• Aucun résultat trouvé

Effets biphasiques de l'alcool et jeunes conducteurs : BIALCOL

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Effets biphasiques de l'alcool et jeunes conducteurs : BIALCOL"

Copied!
55
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: hal-02935278

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02935278

Submitted on 10 Sep 2020

HAL is a multi-disciplinary open access

archive for the deposit and dissemination of

sci-entific research documents, whether they are

pub-lished or not. The documents may come from

teaching and research institutions in France or

abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est

destinée au dépôt et à la diffusion de documents

scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,

émanant des établissements d’enseignement et de

recherche français ou étrangers, des laboratoires

publics ou privés.

Effets biphasiques de l'alcool et jeunes

conducteurs : BIALCOL

Aurélie Banet, Catherine Berthelon, Morgane Evin, Edith Galy, Hugo Nguma,

Jean-François Peytavin

To cite this version:

Aurélie Banet, Catherine Berthelon, Morgane Evin, Edith Galy, Hugo Nguma, et al..

Effets

biphasiques de l'alcool et jeunes conducteurs : BIALCOL. [Rapport de recherche] IFSTTAR

-Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l'Aménagement et des Réseaux.

2020, 54p. �hal-02935278�

(2)

Rapport intermédiaire de convention DSR

Référence Ifsttar : RP1-J19106

Projet « Effets biphasiques de l’alcool et jeunes conducteurs » :

BIALCOL

Évaluation, chez les jeunes conducteurs de 22 à 30 ans des effets stimulant versus sédatif du niveau

d’alcool correspondant au taux fixé par la législation pour un premier niveau de sanction (0,5 g/l)

Contributeurs par ordre alphabétique :

Aurélie Banet

1

Catherine Berthelon

1

Morgane Evin

2

Edith Galy

3

Hugo Nguma

1

Jean-François Peytavin

1

Relecteur : Catherine Berthelon

1

, Directrice du LMA

1 TS2-LMA, Univ Gustave Eiffel, IFSTTAR, F-13300 Salon-de-Provence, France 2 Aix-Marseille Univ, Univ Gustave Eiffel, IFSTTAR, LBA, F-13016 Marseille, France 3 LAPCOS, Université Côte d’Azur, Nice, France

(3)

Table des matières

INTRODUCTION ... 5

PARTIE 1. Les fichiers BAAC et leur analyse ... 6

Introduction. Ce que l’on sait sur les alcoolémies illégales ... 6

1. Rappel. Évolution de la législation sur l'alcool au volant ... 7

2. Les modalités d'identification de l'état alcoolique ... 9

Examen de comportement ... 9

Mesure du taux dans l'air expiré à l'aide d'un éthylomètre ... 9

Vérifications médicales cliniques et biologiques ... 10

L'examen clinique médical et le prélèvement sanguin ... 10

La mesure du taux d'alcool par prélèvement sanguin ... 10

Autres missions des forces de police... 10

3. Schématisation du dispositif de recherche de l’alcoolisation ... 11

4. Des règlementations différentes dans les pays de l’Union Européenne ... 12

5. Les sources d’information de l’alcoolisation des impliqués dans un accident de la circulation ... 12

6. Analyse des fichiers BAAC ... 14

7. Les procès-verbaux d’accidents ... 20

Fiche A ... 20

Fiches B et C ... 20

PARTIE 2. Avancée du travail sur les EDA ... 23

1. Présentation des Études Détaillées d’Accidents (EDA) ... 23

2. La démarche scientifique EDA ... 23

3. Les cas d’accident impliquant un conducteur alcoolisé extrait de la base de données RESEDA ... 25

4. Caractéristiques principales des accidents EDA répertoriés avec un taux inférieur ou égal à 0,5 g/l dans le sang ... 26

PARTIE 3. Protocole et autorisations pour l’expérimentation alcool ... 33

1. Les participants... 33

2. Le dispositif expérimental ... 33

3. Méthode ... 33

4. Tâche et variables mesurées ... 34

5. Déroulement précis de l'expérience ... 34

ANNEXES ... 37

Annexe 1 : Fiches A, B et C ... 37

Annexe 2 : Présentation des quatre cas d’accidents cibles ... 41

Cas d’accident n° 1 ... 41

Cas d’accident n° 2 ... 44

Cas d’accident n° 3 ... 47

(4)
(5)

Ce rapport comporte trois grandes parties :

 La première présente l’avancée du travail effectué sur fichier BAAC.  La seconde présente l’avancée du travail effectué sur les EDA.

 La dernière fait état du protocole expérimental et des autorisations obtenues pour effectuer une expérimentation sur simulateur de conduite, avec des participants ayant ingéré (ou non) de l’alcool.

(6)
(7)

INTRODUCTION

De nombreux facteurs ont été identifiés comme ayant un effet sur l’accidentologie bien qu’il reste des zones d’ombre concernant leurs effets combinés avec des doses modérées d’alcool (fatigue, durée de conduite, complexité de l’environnement, expérience de conduite, âge, etc.). Sous l’influence de l’alcool, les accidents n’impliquent souvent qu’un seul véhicule, celui du conducteur et 60 % des conducteurs impliqués dans un accident de type « perte de contrôle » ont de l’alcool et/ou de la drogue dans leur échantillon sanguin comparativement à seulement 30 % pour les conducteurs décédés suite à une collision avec un autre véhicule. Ces valeurs atteignent 66 % si l’on se concentre sur les conducteurs âgés de moins de 30 ans4. Cette relation s’explique à la fois par une dégradation des compétences du conducteur sous l’influence de l’alcool et par l’adoption de comportement à risque. En accidentologie, plusieurs verrous persistent toutefois en matière d’impact de la prise d’alcool : la plage temporelle exacte entre le moment d’absorption d’alcool, le moment de l’accident et celui de la mesure.

En effet, indépendamment du niveau d’alcoolisation, si la mesure est effectuée en période montante du taux d’alcool (avant que le taux maximum soit atteint) ou période descendante du taux d’alcool (à partir du taux maximum vers un taux plus bas), l’effet semble différent. Pendant la montée de BAC, l'effet stimulant est prédominant à l’effet sédatif. À l'inverse, pendant la diminution du taux d'alcool, la stimulation diminue et la sédation est prédominante5. Ainsi globalement, à 0,4 g/l, les estimations subjectives des personnes témoignent d’une faible sédation et d’une forte stimulation. Ces effets différentiels de l’alcool sont appelés biphasiques. Toutefois, la plupart des études sur les effets biphasiques de l’alcool a été effectuée hors du contexte de la conduite automobile, ces dernières ayant plutôt été axées sur les effets de l’alcool lors de la phase descendante du taux. Un de nos défis sera donc d’étudier les deux phases de l’imprégnation alcoolique ainsi leurs conséquences en termes de sécurité routière.

Par ailleurs, bien que les taux d’imprégnation alcoolique relevés en épidémiologie sur l’accidentalité et la mortalité soient fréquemment bien supérieurs au niveau toléré par la réglementation, pour des raisons éthiques il ne paraît pas possible d’envisager des expérimentations avec des taux aussi élevés. Le travail proposé vise donc à estimer si le taux de 0,5 g/l adopté comme seuil par la législation française à partir de trois ans d’obtention de permis est encore trop élevé et si un abaissement de ce seuil pour l’ensemble des conducteurs serait de nature à réduire le nombre d’accidents. En ce sens, l’étude SAM3 indique d’ailleurs que le risque d’être impliqué dans un accident corporel grave reste multiplié par trois pour un taux de 0,5 g/l d’alcool dans le sang6.

Dans ce cadre, nos travaux récents ont étudié les effets délétères de faibles doses d’alcool (0,2 et 0,5 g/l) sur le comportement, l’état physiologique et les estimations d’éveil et d’endormissement de conducteurs novices (18 ans et moins de 3 mois de permis) et de conducteurs en fin de permis probatoire (21 ans et 3 ans de permis). Ces travaux, effectués lors de la phase descendante du niveau d’alcool, ont confirmé son effet sédatif associé à une augmentation de la vitesse pratiquée et une diminution de la stabilité de la trajectoire. Ils ont justifié la mesure de baisse du niveau toléré d’alcool pour les conducteurs novices tout en soulignant que des dégradations persistaient à 0,5 g/l même en fin de permis probatoire, soit trois ans après l’obtention de ce dernier7, 8.

Dans ce rapport, nous présenterons l’avancée du travail effectué pour la DSR. À partir d’une analyse des Bulletins d’Analyse des Accidents Corporels de la Circulation (BAAC) et des Procès-Verbaux (PV) de la gendarmerie, les accidents liés à un taux d’alcool inférieur ou égal à 0,5 g/l ont été extraits, une

4Morland, J., Steentoft, A., Wiese Simonsen, K., Ojanpera, I., Vuori, E., Magnusdottir, K., Kristinsson, J., Ceder, G., Kronstrand,

R., Christophersen, A., 2011. Drugs related to motor vehicle crashes in northern European countries: A study of fatally injured drivers. Accid. Anal. Prev. 43, 1920-1926.

