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Cheveux crépus et identité : démêler les attitudes des femmes d'origine africaine vis-à-vis de leurs cheveux

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(1)

- - ---

-Cheveux crepus et identit6 :

Demler les attitudes des femmes d'origine africaine vis-A-vis de leurs cheveux by

Sefa A. Yakpo

Submitted to Global Studies and Languages in Partial Fulfillment of the

Requirements for the

Degree of BACHELOR OF SCIENCE In

FRENCH at the

MASSACHUSETTS INSTITUTE OF TECHNOLOGY -290'eeembef, 2018

[?rz

t

© 2018 Sefa A. Yakpo. All rights reserved.

[The author hereby grants to M.I.T. permission to reproduce and to distribute copies of this thesis document in whole or in part.]

Signature redacted

Signature of Author:

Global Studies and Wguages, 20* December, 2018

Certified by: Accepted by: MASSACHUSETTS INSTITUTE OF TECHNO'9GY.

MAY

23 2019

LIBRARIES

Signature redacted

[Prof. M. Amah Edoh]

Signature redacted

Director Major Programs

ACHIVES

The author hereby granis to MIT permission to reproduce to distribute pub44ty paper ur

&ctronic copies of th'iis thesia document im whole or in part in any medium now known or

(2)
(3)

RESUME

Cette these traite la question du rapport qu'entretiennent les femmes d'origine africaine avec leurs cheveux. Se basant sur une analyse des perceptions et attitudes de ces femmes vis-i-vis de leur chevelure, la these tente de r6pondre i la question suivante quels criteres est-ce que les femmes d'origine africaine soutiennent pour leur chevelure, et quels facteurs ont contribue i cela ? Pour repondre

a

ces questions, j'analyse deux sources mediatiques creees par des femmes africaines, pour un public feminin africain - le magazine de la periode post-independance, AWA: la revue de la

femme noire, et la chaine YouTube actuelle d'une jeune femme Franco-Senegalaise, AYcha

Danso. L'analyse souleve des questions sur l'identit6 et sa construction, et sur la signification des cheveux pour les femmes noires. Elle mene

e la conclusion suivante :

que les cheveux crepus sont fondamentalement «racises », et que les fagons dont les femmes noires choisissent de les coiffer - bien que ces choix soient impregnes de significations multidimensionnelles, profondes, et personnelles - relevent de facteurs structurels tels que les ideaux de beaute feminine.

ABSTRACT

This thesis concerns the question of the relationship that women of African origin have with their hair. Based on an analysis of the perceptions and attitudes of these women towards their hair, the thesis attempts to answer the question: what standards do they

(4)

hold for their hair, and what factors contribute to that? To respond to these questions, I analyze two media sources created by African women, for a female, African audience -postcolonial-era magazine, AWA: la revue de lafemme noire, and the modern-day YouTube

channel of a young Franco-Senegalese woman, Aicha Danso. The analysis raises questions about identity and its construction, and the meanings hair holds for black women. It leads to the hypothesis I propose: that natural, kinky hair is fundamentally racialized, and that the ways in which black women choose to style it - although imbued with meanings that are multidimensional, profound, and personal - come under structural factors such as the ideals of feminine beauty.

(5)

TABLE DE MATIERES

REM ERCIEM ENTS ... ii

RESUM E ... iii ABSTRACT ... iii AVANT-VERBE ... I INTRODUCTION ... 4 Revue de la litt6rature ... 6 Aper u de la these ... 8 PRINTEM PS ... 13

CHAPITRE 1: Les clieveux, au lendemain des Independances ... 14

Introduction ... 14

Le m agazine A W A : introduction et histoire ... 14

Le m agazine et les cheveux ... X Les cheveux et la construction de l'identit6 ... 31

Conclusions ... 35

FIN DE L'ETE ... 37

CHA PITRE 11: Les cheveux, aujourd'hui ... 38

Introduction ... 38

La chaine YouTube d'Aicha Danso : introduction ... 38

Qualit6s des cheveux m ises en avant sur la chaine d'Xicha ... 4o Questions de l'identit6 -K noire iD ... 5o Conclusions ... 55

AUTOM NE ... 56

CHA PITRE III: Com bler 1'ecart ... 57

BIBLIO GRAPHIE ... 67

(6)

AVANT-VERBE

Le cheveu crepu.

Objet de haine, d'adoration, d'exotisme. Symbole de resistance, de puissance.

Marque la plus 6vidente, apres la peau, du fait d'etre noir-e.

Ce cheveu, indeniable dans sa difference, est souvent limit6 dans sa signification. Une femme qui porte ses cheveux « naturels » est pereue comme 6tant forte, sa coiffure est interpretee comme un manifeste contre les criteres occidentaux de la beaut6, c'est comme si cette femme s'identifiait, se marquait clairement comme femme noire. Et une femme qui se defrise ? Cela doit

etre

qu'elle se deteste, qu'elle n'est pas

a

l'aise avec le fait d'etre noire, qu'elle n'assume pas completement son identite. Pour chaque choix, on fait face non seulement aux questions et aux critiques de personnes noires, mais aussi i celles de personnes non-noires aussi. Les lignes entre les preferences personnelles et sociales deviennent floues ; on ne sait pas pourquoi les cheveux sont impregnes avec tant de signification.

(7)

Jouons avec les possibilites, les pensees, belles-laides, 16geres-lourdes, d'une jeune femme noire defrisee qui decide de se couper les cheveux et de recommencer i zero. Jouons avec un texte qui fait le pont entre la these et le journal intime, une collection de sentiments, d'emotions, et plus important de tous, de paroles - des paroles de femmes, d'hommes, et de la narratrice elle-meme sur le mystere qu'est le cheveu crepu.

Dans ce texte, on ne trouvera pas de reponses d6finitives. On ne trouvera que des interpretations de l'acte de coiffer les cheveux crepus. On finira peut-8tre avec plus de questions qu'au debut, mais on sentira la gravite, l'immensit&, la complexite, de la question des cheveux crepus et des femmes noires qui les portent. Notre narratrice, venant de l'Afrique occidentale, influencee par l'Afrique et l'Occident, donnera un point de vue, une fenetre sur son voyage agite, sa quete pour obtenir une comprehension de sa personne et de ces cheveux qui lui sont toujours si 6trangers. Elle deviendra nos yeux et nos oreilles alors qu'elle parcourt le passe et le present, en quete d'une verit6 abstraite, fluide, dure i retenir ; une Verite qui promet:

Enfant,

Enfant /evie entre trois mondes,

Cette saison tu retourneras chez-tol, Cette saison,

Tu te retrouveras

En/se couche apres couche De teiture

De trames brisiennes De produits chkniques

(8)

Jusqu's ce que tout ce qui reste

Soitpur, ibene

Comme l'obsidienne

le ne ten veux pas

le ne t'en voudraijamais Tu as grandi entourde

Par la musique les films les dessis anirnis la culture la langue D'une autre

Etpourtant

Tu ne leur ressemblaisjamais Etpourtant

Tu te sentais dffirente d'elles proche d'elles

s

la fois falsant partie d'elles et non Nomade, sans-abri

(9)

INTRODUCTION

Que signifient les cheveux ? Pour beaucoup - hommes et femmes - les cheveux et la faeon dont on les coiffe representent des formes d'expression. Nos sentiments, nos origines, nos convictions, peuvent tous etre communiques i travers nos cheveux.

