoupent
en unpoint
et un seul" cor-respond
l’énoncésuivant:
"deuxpoints
définissent une droite et uneseule".
On voit la dualité entre ces deuxpropriétés
et il doit êtrepossible
d’en tirer uneautre
représentation graphique,
correcte comme laprécédente.
La
fig.
10 est lafigure
duale de laprécédente.
Dans ce cas
particulier
la lecture est moins aisée avec la secondereprésen-
tation. Nous verrons
qu’il
n’en est pastoujours ainsi,
y et dans lapratique.,
ilest bon de recourir
lorsque
c’estpossible
aux deuxreprésentations
duales: il ya souvent
d’agréables surprises.
Bien
qu’il ’s’ agisse
d’uneopération
un peuplus complexe
que lasimple
cor+respondance
de deuxensembles,
la "matrice de découverte" estproche parente
dutableau à double entrée
qui
vient d’être décrit:On élabore la collection d’été des "Tricots savoisiens". ,
Les membres de
l’équipe
de sélection neparviennent
à se mettre d’accord:- ce tricot à grosses côtes est voué au
plus large
succès pour peu que la saison soitfraîche,
y comme ces dernièresannées;
- pour ma
part, j 1 estime
que tout l’effort doitporter
sur ce ras-de-cou:un rayon de soleil et la collection s’envole ...
Le chef des
ventes,
restéjusqu’ici silencieux,
trace sur unpapier
le ta-bleau suivant
(fig. 13).
Quels
que soient les modèleschoisis,
l’étépeut
être sec ouhumide,
douxou froid.
La discussion
qui
allait s’enliser s’établit désormais sur des bases soli-des.
Chaque
article sera confronté avecchaque type
desaison,
et c’est au vu del’ensemble des
conséquences
des décisionspossibles
que sera arrêté le choix.Le
développement
de ceproblème
faitl’objet
d’unchapitre
de la théoriedes jeux qui
repose engrande partie
sur l’étude de telles matrices.B - Représentation d’un ensemble divisé en classes et d’un
ensemble
ordonnéou mesurable
Alors que la mise en
correspondance
de deux ensembles divisés en classes conduisait autableau,
l’introduction d’un ensemble ordonné conduit à larepré-
sentation
graphique proprement
dite.Le
plus
souvent l’ensemble ordonné estégalement
mesurable. Ce genre de re-présentations graphiques
est trèsfréquent
dans lesentreprises:
chiffre d’affai-res réalisé par les agences, nombre de clients par
département,
etc..Soit par
exemple,
y àreprésenter
les données du tableau suivant:La
représentation
laplus simple
est donnée par des bâtons(fig. 14).
Une telle
représentation
est correcte à condition de faireapparaître
lezéro de l’échelle des ordonnées.
Cette condition doit être
remplie,
y car le chiffre d’affaires étant mesura-ble,
lacomparaison
deslongueurs
a un sens: l’activité del’agence
Estest,
àpeu de chose
près,
double de celle duMidi,
les deux bâtonscorrespondants
doiventavoir des
longueurs
dans ce mêmerapport
de 2 à 1.Il
peut
arriver que le maintien du zéro ne soit paspossible lorsque
tousles chiffres à
représenter
sont très voisins d’une même valeur. Si les chiffres des agences étaient les suivants:3.741 3.529 3.512 3.641 3.701 3.631
. j ... a
le
respect
de larègle
énoncée ci-dessus rendrait illisibles les écarts entre agences. Il faut alors attirer l’attention du lecteur(1)
dugraphique
par unartifice,
pour éviter une erreurd’interprétation (fig. l5).
(1 )
,~, même quand ce lecteur est l’auteur du graphique lui-même.La
représentation
en bâtonspeut
êtreremplacée
par destuyaux d’orgues,
ysoit
jointifs (fig. 16)
soitséparés (fig. 17).
,La
signification
est évidemment la même ainsi que lesprécautions
à pren-dre,
y si l’échelle nepeut
êtrereprésentée
enentier;
il faut faireapparaître
une brisure entre le zéro et la
partie
utile(fig. 18
et19).
Le choix entre ces différents modes
d’expression
est une pure affaire degoût.
