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Le jeu du paratexte : le Second enfer d'Etienne Dolet

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(2)
(3)

Le jeu du paratexte :

Le

Second Enfer

d'Étienne

Dolet

par Nadine Bismuth

Mémoiredemaîtriseprésenté à la Facultédesétudessupérieures etdela recherche

en wedel'obtention dugrade demaîtteèsans

Départementdelangueetlittérature françaises Université McGiII

Montréal

Août1999

(4)

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(5)

Table des matières

Résumé 1Abstracl iv

Remerciements...•...v Introduction. ...•... 1

Première gartie ; D'un Enfer à l'autre ou l'histoire d'un titre Chapitre 1 : Parce gu'un Second Enfer insinue gu1il y en a eu un premier ; connotation et intertitularité

1.1. Un

PremierErtfer

de Dolet? ...•.•.•...•...8

1.2. Connotation et intertitularité 13

Chapitre fi ; La connotation thématique ; ccL'Enfer). de Clément Marot

(Je poèmel

2.1. La finalité édifiante d'un «Enfer» ctolerable .l8 2.2. Une critiquedelajusticeàtraversun «comparanthyperbolique- 21 Chapitre nI ; La connotation cénérigue ; L fEnfer de Clément Marot (le recueil)

3.1. IlesEn./i!rs injonctifs...•...31

3.2. Dolet et les genres marotiques 33

Chapitre IV ;

La

connotation auctoriale : la

('tabase

de Clément Marot comme modèle exemplaire

4.1. La

disposilio

significative du recueil. 39

(6)

Deuxième gartie ;

Les

pièces escortes ou la structure téléolOligpe de l'architecture des éditions ori&iDales du

Second

Enfer

CbaDitre V ;

Les

pièces escortes platoniciennes

5.1. Dolet illustrateur de la langue française.••...•...64

5.2. L'Apologie d'Hipparque.•...•.•....••..••...•.•...•...•...69

5.3. La république heureuse et les moyens d}r parvenir....•...•...•...76

Chapitre VI :

Les

Diètes escortes marotiques

6.1. L'enferdelaterre

post

fJl!CCtll1Jln••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••84

6.2. La descente du Christ aux enfers 89

6.3.Lachrislomimesisou la fonction du modèle 97

Conclusion•...•...•...•...•...•... 1OS Bibliographie...•... 109 Annexes. •.•...••...••••.••••••••••••••••••••••••.••.•.•.•...•.••.••••.•..•.••••.•••••.••••. 118

· Apnexe [ :L'architecture delasectionautographe duSecond Enfer

d'Etienne Dolet•...•...••.•.•...118 · Annexefi :L'architecturedeL'Enfer de Clément Marot....•... 119 .. Annexe

m:

L'architecturede lasection alIographede['édition

lyonnaiseduSecond Enferd'Étienne Dolet 121

· AnnexeN :L'architecturedelasection autograpbedel'édition

troyenne duSecond Enfer d'Étienne Dolet•....•.•...•...122 · Annexe V : Pagesdetitre deL'Enfer {•••

I

deClémentMarot

(Lyon. ÉtienneDol~ 1544)etduSecond Enfer d'Étienne Dolet

(7)

Résumé

Dansce mémoire, l'auteuranalyse certainsélémentsparatextuels des éditions originales du Second Enfer d'Étienne Dolet parnes àLyon et à Troyes en 1544. D'une~eUe étudie le champ connotarif auquel se rapporte l'appareil titulaire e~

d'autre part, les réseaux isotopiques qui parsèment le plaidoyer de l'Orléanais et refontsurface dansles pièces escortes qui lui sont annexées.Àpartirdecette analyse. l'auteur tentededémontrerla fonction essentiellement argumentative du paratexte et elle expliquedequellefaçon le plaidoyer de Dolet, dans son architecture originale, s'apparenteà latraditioninfernale.

Abstract

In this master'spaper. the author analyses sorne paratextual eIements of the original editions ofLe Second EnferbyÉtienne Dolet published in Lyon and Troyes in 1544. On the one han~ she studies the title of the

work.

particuJarly the wide connotation field he alludes to and, on the otherban~ the set of thernes thatIinksthe poeticaldefence ofDalettothe texts tbatareaddedtoilOnthebasis ofthatanaIysis, the author tries to demonstrate theessentially argumentative fonction of the pamtext and she expIains how the Second Enfer, in

ms

original architecture. relates to the infernal tradition•

(8)

Remerciements

Je voudrais d'abord remercier mes parentsdem'avoir encouragée tout au long demes études universitaires.

Je remercie aussi Tata qui m'a gracieusement offert un billet d'avion à destination de Pcuis pour que j'aille compléter des recherches à la Bibliothèque Nationale de France. Je dis également merciàRosette et Alain qui, durant tout le mois d'août 1998, m'ontprêtéleur petit studio du Ile arrondissement

Un gros, un énorme, un géant merci à Diane Desrosiers-Bonin pour le soutien académique et moral qu'eUe m'a accordé durant ces deux années.

Enfin, je tiens à remercier le Fonds F.C..A.R. ainsi que le groupe de recherche GARSE-XVI.

(9)

Introduction

lA!Second Enferd'Étienne Dolet,«quisontcertainescompositions faictes par luyMesmes, sur lajustificationde son seœnd emprisonnement»l, est un recueil de huit épîtres en vers, lesquelles sont parfois suivies d'une épigramme. Six de ces épîtres sont adressées àd'importantes figures du royaume, dont le roi, et deux ont pour destinataires les cours de justice; Dolet cherche également secours auprès de ses amis en leur adressant l'épître liminaire et le morceaufinal constituédetrois dizains octosyllabiques. Dans chacune de ces compositions, Dolet mène sa plaidoirie : il

proclame son innocencerelativementaux accusations qui pèsent surlu~ iljustifie sa récente fuite de l'hôtel de Roanne, prison lyonnaise, et il se plaint de la mauvaise

fortune

qui

s·achame contre

lui.

Les premièreséditionsduSecond Enferparaissent en 1544 et se présentent sous deux formes. Enpremier lieu, l'édition lyonnaise fait suivre les épîtres de pièces

platoniciennes traduitesparDole~ soitdeux dialogues apocryphesetun florilège de maximes. En second lieu, l'édition troyenne fait disparaître les textes attribués à Platon au profit dediverses compositions de Clément MaroL Cestàl'œuvre dece même poète que le titre duplaidoyerde Dolet est emprunté : en effet, en 1526,àla suitedeson premier emprisonnement au Châtelet, Marot avait écrit cL'Enfer», un

1C'estlesous-titrequedoaaeDolet à son plaidoyeretquiapparaît surlespagesdebile deséditiœs originales. Cf.. É. Dol~ LeS«ond Enfer, éd.. par C.. LoDgcoa. Genève, Droz. 1978, p. 6S ou 1'.Annexe V.decemémoire.

(10)

poème allégoriquedefactureépistolairedanslequel ilcritiquaitles traversdelajustice française. Dole~quiavaitproduit une éditiondes ŒuvresdeMarot en 1538, réalise en 1542 la premièreédition française de cL'Enfer», augmentée d'autres textes de

Marot;ilen donne une réédition en 1544,soitquelques moisàpeine avantdepublier son propre recueil qu'il intitule

u

Second Enfer.

Tel qu·ilestéditéen 1544, le plaidoyerdel'Orléanaisest donc suivi d'autres textes,et le titre qui lui est donné renvoieà l'intituléd'une autre œuvrede l'époque. Notremémoireportesur ces paratextes qui accompagnent le plaidoyerdeDole~

c'est-à-dire d'une part le titre et, d'autre part, les pièces escortes2 • La question de la fonction duparatexteaétésoulevéepar GérardGenetteil y a une dizaine d'années dans son ouvrage Seuils3 • Depuiscette _ on remarque un eenain foisonnement

des étudesrelatives au paratexte ; plusieurs d'entre elles concernent spécialement la périodede la Renaissance. Nous pouvons attribuer cet intérêt marqué au fait que le paratexte est d'autant plus importantàla Renaissance que c'estàcette époque que le livre imprimé prend son essor. Toutefois, on se contente souvent de brosser un tableau général des pratiques paratextuelles renaissantes, si bien que les monographies sur le sujet sont rares. Nous croyons qu'une telle étude s'impose dans le cas du Second Enfer de Dolet, et ce pour plusieurs raisons. Toutd'abor~ Dolet est

imprimeur-éditeur depuis 1538 ;ilest nécessairement familier avec les impératifs du métier, de telle sorte que l'on peut supposer qu'il accorde une attention toute particulièreàlacfrange dutexte»4.Deplus - et c'est notre hypothèse principale - , la facture argumentativedesépîtresdu Second Enfer nousporteàcroireque l'ensemble de l'espace livresque est exploité en fonction d'une finalité persuasive donnée ;

2 Nous empruntoos ce terme imagé à F. RigoIot. qui qualifiede «poèmesd'escortes- les pièces d'eDeadrementfüsmt partiedel'appll'eÜliminairedestextes littéraires ; cf. son articlecProlégomèœs

àUDeétudedel'app8reil1iminaire destexteslittéraires-.L'Esprit CTiateur. XXVII. 3. 1987. p.7.

3G.Geoe~SGils, Paris. Seuil. 1987.394p•

(11)

autrement di~nous croyons que le choix du paratexte vientappuyerle plaidoyer de Dolet. Notre hypothèse sebaseen partie sur l'étude des activités éditoriales deDolet : celui-ci est en effet œconnu pour ses pratiques interventionnistes, lesquelles

renforçaient l'unité desœuvres qu'on lui confiait5 • Ainsi, nous pouvons envisager que

ses

propres

ouvrages

tendentàune certaine unité, en l'occurrence argumentative.

