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Taxonomie locale et analyse des critères des paysans pour caractériser les différents écotypes d'oignons (Allium cepa L.) du Niger

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Academic year: 2021

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Taxonomie locale et analyse des critères

des paysans pour caractériser les différents

écotypes d'oignons (Allium cepa L.) du Niger

Résumé

L’oignon est une production maraıˆche`re bien ancre´e au Niger qui a acquis depuis longtemps une re´putation de qualite´. Au Niger, de nombreuses e´tudes ont porte´ sur la production et la filie`re de l’oignon. En revanche, tre`s peu de recherches ont e´te´ consacre´es a` la diversite´ nomme´e des e´cotypes d’oignons. Ce travail a pour but d’inventorier les diffe´rents types d’oignons cultive´s au Niger. Ainsi, 11 sites situe´s dans les principales zones de production d’oignon au Niger ont e´te´ visite´s. Dans chaque site, des entretiens individuels ont e´te´ conduits avec 10 producteurs qui ont une bonne connaissance des diffe´rents types d’oignons de la zone en particulier et du Niger en ge´ne´ral. La caracte´risation des e´cotypes du Niger a e´te´ re´alise´e en se basant sur les descripteurs du genre Allium e´tablis par Bioversity International (ex-IPGRI). Cinquante-deux e´cotypes nomme´s ont e´te´ inventorie´s, mais apre`s analyse et regroupement des synonymes, il ressort que 17 e´cotypes sont cultive´s au Niger. Les principaux crite`res des paysans pour caracte´riser un e´cotype local sont la couleur des bulbes et la zone de provenance. Mots cle´s : Allium cepa L. ; diversite´ ge´ne´tique dans l’espe`ce ; e´cotype ; oignon ; Niger ; taxonomie.

The`mes : productions ve´ge´tales ; ressources naturelles et environnement.

Abstract

Folk taxonomy of Niger onion diversity and analysis of farmer criteria for characterizing the different ecotypes

The onion is a very important crop in Niger, which has developed a reputation of high quality for ages. In Niger, many analyses have been carried out concerning onion production, but very little research has been done on onion ecotypes. The aims of this work were to identify the different types of onion produced in Niger. About a dozen sites were visited in the main area of mass production of onion in Niger. Interviews were conducted with ten producers on each site visited. These producers have a good knowledge of the different types of onions produced in the area and all over the country. Descriptors for Allium, established by Bioversity International (ex IPGRI), have been used to characterize the onion ecotypes. Fifty two locally named ecotypes were identified, but after analysis and grouping by synonyms, it was found that 17 of them were produced in Niger. The main criteria for a local ecotype naming are the colour of the onion bulb and the production area.

Key words: Allium cepa L.; ecotypes; genetic diversity within species; onion; Niger; taxonomy.

Subjects: natural resources and environment; vegetal productions.

Rabiou Abdou1,2 Marie Malice1 Yacoubou Bakasso2 Mahamane Saadou3 Jean Pierre Baudoin1 1Universite de Liège Gembloux Agro-Bio Tech 5030 Gembloux Belgique

<abdourabiou@yahoo.fr>

<marie.malice@ulg.ac.be>

<jean.pierre.baudoin@ulg.ac.be>

2Universite Abdou Moumouni de Niamey Faculte des sciences

BP 10662 Niamey Niger <bakasso@yahoo.com> 3Universite de Maradi BP 465 Maradi Niger <saadou_mahamane@yahoo.fr> doi:10.1684/agr.2014.0700

Pour citer cet article : Abdou R, Malice M, Bakasso Y, Saadou M, Baudoin JP, 2014. Taxonomie locale et analyse des critères des paysans pour caractériser les différents écotypes d'oignons (Allium cepa L.) du Niger. Cah Agric 23 : 166-76. doi :10.1684/agr.2014.0700

Tirés à part : R. Abdou

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L

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oignon, plante originaire d’Asie centrale, est largement cultive´ au Niger. Entre 1999 et 2009, la production nationale d’oignon a double´ (FAO, 2009). Ainsi, avec une production totale estime´e a` 447 000 tonnes, le Niger est conside´re´ comme le plus important exportateur et le deuxie`me producteur d’oignon de l’Afrique de l’Ouest (D’Alessandro et Soumah, 2008). Au Niger, « le Violet de Galmi » est la principale varie´te´, mais plusieurs autres e´cotypes locaux d’oignons sont aussi pre´sents. Cette diversite´ ge´ne´tique des oignons du Niger est le plus souvent de´signe´e par des e´cotypes ou des varie´te´s locales (Nabos, 1976;Rouamba et al., 2001; Currah, 2002). Plusieurs de´finitions sont donne´es de la notion d’e´cotype. Pour Turesson (1922), un e´cotype re´sulte de la re´ponse ge´notypique d’une espe`ce a` un habitat particulier.

Cet habitat est le´ge`rement diffe´rent de celui qui est le plus fre´quemment occupe´ par l’espe`ce mais il n’y a pas de barrie`re biologique d’isolement interne entre les divers e´cotypes d’une meˆme espe`ce. Selon Leland (1987), un e´cotype est une population d’individus d’une espe`ce dont la mor-phologie particulie`re est de´termine´e par les conditions du milieu. Gregor (1944)signale que l’e´cotype est ge´ne´-ralement lie´ a` un habitat particulier et ne posse`de qu’un nom vernaculaire. Dans le cadre de cette e´tude, la notion d’e´cotype est employe´e pour de´signer les types d’oignons provenant de dif-fe´rentes zones de production du Niger, lesquelles pre´sentent une diversite´ de syste`mes agricoles, de conditions climatiques et d’organisations sociales. Par ailleurs, la modernisation des petites exploitations agricoles par le biais de l’introduction de nouvelles

varie´te´s ame´liore´es d’oignons est perc¸ue comme une condition indis-pensable de l’augmentation du rendement et du revenu agricole (Rouamba et al., 1997). Mais, en Afrique de l’Ouest, de nombreuses populations locales d’oignons sont menace´es de disparition face a` l’intro-duction massive des varie´te´s impor-te´es des E´tats-Unis, d’Europe, du Japon et a` la diffusion a` grande e´chelle d’une varie´te´ locale ame´liore´e du Niger « Violet de Galmi » (Rouamba et al., 2001). Au Niger, cette perte de diversite´ est aussi observe´e dans certaines zones de production d’oignon. Selon Nabos (1976), l’Ins-titut de recherche agricole tropicale (Irat) du Niger disposait dans sa collection de 21 e´cotypes de la re´gion de Tahoua (figure 1), principale zone de production de l’oignon au Niger ; alors que, re´cemment, Moumouni

