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LÉGISLATION : Les Sociétés civiles et les nouvelles exigences fiscales (Loi du 22 Mars 1924, Article 32 et Loi du 13 Juillet 1925, Articles 62 et suivants)

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Texte intégral

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L É G I S L A T I O N

Les Sociétés civiles et les n o u v e l l e s e x i g e n c e s fiscales

(Loi du 22 Mars 1924, Article 32 et Loi du 13 Juillet 1925, Articles 62 et suivants)

Par P A U L BOUGAULT, Avocat à la Cour d'Appel de Lyon.

Les nombreuses Sociétés civiles qui ont été constituées pour procéder à l'acquisition des terrains et des droits nécessaires à l'installation des chutes d'eau ont à tenir compte au point de vue fiscal des nombreuses innovations contenues dans la loi du 13 juillet 1925, L'article 62 de cette loi oblige les Sociétés existantes à faire une déclaration d'existence et l'inobservation de celte prescription est punie par des pénalités fiscales.

De plus, toutes les Sociétés civiles deviennent soumises à l'obligation de communiquer au fisc les renseigne­

ments que celui-ci désire avoir. Cette innovation radicale est contenue dans l'article 64 de la nouvelle loi. Celle dernière étape était prévue pour tous ceux qui ont su lire entre les lignes l'article 32 de la loi du 22 mars 1924,

Après avoir rappelé les grands principes en matière de Sociétés civiles, l'auteur consacre l'article que l'on va tire à l'élude des récentes règles fiscales.

I

A P E R Ç U GÉNÉRAL S U R LA LÉGISLATION DES SOCIÉTÉS CIVILES

Caractère des Sociétés Civiles.— La limitation de la respon­

sabilité,— Les associés et les tiers-— On oppose les sociétés

« civiles » a u x sociétés commerciales. D a n s le langage p r a t i q u e , cette différence se t r o u v e dans u n e question de forme. Sans doute, si l'on v o u l a i t raisonner d ' u n e façon moins superficielle, on s'apercevrait r a p i d e m e n t que la « forme » n ' e s t pas t o u t et que le « b u t » que l'on se propose en s'associant n ' e s t pas dénué d'une certaine i m p o r t a n c e (1). Envisageons un g r o u p e m e n t régulièrement c o n s t i t u é : s'il a p o u r objet de faire des actes

« civils », p a r exemple la gestion d ' u n p a t r i m o i n e immobilier, la location d'immeubles, etc., il doit être u n e société « civile » : il sera u n e société commerciale, au contraire, s'il a pour b u t principal l ' a c h a t des objets p o u r la r e v e n t e ou de la matière première p o u r la t r a n s f o r m e r en p r o d u i t s i a b r i q u é s .

Mais la question de forme a pris une p r é p o n d é r a n c e considé­

rable à p a r t i r de la loi du 1e r a o û t 1893, qui a a j o u t é à la loi du 24 juillet 1867, l'article 68 ainsi conçu : « Quel que soit leur

« objet, les sociétés en c o m m a n d i t e ou a n o n y m e s qui seront

« constituées dans les formes du code de commerce ou de la

« présente loi, seront commerciales et soumises a u x usages du

(1) Une conséquence p r a t i q u e de cette différence est que le groupement dont le b û t est p u r e m e n t civil p e u t , q u a n t il est au-dessous de ses affaires, t o m b e r en déconfiture, mais jamais en faillite. L ' é t a t de déconfiture est constitué p a r une insolvabilité notoire du débiteur, établi p a r exemple au m o y e n de srdsies infructueuses : mais il n ' e n t r a î n e jamais u n e peine quelcon yac, à moins qu'il y ait eu escroquerie ou abus de confiance, il n ' a m è n e p a s la constitution d'une masse garantie p a r une h y p o t h è q u e , ni u n syndicat de créanciers : signaler cette absence, c'est souligner t o u t ce qui existe dans la faillite (voir Droit Commercial de Thal- ler, refondu p a r Percerou, n° 1709). On pourrait relever d'autres différences entre la Société civile et la Société commerciale : la compétance du Tribunal de commerce n'existe q u ' a u profit de la seconde.

« commerce (1). » Il suffit q u e la société se c o n s t i t u e p a r actions, p o u r qu'elle devienne commerciale e t p a r c o n s é q u e n t encoure la faillite, e t soit soumise à l'obligation de tenir des livres. Son principal privilège, a t t a c h é à la régularité de sa constitution, est la l i m i t a t i o n de la responsabilité d u sociétaire à la somme qu'il a versée : en d ' a u t r e s t e r m e s , en cas de recours des créan­

ciers sur l'actif social, l'actionnaire ne p e u t p a s p e r d r e plus que sa mise. (Voir Thaller, n u m é r o 759).

Nous ne nous occuperons d o n c dans la présente é t u d e que des sociétés qui, a y a n t u n b u t civil, e t a y a n t conservé la forme civile, ne sont justiciables que du Code civil. T o u t e a u t r e société qui a u r a i t pris la forme d ' u n e Société p a r a c t i o n s serait justi­

ciable de la loi du 24 juillet 1867, et des n o m b r e u x t e x t e s qui o n t suivi cette loi : elle n e nous intéressera d o n c p a s pour l'ins­

t a n t .

S u r t o u t , nous ne ferons a u c u n e allusion à c e t t e forme lamen­

t a b l e que, dans la p r a t i q u e , on a v a i t imaginée, il y a u n e ving­

t a i n e d ' a n n é e s , p o u r d o n n e r à u n e Société civile l ' a p p a r e n c e d'une Société p a r actions, sans en avoir les d é s a g r é m e n t s .

On se rappelle la formule que l'on i n t r o d u i s a i t à la fin des s t a t u t s , p a r laquelle les sociétaires déclaraient « e n t e n d r e vou-

« loir que la p a r t de c h a c u n d ' e u x c o n s t i t u â t le gage unique

« des créanciers qui p o u r r a i e n t survenir, sans pouvoir jamais

« être poursuivis sur leurs biens personnels. » C o m m e le fait r e m a r q u e r Thaller, n u m é r o 761 ter, la j u r i s p r u d e n c e a fini par c o n d a m n e r ces Sociétés, en y v o y a n t des Sociétés à responsabi-

(1) Le long intervalle de 32 ans qui a couru depuis cette loi r e n d peu intéressante l'étude des sociétés antérieures, qui sont a u j o u r d ' h u i liquidées, ou converties en Sociétés anonymes : cette loi n ' a pas d'effet rétroactif c e p e n d a n t et on p e u t trouver dans Thaller, n° 746 et suivants, une excellente étude sur les Sociétés antérieures à cette date. L ' a u t e u r , au n u m é r o 758, ex­

plique que la loi de 1893 n'est relative q u ' a u x Sociétés en comman­

dite p a r actions ou anonymes ; et q u ' u n e Société civile, par son objet reste civile, m ê m e après avoir pris l a forme en commandite simple ou en n o m collectif.

