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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Éléments pour une initiation technologique à l'école maternelle

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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ÉLÉMENTS POUR UNE INITIATION TECHNOLOGIQUE

À

L'ÉCOLE MATERNELLE

Pierre-Henri SÉNÉSI

C.I.R.A.D.E. (Université de Provence), LU.F.M. de Nice

MOTSCLÉS: DIDAcnQUE TECHNOLOOIE ÉCOLE MATERNELLE TECHNOLOOY -PRE-SCHOOL

RÉSUMÉ: Bien que potentiellement présente dans les instructions officielles pour la maternelle, la Technologie n'y est pas enseignée en tant que telle. La recherche montre des apports possibles de sa pratique pour de jeunes élèves: leurs connaissances techniques progressent, notamment sur les notions de matériau et d'usinage; leur lecture des objets s'enrichit d'une analyse de leur structure; leur attitude vis-à-vis de la technique devient plus active dans la mesure où ils se projettent en tant que producteurs dans les objets qui leur sont présentés.

SUMMARY : French nursery school is a real school, withrealteachers, for children from 2 1/210

6. The curriculum inc1udes activities which can he teehnological. The purpose of this research is10

show that progress is possible in the knowledge of materials and shaping. Pupils becomebetterable to analyse objects' structures. Their attitude towanl the teehnical world has changed from a user's10a producer's.

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1. INTRODUCTION 1.1 Le cadre institutionnel

L'école maternelle française, spécificité mondiale, est une véritable école, avec de vrais enseignants, et son fonctionnement est régi par des instructions officielles, qui ne sont pas rédigées en référence explicite aux disciplines universitaires de référence. LU' enseignement des mathématiques" n'y est pas plus évoqué que celui du français ou de la technologie. Elles prévoient néanmoins des activités que le didacticien de la technologie s'appropriera sans difficultés.

1.2 Le cadre humain

La

technologie n'apparaît aux programmes de l'école primaire que depuis 1985,etentre actuellement dans le champ plus global de .. Sciences et Technologie" au cycle

m.

Le rapport de Raymond et

Vignaud (I.N.R.P., 1986) a montré, à partir de cursus majoritairement littéraires, combien les maîtres du primaire se sentaient peu aptes à l'enseigner. Il leur manque des bases techniques donc des bases didactiques pour envisager les apprentissages en termes de concepts et d'attitudes. D'après Monsieur l'Inspecteur Général Bérard (1998), seuls 10 % d'entre eux enseigneraient actuellement les " sciences" (incluant, dans le contexte, la technologie), dont la moitié seulement de façon satisfaisante.

1.3 Le cadre technique et technologique

La

notion d'objet technique envisagée ici n'est pas superposable avec celle d' " objet réservé au technicien". Elle englobe également les objets de la vie courante dès lors qu'ils sont le résultat d'un projet de production qui met en œuvre des technicités. Elle inclut même le porc d'élevage industriel contemporain, qui est devenu incapable de se mouvoir tant sa morphologie s'est éloignée de celle de ses ancêtres sauvages et qui est le fruit de la technicité quotidienne d'un" producteur" de porcs. Son récent aïeul était doté, voici quelques décennies, de 13 à 14 paires de côtes. Lui en possède aujourd'hui 18 à 20 paires, afin de répondre à une importante demande de côtelettes et de filet dans les circuits de distribution. Plus généralement un rapide dénombrement des objets techniques présents autour de nous, comparé à celui des éléments naturels qui pourraient éventuellement s'y trouver oubliés ou exposés est significatif. Notre monde est technique, et une éducation qui ne le prendrait pas en compte ne saurait être complète.

1.4 Des concepts

et

des attitudes

La

technologie, au-delà des travaux manuels instaurés, en d'autres temps, pour former " l'armée industrielle" (Salicis, 1993), peut être une voie pour construire une rationalité par confrontation avec la réalité. Elle doit aussi, pour être pleinement éducative, aider à dépasser le " statut de minorité" pointé parG. Simondon (1958 et 1989); l'enfant utilisateur de l'objet doit se conformer à sa logique d'usage, acceptant ainsi un rapport d'infériorité qu'il va intégrer comme constituant de sa relation au monde.