0 125 250 500 kilomètres Sites étudiés Agadez Diffa Zinder Maradi Tahoua Tillabéry Dosso 12 10 9 8 5 6 7 4

0°0'0'' 3°0'0''E 6°0'0''E 9°0'0''E 12°0'0''E

12°0'0''N 15°0'0''N 18°0'0''N 21°0'0''N 24°0'0''N 12°0'0''N 15°0'0''N 18°0'0''N 21°0'0''N 24°0'0''N 18°0'0''E

0°0'0'' 3°0'0''E 6°0'0''E 9°0'0''E 12°0'0''E 18°0'0''E

3 2 1

11

Source : base donnée SIG + Données terrain

Fleuve Niger Lac Tchad

Zone d’Irhazer

Zone du Goulbi et des vallées

Réalisation : I.Ali, 2013 Zone du Lac Tchad Zone des Korama Zone du Fleuve

N

Figure 1. Localisation des zones de cultures irriguées et des sites étudiés. Figure 1. Localisation of irrigated crop areas and surveyed sites.

Sites étudiés : 1 : Ayorou ; 2 : Gotheye ; 3 : Say ; 4 : Gaya ; 5 : Soukoukoutan ; 6 : Madaoua ; 7 : Maradi ; 8 : Tassaou ; 9 : Gamdou ; 10 : Guidimouni ; et 11 : Diffa. Sites visités : 12 : Agadez.

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(2006) a identifie´ seulement quatre e´cotypes de cette meˆme zone. Cette situation fait craindre une perte d’e´co-types locaux dans tout le pays. Les consommateurs les appre´cient par rapport aux varie´te´s importe´es a` cause de leurs qualite´s organoleptiques et des bulbes qui se conservent mieux (Ricroch et al., 1996). Ces ressources ge´ne´tiques locales sont aussi essen-tielles pour les objectifs de se´lection et de cre´ation varie´tale (Khar et al., 2010). Il convient donc de de´terminer la diversite´ nomme´e ge´re´e par les producteurs au Niger.

Pour conserver ces e´cotypes locaux, il faut au pre´alable les identifier, les caracte´riser et les e´valuer. La taxono-mie locale est la classification utilise´e par les paysans ; elle peut eˆtre impe´-rative dans le but d’exploiter et de conserver in situ la diversite´ ge´ne´tique (Mekbib, 2007). La compre´hension de la fac¸on dont les agriculteurs traditionnels pre´servent et ge`rent les ressources phytoge´ne´tiques demeure un important de´fi en matie`re de recherche. Selon Altieri et Merrick (1987), la gestion des ressources ge´ne´tiques ve´ge´tales ne se limite pas a` rassembler des ge´notypes d’espe`ces indige`nes cultive´es et de varie´te´s sauvages apparente´es, mais elle comprend aussi l’e´tude des interac-tions e´cologiques, du flux ge´nique, ainsi que des connaissances et du savoir-faire des populations humaines qui se´lectionnent et cultivent les plantes locales.

A` notre connaissance, aucune e´tude ethnobotanique ne traite directement de la taxonomie locale de l’oignon. Cependant, cette approche a e´te´ applique´e pour appre´hender la diver-site´ ge´ne´tique d’espe`ces telles que le taro (Colocasia esculenta [L.] Scott ; [Jainchu Xu et al., 2001]), le manioc (Manihot esculenta Crantz ; [Sambatti et al., 2001]), le riz (Oryza sativa L. ; [Appa Rao et al., 2002]) et le sorgho (Sorghum Bicolor L. ; [Barnaud et al., 2007;Mekbib, 2007]).

Si la ne´cessite´ de promouvoir la conservation des e´cotypes locaux devient un enjeu, au Niger, les crite`res utilise´s par les producteurs pour identifier et nommer leurs e´cotypes et la structuration de la diversite´ nomme´e de l’oignon ne sont pas bien connus, alors que cette diversite´ pour-rait offrir des opportunite´s dans la conception des programmes de

conservation et d’ame´lioration. Cette e´tude se propose d’inventorier la diversite´ nomme´e, de lister tous les termes associe´s a` la nomenclature de l’oignon du Niger pour identifier les synonymes et les homonymes, e´tablir le syste`me de classification des e´cotypes, et analyser les diffe´rences des e´cotypes nomme´s par zone e´cologique et par ethnie.

Matériel et méthode

Zones d'étude

L’e´tude a e´te´ conduite sur l’ensemble du territoire de la re´publique du Niger dans les principales zones de cultures irrigue´es. La figure 1 montre la localisation des diffe´rentes zones de cultures irrigue´es du Niger et les sites e´tudie´s. Au Niger, la culture de l’oignon se pratique autour des points d’eau de surface, notamment les mares temporaires ou permanentes et le long du fleuve Niger. SelonSagnard et al. (2008), la plus grande partie du pays est soumise a` un climat sahe´lien avec une saison pluvieuse exce´dant rare-ment 75 jours et des pe´riodes de se´cheresses re´currentes. Cependant, l’extre´mite´ Sud-Ouest du Niger est caracte´rise´e par un climat soudanien et le Nord est domine´ par un climat de´sertique, extreˆmement sec et aride. Le choix des sites e´tudie´s se justifie principalement par la pre´sence d’au moins un e´cotype identifie´ a` partir des recherches documentaires (Nabos, 1976; Rouamba et al., 1997; Rouamba et al., 2001; Silue´ et al., 2003; INRAN, 2004; Moumouni, 2006) et des entretiens avec des personnes posse´dant une bonne connaissance des ressources phyto-ge´ne´tiques du Niger en ge´ne´ral et de l’oignon en particulier.