Au depart, j'avais decide de traiter la question plus generale de la beaute, des criteres de beaut6, tels qu'ils sont pergus par les femmes africaines. On peut comprendre l'evolution d'une societ6, son histoire meme, en regardant la transformation de ses conceptions de la beaut6. Les criteres de beaute d'une societe ont tous tendance i souligner les changements culturels, politiques, memes

economiques

qui ont eu lieu. Apres avoir 6tudie l'effet immense de la colonisation sur le continent de l'Afrique (Fanon, F. (1952), Vidrovitch, C. (2011))', je me suis interrog6e sur l'impact de cet

evenement

historique vis-a-vis des criteres de beaute pour les femmes africaines. Jeune femme africaine moi-meme, je m'interesse aux facteurs qui guident les criteres de beaut6 des femmes d'origine africaine aujourd'hui.

I COQUERY-VIDROVITCH, C. (2011). Petite histoire de I'Afrique : L'Afrique du sud du Sahara

(10)

Cependant, je me suis tres vite sentie attiree par la question des cheveux en particulier. Jeune femme africaine moi-meme, j'ai grandi avec une relation compliquee avec mes cheveux, une relation que meme aujourd'hui, je lutte

a comprendre. En ce qui concerne

mes cheveux, qui sont naturellement crepus, et ma perception de moi-meme qui decoule de cette chevelure, je trouve une intersection de plusieurs

elements

- la personnalit6, les preferences personnelles, et le langage autour de moi au sujet des cheveux crepus (dans les m6dias dominants comme dans des communautes plus petites comme celles de bloggeuses africaines en ligne). La perception de soi depend de la personne concern~e elle-meme, mais elle depend aussi de la faeon dont les autres reagissent ia nous et i notre apparence. Tous ces facteurs contribuent i notre comprehension de la beaute individuelle et comment nous nous imbriquons dans le puzzle de notre societ6.

D'oii la question centrale de cette these: en tant que minorites habitant dans des societes occidentalisees, comment les femmes d'origine africaine comprennent-elles et pereoivent-elles leurs cheveux ? Quels criteres est-ce qu'elles soutiennent pour leur chevelure, et quels facteurs ont contribue i cela ?

(11)

Revue de la litt6rature

Il existe un corpus important de travaux scientifiques au sujet de la politique des cheveux des femmes africaines. La litterature actuelle caracterise souvent la representation traditionnelle de la beaut6 feminine comme blanche, et comme l'antithese des caracteristiques definies comme «noires ». La chercheuse en communication et culture Cheryl Thompson soutient dans son article Black women,

beauty, and hair as a matter of being, que l'opposition resultante de la beaut6 euro

centrique des cheveux longs et souples avec la realite de la chevelure plus courte et crepue des femmes noires a un effet sur leurs sens d'identit6 et d'amour-propre.2

Dans son ceuvre, Peau noire, cheveu crepu, la sociologue Juliette Smeralda soutient que le recours aux defrisants chimiques comme une faeon de « faciliter la coiffure)> des cheveux signale une dysfonction identitaire de la part des femmes noires3. D'autres

chercheurs, tels que la chercheuse en

etudes

du genre, Shirley Tate, ne sont pas d'accord avec cette perspective, cependant. Dans Not all the women want to be white:

Decolonizing beauty studies, Tate affirme que ce raisonnement encourage le mythe raciste

que les femmes noires prefereraient 8tre blanche, parce que la beaute blanche est

2 THOMPSON, C. (2009). "Black women, beauty, and hair as a matter of being." Women's

Studies: An inter-disciplinaryjournal 38(8): 832.

(12)

emblematique4. Dans son article pour la revue Camera Obscura, Is it fake ? Black women's hair as spectacle and spec(tac)ular, Deborah Grayson explore les nuances de l'experience

f6minine noire ' l'egard des cheveux; comment les femmes noires sont pereues et representees dans les grands medias, en fonction de leur chevelure - que leurs cheveux soient defrises, tisses ou crepus - mais aussi comment elles congoivent leurs cheveux et en parlent. Elle affirme que les femmes noires se focalisent beaucoup sur leurs cheveux, et que les cheveux ont des significations 6motionnelles, 6conomiques, politiques et sociales pour plusieurs gens noirs - les femmes surtout5.

Le chercheur en rh6torique et culture publique Dilip Gaonkar parle de la signification du modernisme et ses implications pour les sujets postcoloniaux dans On Alternative

Modernities6 - une discussion qui est utile pour comprendre comment le modernisme se croise avec les criteres personnels de beaute des femmes africaines. L'anthropologue Bruce Knauft clarifie la comprehension de ce modernisme dans Critically Modern:

Alternatives, Alterities, Anthropologies, en argumentant pour une comprehension du terme

dans ces sens multiples7. L'anthropologue Francis Nyamnjoh, dans The domestication of

4 TATE, Shirley. (2012). "Not all the women want to be white: Decolonizing beauty studies,"

in Rodriguez, E.G., Boatca, M. and Costa, S., eds. Decolonizing European sociology:

transdisciplinary approaches: 195.

s GRAYSON, D.R. (1995). "Is it fake? Black women's hair as spectacle and spec(tac)ular."

Camera Obscura 12.3 (36): 13.

6 GAONKAR, D. (1999). "On alternative modernities." Public Culture 11(1): 1.

7 KNAUFT, B. (2002). "Critically modern: An introduction." Critically modern: Alternatives,

(13)

hair and modernised consciousness in Cameroon, propose que les nombreuses coiffures des

femmes africaines n'existent ni selon les structures conservatives locales ni comme reflexions des images occidentales8. Dans son article, Hair Politics, le/la sociologue Zmitri Erasmus conteste que les coiffures 'naturelles' en Afrique du Sud apres l'apartheid

etaient

des recreations deliberees de l'Africanisme, qui, ironiquement, utilisaient des images et conceptions afro-americaines pour ce que cela voulait dire d'etre noir9.

Apereu de la these

Cette litterature, bien que penetrante, a laisse un vide dans ma comprehension de comment les rapports qu'ont les femmes africaines (vivant sur le continent et dans la diaspora) avec leurs cheveux ont

evolu6

dans les annees recentes, surtout avec la croissance de la mondialisation avec l'arrivee des reseaux sociaux. C'est ce vide que je cherche i combler avec cette these. Dans le premier chapitre, j'analyse les numeros du magazine africain pour les femmes, AWA, produit i Dakar entre 1964 et 1973 et distribue dans le monde. Avec une portee mondiale et le contenu riche, le magazine fournit une mine d'informations sur les vies des femmes africaines sur le continent et

8 NYAMNJOH, F., Durham, D. and Fokwang, J.D. (2002). "The domestication of hair and modernised consciousness in Cameroon: A critique in the context of globalisation." Identity,

Culture and Politics 3(2): 102.

9 ERASMUS, Z. (2000). "Hair politics," in Nuttall, S. and Michael, C. eds. Senses of culture:

(14)

dans la diaspora, aussi bien que sur leurs perceptions et attitudes envers leurs cheveux. Dans le deuxieme chapitre, j'analyse la chaine Youtube d'une jeune femme Franco-Senegalaise, Aicha Danso, avec le but d'observer ses attitudes et perceptions envers ses cheveux, aussi bien que celles de son public. J'6tudie comment les cheveux y sont decrits, les qualites des cheveux qui sont valorisees et les bases de cette valorisation.

