J OURNAL DE LA SOCIÉTÉ STATISTIQUE DE P ARIS
JSFS
Vie de la société
Journal de la société statistique de Paris, tome 33 (1892), p. 74-80
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VI.
V A R I E T E S .
i. — Le Recensement de 1891 au Canada.
Le ministre des postes du Canada vient de présenter au Parlement de ce pays les résultats du recensement de la population qui vient d'être effectué celte année dans toute retendue du Dominion.
Il résulte de ce document que le Canada, qui comptait, en 1881, 4,324,810 habi- tants, en compte actuellement 4,823,344, soit une augmentation de plus de 10 p.
100 (exactement 1.15 p. 100 par an).
Cet accroissement est loin d'avoir été le même dans toutes les parties du terri- toire, comme l'indiquent les chiffres qui suivent :
POPULATION AUGMENTATION.
en 1881.
Habitants
Nouvelle-Ecosse 440,572 Nouveau-Brunswick 321,233 Ile du Prince-É louard 108,891
Québec 1,359,027 Ontario 1,926,9-22 Manitoba 62,260 Àssinaboia, Alberla, Laskalchewan . . 25,515
Colombie anglaise 49,459 Territoires non organisés 30,931
Population totale. . . . 4,324,810
en 1891.
Habitants.
450,523 321,294 109,088 1,488,586 2,112,989 154,442 61,487 92,767 32,168
Chiffres absolus.
Habitants.
9,951 61 197 129,559 186,067 9-2,182 35,972 43 308
1,237
Augmentation p 100 par an.
0.22 0.002 0.02 0.95 0.96 14.80 14.10 8 75 0 40 4,823,344 498,534 1.152
— 75 —
Ce tableau montre que l'accroissement des provinces de l'Est, regardant l'ancien continent, Nouvelle-Ecosse, Nouveau-Brunswick, île du Prince-Edouard, a été insi- gnifiant, tandis que les provinces de l'Ouest, fort peu peuplées d'ailleurs, ont eu une augmentation vraiment prodigieuse, si on la compare à quelques régions même des États-Unis, et surtout aux nations de l'Europe; le Manitoba aurait, paraît-il, plus que triplé, s'il n'était, depuis quelques années, le siège d'une émigration constante à destination des États-Unis.
Quoi qu'il en soit, le gouvernement canadien, qui s'attendait, en raison de l'ar- rivée de 886,000 immigrants pendant la période 1881-1891, à voir la population du Dominion s'accroître de 1,886,000 habitants, n'a pu que constater une augmen- tation de moins de 500,000 habitante C'est à l'émigration, et non à une dégénéres- cence de la fécondité proverbiale des familles canadiennes, qu'il convient d'attribuer ce résultat inattendu.
2. — La Population de la Serbie.
Le ministère de l'agriculture, de l'industiie et du commerce du royaume de Serbie vient de faire paraître les résultats préliminaires du dénombrement de la p pulation effectué dans ce pays le 31 décembre 1890. Nous allons analyser rapi- dement cet intéressant document.
La population du royaume est évaluée à 2,172,814 âmes, dont 1,119,282 pour le sexe masculin, et 1,053,532 pour le sexe féminin. On pourra s'étonner de la prédominance anormale du sexe masculin, phénomène qui n'est jamais constaté dans les pays de l'Europe occidentale, pas plus du reste qu'en Russie. Ces chiffres dénoteraient donc une certaine immigration dans le royaume de Serbie ; quoi qu'il en soit, tout le monde sait que si le nombre des naissances masculines l'emporte sur celui des naissances féminines, cet excédent est compensé, là comme ailleurs, par une plus forte mortalité des enfants mâles.
On compte en Serbie, 2,172,814 habitants, 337,268 maisons, 1,270 communes, 72 arrondissements, 17 déparlements.
Il y a donc en moyenne :
Par département, 4 arrondissements, 75 communes, 19,800 maisons, 127,800 habitants;
Par arrondissement, 18 communes, 4,700 maisons et 30,000 habitants;
Par commune, 265 maisons et 1,710 habitants, soit 6.4 habitants par maison.
Ces chiffres montrent qu'en Serbie les communes ont une faible population, et que les maisons, bien que habitées par un seul ménage pour la plupart, ont un nombre d'habitants bien plus élevé qu'en France. Le nombre d'habitants par mé- nage y est donc considérable; il v<irie, suivant la localité, de 5.3, dans les départe- ments de Krajina etCrua-Reka, à 7.2 dans celui de Podrinje. Cette même moyenne de 6.4, qui s'applique à l'ensemble du pays, se décompose en 5.8 pour la popula- tion urbaine et en 6.5 pour la population rurale. Comme en France, les familles y sont donc plus nombreuses à la campagne que dans les villes.
