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Altruisme et modèle métaphorique

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Altruisme et modèle métaphorique

Corinne Duverger

To cite this version:

Corinne Duverger. Altruisme et modèle métaphorique. [Rapport de recherche] Laboratoire d’analyse

et de techniques économiques(LATEC). 1993, 27 p., Figure, ref. bib. : 1 p. 1/4. �hal-01527278�

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LABORATOIRE D'ANALYSE

ET DE TECHNIQUES ÉCONOMIQUES

UMR 5601 CNRS

DOCUMENT DE TRAVAIL

�I

CENTRE NATIONAL

I

DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

'1

Pôle d'Economie et de Gestion

UNIVERSITE DE BOURGOGNE

2, boulevard Gabriel - 21000 DIJON - Tél. 03 80 3954 30 - Fax 03 80 39 54 43

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A L T R U I S M E

E T M O D E L E METAPHORIQUE

Corinne DUVERGER*

Décembre 1993

*Université de Franche-Comté

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Résumé

Abstract

Altruisme et modèle métaphorique.

Corinne DUVERGER

Cet article s'adresse aux liens existant entre l'économie et la biologie sous l'angle

méthodologique spécifique des transferts de concepts. Pour comprendre en quoi des

théories biologiques peuvent se révéler utiles pour l'étude de problèmes économiques,

nous définissons, en nous référant aux travaux de certains philosophes des sciences, un

outil méthodologique que nous appelons le "modèle métaphorique". Cet instrument est

ensuite utilisé pour éclairer certains aspects du modèle proposé par Becker sur l'altruisme

ainsi que les raisons pour lesquelles son analyse n'a pas été considérée finalement comme

parfaitement convaincante ou pertinente.

Mots clés: Altruisme, Métaphore, Modèle

Altruism and the "metaphorical model"

Corinne DUVERGER

This article addresses the relationship between economics and biology from the specific

methodological perspective of concept transfers. To understand in what way biological

theories may prove useful for the study of economic problems, we define, with reference

to the work of some philosophers of science, a methodological tool which we call the

"metaphorical model". This instrument is then used to elucidate some aspects of Becker's

model on altruism as well as the reasons why his analysis has not been considered in the

end to be fully convincing or relevant.

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1. Introduction

L a théorie néoclassique est soumise à certaines anomalies1 d'autant plus difficiles à

résoudre qu'elles révèlent les limites des modèles théoriques actuels à l'égard d'une réalité particulièrement complexe. Ainsi la théorie néoclassique postule-t-elle que les agents sont des êtres rationnels, se souciant uniquement de leur intérêt personnel. Or dans la réalité, des comportements de bienveillance, de coopération ou d'altruisme existent. C'est pourquoi afin de résoudre ce genre d'anomalies, certains auteurs utilisent des modèles issus de la biologie évolutionnaire.2 Parmi les voies de recherche possibles,

deux peuvent être associées à la théorie de la sélection. L'une fait appel à la théorie des jeux évolutionnaire3 (Axelrod, 1984; Duverger, 1993), l'autre utilise des concepts issus

de la sociobiologie. Becker ( 1976), Hirshleifer ( 1977), Tullock ( 1 9 7 7 , 1 9 9 2 ) empruntent pour c e faire l'hypothèse de valeur sélective due à Hamilton ( 1964), reprise ensuite par Wilson ( 1 9 7 5 ) et Dawkins ( 1 9 7 8 ) , laquelle explique que les c o m p o r t e m e n t s qui survivent sont c e u x qui ont la plus forte représentation en gènes à la génération suivante.4 Nous allons ici nous intéresser à cette seconde voie de recherche et montrer

que cette démarche permet de mieux comprendre certains concepts économiques. A cette fin, nous avons besoin de définir un outil méthodologique particulier que nous appellerons métaphore ou modèle métaphorique. L a première partie de c e t article montrera en quoi l'étude de la métaphore peut aider à comprendre la d é m a r c h e des économistes. L a seconde partie sera consacrée à l'approche originale de Becker.

2. Un détour par la philosophie des sciences

E n feuilletant les revues scientifiques, nous pourrions croire que le r è g n e de la mathématisation a détruit tout l'imaginaire des théoriciens. Pourtant il n'en est rien. Il suffit pour s'en convaincre de s'interroger sur les conditions qui ont présidé à la

1 Est anomalie, toute observation non conforme à la théorie.

2 Nous n'entendons pas faire ici une étude exhaustive des rapports pouvant exister entre la science

économique et la biologie. Nous allons limiter notre champ d'analyse à la théorie de révolution de Darwin ainsi qu'à son corollaire, l'argument de sélection natarelle. Du point de vue de la méthodologie économique, la principale raison de cette restriction tient à deux faits :

- il existe aujourd'hui en économie de nombreuses théories, modèles ou raisonnements qui sont dérivés de la biologie évolutionnaire ou qui sont analogues à des modèles de biologie évolutionnaire;

- il existe une littérature importante sur les problèmes épistémologiques posés par la biologie évolutionnaire, en particulier sur le statut accordés à l'hypothèse de sélection naturelle (Gayon, 1 9 8 9 , 1992; Sober, 1984; Young, 1971).

3 Qui n'est en fait qu'une variante de la théorie des jeux mais appliquée à la biologie.

4 Plus récemment, Hirshleifer ( 1 9 8 2 , 1 9 8 7 ) et Frank (1987, 1988) ont développé une idée proche en

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mathématisation de nombreuses disciplines. Nous verrions alors que beaucoup de théories sont le résultat d'un certain nombre de transferts de concepts. E n effet, depuis les t r a v a u x de F r a n ç o i s Quesnay sur le circuit, les économistes ont emprunté de nombreux modèles ou théories à d'autres disciplines comme la psychologie, la physique ou la biologie5. Parmi les concepts qui facilitent la circulation des idées d'un domaine

supposé connu vers un autre qui l'est moins, l'analogie est le plus controversé mais également le plus fréquent. En effet, cette forme linguistique traverse tout le discours économique depuis Aristote jusqu'à Samuelson ou Koopmans. Mais si nous voulons nous interroger sur les raisons qui poussent les économistes à recourir à un tel procédé, il faut prendre conscience du fait que l'analogie n'est qu'une étape par laquelle doivent passer tous les théoriciens voulant emprunter un concept provenant d'une autre discipline. Car pour qu'un transfert réussisse, il faut dépasser le stade de l'analogie et montrer qu'en fin de c o m p t e les deux domaines (celui de départ et celui d'arrivée) subissent une modification de sens. Dans ce cas, nous n'avons plus seulement un simple transfert de concept entre deux systèmes, nous désignons une chose ou une idée par un terme qui ne lui est pas habituellement approprié. Nous violons en fait, pour reprendre une expression saussurienne "les règles subcatégorielles" du langage. Nous sommes alors en présence d'une métaphore ou plus exactement d'un modèle métaphorique.6

