FICTION OU
REPORT
AGE
LES RACINES DU SUCRE· ÇA VA SUCRER
Brigitte BOURRELIER
Centre National de Documentation Pédagogique, Paris
MOTS-CLÉS: FILM - SCÉNARIO- FICTION - REPORTAGE
RÉSUMÉ : Nous commencerons par donner le contenu des 2 films qui ont été présentés, nous expliciterons ensuite les raisons du choix qui a été fait quant au mode de traitement audio-visuel de chacun d'entre eux. Nous donnerons enfin un aperçu des réactions de ceux des participants aux journées qui ont vu les deux films.
SUMMARY : We shall begin in giving the ideas contained in each of the two rnovies, we shaH then explain the reasons of the choice we made conceming the visual way of telling each story. At the end, we shaH tell the reactions of the people who looked at these rnovies.
A. GIORDAN, J.-L. MARTINAND et D. RAICHVARG, Actes JIES XV, 1993
1. LES CONTENUS
1.1. Les racines du sucre Production; 1989
Auteur: Brigitte Bourrelier Réalisateur; Philippe Gibson Durée:14minutes
Niveau: Collèges-lycées
Discipline: Sciences et technologie
Contenu; Ce documentaire classique, tourné pendant la campagne sucrière dans la région de Sézanne, présente toutes les étapes de l'extraction du sucre, depuis l'arrachage des betteraves sucrières jusqu'au conditionnement du sucre prêt à être commercialisé.
1.2. ça va sucrer ! Production: 1989 Auteur: Brigitte Bourrelier Réalisateur; Philippe Gibson Durée; 17minutes
Niveau: École élémentaire-CM Discipline: Sciences et technologie
Contenu; Trois malfrats de pacotille: le chef, la vamp et l'homme de main guettent, au bord d'une route déserte, le fourgon postal qu'ils se proposent de dévaliser. Le fourgon n'arrive pas, le chef s'impatiente: un café serait le bienvenu pour tromper l'attente... las! ... son acolyte a oublié le sucre, le café est imbuvable... Manquer de sucre lorsqu'on est entouré d'immenses champs de betteraves sucrières... quelle dérision! Encore faudrait-il savoir que le sucre, le saccharose plus exactement, est extrait de la betterave, et cela, le chef des gangsters l'ignore etilne veut pas y croire, malgré les affirmations de l'homme de main et les explications de la vamp. Intrigué par cette énigme,ilen oublie le hold-up qui est néanmoins réalisé hors champ par l'homme de main qui lui remet la mallette remplie de 30 millions de francs.
Décidéàen avoirlecoeur net, le chef accepte la proposition de la vamp: il n'y a qu'à suivre jusqu'à leur destination les camions chargés de ces betteraves qui sont récoltées sous leurs yeux. Arrivés à l'usine, ils y rencontrent par hasard le frère de l'homme de main, directeur de l'usine. Les voilà entraînés à sa suite dans une visite express de la sucrerie. En leur compagnie, nous suivons les différentes étapes du traitement des betteraves. Pesée, lavage, diffusion, épuration, concentration, cristallisation, essorage, c'est ainsi que l'on passe de la betterave sucrière qui entre, au sucre cristallisé qui sort.
Le chef, ébloui par la découverte de cette industrie qu'il suppose rémunératrice propose incontinent au Directeur de lui acheter cash son usine avec le montant du hold-up.Le directeur, après s'être fait raisonnablement prier accepte. Il s'éloigne rapidement, tandis qu'apparaît, rien moins
qu'aimable, le véritable directeur de l'usine. C'en est trop tle chef s'effondre.. un peu de sucre, reconstituant naturel, serait bienvenu pour le réconforter.
2. LES RAISONS DU CHOIX DE LA MISE EN FORME
2.1. Ces deux films traitent donc le même sujet avec une mise en forme audiovisuelle différente pour tenir compte des publics auxquels ils s'adressent.
DansÇa va sucrer,on a cherché à limiter le contenu d'information à ce que devraient retenir les élèves destinataires:
- faire comprendre que le sucre est un produit naturel synthétisé par la plante et qu'il suffit de l'en extraire ;
- montrer la complexité d'un processus industriel, même s'il est fondé sur un principe simple.- on a voulu retenir leur attention en présentant le sujet sous la forme d'une fiction qui l'apparenteàun film policier. La fiction ne doit toutefois pas avoir la suprématie sur le contenu, aussi est-elle délibérément assez mince.
Le filmLes racines du sucre a été conçuàla demande du syndicat des sucriers pour le public des collèges et le grand public. Ce syndicat interloqué par "l'audace"(!)de la mise en forme de l'autre document, a insisté pour que celui-ci soit parfaitement traditionnel, entièrement consacré à la délivrance d'un contenu biologique et technique.
2.2. L'accueil des élèves
Nous avons assistéàla réception en classe de la fiction par des élèves de CM2. Ils ont apprécié l'histoire qu'ils ont parfaitement mémorisée. Interrogés lOut de suite après la réception, ils avaient également bien retenu les idées essentielles et le processus décrit dans le film. Il est certain qu'il ne faut pas se contenter de celte mémoire instantanée qui ne subsiste que si le maître exploite ensuite le film par un travail en classe. Quant au document traditionnel, nous n'avons pas pu avoir de retour d'information autre que celui de ses commanditaires qui ont été satisfait du produit et l'utilisent.
3. LA DISCUSSION
Les collègues qui ont vu les deux films ont été unanimes: le reportage traditionnel est assez ennuyeux, la forme originale de la fiction est toutà fait séduisante. Pourquoi ne fait-on pas toujours des documents dans ce genre?
La réponse est simple : si les enfants destinataires de ces films les accueillent très bien, les adultes par contre ne partagent pas leur enthousiasme. En un mot, ceux de nos collègues, utilisateurs de nos films dans leur classe, qui acceptent ce mode de traitement ludique de sujets "sérieux" ne sont
pas légion. Or c'est pour eux, au premier chef, que nous travaillons. Un document classique, qui ne "détonne" pas, les rassure, l'autre leur paraît désinvolte. Ce sont eux qu'il faut réussirà convaincre.