Article published by SHF and available athttp://www.shf-lhb.orgorhttp://dx.doi.org/10.1051/lhb/1925028

(2)

lité limitée : leurs f o n d a t e u r s trop habiles, o n t été frappés par les peines de la loi de 1867 ; e t elles ont été déclarées nulles, comme a y a n t été créées sans les formalités traditionnelles et légales, formalités bien connues (assemblées constitutives, vérification de la sincérité des souscriptions, e t c . . ) d o n t la plus importante, sans c o n t e s t a t i o n possible, est la publicité, véritable Garantie d o n n é e a u x tiers.

La Société civile se constitue donc p a r le c o n s e n t e m e n t des sociétaires qui, dans un pacte signé d'eux, déclarent m e t t r e en commun c e r t a i n s biens ou certaines s o m m e s d ' a r g e n t , dans le but d'en tirer des bénéfices et de se les r é p a r t i r . Ce b u t est l'essence m ô m e de la Société, de foute Société possible, quels que soient son nom et sa n a t u r e , à la différence de l'association où l'on p e u t envisager le simple a g r é m e n t à tirer de la mise en commun d ' u n e chose. L ' a r t i c l e 1832 du Code civil n ' a d m e t pas de réplique à l'affirmation qu'il donne : « La société est un

« contrat p a r lequel d e u x ou plusieurs personnes conviennent

« de m e t t r e quelque chose en c o m m u n , dans la v u e de p a r t a g e r

« le bénéfice qui p o u r r a en résulter. » E t l'article 1834, v o u l a n t déterminer le m o d e de cette convention, précise : « Toutes

« sociétés d o i v e n t ê t r e rédigées p a r écrit, lorsque leur objet

« est d ' u n e valeur de plus de 150 francs ».

Gel, a c t e écrit qui devra n a t u r e l l e m e n t être enregistré, pour être opposable a u x tiers n'est pas soumis à des mesures de publicité. La loi n ' a pas cru indispensable, dans la vie civile, où on a le t e m p s de se renseigner, d ' i n s t i t u e r un système d'ex­

trait dans les j o u r n a u x ou de dépôt d ' a c t e au greffe (Thaller loto cilaio, n u m é r o 298).

Le c o n t r a t appelé s t a t u t a comme conséquence de d o n n e r la personnalité m o r a l e à la Société : la Cour de Cassation l'a re­

connu formellement p a r a r r ê t du 23 février 1891 ( D . 1891, 1. 337) et des a r r ê t s postérieurs : p a r conséquent, l'être social peut vivre, é t a n t r e p r é s e n t é légalement p a r ses m a n d a t a i r e s : il aura un p a t r i m o i n e p r o p r e à lui-même et p o u r r a , soit acquérir, soit a l i é n e r ; il possédera u n domicile et le d r o i t de l'associé sera mobilier môme si la société est immobilière, ce qui, au point de vue fiscal, a u n e i m p o r t a n c e considérable ; la cession du droit de l'associé bénéficie d ' u n tarif m o i n d r e que celui qui est appli­

cable à la t r a n s a c t i o n immobilière. (Ibidem n° 297 et s u i v a n t s ) . Mais, p a r m i ces caractères, on chercherait v a i n e m e n t (qu'il nous soit permis de le r é p é t e r encore u n e fois) la limitation vis-à-vis des tiers, de la responsabilité de l'associé au m o n t a n t de sa p a r t sociale : on d i t g é n é r a l e m e n t que c e t t e différence entre la Société civile, d ' u n e p a r t , et, d ' a u t r e p a r t , la Société en commandite et la Société a n o n y m e , p r o v i e n t de ce que ces deux dernières Sociétés sont régies, p a r d e u x articles du Code de commerce : l'article 26 (d'après lequel l'associé commanditaire n'est passible des p e r t e s que j u s q u ' à concurrence des fonds qu'il a mis ou dû m e t t r e d a n s la Société), et l'article 33, d'après lequel « les associés d a n s les Sociétés a n o n y m e s ne sont passi-

« blcs que de la perte du m o n t a n t de leur i n t é r ê t dans la Société ».

11 faut aller plus loin encore : ce n ' e s t point par p r é t e n t i o n que dans la Société civile la s i t u a t i o n des associés,.vis-à-vis des fiers, est réglée : c'est p a r u n e disposition formelle du Code civil; article 1863 : «Les associés sont tenus envers le créancier

« avec lequel ils o n t c o n t r a c t é , chacun pour une somme e t une

«part égales, encore que la p a r t de l'un d ' e u x dans la société fut

» moindre, si l'acte n'a pas spécialement restreint l'obligation de

«celui-ci sur le pied de cette dernière p a r t ».

Cet article que la j u r i s p r u d e n c e considère comme é t a n t d'ordre public i n d i q u e avec une parfaite concision u n principe

c t la seule exception qu'il faut lui appliquer.

a) L e principe est t e r r i b l e : lorsque les associés r e p r é s e n t é s par celui auquel ils ont d o n n é les pouvoirs (1) o n t fait u n con­

t r a t g é n é r a t e u r d ' u n e d e t t e , celle-ci se divise e n t r e e u x (sans solidarité, car nous ne sommes pas en m a t i è r e commerciale), (2) mais chacun devient responsable d'une fraction égale à celle de l ' a u t r e actionnaire (un sixième, p a r exemple s'il existe six associés), alors m ê m e que son a p p o r t serait b e a u c o u p m o i n ­ dre : p a r exemple, si q u a t r e des six associés o n t placé c h a c u n 200.000 francs dans une affaire, et chacun des d e u x a u t r e s 25.000 francs, ce qui constitue un capital social de 850.000 francs, une d e t t e de 600.000 francs se divisera en 6 fois 100.000 francs, cette dernière somme sera d e m a n d é e à celui qui a u r a versé 200.000 francs comme à celui qui n ' e n aura versé que 25.000. Le r e c o u v r e m e n t de la créance sera poursuivi sur l'universalité des biens de chacun.

b) L'exception se p r o d u i t t o u t e s les fois que le créancier a u r a accepté formellement qu'il en soit a u t r e m e n t : il y a, en effet, un a b î m e e n t r e les deux situations : la l i m i t a t i o n du risque de l'associé à sa p a r t ou à son n o m b r e de p a r t s est i n t e r d i t e p a r voie s t a t u t a i r e : elle est p a r f a i t e m e n t licite, p a r voie c o n t r a c ­ tuelle : de m ê m e , il est permis de dire que le recours du créancier ne s'exercera que sur l'actif de la Société, sans que l'associé puisse personnellement être mis en cause. Le principe est cer­

t a i n : u n créancier a t o u j o u r s la possibilité de limiter son recours : cette l i m i t a t i o n eût-elle pour effet de lui faire a b a n d o n n e r t o u t droit vis-à-vis d ' u n e personne et t o u t recours sur u n p a t r i m o i n e d é t e r m i n é .

