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Les résonnances werthériennes dans les romans de Charles Nodier /

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Texte intégral

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BAsonance8'Werth4riennes dans 1e8 romans de C. Nodier

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by

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A thesi.

lSuœi tted to

the Faeu! ty of Gradua te Studies and Re • • roh

MeCi!1 University.

in partial fulf1bent

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the requin •• nte

,for the degree of Maet.er

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Arta

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ABSTRACT

Charles Nodier fut urqué de bonne ,heure }ar le Werther de Goethe qui lui serv1t de .o~le pour ses pre.1ers romans. Les Proscrits (1802) et Le Peintre de SaltEbourg (180). Mais le werthér1s.e de Nodier ne

.. # •

s'arrete pas avec sa jeunesse. 11 apparaJ.t aussi dans les oeuvres de maturité. Ad~le (1820) et L'Histoire du r01 de Bohê.e et de ses sept châteaux (1830). Nous tracerons l'évolution du werthérislle de Nodier dans ces romans en s1gnalant une distanciation progressive de son mod~le

sur le plan de la structure et du style. car si ses deux prem1ers romans

,

démarquent assez

f1d~lement

Werther,

Ad~le

contient des éléments importants

;

-du mélodrame et de la 11 ttérature "frénétique" et "Les Aveugles de

Challouny". conte principal de L'Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux. montre la désaffection de Nodier vieillissant pour le roman et Bon lntér3t croissant pour les ~'con tes" • L'on peut dire que pendant

pr~s de 30 ans Nodier fut le porte-parole du werthéz1;.slIIe dans la littérature

française. Pendant sa jeunesse il s'ident1fie cOllpl~te.ent

l

Werthèr. son werthértaae "te.péré" de aa.turité, qui jusqu'A présent n'a pas été l'objet de recherches, est le reflet d'une perception changeante 4e son raIe personnel et littéraire.

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Charles Nodier was delPly affected by Goethe's Werther which he used as a model for hié first novelss Les Proscrits ( 1802) and

Le Peintre de SaI tzbourg (180). Nodier' s "werthérislle" ls not only apparent during his youthl it appears in his later works as weIll

f" ~ ~ :.r

l '"

Ad)lle (1820) and L'Histoire du roi de Bohême et de ses sept, :ièhâteaux (18)0). \Ile will traoe the evolution of Nodier' s "werthérislle" in his novels,

notiftg the progressive structural and stylistlc deviation from his model. For, although Nod1er's first two novels are quite faithful to Werther, Ad~le

contains Many elellents of melodra_ and of "Il ttérature frénétique" < and "Les A veugles de ChallOuny", the main story of L' Hlstoire du roi de

Bohême et de ses sept chAteaux, show the &ging author's waning interest for the novel font and his growing in~erest in short stories. It 18 not

an exaggerat10n to say that for close to )0 years, Nodier MaS the spokesll811

for "werthéris.e" in French l1terature. During h1s youth, he ldentlfied hiaself cOJlpletèly with Wertherl his tellpered "werthérlsae" of _ture yeara, whloh has not heretofore ,been studied, de.onstrates his ohanging

percept~on of hj, personal and li terary roie.

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N$)U8 tenons

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exprlaer notre

g.Ï:at1tude

l

M. J .1.. Launay et

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Ma.

El1zabe:rr Maxf1eld-Miller ppur leur encourageaent et leurs conse1ls dans l'élabora.t1on de ce travail.

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(6)

..

TABU DES MATImS

INTRODUCTION ' ••••••• \ •••••• " • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •• 1

1. GENÈSE ET STRUCTURE DES ROMANS DE NODIER DANS LEUR RAPPORT A ViC WERTHER

r~:;.

-Gen~ae •••••••••••••••••••••••••••• ~ • 1 • • • • • • • • • • • • • •

7

Structure

••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

2)

II. LES PROSCRITS ET LE PEINTRE DE SALTZBOURGa ROMANS

DE JEUNESSE •••••••••••••••••••••••••••••••••••• 42

Ji!'