Avant 1 9 8 3 , date de la parution de l'article désormais célèbre de McCloskey, il aurait paru tout à fait surprenant d'associer l'étude des métaphores et celle de la science économique. E n effet, rares étaient les économistes qui envisageaient l'idée que ces entités linguistiques pourraient jouer un jour un rôle dans l'analyse du discours économique. Pourtant depuis 1936, l'étude des métaphores avait connu de nombreux développements. E n effet, à la suite des travaux de Richards, dans le cadre de la critique littéraire, les philosophes avaient commencé à introduire les métaphores dans leurs réflexions sur la science et le langage, en s'intéressant en particulier à leur rôle dans l'explication scientifique (Black, 1962, 1977; Harré, 1972, 1982; Hesse, 1966; Ricoeur, 1 9 7 5 ) ou dans le langage religieux (Soskice, 1985). Il n'était donc pas surprenant que l'on introduise les métaphores dans les réflexions sur la science économique. C'est donc en 1 9 8 3 que M c C l o s k e y émet l'idée que les instruments de la rhétorique classique (analogie et métaphore en particulier) sont mieux adaptés à l'analyse du discours

5 Voir à ce propos les travaux de Passet (1979,1980).

6 Cette dânarche nous conduit inévitablement à nous intéresser au contexte de la découverte d'une diéorie

scientifique. Or, depuis les travaux de Reichenbach, nous constatons que les épistémologues ont délaissé le problème de la genèse de la connaissance scientifique pour ne s'intéresser qu'au contexte de sa justification. Dans notre cas, c'est la nature même du sujet proposé qui nous oblige à nous intéresser au contexte de la découverte. Mais, à tord ou à raison, aucune hypothèse ne sera faite sur les motivations (politiques, philosophiques, sociales,...) qui ont pu pousser les économistes à transférer un concept biologique dans notre discipline.

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scientifique que ne le sont ceux de la méthodologie traditionnelle. Mais les nombreux commentaires faits à ce sujet ont porté essentiellement sur la pertinence de l'analyse du discours économique en tant que conversation ou échange d'arguments (Salmón, 1 9 8 7 ) ; peu* d'économistes se sont véritablement intéressés aux rôles de la métaphore.7 C'est c e

travail que nous voulons proposer maintenant.

A ) L'analogie

N o m b r e u x sont les économistes qui se sont interrogés sur la place à a c c o r d e r a u x analogies biologiques dans la théorie économique. Beaucoup (Businaro, 1983; Freeman, 1991 ; Penrose, 1 9 5 2 ) leur reconnaissent un rôle heuristique dans la mesure où elles peuvent stimuler par exemple le développement d'une approche historique des systèmes économiques ou faire prendre conscience de l'importance des processus sélectifs dans le développement de la science et de la technologie. Mais ils ajoutent immédiatement que pousser trop loin l'analogie présente de sérieux dangers. Ces derniers peuvent être cependant minimes si Ton considère l'analogie en tant que similitude de structure. Cette démarche se rattache à une tradition très ancienne puisque l'archevêque de Dublin, Wathely ( 1846), présentait c e concept de la manière suivante : "A est à B c e que C est à D", c e que l'on peut également traduire de façon plus féconde sous la forme d'une proportion mathématique :

A / B :: C/D :: étant une relation de ressemblance.

L'optique de la proportion est intéressante car elle montre que l'analogie :

- est constituée de deux domaines distincts, celui de départ composé des termes C et D qui servent à étayer le raisonnement et celui d'arrivée qui comprend les termes A et B ;

- se définit par deux types de relations (Hesse, 1966) : les unes sont verticales et représentent des liens de causalité à l'intérieur de chaque domaine; les autres sont horizontales et suggèrent des rapports de ressemblances, de dissemblances ou de neutralité entre les deux domaines.

Ces différentes sortes de relations permettent de distinguer trois sortes d'analogies8 :

- les analogies positives où l'accent est mis sur la similitude entre les différentes propriétés;

7 Excepté Philip Mirowski ( 1 9 8 7 , 1 9 9 1 ) niais qui développe une conception très différente de

McQoskey. Cependant peu d'auteurs ont été convaincu par les dièses de Mirowski. Voir les a i tiques de Hoover ( 1991) et de Varian ( 1992).

8 Selon Stiguin ( 1 9 9 0 ) , Keynes, dans sa théorie de l'induction (1921) est le premier à distinguer les

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- les analogies négatives où l'accent est mis sur la différence;

- les analogies neutres lorsque Ton ne connaît rien des propriétés en cause. Cette double relation, horizontale et verticale, permet de différencier l'analogie de la proportion mathématique, même s'il existe entre les deux des ressemblances certaines. E n effet selon Hesse, positionner le quatrième terme de l'analogie (D) a quelques points communs avec le fait de trouver le quatrième terme d'une proportion car :

- soit les relations verticales sont connues entre C et D et l'on peut alors en déduire le terme D;

- soit les relations sont inconnues, auquel c a s , on a recours a u x relations horizontales entre B et D pour connaître le dernier terme.

Mais l'analogie se distingue de la proportion mathématique car : - elle n'est pas transitive;

- rien ne prouve que le terme D trouvé soit unique;

- dans une proportion mathématique, les relations verticales et horizontales sont de m ê m e nature, c e qui n'est pas le cas dans l'analogie;

- de plus, alors que les relations horizontales sont symétriques dans la proportion mathématique, elles ne le sont pas dans l'analogie.

Harré ( 1 9 8 7 ) explique c e dernier point de la façon suivante. Si nous pensons l'analogie simplement en termes de similitude ou de différence, alors nous pouvons dire que si A est similaire à (ou différent de) B , B sera similaire à (ou différent de) A. Mais si nous introduisons l'idée de neutralité, cette symétrie n'existe plus. L e problème se pose alors en des termes différents et nous pouvons différencier les domaines d'arrivée B et de départ A. L e schéma est alors le suivant : A est similaire à B par certaines caractéristiques (i et j ) et lui est différent par l'autres (h). De plus nous savons que dans A , la survenance de i et j entraîne l'apparition de l'événement d. Nous voulons alors savoir si d survient également dans B et ce, bien que dans ce domaine la caractéristique h n'existe pas.

