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View of Duval, Roch. (1983). <i>Morale et relations humaines—Propos sur la vie et le travail, suivis d'un Guide d'éthique à l'intention des professionnels de la relation d'aide.</i>

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Canadian Counsellor/Conseiller Canadien 1985, Vol. 19, No. 3 and 4 235

B o o k R e v i e w s / G o m p t e s r e n d u s

Duval, Roch. (1983). Morale et relations humaines—Propos sur la vie et le travail, suivis d'un Guide d'éthique à l'intention des professionnels de la relation d'aide. Québec, Les Presses de l'Université Laval, 294 pages.

Evalué par: M. Richard Joly, Université de Sherbrooke

Quel ouvrage provocant et stimulant que celui de Roch Duval!... Quels balancements critiques il impose à ses lecteurs, entre l'assentiment aux diagnos-tics qu'il formule et la perplexité, voire la résistance, devant les thérapeutiques qu'il préconise.

L'intention de l'auteur est titanesque: survoler ce que nous appelons notre "civilisation," disséquer les facteurs de la dégénérescence de notre sens moral, remplacer la "morale des interdits" et le légalisme de nos innombrables "codes" (dont les codes de déontologie) par une "morale en situation" dont les piliers majeurs seraient la liberté intérieure, la responsabilité, l'agir amoureaux en relations d'intersubjectivité.

Les Propos sur la vie et le travail, la majeure partie de l'ouvrage, sont rédigés sous la forme d'un "dialogue" où Roch Duval expose sa pensée en réaction à des questions ou des commentaires d'un interlocuteur fictif. Si de tels échanges sont à deux voix—dans La peste blanche de Chaunu et Suffert (1976), par exemple—ils peuvent offrir au lecteur les pétillements et les affrontements d'une véritable recherche en corps-à-corps. L'interlocuteur de Roch Duval m'a paru mani-fester plus souvent l'accord du disciple que la vigueur du critique.

L'auteur se dit ouvertement personnaliste et humaniste; il est à la recherche "d'une certaine sagesse" (p. 10). Il n'accepte pas, et il a raison! qu'on lui appose des étiquettes évaluatives de "pessimisme" ou de "conservatisme." Quoi qu'il en dise cependant, une forte proportion de son public lui reprochera sûrement de voir son verre à moitié (ou aux quatre-cinquièmes?) vide plutôt qu'à moitié plein. Personne cependant ne devrait pouvoir contester son impressionnante argumentation sur les déviations—il dit régulièrement "les perversions"—de nombreuses facettes de notre organisation mentale et sociale qui saccagent des dimensions fondamentales de la personne humaine.

Maître d'une langue vivante, riche, vigoureuse, il monte un réquisitoire minutieux et prolongé contre des institutions et des idéologies qui, comment ne pas en convenir?, méritent mal que nous y placions notre plus vive fierté et nos meilleurs espoirs: la glorification du modèle de pensée des sciences dites exactes, la déification du juridism (et des codes conventionnels de déontologie), la voracité des meutes que sont les corporations professionnelles et les syndicats, la technocratie et la bureaucratie sans coeur et sans aile, etc. Rien n'échappe au bistouri de Duval qui plonge au vif de tissus où il trouve rarement autre chose que du cancéreux: ni la morgue des "savants," ni l'envahissement des pouvoirs étatiques, ni le nationalisme, ni l'école, ni les médias, ni les techniciens du droit qui prennent la loi pour la justice, ni même l'Office de la langue française!

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Pour redresser cette empilade de systèmes où s'enlise l'agir moral authen-tique, Roch Duval décrit et défend la "morale en situation" qui définit l'homme par sa liberté (p. 241), qui érige la conscience individuelle en instance suprême avec autorité de définir et d'imposer le bien. Cette morale fleurirait dans la communauté conviviale qui ne part pas du "je pense" mais du "nous aimons" (p. 220). Ce bien, cet amour ne découlent pas de fatras abstractionnistes, légalistes ou disciplinaires. Ces infirmités doivent céder le pas à des styles de vie

(et de relations d'aide) où la confiance intersubjective succède à la méfiance institutionnalisée, où les rapports humains se nourrissent d'une culture qui n'est plus négatrice de la nature.

C'est cette morale que l'auteur présente de divers angles dans ses Propos; il la résume et la concrétise dans son Guide éthique (six chapitres) qui couvre des thèmes habituellement touchés dans la déontologie de toute profession: le conseiller personnel, le client, la syndicalisation, etc. Ce Guide, même si certains articles évoquent le fond et la forme de codes conventionnels ("Le conseiller évite toute fausse représentation quant à sa compétence..."), ne veut pas jouer le rôle de texte de référence pour quelque comité de discipline. Il se donne seulement comme un instrument de réflexion, comme un éclairage pour tout "conseiller personnel" soucieux de la moralité de son agir professionnel.

La bibliographie substantielle qu'utilise Roch Duval permet de constater qu'il s'inscrit dans un courant contemporain multidisciplinaire de très vaste envergure. A lui comme à ses auteurs favoris, il faut pourtant demander ce qu'il reste de fondement à une morale "naturelle" une fois évacuée cette abstraction qu'est la "nature humaine" appelant d'autres abstractions comme la justice, la tempérance ou même ce renoncement, cette générosité dont l'auteur parle très peu comme conditions préalables à l'exercice de l'amour. Comme le dit Louis Valcke (1984): "exit la nature... exit aussi le droit naturel... exit l'égalité universelle" (p. 30). Réduire la personne à une unicité palpitante et la société à une communauté de telles unicités, il semble que ce devrait être se nier le droit de recourir aux majuscules pour décrire une morale qui éviterait de "confondre le Bien avec le Mal" (p. 182).

C'est dans ce débat grandiose que Roch Duval prend position, sans équivoque, avec une fougue profondément engagée. Tout acte proprement humain, comme il le souligne (p. 194), doit s'envisager et s'évaluer dans une optique de moralité. A ce titre, Morale et relations humaines S'IMPOSE comme instrument fondamental à toute personne engagée dans une pratique professionnelle de relation d'aide. Non pour endosser docilement les positions de l'auteur, mais plutôt pour répondre à son intention première: s'édifier des positions person-nelles, lucides et responsables.

References

Chaunu, P., & Suffert, G. (1976). La peste blanche. Comment éviter le suicide de l'Occident. Paris: Gallimard.

Valcke, L. (Hiver 1984). L'égalitorisme: Postulats métaphysiques inavoués d'une société égalitaire. L'Analyste, 22-33).

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