,

III. ADELE ET "LES AVEUGLES DE CHAMOUN!". OEUVRES DE MATURITÉ

A~le •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 74

"Les

Aveugles de Chaaouny" •••••••••••••••••••••••• 88

BIBLI~IE ••••• ~~ ••••••••••• ~ ••••••• 108

(7)

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IlfTRODUCTIOlf

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L'enthousiasme de Charles Nodier pour Werther date de son adolescence. Ses trois premiers romans, Les Proscrits

(1802),

Le Peintre de Saltzbourg

(1803),

et Le Detrier chapitre de mon roman

(1803),

,

témoignent de l'emprise que le petit chef-d'oeuvre allemand a eue sur lui pendant 'sa jeunesse. Ces trois ro~ans auraient dû normalement permettre

à

l'auteur de "digérer" son werthérisme et l'acheminer vers d'autres sources d'inspiration. Mais tel ne fut pas le cas. L'empreinte était si profonde que les années ne l'ont pas effacée. L'influence de Werther se retrouve en effet dans les romans de maturité et de vieillesse.

Adèle,-1

sixième roman de Nodier , paru en

1820,

est une variation du th~me de Werther. L'Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux, - neuvième et dernier roman de notre auteur, publié en

1830,

contient un épisode ) werthérien très important réparti sur quatorze chapitres. Cet épisod~

sera repris sous le titre "Les Aveugles de Chamoun y" dans le recueil de

1853

intitulé Contes de la Veillée.

Par ailleurs, le werthérisme de Nodier se fait jour dans d'autres oeuvres non romanesques. Notre étude ne saurait négliger ~

"Les Méditations du CloItre", vibrant appel de Nodi?r aux "jeunes" de

1803,

non plus que les essais critiques touchant Werther, en particulier

"

1. Cette numération des romans de Nodier exclut Moi-më.e, petit récit autobiographique satirique de

1800,

publié pour la premiire 'fois en

1921

par Jean Lara t •

1

-, 1

(9)

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" 2

-"Quelques Observations pour servir

A

l'histoire de la nouvelle école littéraire" (1829) et "Des Types en littérature-" (1830). Notons que "Les Méditations du Clohre", publiées en appendice au rO/M.n

Le Peintre de Saltzbourg, ont toujours été réimprimées! la suite de cette oeuvre dont il y a eu quatre édit~ons du vivant de Nodier. Quant

aux deux essais critiques mentionnés ?i-dessus, leur diffusion a été beaucoup plus vaste que ne laissait prévoir leur premi~re publication dans

La

Revue de Parisl ces articles ont souvent été repris dans les recueils successifs d'oeuvres de Nodier.

Nous passerons plus rapidement sur Les Tristes ou Mélanges tirés des tablettes d'un suicidé. C'est ùne oeuvre fade et larmoyante dont la publication en 1806 n'a pas fait date dans 1 littéraire.

Seuls deux contes de ce recueil ont été Heure ou la Vision"

et "La Nouvelle Werthérie", reparu dans la Veillée sous

le titre "La Filleule du Seigneur". Il est regret table que le titre alléchant

"La

Nouvelle Werthérie" s'applique

à

l'histoire mi~vre, - et sans grand intérêt, - d'une jeune fille qui, victime de ses illusions, meurt d'un désespoir d'amour. Maia si "La Nouvelle Werthérle" ne tient pas ses promesses, il n'en reste pas moins que lè choix

du

titre pour Nodier Ist aymptoll8.tique d'une étape dans l'évo1uti<>n d~ la sensibilité française et du retentiss •• ent profond de Werther dans la conscience européenne. Il faut rappeler ici que les héros de Goethe ont atteint des proportions légendaires d~. les derni~res années du d1x-huitl~Me

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(10)

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3

-si),cle. Tel La Nouvelle Hélo!se qui a pr~fondéa~nt lIodifié lé lIode de vie et l'échdlle des valeurs des 1l111iers d'adairateurs de Julie et de

.