5Hendler, R. A., Ramchandani, V. A., Gilman, J., & Hommer, D. W., 2011. Stimulant and sedative effects of alcohol. In Behavioral

neurobiology of alcohol addiction (pp. 489-509). Springer Berlin Heidelberg.

6Stupéfiants et accidents mortels (projet SAM). Analyse épidémiologique, OFDT_Ifsttar, avril 2011.

7Berthelon, C., Galy, E. (soumis). Subjective estimation and objective performance of young drivers as a function of experience

and alcohol. Soumis à ETRR.

8 Berthelon, C., Galy, E., Paxion, J., Ferrier, L., 2016. Alcool, vigilance, Charge de travail : facteurs d'accident chez les jeunes

(8)

analyse descriptive permet d’identifier leurs particularités notamment chez les jeunes conducteurs adultes et de vérifier les enjeux sécuritaires relativement aux accidents liés à un taux d’alcool inférieur à 0,5 g/l.

Les dossiers d’analyses détaillées d’accidents (EDA effectués à Salon-de-Provence) se produisant avec de faibles taux d’alcool ont également été décrits et analysés.

L’on a cherché en particulier à identifier les accidents s’étant produits en phase montante ou descendante du niveau d’alcool, données disponibles dans un sous échantillon de PV et de dossiers d’EDA. Il est toutefois à noter que les dossiers BAAC, PV et EDA ne comportent pas forcément toutes les indications permettant d’estimer avec certitude nos hypothèses. Cependant, y figurent l’heure de l’accident et l’heure de la mesure d’alcool, ce qui permet d’extrapoler ou du moins de faire des hypothèses concernant le lien entre accident et phase montante ou descendante de l’alcool. D’autre part, les dossiers, notamment les PV, contiennent parfois deux mesures d’alcoolémie séparées par une donnée temporelle identifiée. Ces dossiers seront ceux sur lesquels notre attention sera particulièrement focalisée.

Enfin, le protocole expérimental sur simulateur de conduite a été spécifié à partir de ces premières données et les autorisations permettant sa mise en place ont été obtenues.

PARTIE

1.

L

ES FICHIERS

BAAC

ET LEUR ANALYSE

Introduction. Ce que l’on sait sur les alcoolémies illégales

Les chiffres qui quantifient le rôle de l'alcool sont multiples. Sur la période 2013-2017, la proportion d'accidentés en infraction vis-à-vis de l'alcool évaluée sur l'ensemble des accidents corporels s'établit à 5,2 %, chiffre qui somme toute peut apparaître assez faible. Mais lorsque l'on s'intéresse aux seuls accidents mortels, cette proportion passe à 15,1 %, et si l'on se restreint aux présumés responsables d'accidents mortels elle s'élève à 25,4 %. Si maintenant on évalue la part d'accidents « avec alcool » (c'est-à-dire où au moins l'un des conducteurs ou piétons impliqués avait une alcoolémie illégale), les chiffres augmentent sensiblement : 8,9 % des accidents corporels et 23,8 % des accidents mortels font intervenir une infraction alcool. Et si l'on spécifie un peu plus le type d'accident, on peut calculer que les nuits de week-end, 29,9 % des accidents corporels et 54,8 % des accidents mortels, font intervenir une alcoolémie illégale.

Ainsi, en précisant de plus en plus la population d'accidentés, on peut faire apparaître des proportions extrêmement fortes d'implication sous alcoolémie illégale. Il est sans doute utile de rapprocher ces proportions des tailles des populations sur lesquelles elles sont calculées, c'est-à-dire d'assortir toute proportion avec les enjeux correspondants en termes d'accidentés ou d'accidents relativement à l'ensemble.

L’analyse de l’alcoolisation à travers les différentes catégories d’âge révèle des proportions d’accidentés alcoolisés au-dessus du taux légal à peu près identiques dans toutes les catégories d’âge entre 18 et 50 ans (de 6 à 7 %) avec un infléchissement au-delà de 50 ans et surtout 60 ans. L’alcoolisation illégale est de plus, en chiffres absolus, très massivement présente au-delà de 25 ans, et avec des niveaux d’alcoolémie plus élevés qu’au-dessous de 25 ans. Le taux d’alcoolémie moyen des moins de 25 ans, est de 1,4 g/l tandis que celui des 25-54 ans avoisine les 2 g/l. Mais, en matière de prévention dans le domaine de l’alcool et des accidents de la route, on a coutume d’insister sur la cible que représente les jeunes conducteurs en raison du fort sur-risque qui les touche et qui s’explique par un mode de vie qui les rend plus vulnérables que les autres à la conduite sous alcool. Ils sont bien souvent surreprésentés dans les accidents et plus particulièrement, ceux qui surviennent les nuits de week-end, ou lors des retours de discothèques. Ainsi 50 % des conducteurs âgés de 18 à 24 ans et accidentés les nuits de week-end, sont en état d’alcoolisation illégale.

Le processus d'identification de l'état alcoolique des accidentés de la route est défini par des règles de recueil de l'alcoolémie déjà anciennes ; la dernière modification majeure est, en septembre 1995, l'entrée en vigueur de l'actuel seuil légal 0,5 g/l. Cependant, des adaptations plus récentes ont été adoptées pour certaines catégories de conducteur, en octobre 2004 pour les conducteurs de transport

(9)

en commun puis en juillet 2015 pour les conducteurs en permis probatoire passant ce seuil pour ces catégories à 0,2 g/l dans le sang.

1. Rappel. Évolution de la législation sur l'alcool au volant

L'existence d'une infraction liée à la conduite sous l'empire d'un état alcoolique remonte à l'année 1958, date de création du Code de la route. Mais alors la conduite en état d'ivresse manifeste n'est pas distinguée de la conduite sous l'empire d'un état alcoolique.

La loi de 1965 distingue l’état « ivresse manifeste » et taux « anormalement élevé d'alcool » en différenciant les règles de preuve ; cependant, aucune définition de l'état alcoolique n'est donnée. Cette loi, introduisant l'alcootest, prévoit des mesures de vérification ainsi que de dépistage.

L'utilisation de la pratique de dépistage de l'alcoolémie à des fins de diagnostic et de prévention sera désormais au cœur du dispositif réglementaire en France. Les deux dates les plus importantes dans le domaine de lutte préventive contre l'alcool au volant sont :

 le 9 juillet 1970 qui institue le taux légal en distinguant clairement la conduite en état d'ivresse (pour laquelle la preuve reste libre) et la conduite sous l'empire d'un état alcoolique déterminé par un critère légal, « le taux légal d'alcoolémie », avec une sous distinction en deux taux : 0,8 g/l (contravention) et 1,2 g/l (délit). Les cas où le dépistage est obligatoire ou facultatif sont clairement définis.

 le 12 juillet 1978 qui permet, sur ordre du procureur de la République, des contrôles aléatoires, dits contrôles préventifs, en dehors de toute infraction ou accident. Après dépistage de l'imprégnation alcoolique, il est possible de procéder aux vérifications de l'état alcoolique au moyen d'un éthylomètre.

Au cours des années 1980, l'action législative dans le domaine de l'alcool connaît en France de nouveaux développements. À partir de cette année et jusqu'en 1989, date qui définit à travers le Livre Blanc intitulé « La sécurité routière », une relance de la réglementation à caractère national, notamment vis-à-vis de la vitesse et l'alcool, représente un pôle privilégié d'activité de la part du législateur qui se traduit par une politique de contrôle et de répression plus intense. En 1983, d'une part la distinction entre délit et contravention pour conduite sous l'empire d'un état alcoolique disparaît, et d'autre part un taux légal dans l'haleine est défini : il y a désormais délit dès 0,8 g/l dans le sang ou 0,4 mg par litre d'air expiré. Les interventions législatives postérieures (1986 et 1987, 1989, 1990) confèrent aux agents habilités et aux préfets de nouveaux pouvoirs et modifient en les renforçant les peines encourues. En 1986, il est prévu, en cas d'alcoolémie délictuelle, un retrait immédiat du permis de conduire pour une durée maximale de 72 heures et le préfet se voit autorisé à prononcer une suspension de permis jusqu'à 6 mois. En 1987, les peines sont renforcées : les peines maximales sont multipliées par deux ; des peines complémentaires peuvent être rajoutées : travail d'intérêt général, jours-amende, immobilisation voire confiscation du véhicule.