Par rapport au recensement piécédent effectué en 1884, la population de la Serbie a progressé de 271,078 habitants, accusant ainsi un accroissement de 14
p. 100 en sept années, ou de 2 p. 100 par an. On sait que, en France, cet accrois- sement est de 2 p. 1,000 en moyenne par an. La population serbe croît donc dix fois plus rapidement que la population française. La ville de Belgrade, qui compte actuellement 49,710 habitants, a progressé de 40 p. 100 en sept années.
Malgré ce chiffre relativement faible, la capitale du royaume est de beaucoup la plus considérable; les petites communes sont en majorité.
Le dénombrement a montré que la Serbie compte :
De 1,000 habitants et au-dessous, 227 communes, soit 17.87 p. 100 du total des communes.
De 1,001 à 1,500 habitants, 484 — 38.11 — De 1,501 à 2,000 — 283 — 22.28 — De 2,001 à 2,500 — 135 — 10.63 — De 2,501 à 3,000 — 68 — 5.35 — De 3,001 à 3,500 — 27 — 2 13 — De 3,501 à 4,000 — 14 — 1.10 — De 4,001 à 5,000 — 11 — 0.87 — De 5,001 à 6,000 . — 9 — 0.71 — De 6,001 à 7,000 — 4 — 0 32 — De 7,001 à 8,000 - 1 — o!o8 — De 8,001 à 10,000 — 2 — 0.06 — Au-dessus de 10,000 — 5 — 0.39 —
1,270 iTXM»
Les proportions se rapprochent donc quelque peu de celles qui sont observées en France.
La densité de la population, plus faible que dans notre pays, est de 54 habitants par kilomètre carré ; elle varie du simple, 28 habitants par kilomètre carré (dépar- tement de Krajina), au triple, 80 habitants par kilomètre carré (département de Podunavlje).
En 1884, on ne comptait que 39 habitants par kilomètre carré.
L'étendue de la Serbie étant de 48,589 kilomètres carrés, ce pays a une super- ficie inférieure à la dixième partie de la France.
En revanche, ce pays est doué d'une faculté accroissement très remarquable, surtout si l'on considère qu'il a été décimé par la guerre il y a quelques années.
En effet, en 1885, le conflit entre la Serbie et la Bulgarie a eu des conséquences désastreuses pour les deux pays, mais surtout pour le premier, qui a subi de très notables pertes d'hommes, mais ces pertes, comme on le voit, ont été rapidement comblées.
Le document que nous analysons, relatif au dénombrement de la population, donne également des détails statistiques sur le dénombrement des animaux de ferme en Serbie.
Quelques chiffres donneront une idée de la puissance agricole de ce pays, pour ce qui concerne du moins les animaux de ferme :
T Ê T E S .
Poulains de moins de 1 an 15,930 Race l — d e l à 4 a n s 17,866 chevaline. ] / Chevaux . . 37,731 )
D e 4 à l 2 a n s . Étalons. . . 3,152 80,298 ( Juments . . 39,415 J
Agés de plus de 12 ans 49,977 Total 164,071
— 77 —
TÊTES.
!
Veaux de moins de 1 an 114,387
Génisses de 1 à 2 ans 121,296 l Bœufs 342,703 De plus de 2 ans. 1 Taureaux 15,324
( Vaches 233,791 Total 827,501
Race bovine (buffles) 8,351 Race porcine 934,852 Race ovine 2,906,723
Race caprine 4 501,728
Le document que nous venons d'analyser marque un sérieux progrès dans l'éta- blissement et la publication des statistiques officielles du royaume de Serbie.
V. T.
3. — Production minérale des différents pays (1).
La production générale de la houille est estimée à 485 millions de tonnes ; les pays qui en produisent le plus sont :
La Grande-Bretagne et l'Irlande. . . . 180 millions de tonnes.
Les États-Unis 135 — L'Allemagne 85 — L'Autriche-Hongrie 25 — La France 24 — La Belgique 20 —
On évalue la production du pétrole à 6,465,000 tonnes; le monopole de celte production semble appartenir à la Russie et aux États-Unis, qui produisent :
Les États-Unis 3,522,000 tonnes.
La Russie 2,732,000 —
Les minerais de fer fournissent, en masse, 51,755,000 tonnes; les principaux' pays producteurs sont :
Le Royaume-Uni 14,770,000 tonnes.
Les États-Unis 12,555,000 — Viennent ensuite :
L'Allemagne avec 7,830,000 tonnes.
L'Espagne — 5,610,000 — La Belgique — 3,171,000 — La France — 3,070,000 — La Suède — 959,000 — (1) Statistique de l'industrie minérale, 1889, p. 222.