L'étude de la fonction du paratexte des éditions de 1544 du Second Enfer

présente donc un intérêt, d'autant plus que les commentateurs ne se sont jamais intéressés à ce corpus à partir de cet angle théorique précis ; ils manifestent simplement uncertaindésaccord relativement aux

Pièces

annexées. D'uncôté, Claude Longeon et André Jammes soutiennent que les pièces de Marot ont été ajoutées au

Second Enfersans l'accord de Dolet, en raison de l'instinct mercantile de l'imprimeur Nicole Paris, après que l'Orléanais eut été capturé à

Troyes

et emmené à la Conciergerie de Paris6 : de l'autre" Richard Copley Christie, C. A. Mayer. Gérard

Defaux et Frank Lesaingant reconnaissent l'importance de ces mêmes textes pour la défense de Dolet, soulignant entre autres leur inspiIation religieuse. laquelle viendrait étayer l'orthodoxie de Dolet' . Quant aux traductions platoniciennes" leur annexion au plaidoyer de Dolet a de toute évidence bénéficiédel'aval de l'Orléanais. car elles sont précédées d'un douzain et d'une épître liminaires dans lesquels Dolet explique pourquoiilajoute ces textesàses épîtres. Néanmoins, les commentateurs ne se sont pasattardésà l'étude de ces traductions: parexemple, Longeon dût-il reconnaître

5 Cf. G. Defaux. eHistoire d'une brouille. ClémentM~ Étienne Dolet et l'épigramme "Contre l'inique"»,French FOI'IIIII. XVIT,~1992.pp. 160et suiv.

6 Cf. C. Lonseon. eIntroduction» auS«ondEnfer d'Étienne Dolet. Genève,Droz. 1978, p. 31 ; A.Jammes, eApropos de l'éditionoriginalef?)du"Sc:coodEnferIt d'Étieaœ Dolet»,danslMatnIm orbis librorum Liber Amicorum Pruented 10 Nico /srdl on lhe Occasion of His Snenlieth

Binhtlay.,éd. puT. Croiset van Uchelenet al., Utrecht. RESPubÜ5&ers.,1990.,pp. 228-229. , Cf.RaC.Christie,ÉlieMeDols,lheMartyroftheRenaiuance1508-1546.A.Biography, BOUV. éd.revue et corrigée, Loadres.MacmiI.Ian.1899 (1880)., p. 457; C. A.Mayer,c~texte deM.rot.,

Bibliolhèqued'HrIIfIfIIIisme 6 RetllÙSsance, XV, 1953. p. 78. n. 2 et eThe Problem of DoIet's

Evangelical Publicatioos-.,Bibliothiqued'H~« Rentùssance,

xvn,

1955.,p.414., n. 2 ; G. Defaux. cClémentMarot et ses éditions Iyonuaises.~tienneDolet, SeÔlstienGrypbeetFrançois Iuste», Rnued'KIStOirrLittirtlftdelaFrrI1Iœ,XVII., 6, 1993,pp.837-838 ; F.Lestrinpnt. .D'un

Enjêr à l'autte : ClémentMarotet&icuneDolet-,dansCIinteruMtI1TJt, deL'AdoIesceDœàL'Enfer,

(12)

qu'elles amènentlapreuve «quïl[Dolet] peutapporterbeaucoup àlllIustration dela langue française», il n'en juge pas moins qu'il s'agit d'«œuvres sans commun

rapport

avec

leSecond Ente,..s.

La question principale autour de laquelle s'articule notre mémoire est la suivante: àquelle<s) fonction(s)correspondentlesdifférentsparatextesdes éditions originalesduSecondEnfer,plus précisément l'appareil titulaire et les piècesescortes.

Notre hypothèse principale, comme nous l'avons énoncée plus tôt, est que le parëlteXte de ces éditions constitue une zone à laquelle s'éten~ selon différents procédéset enregard dediverses fins, l'argumentation deséptlres. Par conséquent.

nous

estimons

que

la

forme même

des

recueils du

SecondEnfer

répond

à

une

logique compositiooneUe significative. D'une part, nous croyons que des liens de nature thématiqueunissent lestraductionsde Platooetles poésies de Marot auplaidoyerde

Dolet et. d'autrepart,que ces mêmesparatextesont un caractèreperformatif, c'est-à-direque leurprésence,àelle seule, constitue un argument

Tout au long de notre mémoire, nous tenterons de montrer comment le

paratexte du Second Enfer fonctionne d'une manière telle qu'il sur-ajoute des arguments auplaidoyerpoético-épistolairede l'Orléanais. Aussi concevons-nous le paratexte de la même manière que G~ c'est-à-dire comme «une zone non seulement de transition, mais de transaction : lieu privilégié d'une pragmatique et d'une stratégie»9. D'une manière générale, il s'agira donc d'analyser les stratégies argumentatives mises en œuvredansletitredu plaidoyer et danslespièces escortes.

Laméthode que nous avons suivieafinde meneràbien nos recherchesdans le cadrethéoriqueprécis que nous nous étions fixé compone plusieurs étapes. Nous

8C.Loageou.ibid..p. 29. 9 G.Genette. ibid...p. 8.

(13)

avons d'abord pris connaissance du corpus debase à l'aide des éditions critiques modernes dispombles : pour les épîtres du Second EnferdeDolet, nous avons suivi l'édition de Claude Longeonl 0 ; pour la traduction des textes platonicien~ nous avons eu recours à l'édition du Second Enfer réalisée danslaseconde moitié du XIXe

siècleparP. G. Brunet11 ; nousavons reconstitué la section aUographe de l'édition

troyenne

duSecond Enfer,

cene

suiviedes textes deMarot, etétudiécertains détails comme les pages de titre en consultantlaBibliographie

des œuvres

d'Lienne Dolet

établieparClaude Longeon1 2 ; grâce àcette même bibliographie, nous avons pris

connaissance delacompositionetdelastructuredu recueil de L'EnferdeMarotédité par Dolet en 1542 et en 1544; nous nous sommes reportéàtous ces textesde Marot àl'aidedel'édition de GérardDefaux1 3. Au mois d'août 1998, nous nous sommes

rendu àParisafin d'étudier les éditions originales du Second Enferde Dolet et de

L'Enfer de Marot conservées à la Bibliothèque Nationale de France ainsi qu'à la Bibliothèque Mazarine. Toutefois, dans le butderendre la tâche plus facile au lecteur désireux de se reporter aux textes, les citations, sauf en cas de variantes significatives,renvoient à la leçondeséditions critiques modernes (Longeon. Bnme~ Defaux).

Notre mémoire comporte deux sections réparties en six chapitres. Lapremière partie tient en quatte chapitresetporte sur l'analyse dutitreque nous avonsétudiéà l'aide de la notion de connotation. CommeladéfinitMichèle Aquien, laconnotation est un -ensemble de sèmes qui srattachent au mot de manière seconde et plus ou

l 0É. Dolet.U Second Enfer.éd.par

c.

Long~ Genève.Dro~ 1978. 142 p.

1 l É.Dolet.LeSecondEnfrr.sllivi • sa tmdllCtiondudera dialogfll!S p/Iltoniciens LtAxiocJw«

L·Hipparclrus. notice bi<HJibliograpbique par un bibliopbüe [p. G. Bnmetl. Paris. Librairie de

ItAcadémiedesBibliophiles1Bruxenes. Librairie EuropéeDDede C. M~ 1868. 108 p. Un

exemplairedecelte éditim estcœservé auDépôtCenIIalde la Bibliolbèque des Lettres et des

SciencesInnrwincs del'UniversitédeMontréal souslacore PQ 1611 54 1868.

12C.Longeau.BibûographieduœIIVI'eftfÉtiennt!Dofn.écrivain. éditai'etimprimeur.Geuève.

Droz.1980, 213 p•

(14)

moins stable»l '. Nous avons regroupé les effets connotatifs du titre (le mOIde la définition

cr

Aquien) en respectant un axe tripartite : connotation thématiqu~

générique ou auctoriale (lessèmes de la définition d'Aquien). Puisque l'intitulé du plaidoyerde Dolet, tout en faisant échoàL'EnferdeMaro~ renvoie également à la tradition de l'enfer, nous avonsétudiéun corpusdetextesqui se rattache à celle-ci

afinde saisir de queUemanièreet selon quelscritères le plaidoyer de Dolet se situe dans le sillagedecettetradition.

Laseconde partie de notre mémoire tient en deux chapitres. D'unepart, nous étudions les pièces escortes platoniciennes de ('édition lyonnaise et, d'autrepan, les pièces escortes marotiques de l'édition

troyenne.

Nous tentons de démontrer comment ces textes entretiennent un lien de métatextualité et de spécularité avec le textepivo~ c'est-à-dire avec les compositions de Dolet Comme le rappelle Genette, c[le paratexte est] un discours qui porte sur un discours»l

s,

d'où sa nature métatextueUe.. Les pièces escortes répondent selon nous à cette définition en approfondissant eenains thèmes présents dans les épîtres.. Par ailleurs, nous entendonsparspécularitéle jeudemiroirsproduitparl'annexion des pièces escones, lesquelles présentent des figures qui sont le reflet, le double de celles que l'on retrouve dans les épîtres. Ce liendemétatextualitéetde spécuIarité qui unit les pièces escortes aux épîtres permet d'avancer que l'architecture des éditions originales du

Second Enfer

correspond

à une structure téléologique.Eneffet, dès lors que ce lien perfectionne l'argumentation des épîtres, ilsert le dénouement du conflit Une telle approchedelafonne du recueil etdesa logique compositionnelle nous a été inspiIœ

parles études d'Edwin M. Duval portant sur l'architecture des œuvresdeRabelais1 6. Enoutre,cette structure téléologique qui estcelledeséditions originales du Second

1 4M. Aquien.Dit:tionNzire.poétique.Paris,Librairie Générale Française, 1996. p. 494. 15Gérard~ibid.. p.

3n.