En octobre 1990, sont introduits les contrôles d'initiative : les agents de police judiciaire peuvent soumettre toute personne qui conduit un véhicule à des épreuves de dépistage de l'imprégnation alcoolique par l'air expiré. L'initiative législative importante du 10 juillet 1989 instaure le permis à points entré effectivement en application le 1er juillet 1992. Cette loi introduit des modalités de prévention-recyclage à l'intérieur du cadre légal : l'automobiliste ayant commis une infraction de conduite sous l'effet alcool pourra, à condition de suivre un stage de formation, obtenir une récupération partielle de ses points.

Depuis 1989, il existait une proposition de directive communautaire émanant de la Commission des Communautés Européennes et soumise au Conseil des Ministres (CEMT, 1988) dont l'objectif était de ramener le taux d'alcool dans le sang à 0,5 g/l. La France, dès 1994, faisait un pas dans cette direction alors que cette proposition était encore en discussion certains pays ayant émis des réserves sur ce taux. Le décret du 11 juillet 1994 abaisse le seuil d'alcoolémie légalement autorisé à 0,7 g/l (soit 0,35 mg/l dans l'air expiré). Ce décret introduit à nouveau une sous distinction en deux taux 0,7 g/l (contravention) et 0,8 g/l (délit).

(10)

Enfin en 1995, par la loi du 29 août 1995 entrée en vigueur le 15 septembre 1995, le seuil contraventionnel de 0,7 g/l est abaissé à 0,5 g/l ou à 0,25 mg/l dans l'air expiré. Ainsi désormais, et aujourd'hui encore, l'alcool au volant est répréhensible comme suit :

 entre 0,5 g/l et 0,79 g/l (taux mesuré dans le sang) ou 0,25 mg/l et 0,39 mg/l (taux mesuré dans l'air expiré), il y a contravention de 4e classe : 3 points sont retirés au permis de conduire (sur le total des 12 points affectés au permis) ; en général, une amende forfaitaire de 135 euros est appliquée, minorée à 90 euros si le paiement est effectué dans les trois jours, majorée à 375 euros après trente jours ;

 à partir de 0,8 g/l (taux d'alcool mesuré dans le sang) ou 0,40 mg/l (taux mesuré dans l'air expiré) l'infraction constitue un délit jugé au tribunal correctionnel.

Selon le Code pénal du 1er mars 1994, les sanctions s'échelonnent à l'intérieur d'une fourchette précise :  amendes : jusqu’à 4500 euros, emprisonnement de deux ans maximum ;

 permis de conduire : perte de 6 points, suspension ou annulation du permis jusqu'à trois ans ;  enfin, peuvent être prononcées des peines complémentaires : travail d'intérêt général,

jours-amende remplaçant l'jours-amende, confiscation ou immobilisation du véhicule pour un an maximum, interdiction d'exercer une activité professionnelle.

Si la conduite sous l'empire d'un état alcoolique (CEA) est accompagnée d'un accident avec dommages corporels les peines prévues sont aggravées :

 en cas de blessures involontaires ayant causé une incapacité de travail inférieure ou égale à trois mois : deux ans d'emprisonnement, et jusqu'à 3000 euros d'amende ;

 en cas d’homicide ou blessures involontaires ayant causé une incapacité de travail supérieure à trois mois : les peines prévues sont doublées et le permis de conduire est automatiquement annulé, de même en cas de récidive. Le refus de se soumettre aux vérifications destinées à établir la preuve de l'état alcoolique est puni de la même manière qu'un délit de CEA.

Cette législation s'applique aujourd'hui à tout conducteur d'un véhicule ou accompagnateur d'un élève conducteur, mais elle ne s'applique pas aux piétons. Elle s'applique aussi aux deux-roues et aux bicyclettes, mais dans ce dernier cas, seule la clause concernant un retrait de points n'est pas appliquée. De plus, les vérifications destinées à établir la preuve de la présence d'alcool dans l'organisme peuvent s'appliquer aux victimes dans tous les cas où cela peut être jugé utile.

Des dispositions particulières propres à certains types de conducteurs, professionnels ou non, ont été introduites par le législateur en juin 2015 (décret no 2015-743 du 24 juin 2015). Même en l'absence de tout signe d'ivresse manifeste, est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la quatrième classe le fait de conduire un véhicule sous l'empire d'un état alcoolique caractérisé par une concentration d'alcool dans le sang égale ou supérieure à 0,20 g/l ou dans l'air expiré égale ou supérieure à 0,10 mg/l, chez le conducteur d'un véhicule de transport en commun, chez le conducteur dont le droit de conduire est limité aux seuls véhicules équipés d'un dispositif homologué d'anti-démarrage par éthylotest électronique, installé par un professionnel agréé ou par construction, conformément aux dispositions de l'article L234-17, ainsi que chez le conducteur titulaire d'un permis de conduire soumis au délai probatoire défini à l'article L223-1 ou en situation d'apprentissage définie à l'article R211-3.

Concernant les procédures de recherche d'un état alcoolique, dès 1955, certaines des modalités pratiques des examens prévus pour établir les diagnostics étaient déjà définies. Ces dispositions faisaient suite à la promulgation de la loi de 1954 (relative aux alcooliques dangereux) qui préconisait déjà la recherche de la présence d'alcool pour les conducteurs auteurs présumés d'accident soupçonnés être sous l'emprise d'un état alcoolique. Elles comprenaient l'examen de comportement par l'officier de police judiciaire ayant constaté l'accident, l'examen clinique médical avec prélèvement sanguin, l'analyse du sang recueilli et l'interprétation des résultats. Après le vote de la loi de 1970, instituant un taux d'alcoolémie illégale et généralisant le dépistage de l'air expiré, les procédures de vérification de l'alcoolémie ont été modifiées pour tenir compte de l'implication des nouvelles mesures introduites. Ainsi le décret d'octobre 1971 (complété par les arrêtés et circulaires de 1972) décrit le détail des procédures à utiliser pour vérifier l'état d'alcoolisation illégal : les examens biologiques à effectuer

(11)

et leurs modalités techniques, les examens de comportement par les agents de police judiciaire, les examens cliniques par les médecins, les supports de transmission des résultats (voir fiches A, B, C p. 20 et suivants) et leurs destinataires, la rémunération des actes biologiques et médicaux. Les modifications ultérieures restent mineures (en 1986, nouvelles modalités techniques concernant l'utilisation des éthylomètres et les techniques de dosages sanguins, en 1996 nouveaux modèles de fiches A, B et C).

2. Les modalités d'identification de l'état alcoolique

Le processus de dépistage, vérification et interprétation du résultat destiné à établir la preuve de l'état alcoolique, est défini par un ensemble de textes répartis entre trois Codes : le Code de la route, le Code de santé publique et le Code des débits de boissons et des mesures contre l'alcoolisme. Dans le cadre de la législation rappelée ci-dessus, les officiers ou agents de police judiciaire informés de la survenue d'un accident corporel de la circulation, sont chargés de mettre en œuvre le dépistage de l'état alcoolique des conducteurs impliqués dans l'accident (articles L234-3 et R234-2 du code de la route) et de faire procéder éventuellement à l'issue de ce dépistage aux vérifications destinées à établir la preuve de la présence d'alcool chez ces conducteurs, ainsi que sur les victimes si cela est jugé utile (article L3354-1 du Code de la santé publique).

Rappelons que les forces de l’ordre peuvent aussi soumettre à ce dépistage les accompagnateurs d'élèves conducteurs et les mineurs impliqués. L'ensemble des dispositions de dépistage et vérifications sont explicitées dans la circulaire du 9 janvier 1989 du ministère de l'Intérieur. Les opérations de dépistage sont réalisées au moyen d'un éthylotest électronique ou chimique conformes aux types homologués (article R234-2 du Code de la route) qui répondent, selon leur nature, aux exigences fixées par le décret no 2008-883 du 1er septembre 2008 relatif aux éthylotests électroniques ou par le décret no 2015-775 du 29 juin 2015 fixant les exigences de fiabilité et de sécurité relatives aux éthylotests chimiques. Le conducteur est soumis aux vérifications dans tous les cas où le résultat du dépistage est positif.

L'état alcoolique peut être vérifié par la mesure du taux d'alcool dans le sang ou par la mesure du taux d'alcool dans l'air alvéolaire expiré, chaque mode étant exclusif de l'autre (article L234-4 du Code de la route). Ces vérifications, quel que soit le mode, sont assorties d'un examen de comportement effectué par les forces de police. Les fiches A, B et C remplies respectivement par les forces de police, les médecins et les biologistes, indiquent les résultats des tests, mesures ou examens effectués par les acteurs impliqués aux diverses étapes du processus.

Examen de comportement

L'examen de comportement (article R17 du Code des débits de boissons) est pratiqué, dans le délai le plus court possible, par l'officier ou l'agent de police judiciaire qui a constaté l'accident ; le résultat est consigné sur la fiche A (exemplaire en annexe). En cas de décès ou de blessures graves empêchant de procéder à l'examen de comportement, la fiche A se borne à indiquer les circonstances de l'accident. Les services de police conservent en archive un exemplaire de cette fiche A.