Saint-Preux, Werther & suscité des réactions qui se sont ressenties aussi bien dans la vie quotidienne que dans un nouvel art d'aiJller. Dans son Goethe en France, F. Baldensperger en a noté des plus caractéristiques •

••• si plus d'un beau parc l la fin d~ l'ancien régime, renfel'1l8.i t un autel élevé parai de sombres verdures "au aalheureux amant ete Charlotte", la grande fantaisie de costumes qui s'étala apr~s Theraidor fit une place aux culottes jaunes et l l'habit bleu de Werther, aux robes et aux chapeaux l la Charlotte, et l'état civil a conservé le souvenir du prJnoa Werthérie, donné l des Françaises

nouveau-nées par des lecteurs enthousiastes ou de ferventes

lectrices. 2 v

A cette mode, Nodier n'a pas ~c~ppé. Il a appareJllllent lui aussi,

l

un lIoaent donné, porté la veste bleue et

t~S

culottes jaunes de Werther.

3

On peut

y

voir un siaple enfantillage, .ais on ne saurait nier la valeur révélatrice de ce costume. Nodier a joué pour lui-lIêlle le personnage de J Werther sur le plan de la vie personnelle aussi bien ~ue sur le plan

littéraire.

1

Le Werther auquel Nodier et tant d'autres se sont efforcés de

rease.bler, est un pas.ionné d'une sensibilité extrA.e et d'une iaag1nation débordante. Il ne reste indifférent

1

aucun événellent. cette excitation

2. F. Balden.perser, Goethe en"'France

(Pari.,

19(4), pp. 16-17 •

3.

R. OliTer, Chari •• Nodier, Pilot of Roaantici . . (Syracuse N. Y.,

(11)

l',

4

-permanente affaiblit son syat~me nerveux et .~ne l des états qui frisent la to11e. Si Bon uour 11lposeible pour Lotte est la cause' évidente du suioide de Werther, l'aliénation, du héros par rapport aux Vlt,lelU'B morales et sociales de son teaps a fortement contribué 9

1

sa révolte

~

contre les conventions et 1 son dégôdt de la société. Le refus de la vie

"

dite civilisée

l

laqueil', le destinent sa n&1sssnce,

sa:

fortune et son éducation, aboutit logiquellent au refus de 1& vie tout court. ' S~n suicide

est l'about~8sellent d'une réflexion phil08ophiqu~ sur la condition

humaine aut4nt que le geste d '.un amoureux désespéré.

~e cette br~Ye analyse nous retiendrons principalement deux

\

.

crit'res du werthérlslle, du Werther-Fieber

,

qui ,a enflaDlJllé la jeunesse européenne pendant une trentaine d'années. le crit~rè de l'aliénation

.~ du héros et celui de son suicide. Dans les rOllllna de Nodier oh se

trouveront ces deux crit~res appara!t netteaent l!influence de Goethe sur

l ' écri va1n franç",is. Oes deux cri t&res étant absents du Dernier Chapitre

de mon roaan, nous ne nous étendrons plus

sur

cette

oeuvre

en dépit de ses rétérences

l

Werther. .B:n fait, notre étude portera sur les" quatre

oeuvre.

qui se conforaent

plus

ou .oi~a nett.ment aux crit~res, c'est

l

dire.

Le. Proscrits (1802)

• ~.I Peintre de Salt.bourg (180:3)

A~l. (1820)

\

\ \ \ .\ \

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\

L'Hi.toire du roi, d. Boha.e et de ••••

-rt

chtt_ux (1830)

l

(12)

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- 5 - 1

Nous les analyserons l la lumilre des connaissanc~~ qu~apportent CI

la biographie, la correspondance et les confidences de leur auteur. Nous retracerons la longue ~nti.ité de Nodier et de Werther en *arquant le

progr~8 de la distanciation, sinon de ,la désaffection, progressive ~u ; romancier par rapport au livre qui aYait bouleversé 80n initiation

l.

la vie. Nodier a été en littérature "un touche ... l-tout" auquel ses,,,

"

adairateurs ont souvent reproché son instabilité, sa diversité d'intérêts, son refus de perfectionnement dans une sph~re reconnue. Com.e le dit

Mariette Held dans son livre Charles Nodier et le romantismes

..

qui n fa NOdler aoété pas eu le courage intellectuel d',en choisir un, un ho . . e doué des dons les plus divers de le cul tiler afin q u '11 porte des fruits u,tlles et .

durables. t. .'