1 6Cf.E.M. Duval. T1u! Design of~lDis~Pt1lllllg1'fMd.New HavenetLondres, Yale University

Pœss. 1991.206 p..et-Rabelaisarchitecte-,dans Dr!IlIittirrltlnftr»traisr, éd. pH O. Hollier,

(15)

EnferdeDoletest undesélémentsqui.comme nous le venons,inscritleplaidoyerde Doletdanslafiliationde latraditioninfemale.

Dansle butderepérerlesstratégiesargumentativesqui sontdéployéesdans le titte et lespièces escortesduSecond Enfer,nous avons eu

recours

àdeux ouvrages : d'une part, la Rhétorique d'Aristote, en particulier pour la partie sur les pièces escortes platoniciennes, car celles-ci correspondent précisément à certains genres rhétoriques (démonstratif et déh'bératit), et, d'auttepart, le Traité de rargumenrarion

deChaim Perelmanet LucieOlbrechts-Tytecal 7,auquel nous nous reportons d'une

manièregénéraletout au longdenotre mémoire.

1 7C. Perelman et L Olbn:chts-T~TraitiderarglllMlII~ préf. de M. Meyert Bnaellest

(16)

Première partie

D'un

Enfer

à

l'autre

l

ou

l'histoire

d'un

titre

Chapitre 1

Parce gu'un

Second Enfer

insinue gu'i1 y en a eu un

premier : connotation et intertitularité

1.1. Un Premier Enfer de Dolet?

Lorsqu'il publie sonSecond Enferen 1544, Étienne Dolet n'en estpasà ses premiers démêlés aveclajustice française. En 1533,ilétaitemprisonné à Toulouse ; en 1537,ilimplorait le pardon duroiaprèsavoirtuéle peintre Compaing et, du mois d'août 1542 au mois d'octobre 1543, il visitait les prisons lyonnaises et la

Conciergerie de Paris!. À l'occasion de ce dernier emprisonnement, dans l'épître liminaire de sa traduction des

Questions Tuscultmes

de Cicéron adressée au roi et

1 L'~œestempnmtée àl'articledef. LestringaDtintitulé .D'un

Enp

à l'autre: Clément Marot et Élieune Dole~. daDs ~nl MtlTor, de L'Adolesceoce d L'F.n1ër. Padova. Bibliob:c:a FnnceseU~1998,pp. 85-100.

2 Sur lesprisoas deDolet.consulter R.C. Christie,ÉlisrMDokt,theManyroftheRDuU.utlllœ 1508-1546. ABiograpiq.oouv.éd.revue etcorrigée, Londres,Macmillan, 1899 (1880),clap.VIL

pp. 98-139 ; cbap. XIV, pp. 306-324 et clap. XX, pp. 387--400.. Voir aussi C. Longeoo. .IaIroduction» auS«ondEn[D-d~Dolet, Genève.Droz.1918,pp.9-26..

(17)

datéedu 15 janvier 1543, Dolet soutient avoir composé un plaidoyer dans lequel il

réfute les accusations d'hérésie qui pèsent sur lui : cIe n'en diray plus pour ceste heure, reservant plus long discours decestaffaireaux defenses quej'aycomposées en Latin et Françoys contre la sentence dessusdÎete. Lesquelles defenses pourront estre ung jour imprimées et mises en lumière 1051 ou tard, affin que chascun congnoisse le droict et equitédema

cause»3 .

Ne serait-œ que sous fonne manuscrite.. ces cdefenses» ne nous sont jamais parvenues. Néanmoin~ parce que Dolet ne mentionne nulle putailleurs avoir écrit un autre plaidoyer que celui~ tout porte à croire que c'est à ce même corpus de cdéfenses» qu'il se reporte dans l'épître

liminairedeson Second Enferadressée càses meilleursetprincipaulx amys». Cette allusion autoriseàelle seule la justificationdutitre que Dolet donneàson plaidoyer de 1544 :cAudemeurant, si vous trouvez estrange que ce present opuscule soitintitulé

mon second Enfer, veu que je n'en ay point mys de premier en lumiere, je vous advise que le tiItre de ce secondestpour le respectdupremier, lequel courrait desja par le monde, sanslafascherie qui m'est demierement advenue»4.

Ainsi, ce que Dolet appelle vaguement ses cdefenses» en 1543 devient son

Premier Enferen 1544.Cequinous intéresse ici n'est pointdesavoir si Dolet a bel et bien commis ce Premier Enfer, car cette hypothèsedût~lIe s'avérer juste, et quand bien même Dolet serait parvenuàfaireccourir par le monde» son Premier Enfersans aucun délai dès 1543, un tel titre aumit tout autant fait échoà L'Enfer de Oément

Marotétantdonnéque ce dernier avait déjà été publié en France par nul autre que l'Orléanais, une première fois en 1542, puis une seconde fois en 1544. Pour en être l'éditeur, Dolet conmul donctrèsbien letexteauquel ilemprunte son titre. Aussi est-ce pour est-cetteraison que nous jugeons qu'en ne reconnaissant pas explicitementcette

3 É.Do(e~ cÀ François Premier».daos PrijJas.françtti.ws. éd. par C. Longeon. Genève. Dro~ 1979. pp. 172-173.

(18)

detteenvers Marot. Dolet. dans cetteépîtreliminaireadtesséeàses amis, s'approprie fortsubtilement le titre de son prédéœsseur.

selon

Leo H. Hoek, il n'est pas étonnant que Dolet procède de la sorte :

«Dans les titres,lacitation esttoujours anonyme; cela s'expliquepar le fait que le titre a pour fonction d'individualiseretde caractériser son co-texte et ne supporte guère l'aveuderemprunt»5 • Pourtant, comme nous le verrons, cet emprunt est d'une

imponanœcapitalepour('argumentationdeDole~ car s'il est un poète avecqui l'on nepeutquegagneràêtre associé en cettepremière moitié du XVIe siècle, c'est bien ClémentMarot,lepoètedelangue vulgairequiremplit lafonction officielledevalet dechambre du roi depuis 15276 •Àcetégard,plusieurs témoignagesdel'admiration qu'éprouvaient les contemporains de Marotàson endroit nous sont prrvenus. Victor Brodeau qualifieainsiMarotde «Princedes Poeles Françoys»7 ; Bonaventure Des Périers ditdelui que c'est un «immortel poète»8 etJean deBoyssoné célèbre Marot en des tenDes très élogieux, le désignant comme le «MarD Gallicu$»9 (le Virgile français). À premièrev~onnesautait donc s'étonner que Dolet veuille se situer àla

suite de ce poète adulé de tous ; du reste, les deux hommes avaient déjà été liés personnellement

En effet, la tradition veut que Dolet et Marot se soient rencontrés lors du banquet parisien célébrant le pardon royal accordéàl'Orléanaisà la suite del'affaire

5 L H. Ho«. LaMarquedll titn!.Dirpositift simiotiqwsd'ltIItrpratiqIIetextuelle.,LaHayeetNew

York. Mouton éditeur., 1981. p. 194.

6 SurlaviedeClémentMarot.coosulter C.A. Mayer,ClimOltMarot.. Paris, Nizet.. 1972,. 566 p. Soulignons quetantMargueritedeNavmequeftmçoisF étaientdéjiintervenus persoonelIcment en faveurdeleur protégé ClémentMarot.

7 CitéparG.Detaux..lnlroductioo.. auxŒllvrufJfJitiqwsdeClément Marot.. Paris. Bordas, 1993, t.1l. p.LXIII·LXIV.

8Cf.R.C.LaCharité.c"Couraïgeetinvention-.Marotet le cyclec:ueéraI...,dansClimenlMarot

-Prûradapoa~françois»1496-1996..ActnduCol1tJqwilllnntlliollllld~Cohorsf!1IQum:y(21-25

mai1996),écllJU'G.Defaux etM.SÎDloDÏII.Paris,Champion.1997.,p.249.

9Cf.M.Magnien.-Marotetl'hmnanisme(suite) :JemdeBoyssonéetle MtlIOGtJllicu.r-,dansl.4

GinirationMarot.. Poiœsfrançais etnLtHotiI&f (151S.155O). Aera-dM ColloqwÎIrImII1IiOIIII de

(19)

du meurtrede Compaing en 1537 ; de cette rencontre serait néeune &anche mais courteamitié!0.

Àl'instardesescontem~ Dolet ne manquerapasdelouer les talents du poète quercynoi~ et ce même après la brouille qui les éloigna Sous la plume de l'Orléanais.,on retrouve Marot dépeint comme le «poètesupérieuràtous les autres et trèsheureux dans ses inspirationspoétiques»1 1.,comme le «poëlede nestre tempsle

plus excellent,soit en subtilitéetgentilesse d'invention., soit en proprietede diction., soit en doulceuretfàciIitédestyle»1 2,ou encore, comme le«poëtedefacilité etgraœ tantsinguliere, que tousjours laisse ung desirde

say-

1 3. Marot a pour sapartlaissé une épigrammequi.témoigne sans contredit de son admiration pour le savant latiniste et dans laquelle il désigne Dolet comme l'héritier du -noble esprit de Cicero Rommain»1 4. Cette épigramme célèbre la publication des deux tomes des

Commenttuii ünguoe

Iarinœ

de Dolet parus chez Gryphe en 1536 et 1538 ; sa composition précède donc la brouille des deux amis.

Cette fameuse brouille, à laquelle Gérard Defaux a consacré une étudel

s.

serait survenue en raison de l'édition des Œuvres de Marot réalisée par Dolet et publiée àLyonen juillet 1538. Ble amaitétéoccasionnéeparles pmtiques éditoriales

1 0Àproposdece banquet auquel atnient égalementassistéRabelaisetGuillaume Budé. cf. R. C.

Christie.ibid..cbap. XIV. pp. 306-324.