Mesure du taux dans l'air expiré à l'aide d'un éthylomètre

Si le dépistage se révèle positif, les officiers ou agents de police judiciaire peuvent procéder aux vérifications destinées à établir la preuve de l'état alcoolique au moyen d'un éthylomètre permettant de déterminer le taux d'alcool par l'analyse de l'air expiré. Cette méthode se substitue aux analyses et examens médicaux, cliniques et biologiques sauf lorsqu'elle se heurte à une impossibilité liée à l'état physique. En cas de vérification par éthylomètre, le résultat est communiqué immédiatement à la personne faisant l'objet de la vérification. Un second contrôle peut être effectué à la demande de l'intéressé (article R234-4 du Code de la route). Le procureur de la république, le juge d'instruction, l'officier ou l'agent de police de judiciaire ayant procédé à la vérification peuvent aussi décider de faire procéder à un second contrôle. Le résultat retenu est le taux le plus faible ; ce résultat doit être porté dans la procédure de constatation de l'accident.

(12)

Vérifications médicales cliniques et biologiques

Si le dépistage est positif, les vérifications médicales, cliniques et biologiques sont opérées en application des articles L234-4, L234-5 destinées à établir la preuve de l'état alcoolique (article R234-3 du Code de la route). Dans certaines conditions, le conducteur est soumis à ces vérifications sans dépistage préalable : lorsqu'il a refusé de se soumettre au dépistage ; lorsque son état d'ivresse manifeste s'oppose à l'exécution du dépistage ; lorsqu'il est décédé ; lorsqu'il est physiquement handicapé et qu'il ne peut se soumettre au dépistage (L234-4 et L234-9). Les dispositions concernant ces vérifications sont décrites dans le Code des débits de boissons et des mesures contre l'alcoolisme (articles R14 à R33). Les vérifications comportent les opérations suivantes (article R16) : examen médical avec prise de sang, analyse du sang, interprétation médicale des résultats. Elles sont précédées de l'examen de comportement (prévu à l'article R17).

L'examen clinique médical et le prélèvement sanguin

L'examen médical est effectué par un médecin requis par l'officier ou l'agent de police judiciaire qui constate l'accident. Cet examen ainsi que la prise de sang doivent être effectués dans un délai de moins de six heures après l'accident. Si l'examen médical ne peut être effectué en temps utile, cela sera mentionné dans le procès-verbal de l'accident (R19). Le médecin effectue la prise de sang en se conformant aux méthodes prescrites pour le prélèvement, à l'aide du nécessaire comportant notamment deux flacons destinés au biologiste et mis à sa disposition par les forces de l'ordre. L'officier ou l'agent de police judiciaire assiste au prélèvement sanguin (R20). Le sang prélevé est réparti entre deux flacons étiquetés et scellés par l'officier ou agent de police judiciaire (R21). Les résultats de l'examen clinique et l'heure de la prise de sang sont consignés sur la fiche B que le médecin remet à l'officier ou agent de police judiciaire et dont il peut conserver une copie (R22). Les vérifications sur un conducteur gravement blessé peuvent être jugées contre-indiquées par le médecin requis qui en assume la responsabilité et doit le mentionner sur la fiche B (voir exemplaire en annexe) qu'il a à remplir.

La mesure du taux d'alcool par prélèvement sanguin

L'officier ou agent de police judiciaire, qui conserve une copie de la fiche A, adresse le premier échantillon sanguin accompagné de quatre exemplaires de l'ensemble des fiches A, B et C (exemplaire fiche C en annexe) à un laboratoire d'un établissement appartenant au service public hospitalier ou à un biologiste expert (R24-1). Le deuxième échantillon de sang, également accompagné d'un exemplaire des fiches A, B et C est envoyé à un autre biologiste expert inscrit sur la liste de la cour d'appel (prévue à l'article R32) et chargé de procéder éventuellement à l'analyse de contrôle (article R24-1). La recherche et le dosage d'alcool sont pratiqués selon les méthodes prescrites par le Code des débits de boissons (R25). Le laboratoire ou le biologiste expert qui a procédé à l'analyse consigne le résultat sur la fiche C et adresse un exemplaire des fiches A, B et C directement sous pli fermé timbré et confidentiel au procureur de la République compétent, à la préfecture et à la direction départementale des affaires sanitaires et sociales du lieu de constatation de l'accident. Les résultats figurant sur la fiche C sont communiqués immédiatement à l'autorité requérante (R24-1). Le recours de plus en plus fréquent aux laboratoires hospitaliers agréés (décret 86-70) pour analyser le premier échantillon permet d'effectuer l'opération avant l'expiration du délai de soixante-douze heures. Le médecin requis conserve, au titre d'archives, un exemplaire des fiches B et C.

Autres missions des forces de police

Les opérations de constatation de l'état alcoolique conduisent à un certain nombre de mesures administratives et judiciaires. Les services de police peuvent prendre une décision de rétention immédiate du permis de conduire en cas de présomption de conduite sous l'emprise de l'alcool (L18-1) ; la mesure prend effet à compter de l'heure de l'interpellation ; le délai de 72 h compte à partir de ce moment. Les forces de l’ordre ont de plus la possibilité de recourir à l'immobilisation du véhicule en cas de dépistage positif.

(13)

3. Schématisation du dispositif de recherche de l’alcoolisation

L'organigramme ci-dessous permet de résumer le déroulement des étapes, l'implication des principaux acteurs et la coordination des tâches prévues par le dispositif de recherche d'alcool.

Organigramme relatif à la recherche de l'alcool

Les forces de l'ordre (police, gendarmerie, CRS) sont, avec les médecins et les biologistes, les acteurs principaux de l'application de la législation du 19 juin 1999 qui consiste à détecter la conduite sous l'empire de l'alcool ou de drogues. La figure ci-dessous illustre les principales étapes du déroulement de l'application des textes relatifs à la recherche de l'alcool (Figure 1). On y distingue les missions revenant aux forces de l'ordre (en bleu), aux médecins (en rose) et aux experts biologistes (en jaune).

(14)

4. Des règlementations différentes dans les pays de l’Union Européenne

L'alcoolémie autorisée au volant diffère selon les États membres. Alors que le taux maximal autorisé est le plus souvent de 0,5 g/l, il varie entre 0 et 0,8 g/l dans certains pays de l'UE.

La présence d'alcool dans le sang chez les conducteurs est interdite dans cinq pays. La République

Tchèque, la Hongrie, la Slovaquie, la Roumanie et la Bulgarie ne tolèrent aucune présence d'alcool

dans le sang au volant. D'autres pays ont une législation légèrement plus permissive : en Estonie, en

Suède et en Pologne, le taux ne doit pas excéder 0,2 g/l. En Finlande, il est fixé à 0,22 g/l.

La Commission européenne a recommandé l'adoption par tous les pays d'un taux normal autorisé ne dépassant pas 0,5 g/l. Hormis Malte et le Royaume-Uni, tous les États membres respectent ce seuil. Certains pays ont également instauré un taux d'alcoolémie inférieur pour les conducteurs qui ont peu d'expérience de la conduite (généralement moins de cinq ans). Parmi eux, l'Espagne limite le taux d'alcoolémie à 0,3 g/l pour les jeunes conducteurs. La Grèce, l'Irlande, la Lettonie, le Luxembourg, les Pays-Bas et la France ont fixé le seuil à 0,2 g/l, et l'Autriche à 0,1 g/l.

En Croatie, en Allemagne, en Italie, en Slovénie et en Lituanie, si l'alcool est autorisé jusqu'à 0,5 g/l, il est formellement interdit pour les jeunes conducteurs.

5. Les sources d’information de l’alcoolisation des impliqués dans un accident de la

circulation

Lors d’un accident corporel de la circulation routière, les forces de l’ordre se rendent sur les lieux afin d’établir un procès-verbal d’accident, le PV, servant de base à l’action judiciaire ultérieure. Parallèlement à cette procédure dont la durée dépasse souvent un mois, une procédure plus rapide est destinée à alimenter les données informatiques des ministères, c’est le bulletin d’analyse des accidents corporels de la circulation (le BAAC) rempli au plus tard dans les six jours après l’accident. Ainsi existe-t-il, au

(15)

plan national, deux sources majeures d’informations sur les accidents l’ensemble des PV et le fichier des BAAC.

Les informations remplies par les forces de l’ordre dans le fichier national du BAAC ne permettent pas de décrire avec précision le déroulement de leur recherche d’une éventuelle alcoolisation des conducteurs ou piéton lors d’un accident. Ces informations figurent en général dans le procès-verbal d’accident établi par ces mêmes forces de l’ordre et permettent de décrire avec une meilleure précision la chronologie des différentes étapes de la recherche d’alcoolémie et même d’en établir une certaine temporalité grâce aux heures de dépistage et de vérification de l’alcoolémie.