L’esthétique
n’étant pasétrangère
à la facilité aveclaquelle
onappréhen-
de une
information,
onpeut
être amené à varier lesreprésentations
pour éviterla monotomie. ,
Remarque.-
L’ensemblereprésenté
en abscisses(ici
lesagences)
étant com-posé
declasses,
c’est-à-dire de sous-ensemblesdis ’ oints
les uns,des
autres etnon ordonnés entre eux, la
représentation qui joindrait
le sommet des bâtons(sur
laf ig. 14)
pour faire un tracé enligne
brisée estdépourvue
designifica- tion ;
on nepeut
se trouver à mi-chemin entrel’agence
du Nord et celle du Centreavec un chiffre d’affaires de:
On
peut
s’attacherparticulièrement
aux valeursprises
parchaque
classe.Ces valeurs, constituent un ensemble totalement ordonné. Il est alors
possible
de donner une
représentation simplifiée, déjà
vueprécédemment
à propos de lareprésentation
d’un ensemble ordonné.La
représentation
de lafig.
20 est doncéquivalente
auxprécédentes,
maisrencontre les limites
signalées
à propos de lafig.
11.On a
fréquemment
à associer à un ensemble divisé en classes deux ou troisensembles
mesurables,
parexemple:
onexprime graphiquement
non seulement lechiffre d’affaires des agences, y mais aussi le
tonnage
vendu.Une
représentation
correcte en est donnée sous chacune des formesdéjà
vuesen
f ig.
21.Si l’on est amené à faire une coupure entre le zéro des ordonnées et la par- tie utile du
graphique,
lesprécautions
àprendre
semultiplient.
Les
fig.
22 à 24 illustrent ledanger
dereprésentations
incorrectes. Elles donnent différentesreprésentations
des données suivantes:Sur la
fig.
22"Nord",
semble avoirparticulièrement
lâché lesprix puisque
le
tuyau d’orgue "tonnage"
estplus
haut que celui du chiffre d’affaires."Est",
y.au
contraire,
a un chiffre d’affaires élevé auregard
dutonnage:
l’ordre declassement des "bonnes affaires"
(1)
est donc:Est, Sud, Duesty
Nord. Mais la re-présentation
de lafig.
23 obtenue avec les mêmeschiffres,
donne uneimpression
toute
différente,
cette fois c’est "Sud"qui
vient en tête avec un chiffre d’af- fairesdépassant
debeaucoup
letonnage; puis, Nord, Est,. et, enfin,
Ouest.(i)
Ordre de classement correspondant apparemment aux meilleurs prix de vente moyens.La
fig.
24 est correcte: les deux échelles des francs et destonnages
appa-raissent entièrement avec leur zéro.
Désormais,
l’ordre de classement est:Est, Sud,
yNord,
Ouest.Il
correspond
effectivement auprix
moyen de vente à la tonne:Où est
l’explication ?
Les
fig.
25 et 26 rétablissent lesfig.
22 et 23 en totalité. Il a suffi que les zéros des deuxéchelles, tonnage
et chiffre d’affaires ne coincident pas pourpermettre
d’obtenir unereprésentation
favorable àn’importe quelle thèse!
Des erreurs de cet ordre sont
fréquentes,
y même dans despublications
sérieu-ses, y et il faut
toujours
être très méfiantlorsqu’un graphique comprend plusieurs
échelles en ordonnées. Cela
peut
être la source, non seulementd’erreurs,
y maiséventuellement de
trucages.
Remarque.-
Il n’est pas aisé de comparer, même sur legraphique correct,
lessituations relatives entre Nord et auest. En
effet,
ilfautait
mettre en éviden-ce le
rapport
entre valeur ettonnage;
il serait souhaitable de trouver une échelle tellequ’un
écart de10 %
parexemple,
entre lestonnages
de deux agences, ait la même valeurqu’un
écart de 10%
entre les chiffres d’affaires. Nous verronsplus
loin à propos du choix des échelles
qu’une
tellereprésentation
estpossible
etqu’il
est souhaitable de se familiariser avec elle pour y recourirlorsque
c’estnécessaire.
C - Représentation de deux ensembles ordonnés ou mesurables
On est
fréquemment
amené à décrire la valeurprise
par unegrandeur
lors- .qu’une
autre atteint une valeurdonnée;
c’est l’un des cas lesplus
banaux de lareprésentation graphique.
REPRÉSENTATION DIUNE
FONCTION LIANT DEUX GRANDEURSNUMÉRIQUES
Le coût
d’usinage
d’une série depièces comprend
unedépense
fixe de miseen route
(mise
enplace
desoutils, réglage, etc.. )’
ypuis
unedépense proportion-
nelle au nombre de
pièces
exécutées(matière consomnée,
main-d’oeuvredirecte).