I I

O B S E R V A T I O N S A U POINT DE V U E FISCAL

Indications des différentes questions à étudier. — U n e é t u d e complète, en ce qui concerne le d r o i t fiscal et ses multiples exigences nous e n t r a î n e r a i t t r o p loin. Nous allons seulement e x a m i n e r les points s u i v a n t s :

1° U enregistrement des actes de société. Nous r e m a r q u e r o n s l ' a g g r a v a t i o n de la récente loi du 13 juillet 1925 (article 40) ;

2° Les droits divers qui ont frappé et f r a p p e n t la transmission des p a r t s , n o t a m m e n t d ' a p r è s l'article 23 de la loi du 28 dé­

c e m b r e 1922) ;

3° L'impôt sur le revenu, spécialement en ce qui t o u c h e la t a x a t i o n forfaitaire (article 32 de la loi du 23 m a r s 1924).

4° Le droit de communication conféré a u x a g e n t s de l ' A d m i ­ n i s t r a t i o n de l'enregistrement, en ce qui concerne les écritures des Sociétés civiles (articles 62, 63, 64 e t 65 de la loi du 13 juil­

let 1925) ;

Enregistrement des actes de société.— T o u t a p p o r t de biens (deniers, meubles, immeubles) qui donne d r o i t à des p a r t s dans la Société, a été tarifé p e n d a n t l o n g t e m p s à 0,20 p o u r cent ; c'était l'époque où é t a i t applicable l'article 19 de la loi du 28 avril 1893 corrigeant lui-même l'article premier de la loi du 28 février 1 8 7 2 ; c e t t e époque a cessé à la p r o m u l g a t i o n de la loi du 29 juin 1918, d o n t l'article 15 a élevé le d r o i t à 1 % sans

(1) 11 faut que l'associé qui contracte ait reçu le pouvoir des autres, pour que ceux-ci soient engagés (voir à la n o t e suivante l'article 1862), c'est ce qui se p r o d u i t évidemment q u a n d il existe u n gérant ou un directeur.

(2) L'article 1862 du Code civil est ainsi conçu : Dans les So­

ciétés autres que celles de commerce, les associés ne sont p a s t e n u s solidairement des dettes sociales, et l ' u n des associés ne p e u t obli­

ger les autres si ceux-ci ne lui en ont conféré le pouvoir.

(3)

décime : et c e t t e seconde é t a p e , elle-même, vient d ' ê t r e f o r t e m e n t dépassée par la loi du 13 juillet 1925 qui a fixé le n o u v e a u tarif à 2,50 p o u r cent. Le t e x t e de l'article 40 est le s u i v a n t : « Le droit, de 1 % édicté p a r l'article 15 de la loi du 29 j u i n 1918 p o u r les

« actes de f o r m a t i o n e t de p r o r o g a t i o n de sociétés désignés à

« l'article 1e r n ° 1, de la loi du 28 février 1872 est p o r t é à 2,50

« p o u r cent, en principal (1). Toutefois, le droit reste m a i n t e n u a à 1 p o u r cent en principal p o u r les a c t e s de fusion de société

« déjà e x i s t a n t e s , p o u r v u que la durée de la Société p r o v e n a n t

« de c e t t e fusion ne dépasse pas le n o m b r e d ' a n n é e s d u r a n t les-

« quelles d e v a i t encore exister celle des sociétés fusionnées

« d o n t le t e r m e é t a i t le moins éloigné. »

Q u a n d l ' a p p o r t d'un immeuble est r é m u n é r é p a r des p a r t s , nous réitérons que le droit ancien de 1 p o u r cent é t a i t perçu, aussi bien que p o u r un a p p o r t en deniers. Il en sera de même a u j o u r d ' h u i , sauf la différence du t a u x qui est de 2,50, comme il v i e n t d ' ê t r e dit. Q u a n t au droit de t r a n s c r i p t i o n , qui a été, à son origine, de 1,50 plus d e u x décimes et demi et est a u j o u r d ' h u i de 2 °-^sans décime (loi du 25 j u i n 1 9 2 0 - a r t i c l e 25) ; il n'a pas été majoré e t est t o u j o u r s payé, au m o m e n t de l'enregistrement, en v e r t u de l'article 8 de la loi du 13 juillet 1911, sans préjudice de la t a x e h y p o t h é c a i r e qui est de 40 centimes p o u r cent francs pour les immeubles et 20 centimes pour cent francs pour les b a u x à longue durée.

Droits divers sur la transmission des parts.— On sait que, par définition même, la p a r t civile, c'est-à-dire. le. droit d'un socié­

t a i r e dans une société civile, ne p e u t être cédée p a r u n titulaire à u n a u t r e , s u i v a n t les voies qui sont exclusivement réservées a u x t i t r e s négociables, c'est-à-dire a u x actions d'une société commerciale, savoir : le transfert, r é s u l t a n t de l'inscription à un registre spécial ou la tradition, de la m a i n à la m a i n , en ce qui concerne les titres a u x p o r t e u r s . P o u r être opposables a u x tiers les cessions doivent être opérées « p a r la voie civile » ou, en d ' a u t r e s t e r m e s , la société ne doit reconnaître le concessionnaire comme v r a i m e n t s u b s t i t u é a u c é d a n t , que si l ' u n des deux lui a signifié p a r u n exploit d'huissier que la cession a bien été faite, ou que le bénéficiaire de la cession justifie qu'elle a été. réalisée p a r a c t e notarié. Cette disposition, écrite dans l'article 1690 du Code civil, a p o u r b u t d'éviter t o u t e supercherie. « Le cession-

« naire, dit cet article, n ' e s t saisi à l'égard des tiers que par la

« signification du t r a n s p o r t faite au débiteur. Néanmoins, le

« cessionnaire p e u t être également saisi p a r l'acceptation du

« t r a n s p o r t faite p a r le débiteur dans u n a c t e a u t h e n t i q u e ».

Cet article est écrit au chapitre du T r a n s p o r t des créances et a u t r e s droits incorporels. Il ne faut p a s s ' é t o n n e r de ce r a p p r o ­ chement. U n e p a r t d ' i n t é r ê t dans u n e société constitue pour celui qui en est titulaire une créance contre cette société : la cession de la p a r t ne sera donc q u ' u n e cession de créance, sou­

mise comme telle a u x formalités imposées à ce genre de t r a n s ­ mission (2).