La figure suivante montre comment le processus de recherche d’alcoolémie a été appliqué aux 199 682 conducteurs impliqués dans un accident corporel pour les années 2016 et 2017 et reconstitué partiellement à partir du fichier national des BAAC.

La filière des dépistages est composite. Le dépistage peut être :

 impossible en raison de l’état de santé et qui donne lieu à des prises de sang directes sans dépistage préalable, ou à aucune mesure si la prise de sang est impossible ;

 refusé, ce qui entraîne une présomption d’alcoolémie et donc une vérification par éthylomètre ou prise de sang directe ou une condamnation en cas de refus réitéré ;

 ne pas être pratiqué et donne lieu à une prise de sang directe ou une mesure directe par éthylomètre, ou aucune mesure si celle-ci n’est pas pratiquée.

La filière des dépistages négatifs ne donne lieu à aucune suite, la filière des dépistages positifs ne permet pas de disposer d’un nombre exact à partie du BAAC (voir Figure 2). La filière des prises de sang représente trois quart des méthodes de recherche de l’alcoolémie. Les conducteurs décédés ou gravement blessés entrent directement dans cette filière sans passer par le dépistage alors que les conducteurs indemnes et les blessés légers subissent pour la plupart un dépistage.

Figure 2 : Filières composites des résultats d’alcoolémie

Le dépistage, lorsqu’il est possible et pratiqué, permet un premier tri entre les conducteurs susceptibles d’être sous influence de l’alcool et ceux qui ne le sont pas. Ces dépistages sont effectués au moyen d'un éthylotest électronique ou chimique. Les nouvelles règlementations de 2009 et 2015 spécifiant des taux règlementaires d’alcool de 0,2 g/l de sang maximum pour certains types de conducteurs obligent les forces de l’ordre à effectuer le dépistage à l’aide d’un éthylotest électronique et non chimique car ce dernier est conçu pour déterminer un taux à 0,25 mg/l d’air expiré et non à 0,10 mg/l d’air expiré. Les

Alcoolémie nulle ou inférieure à 0,5g/l

(16)

forces de l’ordre sont maintenant toutes équipés de ces nouveaux matériels. La mesure précise d’un taux d’alcoolémie par ce dépistage permet dans les cas pour lesquels ce taux est retranscrit dans le PV ou saisi dans le BAAC, d’avoir des informations sur des alcoolisations inférieures au taux légal. Dans un premier temps, une analyse des données du BAAC nous permettra, dans ce travail, d’appréhender le phénomène d’alcoolisation des conducteurs, dans un deuxième temps et dans la mesure où l’information concernant de faibles alcoolisations figure dans des procès-verbaux d’accidents, nous ferons une analyse plus précise de l’implication des conducteurs faiblement alcoolisés à partir de ces PV. En effet, un certain nombre d’informations sur le déroulé de l’accident, le profil des conducteurs impliqués et leur type d’alcoolisation figure parfois dans les procès-verbaux d’accidents. Celui-ci est un document juridique établi par la gendarmerie ou la police nationale sur les circonstances de l’accident et sur les responsabilités des impliqués.

6. Analyse des fichiers BAAC

Les exploitations du fichier des « bases de données accidents corporels de la circulation » (BAAC) portent sur les années 2016-2017 afin de se positionner après les dernières modifications de la législation en terme de taux d’alcool illégal. Dans ce chapitre, les accidents pris en compte ne concernent que l’alcoolisation des conducteurs.

Le fichier national des accidents de la circulation en France, établi à partir des BAAC, est un outil de suivi et d’évaluation des effets de la politique de sécurité routière et en particulier de la politique de lutte contre l’alcool au volant. Cet outil de recueil est théoriquement exhaustif, mais bien que le dispositif de recherche de l’alcoolémie se soit amélioré au fil des années, beaucoup de données sont encore manquantes. Par ailleurs, les mesures d’alcoolémies figurant dans le fichier national des BAAC ne permettent en aucune manière d’établir des statistiques représentatives sur les facteurs de risque des faibles alcoolisations dans les accidents de la route. En effet, comme nous l’avons déjà noté, ces mesures ne sont pas systématiquement relevées dans les dossiers puisqu’elles ne constituent pas une infraction si ce n’est pour les conducteurs sous permis probatoire, les conducteurs de poids lourd ou de transport en commun. Les résultats que nous présentons ci-dessous ont donc uniquement une valeur descriptive.

Les tableaux présentés font un état descriptif de l’ensemble des niveaux d’alcoolémie recueillis et particulièrement de ceux concernant les faibles alcoolisations afin d’estimer l’importance du recueil de ces taux et les populations qui y ont été soumises.

Les tableaux présentés comportent plusieurs sens de lecture :

 Les chiffres en vert correspondent aux pourcentages horizontaux, les chiffres en rouge représentent les pourcentages verticaux.

 Les signes plus et moins donnés dans les différentes cases des tableaux sont la représentation d’un test de significativité appelé CHI2, appliqué aux cases du tableau.

La probabilité de surreprésentation de la case est donnée par le nombre de + qui y est inscrit : 0,90 +, 0,95 ++, 0,99 +++

La probabilité de sous-représentation de la case est donnée par le nombre de - qui y est inscrit : 0,90 -, 0,95 --, 0,99 ---

Condition de validité Test du CHI2 : Le test n'est pas effectué (car non valide), si plus d'une case du tableau a un effectif <5

En moyenne, sur l’ensemble des fichiers répertoriés dans le Tableau 1 (données disponibles hors prise de sang), 16 % des alcoolémies des conducteurs impliqués dans les accidents corporels demeurent inconnues et ce chiffre passe à 24 % pour les conducteurs tués. Ces taux d’indétermination sont élevés au regard des prévalences d’alcoolisation illégale. Le Tableau 1 indique d’autre part que sur le total des mesures effectuées (avec et sans alcool) 0,5 % des conducteurs accidentés étaient sous influence de faible niveau d’alcool lors de l’accident (N = 1010), que 17,6 % d’entre eux (N = 178) n’ont pas survécu et que 38,5 % d’entre eux (N = 390) ont été gravement blessés.

(17)

Tableau 1 : Recherche d’alcoolémie chez les conducteurs impliqués dans un accident en fonction de leur gravité (fichiers BAAC, 2016-2017) (hors prise de sang)

 GRAVITÉ

Alcoolémie TOTAL Indemne Tué Blessé grave Blessé léger TOTAL 199680 100,0% 100,0% 95425 47,8% 100,0% 5015 2,5% 100,0% 37759 18,9% 100,0% 61481 30,8% 100,0% Test négatif 147968 100,0% 74,1% 76976 52,0% 80,7% +++ 883 0,6% 17,6% --- 23302 15,7% 61,7% --- 46807 31,6% 76,1% +++ Alcoolémie mesurée nulle 7902 100,0% 4,0% 1176 14,9% 1,2% --- 1546 19,6% 30,8% +++ 3935 49,8% 10,4% +++ 1245 15,8% 2,0% --- Alcoolémie mesurée légale 1010 100,0% 0,5% 275 27,2% 0,3% --- 178 17,6% 3,5% +++ 390 38,6% 1,0% +++ 167 16,5% 0,3% --- Alcoolémie mesurée illégale 10916 100,0% 5,5% 3263 29,9% 3,5% --- 1201 11,0% 23,9% +++ 4056 37,2% 10,7% +++ 2396 22,0% 3,8% --- Alcoolémie inconnue 31884 100,0% 16,0% 13735 43,1% 14,4% --- 1207 3,8% 24,1% +++ 6076 19,1% 16,1% 10866 34,1% 17,7% +++ REBUT 2 100,0% 0,0% 2 100,0% 0,0%

Le Tableau 2 totalise les mesures relevées avec et sans prise de sang. Il indique que 88,2 % des conducteurs contrôlés avaient une alcoolémie dépistée négative, et 4,7 % avaient une alcoolémie nulle. Sur l’ensemble des conducteurs contrôlés avec un taux d’alcool positif inférieur à 0,5 g/l (soit 0,7 % des mesures effectuées), 203 conducteurs ont été tués dans l’accident (5,3 % des tués) et 465 ont été blessés et hospitalisés (soit 1,5 % du total des blessés hospitalisés ; Tableau 2).