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Un ordinateur, un moulin à légumes, un téléphone portable sont ce qu'il doivent être, au regard des projets de conception et de réalisation qui sont à leur origine. Une montagne,àl'opposé, est dans sa majeure partie le produit de processus naturels aléatoires. Seule une formation technologique pennet de saisir à fond cette différence d'origine, et seuls des enseignants de la maternelle formés pour cela peuvent lapermettre àl'âge où l'enfant construit ses modèles du monde.

Le propos du travail est à la fois d'explorer la façon dont les enfants perçoivent le monde de la technique, de pointer des concepts abordables dès la maternelle, et d'évaluer l'évolution possible de l'attitude des sujets vis-à-vis du monde des objets créés par l'homme.

2. PROBLÉMATIQUE

Le travail recherche quelle est la part de la technique dans la perception qu'ont des enfants de la maternelle des objets techniques. La recherche interroge également la construction de concepts, l'acquisition de connaissances proprement technologiques et le développement d'attitudes techniciennes chez des élèves de 3 à 6 ans à la suite d'une phase de production.

3. HYPOTHÈSES

• Les jeunes enfants ont des conceptions inadéquates du fait technique.

• Des apprentissages actuellement considérés comme impossibles sont en fait possibles et peuvent pennettre de travailler ces conceptions.

• Des concepts fondamentaux de la technique et de la technologie peuvent être mis en pIace dès l'école maternelle.

• La pratique d'activités technologiques ouvre la voieàune modification du regard porté sur les artefacts, et donne aux élèves un recul (une capacité de .. logos") sur les produits de la technique, leur permettant notamment de saisir que l'objet technique vient en réponseàun projet

• La maîtrise de savoir-faire et la construction de concepts nouveaux pennettent une évolution de l'attitude du sujet, qui passe alors de la position de consommateur-utilisateuràcelle de producteur d'objets.

4. MÉTHODOLOGIE 4.1 Population

L'échantillon est constitué de 21 élèves des trois niveaux de la maternelle, issus de deux classes d'une école rurale. Ils n'avaient jamais fait de technologie avant ce travail.

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allumette bouchon crayon

bouchon TOUPIES PRE SENTEES tourillon

contre-plaqué 4.2 Dispositif expérimental

Lors de deux entretiens

à

quelques mois d'écart les sujets sont interrogés en binômes constitués (par les enseignantes) pour couvrir l'éventail des niveaux scolaires. Des objets simples leur sont

successivement présentés et ils sont invités

àprendre la parole sur chacun. Entre ces deux entretiens,

une phase de fabrication leur a permis de produire au moins trois objets et d'agir sur des matériaux. Matériel du

premier

entretien : du bois brut, du

bois ouvré et du contreplaqué en baguettes et en plaque, divers objets en bois dont des toupies, d'autres toupies partiellement en bois. (voir figure)

Matériel du

2"

entretien : des échantillons et des objets en bois massif, contreplaqué. polystyrènè expansé et extrudé, carte métallisée et en matière plastique.

Parmi ces objets cenains sont peints de façon plus ou moins opaque et ne laissent pas voir leur composition..

Fabricatjon : Tous les sujets ont fabriqué une toupie et un aimant de frigo (" magnet "). Ceux de la classe 1 (PS, MS et GS) ont également découpé une figurine en contreplaqué (voir figure 2) et recyclé du papier. Ceux de la classe 2 (GS) ont également dessiné puis réalisé un wagon de train chacun,à panir d'un morceau de bois qu'iis ont débité, en y ajoutant une charge, des passagers, des roues et un système d'accrochage. Ils ont égalementassernblé un autre objet de leur choix avec l'enseignante à panir de pièces de bois collées sans usinage, sans projet dessiné.

