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ARTheque - STEF - ENS Cachan | L’enseignement technique et la réforme de l’enseignement (suite).

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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L ' E N S E I G N E M E N T

T E C H N I Q U E

ET LA RÉFORME DE L'ENSEIGNEMENT

: (Suite et fin)

DUS sentons donc les raisons profondes qui imposent, dès maintenant, une extension

considérable de l'éducation professionnelle, intimement liée à l'éducation intellectuelle

dans l'Enseignement Technique, en fonction directe de l'évolution scientifique et

indus-trielle des temps modernes. Tout le monde est d'accord à ce sujet. Et c'est ainsi, par

exemple, qu'on peut lire dans le rapport de la première commission pour la réforme de

l'Ensei-gnement (constituée à Alger) sous la signature de M. Dumj : « Les besoins du pays veulent que

l'Enseignement Technique ait numériquement des effectifs bien plus grands que les deux autres

ordres d'enseignement (secondaire et supérieur), et moralement un niveau et un prestige égaux

aux leurs. »

C'est la masse énorme des jeunes gens et jeunes fdles destinés aux activités industrielle,

commerciale, administrative et agricole que l'Enseignement Technique devra prendre en charge,

c'est-à-dire au moins les 4/5 de notre jeunesse. Et il aura de plus, dans le premier cycle du

second degré — de 11 à 15 ans — la responsabilité de l'éducation manuelle de tous les enfants.

Voici d'ailleurs, d'une façon schématique, comment se présente son rôle dans le système

nouveau d'éducation présenté par la Commission consultative pour la Réforme de

l'Ensei-gnement.

Dans l'enseignement du premier degré (Enseignement primaire), une importance plus

grande sera donnée aux travaux manuels, car l'activité manuelle est une tendance instinctive cle

la première enfance et qui apparaît nettement avant toute tendance d'ordre intellectuel.

Il s'agit évidemment de travaux manuels « éducatifs » étudiés et suivis avec soin par des

maîtres très qualifiés, qui veilleront à ce que les enfants ne prennent pas de mauvaises

habi-tudes gestuelles ; le caractère professionnel doit être totalement absent de ces travaux.

Le second degré recevra, à 11 ans, tous les enfants. Et ce sont, d'abord, les deux premières

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certain nombre de disciplines obligatoires de base et de méthodes d'enseignement aussi variées que possible, sera faite l'épreuve des diverses facultés de l'enfant. Parmi ces disciplines figurent évidemment les travaux manuels éducatifs qui doivent être réalisés en liaison étroite avec les autres enseignements : ce sont les « sixièmes et cinquièmes nouvelles » généralisées.

De 13 à 15 ans, dans le deuxième cycle du second degré se fera l'orientation, grâce aux options qui viendront s'ajouter aux matières de base. C'est ainsi que nous trouverons, dans cette période, les travaux manuels « renforcés » qui permettront aux enfants de confirmer le plus souvent des aptitudes manuelles réelles.

A 15 ans, nous entrons dans le deuxième cycle du second degré jusqu'à l'âge limite de scolarité obligatoire que la Commission propose de fixer à 18 ans, à l'exemple d'ailleurs d'un certain nombre de pays étrangers.

C'est la période de détermination et c'est ici qu'a lieu, à la suite de l'orientation continue faite au cours du premier cycle, la première différenciation, la première séparation des enfants. Cette différenciation n'est faite qu'en fonction des possibilités intellectuelles.

L'élite est reçue dans la section « théorique », classique, moderne ou technique. Dans

cette dernière division, l'élève est conduit, par la baccalauréat technique, vers le troisième degré, c'est-à-dire vers les Facultés, les Ecoles Supérieures d'ingénieurs et tes Instituts scientifiques et techniques spécialisés.

A tout moment, il conservera la possibilité de compléter sa formation technique, et cela jusqu'au niveau le plus élevé de la spécialisation.