J •

Seuls trois centre~ d'intérêt ont captivé s9n esprit pendant longtemps. la langue frança'lse, le fan~stique et le surnaturel, le

Y'

werthé:r1sae. Si les deux prelllier,s centres ont déjà été l',o~jet d 'études'" sérieuses, le t~olsi~.e semble ne pas avoir été examiné en profondeur.

Les pre.iers pastiches werthériens de Nodier de 1802 et 180) ont frappé

,

le. oOllJlentateurs, ... ls "ceux-ci n',. ont vu qu'une _ode veunesse. Auéun critique ne se.ble .'itre aper~u que l'inf.1u.nce de Werther sur

~ ~ ~.

NOd~~ s'est étendue jusqu'en

18)0.

Le but prinoipal de notre travail

-...f

M. HeId, CharI •• Jodl.r

.t

le re-nti ••• (Montreux,

1949),

p.

89.

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sera. donc de dchi.iter avec 1& plue grande risueur pos8ible, les l!.ne qui ont attaché Nodier 1 Wert.her pendant trente ans et qui se sont

unitestés dans son oeuvre ro ... nesque. depu18 le pastiche

,

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des débuts littéraires juscp1 'aux résonanoes~~ssdurd1..s "de

vieillissante.

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GOI'IU IT NODDlh KT STRUCTUJtB DIS ROMANS

DE

NODIER

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(16)

/

GEN~SE

DES ROMANS

Au début

d~

XIXe

siècle, doethe doit

à

son Werther la majeure

partie de sa célébrité européen'ne. Quoiqu'il n'ait gu~re apprécié

l'admiration béate qul lui a souvent été vouée, 11 a compris la raison

de l'attrait universel de son livre. Analysant son année! Wetzlar et

le roman qui en résulta, 11 écrit en 1824.

1

pehindertes GlUck, gehemmte Thltigkeit, unbefriedigte Würische sind nicht Gebrechen einer besonderen Zelt, sondern jedes elnzelnen Menschen, und es mUsste schlimm sein wenn nicht jeder èlnmal in seinem Leben eine Epoque

ha ben solI te, wo ihm der "li erther" klLme, aIs wltre er

bloss fUr ihn geschrieben.1

Pour Nodier cette "époque" d'identification intense avec Werther

se situe au "cours de son a.dolescence, alors que le roaan est son livr~

de chevet. Pendant un court séjour! GirolRllgny en

1798,

Nodier indique

\

dans une lettre

l

son allli Charles Weiss les livres qu' 11 a apportés

avec lui. S~llste tera~née, il ajoutel

\

Je ne te parle point "de lferiher, parce que je le porte

toujours a 'Yec aoL 2

\

1. J. Bckeru.nn. Ge.prlche ll1

t Goeth.

ln den

1.t,ten

Jahr.n .eln.s Leben.

(Le1pz1g,

1885),

p.

5t..

.

2. A. Bst1gnard, Correspondance ln'41 te 4. Charles lfocl1er (1796-1844) (Paris,

1877),

p.

3.

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2

(17)

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8

-Cette lettre est le premier document de la main de Notier QÙ

figure Werther. Mais il est fort peu probable que ce Werther favori soit un exemplaire en allemand, langue! peine connue de Nodier) Il semble logique d'assumer qu' 11 a pris contact avec le roman de Goethe par

l'intermédiaire d'une "traduction" française. Laquelle? Il est

malheureusement impossible de l'identifiera' i l y a eu dix éd1 tians

A

partir de quatre traductions avant 1800 et nous n'avons pas pu les

consul ter. Mais nous cohnaissons assez bien la "fidélité" des "bell~e

infid~les" du XVllle si~cle pour présumer que le Werther pour lequel

Nodier s'est enthousiasmé, était dé jA un Werther plus ou ll\o1l1s "francisé".

Mais ce qui importe l notre propos, quel que soit son texte de départ,

c'est que Nodier se soit d'emblée reconnu dans le personnage de Werther. Comme Werther, Nodier est d'une sensibilité extrême et d'une imagination

,

débordante. COMe Werther, le jeune Nodier annonce par:fois son intention

de mettre fin l ses jours. .surtout, comme Werther, Nodier est un ~

individualiste qui se révolte contre un ordre social que la société

semble vouloir lui imposer' contre son çé. 4

J.