(1) Cet article est celui qui a été rédigé par la Commission de la Chambre des députés (voir r a p p o r t Viollette, n° 537, t o m e I I I , page 79) ; il a été v o t é p a r la Chambre (voir Journal Officiel du 22 février 1925, page 1139, colonne 3) ;la commission du Sénat avait r a m e n é le tarif à 1,50% (rapport de Bérenger , n° 140, page 81). L a discussion, d'abord réservée au Sénat (voir Journal

Officiel du 28 mai 1925, Sénat, page 1011, colonne 3) a été reprise, à la séance du 30 mai (Journal Officiel du 31 mai, page 1119), après le r e t r a i t " d ' u n a m e n d e m e n t de M. H e r v e y et le retrait d'un a m e n d e m e n t de M. Raiberti, qui voulait étendre la disposition fiscale a u x associations de la loi de 1901.

(2) Il y a sur ce point un accord parfait entre le droit civil et le droit fiscal, tel que ce dernier a été précisé définitivement dans un arrêt récent de la Cour de Cassation. L'article 69, paragraphe 2, n ° 6 de la loi de Frimaire, an V I I , soumet à la t a x e de 50 centimes

A u j o u r d ' h u i , l'enregistrement de ces transmissions est tarifé à 90 centimes p a r cent francs, p a r l'article 23 de la loi du 28 dé­

cembre 1922 (1). « E s t p o r t é à 90 c e n t i m e s , s a n s a d d i t i o n de

« décimes, le tarif du droit p r o p o r t i o n n e l , édicté p a r l'article 69,

« p a r a g r a p h e 2, n° 6, de la loi du 22 frimaire, a n V I I , en tant

« qu'il s'applique a u x cessions de p a r t s d a n s les sociétés, com-

« pagnies ou entreprises d o n t le capital n ' e s t p a s divisé eu

« actions ».

L'impôt sur le revenu avant la loi du 22 mars 1924.— On sait que p a r l'article premier de la loi du 29 j u i n 1872, une taxe annuelle et obligatoire est établie : « 3° Sur les i n t é r ê t s pro­

ie duils et bénéfices annuels des p a r i s d ' i n t é r ê t et commandites

« dans les sociétés, compagnies et entreprises d o n t le capital

« n'est pas divisé en actions ». A u c u n e difficulté ne se présente pour d é t e r m i n e r ces i n t é r ê t s ou p r o d u i t s , q u a n d il existe un organe q u ' a d m i n i s t r e et dirige la Société. E n l'absence du dil organe, la question a u r a i t été plus compliquée si la loi n'avait pris soin d ' é t a b l i r un forfait dans les termes s u i v a n t s : « Le

« revenu est d é t e r m i n é 3° pour les p a r t s d ' i n t é r ê t et comman-

« dites, soit p a r les délibérations des conseils d'administration

« des intéressés, soit à défaut de délibération p a r l'évaluation

« à raison de 5 °„ du m o n t a n t du capital social, ou du prix

« m o y e n des cessions de p a r i s d ' i n t é r ê t s consenties pendant

« l'année précédente. »

p a r cent francs, au m o m e n t où elles ont lieu, les cessions <• d'ac­

tions » mobilières des compagnies ou sociétés. La Régie avait ad­

mis la prétention de p r e n d r e le sens strict du m o t « actions » et de faire valoir qu'elle ne p o u v a i t , en conséquence, appliquer le droit de 50 centimes à la cession des p a r t s d'intérêts dans une société civile, mais qu'elle devait prendre le droit de 2 % applica­

ble, d'une manière générale, à la cession de tous droits « mobiliers ».

La Chambre civile, dans un arrêt r a p p o r t é dans la Gazette des Tribunaux du 15 janvier 1919, a cassé un j u g e m e n t du tribunal de Lille, du 15 juillet 1911 (affaire Cardon Droulois et Ci e contre Em-egistrement. Me Blondel, avocat général, et Feulliolcy, Conseiller r a p p o r t e u r ) ; elle a précisé a d m i r a b l e m e n t que l'article précité de la loi de Frimaire est applicableà t o u t e s les divisions d ' u n capital social, quelle q u ' e n soit la dénomination, il s'applique n o t a m m e n t a u x p a r t s d'intérêt, pourvu que leur transmission puisse avoir lieu en faisant abstraction des meubles et des immeu­

bles a p p a r t e n a n t a u x sociétés et qu'elle ait ainsi pour objet, non une fraction de la propriété indivise de fonds social, mais le meu­

ble incorporel consistant dans les droits sociaux du cédant.

(1) Cette loi est non seulement bien connue p a r son article 23, mais encore par son article 24 qui, à la différence du premier, est relatif a u x sociétés p a r actions, elle rend la t a x e annuelle de transmission obligatoire dès l'origine de la Société, le t i t r e n'étant pas encore créé et j u s q u ' a u m o m e n t de sa création : la loi frappe donc « le droit » de l'actionnaire et non pas le t i t r e (il s'agit delà t a x e créée par la loi du 23 juin 1857, fixée au t a u x de 50 centimes p a r cent francs ; p a r l'article 49 de la loi du 25 juin 1920 ; ensuite au t a u x de soixante centimes p a r cent francs p a r l'article 19 de la loi du 30 juin 1923 ; le tarif est a u j o u r d ' h u i de 70 centimes par cent francs, en v e r t u de l'article 76 de la loi du 13 juillet 1925, ainsi conçu : « A p a r t i r du 30 juin 1925 est p o r t é à 70 centimes

« p a r cent francs, en principal le droit annuel de transmission

« fixé à 60 centimes par cent francs par l'article 18 de la loi du

« 30 juin 1923 et auquel sont assujettis : 1° les titres au porteur

« d'actions ou obligations françaises ; 2° les titres nominatifs

« et au p o r t e u r étrangers, visés au p a r a g r a p h e 2 de l'article 31 de

« la loi du 29 mars 1914. ; 3° les droits visés à l'article 24 de la

« loi du 28 décembre 1922). »

On r e m a r q u e r a qu'en raison du double décime créé par la loi du 22 m a r s 1924, le tarif de 70 centimes est de 84 centimes au­

j o u r d ' h u i .

Ajoutons qu'en ce qui concerne les actions d ' a p p o r t , la Régie e n t e n d ne pas les frapper de la t a x e même des droits incorporels, c'est ce qui résulte de l'instruction de la Régie du 29 décembre 1922, indiquée dans le Journal des Sociétés, livraison de mars 1923, page 138.