Mais une fois l'analogie définie, il nous reste encore à nous poser la question de son statut. Gadoffre ( 1 9 8 0 ) souligne que cette entité linguistique peut être comprise à trois niveaux : l'invention, l'exposition, la preuve. Si les deux premiers sont généralement a c c e p t é s par les économistes et les philosophes des sciences, le dernier est objet à controverse. Cette méfiance vis à vis du rôle explicatif des analogies remonte en fait à Descartes. Selon c e dernier, une explication scientifique doit prendre la forme d'un raisonnement déductif avec des prémisses et des conclusions. Mais depuis quelques années, des auteurs (McCloskey, 1985, 1991; Perelman et Olbrecht-Tyteca, 1958) ont

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mis l'accent sur le fait qu'une démarche rationnelle ne se limite pas aux preuves fondées sur la démonstration ou l'expérience, mais qu'elle peut intervenir également pour décider dans des matières qui relèvent de la vraisemblance et de l'opinion.9 Cette idée ne fait

d'ailleurs que reprendre la distinction d'Aristote selon lequel, l'explication peut prendre deux formes :

- celle du raisonnement analytique, qui est le seul à faire l'objet, dans la tradition cartésienne, d'une étude de la part des logiciens car traitant de propositions nécessaires;

- celle du raisonnement dialectique, qui lui se fonde sur du vraisemblable et non sur des propositions nécessaires.1 0

E n fait cette distinction recouvre une

opposition

plus profonde : celle entre une vue statique du corpus scientifique et une vue dynamique de la science comprise c o m m e un

processus d'échange d'arguments rationnels et critiques. Cependant nous pouvons souligner que le fait d'inclure dans notre étude le contexte de la découverte n'empêche pas d'adopter une perspective dynamique (Popper); chaque théorie étant j u g é e par rapport à la situation de la science au moment où cette théorie est formulée. Dire que l'analogie peut servir d'instrument de "preuve" signifie dans ce cas, que le raisonnement dialectique a sa place dans une vue dynamique de la science.

Il est à remarquer toutefois, qu'en introduisant l'analogie dans le contexte de la "preuve", nous élargissons la place que la méthodologie économique accorde en général a u x modèles explicatifs. En effet, selon l'epistemologie actuelle, le but de tout raisonnement économique est l'explication des phénomènes. Or selon Mingat et al. ( 1 9 8 5 ) , rien ne justifie véritablement un tel monopole c a r selon eux, le raisonnement économique a également d'autres buts. En particulier, il permet l'explication du possible. Dans le cas le plus simple, l'explanandum (la chose à expliquer) est la possibilité d'une observation déjà connue. C'est dans un tel c a d r e d'analyse qu'il faut comprendre le rôle d e l'analogie. C o m m e nous le verrons ultérieurement, Becker a proposé un modèle de l'altruisme en remarquant qu'un tel comportement existait dans la réalité mais que la théorie traditionnelle semblait l'exclure. Il a d o n e développé l'idée selon laquelle la théorie de la famille, dans sa version la plus orthodoxe ou traditionnelle, pouvait parfaitement rendre compte de la possibilité de l'altruisme.

9 Ces critiques s'inscrivent en fait dans une démarche plus générale : celle de l'antimodernisme qui

regroupe des courants aussi différents que le relativisme (Feyerabend, 1975; Kuhn, 1970; ) , la post-épistémologie (Rorty, 1979), le post modernisme radical (Wittgenstein), la rhétorique de l'économie (McCloskey, 1983) et la sociologie de la connaissance scientifique (Barnes, 1974; Latour, 1990). Pour une discussion plus approfondie sur ce sujet, voir Hands (1993, p. 149-188).

10 Selon les relativistes (Kliun, Feyerabend), le fait que les théories scientifiques soient

incommensurables implique que la preuve empirique ne peut pas être le critère qui permet de choisir rationellement entre différentes diéories.

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Mais montrer la possibilité d'un phénomène a surtout de l'intérêt pour critiquer c e que l'on croyait jusqu'alors impossible, improbable ou non plausible. C o m m e le soulignent Mingat et al. ( 1 9 8 5 , p. 1 0 5 ) , "la perception d'un progrès apparaît en général quand l'explication du possible constitue la base de la critique d'une proposition considérée c o m m e vraie ou lorsqu'elle intervient dans un moment de désarroi, c'est-à-dire lorsqu'une attente a été démentie." Or le démenti d'une attente peut produire un problème. L e modèle de Becker répond à ce critère dans la mesure où il montre que, c o n t r a i r e m e n t à l'opinion établie, l'hypothèse de rationalité individuelle n'est pas incompatible avec le comportement altruiste.

Dans une telle démonstration, l'analogie (et nous le verrons, la métaphore) peut trouver sa place de la façon suivante. Soient deux domaines : celui de départ, c'est-à-dire celui à partir duquel, les conclusions vont être tirées (la biologie par exemple) et celui d'arrivée (l'économie). L e raisonnement se fait en trois étapes :

- dans le domaine de départ, on aurait pu croire qu'un événement B était impossible mais pour telle ou telle raison ou selon tel ou tel mécanisme, on peut montrer que B est en fait possible;

- or les raisons qui nous poussaient à croire que B était impossible sont les raisons qu'on a de croire qu'un autre événement A est impossible dans le domaine d'arrivée;

- en montrant que ces raisons ont été fallacieuses dans le cas de B , on montre qu'elles le sont également dans le cas de A. L e phénomène A est donc possible.

Nous venons d e voir que l'analogie pouvait jouer un rôle dans l'explication de la possibilité d'un événement. Cependant ceci n'est que la première étape de notre démonstration. E n effet, le transfert de concept ne peut se comprendre entre d e u x disciplines que si l'on parvient à montrer qu'il permet une fusion partielle1 1 entre les

deux domaines. Pour c e faire, nous avons besoin d'envisager le rôle des métaphores dans l'explication scientifique.

B ) Les théories des métaphores

1 1 L'idée de fusion est empruntée à Pereiman et Olbrech-Tyteca. Pour notre propos, elle signifie

simplement que la biologie et l'économie fusionnent sur un point particulier qui est ici l'explication de l'ai truisme. C'est pourquoi, nous parlais de fusion partielle.

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L'élaboration d'une théorie des métaphores n'est pas chose facile.1 2 Si l'on en croit Mill

( 1 8 4 8 , T . 2 , p. 3 7 5 ) "une métaphore juste, bien que ne pouvant pas prouver, suggère la preuve". E t de préciser "loin que la métaphore prouve quoi que ce soit, c'est l'application de la métaphore qui doit être justifiée. Il faut établir que la même loi règne dans les deux cas supposés analogues, qu'il existe un lien de causation entre la ressemblance connue et le ressemblance inférée".

Cependant pour certains philosophes contemporains ( B l a c k , Hesse, R i c o e u r ) , la métaphore ne fait pas que suggérer la preuve, en un sens, elle est la p r e u v e .1 3 C'est c e

point de vue que nous comptons développer ici.