1 1Passagetiré dutome IIdesCommentariilinguaeÜltinDi!deDoletparu chez Gryphe en 1538.cité ettrId.parG. Oefaux. cIntroductioo. aux~poitiquesdeC. M~ Paris. Bordas. 1993. t II. p.XLVI.

1 2É.Dolet.PrijiJasfrançaises.éd.parC.Longeon.GeDève,Dro~ 1979.p.107;passagetirédela prétàcede Doletàson éditiondela traductiondesPSIlIImeSparMarot sortiedesespresses en 1542.

13É.Dolet.ibid..p.129 ; ce passageesttiré delapréfacedeDoletàsœéditiondeLaPtlljiJicte

Amyeli'AntoineHéroêtdatéede1542. Voir aussip.63.n.6 : selonC.LongeoD. le seul endroit où ilseraitpermisdecroireque Doletaitmaaqué de RSpeCt envers Marotest dans la préfilce de sa ttaductimdeL'Avrmt-Naissanct!(1539),car['0rIéaDaisénuJDèrelIIlebrocheaedepoètesfiançaisqui jouissentdesonadmirationetilrelègue Marot au septième rang, lui réservaDt ainsi1IDecmédiocre

position••

14-C. Marot,cDeDolet.sutses commentairesdela langue

larme..

dans ~poitiques,éd..pif

G. Detau,Paris, Bordas,1993,

Ln.

p. 227.MarotaégaIemeDtcomposé une étrenne en ['hooneur

deson~cf.ibid.,p.255.

1SCf. G. Detàux. cHistoùe d'unebrouille.ClémentMarot.ÉtienneDolet et('épigramme ·Contre

rinique-.,Fmw:hForvnt.,xvn,2, l~pp.153-167 ; c'estàcelleélude quenous nousrepxtœs

(20)

trop interventionnistes de l'Orléanais. Ces interventions seraient particulièrement visibles au second livre des épigrammes, où l'éditeur se seraitpermis de modifier les titreset les nomsdes destinataires féminins des pièces afin de crenforcer l'unité et l'aspectc01I1IJniere-16du recueil.Cefaisant, si l'on s'en tient toujours à l'hypothèse

deDefaux9 Dolet aurait maladroitement confondu deux maiùesses deMaro~ nuisant

du coup aux projets amoureux de celui~ qui ne lui aurait jamais pardonné cette béwe.Lacolèrede Marot envers l'Orléanais ne tarderapasàs'exprimer puisqu'elle justifiemit les modifications apportées à rémission de cette même édition de ses

Œuvres, méticuleusement revue et corrigéepar Sébastien Grypbe àpeine quelques semaines plus tard. Dans cette émission, on note la suppression des deux textes élogieux écrits à l'intentiœ de Dolet (l'épigramme et l'étrenne), lesquels sont remplacéspardeux épigrammes qui prennentàpartie l'Orléanais: cAung quidem» et cA Benest»l '.On remarque également que la préface que Marot adressait en signe

d'amitiéetdeconfianceàDoletdans lapremière émission est désonnais destinée à l'intentiongénélaledecceulxquipar

cy

devantontimpriméses oeuvres». Bref, toute allusion à la camaraderie unissant les deux hommes disparaît de cette seconde émission1 8.

1 6 G. Defaux. cibid.-, p. 162 ; cette hyplcb~ appuie celle que: nous soutenons dans noire mémoiR : Doletestsoucieux del'lIIÙtédeslives qu'il édite, d'où le soin qu'ilprend à mettreIt:s

piècesescortes en relation avec lesépîtresduS«ond

Enp ;

cf.i".fra. cbap. V et VI.

1 7 Cf. C.Marot. ŒiIvrapoitiqIID.éd.par. G.Defau. PIns.Bordas. 1993.1. U. pp. 227-228. Deux autres

qngrammes

caustiques écrites pli"Marotseraient destinées à Dolet.Cc:pendant. leur publicationesttardive.fis'agit de.Contrel'inique-,quipaI811 en1546dansl'éditionlyOlJlllÙ5e d.:s ŒuvrErdeMarot puJean de Tournes (cf.ibid..pp. 320-321) et .D'un orgœiDeuxemprisoDDépris du latin.,quiplml en 1550danslesTradut:tiotlS[,-1publiées i Paris chezÉlienœGrouDcau (cf.

ibid.. p. 321).

1 8Cf. C. Marot. -Clément MarotàEstienne Dolet., dans ŒuvrErpoititplt!S.éd. par G. Oefam,

p~Bordas. 1990.t.1. p. 403 ; le texte origioaldel'épîtreestreproduit pp. 9-11etlesvariIIlres de

rémissioD

deGrypbesoatdoooées pp. 402-403.

n

estinlénssant denoterqu'uneaubebrouillequi marquelemilieudesIearésdurant laRemissanœ fnoçaise, soit ceDeentre Visagier et~

s'inscrit pueillemcnt dmi unjeudevarianteséditmaJes :loIsqueBourbonaccuse Vïsagierdeplagiat, cedemier,&oissé.répliqueetdoaneune DOIlVeIleédition de sestpigrtIIIfIMSde laquelle

a

pœadbien soindesuppïmtrles pièces tlatteuses.ï-lis dédiées à Bourbon ; cf. L Fe~ IL ProIJ1inœde

(21)

Toujours est-ilque Dolet ne semblepasaccorderunegrandeimportance aux injuresque lui adresse Marot àpartir decetété 1538. Comme nous l'avons vu plus haut, l'Orléanais ne cesse d'encenser le poète quercynois ; aussi continuera-t-il d'éditerses textes jusqu'en 1544.Enoutre, Dolet fait preuve d'un tel soucidefidélité envers l'œuvredeMarotqu'il inclut les pièces cA ung quidem» et cA Benest» dans l'édition de ses Œuvres de 15421 9. FJ1 somme, que Dolet n'ait exprimé aucun ressentiment envers Marot indique qu'il était disposé à ranger son Second Enfer sous l'autorité de L'Enfer sans se contredire lui-même, comme c'eût été le cas s'il s'était

attaquéouvertement àsonauteur.

1,2- Connotation et intertitularitê

L'autorité de Marot est ainsi invoquée Jm le seul titre du plaidoyer de

l'Orléanais. Comment cette autorité s'exeree-t-elle? Comment détcnnine-t-eUe les épîtres de Dolet? Comment en oriente-t-eIle le sens et, surtou~ celui que Dolet souhaite que les autres, en l'occurrence ses juges, leur confèrent'? Cest à ces questions que nous tenteronsderépondre dans les chapitres qui suivent

Selon Gérard Genette20, le titre remplit quatre fonctions. Une première,

désignative et conventionnelle, renvoie à la simple relation du üvre au titre. Cette fonctionportetoutefoisàconfusion dans le casoùdeux livres arborentdes titresqui

sont homonymes. L'Antlbase,parexemple, désigne à la fois un récit de Xénophon et un recueil poétique de Saint-John Perse. À première vue, L'Enferde Marot etLe Second Enfer de Dolet ne sont pas des titres homonymes en raison de l'adjectif «second» qui s'immiscedans le libellé du plaidoyerde l'Orléanais. Toutefois, dès

t9Cf.1.Veyrin-Forrer~ cLespremièreséditïoDscoUectivesdeClémentMarot publiées à Lyon." dans Climmt Marot«PrincedItSpoiresfrrmçois» 1496a1996. Actudll Colloqae intmrtllÎOfUl1de

Cahorst1JQutrry(21-25mai1996)" éd.pitG.DefauxetM. SimaDiD, Paris, Champion. 1997, pp.705-706.

(22)

que l'on ouvre un exempIaire duSecond EnferdeDolet, on assisteàce que Genette appelle rcérosion du titre», c'est-à-direàson raccourcissement2 1:en effet, l'adjectif s'éclipse, desorteque Dolet, exactement commeMarot,a sonEnfer, quintaplus rien desecond.Cetteérosion dutitreestprésente dans ravis au lecteurdesdeux éditions du Second Enfer. Dans l'édition lyonnaise, on lit : cApres l'Enfer de Dolet. tu

trouveras deux DialoguesdePlaton (•..]»22 ;dans l'éditiontroyenne, on üt : «Apres

l'Enfer de Dolet, tu trouveras une Epistre en rhithme fiançoise [...1»23. De plus"

dans l'éditiontroyenne,lasectionquicontient lesépîtresdel'Orléanais se terminepar l'inscription «Fin de l'Enfer»24. Parl'homonymie qu'eUe suscite, cette érosion du

titreportesans contreditàconfusion, car elle favorise le brouillage des identités en rangeant les deux poètes sous une mêmebannière d'où toute indication différentielle est évacuée. L'homonymie provoquée

par

l'érosion du titre fait ensorteque le titre du plaidoyerdel'Orléanais,quiconnotait letextedeMarot

avant son

érosion,

se

fond désormaisàce dernier pour ne plus faire qu'un avec son modèle. Aussi le lecteur se retrouve-t-il en présence d'un seul terme, lequeldénoreàprésent àlafois letexte de Marotetcelui de Dolet Ce glissement de laconnotation à la dénotation se trouve d'ailleursconfinnépar le livre delaRéserve de laBibliothèque NationaledeFrance qui reüeL'EnferdeClément Marot éditéparl'Orléanais en 1544 et l'édition troyenne duSecond EnferdeDolet Effectivement, sur l'entre-nerfs supérieur de la reliure de veau glacébrun,onlit,gravé surdumaroquin muge: L'Enfer de Marot el de Dolet.

Commecettereliure dateraitde lafin du

xvne

siècle, l'effet escomptépar l'érosion

2 1 Cf. G.Genette.ibid.,pp.67-68.

22 É. Dole~ LeSecond Enfu.éd.par

c.

Long~ Genève.Droz. 1978.p.67 oufolio Alve de

l'éditionorigiDale,Lyon. s.n.. 1544. in-8° [Paris, Bibliothèque Mazarine, Rés. 21994).