Ainsi,
le coût d’une série de xpièces,
y dont les frais fixes sont de 10 et les coûtsproportionnels
de0, 5, peut
s’écrire:La
représentation graphique
de ce coût est donnée sur lafig.
27.Si l’on s’attache au coût unitaire des
pièces fabriquées
en fonction de lasérie
lancée,
cette valeur c vaut:et l’on obtient une branche
d’hyperbole (fig. 28).
Chaque point
de lacourbe,
dans un cas comme dansl’autre,
met en corres-pondance (les’
flèchespointillées)
unpoint
de l’ensemble des abscisses(impor-
tance de la
série)
avec unpoint
de l’ensemble des ordonnées( coût correspondant).
Que pourrait
nousapporter
lareprésentations
duale?lL ’-erxemple’ précédent
surles ouvriers et les fonctions n’avait
guère été
"encourageant.
’Nous obtenons échelles
parallèles (fig. 29)
etchaque point
de la droi-te
F de
lafig.
27(mettant
encorrespondance
parexemple
lepoint
d’abscisse10 avec le
point
d’ordonnée15)
devient une desdroites,
dont un certain nombre’ ont été
représentées.
L’intérêt semble encore
médiocre. Pourtant,
y unepropriété
degéométrie
élé-mentaire
(le théorème
deThalès)
nouspermet
de constater que toutes ces droitespassent
par unpoint
fixe(fig. 30).
On pourra donc lire cet
"abaque
àpoints alignés"
à l’aide d’unerègle
en.
joignant
cepoint
fixe A avec le nombre depièces (échelle C)
pour lire sur l’échelle B le coût de lasérie,
ou inversement le nombre depièces
obtenuesavec une
dépense
totale fixée.Que
sepasse-t-il
si le coût fixe varie?Sur la
première représentation,
la droiteF3
sedéplace parallèlement
àelle-même et l’on est
conduit,
si l’on veut unabaque
à lecturedirecte
à tra-cer un faisceau de droites
parallèles
pour différentes valeurs des frais fixes(fig. 31 ).
Si les frais fixes ont une valeur intermédiaire entre cellesqui
sontportées
surl’abaque,
il fautinterpoler
au mieux.Que
devient lareprésentation
duale?Le théorème de Thalès nous
apprend
que si les frais fixesvarient,
lepoint
A de la
fig.
30 sedéplace
surmie .parallèle
aux droites B et C(fig. 32).
Il suffit d’étalonner l’échelle A avec une
graduation
double de celle deséchelles B et C pour trouver par
simple aligaement,
le coût d’une sériequel-
conque à la seule condition que le coût
proportionnel
vale0, 5.
Onpeut
s’affran-chir de ce dernier
pointe
mais nous n’aborderons pas ceproblème
ici.Continuons à
exploiter
lareprésentation
duale. Si nous prenons pourliéchelle
C une
graduation
deux foisplus
resserrée que celle de l’échelleB,
les droitesjoignant
lespoints homologues
deviennentparallèles (fig. 33).
Iln’y
aplus
alorsqu’à
fusionner les deux échelles pour obtenir unabaque
à lecture directe(fig.3~).
Mais une telle
représentation
est trèsrigide;
elle n’est valable que pourun coût fixe de 10 et un coût
proportionnel
deC, 5.
On s’affranchit aisément de la
première
condition en réalisantune règle
àcalcul
(fig. 35).
On lit directement le coût d’une série d’un nombrequelconque
de
pièces
par lesopérations
suivantes:1. amener le zéro de l’échelle des
pièces
en face de lagraduation
de l’échelledes coûts
correspondant
aux fraisfixes;
2. lire en
face du
nombre depièces
de la série le coûtcorrespondant.
Nous avons donc trois
représentations équivalentes: l’abaque
cartésien de lafig. 31; l’abaque
àpoints alignés
de lafig,
32 et larègle
à calcul de lafig.
35.
La facilité avec
laquelle
une tellerègle
à calculpeut
être réalisée avecun peu de carton et de
papier
millimétré devrait inciter tous ceuxqui
ont descalculs
répétitifs
où larigueur comptable
n’est pasexigée,
à rechercher la création d’un tel auxiliaire.CONNAISSANCE EXPERIMENTALE DE LA CORRESPONDANCE DE DEUX ENSEMBLES ORDONNES OU MESURABLES
Nous venons
de _décrire
la mise encorrespondance
de deux ensembles à l’aide d’une fonctionmathématique.
S’il n’est pas rare de rencontrer de tels
problèmes
dans une activité pro-fessionnelle,
il estplus fréquent
encore d’avoir àconsigner
des résultatsconstatés.