Quatre ethnies principales sont concerne´es par les enqueˆtes, re´parties dans 11 sites de culture d’oignon, regroupe´s en 5 zones de production. Il s’agit des Zarma/Songhaı¨s a` l’ouest dans la zone du fleuve, les Haoussa dans la zone des valle´es au centre (localement appele´e Korama ou Goulbi), les Touaregs au nord dans la valle´e d’Irhazer, et les Kanuri dans la zone du lac Tchad et de la Komadougou-Yobe´ a` l’extreˆme-est du pays.

Inventaire et taxonomie

des écotypes

Des enqueˆtes individuelles ont e´te´ mene´es aupre`s de 10 producteurs d’oignons par site pour identifier les diffe´rents e´cotypes d’oignons produits ou connus. Les producteurs ayant participe´ a` cette e´tude ont e´te´ mis en situation de discours libres. Cette approche de libre citation ou free listing method a pour objectif de de´finir les contours des noms des plantes ou des animaux et est souvent utilise´e et adapte´e aux e´tudes ethnobotaniques (Thompson et Juan, 2006).

De plus, les e´cotypes nomme´s ont fait l’objet d’entretiens spe´cifiques avec les producteurs pour s’assurer qu’un meˆme e´cotype cultive´ dans diffe´rentes zones ne porte pas des appellations diffe´rentes.

Pour comple´ter les re´sultats d’inven-taire et de taxonomie des e´cotypes par site, nous avons identifie´ les proce´de´s de nomination. Nous nous sommes appuye´s sur des entretiens comple´-mentaires pour demander a` chaque personne questionne´e de commenter la liste des e´cotypes nomme´s et pour savoir si les noms liste´s font re´fe´rence aux caracte`res morphologiques, a` l’origine ou a` l’usage de l’e´cotype.

Critères de caractérisation

d'un écotype

Comme un meˆme e´cotype est nomme´ diffe´remment selon la zone ou l’ethnie de l’individu interroge´, il a e´te´ demande´ aux individus en question de pre´ciser les crite`res qu’ils utilisent pour reconnaıˆtre l’e´cotype nomme´. A` cet effet, les crite`res d’identification d’un e´cotype d’oignon par les pro-ducteurs ont e´te´ compare´s avec les crite`res scientifiques du genre Allium e´tablis par l’International Plant Gene-tic Resources Institute, actuellement Bioversity International (IPGRI, 2001). Ainsi, les producteurs ont e´te´ ques-tionne´s pour savoir s’ils utilisent au moins l’un des 27 descripteurs de l’IPGRI, qui ont trait aux descripteurs des feuilles, des bulbes, des inflores-cences, des graines, et de la re´action aux stress biotiques et abiotiques.

Analyse des données

Les listes libres d’identification des e´cotypes de l’oignon du Niger ont e´te´

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Tableau 1.

Caractéristiques morphologiques et agronomiques utilisées pour distinguer les écotypes.

Table 1. Morphological and agronomic traits used to distinguish ecotypes.

Critères de classification utilisés États associés

Descripteurs des feuilles

Couleur des feuilles Vert clair, Vert, Vert fonce

Densite foliaire des plantes Faible, Moyenne, Forte, Très forte

Nombre de feuilles par plante Faible, Moyenne, Abondant

Longueur des feuilles Petit, Moyen, Grand

Diamètre des feuilles Petit, Moyen, Grand

Descripteurs des bulbes

Forme des bulbes matures Aplatie, Allongee, Spherique, Forme spherique divisee, Cône renverse, Conique Couleur des bulbes matures Blanc, Brun, Jaune, Violet clair, Violet, Violet fonce, Rose, Rouge

Uniformite de forme des bulbes matures Uniforme, Peu variable, Variable, Très variable Uniformite de couleur des bulbes matures Uniforme, Peu variable, Variable, Très variable

Disposition et nombre de lobes par bulbe Unilobe, Plusieurs lobes separes, Plusieurs lobes non separes

Calibre des bulbes Petit, Moyen, Gros

Precocite de maturite des bulbes Très precoce, Precoce, Tardive Descripteurs des inflorescences Taux defloraison en première annee Pas defleur, Faible, Moyen, Intense

Fertilite generale Faible, Moyen, Intense

Nombre defleurs par ombelle Absent, Moyen, Abondant

Couleur desfleurs Blanc, Jaune, Rouge, Vert, Violet

Couleur des anthères Blanc, Jaune, Rouge, Vert, Violet

Date des premièresfloraisons Très precoce, Precoce, Tardive

Date de maturite Très precoce, Precoce, Tardive

Descripteurs des graines

Couleur du tegument des graines Noir, Brun

Poids des graines Faible, Moyen, Important

Resistances aux stress biotiques

Resistance aux champignons Resistant, Tolerant

Resistance aux bacteries Resistant, Tolerant

Resistance aux virus Resistant, Tolerant

Resistance aux nematodes Resistant, Tolerant

Tolerances aux stress abiotiques

Tolerance à la secheresse Sensible, Tolerant

Tolerance à la pluie Sensible, Tolerant

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accompagne´es d’un protocole de caracte´risation de la diversite´ nom-me´e. Letableau 1re´sume les crite`res morphologiques et agronomiques utilise´s au champ pour caracte´riser les e´cotypes liste´s, afin d’identifier les synonymes et les homonymes et limiter les proble`mes d’analyse lie´s aux doublons.