Si Nodier n' était pas germanophone, comme nous le signalent P. LeVy,

J.-M. Carré et Virgile Rosael, il était toutefois germanophile. Dans.

'lbe French Novel from Eighteen-hundred ta the Present (New York, N.Y.,

1969),

p.

67,

Winfried Engler note 1 "After Madame de Stail and before Gérard de Nerval, Nodier lias the 1I0st important Mediator between thlngs German and the literature of his oountry."

4. Nodier a souffert de sa naissance illé!i tille pendant son enfanoe 1

ses parents ne se sont I18.riés qu' en

1791.

Pendant son adolesoence,

le caract))re instable et exalté de Nodier a posé de nombreux probl~)Jles

l son ~re, juge respectable de Besançon. Dans Ch8.rles Nodier, Pilot

of Romant101sM, Richard 01iver examine oette période troublée de la

vie de No<tl.er dans son chapitre. "A Chlld of the Revolution" •

(18)

,

.

/ ) 9 -/

Ces ressemblances notables sur le plan du caract~re entre un

,

héros imaginaire et un écrivain vivant soulignent la différence essenti~lle

entre Werther et Nodier. une génération et

une

Révolution les Séparent! En effet, comme le note Hubert Juin.

1

Charles Nodier appartient! cette

gén~ratlon

d'enfaryks qui furent au 'partage de deux mondes et assist~rent

1

cette déchirure fondamentale. la Révolution française.

5

..

En 1793, Nodier âgé de treize ans, a assisté

à

l'exécution de nombreux contre-révolutionnaires condamnés

l

mort par son p~re, Président du Tribunal criminel du Département du Doubs. Ce spectacle sanguinaire l'a profondément trauma~isé et, selon Emile Montéguta

••• cet ébranlement ne 8e dissipa. pas avec les années,

11 persista chez Nodier, oomae ces tremble.ens (slc] nerveux

6

qui passent en habitude apr~s une violente illlpression d'effroi.

Il serait peut-être téméraire d'avancer que la Terreur a provoqué le preJll1er acc~s de. 1I&1adi8. nerveuses de Nodier, \l8.is on peut affirmer qu'elle les a accentuées. Les I18.ladies de Nodier resteront toujours Ilystérieuses,lfaute de renseignelllents suffisants fournis par le

malar~,

ou par ses amis. D'oft des

hypoth~ses

médicales diverses 1 par

exeIlP~e.

5. llub&rt Juin, Charl •• NocUer (Paris, 1970), p.

)4.

6.

lIIil. Montégut, ;tCharlea Nodier. oonteur et ro_neier". ~ de! Deux Monde)!, LI ( 1882), p. 498.

(19)

,

.

1

10

-Pierre-Georges Castex pense que Nodier était atteint d'épilepsie 7 tandis que Jean Larat opte pour la phtisie et Dr. Baudin pour la

8

neurasthénie. Nous n~entendons pas minimiser les souffrances réelles

J

de Nodier, l18.is en examinant de pds ses maints "malaises" l'on peut se demander, comme le faisaient parfois 8e,s amis. s' il n' y a wit pas

., un peu du "malade imaginaire" en lui, surtout pendant sa jeunesse.

Car Nodier trouve les maladies attirantes. POU:f Emile Montégutl

•• • la grosse raison de ce go dt singulier, c'est que la maladie se prête mieux que la santé aux délires de la pe..ss~n'get que Nodier n'aime la passion que

délirante.

Goethe n'avait pas le même goût pour les passions délirantes •

.

Certes Werther se si tue parmi les oeuvres qui ont illustré le "Sturm

und Drang" et, dans cette révolte des jeunes écrivains allemands.

notre rOlllan tient une place d' honneur. Mais Goethe a vai t l'âme olassiq ue,

la maturité venue, 11 se détaohera du mouvement pré ... romantique qui avait séduit sa jeunesse. A l'enoontre de Werther (et de Nodier) dont le but est .de s ' abandonner

l.

ses passions, et même de les cul ti ver, Goethe reoherohe dans la vie le calme et l 'harmonie que seule la mattrise des

7.