Tableau 2 : Distribution des alcoolémies mesurées des conducteurs impliqués en fonction de la gravité (Fichiers BAAC : 2016-2017) (avec et sans prise de sang)

 GRAVITÉ

Taux d'alcoolémie TOTAL Indemne Tué Blessé

hospitalisé Blessé léger TOTAL 167796 100,0% 100,0% 81690 48,7% 100,0% 3808 2,3% 100,0% 31683 18,9% 100,0% 50615 30,2% 100,0% Test négatif 147968 100,0% 88,2% 76976 52,0% 94,2% +++ 883 0,6% 23,2% --- 23302 15,7% 73,5% --- 46807 31,6% 92,5% +++ 0 g/l 7902 100,0% 4,7% 1176 14,9% 1,4% --- 1546 19,6% 40,6% +++ 3935 49,8% 12,4% +++ 1245 15,8% 2,5% --- 0.01 - 0.19 g/l 415 100,0% 0,2% 44 10,6% 0,1% --- 107 25,8% 2,8% +++ 210 50,6% 0,7% +++ 54 13,0% 0,1% --- 0.2 - 0.49 g/l 788 100,0% 0,5% 290 36,8% 0,4% --- 96 12,2% 2,5% +++ 255 32,4% 0,8% +++ 147 18,7% 0,3% --- 0.5 - 0.79 g/l 1215 100,0% 0,7% 553 45,5% 0,7% -- 70 5,8% 1,8% +++ 352 29,0% 1,1% +++ 240 19,8% 0,5% --- 0.8 - 1.19 g/l 1971 100,0% 1,2% 696 35,3% 0,9% --- 148 7,5% 3,9% +++ 701 35,6% 2,2% +++ 426 21,6% 0,8% --- 1.2 - 1.99 g/l 4543 100,0% 2,7% 1413 31,1% 1,7% --- 459 10,1% 12,1% +++ 1690 37,2% 5,3% +++ 981 21,6% 1,9% --- 2 g/l et plus 2994 100,0% 1,8% 542 18,1% 0,7% --- 499 16,7% 13,1% +++ 1238 41,3% 3,9% +++ 715 23,9% 1,4% ---

Les résultats obtenus par prélèvements sanguin effectués sur les conducteurs tués permettent de disposer de la distribution complète des alcoolémies de manière représentative. Les forces de l’ordre renseignent, pour les tués en 2016-2017 environ 200 alcoolémies inférieures à 0,5 g/l d’alcool par litre de sang. Les alcoolémies les plus élevées sont ainsi celles pour lesquelles ont relève le plus de tués, mais les tués avec niveau d’alcool positif inférieur à 0,5 g/l représentent malgré tout 6,9 % du total des décès répertoriés dont on connaît le taux d’alcoolémie par prise de sang (Tableau 3).

(18)

Tableau 3 : Niveau d’alcoolémie obtenu par prélèvement sanguin chez les conducteurs impliqués dans un accident corporel en fonction de leur gravité (fichiers BAAC, 2016-2017) Taux

d'alcoolémie TOTAL * Indemne * Blessé grave * Blessé léger * Tué ** TOTAL 10723 100,0% 100,0% 3204 29,9% 100,0% 3981 37,1% 100,0% 2362 22,0% 100,0% 2914 19,2% 100,0% 0 g/l 1540 23,1% 52,8% +++ 0.01 - 0.19 g/l 106 28,4% 3,6% +++ 0.2 - 0.49 g/l 96 21,4% 3,3% 0.5 - 0.79 g/l 1215 100,0% 11,3% 553 45,5% 17,3% +++ 352 29,0% 8,8% --- 240 19,8% 10,2% -- 70 5,8% 2,4% --- 0.8 - 1.19 g/l 1971 100,0% 18,4% 696 35,3% 21,7% +++ 701 35,6% 17,6% 426 21,6% 18,0% 148 7,5% 5,1% --- 1.2 - 1.99 g/l 4543 100,0% 42,4% 1413 31,1% 44,1% ++ 1690 37,2% 42,5% 981 21,6% 41,5% 459 10,1% 15,7% -- 2 g/l et plus 2994 100,0% 27,9% 542 18,1% 16,9% --- 1238 41,3% 31,1% +++ 715 23,9% 30,3% +++ 499 16,7% 17,1% +++

(*) distribution des résultats des contrôles par éthylotest, éthylomètre et prise de sang (**) Distribution des résultats issus des prises de sang directes

En dehors des dépistages négatifs, la répartition des alcoolémies mesurées selon l’ancienneté du permis permet de voir que parmi les 1200 conducteurs contrôlés avec un taux d’alcool compris entre 0,01 et 0,49 g/l, 300 conducteurs possédaient un permis probatoire (cases grisées) dont 193 avaient un taux compris entre 0,2 et 0,5 g/l d’alcool dans le sang (Tableau 4).

Tableau 4 : Distribution des alcoolémies des conducteurs impliqués selon leur ancienneté de permis (2016-2017) (avec et sans prise de sang)

 Ancienneté permis

TOTAL moins d'un an 1 à 2 ans 2 à 3 ans 3 à 5 ans 5 ans et plus REBUT TOTAL 167796 100,0% 100% 11433 6,8% 100% 13378 8,0% 100% 10765 6,4% 100% 16893 10,1% 100% 93098 55,5% 100% 22229 13,2% 100% Test négatif 147968 100,0% 88,2% 9796 6,6% 85,7% --- 11692 7,9% 87,4% --- 9370 6,3% 87,0% --- 14725 10,0% 87,2% --- 84102 56,8% 90,3% +++ 18283 12,4% 82,2% --- 0 g/l 7902 100,0% 4,7% 632 8,0% 5,5% +++ 656 8,3% 4,9% 489 6,2% 4,5% 744 9,4% 4,4% -- 3755 47,5% 4,0% --- 1626 20,6% 7,3% +++ 0.01 - 0.19 g/l 415 100,0% 0,2% 35 8,4% 0,3% 40 9,6% 0,3% 21 5,1% 0,2% 48 11,6% 0,3% 178 42,9% 0,2% --- 93 22,4% 0,4% +++ 0.2 - 0.49 g/l 788 100,0% 0,5% 64 8,1% 0,6% 68 8,6% 0,5% 61 7,7% 0,6% 78 9,9% 0,5% 379 48,1% 0,4% --- 138 17,5% 0,6% +++ 0.5 - 0.79 g/l 1215 100,0% 0,7% 103 8,5% 0,9% ++ 93 7,7% 0,7% 99 8,1% 0,9% ++ 144 11,9% 0,9% ++ 573 47,2% 0,6% --- 203 16,7% 0,9% +++ 0.8 - 1.19 g/l 1971 100,0% 1,2% 196 9,9% 1,7% +++ 186 9,4% 1,4% ++ 162 8,2% 1,5% +++ 236 12,0% 1,4% +++ 824 41,8% 0,9% --- 367 18,6% 1,7% +++ 1.2 - 1.99 g/l 4543 100,0% 2,7% 375 8,3% 3,3% +++ 407 9,0% 3,0% ++ 354 7,8% 3,3% +++ 599 13,2% 3,5% +++ 1969 43,3% 2,1% --- 839 18,5% 3,8% +++ 2 g/l et plus 2994 100,0% 1,8% 232 7,7% 2,0% ++ 236 7,9% 1,8% 209 7,0% 1,9% 319 10,7% 1,9% 1318 44,0% 1,4% --- 680 22,7% 3,1% +++

Le phénomène de conduite sous état d’alcoolisation est bien connu comme étant un comportement très majoritairement masculin ce que reflète le Tableau 5. Parmi les faibles taux d’alcoolisation relevés, une valeur de 17,1 % de femmes est relevée pour un taux de 0,01 à 0,19 g/l et 12,6 % pour un taux de 0,2 à 0,49 g/l, soit les pourcentages les plus importants comparativement aux taux d’alcoolisation plus élevés. Cette proportion est d’ailleurs relativement constante quel que soit le taux d’alcool mesuré (Tableau 5).

(19)

Tableau 5 : Distribution des alcoolémies mesurées des conducteurs impliqués selon le sexe (2016-2017) (avec et sans prise de sang)

 Sexe

Taux d'alcoolémie TOTAL Masculin Féminin

TOTAL 19828 100% 100% 17097 86,2% 100% 2731 13,8% 100% 0 g/l 7902 100% 39,9% 6448 81,6% 37,7% --- 1454 18,4% 53,2% +++ 0.01 - 0.19 g/l 415 100% 2,1% 344 82,9% 2,0% -- 71 17,1% 2,6% ++ 0.2 - 0.49 g/l 788 100% 4,0% 689 87,4% 4,0% 99 12,6% 3,6% 0.5 - 0.79 g/l 1215 100% 6,1% 1074 88,4% 6,3% ++ 141 11,6% 5,2% -- 0.8 - 1.19 g/l 1971 100% 9,9% 1757 89,1% 10,3% +++ 214 10,9% 7,8% --- 1.2 - 1.99 g/l 4543 100% 22,9% 4073 89,7% 23,8% +++ 470 10,3% 17,2% --- 2 g/l et plus 2994 100% 15,1% 2712 90,6% 15,9% +++ 282 9,4% 10,3% ---

Parmi les faibles alcoolisations que l’on retrouve dans toutes les tranches d’âge, les très jeunes conducteurs ainsi que les conducteurs de 60 ans et au-delà sont proportionnellement plus souvent représentés que les autres conducteurs (Tableau 6). L’alcoolisation illégale est de plus, en chiffres absolus, très massivement présente au-delà de 20 ans et avec des niveaux d’alcoolisation plus élevés qu’au-dessous de 20 ans.