Traditionnellement, le rôle des métaphores à été envisagé selon deux a p p r o c h e s différentes.

a) Les métaphores ornementales

L e s métaphores sont considérées dans c e cas c o m m e de pures figures de style, de simples ornements, servant uniquement à clarifier la pensée de l'auteur. Elles ne peuvent de ce fait jouer aucun rôle dans l'explication scientifique. Cependant, contrairement à l'opinion généralement admise, cette conception ne remonte pas à Aristote, pour qui la métaphore permettait également de "nommer l'innommable" et donc de combler c e que les linguistes appellent aujourd'hui un fossé lexical. En fait, la source réelle de cette thèse est à rechercher d'une part chez les étudiants en rhétorique qui suivirent Aristote, mais surtout chez les philosophes du 17ème siècle pour lesquels seules les mathématiques et les nouvelles découvertes devaient jouer un rôle dans l'argumentation (Soskice, 1985). Mais selon les philosophes contemporains du langage et des s c i e n c e s s o c i a l e s , l'approche ornementale est fausse : la métaphore produit toujours un sens nouveau et dans ce cas, elle ne peut pas être considérée comme un simple ornement.

b) Les métaphores non ornementales

Cette approche met en évidence la supériorité de la métaphore sur l'analogie c a r elle permet non seulement de définir des relations verticales et horizontales, mais également de montrer qu'en fin de compte il va y avoir une fusion partielle (Perelman et Olbrecht-Tyteca, 1958) entre les deux domaines. De cette fusion ou interaction pour reprendre un

1 2 D'ailleurs McCloskey, l'un des premiers a avoir introduit les métaphores dans la réflexion sur la

science économique, ne s'y est pas risqué.

1 3 En un sens seulement puisque, comme dans le cas de l'analogie, la métaphore explique la possibilité

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terme couramment employé par les philosophes, naîtra un nouveau sens, c'est-à-dire de nouvelles voies de recherche.1 4

E n fait, dès l'instant où nous introduisons l'analogie dans un raisonnement en termes de possibilité, l'idée de fusion est sous-jacente. En effet la démonstration de la possibilité d'un mécanisme conduit à l'idée qu'il existe un mécanisme plus général (qui peut être une forme d'interaction) qui se retrouve dans des domaines différents. Ce mécanisme général v a engendrer l'analogie et par suite la fusion donc la métaphore. Soit un mécanisme a qui est supposé exister dans le domaine A (la biologie). Soit un mécanisme analogique b existant dans le domaine B (l'économie). C e mécanisme b est plausible parce qu'il y a une hypothèse implicite qui lie a et b c o m m e étant tous les deux des instances d'un mécanisme plus général g. Mais ce mécanisme ne peut pas être découvert a priori, il doit être découvert a posteriori grâce à la métaphore. Car c o m m e le souligne Black, c e n'est pas la similitude gai crée la métaphore, mais la métaphore qui crée la similitude.1 5

Cependant selon la façon de comprendre le terme "interaction", la métaphore non ornementale peut être envisagée de deux façons différentes. L a première est la théorie de l'interanimation de Richards. Selon ce dernier, la seule façon de comprendre le rôle des métaphores dans le raisonnement est d'accepter l'idée du Dr. Johnson selon laquelle "la métaphore donne deux idées en une". En effet, lorsque nous utilisons la métaphore nous dit Richards ( 1 9 3 6 , p. 9 3 ) , "nous avons deux pensées qui s'activent ensemble, et qui sont supportées par un mot isolé ou un groupe de mots; le sens de l'expression résultant de cette interaction". L a seconde façon de comprendre le terme d'interaction est due à Black. Selon lui, l'idée selon laquelle deux pensées s'activent mutuellement est une fiction non pertinente. L a métaphore doit avoir deux sujets distincts : un sujet principal ou primaire et un sujet subsidiaire ou secondaire, chacun ayant son propre système d'implication, c'est-à-dire de lieux communs qui lui sont associés. Ces derniers interagissent et produisent de ce fait un nouveau sens, irréductible à aucune formulation littérale. L'intérêt pour notre discipline de la conception de Black réside selon nous, dans le fait que la métaphore ne lie pas uniquement des mots ou des idées entre elles

1 4 C'est pourquoi Ricoeur (1975) parle de métaphore vive.

*5 Comme le note Bicchieri ( 1 9 8 8 , p. 108), c'est la description de la structure du marché à travers la diéorie des jeux qui nous permet de faire des similitudes entre le marché oligopoli stique et un jeu non coopératif, c e n'est pas le contraire." What is the analogy between an oligopolistic market and a noncooperative game ? There is no evident preexisting analogy. It is precisely the description of th:

-market structure through game dieory diat makes us aware Uiat there can be suuctaral similarities. But u

is not the case that we can substitute for the model an exhaustive list of all the analogies existing between oligopolies and noncooperative games, any more dian we can substitute for any metaphor a list of all die underlying similarities between die primary and secondary subjects".

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(Richards) mais des systèmes entiers de pensée et donc peut être assez facilement introduite dans le domaine scientifique. Selon Boyd (1979) par exemple, la métaphore joue un rôle non négligeable en philosophie des sciences. Fondant son étude sur un cas particulier de la métaphore, la catachrèse, il montre que cette dernière n'est créée que dans le but de pallier les déficits du langage ou d'une théorie scientifique. Acceptant l'idée selon laquelle la métaphore crée un nouveau sens, il explique que l'emploi de la catachrèse va permettre de nouvelles découvertes ainsi que de nouvelles explications. L a métaphore semble donc avoir certains liens avec le modèle scientifique.16

C) Les métaphores en tant que modèles ou modèles métaphoriques

Trop souvent les économistes ont tendance à croire que décrire un modèle, c'est décrire directement la réalité elle-même ou dire quelque chose sur elle. Cet écueil peut être évité si nous nous intéressons à une voie de recherche particulière1 7 : les modèles en tant que

redescription métaphorique de la réalité. Cette approche est issue des travaux de Black, Harré, Hesse et Soskice. Il y a dans leurs analyses une partie c o m m u n e (la place a c c o r d é e a u x modèles dans la philosophie des sciences) et, greffée sur elle, des développements spécifiques à chaque auteur suggérant des perspectives très différentes sur la façon de concevoir l'explication scientifique.

Si l'on considère tout d'abord la partie commune des analyses, nous pouvons dire que les philosophes des sciences et du langage ne se posent pas la question de savoir si et comment un modèle existe; ils cherchent plutôt à connaître ses caractéristiques pertinentes ainsi que ses règles d'interprétation. C'est à ce niveau que les divergences apparaissent.

a) L e modèle saussurien de Harré

Cette analyse est étroitement liée à la conception essentialiste de Harré, pour qui, l'objet de la science consiste à découvrir la vraie nature des choses et à décrire ces dernières au moyen de définitions. C'est donc un processus interne au langage qui v a lui servir de point de départ. L a théorie de la valeur de Saussure va lui permettre d'introduire les métaphores dans le domaine scientifique tout en continuant à soutenir une vue réaliste de la science. Pour comprendre cette théorie de la valeur, il faut voir que les rapports entre

1 6 De nombreux philosophes des sciences (Boyd, 1979, Kuhn, 1979) ont montré que l'utilisation des

modèles ressemblait à celle des métaphores.

1 7 Mais il existe d'autres tentatives, comme la conception sémantique des diéories scientifiques (Giere,

1979; Van Fraassen, 1980; Suppe, 1989). Pour une discussion de l'intérêt de la conception sémantique pour rinterprétation de l'économique, voir Hausman (1981) et Salmon (1991).