P.-G. Castex, Le Conte fantastique en France de Nodier

l

Maupassant ; (Parie,

1951),

p. 122.

8. Jean Lara

t,

La Trad.! tion et! l' exotiali. dans l'oeuvre de CharI.. Nodier (Paria,

1923),

oP.

32.

-9.

lI111e Montégut., NOB Morts cont •• pora.ina (Paria,

1883).

p.

167 •

\

(20)

1 "

1

11

-passions peut lui proourer. Goethe est philosophe autant qu·écrivain. S1, dans Werther, Goethe exaMine les fondelllents de la métaphysique des

10

moeurs, sa juste renommée tient l. ses méditation,s sur la métaphysique tout court.

En 1774, lorsu '11 écrit Die Leiden des jungen Werthers, Goethe n ~a que

25

ans. la rédaction du texte lui a pris de

4 1 5

semaines

"',,'

pendant lesquelles il était Itzlemlich unbewusst, einelll Nachtwa.ndler

fthnllchlt

oOlUne 11 le note dans Dichtung und Wahrheit. Pourtant la gen~se ;

de Werther ne date pas dd 1774 l18.is reIRonte au sé jour de Goethe

l.

Wetzlar en 1772. C'est Il qu'il a rencontré Charlotte Bu!f, qui devient la cél~bre Lotte de Wahlhelll, et son fiancé Johann Christian Kestner qui sert de

lIIod~le

l

Albert. La. premi~re rencontre de Goethe et de Charlotte Buf!,

collJfte ce1le de Werther et de Lotte. a lieu

l.

un bal au Illois de juin. Conune Werther, Goethe tombe amoureux de sa Charlotte. Et finalel\ent,

~

le suicide légendaire et li ttéra.ire de Werther ~, l. Wahlheill est préoédé d'un suioide véritable A W-etzlar. Ce n'est pas Goethe mais Karl WilhelDl JerusalelR, une de ses oonnaissances, qui se tue en automne 1772 1 la suite d'Une déoeption amoureuse. Goethe n'est plus

l.

Wetzlar lors de

10, "La aétaphyslque des aoeurs·· ne se.ble pas 3tre un tente trop

recherché dans oe cas puisque la préocoupa.tion de Werther est d'analyser le rele de 1 'houe dans 1& société. Aucun "syst'_e" de riflexlon ne se dég&&e du rou.n, _is Georg Lukacs ainsi que les conteaporalns de Goethe, ont'vu dans Werther un appel A l'individu de systélll&tiqueaent reaett.re en' question les conventions .o~iales, donc les lIoeurs •

(21)

, '.

12

-oet événemênt mais Kestner lui envoie une longue lettre explicative

l

dont Goethe s'inspire pour écrire la conclusion à. 1 'histoire de Lotte

, 11

et de Werther.

Il Y a certes des éiéments autobiographiques dans Werther mais Goethe a fait bien plus que transcrire ce qu'il a vu et éprouvé à Wetzlar. Lotte et Albert ne sont pas Charlotte et Kastner, quolqu'il y ait des

12

ressemblances illportantes. Werther n'est ni Goethe ni Jerusalem JlIB.ia un aJl8.1galle des deux. COJUe Werther, Goethe quitte le "cercle enohanté" d'une petite ville ob vit celle qu'il aime pour essayer de

. s'affranchir de son amour. Mais tandis que Werther ~ev1ent et se suicide, Goethe ne revient pas et s'oriente vers une vie nouvelle.

Il Y a un personnage tr~s important qui n'existe pas l Wetzlar _is qui se trouve dans 'Wert.her. c'est Wilhelm. Quoiqu'il n'écrive pas une saule phraee du rOll8.n, 11 est omniprésent, car c'est à. lui que

\

Werther adresse sa correspondance. ., Wilhelm est sage et raisonnable

coue le prouvent les commentaires de Werther. En éorivant les lettres

passionnées de Werlher, Goethe ne nous laisse pas oublier qu' 11 Y a

.

d'autres "mondes" moins touraentés liais aussi réels que celui de son

héros. La. présence de Wilhela aocuse la névrose de Werther. En donnant l 80n

11.