(4)

A v a n t la loi du 22 m a r s 1924, la l i q u i d a t i o n de l ' i m p ô t n ' é t a i t donc j a m a i s compliquée, soit dans l'une, soit dans l ' a u t r e de ces alternatives, e t l'on opérait d ' a p r è s les règles s u i v a n t e s que l'on trouve résumées d a n s t o u s les m a n u e l s , savoir :

A. — S'il existe un Conseil a"Administration, l ' i m p ô t est dû au p r o r a t a du n o m b r e de jours écoulés p o u r le p r e m i e r t r i m e s t r e : dans la suite, il est p a y é a u x époques légales, c'est-à-dire dans les vingt premiers j o u r s des mois de janvier, avril, juillet, octobre.

Aussitôt que les écritures relatives a u x r é s u l t a t s d u premier exercice ont été arrêtées, u n e liquidation définitive est accom­

plie, elle est réalisée au m o y e n de pièces justificatives, (procès- verbal de l'assemblée fixant la r é p a r t i t i o n , etc.) qui doivent être déposées d a n s les v i n g t j o u r s .

S'il y a bénéfice d i s t r i b u é pour la première a n n é e , — ce qui est rare, •— et s'il é t a i t supérieur au 5 % du c a p i t a l , il y a lieu à paiement de l ' i m p ô t sur l'excédent ; de plus, dans l'avenir, l'impôt d e v r a être p a y é a u x époques légales ; mais il sera établi sur les q u a t r e - c i n q u i è m e s du revenu distribué l'année précédente.

Si, au c o n t r a i r e , a u c u n e d i s t r i b u t i o n n ' a lieu, il en résulte deux conséquences : d ' u n e p a r t , la r e s t i t u t i o n p o u v a i t être exigée p a r le c o n t r i b u a b l e , et d ' a u t r e p a r t il n ' é t a i t fait aucun versement p o u r l ' a v e n i r ; car on ne p e u t frapper un i m p ô t sur les quatre cinquièmes de zéro.

B. — Mais lorsque, d'après les statuts, la mission de fixer les dividendes n ' e s t i m p a r t i e ni au Conseil d ' a d m i n i s t r a t i o n , ni à aucun organe directeur, le p a i e m e n t forfaitaire continue indéfi­

niment e t il c o n v i e n t de n o t e r les trois principes s u i v a n t s : 1° Si le fisc découvre qu'il y a eu une d i s t r i b u t i o n plus forte que l'intérêt forfaitaire, il n ' a a u c u n e observation à faire, le.

forfait, é t a n t absolu, i n t e r d i t t o u t e espèce de p r e u v e .

2° Si la société distribue des bénéfices moins i m p o r t a n t s que le forfait, elle n ' a p a s le droit de d e m a n d e r une a t t é n u a t i o n de l'impôt.

3° Toutefois, au cas où la Société a u r a été d ' u n e improducti­

vité absolue, n ' a y a n t réalisé a u c u n bénéfice, elle pourrait, d'après u n a r r ê t de la Cour de Cassation du 13 avril 1886, ( D P . 1886, 1.185) (affaire Klein et Ducros) a u q u e l s'est ralliée l'Ad­

ministration elle-même, faire la preuve de cette i m p r o d u c t i v i t é et se faire r e s t i t u e r l ' i m p ô t forfaitaire. La Cour S u p r ê m e n'a pas admis que le fisc p û t recevoir un i m p ô t sur le r e v e n u dans les hypothèses où il est p r o u v é que le r e v e n u a c o m p l è t e m e n t manqué.

Tel est le s y s t è m e qui a été observé j u s q u ' à la loi du 22 mars 1924.

L'impôt sur le revenu depuis la loi du 22 mars 1924. — Le système précité a t o u j o u r s été accepté à c o n t r e - c œ u r p a r l'Ad­

ministration fiscale, parce qu'il lui i m p o s a i t de s u p p o r t e r le forfait, sans p o u v o i r le critiquer, alors que, malgré ce forfait, elle devait r e s t i t u e r l ' i m p ô t , en cas d ' i m p r o d u c t i v i t é complète, et c'est pour ce motif qu'elle est p a r v e n u e , par étapes successives, à faire réformer la loi.

La première é t a p e a été accomplie p a r l'article 32 de la loi du 22 m a r s 1924 qui a a d m i s le régime s u i v a n t : deux situations peuvent se p r é s e n t e r : ou bien les sociétés civiles seront sujettes au droit de c o m m u n i c a t i o n à l'enregistrement, ou bien elles ne seront pas soumises à c e t t e sujétion. D a n s le premier cas, le bénéfice d i s t r i b u é sera d é t e r m i n é p a r les délibérations des Con­

seils d ' A d m i n i s t r a t i o n ou, à défaut de délibérations, a u moyen d'une déclaration à souscrire dans* les trois mois de la clôture de l'exercice faisant connaître les bénéfices effectivement distribués

au cours de l'exercice précédent. D a n s le second cas (société non assujettie au droit de c o m m u n i c a t i o n ) , il y a u r a é v a l u a t i o n forfaitaire, à raison de 8 % du m o n t a n t du capital social au p r i x m o y e n des cessions de p a r t s d ' i n t é r ê t consenties p e n d a n t l'année précédents, à moins que l'Administration ou les contribuables ne soient en mesure d ' é t a b l i r dans les formes compatibles avec la procédure en matière d'enregistrement le m o n t a n t des bénéfices effectivement distribués, auquel cas la t a x e est liquidée d'après le revenu ainsi déterminé.

L a simple lecture de ce qui précède indique que la loi é t a i t presque inopérante au point de vue des sociétés civiles : le t e x t e (1) lui-même a u r a i t é t é inexplicable s'il n ' a v a i t pas été l'ait p o u r prévoir à la fois les sociétés civiles appelées par p a r t s d'intérêt, et les sociétés commerciales en c o m m a n d i t e simple.

C o m m e n t , en effet, supposer u n cas où une société « civile » p o u v a i t devenir soumise au droit de c o m m u n i c a t i o n au fisc ? Il faut supposer l'hypothèse presque irréalisable d'une société civile qui se serait mise à faire du commerce et qui, a y a n t ac­

compli un chiffre d'affaires dépassant 50.000 francs, serait t o m b é e sous le contrôle fiscal en v e r t u de l'article 31 de la loi du 31 juillet 1920. D a n s le second cas prévu (absence de délibé­

ration) le t e x t e a u g m e n t e le forfait, et se réserve le droit de p r o u v e r que le revenu a été en réalité plus considérable que le chiffre forfaitaire : mais cette preuve est très aléatoire.

Aussi bien des personnes se sont étonnées du peu de clarté des expressions employées p a r la loi : elles ont d e m a n d é n o t a m m e n t ce que signifiaient les t e r m e s écrits clans l'article 32 : « L ' A d m i -

« nistration ou les contribuables sont en mesure d'établir dans

« les formes compatibles avec la procédure en m a t i è r e d'enre-

« g i s t r e m e n t le m o n t a n t des bénéfices effectivement distribués. » D ' a u t r e s personnes plus expérimentées ont pu comprendre de suite que le dit article n ' é t a i t q u ' u n t r a v a i l préliminaire pour a m e n e r progressivement l'encerclement des sociétés civiles dans les g r o u p e m e n t s qui sont m a i n t e n a n t soumis formellement à la c o m m u n i c a t i o n de leurs écritures au fisc (2).