Les donne´es collecte´es ont e´te´ analy-se´es avec le logiciel XLSTAT version 2010.4 permettant les calculs de fre´-quences et du nombre de producteurs utilisant les descripteurs d’oignon par site e´tudie´. L’analyse factorielle des correspondances (AFC), re´alise´e avec le logiciel MINITAB# (MINITAB 15.1.30, 2007), a permis de structurer la diversite´ nomme´e. Cette analyse vise a` de´terminer les affinite´s ou les divergences entre les e´cotypes nom-me´s par les producteurs de divers sites de production, ainsi que les affinite´s

entre les e´cotypes et les sites e´tudie´s. Dans notre cas, cette analyse est pertinente car la fre´quence attendue des effectifs est toujours supe´rieure a` 5 pour chacun des sites examine´s.

Résultats

Identi

fication et taxonomie

des écotypes

Les entretiens libres aupre`s des pro-ducteurs ont permis d’inventorier 52 noms vernaculaires d’e´cotypes d’oignons provenant de diffe´rentes zones de production. Parmi ces noms vernaculaires, des de´nominations d’e´cotypes varient en fonction de la langue du producteur ; un meˆme e´cotype peut avoir des noms verna-culaires diffe´rents d’un site a` un autre.

Dans ce cas, les noms ont e´te´ conser-ve´s et traite´s comme synonymes. Apre`s l’analyse des caracte´ristiques morphologiques, des usages des e´co-types nomme´s, et le regroupement des noms vernaculaires en synonymes, il ressort que 17 e´cotypes sont actuelle-ment cultive´s au Niger. Letableau 2 donne la liste des e´cotypes nomme´s, le nom local de l’e´cotype dans sa principale zone de production, les synonymes et la traduction en franc¸ais du nom local. Il ressort aussi de nos enqueˆtes, qu’a` l’e´chelle des sites ou des individus, des e´cotypes diffe´rents peuvent porter le meˆme nom, tel que les taxons « Local » ou « Albassa ». Le premier taxon est liste´ en re´fe´rence a` l’e´cotype localement cultive´ et le second indique l’oignon en haoussa. Letableau 3 pre´sente les principaux caracte`res morphologiques et agrono-miques des e´cotypes nomme´s.

Tableau 2.

Liste des noms et synonymes des écotypes d'oignon du Niger.

Table 2. List of names and synonyms of Niger onion ecotypes.

Écotypes Nom local

de l'écotype

Traduction du nom local de l'écotype

Synonymes

Blanc de Galmi Fara Albassa Oignon blanc El Galmi, Fara albassa, Tassa, Zalbo, Kankare,

Tawarka, Albassa

Blanc de Gotheye Gotta Oignon de Gotheye Gotta, Gotheyeze, Gotheyezo, Albassan,

Blanc de Tillabery Blanc

de Soukoukoutan

Albassa Soukoukoutan Oignon de Soukoukoutan Fara albassa, Tassa, Zalbo, Kibba, Albassa

Blanc de Soumarana Fara Albassa Oignon blanc Blanc de Maradi, Blanc de Tarna, Albassa,

Fara albassa, El maradi,

El Tassaou El Tassaou Oignon de Tassaoua El Tassaou, local, Fara Albassa, Jaa Albassa,

Albassa

El Gamdou El Gamdou Oignon de Gamdou El Gamdou, El Mirriah, local, Albassa

El Guidimouni El Guidimouni Oignon de Guidimouni Albassa Guidimouni, El Guidimouni, local,

Albassa

Irin Damana Irin Damana Oignon pluvial Albassa Damana, El Damana, El Nigeria,

Albassa, Naguiri

Irin Rani Albassa / Irin Rani Oignon de contre-saison Albassa Rani, El Rani, local, Albassa, Kadaoua Arakou

El Nigeria Jaa Albassa Oignon rouge Jan Iri

Rouge de Gaya Yaourizo Oignon de Yaouri Gayazo, El Gaya, Yaourize, Yaourizo, Bisna

Violet de Ayorou Ayorouzo Oignon d'Ayorou Ayorou Albassan, Ayorouze, Ayorouzo, Albassan

Violet de Galmi El Galmi Oignon de Galmi Galmi, Tassa, Zalbo, Kankare, Tawarka, El Galmi,

Galmizo, Galmo, Sonal, Albassa Violet de Gotheye Albassan Tawaye-taweyze Oignon jumeau Albassan Tawaye-taweyezo, Albassan

Tawaye-taweyeze, Goungo, Goungizo, Albassan

Violet de Say Al Hadadje Local Al Hadadje, Doga, Youri, local, Albassan

Violet de Soumarana Jaa Albassa Oignon rouge Jaa albassa, El maradi, Albassa, Violet de Maradi,

Violet de Tarna, Rouge de Tarna

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Procédés de nomination

Les caracte`res morphologiques, l’ori-gine et les usages sont les crite`res utilise´s par les producteurs d’oignons du Niger pour attribuer un nom vernaculaire a` un e´cotype.

Caractères morphologiques

En ge´ne´ral, les producteurs interroge´s utilisent les caracte`res morpholo-giques dans les proce´de´s de nomina-tion des e´cotypes. La couleur et la forme des bulbes sont les principaux crite`res employe´s par les paysans pour caracte´riser un e´cotype. Ainsi les e´cotypes d’oignons du Niger sont soit de couleur violette, blanche, rouge ou brune (figure 2). En effet, les e´cotypes de couleur violette et blanche se rencontrent dans toutes les zones de production ; en revanche, les e´cotypes de couleur brune se trouvent uniquement dans la zone des « Korama » (figure 1) et l’e´cotype de couleur rouge a e´te´ rencontre´ seule-ment a` Gaya dans la zone du fleuve. En outre, les e´cotypes identifie´s sont constitue´s d’un me´lange d’oignons de couleurs et de formes diffe´rentes : c’est le cas du « Violet de Galmi »

cultive´ par les producteurs de la re´gion de Tahoua. De ce fait, les producteurs de cette zone utilisent la forme du bulbe pour e´tablir une diffe´renciation a` l’inte´rieur de cet e´cotype. C’est ainsi que le Violet de Galmi avec des bulbes de forme elliptique aplatie est appele´ « Tassa », celui qui pre´sente des bulbes de forme sphe´rique « Tawaraka » et celui dont les bulbes sont de forme allonge´e ou oblongue « Zalbo ou Kankare´ » (figure 3).