1

Il se sert textuellement de passages de cette lettre.

12. Kestner s',st d'ailleurs plaint l Goethe dana une lettre de Hanovre datée octobre

-1774,

que 1& vraie Charlotte ae;ait peinée de resseabler

(22)

••

. 13

-"

ro_n la structure d' une correspondance unlla ténle écrite par un

l~d1vidu exalté

A

un individu serein, Goethe ne prétend pas créer un équilibre entre démesure et raison, .ais 11 vise certainement l rappeler que passion et &agesse coexistent comme p~les opposés du comportement

humain. Victor Lange donne de ce contraste une interprétation "ironique".

I l reurque en effet 1

Above aIl, even here ln thls see.ingly impulsive

accoun t of Werther' s suf:ferings the carefully esta bU shed elament of irony must not be mlssed, no one could be a more incongruous recipient of Werther's letters than the sober friend Wilhelm, how often do we feel amused rather than aoved by 'Weriher't!' soleJmity aB aggravating in its way as the pedantry of Albert 1 does he not a t tinles seelll

to display an exasperating preoccupation wlth his own eccentricity, awarr, BO to speak, of the mlrrors at both

ends of the room?

Peu iaporle que l'on voi~ dans le rapport Wilheill-Werther une manifestation de l'ironie de Goethe oomme le

..

sugg~re Victor Lange, ou que l'on y déc~le seulement un effort de l' écri vain pour souligner les exc~s parfois invralse.blables de son héros, il ne nous appartient pas de décider la nature de ce rapport. il nous suffit de constater

qu f 11 existe. La subtil! té du ~pporl Wilheb-Werther est Bouvent paseée.

" inaper9ue des lecteurs qui glorifiaient ~e suicide de Werther. AussI

Goethe .'est-il senti obligé, dans la deUXi' •• édition de

1787,14

d'ajouter

13. Victor t...nge, "Goethe' 8 Craft of Fiotion" p.

10

dans V. Lange et al.,

Goethe. a CoUeotion of Cri tioal 1 .... 1. (&ngle"ood Cl1tf'a, N.J., 1968) •

14.

Cte.t l'~d1tlon qui ... depu1. oette date, a ~t4 preeque aeuleré1apr1mée. I~ ..

(23)

' 14

-un "Avertissement" ob U conseUle au lecteur de considérer 1& conclqsion

du roman cOlUle une mise en garde, et non pas cOllJle une solution valable ,aux probHtlles du héros.

La. pre.im oeuvre de Nodier qui s'inspire de Werther est Les Proscrl ts, publié en 1802. Que la gen~se de ce roman rellonte

l

-1798 ou 1799 ressort de la correspondance de Nodier avec Charles Weiss,

a1nsi que d'une pre.i~ esquisse des Proscrits, restée inédite jusqu'en 1924, date

l.

laquelle Jean Larat 1 fa publiée. A l'âge de dix-huit ans, Nodier a séjourné

l

Giroll8.glly ob il a rencontré une jeune fille charmante,

lég~rellent

plus âgée que lui,

'Ibér~se

Kr1ss.15 Il ne l'a connue que

tr~s peu Jl8.is elle est devenue sa. prellÛ~re feue "idéale" et le cadre

paisible et pastoral de Girou.gny ob 11 l'a vue se retrou'Ye dans

Les Proscrits. 16 De Paris 11 écrit

1

Charles Weiss que, dans un an.1 7

)

• •• je te .olltremi 1& belle IÛne de Girosagny, et le

beau vallon du Puits, .et 1& ch&ua1~re ot1 habitait cette inconcen.ble ~~Hse Kriss, qui a servi de .od~le

l

ma

pauvre Stella.

'15 J. Lara t explique qu'elle s'appelait Yr&i.ent Thénse Burtecher .ais que les gens la noa.aient Christ d'ap~s l'abréY1ation du noa de son ~. Christophe Burtscher.

16.

Le prellier titre que Nodier avait obolei pour son lhn était. Stell.!.. Dans l'esquisse publiée par Larat. 'Ibériae annonce au héros que Stella, "C'est 1& soeur de Verther ••• ".