Le dernier s t a d e a été franchi par les articles 62, 63 et 64 de la loi du 13 juillet 1925.

(1) L'article 32 nous dit : « L'article 2, 3°, 1e r alinéa de la loi du 29 juin 1872 est modifié ainsi qu'il suit :

« 3° P o u r les p a r t s d'intérêts et commandites :

« a) Lorsque la Société est assujettie au droit de communica-

« tion, en v e r t u des lois existantes, soit p a r les délibérations des

« Conseils d'administration, soit à défaut de délibération, au

« m o y e n d'une déclaration à souscrire clans les trois mois de la

« clôture de l'exercice faisant connaître les bénéfices effeetive-

« m e n t distribués au cours de l'exercice précédent ;

« b) Lorsque la Société n'est pas assujettie au droit de commu-

« nication, p a r l'évaluation à raison de 8 % au m o n t a n t du capi-

« tal social ou de la commandite au prix m o y e n des cessions de

« p a r t s d'intérêt consenties pendairt l'année précédente, à moins

« que l'Administration ou les contribuables ne soient en mesure

« d'établir dans les formes compatibles avec la procédure en

« matière d'enregistrement, le m o n t a n t des bénéfices effeetive-

« m e n t distribués, auquel cas la t a x e est liquidée d'après le rc-

« v e n u ainsi déterminé. »

(2) Dans le r a p p o r t de M. Bérenger, qui a précédé la loi du 22 mars 1924, on ne t r o u v e guère de considérations qu'en ce qui concerne les sociétés en c o m m a n d i t e et les sociétés civiles des mines qui n ' o n t pas encore a d o p t é la forme a n o n y m e : le rappor­

t e u r s'exprime de la façon suivante : « Certaines sociétés en com­

m a n d i t e simple, ou sociétés civiles à p a r t s d'intérêt qui réalisent des bénéfices souvent considérables (7, 8, 1 0 % et plus) n'acqui- t e n t en l ' é t a t actuel de la législation la t a x e sur le revenu des valeurs mobilières que sur u n forfait calculé à raison de 5 % du m o n t a n t de la commandite ou du prix moyen des cessions de p a r t s d'intérêt dans l'année précédente. Ce forfait joue t o u t e s les fois

(5)

Les Sociétés Civiles depuis la loi du 13 juillet 1925. — Le système que la loi nouvelle a créé comprend trois parties :

1° L'obligation d ' u n e déclaration ( 1 ) ;

2° L a sanction du m a n q u e m e n t à cette obligation ;

3° Le droit de c o m m u n i c a t i o n conféré a u x a g e n t s de l'enre­

g i s t r e m e n t .

1° L'obligation d'une déclaration, a v a n t le 15 octobre 1925, p o u r les sociétés e x i s t a n t e s , au m o m e n t de l ' a p p a r i t i o n de la loi e t u n mois après la c o n s t i t u t i o n pour les sociétés qui se créeront dans l'avenir est prescrite p a r l'article 62 avec r é n u m é ­ r a t i o n des indications qui doivent être données et les obligations qui se p r o d u i r o n t dans l'avenir.

« Les Sociétés civiles de personnes constituées conformément

« a u x articles 1832 et s u i v a n t s du Code civil, sont t e n u e s de

« faire au b u r e a u de l'enregistrement du lieu où elles ont le siège

« de leur principal établissement, une déclaration c o n t e n a n t :

« l'objet, le siège, la durée de la société ; 2° la d a t e de l'acte

« constitutif et s'il y a lieu du ou des actes modificatifs, ainsi

« que celle de l'enregistrement de chacun de ces actes dont un

« exemplaire sur papier non t i m b r é d û m e n t certifié est j o i n t à la

« déclaration ; 3° les noms, p r é n o m s et domicile de chacun des

« associés, directeurs ou g é r a n t s ; 4° la n a t u r e et la valeur des

« biens mobiliers et immobiliers c o n s t i t u a n t les a p p o r t s ; 5° les

« droits a t t r i b u é s a u x associés dans le p a r t a g e des bénéfices et H de l'actif social, que ces droits soient ou non c o n s t a t é s p a r des

« t i t r e s délivrés a u x a y a n t s - d r o i t . Cette déclaration devra être

« faite dans les trois mois de la publication de la présente loi au

« Journal Officiel p o u r les sociétés civiles e x i s t a n t au j o u r de

« cette publication et dans le mois de leur c o n s t i t u t i o n défini-

« tive pour les m ê m e s sociétés qui se formeront p o s t é r i e u r e m e n t .

« E n cas de modification d a n s la c o n s t i t u t i o n de l'actif social,

« de c h a n g e m e n t de siège, de r e m p l a c e m e n t du directeur, ou du

« gérant ou d ' u n ou plusieurs des associés, lesdites sociétés

« doivent en faire la déclaration d a n s le délai d ' u n mois au

« b u r e a u qui a reçu la déclaration p r i m i t i v e et déposer en m ê m e

« t e m p s u n exemplaire de l'acte modificatif ».

Nous faisons observer que l'on se t r o u v e en présence d'une série de sujétions nouvelles, a b s o r b a n t e s p o u r le personnel restreint des Sociétés civiles.

que ces collectivités sont dépourvues de Conseils d'administra­

tion, ce qui est le cas le plus fréquent. Il en résulte q u ' u n grand nombre d'entreprises très i m p o r t a n t e s telles que les sociétés constituées pour l'exploitation des p a r t s d'agent de change, les sociétés civiles de mines qui n ' o n t p a s encore a d o p t é la forme anonyme (loi du 31 juillet 1920, article 18) échappent légalement à l'impôt sur la portion de leurs bénéfices qui excède 5 % . Or, ce t a u x de 5 % ne correspond plus à l'intérêt actuel de l'argent en matière commerciale et il convient de le relever à 8 % au moins.

E n outre, et pour toutes les sociétés en c o m m a n d i t e qui sont assu­

jetties au droit de communication, à savoir les sociétés commer­

ciales réalisant un chiffre d'affaires supérieur à 50.000 francs, il convient d'asseoir la t a x e non plus sur un revenu forfaitaire mais sur les bénéfices distribués. ( R a p p o r t page 81).