Tous les sujets ont travaillé le contreplaqué, le bois massif, le polystyrène extrudé; quelques uns ont travaillé du papier, du canon, du plastique épais ou de la tôle (couvercles percés pour la toupie). Tous ont coupé avec une scie électro-magnétique, avec un filicoupeur ou"fil chaud", collé, et percé avec

un clou. 1

0

i

Tous ont taillé du bois avec un taille-crayon (pointe de la

Ë'l

il

toupie), collé un aimant avec de l'adhésif double face et

b

quelques-uns ont broyé du papier trempé avec un mixeur toupie polystyrène de 1

• C m.gne' 1

puis moulé une feuille de papier avec cette pate. eux de la classe 2 ont vu l'expérimentateur percer et ont vissé quatre

roues avec un tournevis cruciforme POi.idriv na 2. Excepté

1'8:

pour l'objet libre de la classe 2 (objet collé à partir ' ,1

d'éléments donnés), le travail s'est fait hors de la classe et exemple de bue du _gon

de la présence des enseignantes. flgu,ine

EXEIo4PlES DE FABRICATIONS 4.3 Traitement des données

Les entretiens ont été enregistrés en vidéo, les paroles et actions ont été transcrites, une analyse de variance et des tests de Khi2 ont été faits.Lagrilledecodage repose sur la trame suivante:

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• désignation: par le nom usuel, la fonction d'usage, une caractéristique géoménique, un aspect symbolique lié au décor ou par des propriétés imaginaires des objets ;

• considérations sur tailles et couleurs (sauf celles référant au matériau) ; • analyse de la structure des objets (pas des matériaux) ;

• suppositions sur l'origine des objets: achat, fabrication humaine, fabrication personnelle envisagée (corroborée par la capacité réaliste du sujet à décrire la fabrication de l'objet) ;

• connaissance du-des matériaux composant les objets: nom, classement, méthodes d'identification, origine, usages possibles;

• explication du mode de fabrication, notanunent par usinage et assemblage (l'assemblage n'est pas présenté dans cet article).

Pour tenir compte du nombre d'objets différents entre les deux entretiens dans l'analysedevariance une pondération des résultats en fonction du nombre maximal de réponses possibles par item a été faite: par exemple quand 9 noms peuvent être données au premier entretien et 14 au deuxième, les scores sont respectivement rapponés à 9 et à 14.

5. RÉSULTATS

Un enrichissement cognitif est constaté après la phase de production:

• Ladésignation des objets par leurs caractéristiques fonctionnelles baisse (p=O.02). Des travaux précédents (Sénési,94)ont montré la trivialité de cene désignation fonctionnelle à la maternelle. • Àl'opposé, les considérations (peninentes) relatives

à

la structure des objets présentés augmentent significativement (p<.OI), ainsi que celles à caractère dimensionnel (p=.03) qui concernent la distinction entre diamètres et entre épaisseurs proches.

• L'origine des objets n'était d'abord pas envisagée, sinon comme commerciale ou magique. Après fabrication, l'objet est mieux perçu comme le produit d'une activité humaine.

• Le discours sur la fabrication se généralise (évolution àp=.Ol sur l'usinage)etle réalisme avec lequel les phases de fabrication sont décrites augmente sensiblement

6. CONCLUSIONS

Après un temps de pratique inférieur à trois heures, des progrès significatifs apparaissent dans des champs fondamentaux de la technologie (concept de matériau et connaissance de cenains d'eux, perception de la structure des objets, évocation de leurs techniques de fabrication).

L'anitude des sujets face à la production a évolué : ils se considèrent finalement

comme

des produc-teurs potentiels d'objets et se projettent aisément et de façon réaliste dans l'activité indusuieuse.

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Compte tenu de la modicité des moyens mis en œuvre,ilest donc pennis de supposer que la pratique d'activités similaires dans des classes pourrait donner des résultats. Une fonnation des enseignants qui leur pennette de choisir leurs propres projets en fonction d'objectifs explicites serait néanmoins nécessaire.

BIBLIOGRAPHIE

BÉRARD J.-M., Pour mettre la main

à

la pâte,Bulletin de l'Union des Physiciens, 1998, 806,

1223-1227

LEBEAUMEJ., Cent ans de travaux manuels pour l'école élémentaire, aspects didactiques, Thèse de doctorat de 3° cycle, Paris 11, 1993.

RAYMOND J., VIGNAUD J.-M.,Activités manuelles et physico-technologiques dans le premier degré,I.N.R.P. 1986, Collection rappons de recherche.

SÉNÉSI P.-H., AAA, BB, C ... et si on alphabétisait aussi en technologie: la fonction technique à la maternelle inActes desXV/ojournées sur l'éducation scientifique et technique,A. Giordan, J.-L. Maninand et D. Raichvarg, Université Paris Il, 1994.

Références

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