La decision de juxtaposer YouTube avec le magazine AWA vient du fait que la plate-forme est devenue un media important au cours des dernieres ann6es. Comme Christian Christensen propose, <(Ce que l'Internet et les sites web comme YouTube et Google Video ont fait, c'est ouvrir les possibilites permettant... aux gens ordinaires de prendre leur contenu et de le distribuer i un public beaucoup plus large »0. Selon le chercheur des m6dias David Croteau, « l'Internet est un animal different des autres medias... l'importance de l'Internet vient du fait qu'il fournit l'infrastructure necessaire a faciliter la distribution de toutes formes de media 'autoproduits' a un public potentiellement recul6. Lies ensemble par l'Internet, les individus disperses et les petits groupes avec des interets en commun peuvent venir ensemble ia representer un large public pour ces medias autoproduits. »"

10 CHRISTENSEN, C. (2007). You Tube: The Evolution of Media? Screen Education. 45, p36-40.

" CROTEAU, D. (2006). The Growth of Self-Produced Media Content and the Challenge to Media Studies. Critical Studies in Media Communication. 23, No. 4, p. 340-344. Cite dans Christensen, Ibid.

(15)

Ces commentaires revelent la puissance de YouTube en tant que canal de distribution aussi important que les sources de media traditionnelles. En effet, on assiste

a

l'6mergence de YouTube comme source de media l6gitime, avec la puissance globale qu'on attribue normalement aux plus grandes sources de medias comme les magazines o la t616vision. Donc, pour essayer de comprendre l'evolution des attitudes et croyances des femmes africaines vis-a'-vis de leurs cheveux, on peut se pencher sur le magazine AWA tout comme sur une chaine YouTube, telle que celle d'Aicha. Ces deux sources sont representatives des changements dans les habitudes de lecture des femmes africaines et leurs modes de consommation d'information. Quand AWA

etait publie, les

magazines 6taient au sommet de leur popularite - en Afrique et au-dela. Ils donnaient les conseils sur la vie professionnelle, la mode, la beaute et les question politiques, et les femmes pouvaient interagir avec ces magazines en 6crivant les lettres en reponse aux articles publies dans les derniers numeros. Aujourd'hui, les bloggeurs et les YouTubeurs publient de contenu en ligne qui expriment leurs avis et leurs conseils sur les memes questions. Leurs avis (aussi bien que ceux de leurs publics) constituent une reflexion des croyances et des attitudes parmi des d6mographiques particuliers. Dans un sens, on peut concevoir Aicha comme une lectrice potentielle d'AWA si le magazine existait encore.

(16)

Cette these comporte plusieurs styles d'6criture. Quand j'ai commence la recherche pour ce projet, je ne voulais pas

ecrire

quelque chose de personnel. Est-ce que ce serait toujours une these si j'etais a la fois l'observatrice, la chercheuse, et en meme temps, enquete ? Pour reflechir cette tension, le texte est structure pour montrer la dynamique resultante de son evolution - la transformation de mon apparence personnelle et mes opinions, et la transformation qui s'ensuivit de mes interactions et ma compr6hension des sources que j'utilisais. J'ai fait les analyses de ces sources au printemps et a l'automne de cette annee, au meme temps que j'evoluais dans mes attitudes et perceptions de mes cheveux. J'ai change physiquement, mais psychologiquement aussi. J'ai souvent trouv6 que j'avais plus de questions que reponses, aussi bien que les perspectives qui commeneaient ia r6flechir celles en AWA et celles sur la chaine d'AYcha. Pour montrer les nuances de cette experience, j'ai choisi d'entrelacer les chapitres avec trois passages autobiographiques qui explorent mes experiences, mes sentiments et ma comprehension de mes cheveux pendant ce projet de recherche. Ce faisant, je me suis inspiree de l'oeuvre Elle sera dejaspe et de corail, de l'crivaine camerounaise Werewere Liking. L'auto-intitule « chant-roman » emploie la poesie, la narration, et le chant pour transporter le lecteur

a

travers le temps et l'espace, lui permettant de voir les c6tes multiples de l'histoire. J'ai employ6 une structure similaire dans ma redaction de cette these, en utilisant (dans le chapitre 3) la voix de

(17)

ma 'Verite' personnelle (qu'on peut voir comme 616ment de mon subconscient) et ma voix personnelle (du passe et du present). J'espere que cette structure, pareillement au texte de Liking, permettra au lecteur de voir et comprendre mon experience en tant qu'observatrice, chercheuse, et enquetee.

(18)

PRINTEMPS

Le printemps. Le soleil a commenc6 a briller, apportant avec lui une brise legbre et gaie. Je peux sentir cette fraicheur sur ma peau, mais aussi sur mes cheveux, qui ont aussi commence a ne plus se meler avec mon tissage. Ils ont pousse petit a petit depuis f6vrier, et je sais qu'il faut absolument que j'aille chez la coiffeuse pour les defriser. Faire coiffer mes cheveux a Boston est une experience difficile, fatigante, et chbre. Tout d'abord, la coiffeuse doit d6faire mon tissage et les tresses en dessous avant de defriser les nouvelles pousses - les (( racines ». Il faudra ensuite que je revienne une semaine plus tard pour me faire retisser les cheveux. Le processus est long, et pour une raison ou une autre, je me sens toujours un peu nue sans le tissage. Chaque fois, je dois expliquer a mes amis qui ne sont pas noirs pourquoi la longueur de mes cheveux a change si soudainement. Je me sens toujours un peu ridicule.

Cette fois, pourtant, je me sens differente. Quand je me regarde dans le miroir, je m'interroge sur ces petites boucles si volumineuses, si diff6rentes, de leurs fins raides et defris6es. Pourquoi devrais-je faire autant de travail pour les couvrir ? Un matin, sur un coup de tete, je decide d'aller faire des tresses (( crochet », au lieu de defriser mes cheveux. C'est un desastre. Les tresses sont trop serrees et je ne peux pas dormir. Le lendemain, je retourne chez ma coiffeuse habituelle, oOi des touffes de mes cheveux tombent, laissant derriere elles des plaques chauves. Je suis horrifiee. Ma peur la plus grande s'est finalement realisee, et je n'ai presque plus assez de cheveux pour couvrir les trames de mon tissage. La coiffeuse me donne un traitement pour aider mes cheveux a repousser. Elle me laisse seule, a moi-meme, avec ces cheveux faibles et clairsemes.

Dans les semaines qui suivent, je commence a vraiment reflechir a mes cheveux et comment les entretenir. Je me decide - je vais tout couper et recommencer a zero. Je ne veux plus avoir l'impression de cacher quelque chose. Je ne veux plus avoir peur que ma chevelure visible - le tissage - ne s'integre pas avec ma texture naturelle, si differente. Je ne veux plus danser cette

danse compliquee, jouer a ce jeu oO je dois cacher la longueur de mes vrais cheveux quand j'enleve

(19)

CHAPITRE I: Les cheveux, au lendemain des Independances

Introduction

Dans ce chapitre, je cherche i comprendre l'6volution des criteres de beaut6 feminine en Afrique francophone dans la periode immediatement suite aux Independances, en examinant de pres la representation des femmes noires dans le magazine AWA entre 1964 et 1973, et en 6tudiant comment les contributrices et contributeurs au magazine decrivent ce qui est pereu comme beau i l'epoque. Je demande : quels facteurs influengaient les criteres de beaut6 des femmes noires pendant la periode postcoloniale ? Ces facteurs sont-ils visibles dans le magazine ? En considerant l'histoire coloniale de l'Afrique,

j'6mets

l'hypothese que cette influence occidentale a joue un rble dans la conception de la beaut6 pour les femmes africaines; que tres probablement, il existait une tension visible entre les ideaux de l'Occident et ceux de l'Afrique.