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les différents termes linguistiques se déroulent dans deux sphères distinctes dont chacune est génératrice d'un ordre de valeur. Schématiquement, cette théorie peut être présentée par un a x e horizontal appelé axe syntagmatique, lequel symbolise les règles du langage qui unissent les termes linguistiques dans le discours. Mais en dehors du discours, les entités linguistiques offrant des caractéristiques communes s'associent dans la mémoire. Si bien qu'à partir d'un terme particulier nous pouvons tracer des axes verticaux ou paradigmatiques sur lesquels se trouvent des séries de mots qui peuvent lui être associés. L'ensemble de ces relations forme les règles subcatégorielles du langage et Harré définit l'usage métaphorique c o m m e étant celui qui viole de telles règles. Soit la métaphore suivante due à Becker (Figure 1).

les enfants sont des biens durables ^ syntagmatique

axe paradigmatique axe paradigmatique Figure 1

Si l'usage métaphorique est accepté, cela implique une modification de sens des termes qui se trouvent sur les a x e s paradigmatiques. Dans c e cas, le mot enfant n'est pas f o r c é m e n t associé au nom parent. Il peut l'être également à l'expression bien de consommation. C e l a signifie que pour un économiste, la compréhension des biens durables a été modifiée de façon à englober tout ce qui concerne le capital humain.

b) L a "redescription métaphorique" de Hesse

Selon cette approche, le recours à la métaphore est la conséquence de l'échec du modèle déductif défini par Hempel ( 1 9 6 6 ) . L a thèse de Hesse porte sur deux éléments importants : l'explication et la redescription. Ainsi, dans une théorie scientifique, deux domaines sont décrits en langage littéral, le système primaire étant le domaine de l'explanandum et le système secondaire celui à partir duquel le modèle est tiré. L a

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confrontation se fait par analogie et permet la formulation de nouvelles idées de telle sorte que les deux domaines sont affectés par un changement de signification et vont donc être compris dans un sens post-métaphorique. L a conséquence étant qu'il n'est plus possible de faire une distinction entre les descriptions littérale et métaphorique, uniquement en soutenant que la première consiste à suivre les règles de la linguistique. L a métaphore "redécrit" le système primaire et de c e fait, elle permet d'introduire de nouvelles voies de recherche et donc de créer de nouveaux modèles. Ces derniers pouvant être ensuite testés à l'aide des moyens traditionnels.

Mais en fait c e s deux optiques se complètent plutôt qu'elles ne s'opposent. C'est pourquoi nous définirons le modèle métaphorique de la façon suivante.

1) Nous garderons l'idée de Hesse selon laquelle la métaphore permet la fusion partielle de deux domaines distincts et ce, grâce à la redescription du modèle primaire. Cette approche nous permettra de poser correctement les problèmes inhérents à certains transferts de concepts et donc de répondre à la question suivante : l'emprunt d'une théorie biologique pour expliquer un phénomène économique se justifie-t-il ? Pour c e faire, nous regarderons si l'analogie est bien posée.

2) Nous conserverons l'idée de Harré selon laquelle l'usage métaphorique doit violer les règles subcatégorielles du langage. Ceci nous permettra de mettre l'accent sur un point particulièrement intéressant : comment les scientifiques définissent-ils leurs concepts ? Nous verrons par exemple que la démarche de Becker apporte de ce point de vue un résultat significatif : elle montre que l'hypothèse d'altruisme peut avoir un statut différent en économie selon la définition adoptée.

3 . Le modèle altruiste de Becker

L e comportement altruiste a été pendant longtemps considéré comme un paradoxe par l'économie aussi bien que par la biologie. Du point de vue économique, depuis les travaux de Menger, Walras ou Jevons, lorsque l'on veut comprendre les motivations des agents, l'accent est mis sur l'intérêt individuel et plus particulièrement sur la fonction d'utilité, dépendant elle-même uniquement des préférences des individus en matière de consommation propre de biens et de services disponibles sur le m a r c h é .1 8 Or nombreux

1 8 Mais comme le souligne Becker (1993, p. 385), ceci est une méthode d'analyse et non une hypothèse

(16)

sont les a c t e s en c o n t r a d i c t i o n a v e c c e principe ( c h a r i t é , aide p a r e n t a l e , bienveillance...).1 9

E n 1 9 7 6 , Becker présente un modèle qui permet de résoudre cette "anomalie". Pour ce faire, il a besoin de recourir aux travaux des sociobiologistes. Il va ainsi montrer que :

1) la confrontation entre l'économie et la sociobiologie est possible car on peut définir des relations de ressemblances (relations horizontales) et de causalité (relations verticales) entre les deux disciplines;

2 ) l'élaboration d'un modèle économique, s'inspirant de la biologie, permet de rendre compte du comportement altruiste;

3 ) l'utilisation de ce modèle en biologie est également possible.

Afin de mieux comprendre la logique de la démarche de Becker ainsi que sa pertinence, nous allons reformuler son modèle sous forme métaphorique, ce qui nous permettra de mettre en évidence les problèmes posés par l'analogie entre l'explication sociobiologique de l'altruisme et celle proposée par Becker et donc de mieux comprendre le désintérêt apparent des économistes pour cette approche, pourtant très intéressante du point de vue méthodologique.

A ) Les relations horizontales (ou relations de ressemblance/dissemblance)

D'après c e que nous avons exposé précédemment, nous pouvons distinguer trois sortes de relations.

a) L e s analogies positives

Becker va montrer que la sélection de parentèle2 0 de Hamilton et la théorie des actions

sociales jouent des rôles équivalents. L a première pemiettant d'expliquer la survie du

1 9 Hochman et Nitzan (1985, p. 164-167) essaient de redéfinir le concept de préférence en tenant compte

de l'amour, de la bienveillance, de la générosité, de l'altruisme et de la haine. En particulier, ils étudient les effets de l'interdépendance des préférences sur le comportement des agents et distinguent l'altruisme global de l'altruisme extrême. Dans le premier cas, le comportement d'un tel individu influence celui des autres C'est en fait le cas décrit par Becker où le taux marginal de substitution (TMS) est égal à 1. L'altruisme extrême quant à lui décrit les comportements où l'individu transfère l'intégralité de son revenu aux autres (solution de coin) ou garde une partie de son revenu pour sa propre consommation (solution intérieure). Dans ces deux cas, le TMS est inférieur à 1.

20 L a théorie génétique moderne de l'altruisme, de l'égoïsme et de la malveillance a été inaugurée par

Hamilton (1964). L e concept pivot est la valeur sélective nette (inclusive fitness) définie comme étant la somme de l'aptitude personnelle d'un individu et de son influence sur l'aptitude de ses proches. Un individu a d'autant plus de valeur sélective qu'il a de chance de transmettre, non seulement ses propres gènes, mais ceux qu'il partage avec des apparentés.

(17)

comportement altruiste en sociobiologie, la seconde sa propagation en économie lorsque les interactions entres les individus sont fréquentes. C'est pourquoi, il peut proposer deux variantes du même modèle.