Ainsi,
en 3 h.40 detravail,
le 17 avril aumatin,
il a étéfabriqué
surtelle chaîne 53
postes radio,
yet,
y en 4 h.05l’après-midi
du mêmejour,
y67,
etc...Chaque point expérimental
met encorrespondance
l’ensemble"temps passé"
avec l’ensemble
"quantité fabriquée".
La
représentation
cartésienne conduit à lafig.
36.1 °- il n’existe pas une fonction au sens
mathématique
du mot lianttemps
etquantité produite;
on nepeut
définir unequantité
en ne connaissant que letemps passé,
etr~éciproquement;
2°- les
points
ne sontcependant
pasdisposés
au hasardet,
connaissant letemps
ou laquantité
il estpossible
d’avoir une idéeapprochée
de la valeur de lagrandeur inconnue;
3°--
lorsque,
dans un nuage établi sur unepériode passée
les trente derniersjours
parexemple,
onplace
lepoint représentatif
de la dernièredemi-journée
de
produ.ction,
il estpossible
deporter
unjugement
de valeur sur le rendementde cette
demi-journée
selon laposition
de cepoint
dans le nuage.La
Statistique mathématique permet
depréciser
le sens de ces remarquesFIG. 1 - ORGANIGRAM
FI G. 2 -
ARBRE
RENVERSEA
chaque génération,
le nombre des ascendants estmul+,iplié
pardeux,
sauflorsgu’interviennent
desmariages consanguins.
FIG. 3 - CLASSIFICATION DES ESPECES VIVANTES
FIG. 4
Classement de
pièces d’après
trois critères de classementprenant l’un,
trois valeurs
(ferreuses, cuivreuses, autres)
y les deuxautres,
deux valeurs(de
révolution,
non derévolution; perçées,
nonpercées).
FIG. 5
Limites de la
représentation d’EUler,
trois critèresprenant
deux valeurs:matière: ferreuse
(F);
non ferreuse(NF)
forme : de révolution
(R) ;
non de révolution(NR)
perçage:
perçées (P);
nonpercées (NP).
FIG. 6
Représentation
du classement de lafigure
11 en mettant en évidence la structure desimplexe
d’ordre 3.FIG.
7Réseau PERT
indiquant
les successions entrechaque opération. Chaque
cer-cle numéroté
représente
uneétape (époque
suivant certainesopérations
et enprécédant d’autres)
etchaque
flèchereprésente
uneopération.
Il
s’agit
d’un schéma trèssimplifié
de la construction d’une maison.A :
fondation,
gros oeuvre F : pose des-canalisations B :préparationdes
huisseries G : branchementsen atelier
’
H : couverture C :
préparation
de lacharpente
J : sanitairesD : cloisons K :
peintures
E : pose des huisseries L : mise en état des abords.
Le réseau met en évidence la succession des
opérations.
FIG. 8 - TABLEAU DES
QUALIFICATIONS
DU PERSONNEL.FIG. 9
Qualification
dupersonnel: représentation
de laqualification
par unpoint
à l’intersection de deux droites.
FIG. 10
Qualification
dupersonnel. Représentation
duale: laqualification
est re-présentée
par unedroite joignant
deuxpoints.
FIG, 11
Durée totale d’insolation mensuelle - Observatoire de Paris - Montsouris -
1963.
FIG. 12
Histogramme
des durées d’insolation mensuelle - Observatoire de Paris - Montsouris -1963.
FIG. 13
L’analyse
de la collection d’été de tricots Savoisiens: Danschaque
caseest
porté
le nombre estimé de tricotsvendus,
pourchaque hypothèse
detempéra-
ture.
Lorsque
cela estpossible,
onporte
dans cescases
une estimation de l’ob-jectif poursuivi (chiffre d’affaires,
margebrute, etc..).
FTG, 14 - Chiffre d’af£aires des agences:
représentation
en bâtons.FIG. 15 - Chiffre d’affaires très voisins - il est nécessaire de faire
une coupure dans l’échelle des valeurs. Pour éviter des erreurs
d’interprétation,
cette coupure doit être très visible.FIG. 16 - Mêmes données que celles de la
figure
20:représenta-
tion en
tuyaux d’orgues jointifs.
FIG. 17 - Mêmes données que celles de la
figure
20:représenta-
tion en
tuyaux d’orgues séparés.
’
FIG. 18 -
Représentation
des données de lafigure
21: entuyaux d’orgues jointifs.
FIG. 19 -