Les minerais de plomb sont plus rares-, leur production générale est de 1,023,000 tonnes.
L'Espagne vient en première ligne avec une production de 540,000 tonnes.
L'Allemagne en produit 183,600.
On peut citer à la suite PAutriche-Hongrie, 102,000 tonnes.
La Russie a produit 38,000, l'Italie 35,000, la France 20,000, la Grèce 15,000, l'Australie 13,000, la Suède 12,000 tonnes, etc.
Les minerais de cuivre sont plus abondants que les précédents ; le principal pays producteur est l'Espagne avec 3,202,000 tonnes, puis la Prusse avec 564,000 ton- nes ; on peut citer à la suite le Chili (111,000), la Russie (108,000), le Portugal (69,000).
Les principales mines de zinc, dont la production totale est de 1,123,000 tonnes, se trouvent en Prusse, 708,000 tonnes-, l'Italie fournit 87,000 tonnes, l'Espagne 74,000, la Norvège 50,000, la Suède 36,000, la Grèce 43,000.
Sur 27,000 tonnes auxquelles on estime la production de Vétain, l'Angleterre en produit à elle seule 14,000; 9,000 viennent de l'Australie et de la Tasmanie.
En ce qui concerne les minerais d'or, la Russie vient en première ligne avec 22,000,000 de tonnes ; pour Xargent, c'est le Chili, avec 165,000 tonnes.
Mais il y a lieu d'observer que pour les minerais métalliques, les statistiques des États-Unis ne les mentionnent pas. Pour se rendre compte de leur importance dans ce pays, il faut recourir aux métaux qu'on en extraits.
Passons à la production métallurgique :
Pour la fonte, dont la production générale est de 24,217,000 tonnes, le premier rang appartient au Royaume-Uni, 8,456,000 tonnes, le second aux États-Unis, 6,594,000, et le troisième à l'Allemagne, 3,913,000. La France en produit 1,734,000
tonnes, l'Autriche-Hongrie 799,000, et la Belgique 832,000.
La production du fer est estimée à 8,969,000 tonnes; les principaux pays pro- ducteurs sont : la Grande-Bretagne, 2,290,000 tonnes; les États-Unis, 2,000,000;
l'Allemagne, 1,900,000; la France, 809,000; l'Autriche-Hongrie, 473,000; la Bel- gique, 577,000.
L'acier, dont la production dépasse actuellement celle du fer, puisqu'on l'évalue à 10,110,000 tonnes, se répartit ainsi : le Royaume-Uni 3,570,000 tonnes, les États- Unis 2,946,000, l'Allemagne 1,900,000, la France 529,000, la Russie 225,000, la Belgique 215,000, la Suède 225,000.
L'or, dont la production annuelle est environ de 182,000 kilog., est principale- ment produit aux États Unis, 49,353.11 faut citer 6 la suite la Russie 35,000, l'Aus- tralie 37,000, la Chine 13,000, la République Sud-Africaine 12,000.
L'argent, dont la production est beaucoup plus considérable, puisqu'elle s'élève en moyenneà 4,250,000 kilog., est principalement produit aux États-Unis, 1,556,000 tonnes, et au Mexique, 1,335,000. Viennent ensuite l'Allemagne 402,000 tonnes, la Bolivie 230,000 tonnes, la France 80,000, la Perse 75,000, l'Espagne 65,000, etc., etc.
La production du cuivre n'est que de 371,000 tonnes. Après les États-Unis, 104,000 tonnes, viennent le Royaume-Uni 76,000 tonnes, l'Espagne 71,000, le Chili 50,000, etc.
La production générale du plomb est évaluée à 630,000 tonnes, sur lesquelles l'Espagne figure à elle seule pour 235,000 tonnes et les États-Unis pour 164,000
— 79 —
tonnes. On en fabrique plus de 100,000 en Allemagne, 48,000 dans le Royaume- Uni, et 21,000 en Australie.
Il est fabriqué annuellement pour 349,000 tonnes de zinc. La Prusse entre dans ce total pour 136,000 tonnes, la Belgique pour 82,500, les États-Unis pour 51,000, la Hollande pour 29,000 ; la production de la Grande-Bretagne est de 19,500 tonnes et celle de la France de 18,000.
Vétain, dont la production est très faible, 35,000 tonnes, se répartit principale- ment entre la Hollande, 18,800 tonnes, et l'Angleterre, 10,370. L'Australie en pro- duit près de 5,000 tonnes.