Tous les enfants — et en beaucoup plus grand nombre que les premiers — qui sont plus doués pour les activités pratiques que pour les études abstraites se partageront entre les deux

autres grandes sections du second degré : la section « professionnelle » et la section « pratique ».

C'est à l'ensemble de ces deux sections que se rapporte plus spécialement ce passage

du rapport préliminaire de la Commission qui en fixe exactement l'objet : «Au point de vue professionnel, l'école doit, dans toute la mesure du possible, assurer à chacun la

préparation complète au métier pour lequel il est qualifié par ses aptitudes reconnues au cours des années d'orientation.. Elle assume déjà cette tâche pour les professions intellectuelles ; elle doit se transformer et s'outiller pour s'en acquitter aussi en ce qui concerne les professions manuelles, vers lesquelles s'oriente la très grande majorité des jeunes gens. La scolarité, prolongée autant qu'il sera nécessaire, doit comprendre pour tous les années d'appren-tissage, et amener chacun jusqu'à l'exercice de la profession. C'est là d'ailleurs le seul moyen vraiment efficace de poursuivre parallèlement la culture générale et la préparation au métier. »

La section « professionnelle » qui comportera les mêmes divisions que la section « théo-rique » et correspondra à peu près, au point de vue du niveau des études, à celui de nos Collèges Techniques, conduira par le «Brevet Technique» obtenu à 18 ans, aux Cadres de maîtrise de l'industrie, du commerce et de l'administration, ou encore à un « troisième degré professionnel » comprenant des Ecoles de techniciens, des Ecoles commerciales, des Ecoles d'agriculture...

Quant à la section pratique, c'est celle de l'apprentissage dans tous les domaines ; et elle doit normalement conduire ses élèves à la qualification ouvrière avec le certificat d'aptitude pro-fessionnelle.

Que sera cet apprentissage dans le système d'éducation de l'avenir 1 Nous ne pouvons ici qu'en dessiner très largement les traits.

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Le but essentiel de l'apprentissage est, non pas d'initier les jeunes à un métier étroitement spécialisé, dont la pratique se réduit à quelques gestes élémentaires, mais à former des ouvriers éclairés et libres, aptes à tout un ensemble de travaux connexes, capables de dominer leur métier et d'en suivre la constante évolution.

Cet apprentissage sera donc conçu très largement sur un secteur assez vaste d'activité professionnelle et, à une époque où. la part de l'intelligence grandit chaque jour, il comportera une formation intellectuelle aussi forte que possible.

D'autre part, l'apprentissage, service public d'intérêt national, exige la collaboration de la profession et de l'Etat. Si l'Etat a le devoir de le contrôler, c'est à la profession qu'il appartient de l'inspirer et de l'animer sans cesse, en fonction des besoins économiques nouveaux qu'elle est seule à connaître exactement.

L'apprentissage total ou partiel au comptoir, au chantier, à l'atelier, c'est-à-dire au sein de l'entreprise, restera souvent très utile et parfois indispensable, mais l'enfant partira de l'école pour aller vers l'atelier et il ne suivra pas le chemin inverse comme il le fait aujourd'hui avec les « cours professionnels ». Car c'est l'école qui doit rester son port d'attache et c'est d'elle que doit partir le contrôle de garantie des maîtres et des méthodes pédagogiques, contrôle fait d'ailleurs en liaison étroite avec la profession.

Partout, nous sollicitons cette liaison, qui ne peut, en particulier, que faciliter grandement les contacts de nos professeurs avec les réalités économiques, contacts essentiels puisque notre enseignement technique doit constamment s'adapter à ces réalités.