23 É. Dolet. ibid.. p. 68 ou p. 22(/olio AlyO)del'éditionorigiDale.Troyes. NicoleParis. 1544. in-8°[Paris.Bibliothèque NIIicmaIe, Rés. Ye. 1512].

24É.Dolet.LeSecondEnfu.Troyes, Nicole Paris. 1544. in-8°.p.48 (folioC8v~.Notonsquela mêmeiascriptiOllestpréseote àlasuitedupoèmecL'Enfer-deMarot àlap.22ifolio B3yO) des deuxéditiœsdeL'Enfn'réaIiséespar Dolet. soitL'Enfu1-1, LyOll, éicmïe Dolet, IS4~ in-8°

[Paris.Bibliothèque Natiooale, cou.RoIbscbiId,nO6181 etL'Ellfu[,_1,Lyon. étienne Dole~ 1544, in-8° [Paris,Bibliothèque NaIioaaIe,Rés. Ye.lS71].

(23)

du titre du plaidoyerdel'Orléanais,soitl'association directedutexte de Dolet avec celuideMarot.s'estainsi perpétuébien au-delà de la fin de la première moitié du XVIe siècle-'!S.

Laseconde fonction du titre, toujours selon Genette, est descriptive : elle se rapporteàlanaturerbématique ou thématique du titre..I.etitrerhématiqueestcelui qui indique laformede l'œuvre (Odes, Sonnets, ete.).Letitre thématiquedésignepour sapartun élément du contenu del'œuvre :ilpeut renvoyersoitau thème central du texte, soit à un thème marginal ;ilpeut être symbolique, métaphorique ou ironique. Parce que l'enfer est

miao sensu

absent de la diégèse des épîtres de Dolet, Le Second Enferseraitun titre essentiellement métaphorique, tel qu'en témoigne le sous-titredu plaidoyer - «qui sont certaines compositions faictes par luy mesmes, sur la

justification de son second emprisonnement» - dans lequel la reprise de l'adjectif «second- fournitlaclédelamétaphore.

La troisième fonction du titre selon Genette est connotative : «ee sont des effets que l'on peut qualifierde connotarifsparce qu'ils tiennentàlamoniè~ dont le titre, thématique ou rhématique.. exerce sa dénotation»!6. Les effets connotatifs du

titre sont pluriels : ils peuventêtred'ordre historique, auctoriaI, générique. culturel, ete. C'estàcestade-cique l'appareil titulaire du plaidoyerdel'Orléanais révèle toute sa richesse. Effectivement, on poumlit qualifier le titre Second Enfer de pluri-connotatif ; aussi l'analyserons-nous dans les pages qui suivent selon un axe tripartite.Nous verrons comment l'appareil titulaire connote à unpremierniveau un thème et un genre ; ensuite, nous venons comment ces deux connotations ne prennent leur sens qu'à travers la connotatiœ auetoriale. Nous démontrerons entre autres comment ces trois connotatiœs modèlent l'argumentation del'Orléanais. Comme le

2SL'exemplairequiœlie lesdeuxopusculesestlesuivant :Paris,. BibliotbèqueNationale,Rés. Ye. 1571 et Rés. Ye. 1572Lerenseignement relatifàlaclaredelareliure nous a étéCOIIIIDIJIÙquépIrle cœservateur delaRéserve enfODdiœ('après·midi du Il aot1t 1998auquel nous aVOllStoutefois

maleacœIR:I""'DClltoubliédedelDlllderleDODLToutesDOSexcuses.

(24)

note Genette, les effets connotatifs d'un titre sont «autant d'échos qui, aussi efficacement et plus économiquement qu'une épigraphe (..•), apportent au textela cautionindirected'un autretexteetleprestige d'une filiation cultureUe-27• Or, dans le casduSecond Enfer, la cautiondeMarot.manifestement sollicitéeparlareprise du titred'une desesœuvres~ permetàDoletdeconstruire sa défense sur la charpente d'unbâtimentdéjà solidementédifié.

De laconnotation telle qu'on laretrouvechez Genette se mpprochela notion d'intertituIarité définieparHoek, pourqui«[t]oottitre

connote

untyped'écriture, une histoire de la littérature dans laquelleil s'insère, un genre auquel il appartient~8.

L'intertitularité se produit lorsque le titre cœnvoi[e] non seulement à son c~texte maisaussiàd'autrestitreset d'autres co--textes»29. Onse retrouveainsiconfrontéà une autre notion, celle de l'intertextualité, car le titre qui en connote un autre fonctionne de la même manière quUne citation: -comme elle décrit la relation intenextuelle entreuntitre etunautretitreoutexte,l'intertitularitédoitêtre considérée comme une instanceparticulière de lacitation, comportant un texte citant (texte ou titre) et un textecité (titre ou texte)>>3 O. Cetteparenté qui relie ('intertituJarité à la pratiquede lacitation appuie notre hypothèseselœ laquelle le pararexte du Second Enfer, ici son titre, occupe une fonction argumentative. En effet, la citation nous ramène de nouveau aux notions decautionet d'autorifé3 1. Hoek remarque d'ailleurs que -le discours citant argumentatif reprend le discours cité pour illustrer une argumentation.32•Aussisommes-Dousen mesure d'affirmer que ('Orléanais «cite»

2 7 G.Genette.ibid..pp. 86-87.Ùlqualrièlœ fOllCtionqueGenette attribueau titreestceDede la séduction,i laquelleülCcorded'ailleurspendecrédit;ct:ibid.. pp. 87-88.

28 L H.Hoe~ibid.p.190 ;c'est nousquisoulignoas. 29 L H. Reet.ibid..p. 183.

3 0L H. Hoek.ibid..p. 185.

3 1Comme le démontreladéfinitiondelacitation suggéréeparC.PerelmanetL.Olbrecbts-Tytcca

dus leur Traili • r~. préf. de M. Meyer. Bnu.eBes. ÉditiODS de l'UDiversité de Bruxelles.1988

(se

éd.).p. 240 : la citationsert à cappuyerce que1'011 ditpu' leplids d'mie autorité-.Sur lapratique delacitation.cœsuIterA. CompqooIl.LaS«ondt!Mai"0Il~17TlVfIi1 •

ùzcitotion,Paris. Seuil, 1979,4S1 p•

(25)

le Quercynois dans le titre de sonplaidoyer afin que ses juges se souviennent de

L'Enferdesonprédécesseur, celui-cifàisan~ducoup,jurisprudence. Autrement dit,

lasentence qui décidera de l'issue du Second Enferdevraêtreàl'imagedecelle qui

fixal'aboutissement du«premier».Or,Marotfutgraciéparses juges,commenous le verrons plus endétaillorsque nous étudierons les enjeuxdelaconnotation auctoriale du titreduSecond Enfer.Mais, avant tout, voyœsdequellemanièrese déploient la connotation thématique et la connotatioo générique du titre du plaidoyer de l'Orléanais•

(26)

Chapitre II

La

connotation thématique:

«L'Enfer» de Marot Oe poème)

2.1. La finalité édifiante d'un «Enfer» «tolerable»

Enfévrier 1526, Clément Marotestemprisonnépouravoir «mangé le lard»1 • fidemeure quelque temps au Châtelet avant qu'on ne l'emmène à Chartres, d'où il ne sortira qu'au moisdemai. C'est à la suite de son transfert à Chartres que Marot aurait entamé la rédactiondeson «Enfer»2. Vers la fin de l'étédecette même année. soit au mois d'août ou au mois de septembre. il aurait lu son «Enfer» devant le roi qui séjournait au château d'Amboise3. Letexteaurait ensuite abondammentcirculé sous

forme manuscrite' jusqu'à ce que que Jan Steels, un imprimeur anversois qui avait

1Cestdu moinscequ'affirme leplêteau refraindesa blIlade cContre ceDequi fut s'amye-,dans Œuwupoétiqun.,éd. par G. Oetaux., Paris., Bordas, 1990. L l, p. 126. Faut-il interprétercette expression au senspropreou figuré?M.A.Screechsuggèrequel'expression cmangerlelard. est uœ formuleproverbialequi signifieCOlDlDl:ttreuncrimequelcooque : voir son article c"lI a mangé le

lard-(WhatMarotSaidand WhatMarotMeant).,BibüOlMtpIe d'HtIIIIllIIï.rmeer Rnraissana., XXVI. 1964.pp.363-364.

2 C.A.MayeretG.Defauxs'accordent en effetpourdireque laCOmplSitiOlldecL'Enfer-est déji

amorcéeau mois de mars1526.pendant que leroi c=st toujours prisonnier àMadrid:cf.C. A.Mayer,

-Ladate deL'EnferdeClément Marot., dans Clément Marotetautresitutlt!s SUT la Ül1iran1tr!

.françaisedelakntliulllfœ.,éd.par T. Peach et P. M. Smith. Paris. Champion, 1993.pp. l09-11S etG.Oefaux.cVariaDresetnotes»desl&vres poitiquesde C.Marot.Paris., Sordas9 1993.,L U.

p. 799.Enraisondesvers 425-426decL'Enfer-, lesquels foot allusionà1·c=ntréedupœteau service deFrauçoisF.,De&ux croit quelaCOmpositiOlldupoèmea pus'étendrejusqu'en 1527.

3Cf. C.A.Mayer, cibid.••pp.113-115 ; Marot ferait allusiooàcette lecture aux vers 26-27desœ cEpis1re auROY9dutempsdesonexil àFerraœ-,dansŒavres poitiqws.éd.par G. Defaux.Paris., Bordas.1993.L

a

p.81. DetiuxDeproposepour saputaUCUlledate préciseàcette lecture: ct: cibid..9p.858, n. 5•

(27)

déjàfait

_tre

L'Adolescence clémentineetlaSuiteen 1536,en donne une première édition en1539.

