Rites, cultes e t religions
De la croyance à la pratique funéraire :
rupture ou concordance ?
Deux exemples contrastés africains.
Catherine Baroin (UMR ArScAn - Afrique)
Les deux exem ples d e cultes e t pratiques funéraires retenus sont : les Rwa du Mont Méru (Tanzanie du nord) a v a n t la colonisation, d 'a p rè s les e n q u ê te s et tém oignages recueillis par C. Baroin ; les Mofu-Gudur du N ord-Cam eroun à l'é p o q u e actuelle selon la description publiée par Catherine Jouaux (1995). Un troisième exem ple sera lui aussi brièvement é v o q u é : celui des Koma du Nord-Cameroun décrit p a r Françoise Dumas- C ham pion d a n s le m êm e ouvrage.
L'interrogation ce n trale porte sur le lien c o n c re t que l'on peut observer — ou ne pas observer — entre d e s c ro y an ces (un culte d e s ancêtres) e t d e s pratiques funéraires, ef les fraces qui p e u v e n t en rester pour l'archéologue. Les Rwa d e Tanzanie tém oignent d'une totale disjonction entre les unes e t les autres, tandis q u e les deux exem ples cam erounais au contraire manifestent un lien (qui reste à discuter) e n tre croyances e t pratiques funéraires.
Les Rwa d e Tanzanie
C es agriculteurs bantous, dont l'ethnie s'est constituée vers le milieu du XVIIe, sur les flancs du Mont Méru, o nt é té christianisés à partir du d é b u t d e c e siècle. Auparavant, ils pratiquaient in culte d e s ancêtres à trois niveaux (celui d e l'ethnie, celui du clan patriiinéaire et celui d e la famille) sans lien a v e c leurs coutum es funéraires : les vieillards ou les morts é ta ien t conduits en un lieu éloigné pour y être dévorés p a r les hyènes ou autres animaux sa u v a g e s et ne laissaient donc, matériellement, au cu n e trace. Les cultes eux-m êm es ne laissaient g u ère d e tra c e s non plus, puisqu'il s'agissait essentiellement d e libations au pied d'un arbre ou sur une pierre, ou du sacrifice d'une chèvre ou d'un mouton.
Les Mofu-Gudur du Nord-Cameroun
Le forgeron-fossoyeur est le p e rso n n a g e central des obsèques : il prépare la to m b e (un creux sous la terre à l'orifice très étroit (fig. 1)), désarticule le cadavre, l'enveloppe d e trois e m b a lla g e s d e p e a u x successifs, le porte sur ses épaules, le fait rentrer d e force par le mince orifice d e la to m b e puis y rentre lui- m êm e pour p la c e r le mort en position foetale. Après quelques mois a lieu la fête d e le v é e d e deuil par laquelle le défunt, libérant les vivants d e s obligations du deuil, entre dans le m onde d es morts. C. Jouaux voit dans c e s pratiques une naissance à l'envers, où le mort retourne d 'a b o rd dans un utérus pour une période d e gestation qui le fait renaître chez les morts. Toutefois c ette interprétation, q u e les pratiques sem blent imposer, n'est p a s expressém ent formulée p ar les intéressés.
Des to m b e a u x d e c e type, datan t du Xllle au XVIe siècle, ont é té fouillés dans c e tte région par Olivier Langlois, c e qui inscrit ce s pratiques dans une durée d 'a u moins huit siècles.
Les Koma du Nord-Cameroun
Ces m o n tag n ard s d e s Monts Alantika (frontière Cameroun-Nigéria) visent à récupérer le c râ n e d e leurs morts, laissant to m b er le reste du corps dans une to m b e qui peut être utilisée plusieurs fois. Le c râ n e est recueilli pour faire l'objet d'un culte. Dans c e dernier ca s, la présence d e tom bes sans crânes d'u n e part, e t ailleurs d e crânes sans sq u elette peut sans doute ultérieurement laisser présumer à l'archéologue la p ré s e n c e d'un culte aux a n c être s dont les crânes sont le support (la question reste à d é b a ttre ).
Éléments bibliographiques
Baroin C„ Barreteau D., von Graffenried Ch. (sous la direction de). 1995. Mort e t rites funéraires dans le bassin du la c Tchad. Paris : ORSTOM, 296 p.
Rites, cultes e t religions
Schémas d’une tom be
ocre
argile a p p o r tée par le s term ites argile d e c o n str u c tio n
pierre c c h . 1 / 10