(1) Ainsi que le remarque l'instruction de l'Administration de l'enregistrement (n° 3.859) qui a été reproduit dans le Répertoire p r a t i q u e du n o t a r i a t et de l'enregistrement de Defresnois, rue Dassard, n° 40, à Paris, les sociétés françaises dont les actions sont assujetties au droit de transmission, sont actuellement soumises, à l'obligation de souscrire au bureau de leur principal établissement, u n e déclaration d'existence (décret du 17 juillet 1857, art. 1e r) ; de même l'article 12, p a r a g r a p h e 5 de la loi du 13 avril 1898 a prescrit a u x sociétés étrangères qui se proposent d'acquérir des biens en France et d'y faire des opérations, de déposer au bureau dans le ressort duquel se manifeste pour la première fois leur existence, u n exemplaire certifié de leur acte

2° Q u a n t a u x sanctions établies, elles sont données par l'article 63 : elles s o n t de d e u x sortes : d ' a b o r d , la contravention à l'article 61 p e u t être punie d ' u n e a m e n d e de 100 à 5.000 fr. en principal ; ensuite, si l ' A d m i n i s t r a t i o n c o n s t a t e u n e insuffisance d a n s le chiffre d o n n é c o m m e r e p r é s e n t a n t la v a l e u r des apports mobiliers ou immobiliers, elle p o u r r a infliger u n e a u t r e pénalité égale a u 10 % du m o n t a n t de ces a p p o r t s . La c o n s t a t a t i o n de ces insuffisances doit avoir lieu d a n s les formes prévues aux articles 57 à 60 de la loi, c'est-à-dire p a r une expertise opérée d a n s les formes de droit. D a n s u n e p h r a s e assez énigmatique, l'article 63 (dernier p a r a g r a p h e ) déclare q u ' à défaut de la décla­

r a t i o n p r é v u e à l'article 62, les actes constitutifs ou modificatifs de Sociétés Civiles ne sont p a s opposables à l'Administration p o u r la perception de t o u s i m p ô t s ou t a x e s exigibles en vertu des lois en vigueur (1).

Cela p a r a î t signifier que l ' a d m i n i s t r a t i o n se refuserait à consi­

dérer les biens mis en société c o m m e d é p e n d a n t d ' u n e personne morale a y a n t un p a t r i m o i n e p r o p r e : ils seraient alors pris comme faisant p a r t i e d ' u n e indivision e n t r e les sociétaires, ce qui serait u n e h y p o t h è s e favorable a u x p r é t e n t i o n s fiscales : car celles-ci se t r o u v e r a i e n t renforcées au p o i n t de v u e d e s , m u t a t i o n s immo­

bilières, ce qui est toujours un a v a n t a g e p o u r le Trésor.

3° Le droit de communication, c'est c e r t a i n e m e n t l'innovation la plus g r a v e , qui d o n n e au fisc, r e l a t i v e m e n t a u x écritures des sociétés civiles, le m ê m e pouvoir d ' i n q u i s i t i o n q u ' e n ce qui .concerne les sociétés p a r actions : c e t t e société de famille où l'on p o u v a i t v i v r e à l'abri des r e g a r d s fiscaux d i s p a r a î t donc en fait. E t c o m m e la loi nouvelle v o u l a i t ne laisser subsister aucun d o u t e , elle a é n u m é r é d a n s son article 64, tous les t e x t e s appli-

d'association. Ces dispositions ne visent pas les sociétés civiles de personnes qui n ' a y a n t pas d'objet commercial n ' é m e t t e n t pas de t i t r e négociable, ou qui, si elles sont étrangères, ne manifestens p a s leur existence dans n o t r e p a y s . Aussi, bien qu'assujetties en principe à la t a x e du revenu sur les p a r t s sociales, attribuées à leurs membres et sur les e m p r u n t s qu'elles c o n t r a c t e n t , les so­

ciétés de cette n a t u r e é c h a p p e n t souvent à l'impôt ; elles se prê­

t e n t p a r ailleurs à diverses combinaisons en vue d'éluder les charges fiscales qui incomberaient n o r m a l e m e n t à leurs membres.

L a disposition essentielle de la loi, dit la circulaire, est d'impo­

ser à ces sociétés une déclaration d'existence qui t e n d à mettre, fin à cet é t a t de choses.

P a r m i les indications données p a r l'instruction précitée nous relatons l'indication que l'évaluation des biens mobiliers et immo­

biliers c o n s t i t u a n t les accords sera faite au jour de la constitution de la Société s'il s'agit d'une société formée après la promulgation de la présente loi ou au jour de cette promulgation, si la décla­

r a t i o n émane d'une société constituée à une d a t e antérieure. Les sociétés é t a n t personnellement responsables du défaut de décla­

r a t i o n ainsi que des omissions ou insuffisances commises dans ces déclarations, les agents veilleront à ce que les déclarations dont il s'agit soient souscrites p a r des personnes a y a n t qualité pour engager la société.

(1),Voici le t e x t e de l'article 63 : « T o u t e contravention aux dispositions qui précèdent est punie d'une a m e n d e de 100 à 5.000 fr. en principal, sans préjudice d'une pénalité de 10 fr. par 100 fr. en principal du m o n t a n t des apports mobiliers ou immobi­

liers omis ou insuffisamment évalués dans la déclaration.

« Les omissions sont réprimées dans les délais et suivant les formes prescrites p a r les lois qui régissent les déclarations de m u t a t i o n p a r décès.

« Les insuffisances mobilières ou immobilières sont constatées par voie d'expertise, à laquelle il est procédé dans les formes indiquées a u x articles 57 à 60 de la présente loi.

« A défaut de la déclaration prévue à l'art. 62, les actes cons­

t i t u t i f s ou modificatifs de Sociétés Civiles ne sont p a s opposables à l'Administration, pour la perception de t o u s Impôts ou taxes exigibles en v e r t u des lois en vigueur ».

(6)

cables a u x sociétés p a r actions, t e x t e s qu'elle r e n d applicables aux sociétés civiles. II est facile d'en juger :

« Article 64. — Les Sociétés Civiles visées à l'article 62 sont

« assujetties au droit de c o m m u n i c a t i o n conféré a u x agents

« de l ' e n r e g i s t r e m e n t par la loi du 5 juin 1850, article 16, le

« décret du 17 juillet 1857, article 9, la loi du 23 a o û t 1871,

« article 22, et la loi du 21 j u i n 1875, article 7, le refus de com-

« m u n i c a t i o n est c o n s t a t é p a r u n procès-verbal et soumis a u x

« sanctions établies p a r l'article 5 de la loi du 17 avril 1906 ».

P o u r bien se r e n d r e c o m p t e de t o u t ce que l'Administration aura le droit de d e m a n d e r c o m m e c o m m u n i c a t i o n , il suffit de lire les t e x t e s que l'article 64 cite avec t a n t de m i n u t i e .