+ Cas de l'économie

Soient deux individus dont l'un (h) a un comportement altruiste et l'autre (i) un comportement égoïste. D'après la définition économique de l'altruisme, nous pouvons dire que h réduit sa propre consommation dans le but d'augmenter celle de i. Cette réduction peut dépendre du degré d'altruisme de h, de sa propre richesse comparée à celle de i, du coût d'opportunité du don...

L a formalisation du problème prend la forme d'une maximisation sous contrainte.2 1

M a x Uh( X h , X i )

Sh = pXh + pXi avec

Ifr (Xh, X i ) la fonction d'utilité de h,

Xh et X i les consommations respectives de h et de i, Sn le revenu social de h,

et p le niveau général des prix.

L a résolution du programme donne les deux conditions suivantes (plus la contrainte) :

dU

h

_ „ dU

h

+ P = ° T 7 -

+

P = °

dX

h

" dX

f ou encore

du"

àX

h

Um

h < * / = t i n ,

âX,

L'équilibre est donc atteint lorsque h transfère juste assez de ressources pour tirer la même utilité d'un accroissement infinitésimal de sa propre consommation ou de celle de i (le T M S de i en h est égal à 1).

21 L a contrainte budgétaire de h peut se détailler comme suit :

- le revenu de h est In = p Xn + hi avec hi le montant transféré de h à i

- le revenu de i , si h fait un transfert à i sans qu'il y ait une perte ou un gain monétaire est Ii = pXi - hi On obtient alors la contrainte budgétaire de h

(18)

L'altruisme est donc ici présenté dans un cadre d'analyse où seule la richesse est prise en c o m p t e , où le m a r c h é des capitaux est parfait, où aucun transfert n'affecte les taux d'intérêts r é e l s2 2 et où l'on ne tient compte, ni du nombre d'individus ni de la possibilité

d'un horizon infini (Hammond, 1987, p.85).

+ Cas de la biologie

B e c k e r redécrit ensuite le modèle biologique en utilisant des fonctions d'utilité qui ne dépendent plus de la consommation des individus mais de leur adaptation génétique.2 3

Soit U*1 = Ifi ( fn, fi) la fonction d'utilité de l'altruiste;

U1 = Ui (fi) la fonction d'utilité de l'égoïste

avec

fn et fj l'adaptation respective de h et de i.

L'adaptation est analysée par Becker dans le langage de la théorie du consommateur. L'adaptation génétique est un bien, ayant donc de ce fait une "fonction de production" et un "prix".

- L'adaptation génétique est un bien de consommation : elle est "produite" par la famille et les inputs sont le temps, l'habileté, l'expérience, l'environnement physique et social. Soit:

fh = fh (Xh,tn,Sh,Eh)

avec

th le temps directement utilisé pour produire l'adaptation (selon Becker ce peut être le temps passé à soigner et protéger ses enfants),

Sh, représente toute forme de capital humain, l'habileté par exemple, et Eh est l'environnement.

- L'adaptation a une fonction de production.

Si t, S et E sont des variables exogènes, l'adaptation ne dépend plus que des biens, hypothèse tout à fait plausible puisque l'accès à la nourriture et aux autres biens a été le déterminant principal de l'adaptation à travers le monde biologique. L a fonction de production de l'adaptation est :

22 L e taux d'actualisation étant exogène.

23 Wilson ( 1 9 7 5 ) définit l'adaptation génétique (genetic fitness) comme la contribution d'un génotype à la génération suivante dans une population comparée aux contributions des autres génotypes. Par définition, ce processus de sélection naturelle débouche sur la prédominance des génotypes ayant des adaptations plus élevées.

(19)

f = a X

où a dépend non seulement des paramètres exogènes mais également des espèces biologiques prises en compte.

- L e prix de l'adaptation.

L'adaptation n'a pas de prix de marché puisqu'elle n'est pas directement achetée mais elle possède un prix fictif, défini c o m m e étant la valeur des biens utilisés pour un accroissement de l'adaptation d'une unité :

â(pX) p

p étant le prix constant du bien X .

+ Formalisation du problème

L'altruiste veut transférer certains de ses biens à un individu égoïste i car il veut diminuer sa propre adaptation pour améliorer celle de i. L'altruiste h doit donc résoudre le programme suivant i2 4

M a x U h ( fh, f i )

St>

- Va +

*f,

L a condition d'équilibre est alors la suivante (si les transferts de h à i sont positifs). dUh.dlf

df

h

df

l

*,

a „

- Si h et i sont des "producteurs d'adaptation" également efficaces, alors ai = ah. L'altruiste transférera des biens à i jusqu'à c e que les adaptations marginales soient égales.

- Si h est un "producteur d'adaptation" plus efficace que i, alors ah > a*. Ceci signifie que les conditions biologiques de h sont plus favorables que celles de i en m a t i è r e d'adaptation. Donc h n'aura aucun intérêt à améliorer l'adaptation de i c a r sa propre adaptation est meilleur marché à produire.

2 4 L a œntrainte budgétaire de h se calcule à partir de celle présentée dans le modèle économique. On a . Sh = pXh + pXi = In+ I i

a v e c X = f/a

Par substitution, nous avons : Sh = p(fh/a) + p(fi/a) = Ih+Ii Mais nous savons par ailleurs que

p / a =

jt

D'où nous pouvons conclure :

(20)

b) Les analogies négatives

D'après l'analyse de l'altruisme présentée par Becker, nous pouvons mettre l'accent sur trois sortes de différences.

L a première concerne le type de modèle utilisé par les deux disciplines. Selon Becker, les économistes parlent de sélection individuelle là où les sociobiologistes utilisent un modèle de sélection de groupe, comme celui de la sélection de parentèle.2 5 Il apparaît

d o n c que B e c k e r pose le problème en opposant holisme et individualisme méthodologique. Mais en fait la situation, comme nous le verrons ultérieurement, est plus complexe.

L a s e c o n d e différence concerne la définition de la rationalité. Selon B e c k e r , les sociobiologistes relient la "rationalité" à la sélection génétique : le comportement est sélectionné par l'environnement social et physique qui encourage les comportements bien adaptés et décourage les autres. Alors que les économistes parlent uniquement de rationalité individuelle mais n'incorporent pas les effets de la sélection génétique (Becker,

1 9 7 6 , p. 8 1 8 ) . Selon B e c k e r , les deux disciplines gagneraient à utiliser la m ê m e approche.

L a troisième différence que nous pouvons trouver dans le modèle proposé par Becker, concerne la définition de l'altruisme. Selon les sociobiologistes, une telle motivation entraîne une réduction automatique de l'adaptation de l'altruiste. Or le modèle économique, quant à lui, va montrer que le donneur bénéficie en général de son acte.