Le magazine A WA: introduction et histoire

AWA : la revue de la femme noire, 6tait un magazine independant produit i Dakar entre

1964 et 1973. En tout, 19 numeros furent publies, chacun compose des poemes, d'histoires courtes, de reportages politiques, d'essais, et d'articles sur la vie quotidienne

(recettes, mode, ameublement, decoration d'interieur, etc.).

(20)

Bristol - constate que le magazine n'6tait pas explicitement feministe", faisant parti d'un mouvement plus global pour ameliorer la position des femmes senegalaises dans la societe. Le magazine avait un c6t6 fortement international, avec le but d'encourager l'interaction et le dialogue avec lOccident. Il presentait la vie de l'africaine dans un contexte mondial, marqu6 en particulier par la Guerre froide, l'afro-modernite, et les revendications en matiere des droits des femmes. Le but des

editeurs etait

de creer un magazine qui deviendrait un objet de plaisir, un outil, et un vehicule pour les idees .

Il est crucial de reconnaitre ce c6t6 international du magazine pour comprendre le ton avec lequel il traite les questions sur la beaute. Pendant la periode pendant laquelle

AWA fut publi6, l'ONU agissait comme forum pour les relations entre les femmes

africaines, asiatiques et latino-am6ricaines. Le magazine recevait donc des lettres non seulement du Senegal, mais aussi du Niger, du Congo, du Canada, et d'Isra~l, parmi d'autres pays. Ces lettres demontrent le soutien des associations et des publications des femmes de l'Union Sovietique et l'Europe de l'Ouest, exprimant leur solidarite politique avec les senegalaises et les femmes ouest africaines plus generalement. Parmi ces publications f6minines, il y avait Femmes de nos jours, Commission

feminine

de la sociiti des amities (URSS-Afrique), La revue polonaise, Solidariti, et Femmes du monde entier (citation

13 BUSH, Ruth. (2017). Digitising militant glossy magazines in francophone Africa. Disponible

:https://medium.com/afro-asian-visions/digitising-militant-glossy-magazines-in-francophone-africa-1d73638d0b0c. Dernier acces le 21 mai 2018.

(21)

pour ces infos). Pour cette raison, AWA fonctionnait comme liaison entre l'africaine et le monde au-deli de son continent, l'aidant i concilier le fait d'etre africaine avec celui d'etre citoyenne mondiale.

Le magazine et les cheveux

De loin un des sujets les plus controverses quand on parle des criteres de beaut6 de l'africaine, les cheveux et la question de ce que cela voulait dire de les coiffer en tresses, sous une perruque ou defrises,

etaient

chaudement d6battus dans les numeros d'AWA. On voit des emotions vari6es dans les articles d'opinion - d'une ambivalence vis-i-vis des coiffures soit africaines, soit occidentales, 'a un rejet total des coiffures occidentales

a

cause des annees d'oppression qu'elles signifiaient au contributeur. Dans d'autres numeros la question n'est meme pas debattue, avec plusieurs images de jeunes africaines en perruques.

(22)

DES JEUNES

StNEGALAIS

. La flie nore est hai:!!

A la moderj

lans sox visage ouver!

Elle n'a rien de ftrene

Les yeux sonw deux cloxs

d'or dans inu beau ciel des mit

Et sa jeunesse es fait us adnirable fruit Prht h se dilacher d'une piante branche La fill uire a ni de Sa deustw blancke... x

*

LECTRIOES-AMES

Coette pap vos et partk

ment rservio. Enveyexnc

photes pour fairs ouai

ootiunmos, vs Coiffures

(23)

A S-

.I U E. DE.OR Arl 1 y

pOr 1

Lors du cocktail qui a marqu6 la naisse notre revue, M. Lamine DIAKHATE, Mini

l'Information a soulign6 to rSle quo a AWA > s'essignor dons le perfectionnoment des jour

et jeunes femmes qui pratiquent certaines sions telles le secr6tariet, par exemple, qu notre 4poque, une k situation » do choix poi qui l'exercent conscienciousement.

C'est dons cete optique quo nous ouv dossier en vous presentant KHADI of AIDA jounes socretaires modernes que nous swivrc leur bureau. Aujourd'hui nous verrons leu habituelle do travail of dans nos prochains ,

leurs r6actions dans leurs activit~s professii

N. confondez pas aTravail et «Surprise-Par

, EXTRAVAGANCE

EHADY s'habilo toujours do fagon

stricte. TaBlour on robe chemisler sans

agrosslvit dans es coloris: Ipe

drol-to et corsage & col ion ele sail

res-ter sIme mans touteools paraftre

on-goncte dans un uniforme. Lorsqu'ollo

est on costume africaln son bon gogt

et so discrtion no sont jamais on

dd-faut,

* DISCRETION

La cofuro at trio Importuant dans

l'aspect tdiour. Avec ou sans

per-ruque, Ebady est toujours blen

coff-6e mals evits les nAchos folis at les

chignons dimesurds,

* SOBRIETE

Welo no parte au bureau quo tris

peu do bijoux. Un beau bracelet une

chains d'or ou dargont, ou encore une

simple brocho accompagnent la won. tre-bracslet ndlispensable. pour Utre

6 I'eure I

* NETTETE Toupours des cbaussures do couleour noutre & talons do hauteur moyenne. Los forms sont sobres mai la note

do fantasie ost pensies.

Simpurie el bon goilI

ADA conlond souvent - k et - salon .. Jup. gonfants i

lours criardes, robes do laem toe. corsages outragousement

Mo.. Ien no Larrete &L, derri. chine. ofe somble perpetuele

vitrine. Los boubous et « ta

ses attirent los regards par I des dorures.

* EXCEN

Ceries slo n'st jamais ma

bien au contraire. Mais 1'exclo

siblo on tout emt se o fures preties seralont plus adptd cocktaD ou une surprise part

* MAUVAHI

Quol dialago I bagues, I

boudo doreilo ornw d coliers, pendentis... Aida mu milanges malhourux at lea lations oo mauvals goft.

* INELEGANCE Los chaussures saw 6tWid

sordtes a a" onsembles Trap

a talons ultra-minoes ot om

hauts on lame or au argenL sont guare pratiques pour dans un bureau.

- 14

-Fig. 2 - l'article, La bonne secretaire, du numdro de f6vrier 1964.