C.A.MayeretGérardDefauxconstatenttousles deux lamédiocrité de cette première éditiondecL'Enf~,lesecondaffirmantmême que Steels ca imprimé à peu près n'importe quoi:.s•PMconséquent,ilfaudraattendrel'éditiondolétiennede 1542 pour disposer dim texte sûr: lrOrléanais amait en effet travailléàpartird'un très bon manuscrit pourréalisercettepremièreéditionfrançaisedecL'Enfer» deMar0t6 .

Une intéressantepréfàce deDolet adressée àLyonlametprécèdecetteédition decL'Enfer-.Enplus d'y réitérer son admiration pour ClémentMarot,l'imprimeury explique les raisonsquil'ont poussé à éditercL'Enfer». C'est ainsi qu'il vante les vertusédifiantesdu texte : cjetrouvecestOuvtagedigne d'estre leu, (..•) pour les bons enseignements (..•)qui

sry

trouvent, comme quand il [Marot] admonneste les jeunes

gens

de

se

garder de

vice

etdene

commettre crimes

qui les puissentprecipiter aux miseres et calamités de prison»7 • Effectivement, si Marot raconte dans son .Enfer»les horreurs du mondecarcéral,cresten partieafinque le lecteur se préserve

de tout

comportement pouvant

le conduire au fond deces gouffres infernaux. Par conséquent.lepoèmeressortitau genredélibératifS :

ledyEnfer,et Enfer puis bien dire : Sil'allezveoir, encorlevoyrrezpire.

AllerheIas! ne vousyvueillezmettre : l'aymetropmieulx le vousdescrireen metre, QuepourleveoirauIcun de vous soitmys En telle peine. Escoutezdoncq'Amys.

(vv. 13-20)9

S G. Oefaux• •ibid.., p. 803 ; pour c. A. May&2', cf. .~ texte dl: Marot., BibliolhiqllJ!

d'HIIInIlIIismeetRnuIissan«?XV, 1953.pp. 85-87.

6 Cf. C. A. Mayer,«wilL.,pp. 85-87 et G.Defaux~ .ibid..,p. 803.Laqualitédes IDIDUSCrifsdœt disposeDolets'éteodi l'emembledurecueil.

7 É.Dolet.cEsaieaneDoleti Lyon laJDebc, dansPri.JŒesfrançoist!s,éd.par

c.

1.Dngeon.Genève. Droz.1979,p.98.

8LepoèmepIIticipeéplemeotaugenre délibéralifdanslamesure 00.1*' cettep~lepoètevise l cOllVaÏDcœ sespmlectems

crllllel'VeDir

en sa faveurpourêtrehlJâé.

n

yadoacdeuxdestinataires.soit lescbesàlas Fràes-(v.S)(destiMtaireexplicite)etlesprotecteurs(cJestinallin: implicite)•

9 Poutlesmféreoœsauxœuvresde~sauf iDdicationcœII'aiœ,IIOUSrenvoyonstoutau longde

(28)

Etvousenfantssuyvantzmaulvaise vie Retirez-vous:ayezau cœurenvye

De vivre aultant en façœ~

Qu'avez vescu enfaçœdeprimée.

(vv.288-292)

Notons quelafinalité édifiantede lapeinturedesenfers aétémisedel'avant parplusieurspoètesayantriméune catabase. DèsL'Énéide deVirgile, deshommes sont châtiésdans le Tartare pour les diverses fautes qu'ils ont commises.. telles que ravarice, le parricide, l'adultère, l'ince~ la trahison1o. Quant à Dante, il conçoit

trèsbienlapeur que sonEnferinspireàses lecteurs :

o

vengeancedeDieu, commetudois

inspirerlacminteàceuxquilisent cequialorsapparutàmesyeux!

(XIV, vv. 16-18)1 1

Enfin.

Jean Lemairede Belges oriente également la description de son enfer selon l'idéedelatorturequ'ysubissent les êtres(icidesanimaux) quise sont mal conduits de leurvivant :

Tudoibz sçavoir que les fiers animaulx, Quien leur vie ontfaitcas anormaulx Et

perpetre

oulttaiges aiminelz, Après leur mort sont icy condampnéz Engriefz tormens, en ordure etpueur.

(U,vv. 107-1(1)1:!

1 0Cf.Virgile,L'Éniii/e,tomefi=Livres V-VIII.rexteétabliettrad.par J. Perret, Paris. Les BeDes

Lettres. 1982 (1918), pp.6S~. Cdte fiDalitéédifiante estélraDgère au Tartare hommque, qui semble uniquementréservéauxTitaDs (cesgéants dontle règne fut nmwrsépIrZeus) ct auxdivinir.=s désobéissanres (cf. L'IliodI!,chant vm et l'Qd.)tv«, chants X ct XI pour la visite d'Ulysse aux enfers). Comme le note P. Bnmeldam L'ÉvoctJIion desmorts~t lat/escenreœa~nfers, Paris, SEDES, 1914,p.71 :cla nouveauté, c'estqueleTartare virgilien reçoit aussi des humains-, d'où

SQIl aptitudeàinciterces derniersàobserveruœcooduite exemplaire s'il Deveulent ptS y~

précipitésalès leurmort.

1 1Pourlesréférences au textedeOanre.DOOSrenvoyonstoUtau longdenoiremémoireà lADivine Comédie"tomel :L'Enfrr,éd..bilinguetrad.pIr1.Risset,Paris,fIammari~ 1992 (1985), 380p. 1 2Pour les référeaces autexte deLemairedeBelges, nous renvoyoostoutau longdeDOIremémoire auxÉpims defAnrantVm, éd. parJean Frappier, Lille, Giard1Puis,Droz.1948, 103 p. Surles c:mpnmIsdecL'Enfer- de Marotl cette épilede Lemairede Be~voir lesétudes suivantes : 1.Fnppier"cSurquelquesempruntsdeC1émeotMarot à Jean Lemairede Belps-,dansDII Moytm â~à111~F.lrIdesd'hi.rtoin«det:J'itiqwliIIirai~, Puis,Champion. 1916, pp. 313-391 etF.Rigolet, c"De peu usez".ClémentMarotet JanLemairedeBelgesa,dans Climml Marot

.Prin«dG poifesfrturçoî.r» 1496-1996..kt6daColToqwi1llB1llllionaldeCahors enQwrcy{21-2S

mai1996}"éd. parG. Defaux et M. SÏJDODiD.,Paris,Champiœ"1991,pp. 185-200.fi estimportaDl

(29)

cL'F.nfer» deMarot souscrit dœc àune finalité rhétorique propre à la tradition de l'enfer et Dolet soulignequ'il s'agitd'unedesqualitésdutexte.

Que

lepoème nechoquepas la bienséanceestl'autre raison qui a convaincu l'OrI6lnais d'éditer cL'Enfer» de MarolL'imprimeurjugeeneffet que cmoyennant quelaReligion ne soyt blessée,nyl'honneur duPrince attainet, et que aulcun nesoyt gratté(enœres qu'il soit migneux)apertement (comme par nom ouparsurnom), le demeunmtesttolerable-1 3.

DoletprésentedonccL'Enfer» deMarotcomme un texteduquel on peuttirer

leçon et duquel est exclu tout propos séditieux. À lire cette préface. on devine toutefois fort aisément que l'Orléanais essaiede justifier un choixéditorial des plus audacieux.

2.2. Une critique de la justice à travers un «comparant hVPerbolique»l ..

Choixaudacieux, disions-nous, car Doletn'ignorecertainementpas lasévère critiquede lajustice française fannulée dans ce poème. Marot ycondamne rien de moins quelapratiquedelatorture, pierre angulairedu systèmepunitif classique!s.

Latorture est en effet uneétape fort importante des procédures pénales jusqu'au

Epistruàma~ Mtl1'guerit~Auguste. RevelleSet remise en ~uremiuparftu Clem~ntMarot

{.-f.publiée enISS2àLyon chez Pierre de Tours.

1 3 É. Dolet. cibid.-.p. 99. Doletaffi:rmc: queMarot ne désigneIIOlDIDément p:rsoœe dans son poème,maisiln'est certainement pas dupedesalIusioDS quepermetlecouvertdel'allégorie ;àce sujet, voirl'étudedeC. A.Mayer.cClément Marot et le grandMmos-.dans Climenr Marot et

~itudess""./QÜIIérr1trITetkIIIRsrDiuan«,éd.par T. Peachet P. M. Smith, Paris, Cbampi~

1993,pp. 17-19:MarotauraitmaquiUé Gabriel d'Allègre,prévôt deParis au moisdemars 1526. en

grandMinos.VairégalementG. Defàux,cV&riantesetnotes-desŒuvrespoitiquesdeC. Mank, Paris, Bordas. 1993, L

n,

pp. 807-808, n. 28 : Rhadamanre serait le üeutenaDt crimiDel GiDes

Maillart.

1 4 Nous empnmtoDs cette expression àJ. Berchtold, cL'Enfer : les enjeux d·une traDsposition

mythique.. dus CT.imftrt Marot .Prince

w

poitn.fr'a1rfois- 1496-1996. ACles d" Co~

i1ltD1lllliontlld~ Cohorsen Querty (21-15 mai 1996), éd. pli' G. Defaux et M. Simonïn, Paris.

Champion,1997, p. 631•

1 5Pour ce bref exposé surlatorture, nous nous iDspiroasde M. Foucault. SIITVeil/uetpllllir.

(30)

xvme

siècle : parce que l'aveu de l'accusé est considéré comme une preuve supérieureàtoutes les autres, ontentedel'obtenirpar cemoyen.Cest exactement ce que réprouveMarot :

(o••) [Rhadamante]vous (..•)faietplonger [1'Âme] Au fonds d'Enfer: où luyfaietaIonger

Veines,&.nerfs :&.par tourments s'efforce Aesprouver, s'elledire parforce

Ce, que doulceur n'a sceu d'elletirer. (vv.279-283)

Ailleurs, le poète dénonce lacormptioo du système judiciaire, l'iniquité, la tromperieet l'hypocrisiequiyrègnent:

Làlesplusgmndsles pluspetitz destruisent : (o••)Là sansargentpaouvreté n'a raison.