C'est d ' a b o r d l'article 16 de la loi du 5 j u i n 1850 : c'est celui qui, dans les Sociétés p a r actions, oblige à tenir un registre des certificats d ' a c t i o n s : « Les t i t r e s ou certificats d ' a c t i o n s seront tirés d ' u n registre à souche ; le t i m b r e sera apposé sur la souche et le t a l o n . Le dépositaire du registre sera t e n u de. le c o m m u n i q u e r aux préposés de l ' e n r e g i s t r e m e n t , selon le m o d e prescrit par l'article 54 de la loi du 22 F r i m a i r e , an V I I , et sous les peines y énoncées ».

Le décret d u 17 juillet 1857 est le t e x t e qui organise les pres­

criptions u n p e u imprécises de la loi du 23 j u i n 1857 sur les droits de t r a n s m i s s i o n dus sur les actions et obligations des Sociétés, Compagnies et E n t r e p r i s e s françaises et étrangères.

Son article 9 est ainsi conçu : « Les dépositaires des registres à souche et des registres de transferts et conversions de titres de sociétés, compagnies et entreprises seront t e n u s de les com­

muniquer s a n s d é p l a c e m e n t , ainsi que t o u t e s les pièces e t docu­

ments relatifs a u x d i t s t r a n s f e r t s e t conversions, a u x préposés de l'enregistrement, à t o u t e réquisition et de leur laisser prendre, sans frais, les renseignements, e x t r a i t s , et copies qui seront nécessaires d a n s l ' i n t é r ê t du Trésor public, à peine de l'amende prononcée p a r l'article 10 de la loi du 23 j u i n 1857, pour chaque refus. Le refus de la Société ou de ses a g e n t s , sera établi, j u s q u ' à inscription de faux, p a r le procès-verbal, affirmé dans les vingt- qnatre heures ».

Mais, les d e u x t e x t e s qui é t e n d e n t dans les plus larges mesures le droit de c o m m u n i c a t i o n à l'enregistrement, sont, sans contes­

tation possible, l'article 22 de la loi du 23 a o û t 1871 et la loi du 21 juin 1875 (article 7).

Le premier de ces t e x t e s fut inspiré p a r le fisc parce que les lois de 1850 e t de 1857 n ' é t a i e n t relatives q u ' a u x inspections qu'il d e v a i t faire p o u r vérifier si les lois sur le t i m b r e des actions et sur la t r a n s m i s s i o n des t i t r e s é t a i e n t respectées.

On a voulu é t e n d r e a u x livres, registres, titres, pièces de recette, de dépense e t de c o m p t a b i l i t é , le pouvoir de vérification des agents. L ' a r t i c l e 22 est ainsi conçu : « Les sociétés, compagnies assureurs, e n t r e p r e n e u r s de t r a n s p o r t s et tous a u t r e s assujettis

a u x vérifications des a g e n t s de l'enregistrement p a r les lois en vigueur, sont t e n u s de représenter a u x dits a g e n t s leurs livres, registres, titres, pièces de recette, de dépense et de c o m p t a b i l i t é , afin qu'ils s'assurent de l'exécution des droits sur le t i m b r e . T o u t refus de c o m m u n i c a t i o n sera constaté par procès-verbal et p u n i d ' u n e a m e n d e de 100 à 1.000 fr. ».

Comme on le voit, l'article que l'on vient de lire ne parle pas de la c o m m u n i c a t i o n « dans les succursales » ; a u s s i t ô t , p o u r compléter cette lacune, est i n t e r v e n u e la loi du 21 j u i n 1875 qui, dans son article 7 stipule : « Les Sociétés, compagnies d ' a s ­ surances, assureurs contre l'incendie ou sur la vie, et t o u s a u t r e s assujettis a u x vérifications de l ' A d m i n i s t r a t i o n , sont t e n u s de c o m m u n i q u e r a u x a g e n t s de l ' A d m i n i s t r a t i o n de l'enregistre­

m e n t , t a n t au siège social que dans les succursales et agences, les polices et a u t r e s d o c u m e n t s énumérés dans l'article 22 de la loi du 23 a o û t 1871, afin que ces agents s'assurent de l'exécution des lois sur l'enregistrement et le t i m b r e . T o u t refus de c o m m u ­ nication sera constaté par le procès-verbal e t puni de l ' a m e n d e spécifiée en l'article 22 de la loi du 23 a o û t 1871. »

Nous terminerons cette riche é n u m é r a t i o n en d o n n a n t le t e x t e de l'article 5 de la loi du 17 avril 1906 a u q u e l l'article 64 se réfère pour indiquer les sanctions de la non communication :

« L ' a m e n d e encourue pour refus de communication dans les conditions prévues p a r l'article 22 de la loi du 23 a o û t 1871 et p a r l'article 7 de la loi du 21 j u i n 1875 sera de 1.000 à 10.000 fr.

en principal. I n d é p e n d a m m e n t de cette a m e n d e , les Sociétés ou compagnies françaises ou étrangères et t o u s a u t r e s assujettis a u x vérifications des Agents de l'enregistrement, devront, en cas d ' i n s t a n c e , être condamnés à représenter les pièces ou docu­

m e n t s non c o m m u n i q u é s , sous u n e a s t r e i n t e de 100 fr. au mini­

m u m p a r c h a q u e j o u r de r e t a r d . Cette astreinte, non soumise a u x décimes, commencera à courir de la d a t e de la signature p a r les p a r t i e s ou de la notification du procès-verbal qui sera dressé p o u r constater le refus d ' e x é c u t e r le j u g e m e n t régulièrement signifié ; elle ne cessera que du j o u r ou il sera c o n s t a t é , a u m o y e n d ' u n e m e n t i o n écrite, p a r u n A g e n t de contrôle, sur un des prin­

c i p a u x livres de la Société, ou de l'établissement, que l'Adminis­

t r a t i o n a été mise à m ê m e d ' o b t e n i r la c o m m u n i c a t i o n ordonnée.

Le r e c o u v r e m e n t de l'astreinte sera suivi comme en m a t i è r e d'enregistrement ».

Cette innovation, en ce qui concerne les Sociétés civiles qui sont exclusivement des Sociétés de personnes, est c e r t a i n e ­ m e n t u n e des dispositions les plus hardies de t o u t e s celles a u x ­ quelles l ' A d m i n i s t r a t i o n nous a h a b i t u é s depuis l o n g t e m p s .

Il nous a p a r u i n t é r e s s a n t de réunir en une seule é t u d e , d ' a b o r d les principes que l'on doit ne pas oublier en m a t i è r e de consti­

t u t i o n d ' u n e Société Civile, et ensuite les règles nouvelles q u ' u n e loi e x t r ê m e m e n t récente vient de leur imposer au p o i n t de v u e fiscal.

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