(24)

Sur les pages de mode du premier numero (janvier 1964) on voit le titre, 'ligance - des jeunes sinigalaises (Fig. 1. AWA, janvier 1964, p. 10). Les jeunes africaines posent en leurs

perruques crepees, sur des arriere-plans luxuriants. Il y a un air de sophistication, un air cultive i ces images. Le deuxieme numero explore le sujet plus explicitement, avec un article sur la secretaire parfaite, intitul6 La bonne secretaire - adjointe indispensable ou accessoire dicoratif? L'article presente deux jeunes secretaires modernes (et imaginaires),

en regardant leurs tenues habituelles (Fig. 2. AWA, f6vrier 1964, p. 14). La secretaire « Khady » est pr6sente comme plus discrete dans ses coiffures et son style vestimentaire. On nous dit, « Khady est toujours bien coiff6e... avec ou sans perruque »15. On apprend qu'elle 6vite « les meches folles et les chignons demesures )>16. L'autre secretaire, cependant, « Aida» est decrite comme ayant tendance ia l'exces, avec les cheveux qui sont mieux pour « un cocktail ou surprise partie »17. De cet article, on voit l'image tres cosmopolite de l'africaine, car on ne peut pas imaginer ces femmes au village. Par consequence, c'est une image un peu

elitiste

aussi, avec la mention de < cocktails » et « surprise parties >; une image qui laisse entendre i une reticence de rejeter completement les coutumes occidentales.

Quand on arrive au huitieme numero (octobre 1964), on voit le traitement plus

15 NATOU. "La bonne secretaire - adjointe indispensable ou accessoire decorative ?" AWA : la

revue de /a femme noire, f6vrier 1964 : pp. 14. Publie.

16 Ibid.

(25)

explicite de la question des cheveux africains. Dans l'article assez vif, Pour ou contre la

perruque, la contributrice Mankan Kaba d6fend un argument contre l'utilisation des

perruques pour diverses raisons. Elle demande premierement pourquoi les africaines voudraient « se cacher > sous les « moumouttes > comme si leurs cheveux sont honteux. Puis Kaba poursuit en decrivant l'utilisation de la perruque comme l'acte de « corriger l'oeuvre du createur »18, la classant comme « ce ridicule travesti >, «l'engouement », et «contagion >. Bien que ces mots forts ne refletent qu'un point de vue, ils soulignent la

division intense entre les camps « pro-naturel > et «pro-perruque ». On est rappel6 de la question de l'influence europeenne avec la phrase, « certaines de nos sceurs... tendent i s uniformiser, i s'europeaniser sous une perruque (des Africaines blondes, des Africaines rousses) »1. Il existe donc cette idee que le fait d'avoir des cheveux qui ne

sont pas crepus, et qui sont colores, n'est pas naturel.

Malgr6 ces articles d'opinion, le magazine lui-meme s'est bien gard6 d'exprimer une opinion sur la question sensible des cheveux. Dans un article intitule Beaute d'un soir

(no. 10, decembre 1964), on nous dit, ((cheveux naturels ou perruques, une hygiene tres stricte est necessaire pour le bon

etat

du cuir chevelu et la conservation des

18 KABA. « Pour ou contre la perruque » AWA : la revue de la femme noire, octobre 1964 pp. 23. Publie.

(26)

cheveux »20. On ne voit pas un choix d'une coupe de cheveux, mais plut6t ce qu'on peut interpreter comme une ambivalence envers les deux, ou peut-etre, une priorisation de la sante des cheveux avant tout.

Dans sa reponse ' une lettre critique au magazine, intitule

A

la belle, aux yeux de velours, AWA reconnafit que le magazine « ne peut meconnaitre cette realite > (que les perruques

ont envahi le monde f6minin africain), mais qu'elle « s'est toujours appliquee ia 6viter dans... ses photos... les perruques ridicules >21. L'auteur de l'article continue en constatant que « certaines coiffures artificielles... demandent beaucoup moins de temps au depart... Or, le modernisme marche de pair avec la vitesse... les 'dieres' et les 'goukas'2 2

sont tout aussi postiches )23. Il devient 6vident que la vie de l'africaine moderne change - le point que la revue souleve est que la femme africaine n'a plus de temps i perdre pendant sa routine quotidienne. Par consequent, il lui serait avantageux de rester ouverte aux coiffures occidentales (ou au moins d'etre capable d'apprecier qu'elles soient pratiques).

20 Inconnu. « Beaute d'un soir > AWA : /a revue de /a femme noire, decembre 1964 : pp. 18. Publie.

21 AWA. «

A

la belle, aux yeux des velours » AWA : /a revue de /a femme noire, mai 1964 pp. 35. Publie.

22 Les 'dieres' et les 'goukas'

etaient

des coiffures traditionnelles faites de cheveux

synthetiques.

(27)

.ent ans de coiffure et

de

mode

Cost -E do Aod " do Colo"r

m. at "?"s ~ do 1l41t

ition phoiographique quo ke Mimr

de linkornntiot des T4McomMwu

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d'accord avoc sun - do graver queos no s'donKewt

d6fiMti-I.ds p"a, ls diverass

pho-d'votution do la mod. et do ti Iwo. Cobehs on I* salt sont par

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sur la$lue

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signar dek Gor~e et de

Saint-feminine

au Seneg

A flaesrttc alu a e Me -* i, inmtonms-- 32

-Fig. 3 - la premiere page de l'article Cent ans de coiffure et de modefeminine au Sinigal (avril 1964).

(28)

Louis, en passant par les tresses

artis-tiques lagonn6es sur t6te de jeune fille

par les mains expertes de nos grotes. pour aboutir 6 la perruque moderne,

c'est cent ans de coiffure qui ont defil sous les yeux des nombreux visiteurs.

'Y

Pr'

Des vivite=r observent Ies diffrentes coifres qui, pendant ont pare6 es coquettrrs

Cent ans do coifflure, mais aussi cent

ans de mode vestimentaire qui, de rample camisole a la rob* fine d6ga-geant harmonie des formes, subira

fortement tinfluence europ6enne. Voici quelques images prises le jour

de inom 'mtion officielle.

Une vue do esxplrlio

coat as

do Collies

&1 d. mod.

an S6negal.

Fig. 4 - la deuxieme page de l'article Cent ans de coiffure et de mode

feminine

au Sinigal

(avril 1964).

- 33

1'!-CIE5UVS i mnconre

nerations. is mod. ancot

(29)

Cette ambivalence est visible dans plusieurs formes dans le magazine, apparaissant aussi, par exemple, dans les photos dans un article du quatrieme numero (avril 1964), intitul6 Cent ans de coiffure et de modefeminine au Sinigal (Fig. 3 et Fig. 4. AWA, avril 1 9 6 4 p.

32). L'article decrit une exposition photographique

a la capitale qui celebre la coiffure et

la mode. Une image ressort des autres - celle de quatre femmes dont trois sont habillees de vetements occidentaux, des petits sacs i main accroch6s i leurs bras.

A

l'arriere-plan, on voit les photos de coiffures traditionnelles, si differentes de leurs perruques. Dans les pages de mode d'un numero plus tard, on nous presente des images qui representent des scenes heureuses, avec des femmes qui se tressent les cheveux entre elles. Les mots qui accompagnent les photos chantent presque : <(Ta coiffure est douce... les cheveux seront propres et soign6s... belle sous la perruque boucl6e, as-tu tete agreable i regarder »24. Ici, on voit une revalorisation des coiffures traditionnelles et des cheveux naturels, mais en meme temps les

eloges

de la perruque. Par consequent, le magazine reussit encore i ne pas mettre les deux formes de coiffure en conflit.