Cette liaison s'opère déjà dans tous les domaines et elle se fortifiera de plus en plus

dans la compréhension et la confiance mutuelles. Ne donnons-nous pas déjà un témoignage de cette confiance en accordant à la profession une représentation fortement majoritaire au sein des conseils d'administration de nos Ecoles et de nos Centres d'apprentissage ? Bien plus, notre intention est de l'appeler dans nos comités pédagogiques pour une révision de nos programmes d'études et pour une rénovation de nos méthodes d'enseignement. Car nous voulons ouvrir largement les fenêtres de nos Ecoles sur la vie pour les éclairer, les aérer, les animer du souffle vivifiant de l'extérieur... afin que plus un seul enfant ne dise qu'il n'aime pas l'école et veut la quitter !

Au-dessus de la section « pratique » de l'apprentissage, un « troisième degré » de promo-tion ouvrière permettra aux employés, aux ouvriers, de s'élever par leur seul mérite dans la hiérarchie sociale. Des cours de perfectionnement, des cours du soir, dans les Conservatoires des Arts et Métiers — que nous cherchons dès maintenant à multiplier en province, à l'image de celui de Paris — les mèneront au brevet professionnel et même à certains diplômes d'ingé-nieur ou de technicien.

Ainsi — et c'est peut-être la particularité la plus caractéristique et la plus essentielle de l'harmonieuse architecture du bel édifice scolaire construit par la Commission — une répar-tition par étages horizontaux se trouve partout substituée à ce cloisonnement vertical qui ne permettait pas jusqu'ici de rectifier des erreurs d'orientation et empêchait les mouvements dans les deux sens.

Grâce à cette structure nouvelle, à toute époque de sa vie, l'adolescent, l'adulte ou l'homme mur, trouvera la possibilité d'accéder à une formation plus complète et plus haute. Se sentant constamment guidé, constamment soutenu, il aura à chaque moment le sentiment qu'il est bien

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pas le trouver injuste, il acceptera le sort qu'il se sera fait lui-même. Ainsi, bien des préventions

des incompréhensions et des irritations se dissiperont d'elles-mêmes et un pas décisif sera fait

vers la paix sociale.

Ces grandes idées de justice et de paix sociale étaient certainement toujours présentes à

la pensée de Paul Langevin, quand il présidait avec une si ferme et si bienveillante autorité

les travaux de la Commission, au cours de discussions où n'ont jamais cessé de régner

l'har-monie et la confiance.

Il nous a quitté pour toujours, alors qu'il terminait à peine un nouveau rapport

d'en-semble sur cette Réforme à laquelle il avait attaché tout son cœur, à laquelle il a consacré ses

dernières forces et dont il appelait, avec impatience et de tous: ses vœux, la réalisation complète.

Il sentait bien la résistance des sceptiques encore attachés aux vieilles formules, et

l'in-compréhension des imbéciles et il en souffrait. Mais sa certitude était totale dans le triomph»

des grands principes de l'éducation nouvelle à l'édification desquels il aura pris une part si

active et si personnelle.

Hélas ! il n'aura pas vu ce triomphe, mais il l'aura pressenti pour un proche avenir en

raison des réalisations déjà faites. Et il savait bien qu'une grande vérité de la vie sociale comme

du monde physique, c'est qu'on ne peut arrêter certains mouvements... Autant vouloir arrêter un

torrent avec les mains !

M. Naegelen, Ministre de l'Education Nationale, a déclaré avec force à une récente

confé-rence de ses directeurs que les travaux de la Commission allaient être repris et se poursuivraient

sans arrêt.

C'est à coup sûr le meilleur hommage qui puisse être rendu à la mémoire de cet homme à l'intelligence si vaste et si lucide, à ce grand savant au sens humain si profond, que d'affirmer ht

continuité de l'œuvre à laquelle il s'était si généreusement et si totalement attaché.

Le devoir de tous ceux qui ont eu l'honneur et la joie de travailler avec lui est de rester

fidèle à sa pensée en poursuivant cette œuvre, de toute leur volonté, de toute leur foi et de tout

leur cœur. Par là, d'ailleurs, ils auront conscience de servir les intérêts les plus essentiels et les plus nobles de notre cher Pays.

M. LE ROLLAND Directeur de l'Enseignement- Technique

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