Tableau 6 : Distribution des alcoolémies mesurées selon l’âge des conducteurs impliqués (BAAC 2016-2017) (avec et sans prise de sang)

 Classes d'âge (7) Taux d'alcool Moins de 18 ans de 18 à 19

ans de 20 à 24 ans de 25 à 29 ans de 30 à 39 ans de 40 à 59 ans 60 ans et plus TOTAL 19828 100% 100% 381 1,9% 100% 811 4,1% 100% 3257 16,4% 100% 2933 14,8% 100% 4369 22,0% 100% 5862 29,6% 100% 2215 11,2% 100% 0 g/l 7902 100% 39,9% 291 3,7% 76,4% +++ 391 4,9% 48,2% +++ 1218 15,4% 37,4% --- 992 12,6% 33,8% --- 1443 18,3% 33,0% --- 2268 28,7% 38,7% -- 1299 16,4% 58,6% +++ 0.01 - 0.19 g/l 415 100% 2,1% 16 3,9% 4,2% +++ 24 5,8% 3,0% + 68 16,4% 2,1% 48 11,6% 1,6% - 54 13,0% 1,2% --- 113 27,2% 1,9% 92 22,2% 4,2% +++ 0.2 - 0.49 g/l 788 100% 4,0% 13 1,6% 3,4% 42 5,3% 5,2% + 136 17,3% 4,2% 109 13,8% 3,7% 161 20,4% 3,7% 217 27,5% 3,7% 110 14,0% 5,0% ++ 0.5 - 0.79 g/l 1215 100% 6,1% 11 0,9% 2,9% --- 58 4,8% 7,2% 244 20,1% 7,5% +++ 221 18,2% 7,5% +++ 242 19,9% 5,5% - 327 26,9% 5,6% -- 112 9,2% 5,1% -- 0.8 - 1.19 g/l 1971 100% 9,9% 17 0,9% 4,5% --- 92 4,7% 11,3% 449 22,8% 13,8% +++ 343 17,4% 11,7% +++ 431 21,9% 9,9% 488 24,8% 8,3% --- 151 7,7% 6,8% --- 1.2 - 1.99 g/l 4543 100% 22,9% 30 0,7% 7,9% --- 165 3,6% 20,3% - 822 18,1% 25,2% +++ 816 18,0% 27,8% +++ 1179 26,0% 27,0% +++ 1253 27,6% 21,4% --- 278 6,1% 12,6% --- 2 g/l et plus 2994 100% 15,1% 3 0,1% 0,8% --- 39 1,3% 4,8% --- 320 10,7% 9,8% --- 404 13,5% 13,8% -- 859 28,7% 19,7% +++ 1196 39,9% 20,4% +++ 173 5,8% 7,8% ---

La combinaison des variables âge et sexe montre clairement la surreprésentation des hommes de plus de 20 ans dans le phénomène d’alcoolisation lors des accidents de la circulation. Pratiquement aucune conductrice de moins de 20 ans impliquée dans un accident n’a été sous influence de l’alcool et ce quel que soit le niveau d’alcoolémie. Les faibles alcoolisations sont plutôt surreprésentées chez la conductrice de plus de 30 ans. Alors que l’on retrouve ce phénomène chez le conducteur masculin de moins de 20 ans (Figure 3).

(20)

Figure 3 : Distribution du taux d’alcoolémie selon le sexe et l’âge du conducteur impliqué (2016-2017) (avec et sans prise de sang)

Un tiers des conducteurs contrôlés avec une alcoolémie inférieure à 0,2 g/l sont impliqués dans un accident mortel. Parmi eux, 20 conducteurs étaient en permis probatoire (Figure 4).

Figure 4 : Distribution des alcoolémies des conducteurs impliqués selon la gravité de l’accident (2016-2017) (avec et sans prise de sang)

Figure 5 : Distribution des alcoolémies des conducteurs selon leur type de véhicule (2016-2017) (avec et sans prise de sang)

% par niv eau d'alcoolémie Sexe et Age Taux d'alcoolémie 0 g/l 0.01 - 0.19 g/l 0.2 - 0.49 g/l 0.5 - 0.79 g/l 0.8 - 1.19 g/l 1.2 - 1.99 g/l 2 g/l et plus 0 67 10 20 30 40 50 60 Masculin/Moins de 20 ans Masculin/20-29 ans

Masculin/30 ans et plus

Féminin/Moins de 20 ans

Féminin/20-29 ans

Féminin/30 ans et plus

% V Accident mortel Taux d'alcoolémie 0 g/l 0.01 - 0.19 g/l 0.2 - 0.49 g/l 0.5 - 0.79 g/l 0.8 - 1.19 g/l 1.2 - 1.99 g/l 2 g/l et plus 0 89 10 20 30 40 50 60 70 80

Mortel Non mortel

% H Type de véhicule Taux d'alcoolémie 0 g/l 0.01 - 0.19 g/l 0.2 - 0.49 g/l 0.5 - 0.79 g/l 0.8 - 1.19 g/l 1.2 - 1.99 g/l 2 g/l et plus 0 73 10 20 30 40 50 60 Bicy clette 2 Roues à moteur VL VU PL, autocar

(21)

La Figure 5 montre clairement l’implication des conducteurs des deux-roues à moteur faiblement alcoolisés, avec moins de 0,2 g/l (131 soit 31,6 %). Parmi eux, 32 étaient en permis probatoire, 30 ont été tués et 87 hospitalisés.

Figure 6 : Distribution des alcoolémies des conducteurs impliqués selon le type de jour et la luminosité (2016-2017) (avec et sans prise de sang)

On trouve une surreprésentation des conducteurs contrôlés faiblement alcoolisés impliqués dans un accident de jour. Croisé avec le type de jour, on constate que 40 % des conducteurs alcoolisés en dessous de 0,2 g/l sont accidentés de jour en semaine et 30 % au taux juste supérieur (Figure 6).

Figure 7 : Distribution des alcoolémies des conducteurs impliqués selon le lieu (2016-2017) (avec et sans prise de sang)

Tous niveaux d’alcoolisation confondus, pratiquement les deux tiers des conducteurs sont accidentés hors intersection. L’on remarquera que cette proportion est similaire pour les conducteurs impliqués avec des alcoolémies comprises entre 0,01 et 0,19 g/l : hors agglomération (66 %) qu’en agglomération (34 %) alors que pour les conducteurs impliqués avec des alcoolémies comprises entre 0,2 à 0,49 g/l, cette proportion est identique en et hors agglo (Figure 7).

En résumé sur les BAAC :

Aucune enquête récente effectuée sur route ne permet aujourd’hui d’estimer la part des conducteurs français circulant avec une alcoolémie comprise entre 0,01 g/l et 0,49 g/l et ayant eu un accident. En

% H

Type de jour et Luminosité

Taux d'alcoolémie 0 g/l 0.01 - 0.19 g/l 0.2 - 0.49 g/l 0.5 - 0.79 g/l 0.8 - 1.19 g/l 1.2 - 1.99 g/l 2 g/l et plus 0 50 5 10 15 20 25 30 35 40 45

Jour/Semaine Jour/Week-end Nuit/Semaine Nuit/Week-end

% H En ou hors agglomération Taux d'alcoolémie 0 g/l 0.01 - 0.19 g/l 0.2 - 0.49 g/l 0.5 - 0.79 g/l 0.8 - 1.19 g/l 1.2 - 1.99 g/l 2 g/l et plus 0 66 10 20 30 40 50 60

(22)

effet, le report du recueil effectué par les forces de l’ordre à la suite d’un accident corporel n’est pas exhaustif pour les faibles alcoolisations. L’obligation de report ne s’adresse qu’aux conducteurs de transport en commun et aux conducteurs sous permis probatoire et pour un niveau de 0,2 g/l à 0,49 g/l. Cette obligation ne s’adresse à aucun conducteur pour un niveau de 0,1 à 0,19 g/l d’alcool dans le sang. À moins de n’analyser que les seules données d’alcoolémies provenant des prises de sang directes, les données existantes concernant les faibles alcoolisations dans les accidents ne reflètent a priori que les pratiques de recueil des forces de l’ordre.

Les résultats présentés avec précaution dans ce chapitre permettent cependant de retenir certaines caractéristiques des conducteurs concernés par les faibles consommations d’alcool et la nature de leur accident.