Ce regard ambivalent vis-a-vis des coiffures occidentales et africaines ressort encore dans le douzieme numero (mars 1965), 6tonnamment, par un homme, dans Le billet de

monsieur, article d'opinion masculine. Dans son article, le contributeur, Henry Mendy,

24 Inconnu. « Tirees par... les cheveux » AWA : /a revue de /a femme noire, septembre 1964

(30)

constate qu'on n'a pas eu des campagnes contre la coiffure traditionnelle avec les perruques ? Il remarque que si on veut abandonner les perruques

a

cause de leurs origines europeennes, il faudra abandonner tous les vetements europeens aussi.2s Pour

lui, la mode actuelle d'habillement est beaucoup plus extravagante que les perruques, et plus qu'un probleme social, car qu'il lui semble que les jeunes femmes senegalaises vivent au-dessus de leurs moyens, dans un luxe qui est « en contradiction avec notre situation de pays pauvre. )26 Il se demande « comment ces jeunes dactylographes et infirmieres debutantes pouvaient se payer des toilettes de cette valeur... entre 2.550 et 4.000 frs le metre. > 27 Cet avis, que ce n'tait pas realiste de vouloir effacer completement l'influence de l'Occident, et d'6changer tout ce qui est europeen pour une alternative africaine, souleve la possibilite de cultiver une perspective « afro-occidentale ». La proposition de Francis Nyamnjoh, que les femmes africaines « se font ni selon les structures locales conservatrices, ni dans l'image exacte de l'Occident )>21

nous aide ia imaginer ici comment une telle perspective hybride serait possible -concernee par les interactions avec les influences africaines et occidentales, mais unique i chaque femme africaine.

25 MENDY, Henry. « Le billet de monsieur » AWA : /a revue de /a femme noire, mars 1965

pp. 5. Publie.

26 Ibid.

27 Ibid.

28 NYAMNJOH, F., Durham, D. and Fokwang, J.D. (2002). "The domestication of hair and modernised

consciousness in Cameroon : A critique in the context of globalisation." Identity, Culture and Politics 3(2)

(31)

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-

10-Fig. 5 - l'affiche pour le salon « Chez Tata Do)) (janvier 1966).

Des ann6es 1965 & 1966, le magazine reflete la modernisation qui a eu lieu dans la capitale sendgalaise, avec des affiches pour une coiffure sophistiquee. Une affiche de janvier 1966 fait de la publicite pour «(Chez Tata Do » (Fig. 5. AWA, janvier 1966 p.10), un salon qui peut faire « vos perruques, vos nattes, toutes les coiffures pour cheveux naturels »29. Une autre affiche du ((Salon Jody », decrit ses coiffeuses comme «deux amdricaines noires dipl6mees de Grandes 6coles amdricaines... sp6cialistes... des 29 Chez Tata Do. « Senegal - couture et coiffure chez Tata Do * AWA : la revue de la femme

(32)

cheveux de la femme noire> 30. On voit le commencement d'une forme de

mondialisation plus profonde - signe sur de la modernisation. L'6tudiante et comedienne Elisabeth Diaw confirme ce fait dans son interview avec le magazine, disant, « Les femmes coquettes ou simplement

elegantes

ont ' leur disposition toutes sortes de specialistes dans notre capitale ».1 Plus tard, en 1972, on commence

a

voir plus de coiffures afros dans la revue, testaments sans doute de l'influence noire americaine. Dans les pages de mode du deuxieme numero (de la nouvelle serie), les photos affichent de grandes boucles d'oreilles, avec une description de « Black Rose », coiffeuse afro-americaine qui «lutte pour le retablissement de la beaute typiquement africaine »32. L'article court accompagnant cette image cite la conviction de Black Rose que « la coupe en cheveux crepus est preferable au defrisage, parce qu'elle permet d'arranger les cheveux ' volont6 et... les conserver tres soignes

a

n'importe quel

moment »o.

Toute cette modernisation 6tait accompagn6e d'un appel plus explicite pour l'acceptation de soi. Cette revalorisation claire 6tait premierement visible dans un article du quinzieme numero (janvier 1966), intitule, Beauti. La contributrice Abbey

30 Salon Jody. « Salon Jody » AWA : la revue de la femme noire, novembre 1966 : pp. 34. Publie.

31 A.B. « Qui

etes-vous,

Elisabeth Diaw ? » AWA : /a revue de /a femme noire, novembre 1965 : pp. 40. Publie.

32 Inconnu. « Coiffure » AWA : la revue de /a femme noire, novembre 1972 : pp. 18. Publi6.

(33)

Lincoln 6crit : < L'art d'entretenir la beaut6 naturelle de la femme l'africaine... de coiffer des cheveux crepus se perdait parce qu'on se preoccupait seulement de modifier ce qui dans l'apparence physique caracterise l'Africain, afin de se rapprocher le plus possible du canon europ6en )34. D'un ton optimiste, elle constate que « plus saine, plus realiste,

l'Africaine plonge un regard de plus en plus attentif dans le miroir de la Nature... les cheveux crepus... feront i la tete une couronne majestueuse, tenant haut et avec

elegance...

ils permettent des coiffures originales et audacieuses »3. On voit ici la femme noire qui revendique son identite et le prisme ia travers lequel elle definit et comprend ses cheveux.

34 LINCOLN, Abbey. « Beaute » AWA : la revue de la femme noire, janvier 1966: pp. 34.

Publi.

(34)

* TRESSES

FAISCEAUX SIMPLES DE LIGNES COMPLIQUEES SAVANES FORETS

SORCELLERIES DANCETRES DISSIPEZ LERE D'OUTRE-MER

EN REVEILLANT LA DANSE DES SEINS NUS * TRESSES

Chek A.

.oleo

Fig. 6 - la page de coiffure dans le premier numero de la nouvelle serie, qui montre plus des coiffures tressees (octobre 1972).

(35)

Fig. 7 - une photo d'une coiffure tressee dans le premier numero de la nouvelle serie (octobre 1972).

Dans la nouvelle serie du magazine (de l'Octobre 1972 au mai 1973), les nattes

(36)

deviennent plus courantes dans AWA. Le premier numero (de la nouvelle serie) nous presente des photos de plusieurs modeles avec les cheveux tresses (Fig. 6. AWA, octobre 1972 p. 19 et Fig. 7. AWA, octobre 1972 p. 2). Et cette fois, quelques-unes des femmes presentees sont habillees de vetements europeens, marquant une vraie rencontre entre l'Occident et l'Afrique. Le langage fait l'eloge de ces cheveux naturels, decrivant « les lignes compliquees, sorcellerie d'ancetres »36. Dans son article pour le troisieme numero de la nouvelle serie (f6vrier 1973), La coiffure, un faux probleme, Bass insiste : < Il nous faut des tresses. Mais en ayant une plus nette conscience de tout le charme et la grace que renferment ces 'leth'37 bien faits et bien entretenus

)>38. Malgr6 cette insistance apparente, Bass plaide aussi la cause de la modernisation des tresses traditionnelles, disant « nos 6pouses, nos sceurs, prouveront &a l'6tranger de passage, qu'elles sont capables de developper en vue de l'adapter

e

leur 6poque, ce que leur ont laiss6 les grands-meres >39.