(v.51 ;vo55)

Et bien souventparcautelle subtille Tort bienmenérend bon droict inutille.

(vv.97-98) ParnOlgrandsLDups ravissants, &. famys,

Quiayment plus cent soulz, que leurs amys.

(vv. 119-120)

Lesinnocents,quien telz lieux damnables Tiennent souventlaplacedescoupables.

(vv.287-288)

Panant,Marot s'en prend vivement à toute l'institution de lajustice ; aussi Gérard Defauxqualifie-t-il le choix éditorial de Dolet d'imprudent: -Dans le climat d'intoléranceetderépression qui eataCtériselaFtanœde 1542,publier "L'Enfer" et

"La Prinse deMarot" n'était peut-être JIlS exactement la chose à faire»1 60 Cette

imprudence s'explique du simple fait que cette critique de la justice plaisait fort probablement à l'Orléanais. En effet, déjà en 1538, on retrouvesous laplume de l'imprimeurdesemblablespropos : «quel est (•••) celui qui ne craindrait avec raisœ les faux témoignages, les dénoncialiœs abominables, des juges achetés à prix

d'argent, à force de cadea~ par les prières de leurs amis, sous l'influence de

16G. Oefaux. cClémentMarot et ses édilioas lyomWses. Élieune Dolet. SébastienGrypbe et

(31)

quelqueparentéou alliance (.•.)quine redouterait que les juges n'agissent enverslui par présomption sur uneopiniœ fausse formée à la dénonciation mensongères de délateurs?»11 L'Orléanais exprime unecritique fortsimilaire danslesépîtres deson

Second Enfer, comme en témoigne par exemplelepassagesuivant: Mais jesçaytropcomme en Justice on use DemilletOUIS,que je crains etredouble. Je sçaycommentlebondmieton reboutte D'ungcrimineletcomment on letraiete, Si(tantsoitpeu) quelqu'ung sa mortaffecte,

Qui

aytcredit et pouvoir suffisant

Pour le fascher et l'aller desttuisant Enbien ou corps.Car s'il nepeultvenir Jusquesàlàqu'illuyfacefinir

La vie, allorsiltrouvelaeautelle Deluy causer prison perpetuelle, (..•).

(1 ,VVe218-228)18

Parcela même que lajusticeroyaledomineles autres instances juridiques. il

estentièrementadmissible queMarotetDoletcritiquentsiâprement uneinstitutiondu royaume tout en sollicitant lagrâce du roi. Comme l'explique R. Doucet. et afin d'user ici d'une terminologie adéquate, on dira que les deux poètes réprouvent la «justice déléguée», c'est-à-dire celle -qui [est) exercée au nom du roi par un personnel spécialisé»,ce quine met pas pour autant en doute la -justice retenue»9

c'est-à-dire ceDe qui autorise le roi à .rendre directement lajustice, en dehors de toutes les autorités régulières»19. Une telle invocation de la justice retenue est présentedans .L'FJlfer» deMarot,notamment dans le passage oùle poètecomparele roi au Christ pour l'opposer aux diables que sont les juges auxquelsildoit faire face : «Et,comme CHRIST, les Ames poulseroit1Horsdes Enfers, sans t'en laisser une

l 7Passagetirédusecond tomedesCOlfIIIIenlarii lïnglUle lIllinae,cité et traduitparC.LongeantdIms

·lnIroductioD. au S«ond Enfu

cra

Dolet.Genève.Dro~1978.p. 12.

l 8Pourlesréféreoœs aux épitresdeDole~sauf iDdieation cœtraUe9DOUSrenvoyonstoutau loagde noIIemémoireà l'édition du S«ondEnferparC. LoDgeon. Genève. Oroz., 1978t 142p.Àproposde

l'extraitcitéici,notonsquele florilège cAulcUIIS dicts et sentences notablesde Platon.,qui est

IJDIexéàl'éditionlyOllD8ÎSeduS«ondEnj!r deDolet.corroborelacritiquede lajusticeexprimée

danslesépîtres ;cf.

;,g;a.

cbap.V, p. 85,D.53.

l 9R.Doucet.LullUtitIItions

.la

Frtl1It:~ailX'dsikk.tome l :Les t:tIIlrugiographiqlll!S. LI!S in.stinltionsc~s«!ocaks,Puis,A.etJ.Picard. 1948, p. 90.

(32)

Umbre» (vv.442-443)20.Dolet ne manquepasderappeler au roi qu'il est le meilleur juge entre tous et, par conséquent. le seul qu'iI veuille:

(Roytresebrestien.seul supportdesfoulIés). (l, v. 2) Affinque Juge en ma causetusois,

Etpuisse veoirsien rientedeçois. (l,vv. 9-10) Car si au mondeilestung juste Juge,

Je vous tienstelet pourtelon vous juge; [.•.

J.

(l, vv.269-270)

En plus d'être étayée dans les passages ponctuels que nous avons cités plus haut,lacritiquedela justice expriméedansle poèmede Marots'édifieglobalement à l'aide du comparant hyperbolique que lepoèteapposeàson expériencede laprison : l'enfer. Certes, le rapprochementdeces deux lieux est fort commun, pour ne pas dire banal, mais il se fait habituellement en sens inverse, c'est-à-dire que l'enfer est le comparéetla prison son comparant Autrementdit, c'est l'enfer que l'on compareà une prison pour signifier qu'il s'agit d'un lieu clos d'où l'on ne sort pas. Un tel rapprochement est présent dans l'Ancien Testament (Isaïe :24. 22-23) : cils seront rassemblés,1emprisonnés dans un cachot», ainsi que dans le Nouveau Testament (Pierre, 1: 3, 19) : cC'est en lui qu'il s'en alla même prêcher aux espritsen prison». On le retrouve également chez Dante, où Cavalcanti parle de l'enfer comme d'une «prison aveugle» (X,v. 59),demêmequechez cettains historiens modernes, comme parexemple Georges Minois, qui qualifie l'enferde «complexepénitentiairede

['au-delà»21.

Le renversement du comparé et du comparant se produit lorsqu'il y a utilisationdel'imagerie infernale pour décrire une circonstancede lavie terrestre. Un

2 0Pour un développementplus détaillésur lethèmedeladescenredu. Christauxenfersetsur celui delasaaaIité1DObarCbi~cf.~chap. VI. pp.92-1(11.Dolet repœDd ces thèmes à traverslavoix

deMarot enIIIIIeXIIItàl-éditionboyenœdeSOIlSecondEnferla balladedescDevis Chrestienssurla passiondenostreSeigneur JesusChrist-.

(33)

tel renversement est présent chez

Lucrèce.

pourquiles châtiments infligés aux grands suppficiésdelamythologie sont le symboledespeines futilesquitorturentl'homme. Dansces conditions, Tantale représente«lavainecrainte desdieux quitourmente la viedesmonels», Tityos devient «l'homme vautrédans l'amour, que les vautoursde lajalousie déchiren~, Sisyphe est l'homme qui «toujours se retire vaincu et plein d'affliction» parceque «solliciter le pouvoir (..•) n'est qu'illusion», et les Danaïdes sont un symboledenotreâmeingrate qu'ontentetoujoursde«combler de biens sans pouvoirlarassasierjamais».Sommetoute, «c'est ici-basque lavie des sots devient un véritable enfer»2 2. Chez les néoplatœiciens, le jeu des comparaisons est une chaîne : l'enferestle comparantde la prison, maiscette prison est un symbole qui désigne autre chose,à savoirle corpshumain.

Cette métaphore ducorpsprisondel'âme esttrèsen vogue dans lesécritsdu groupedeMeaux : nous n'avons qu'à penser aux Prisonsde Marguerite de Navarre. Néanmoins,bienque Marot entretiennedes liens avecce mouvement évangélique, la prison qu'il nous dépeint dans son poème à raide de l'imagerie infernale populaire n'enest pas une spirituelle. Eneffet, si l'enfer descend sur terre dans ce texte.. ce n'est paspourservir decomparant à un aspect intérioriséde notre vie maisbienpour servirdedécoràun lieutrèsprécis du monde temporel: la prison du Châtelet (v. 12). Et, étantdonnéqueles élémentsdu companutt semêlent àceux du comparé, on esten présenceduprocédédel'application, lequel serattacheà celuidel'alIégorie23. Aussi

plusieurs élémentsempruntésà l'imagerie etàlatradition infernales sont-ils présents dans la prisondeMarotCetteprison esteffectivement décrite comme un «gouffie noir» (v.33) derrière «unhuys groset massif» (v.. 30) gardé par le chien Cerbère

(v. 26). fi Y règne une odeur de «soulpbre» (v. 23) ainsi qu'un terrible tumulte

! ! Luctèce,~la~, texteétablietb'Id. parA.Emout,~Les BeDes Leares.. 1924,t.l, livrem,pp. 139-141.

2 3Cf. B.Dupriez.Gn1dar.l..I!SprociIJés Iittbrzins(DictioIlllllÏn),Paris,Unioo généraled'Éditioas,

1984.po.124. Voir aussip.24 : on poumittoutaulaDtqualifier.L'F.nfer-de Marotdemétapbore filée..

