CHA~\ItNES-
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DE
PAIAD~ll
ET LE PROgLEME
DES CITES
l.ACU)(RES
synthèse par M. LETOURNEAU 1 P. RANCHOUP
Depuis plusieurs siècles, les habitants et les
pê-cheurs du bord des lacs suisses avaient remarqué la pré-sence de pieux et d'objets anciens, immergés près des rives et visibles lors des
sé-cheressess. En hiver 1853-54, une baisse exceptionnelle du niveau de tous les lacs attira l'attention des archéologues; c'est F. Keller qui le premier à la fin de 1854, expose la variété des découvertes et des observations faites en particu-lier sur le lac de Zurich. A la lueur de comparaisons ethnographi-ques et parmi les hypothèses envisagées pour expliquer la présence de
ves-,.
tiges immergés, ce savant retint celle de villages instal-lés sur des plates-formes au-dessus de l'eau, les fa-meuses "cités lacustres". Etayée par l'observation de quelques sites seulement, cette explication souleva néanmoins l'adhésion générale, mais l'avenir prouvera que la réalité était différente et plus complexe.
Plus d'un siècle de travaux scientifiques en Suisse, en Italie, en Allemagne et en France ont pro-gressivement éclairé la question : si certains détails prê-tent encore à discussion, plus aucun préhistorien n'ad-met les hypothèses du siècle dernier. Trop de faits ar-chéologiques, de constatations, de fouilles, d'études de l'évolution des climats et des niveaux des lacs sont ve-nus infirmer ce schéma simpliste.
Nous n' envisagerons pas ici le problème géné-ral des palafittes mais seulement quelques données ma-jeures livrées par les fouilles à Charavines et leurs in-terprétations à la lumière des analyses.
UN VILLAGE AU BORD DE l'EAU
;»
A deux reprises, les hommes se sont installés au bord du lac sur la craie lacustre libérée de toute végéta-tion, et la dendroclimatologie montre un léger
assèche-ment du climat quel-ques années avant leur arrivée. Les foyers d'argile sont posés à plat, directement sur le sol et quand celui-ci a été rendu plus mou par
augmenta-tion de l'humidité le poids les faisait s'enfoncer. Les déchets dûs à la
construc/
---:·~~ ti on (branches, copeaux), comme ceux de la vie quo-tidienne (meules, éclats et outils de silex, tessons, os, charbon de bois, graines, etes) ne reposent pas sur des planchers qui auraient dû se conserver comme les autres bois s'ils avaient existés. Les éléments de destruction du premier ha-bitat recouvrent le sol, ce qui n'aurait pas pu se produire s'il y avait eu une quelconque épaisseur d'eau. Le bétail errait autour des maisons, déposant ses délections sur la craie, souvent humide (comme le montre la conserva-tion d'oeufs de parasite) mais non recouverte d'eau. Dans les couches d'habitat elles-mêmes la sédimentolo-gie n'a retrouvé aucun apport d'origine lacustre et si des inondations saisollllières se sont produites elles étaient de faible durée.
Contrairement à d'autres sites français (lacs du Jura, lac d' Annecy) ou suisses, le terrain devait être assez sec et ferme en permanence pour qu'iln'y ait pas eu besoin de construire des "chaussées" en rondin pour faciliter, sur quelques dizaines de mètres, le passage entre le village et l'arrière-pays.
Pour Charavines, la cause est entendue: le vil-lage était construit sur terre ferme, très près du bord et affecté parfois par des débordements temporaires du lac qui ne gênaient pas outre mesure les activités quoti-dielllles. Quand le niveau est remonté de façon quasi permanente, à la fin du deuxième village, les hommes sont partis définitivement sans jamais avoir habité au dessus de l'eau. D M.L.
( Cf Charpente en page de couverture ) ( Source: Extrait p86 de l'ouvrage
aptep-info
N°72 -
Juin1997
Un habitat dont la construction et la durée de vie a subit la "mécanique des fluides" .... !