Les cheveux et la construction de l'identit6

En regardant de pres ces numeros d'AWA, surtout sur le sujet des cheveux, on fait face

a la question

-quand on voit une femme noire qui choisit de ne pas coiffer ses cheveux

36 N'DAO, Cheikh A. « Tresses » AWA : /a revue de la femme noire, octobre 1972 : pp. 19.

Publie.

3 'Leth' est une coiffure senegalaise comme les tresses, mais les cheveux sont plut6t

torsades, pas tresses.

38 BASS. « La coiffure, un faux probleme » AWA: la revue de la femme noire, fevrier 1973 pp. 19. Publie.

(37)

dans son 6tat naturel, comment interpreter cet acte ? Est-ce que cet acte de defriser, lisser ou meme colorer ses cheveux l'empeche d'assumer completement son identite noire ? Est-ce necessairement un signe de haine de soi ? Cette question controvers6e est traitee par de nombreux chercheurs et

ecrivains.

Juliette Smeralda, affirme qu'en considerant l'argument que le defrisage facilite la coiffure quand il existe plusieurs autres coiffures < facilitantes » comme le tressage, « il faudrait logiquement stigmatiser le defrisage, qui trahirait un dysfonctionnement identitaire >40. Cependant, Shirley Tate

soutient que cette ligne de pensee donne naissance au mythe que «les femmes noires veulent

etre blanche, car la beaut6

« blanche » est emblematique. »41

Il est interessant de considerer le mouvement « Black is Beautiful4 2 » dans ce contexte

-existe-il une difference entre le besoin d'une revalorisation des caracteristiques noires pour les femmes aux Etats-Unis et celles en Afrique (et dans d'autres regions de la diaspora) ? Est-ce qu'on peut voir un lien entre les deux, et si oui, o' ? Il convient de noter aussi l'influence tres perceptible de ce mouvement dans le magazine AWA, provenant de l'arrivee d'Afro-Americains en Afrique de l'Ouest dans les annees

40 SMERALDA, Juliette. (2004). Peau noire, cheveu cr6pu : 278.

41 TATE, Shirley. (2012). "Not all the women want to be white : Decolonizing beauty

studies," in Rodriguez, E.G., Boatca, M. and Costa, S., eds. Decolonizing European sociology

: transdisciplinary approaches : 195-210.

42 Le mouvement Black is beautiful fut lance dans les annees soixante aux tats-Unis par la

communaute afro-americaine, avec le but d'affirmer la beaute raciale du peuple noir. Le mouvement a encourage le rejet des cheveux lisses et le soutien d'une presentation de soi qui

etait

plus "naturel" et "authentique". (CAMP, S. (2015). Black is Beautiful : An American

(38)

soixante, qui apporterent avec eux leurs vues et perceptions de la beaute noire. Cela releve la question - que veut dire « la beaute noire « ? Est-il possible qu'avoir une seule conception de la beaute pose un probleme pour les femmes noires, meme si c'est une conception < plus naturelle > et « non-occidentale » ?

Pour les femmes noires en Afrique, ce qu'on voit souvent est une tension entre la tradition et la modernit6 dans une societe postcoloniale. Cette tension est claire dans le magazine AWA, oii les perruques et les cheveux defris s sont pereus et pr6sentes soit comme des inventions occidentales (et par extension, des menaces aux coiffures et i la culture traditionnelles) ou comme des symboles de la femme moderne et

elegante,

selon les pages de style du magazine. Soit les femmes noires, dans leurs tentatives d'alterer la texture de leurs cheveux, risquent la perte de leur modestie et leur culture, soit elles sont raffinees et parfaitement capables de tisser les deux influences - africaine et occidentale - dans leurs manieres de s'habiller et se coiffer. On se demande si, a cause de la multitude d'influences sur leurs criteres de beaut6, les femmes noires africaines ne peuvent pas avoir une approche nuancee & leurs criteres personnelles de la beaute, sans l'opposition monodimensionnelle de la tradition et la modernit6. Cette question est abordee par Gaonkar, qui propose la modernit6 en fonction de l'emplacement de l'individu en question. Cette modernit6, selon Gaonkar, est, «

eveillee

par le contact; transporte par le commerce; administree par les empires, portant des

(39)

inscriptions coloniales ; propulse par le nationalisme; et maintenant, de plus en plus dirigee par les medias mondiaux, la migration et le capital )>4.

Bien que la signification de la modernit6 dans ce contexte soit subjective, Knauft propose qu'on puisse se focaliser sur ses sens subjectifs multiples si on la coneoit comme ayant des definitions multiples44. Dans le contexte du magazine AWA, je comprends la modernit6 comme 6tant intimement liee

a

la globalisation - les articles sur les coiffures et les questions autour des cheveux se fondent largement sur les tendances pas seulement au Senegal ou en Afrique mais aux Etats-Unis et en Europe aussi. La femme moderne africaine est donc presentee soit comme capable de meler ces tendances et rester veritablement africaine ou comme rejetant son identite africaine en adoptant les pratiques occidentales de se coiffer.

On voit que les coiffures des femmes noires africaines, du tissage, au defrisage, au tressage, peuvent montrer leurs interpretations des influences multiples sur leurs vies. L'anthropologue Francis Nyamnjoh propose que ces choix ne < se font ni selon les structures locales conservatrices, ni dans l'image exacte de l'Occident »45, et on pourrait

4 GAONKAR, D. (1999). "On alternative modernities." Public Culture 11(1) : 1-18.

4 KNAUFT, B. (2002). "Critically modern : An introduction." Critically modern : Alternatives, alterities, anthropologies : 1-54.

4 NYAMNJOH, F., Durham, D. and Fokwang, J.D. (2002). "The domestication of hair and modernised

consciousness in Cameroon : A critique in the context of globalisation." Identity, Culture and Politics 3(2): 102.

(40)

dire que dans le processus, les femmes africaines se construisent une identit6 hybride, unique a elles. Quand on fait une comparaison entre ces femmes qui sont presentees dans le magazine comme plus « modernes > et celles qui sont presentees comme 6tant plus « traditionnelles », on est contraint de faire face

a

la question - qu'est-ce que cela veut dire d'etre « vraiment» africaine ? Zmitri Erasmus, dans son article, Hair Politics, soutient que les coiffures naturelles de l'apres-apartheid en Afrique du sud

etaient

une creation deliberee de « l'Africanit6 », venue

a

exister « par l'emprunt et la localisation d'images et d'idees afro-americaines afro-centriques )46*. De la mme faeon, serait-il possible de considerer les coiffures < traditionnelles » presentees dans AWA comme des creations deliberees de ce que cela veut dire d'etre africaine, un rejet consciencieux de l'Occident i la suite de la colonisation ?

Conclusions

Je m'attendais ia une conclusion un peu plus simple dans cette enquete. Ce qui est certain, c'est que la colonisation a jou6 un r6le definitif dans la conception postcoloniale de la beaut6 africaine, telle que celle-ci est refl6tee/representee dans

AWA, mettant en valeur des qualites comme les cheveux lisses47. Le magazine est

46 ERASMUS, Z. (2000). "Hair politics," in Nuttall, S. and Michael, C. eds. Senses of culture : South African cultural studies: 391.