7. Les procès-verbaux d’accidents

Le procès-verbal est la conclusion d’une enquête réalisée sur le terrain par les forces de l’ordre. Il décrit les circonstances de l’accident à travers les constatations de ces autorités, les dépositions, les déclarations des témoins, les croquis et, le cas échéant, les photographies. Dans le cadre de la conduite en état alcoolique, plusieurs documents, les fiches A, B et C (voir annexe), remplis respectivement par les forces de l’ordre, les médecins et les biologistes, indiquent les résultats des tests, mesures ou examens effectués.

Les procès-verbaux permettent ainsi d’obtenir certaines informations sur le déroulé de l’accident mais également sur les comportements des conducteurs impliqués, comportements qui ont précédé l’accident (parfois même sur leur consommation d’alcool avec une certaine temporalité de celle-ci). Y figurent l’heure de l’accident et l’heure de la mesure d’alcool, ce qui permet d’extrapoler ou du moins de faire des hypothèses concernant le lien entre accident et phase montante ou descendante de l’alcool. En cas de mesure par éthylomètre, parfois deux mesures d’alcoolémie séparées de quelques dizaines de minutes permettent de préciser ces hypothèses.

Dans le cadre de ce travail, les alcoolémies étudiées sont de nature légale pour une grande partie des impliqués car seuls les conducteurs novices et ceux de transport en commun sont soumis à un taux de 0,2 g/l.

Fiche A

L’article R17 (Décret N° 71-819 du 1er octobre 1971) « L’officier ou agent de la police administrative ou

judiciaire appelé à constater l’infraction ou l’accident de la circulation procède, dans le plus court délai possible après celui-ci, sur les personnes mentionnées à l’article L88 du présent code, à un examen de comportement dont le résultat est consigné sur une fiche d’examen de comportement (Fiche A) » La fiche A est un formulaire rempli par les forces de l’ordre. L’état physique et psychologique de l’automobiliste y sont consignés sommairement. Le lieu ainsi que l’heure de cet examen figurent sur la fiche précisant ainsi le délai entre l’examen et l’heure de l’accident mais aussi l’endroit ou l’examen a été réalisé. L’intégrité physique de la personne examinée y est décrite et l’aspect général est également précisé. On peut avoir une idée de la corpulence de la personne à défaut d’avoir son poids exact.

Fiches B et C

L'examen clinique est effectué par un médecin requis par l'officier ou l'agent de police judiciaire qui constate l'accident. L'examen médical et la prise de sang doivent être effectués dans un délai de moins de six heures après l'accident. Les résultats de ces examens doivent figurer sur les fiches B et C. Le procès-verbal d’accident est également constitué du recueil des auditions des parties en causes, mais également de celles d’éventuels témoins. Dans certains cas, les déclarations des impliqués permettent d’avoir des informations sur leur consommation d’alcool avant l’accident, dont l’heure des consommations et la nature des boissons alcoolisées. Ce sont autant d’élément qui permettront d’aider à la reconstitution des différentes phases d’alcoolisation du conducteur accidenté.

(23)

Un travail d’analyse sur des procès-verbaux comportant au moins un conducteur faiblement alcoolisé parmi les impliqués est en cours. Le critère de sélection se fait sur un résultat d’alcoolémie inférieur à 0,5 g d’alcool par litre de sang. L’analyse des PV devrait permettre de préciser si ce taux était inférieur au taux légal au moment de l’accident, en tenant compte des délais entre la survenue de la collision et la mesure de l’alcoolémie.

La recherche va porter sur un ensemble de PV à notre disposition. Ce travail exploratoire devrait permettre d’émettre des hypothèses sur la base de dysfonctionnements de la conduite, observés dans les accidents, par des conducteurs faiblement alcoolisés.

(24)
(25)

PARTIE

2.

A

VANCEE DU TRAVAIL SUR LES

EDA

1. Présentation des Études Détaillées d’Accidents (EDA)

L’objectif des Études Détaillées des Accidents (EDA) est l'analyse des processus de dysfonctionnement du système routier et la détermination des causes et des conséquences des accidents, à partir de recueils de données sur la scène de leur survenue. Les EDA sont méthodologiquement parlant assimilables à de « l’accidentologie clinique ». Elles sont complémentaires des analyses statistiques et épidémiologiques. Les EDA reposent sur un recueil de données détaillées « en temps réel » effectué par deux enquêteurs qualifiés : un psychologue et un technicien. Les enquêteurs élaborent, à partir de l'ensemble des éléments recueillis et des échanges avec les chercheurs, un dossier d'analyse accident contenant plusieurs centaines d'informations articulées. Le dossier inclut une synthèse pluridisciplinaire de l'accident qui décrit, selon un protocole défini, son déroulement et explique sa survenue.

2. La démarche scientifique EDA

La démarche EDA se distingue de la démarche traditionnelle d’identification des facteurs accidentogènes en privilégiant l’approche systémique de la circulation routière dont les composants de base sont : l’usager, l’environnement et le véhicule. L’analyse d’un accident repose alors sur l’étude des interactions entre ces composants du système dans l’objectif d’expliquer l’origine des dysfonctionnements ayant produit l’accident. Le recueil de données sur les lieux d’accident est organisé autour des trois éléments du système : Homme-Véhicule-Environnement (Figure 8).

Figure 8 : Système élémentaire Homme-Véhicule-Environnement

Ce premier recueil de données se poursuit quelques jours après l’accident par une phase de recueil complémentaire. L’ensemble des données ainsi récoltées permettra la réalisation d’une analyse descriptive du mécanisme accidentel phase par phase (« l’analyse séquentielle de l’accident », Figure 9). Enfin, le plan et la reconstitution cinématique du déroulement de l’accident sont tracés dans un volume de temps et d’espace permettant in fine la validation du scénario de l’accident (Figure 10). Les bilans lésionnels des victimes sont également classifiés selon le codage AIS (Abbreviated Injury Scale), ils permettent la description et l’évaluation du degré de gravité des lésions traumatiques.

(26)

Figure 9 : Modèle d’analyse séquentielle de l’accident

Figure 10 : Exemple de plan

Depuis 1992, le programme des Études des cas Détaillés d’Accident (EDA) a permis l’analyse fine de 1263 cas d’accident donnant lieu au recueil de plus de 300 données codées et répertoriées par accident. Les données concernent le conducteur et le véhicule, l’infrastructure et l’environnement (Modèle Homme-Environnement-Véhicule mentionné ci-dessus). Ces données sont saisies et sauvegardées dans une base de données informatique RESEDA (Réseau intranet pour l’Étude Détaillée d’Accidents). En apportant le maximum de données relatives au triptyque « Conducteur / Véhicule / Environnement » les Études Détaillées d’Accident, s’attachent ainsi à considérer l’ensemble de ces données pour décrire le déroulement en phase du scénario accidentel et par-delà, extraire les facteurs de risque d’accident et en jauger leurs rôles dans la construction de l’accident.

Ainsi, concernant les facteurs à risque d’accident, les Etudes Détaillées d’Accident ont montré qu’il n’y a pas de structures homogènes qui pourraient automatiser la classification des facteurs accidentogènes

Figure

Figure 1 : Organigramme de la recherche de l'alcool au cours d’un accident corporel de la circulation
Figure 2 : Filières composites des résultats d’alcoolémie
Tableau 2 : Distribution des alcoolémies mesurées des conducteurs impliqués en fonction de la  gravité (Fichiers BAAC : 2016-2017) (avec et sans prise de sang)  
Tableau 4 : Distribution des alcoolémies des conducteurs impliqués selon leur ancienneté de  permis (2016-2017) (avec et sans prise de sang)
+7

Références

Documents relatifs

MOLDOVA - Université de médecine et de pharmacie « Nicolae Testemiteanu » ROUMANIE - Université des Sciences Agricoles et Médecine Vétérinaire de Cluj-Napoca. GEORGIE

La réponse a été apportée un an après (1), et elle est résumée ici : 4 familles de stupéfiants doivent être recherchées (cannabinoïdes, amphétamines, cocaïne et opiacés),

Suite à la concertation de l’ensemble des acteurs lors d’une réunion technique le 8 juin dernier et à la consultation du conseil départemental de l’eau, ce lundi 15 juin,

[r]

Autrement dit, notre souci, par le biais de ces deux textes donc deux discours de deux écrivains, tous deux natifs d’Oran ; tous deux ressentant une appartenance à ce

Considérant que, statuant sur les pourvois formés par les sociétés Les Grands Moulins Storion, Les Grands Moulins de Paris, Les Grands Moulins de Strasbourg, Les Grands Moulins

Reneault montrent que la société Simat a participé à une réunion des négociants en produits en béton qui s'est déroulée à Millau le 24 juillet 1991, à laquelle étaient

Vu la lettre en date du 5 août 1991 , enregistrée sous le numéro F 431 , par laquelle le ministre d'Etat , ministre de l'économie , des finances et du budget , a saisi le Conseil de