Origine

La taxonomie populaire des oignons du Niger montre que les e´cotypes sont nomme´s par de´signation directe du lieu d’origine ou` la se´lection de l’e´cotype a e´te´ conduite. Ainsi, « El Galmi » ou « Galmizo » signifie respec-tivement en haoussa et en zarma, l’e´cotype originaire de Galmi. Cepen-dant, a` la zone d’origine, les produc-teurs associent les caracte`res morphologiques tels que la couleur des bulbes pour nommer un e´cotype d’oignon. Par exemple, le « Blanc de Galmi » est l’e´cotype de couleur blanche qui est produit dans la zone de Galmi.

Usages

Les producteurs d’oignons interroge´s utilisent l’usage pour nommer leurs e´cotypes. En effet, a` Gotheye, le taxon « Gabou » de´signe aussi l’e´cotype « Blanc de Gotheye » qui est destine´ a` la de´shydratation par les femmes pour produire un condiment de cuisine localement appele´ « Gabou ». A` Diffa, dans la zone du lac Tchad, « Irin Damana » et « Irin Rani » sont des e´cotypes de la zone qui sont respectivement utilise´s en culture pluviale et de contre-saison.

Analyse de pertinence

des différents descripteurs

dans les sites étudiés

Le tableau 4 donne le nombre de descripteurs d’oignons qui sont utili-se´s par les producteurs des sites e´tudie´s. Parmi les descripteurs des bulbes, la forme et la couleur sont utilise´es par la quasi-totalite´ des pro-ducteurs interroge´s (99 %), mais peu d’entre eux utilisent le nombre de lobes par bulbe, l’uniformite´ en forme des bulbes et l’uniformite´ en couleur des bulbes pour de´crire un e´cotype.

Tableau 3.

Principaux caractères morphologiques et agronomiques des écotypes d'oignon du Niger.

Table 3. Principal morphological and agronomic characteristics of Niger onion ecotypes.

Écotypes Couleur des feuilles Couleur des bulbes matures Uniformité de couleur des bulbes

Forme des bulbes matures Calibre des bulbes matures Précocité de maturité des bulbes

Blanc de Galmi Vert Blanc Peu variable Allongee, aplatie, spherique Moyen Precoce

Blanc de Gotheye Vert clair Blanc Uniforme Spherique et divisee Petit Très precoce

Blanc de Soukoukoutan Vert Blanc Peu variable Allongee, aplatie, spherique Gros Precoce

Blanc de Soumarana Vert Blanc Peu variable Allongee, aplatie, spherique Moyen Precoce

El Tassaou Vert Blanc Variable Conique Gros Tardive

El Gamdou Vert Brun Très variable Conique Gros Tardive

El Guidimouni Vert fonce Jaune Très variable Cône renverse Gros Très tardive

El Nigeria Vert fonce Violet fonce Peu variable Aplatie, spherique Moyen Precoce

Irin Damana Vert fonce Violet fonce Variable Aplatie, spherique Gros Tardive

Irin Rani Vert Violet Variable Aplatie, spherique Gros Tardive

Rouge de Gaya Vert fonce Rouge Peu variable Spherique Moyen Precoce

Violet de Ayorou Vert Violet fonce Variable Allongee, aplatie, spherique Moyen Precoce

Violet de Galmi Vert Violet Variable Allongee, aplatie, spherique Moyen Precoce

Violet de Gotheye Vert clair Violet Variable Spherique et divisee Petit Très precoce

Violet de Say Vert Violet Variable Allongee, aplatie, spherique Moyen Precoce

Violet de Soumarana Vert Violet fonce Très variable Allongee, aplatie, spherique Gros Precoce

(7)

Pour l’ensemble des sites e´tudie´s, les descripteurs des feuilles sont fre´quem-ment utilise´s (49 %) pour identifier un e´cotype (tableau 4). Mais un nombre important de producteurs (plus de 80 %) de Gotheye, Madaoua, Guidimouni et Matameye sont en mesure de diffe´rencier les diffe´rents types d’oignons du Niger a` partir d’un des crite`res des feuilles. En revanche, les producteurs de Mirriah, Say et Gaya ont des difficulte´s a` discriminer les e´cotypes a` partir des feuilles. Quarante-deux pour cent des producteurs identifient les e´cotypes d’oignons du Niger a` partir de leur aptitude a` fleurir la premie`re anne´e de production. Mais les autres descrip-teurs des inflorescences sont relative-ment moins utilise´s.

Moins de 12 % des producteurs utilisent l’un des descripteurs des graines pour diffe´rencier les e´cotypes d’oignons qu’ils connaissent. Moins de 10 % des producteurs interroge´s caracte´risent les diffe´rents types d’oignons en utilisant la re´sistance aux stress biotiques comme crite`re. Il ressort des entretiens que les

produc-teurs d’oignons du Niger n’arrivent pas a` faire la diffe´rence entre les maladies cause´es par les champignons, les bacte´ries, les virus et les ne´matodes.

Structuration de la diversité

nommée

La structuration de la diversite´ a e´te´ observe´e graˆce a` l’analyse factorielle des correspondances (figure 4). Les deux premiers axes 1 et 2 repre´sentent respectivement 14,79 et 13,88 % des informations retenues pour l’interpre´-tation des re´sultats (tableau 5). Sur l’axe 1 on observe une opposition entre les e´cotypes Blanc de Galmi, Blanc de Soumarana, El Agadez, El Gamdou et El Nigeria, d’une part, et Blanc de Gotheye, Violet d’Ayorou et Violet de Say, d’autre part. Ce meˆme axe 1 montre une opposition entre, d’une part, les sites de Maradi, Madoua, Mirriah et Matameye, et, d’autre part, les sites de Gotheye, Ayorou et Say. L’axe 2 oppose les e´cotypes de la zone du lac Tchad avec les e´cotypes de la zone de Korama.