Cependant en dehors des ressemblances ou différences que nous venons de noter entre les deux analyses, biologique et économique, nous pouvons remarquer que le modèle de Becker laisse certaines hypothèses en suspens.

c) Les analogies neutres

Jusqu'à présent nous avons pu établir des ressemblances et des différences entre les approches de Hamilton et de Becker. Pourtant certains aspects du modèle économique sont absents du modèle de référence. Il en va ainsi de la rationalité individuelle ou D U

principe d'interdépendance d'utilité. L'introduction de ces deux hypothèses ne pertuRBC

2^ B E C K E R ÉCRIT ( 1 9 7 6 , P . 8 1 8 ) : "SOCIOBIOLOGISTS LIAVE TRIECL TO SOLVE THEIR CENTRAL PROBLEM B Y h\

MODELS W I T H GROUP SÉLECTION; THÈSE MODELS CAN B E IÏLUSTRATCD W I I N THE PARTI CUL AR VARIANT AIL : SÉLECTION" O U P L U S LOIN, "I B E L I E V E THAT A MORE POWCRFUL ANALYSIS CAN B E DEVELOPED B Y J O I N I N ^ I H E INDIVIDUAL RATIONALITY OF D I E ECONOMIST TO THE GROUP RAÙONALITY OF THE SOCIOBIOLOGIST" OU ENCORE " I w'ûi

SHOW THAT MODELS OF GROUP SÉLECTION ARE UNECESSARY, SINCE ALTRUISTIC BEHAVIOR CAN B E S E U CTC:1 U A

(21)

t-elle pas le transfert entre la biologie et l'économie ? De même, le fait qu'en économie l'étude se fasse au niveau de l'individu et non du gène peut-elle avoir des conséquences sur l'introduction d'une théorie biologique en économie ? Ces questions sont très importantes et expliquent en partie le relatif désintérêt dont les économistes ont fait preuve à l'égard du modèle de Becker.

B ) Les relations verticales

En économie, le modèle de Becker permet de mettre l'accent sur deux séries de résultats.

a) L a survie de l'altruisme

D'après les équations utilisées par Becker, nous pouvons voir que le comportement altruiste permet:

- d'expliquer les transferts de revenu de h vers i;

- de redéfinir le revenu de h (puisque le revenu social dépend à la fois de la consommation de h et de celle de i).

Nous pouvons donc en conclure que, toutes choses égales par ailleurs, h v a poursuivre toutes les actions qui augmentent son revenu social et éviter celles qui diminuent son revenu propre.

b) Les propriétés de propagation

Ce résultat est connu dans la littérature économique sous le nom du théorème de l'enfant gâté (Rotten kid) : "chaque personne dans un groupe lié par des transferts de la part d'un altruiste est incitée à maximiser le revenu total du groupe, m ê m e si la plupart des individus du groupe sont égoïstes" (Becker, 1 9 7 6 ) . C e qui n'est possible qu'à d e u x conditions (Hirshleifer, 1977; Wintrobe, 1981) :

- le comportement altruiste du père ne doit pas être un comportement aléatoire ou temporaire;

- le fils doit s'attendre à c e que les transferts provenant de son père ne cessent qu'à la dernière étape (lors de la mort du père).

Selon Becker, les résultats obtenus en matière de consommation de biens s'appliquent également en biologie. Si deux animaux i et h veulent maximiser leur adaptation globale,

(22)

l'augmentation de "prix" de l'adaptation de l'un doit être au moins égale à la diminution du "prix" de l'autre :

n

h

df

h

+ nfiï!

^ 0

Quoique l'altruiste renonce à sa propre adaptation dans le but d'augmenter celle des autres, sa propre adaptation dépassera néanmoins celle d'un individu égoïste c a r les bénéficiaires de l'altruisme seront découragés de lui nuire.

E t B e c k e r ( 1 9 7 6 , p. 8 2 6 ) de conclure : "à la fois l'économie et la sociobiologie gagneraient à combiner les techniques analytiques des économistes avec celles utilisées en génétique des populations, en entomologie et autres sciences biologiques qui sont à la base de la sociobiologie". Cependant comme nous allons le voir, cette affirmation ne se justifie pas toujours.

C) Pertinence de la démarche de Becker

Becker a construit son modèle en prenant comme hypothèse que la sélection de groupe, présente dans la sélection de parentèle, n'est pas nécessaire en é c o n o m i e c a r le comportement altruiste peut être sélectionné comme une conséquence de la rationalité individuelle (et donc de la sélection individuelle). Mais il est à remarquer que le modèle de Hamilton n'est pas un modèle de sélection de groupe au sens où l'entendent les économistes en général, et Becker en particulier. En fait si nous voulons comprendre la différence entre les travaux des économistes et ceux des biologistes, il faut penser la sélection en termes de causalité et distinguer la sélection d'objet et la sélection pour ou contre l'objet (Gayon, 1 9 8 9 ; Sober, 1984). Selon Sober dire qu'une entité est une unité de sélection signifie en fait deux choses :

- soit cette entité désigne la sorte de chose sélectionnée, c'est la sélection d'objet; - soit cette entité est un facteur causal de survie et de reproduction, c'est la sélection pour (ou contre) les propriétés.

Dans c e cas, dire qu'il y a sélection de groupe, c'est dire que telle propriété du groupe affecte de façon causale l'adaptation du groupe. C'est ainsi que chez les sociobiologistes, la sélection de groupe porte sur le gène et se fait au bénéfice du groupe alors qu'en économie, elle porte sur l'individu et se fait à son bénéfice. L a confusion de Becker vient du fait que l'organisme est considéré comme un groupe du point de vue biologique, alors qu'il est l'unité la plus petite sur laquelle peut raisonner un économiste.2 6 E n passant de la biologie à l'économie, nous avons bien changé d'objet sélectionné (le gène est délaissé

26 De plus, nous pouvons souligner que la biologie distingue deux niveaux de sélection (l'un agissant

(23)

au détriment de l'organisme individuel) mais les propriétés sur lesquelles portent la sélection sont identiques : il s'agit du comportement altruiste. L a démarche est donc de même nature. L e transfert de concept semble donc se justifier.

Mais le modèle de Becker, s'il repose sur une compréhension de l'argument de sélection différente de celle présentée dans le cadre de la sociobiologie, nous amène à nous poser la question suivante : Becker a-t-il proposé un modèle altruiste au sens de H a m i l t o n2 7 ?

E n effet, le terme "altruiste" n'a pas la même signification en biologie et en économie. Dans le premier cas, les animaux se sacrifient en faisant un tel acte; en économie, le sacrifice n'existe pas vraiment : l'altruiste bénéficie de son comportement. D'où la question suivante : Becker avait-il réellement besoin de passer par la biologie pour introduire l'altruisme en économie ? Ce qui nous oblige à nous intéresser au statut de l'hypothèse altruiste.