La production générale des autres métaux ne dépasse pas 7,000 tonnes. C'est l'Espagne qui produit le plus de mercure, la France (Nouvelle-Calédonie) le plus de nickel, la Saxe le plus de cobalt, la France le plus d'aluminium, quoiqu'il ne s'en produise en tout que de 15 tonnes, mais l'Angleterre, qui lui fait concurrence pour ce métal, n'en fournit que 5 tonnes.
En faisant masse de tous les métaux, on arrive à un total de 49,142,000 tonnes;
soit, en nombres ronds, 50 millions de tonnes.
La part de la France est, dans ce total, d'un peu plus de 3 millions de tonnes : c'est 6 p. 100 de la production générale du globe.
4. — L'Enseignement supérieur en Italie.
Le tableau suivant résume, pour l'année scolaire 1887-1888, la dernière pour laquelle nous ayons une statistique complète, le nombre des étudiants inscrits dans les universités et dans les autres établissements d'enseignement supérieur du royaume d'Italie.
NOMBRE ETUDIANTS INSCRITS.
des — " "~" " ^ ' _, , 7~
Médecine TOTAL, établis- Droit. Lettres. Sciences. et
semenls. pharmacie.
Universités royales . . . . 11 5,085 624 1,789 7,695 15,193 Universités libres 4^ 76 » 46 248 340 Écoles supérieures prépara-
toires : . 11 * 139 1,133 599 1,871 Cours universitaires dans les
lycées 3 15 » » 55 70 Totaux 35 5,176 763 2,938 8,507 17,474 H y a de plus 11 établissements supérieurs d'enseignement spécial avec 682 étu- diants inscrits, ce qui poite le nombre total des étudiants à 18,156, les auditeurs (au nombre de 535) non compris.
En France, la statistique ne porte que sur l'Université officielle, en laissant de côté les écoles d'enseignement supérieur, qui y sont cependant aussi nombreuses que variées. Si l'on veut faire une comparaison avec l'Italie, il faut s'en tenir aux Uni- versités, en déduisant, pour la Fiance, les étudiants en théologie, qu'on ne relève pas en Italie, et pour l'Italie, les vétérinaires, qui figurent en Italie dans la méde- cine et la pharmacie, tandis qu'il leur est consacré en France des écoles spéciales.
Ces vétérinaires sont au nombre de 147.
Cela posé, la comparaison peut s'établir ainsi :
É T U D I A N T S D E S UNIVERSITES D E Ii'ÉTAT.
Italie. France.
RÉPARTITION P . 1 0 0 . Italie. Franee.
Droit . . 5,085 5,152 34 33 Lettres 624 2,358 4 15 Sciences 1,789 * 1,335 12 9 Médecine et pharmacie . . . 7,548 6,543 50 43
15,046 15,388 100 100 D'après ces chiffres, le nombre des étudiants des Universités serait, par rapport aux populations respectives des deux pays, de 50 en Italie et de 40 en France par 100,000 habitants. T. L.
OUVRAGES PRÉSENTÉS (JANVIER 4 8 9 2 ) .
OUVRAGES SIGNÉS. — Les Socialistes allemands, par M. A. Raffalovich.
Les Sociétés de secours mutuels en Finlande, par M. Aug. Hjelt.
La Criminalité en Italie, par M. Aug. Bosco.
Les Caisses d'épargne en Suisse, par M. E. W. Milliet.
Rapport sur les congrès internationaux, par M. Joséphin Jitta.
DOCUMENTS OFFICIELS. — Statistique de l'industrie minérale et des appareils à vapeur en France et en Algérie (1890), publiée par le ministère des travaux publics.
Statistique sanitaire de V Autriche (1888).
La Population de Berlin (1885-1890). 2 volumes.
Statistique générale du Danemark (1889-1890). 2 volumes.
Journal de la Société royale de statistique de Londres. 3e trimestre 1891.
Rapport du directeur des mines aux Etats-Unis (1891).
Journal officiel du Congo français (1891). [3 numéros.]
REVUES ET JOURNAUX. — France. — Revue maritime et coloniale. — Revue des travaux scientifiques. — Bulletin de statistique municipale. — Bulletin de la Société de géographie. - Bulletin des Agriculteurs. — Bulletin de l'Association philo- technique. — Le Rentier. — Les Coopérateurs français. — Le Travail national.
— L'Avenir économique. — La Réforme sociale.
Belgique. — Moniteur des Intérêts matériels.
Italie. — L'Economista de Florence.
République Argentine. — Revue d'hygiène de Buenos-Ayres.
NOTA. — La Bibliothèque de la Société de statistique de Paris est ouverte tous les jours non fériés, de 11 heures à 5 heures (Ministère du Commerce),
80, rue de Varennes.
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Le Gérant, 0 . BERGER-LEVRAULT.