Ainsi, on observe une convergence du meˆme coˆte´ des axes entre les e´cotypes et les sites d’une meˆme zone.

L’analyse des re´sultats de la figure 4 permet de structurer la diversite´ des e´cotypes liste´s par les producteurs d’oignons du Niger en trois groupes. Le premier groupe, G1, constitue´ des e´cotypes qui sont distribue´s du coˆte´ ne´gatif de l’axe 1, est corre´le´ aux sites dont la principale langue parle´e est le haoussa. Le deuxie`me groupe, G2, est corre´le´ aux sites de la zone du fleuve a` l’extreˆme-est du Niger et dont la langue parle´e est le zarma (coˆte´ positif de l’axe 2) et le troisie`me groupe, G3, est compose´ du site de la zone du lac Tchad a` l’extreˆme-ouest du Niger et dont la langue est le kanuri. De ce fait, on observe une structuration spatiale et linguistique de la diversite´ des e´cotypes d’oignons liste´s par les pro-ducteurs interroge´s. Le tableau 6 pre´cise le nombre de citations des e´cotypes nomme´s au cours des enqueˆtes mene´es aupre`s de 10 pro-ducteurs d’oignons par site.

Discussion

L’enqueˆte montre que 52 noms ver-naculaires d’e´cotypes ont e´te´ invento-rie´s. Mais apre`s le regroupement des noms vernaculaires en synonymes, 17 e´cotypes sont liste´s par les produc-teurs comme types d’oignons cultive´s au Niger. L’existence de ces noms est lie´e a` la diversite´ des langues et a` la distribution ge´ographique des zones de production. Ainsi, cette e´tude a montre´ que plusieurs noms diffe´rents peuvent de´signer un meˆme e´cotype. Ce constat est aussi releve´ dans les rapports des prospections et des articles qui attribuent a` un meˆme e´cotype une multitude de noms. En effet, l’e´cotype de la re´gion de Maradi est appele´ Violet de Maradi (INRAN, 2004), Violet de Soumarana (Nabos, 1976;Ricroch et al., 1996), Rouge de Tarna (Silue´ et al., 2003). Toutefois, les re´sultats de nos enqueˆtes montrent qu’il n’existe pas d’oignons de Maradi, de Soumarana ou de Tarna qui diffe`rent entre eux pour des caracte`res morphologiques ou agronomiques. C’est le meˆme e´cotype Violet de Soumarana qui est nomme´ diffe´rem-ment. Il faut noter, a` ce niveau, que l’e´cotype de la zone de Soumarana a

Violet Blanc Rouge Brun

Figure 2. Diversité de couleurs d'oignons du Niger. Figure 2. Diversity of Niger onions colours.

(A). Tawaraka (B). Tassa (C). Zalbo

Figure 3. Diversité de forme des bulbes du Violet de Galmi. Figure 3. Diversity of Violet de Galmi bulbs shapes. A : forme sphérique ; B : forme aplatie ; C : forme allongée.

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e´te´ ame´liore´ suite a` un programme de se´lection conduit par l’Irat, a` la station de recherche de Tarna qui est situe´e dans la re´gion de Maradi au Niger (Nabos, 1976). Cette se´lection avait abouti a` la cre´ation de la varie´te´ ame´liore´e, nomme´e aussi Violet de Soumarana, qui n’a malheureusement jamais e´te´ vulgarise´e au Niger (Moumouni, 2006).

Par ailleurs un meˆme nom peut eˆtre attribue´ a` des e´cotypes d’oignons diffe´rents. Par exemple, le nom « Local » revient re´gulie`rement pour nommer les e´cotypes d’oignons du Niger. Selon les producteurs interro-ge´s, le nom « Local » fait re´fe´rence a` l’e´cotype qui a e´te´ se´lectionne´ et conserve´ comme l’e´cotype de la zone avant l’introduction des varie´te´s

ame´-liore´es. On a aussi un meˆme nom local pour de´signer des e´cotypes diffe´rents de sorgho en E´thiopie (Mekbib, 2007). Cette e´tude confirme les re´sultats obtenus par Moumouni (2006), qui met en relation la couleur des bulbes et la principale zone de production pour nommer un e´cotype d’oignon. Cependant la nomenclature des e´co-types a` partir des couleurs de bulbe et

Tableau 4.

Nombre de producteurs utilisant les descripteurs d'oignon par site.

Table 4. Number of producers using onion descriptors at each site.

Sites Ay Di Gy Gt Gu Mw Mi Ts Gm Sy Sk Total

Descripteurs des bulbes

Couleur des bulbes 10 10 10 10 10 10 9 10 10 5 10 104

Forme des bulbes matures 8 9 4 10 4 10 5 10 10 10 10 90

Uniformite en couleur des bulbes 4 0 10 8 1 8 6 0 7 4 1 49

Uniformite en forme des bulbes 2 0 2 6 1 8 2 0 0 4 2 27

Nombre des lobes par bulbe 6 0 2 9 0 1 4 0 0 8 0 30

Descripteurs des feuilles

Longueur des feuilles 5 7 2 9 8 9 5 8 3 3 6 65

Couleur des feuilles 5 0 0 9 6 8 5 8 3 3 6 53

Diamètre des feuilles 5 7 2 9 5 8 5 8 3 3 6 61

Densite des feuilles 3 0 2 9 5 9 5 8 3 2 6 52

Architecture ou forme des feuilles 2 2 1 8 4 7 3 8 3 0 6 44

Descripteurs des inflorescences

Habilite à fleurir 4 9 1 6 2 5 2 4 7 1 5 46

Fertilite des fleurs 0 0 0 0 2 0 3 0 0 0 2 7

Nombre defleurs par ombelle 5 3 0 1 0 0 2 0 0 3 0 14

Couleur desfleurs 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Couleur des anthères 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Date des premièresfloraisons 4 7 1 2 2 2 2 0 7 3 0 30