L'approche en termes de modèle métaphorique permet de donner quelques éléments de réponse. Nous avons vu que selon Harré, une métaphore, pour être utilisée dans le domaine scientifique, doit violer les règles subcatégorielles du langage. Dans le cas présent, le transfert d'un modèle sociobiologique se justifiera uniquement s'il apporte une nouvelle voie de recherche pour l'économie. En prenant la présentation de Saussure, utilisée par Harré, nous aurons schématiquement (Figure 2 ) :

altruisme axe syntagmatique

interdépendance d'utifore motivations endogènes sélection de lmdividu sélection pour l'individu

intérêtpersonnel

axe paradigmatique

RELATION parentale saoïNce du donneur

sélectiVi du gène

sélection pour le groupe

axe paradigmatique Figure 2

27 La question se justifie d'autant plus que Hamilton définit la sélection de parentèle comme la sélection

de gènes due à un ou plusieurs individus favorisant ou défavorisant la survie et la reproductivité des proches, hormis la progéniture, qui possèdent les mêmes gènes par descendance commune. Ce qui semble donc exclure le cas envisagé par Becker.

(24)

Ainsi, si le transfert se justifie, cela signifie que l'usage métaphorique est accepté. Une modification de sens interviendra et l'expression intérêt personnel ne sera plus forcément opposé à la sélection de groupe en économie. Mais ceci pose le problème du statut que l'on accorde à l'altruisme.

Si l'altruisme est considéré comme un argument dans la fonction d'utilité individuelle, dans c e cas l'hypothèse altruiste peut être considérée comme une simple amélioration des modèles traditionnels fondés sur la rationalité et l'égoïsme des agents. E n fait, les travaux approfondissant cette voie de recherche ont tous un point c o m m u n : montrer que certaines motivations peuvent jouer un rôle dans l'explication du comportement des individus. C'est ainsi que progressivement, l'altruisme mais également la charité, la haine, la malveillance, la sympathie, l'amour, la bienveillance., ont été introduits dans la fonction d'utilité individuelle. Des études récentes ont permis par exemple d'introduire l'amour dans l'analyse des choix rationnels. Frank ( 1988), quant à lui, en s'inspirant des travaux de biologistes (Dawkins, 1976; Hamilton, 1964; Trivers, 1971; Wilson, 1975) et d'économistes (Akerlof, 1 9 8 4 ; Becker, 1 9 7 6 ; Hirschleifer, 1 9 8 4 ; Schelling, 1 9 7 8 ) , a mis en é v i d e n c e le rôle des sentiments moraux dans les modèles d'engagement (commitment models). Plus particulièrement, il explique qu'il peut être dans l'intérêt d'une personne égoïste d'avoir une fonction d'utilité qui la prédispose à ne pas mentir, même lorsqu'elle est certaine de ne pas pouvoir se faire démasquer.

Mais l'altruisme peut être également envisagé dans le cadre de l'échange social. Dans ce c a s , le don est lié à l'espoir d'une réciprocité future. L'altruisme prend alors en é c o n o m i e , les noms "d'égoïsme coopératif" ou "égoïsme éclairé" (Wintrobe, 1 9 8 1 ,

1 9 8 3 ) et en biologie, celui "d'altruisme réciproque" (Trivers, 1971). Nous sommes alors dans le cas où "l'économiste peut être amené à faire explicitement une hypothèse, selon les cas, d'égoïsme ou d'altruisme plus ou moins étendue sans vouloir prendre parti sur sa valeur empirique, même en termes de comme si" (Wolfelsperger, 1992). Il s'agit donc de faire valoir une simple possibilité : montrer que, ce qui paraît évident à certains (les comportements coopératifs répondent à une motivation altruiste) ne l'est pas en réalité. Cette approche permet de voir que l'altruisme n'est pas toujours la motivation qui donne en fin de compte les meilleurs gains, comme le suggère le modèle de Becker. Dans un tel cas, c e n'est pas l'altruisme pur qui motive le comportement mais une certaine forme d'égoïsme. L e s agents sont capables de sélectionner les individus qui bénéficieront de leurs largesses, la sélection se faisant en tenant compte d'une réciprocité future toujours possible.

(25)

4. Conclusion

E h économie, l'altruisme est traité selon deux approches différentes. Dans l'une d'elle, il fait référence à un c o m p o r t e m e n t et dans ce cas il est souvent s y n o n y m e de coopération, dans l'autre, des motivations altruistes sont introduites à l'intérieure même de la fonction d'utilité individuelle des agents. Si la première approche fait l'objet de nombreux travaux, en particulier grâce aux développements récents de la théorie des jeux, la seconde est beaucoup moins étudiée car de nombreux économistes refusent d'examiner l'influence éventuelle de l'altruisme sur les comportements des agents. C o m m e le souligne Wolfelsperger ( 1 9 9 0 , p.52), les motivations de ce refus se ramènent à d e u x grands types "selon que l'on considère qu'une hypothèse d ' é g o ï s m e est suffisante ou qu'aucune hypothèse ni d'égoïsme ni d'altruisme ne peut être légitimement faite". L a motivation du premier type peut se comprendre elle même de deux façons. Soit l'hypothèse d'égoïsme est considérée comme une approximation correcte de la réalité, compte tenu de l'objet de l'analyse, soit elle a l'avantage d'être moralement n e u t r e .2 8 Selon le second type de motivation, toute référence à un degré quelconque

d'altruisme doit être méthodologiquement condamnée c o m m e étant ad hoc : il est impossible de connaître les préférences des agents autrement que par l'observation de leurs propres choix. L'approche métaphorique permet d'apporter quelques éléments de réponse. E n effet, le détour par la biologie permet aux économistes de s'interroger sur la définition et le statut de l'altruisme mais en repensant l'utilisation du mécanisme de sélection. Ainsi, en utilisant l'approche de Sober, nous pouvons mettre en évidence des résultats significatifs. E n effet, c o m m e le souligne Gayon ( 1 9 8 9 ) , en choisissant d'élucider la structure de l'explication sélectionniste (et donc en r o m p a n t a v e c l'approche définitionnelle qui consistait jusque là à définir le niveau de sélection et l'entité sélectionnée), "Sober a construit un cadre conceptuel qui laisse en définitive à la science empirique la responsabilité de décider si telle ou telle entité est pertinente pour l'analyse d'un processus sélectif". U n e telle approche a beaucoup d'intérêt pour comprendre la théorie de la famille. E n effet, le modèle de Becker montre que "la présence d'une personne généreuse incite les autres membres de la famille, m ê m e s'ils sont égoïstes, à faire en sorte que le bien-être de tous soit maximum. L'allocation des rôles conjugaux qui en résulte est alors celle qui maximise les revenus de l'altruisme. Ce théorème dit du "Rotten Kid" permet d'éliminer les difficultés posées par les différences de préférences. On considère le ménage comme une unité de décision qui maximise un

28 Cette idée est due à Collard et est fondée sur l'hypothèse que sur une échelle continue allant de l'envie,

(26)

revenu égal à celui de l'altruiste. Il n'est nul besoin alors de postuler une autorité dictatoriale menant à une fonction d'utilité commune ou un contrat implicite entre les partenaires" ( L e m e n n i c i e r , 1 9 8 8 ) . Altruisme et intérêt individuel sont donc alors réconciliés.

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