(34)

Cv. 35) et on y croise une quantité d'animaux effrayants, tels que des loups (les

avocats)(v.119)etdesserpents Oesprocès) qui se regénèrent sans cesse(v. 138et suiv.). La fouleesttrès dense(v.486) etles âmes sont effmyées par les supplices dont elles sont témoins (v. 232 et suive : v. 275 et suiVe ; v. 474 et suiv.). La structuresur laquelle se bâtit le texte est égalementcalquée sur celle des catabases traditionnelles: Marot a «une Guyde» (v. 36) qui lui fait visiter les lieux et sa curiositéfaiten sortequ'illaquestionneà plusieurs reprises (vv. 37-38 ; VVe

123-126)24.

Or~ comme si cette toile de fond infemale ne suffisait pas à évoquer les atrocités oommises parlajusticeetles obscurs dédales des couloirs carcéraux, Marot rajoute des pierresàl'édificedel'horreur en pervertissant les juges qui règnentdans son enfer. Comme

ra

pertinemment notéFlorian Preisig, «~ chez V'ugileetdans la

tradition, Minos, Rhadamante et Éaque sont des pmdigmes de probité et d'infaillibilité, exerçant, à la manière du Christ, une justice surhumaine, ils deviennent sous laplumedeMarotdevéritablessuppôtsdeSatan,.:!s. FJ1 effet. les juges qui décident dusort

post

monem

deshumains sont présentés dans latradition comme les agents d'une justice équitable. Dans le

Gorgias

de Platon (S23e-524a),

Rhadamante, Éaqueet Minos, fils de Zeus, travaillent «afin que ce jugement qui décide la route que chaque hommedoitprendresoitle plus justeposstble»26.Dans sa catabase, Ulysse croise Minos, dontilparle en ces termes respectueux : «tenant le

2 4Surlaprésencedesguidesdansles textesdelaInIditiOll~rappeloos qu'Éoéeest.:scorté parlaSibylledeCumesdanslesCODIréessouterrainesetqueDanteYestconduit par VargiIe ;dans les visions du MoyenÂ~ lesmoines sont guidés pardessaints oudes anges ; leperroquetde

Lemaire de BelgesestaccompagnéparMercure.de..Encequicooœmelacuriosité des héros qui s'aventun:nt en enfer, eUeinforme tous cestexteset.comme lenoteP.BnmeI.ibid.p. 159, elleCIl définitlaSb'Ucturemême :cie-questionnemeat- appuall comme1Dlvéritable -pattondynamique--..

Àcesujet.voirtoutparticulièrementL'E1ifude~dm;lequelle poètese montre très curieux :

~vv.. 103-105 ; XXII. vv.. 43....5 ;

xxm.

vv. 73-75 ; XXVI, vv. 52-54 ;

xxvn.

vv.. 55-57 ;

XXIX.vv.. 106-108 ; XXXII.vvo. 43-44. vvo. 82-81 ;

xxxm.

vv. 115-116 ; Viqile lui adn:sse d'ailleœsdesrqxocbesàce sujet:

xxx.

VVe145-148..

25 F.. Preisig, .L'intertexte virgilien et ses enjeux dam L'Enfu de ~t Bibliothique d'HIIInllIIisme6 Rsulissanœ.LVU. 3. 1995. po. 581.

26Platoo.GJrgiar.tnd.inédite. iDJroductiOll et notesparMo. Canto.Paris. GF-Flammarioo. 1987. p.305..

(35)

sceptre d'or, ceroisiégeait pour rendre aux défuntslajustiœ»2 7. Chez Virgil~ ce jugeestégalementdépeintcomme unefigurede droiture :cMinosinstruit l'affaire ;il préside au tilage, convoque le conseil des siIencie~ examine les vies et les accusatioos-2 8. Quant à Rhadamante, on le retrouve en règle générale dans le Tartare, où lestorturesqu'il ordonne sont justifiées, car elles ne sont infligées qu'aux âmesquise sontmalconduitesdeleurvivant2 9.Enrevanche, les juges de cL'Enfer-de ~ et tout particulièrement Rbadamante, cet catttapeur» (v. 236) renommé pour sa cfaincte doulceur» (v. 241), exercent une tyranniedesplus croelles:

Rhadamantus(Juge assisàson aise) Plus enflammé, qu'une ardente fournaise, (..•) Fier en parler, cauteleux en demandes, Rebarbatif, quand son cueurildescharge : Brief, digne d'estreaux Fnfers en sa charge.

(vv.221-226)

En détournant d'une telle manière les juges infernaux de leur vocation première (celle d'exercer une bonne justice), Marot renchérit la croauté de son

cEnfer» et cela ne fait qu'appuyer la critiquedelajustice quiy est développée.

Ànotre connaissance, Marotestle premier poèteàutiliser l'imagerie infernale afindecondamner le système judiciaire. Frank l.estringantcroitqu'une telle tradition seraitdéjàprésente chezRaoul de Houdenc3 o. Néanmoins, sur cette question, nous souscrivons à l'opinion de Preisig, qui note que «chez Houdenc, les juges ne constituent qu'tme catégoriededamnés panni d'autres (..•) Que les mauvais juges

! 7Homère.Od)ssie.,trad.deV.Bérard.,Paris., LibrairieArmandColin. 1956, chant XI, p. 185.

28Virgile., ibid., p.. 58. LemairedeBelgesfaitégaJelœDtdeMinos unjuge équitable: cf.ibid... U,

vv. 234-236. SeulDantelepréseDre sous unjourplus effiayantdanssonEnp, V., v. 4.

2 9Cf. Virgile.ibid..p. 64 ;LemairedeBelges.ibid.. U. vv.62-64.p. 20. fi urive même qu'on croiseRlwlalDlDte aux Champs Élysées : cf.Homère., ibid.. [V.. p. 68 et Lucien de Samosate,

Hisroinviritabll!(tr1l1l voyageàlawJ,trad.. du grecIDCÏeI1yetlIIIlOté parP.d'A1bInco~ dIns

Voyaga aupa)tftk""Ileparr.éd.parf.Ucusin.,Puis.,RobertLaffoar.,1990.,p..23.

3 0Cf. R.deHoudeoc.

u

SongetrEnpS1lÏVÏtklaVoiedeParodis..Pointesdll XlIItsièc~.,éd.plI'

P.Lebesgue,Genève., Slalkïœ Reprints, 1974(Paris. 19(8),w. 526-564, p. 8S : onfilit&ire les languesdesc&us pledeors».PourleCOIDID&mraiœ de f. Leslrinpnt, voir cO'mEnfuà l'lUIre : Clément Marot et éieuœ Dolet»., dans ClimDll Mar«. d~ L'Adolescence à L'Enfer, PIdova,

(36)

soient punis n'implique pas que la justice soit mauvai.se-3 1.. Par ailleurs. nous ne croyonspasqu'il soit toutà fait pertinent deparlerde ctradition- en ce qui concerne l'utilisation de l'imagerie infernale pour décrire l'univers judiciaire. Tout ~u plus pourrions-nous évoquer l'influence qu'a eue Marot sur certains de ses contemporains.. Cette intluence semit d'ailleurs assez limitée puisque, excepté Dolet. seul Louis BeUauddela BeUaudièrereprend le même comparant hyperbolique pour raconter son expériencecarcérale dans son

Don-Don

infertUll.

ou sont tiescrires en

langage provençal les miseres

cl

caltunirez d'une prison,

publié pourlapremière fois en 1588àAix--en-ProvenœparMichel Goyzot32•Sauf erreur, DoletetBellaud sont donc les seuls successeurs immédiats de Marot à avoir dépeint leurs démêlés judiciairesàl'aidedel'imagerie infernale, encore que cdépeindre» ne soitpas toutà faitle terme exact en cequiconcerne Dolet Effectivement, comme nous l'avons dit plus haut, l'enfer est absent de la diégèse des épîtresdel'Orléanais, en conséquence dequoi le titre deson plaidoyer est métaphorique.. Aussi ne disœme-t-on dans ses vers que quelques vagues métaphores qui se rapprochent dela tradition infernale. Panni elles. notons d'abord les métaphores animales : l'Orléanais parleparexemple des cabboys de

Iustice»

(11, v. 64), la justice étant ce cvillain monstre ardent d'inimyté» (IV.v. 16) dontil craint c[la)patte,1Qui desiprès [Ile poursuict et [Ile matte» (VI, vv. 93-94). En second lieu, Dolet décrit son évasion de laprison de l'hôtel de Roannecommeun mouvement deremontée:cgaignerlebauI!»(1, v. 141) ; ciehault je gaignay. (Ill, v. 18) ; cie hault j'ay prins. pour m'esventer» (VI, 46).

3 1 F.Preisig,cibiIL., p. 570.fiestànoterqu'unjuge pâtitégalementdans('enfer de-LaVISionde Tun:hiII. reproduite dans l'anthologie d'A.

Mie.

VO)Ugef dans ftlll"ld.. D'après des te:eID

midiévauxJ'l!-xme sikœs,Paris, KIincksieck. 1992, pp. 167-190(pp. 182-183pour l'épisode sur lejuge).Laprincipalediffén:nceestlasuivante : alors quelesjuges de cL'Enfer- de Marot font régnerleurloidaDsles conln5es chtooiennes. ceuxdeTurchill etdeHoudeDc Ysontpunis.

3 2 Cf. F.Pic. cEssaidebibliographie deLouisBelIauddelaBeJJmdière»,dans LoIIÏSlkl1lJlld lM la Bel/audiire (I54J?-IS88). Acta'da Col/oquf! fk Grass~(8-9octobre 1988), éd.. par G. Gibelin. Montpellier,S.F.Al.E.O., 1993.pp. 129-159 ; voirégalementdansces mêmes lICtesdecolloque J.-M. Auzias, .L'EnferselOIlMarotet selonBeDaud-,pp. 29-38.Laseulerepoductiœmodemecp

nous CODDaissioosdu Don-Donin{mltJlse trouvedaDs ('6ditiOlldes œuvœs complètes de Louis BeIIauddela8e1laudière,ObrosetrirnosJI"OWlISSalos, suiviesdel'étude de A. Bnm, Marseille,

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