Date 50 % defloraison 2 4 0 1 2 1 2 0 7 3 0 22

Date de maturite 1 6 1 3 0 1 2 0 7 0 3 24

Descripteurs des graines

Couleur du tegument des graines 0 0 0 8 0 3 2 0 0 0 0 13

Forme des graines 0 0 0 8 0 1 2 0 0 0 0 11

Poids des graines 0 0 0 6 0 1 2 0 0 0 0 9

Resistances aux stress biotiques

Resistance aux champignons 1 0 1 1 0 3 5 0 0 0 0 11

Resistance aux bacteries 0 0 0 1 0 2 5 0 0 0 0 8

Resistance aux virus 0 0 0 1 0 1 5 0 0 0 0 7

Resistance aux nematodes 0 0 0 1 0 1 5 0 0 0 0 7

Tolerances aux stress abiotiques

Tolerance à la secheresse 0 0 6 3 0 5 5 0 7 3 0 29

Tolerance à la pluie 0 0 7 3 0 4 5 0 0 0 0 19

Sites : Ay : Ayorou ; Di : Diffa ; Gy : Gaya ; Gt : Gotheye ; Gu : Gudimouni ; Mw : Madaoua ; Mi : Maradi ; Ts : Tassaou ; Gm : Gamdou ; Sy : Say ; Sk : Soukoukoutan.

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des zones de production pose des proble`mes. En effet, la couleur violette n’a pas de terminologie correspon-dante en haoussa et en zarma, les deux principales langues parle´es au Niger. Les deux couleurs rouge et violet sont appele´es « Jaa » en haoussa et « Kireye » en zarma. Ainsi, un meˆme e´cotype de la zone de « Goulbi » qui a une coloration violet fonce´ est appele´ Rouge de Tarna (Silue´ et al., 2003) ou Violet de Soumarana parNabos (1976) etCurrah (2002). En outre, l’analyse de la diversite´ nomme´e montre, a` partir

des observations des crite`res morpho-logiques et des entretiens avec les producteurs, qu’il existe un seul e´cotype de couleur blanche dans la zone du fleuve. Ainsi, le meˆme e´cotype est nomme´ Blanc de Tillabe´ry parNabos (1976)et Blanc de Gotheye parMoumouni (2006).

Le nombre et la qualite´ des crite`res utilise´s par les producteurs pour caracte´riser un e´cotype varient d’un site a` un autre. Les producteurs de Gotheye, Madaoua et Maradi utilisent beaucoup plus de descripteurs pour

identifier un e´cotype. A` titre d’exem-ple, a` Gotheye, les producteurs utili-sent plusieurs descripteurs car leurs e´cotypes se diffe´rencient entre eux par les descripteurs des feuilles, des bulbes, des graines et des inflorescen-ces. Les producteurs de Madaoua et de Maradi font aussi appel a` plusieurs descripteurs de l’IPGRI, mais cela s’explique par leur grande expe´rience et leur savoir-faire dans la production d’oignon. Pour la conservation et la se´lection des ressources phytoge´ne´ti-ques agricoles, il est essentiel de prendre en compte la perception diffe´rente de varie´te´s par des person-nes distinctes (Barnaud et al., 2007). Au Niger, des varie´te´s ame´liore´es d’oignons ont e´te´ mises au point par des centres de recherche. La varie´te´ ame´liore´e Violet de Galmi a certaine-ment e´te´ la plus vulgarise´e et commer-cialise´e. A` coˆte´ de l’e´cotype phare, Violet de Galmi, connu et produit dans toutes les zones de production d’oignons du Niger, il existe plusieurs types d’oignons qui appartiennent a` des zones de production particulie`res. Une partie de la production de ces bulbes est conserve´e par les agricul-teurs pour la production des semences, ce qui constitue un facteur important de conservation in situ des e´cotypes locaux d’oignons du Niger. La multiplication des semences du Violet de Galmi dans les meˆmes sites de multiplication des e´cotypes locaux pourrait conduire a` un flux de ge`nes entre ces diffe´rents types d’oignons a` cause de la pollinisation croise´e observe´e chez cette espe`ce, avec le risque de perdre l’inte´grite´ ge´ne´tique des e´cotypes locaux.

Les producteurs d’oignons du Niger, au cours du temps et graˆce a` l’isole-ment des zones de production, ont se´lectionne´ et pre´serve´ les types d’oignons qui re´pondent a` leurs besoins et qui se sont le mieux adapte´s aux diffe´rents e´cosyste`mes. La structuration de la diversite´ nomme´e montre une organisation spatiale et linguistique des e´cotypes d’oignons liste´s. La structuration linguistique a e´te´ observe´e chez les varie´te´s d’oignons d’Afrique de l’Ouest par Rouamba et al. (2001). En effet, le groupe ge´ne´tique d’oignons des pays francophones s’est diffe´rencie´ des varie´te´s du Nigeria qui est un pays anglophone. La barrie`re linguistique pourrait eˆtre un facteur limitant les

1,0 0,5 0,0 -0,5 -1,0 -1,5 -2,0 -2,5 1,0 0,5 0,0 -0,5 -1,0 -1,5 -2,0 -2,5 Axe 2 : 13,88 % Sk Sy Gm Ts Mi Mw Gu Gy Di Ay V_Sy V_Gl V_Ay R_Gy I_Da E_Ts E_Ni E_Gu E_Gm E_Ag B_Sk V_Sm I_Rn B_Sm B_Gl Variables (axes 1 et 2 : 28,67 %) G1 G2 G3 B_Gt Gt

Figure 4. Représentation graphique de la diversité nommée selon les deux premiers axes de l'analyse factorielle des correspondances (AFC).

Figure 4. Graphic representation of onion diversity on the first two axes of the correspondence factorial analysis (CFA).

Sites étudiés : Ay : Ayorou ; Di : Diffa ; Gm : Gamdou ; Gt : Gotheye ; Gu : Guidimouni ; Gy : Gaya ; Mi : Maradi ; Mw : Madaoua ; Sk : Soukoukoutan ; Sy : Say ; et Ts : Tassaou.