(41)

conscient de ce fait, le soulignant souvent. Pourtant, en examinant le langage et les images en matiere des cheveux et du corps africains, on remarque qu'il existait une tension interessante entre l'idee de completement abandonner tout ce qui rappelait le concept de la beaute europeenne et celle de l'integrer avec le concept de la beaut6 africaine. Magazine avec une perspective internationale, AWA s'est gard6e d'6pouser seulement les pratiques de la beaute africaine, se contredisant quelquefois dans les images ou les affiches de produits de beaute franeais qu'elle presentait i ses lecteurs. De son premier num ro, pourtant, on voit une revalorisation des traits de l'africaine; une revalorisation qui devient plus et plus explicite vers le dernier numero, et qui atteint l'objectif de la revue - de donner confiance ia l'africaine, pour qu'elle puisse entrer la scene mondiale consciente de sa valeur.

(42)

FIN DE

L'ETE

Me voici de retour au MIT, avec ma toute petite afro. Tous ceux qui me connaissaient avant que je ne me coupe les cheveux ont i present vu ma nouvelle coiffure. C'est fini. Je me suis sentie liber~e

pour une tr6s courte periode, mais tres vite, je suis redevenue mal ' l'aise. Malgr6 le fait que les

reactions i ma nouvelle coiffure aient toutes 616 positives, quelques commentaires m'ont fait

reflechir. On me dit souvent que

je

suis « forte », «avant-garde », et « excentrique ». Un commentaire en particulier - «(Si quelqu'un peut reussir avec une telle coupe, c'est toi ». A chaque fois ces

remarques m'6taient faites en guise de compliments, mais le dernier en particulier a pique ma curiosite - est-il si difficile de « reussir » en general avec une telle coupe ? En quoi le fait d'avoir les

cheveux courts et crepus a-t-il soudain change ma personnalit6 pergue ?

Puis, il a commence i faire plus froid et

j'ai

decide de proteger mes cheveux des

elements

avec une perruque de cheveux raides. Le changement dans les compliments qu'on me donne me bouleverse. Tout d'un coup

je

suis «

jolie

», « tres belle », et « 616gante ». Ma suppos6e force d'antan a disparu.

Je lutte ' concilier ces deux personnalites complbtement differentes, I'une de l'autre, et de ma

propre perception de moi-meme. Si

j'ai

bien compris ces commentaires, les cheveux courts et

crepus me rendent forte, et les cheveux plus longs et raides me rendent jolie. Pourquoi dois-je 8tre

l'une et pas les deux, quelle que soit ma coiffure ? Il me semble que mes cheveux crepus ont ke6

acceptes comme beaux, mais dans un sens tres specifique. La possibilite me trouble. Je commence

a me poser la question - dans une societe o0 on est minorit&, est-ce qu'on doit accepter que nos caracteristiques soient persues positivement, mais dans un sens limit&, et non selon les critbres (tendances ?) courants ? Est-ce que je resterai «alternative » par rapport aux normes dominantes de la beaute ?

(43)

CHAPITRE II: Les cheveux, aujourd'hui

Introduction

Ayant adopte une perspective historique dans le chapitre prcedent, dans ce chapitre-ci, je me penche sur la periode actuelle. J'analyse la chaine YouTube d'une jeune femme franeaise d'origine Senegalaise, Aicha Danso, avec l'intention d'6tudier ses attitudes et perspectives sur les cheveux de la meme faeon que j'ai 6tudi6 celles des femmes senegalaises dans AWA.

La chaine YouTube d'Aicha Danso: introduction

Au moment de la creation de sa chaine YouTube en 2011, Aicha

etait

6tudiante et habitait i Paris (Aujourd,hui, elle est juriste et pratique le droit

a l'ile Maurice). Elle a

cree la chaine « dans le but de prouver que l'on peut

etre

une femme noire franeaise avec de longs cheveux crepus et defrises ou lisses. » 48 Elle a choisi de garder ses

cheveux liss6s (quelque fois avec le lissage bresilien et quelque fois avec le defrisage). Le contenu de sa chaine se focalise sur l'education des autres sur comment avoir une chevelure saine et surtout comment entretenir et lisser leurs cheveux sans les abimer. Le public d'Aicha est compose en grande partie de femmes africaines francophones entre l'adolescence et l'age adulte et vivant dans la diaspora francophone. Dans son

48 DANSO, A. (2011). 'About'. Disponible :

(44)

article, «(Makeup, YouTube and Amateur Media in the Twenty-First Century)», Tianna Fischer soutient que les videos des bloggeuses de beaute sur YouTube comme celles d'Aicha sont « representatives du changement des 'medias' aux 'medias sociaux' )49. Fischer n'a

pas tort - la chaine d'AYcha agit comme un lien entre elle et son public, et fonctionne en meme temps presque comme une grande emission sur les perspectives et les opinions d'un secteur de la communaute f6minine africaine.

ftHomne 6b Tmndng Subscriptions LIBRARY S Watch later Adele acoustic 16 Lked video v Show more SUBSCRIPTIONS The Wendy WIL 20

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Je partage Ici ma routine capillaire et le astuces qui mont

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01, - . SUBSCIBE & CriseocDai SUBSCRUBE SUBSCHEL SUBSCRtI3E RELATED CHANNELS 41OW..CESE

Fig. 8 - La page principale de la chaine YouTube d'Akcha (2018).

49 FISCHER, T. (2014). Makeup, YouTube, and Amateur Media in the Twenty- First

(45)

Pour comprendre l'« aventure capillaire » que decrit Aicha, j'ai regard6 ses videos liees aux cheveux pendant une periode d'environ trois ans, de novembre 2014 ' janvier 2018 (24 videos au total). La plupart des videos sont les tutoriels sur comment faire des coiffures ou des soins du cheveu

a

la maison, aussi bien que les revues des produits qu'Aicha utilise et les reponses aux questions de son public (Fig. 8. DANSO, 2018). Ces videos durent entre 2 et 30 minutes et sont tourndes chez Aicha normalement, sauf si une video est un « vlog »5O. Elles suivent la meme progression - Aicha est assise normalement, elle nous salue et puis aborde le sujet de cette video, en nous parlant comme si on

etait

assis en face d'elle, comme des amis. Je divise les videos ci-dessous en fonction des qualites mises en avant et valorisees dans chaque video : la souplesse/la douceur, la longueur, et la volume/la sante.

Qualites des cheveux mises en avant sur la chaine d'Aicha La souplesse/douceur

Aicha a publid quatre videos en 2014, toutes au sujet des cheveux. La premiere, intitulee Favoris | Octobre 2014 (le 6 Nov. 2014)51 decrit les nouveaux produits qu'elle a trouv6 ce mois-li et qu'elle a apprecid. Elle nous montre un soin apres-shampooing qui sent tres bon et qui demele, mais qui n'est pas particulierement nourrissant, aussi bien

50 Une video qui montre une partie de la journee d'une personne et de ses activites. 51DANSO, A. (2014). Favoris I

Octobre 2014. Disponible :

Figure

Fig.  1  - une page de mode  du premier numdro du magazine,  janvier  1964.
Fig.  2 - l'article,  La bonne secretaire, du numdro  de  f6vrier  1964.
Fig.  3  - la  premiere  page  de  l'article  Cent ans de coiffure et de modefeminine au Sinigal (avril 1964).
Fig.  4 - la  deuxieme  page  de l'article  Cent ans de coiffure et de mode  feminine  au Sinigal (avril  1964).
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Références

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