Écotypes nommés : B_Gl : Blanc de Galmi ; B_Sm : Blanc de Soumarana ; B_Gt : Blanc de Gotheye ; B_Sk : Blanc de Soukoukoutan ; E_Ag : El Agadez ; E_Gm : El Gamdou ; E_Ni : El Nigeria ; E_Gu : El Guidimouni ; E_Ts : El Tassaou ; V_Gl : Violet de Galmi ; V_Ay : Violet d'Ayorou ; V_Got : Violet de Gotheye ; V_Sy : Violet de Say ; V_Sm : Violet de Soumarana ; R_Gy : Rouge de Gaya ; I_Rn : Irin rani ; et I_Dm : Irin Damana. : sites de la zone du Goulbi et des vallées ; : sites de la zone des Korama ; : sites de la zone du fleuve ; : sites de la zone du lac Tchad.

: écotypes de la zone du Goulbi et des vallées ; : écotypes de la zone des Korama ; : écotypes de la zone du fleuve. : écotypes de la zone du lac Tchad ; : écotypes de la zone d'Irhazer.

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e´changes de mate´riels ge´ne´tiques entre les socie´te´s.

La gestion de la diversite´ des ressour-ces ge´ne´tiques de l’oignon du Niger est affecte´e par les modes d’e´change, de transmission et de se´lection de semences par les producteurs. Le roˆle de l’organisation sociale dans la struc-turation de la diversite´ ge´ne´tique ne doit pas eˆtre ne´glige´. L’importance de la diffe´renciation linguistique des agriculteurs dans l’organisation de la diversite´ nomme´e de plusieurs

espe`ces cultive´es a e´te´ largement discute´e par Leclerc et Coppens d’Eeckenbrugge (2012)etLabeyrie et al. (2013). Ils ont propose´ un cadre me´thodologique multidisciplinaire combinant une approche ethnobota-nique et la ge´ne´tique des populations. Graˆce a` de nombreux exemples de maı¨s et de sorgho, ces chercheurs ont montre´ que les connaissances tradi-tionnelles des producteurs ainsi que les modes d’e´changes de semences sont des facteurs fondamentaux dans

la structuration de la diversite´ des ressources ge´ne´tiques cultive´es.

Conclusion

Au terme de cette e´tude, nos analyses de´montrent que les crite`res qui sont les plus utilise´s par les producteurs d’oignons du Niger pour cate´goriser les e´cotypes sont la couleur des bulbes et la zone de provenance. Or ces crite`res ne sont pas suffisants pour distinguer les e´cotypes d’oignons. Une caracte´risation morphologique sur base de tous les descripteurs identifie´s par l’IPGRI chez l’oignon, ainsi qu’une e´valuation agronomique pour l’ana-lyse de la re´action des plantes a` divers facteurs biotiques et abiotiques contri-bueront a` mieux caracte´riser ces e´cotypes. En Europe et aux E´tats-Unis d’Ame´rique des marqueurs mole´culaires ont e´te´ utilise´s avec succe`s pour l’analyse de la diversite´ ge´ne´tique des varie´te´s de l’oignon (Baldwin et al., 2012). Une analyse de la diversite´ ge´ne´tique a` l’aide des marqueurs mole´culaires microsatellites

Tableau 5.

Inertie et contribution des variables aux axes 1, 2 et 3

de l'analyse factorielle des correspondances (AFC).

Table 5. Inertia and variable contributions along axes 1, 2, and 3 of correspon-dence factorial analysis (CFA).

Axes Inertie Contribution

(%) Proportions cumulées (%) 1 0,594 14,79 14,79 2 0,558 13,88 28,67 3 0,523 13,01 41,69

Tableau 6.

Nombre de citations des écotypes nommés par site.

Table 6. Number of ecotype citations per site.

Sites Écotypes Ay Di Gy Gt Gu Mw Mi Ts Gm Sy Sk Blanc de Galmi 0 0 0 0 0 9 4 0 0 0 0 Blanc de Gotheye 0 0 0 10 0 0 0 0 0 0 0 Blanc de Soukoukoutan 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 10 Blanc de Soumarana 0 0 0 0 0 0 10 0 8 0 0 El Tassaou 0 0 0 0 0 0 0 10 0 0 0 El Gamdou 0 0 0 0 0 0 0 0 10 0 0 El Gudimouni 0 0 0 0 10 0 0 0 0 0 0 El Nigeria 0 0 0 0 4 6 1 5 0 0 0 Irin Damana 0 10 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Irin Rani 0 9 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Rouge de Gaya 0 1 9 0 0 2 0 0 0 0 0 Violet de Ayorou 9 0 0 0 0 2 0 0 0 0 4 Violet de Galmi 10 10 10 10 8 10 7 10 10 10 10 Violet de Gotheye 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 Violet de Say 1 0 0 1 0 0 0 0 0 8 0 Violet de Soumarana 0 2 1 0 0 6 10 1 0 0 0 El Agadaz 0 2 0 0 0 6 0 1 7 0 0

Sites : Ay : Ayorou ; Di : Diffa ; Gy : Gaya ; Gt : Gotheye ; Gu : Gudimouni ; Mw : Madaoua ; Mi : Maradi ; Ts : Tassaou ; Gm : Gamdou ; Sy : Say ; Sk : Soukoukoutan.

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pourrait conduire a` mieux caracte´riser la structuration et la variabilite´ entre les e´cotypes d’oignons du Niger.&

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Figure

Figure 1. Localisation des zones de cultures irriguées et des sites étudiés. Figure 1
Tableau 1. Caractéristiques morphologiques et agronomiques utilisées pour distinguer les écotypes.
Tableau 2. Liste des noms et synonymes des écotypes d'oignon du Niger.
Tableau 3. Principaux caractères morphologiques et agronomiques des écotypes d'oignon du Niger.
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