17. Les

33

prellims lettres.da-la Correspondance publiée par Estignard ne sont pa. datée •• 11 faut les ola . . er d'une façon approxi ... tive d'apns leur contenu. çette lettre a probabl ••• nt été écrU. fin 1800 ou début 1801 quand Nodier a fait Bon prerûer 'YOJa88

l

Paris •

18. A. Bstign&rd., ,2;2 •

.2!!!..

p. 11.

,

.

(24)

,

' '!'

l'

15

-Il n'y a donc aucun doute que dans son premier roman"Nodipr, 'comme Goethe, se soit inspiré pour son héro!ne d'une jeune femme qu'il

connaissait. D'apr~s une autre lettre l Charles Weiss, il semblerait que, comme Goethe, Nodier ait été

l

un tel point absorbé dans sa. création littéraire qu'elle lui

a

semblé presque inconsciente. Dans oette lettre à Charl~ Weiss, contemporaine de la précédente, on 11 t en effet 1

''0 .

Tu me parles de Mes ouvrages, il n'yen a pl~ qu'un qui m'occupel c'est mon roman. Je l'av.ais tout entier . dans le coeur, et je ne fais pr$que que copier. il est

intitulés Stella. Je te réponds que mon roman est plus fort que moi, mais quand je l'écris je ne suis plus moi. 19

La

rédaction finale des Proscrits a pu se faire aussi spontanément que l'écrit Nodier, mais 11 ne faut pas oublier qu'il existe une preml~re

\ '

esquisse du roman qul montre une préoccupàtion obsédante de Werther. La.

version finale est un déveioppement de cette esquisse, non une création indépendante et originale. On y trouve, bien entendu, quelques

divergences d'avec Werther. D'abord, les sentiments anti-bonapartistes de Nodier qui l'obs'dent pendant ses années de débuts littéraires jOU4"t un raIe important dans Les Proseri ta. 20

D~s

le

deuxl~me

cha pi tre le héro$

19.

~,p.

6.

20. Dans La Napoléone,po~.e q,ue Nodier a écrit en 1802 avant son roun Les Prosçrits, 11 y a les aé.es th~.e8 anti-bonapartistes. La

19

déoellbre

18~,

1

la Buite de déoeptions personnelles, Nodier s'est dénoncé

1

la police qui reoherohait l'auteur du po~.e et a passé un aois

l

SaintA.

(25)

- 16

\

parle du "génie fun~bre qui planoit sui la France épouvantée". Les ,

.

références

l

la tyrannie,

A

la~ proscription et

A

la vengeance sont /

1

nombreuses. Mais tandis que l'histoire romanesque de Stella et du héros

1

para.!t couler de source, l~s références

A

Napoléon ou

A

la force brutale du pouvoir semblent avoir été introduites dans le roman par un effort conscbnt. Puis, dans la version finale des Proscrits, la mort de

St~~la

21 J

ressemble l certains égards l celle d' Atala. Quoique rien ne prouv~

~ de façon certaine que Nodier ait plagié cette sc~ne,' de

,Cha

teaubrland, 11

' - ) , 1 )

,

est néanmoins possible que la mort d' Atala ait fourni

.

un mod~le opportun

"

1

la conclusion de Nodier, - comme celle de Jerusalem au roman de Goethe. Ne faut-il pas conclure de ces exemples, que chez Nodier, bien plus que

chez Goethe, la part consoiente de la création est plus importante q u '11 ne l'a laissé entendre?

II,

'Les Proscrits a été publié en 1802. Dans une lettre l Welss,

1

Nodier 'àe plaint du titre que

lu~

a imposé son libraire ("oe titre de mauvaise augure") et il critique son romani

C'est bien détestable, mais c:est 'le dernier aa.uvais li vre que je ferai, et d'ailleurs 11 j a par-oi par-lA des éclairs de chal

eH

et de sentiment' qui ae distinguent un peu de la foule.

21. Atala eet publié en 1801. Nous r1!Itrouvons ce oo •• entairt pertinent dans une lettre de Nodier ~re

l

son t'ils àatée le 17 norial &11' 10

(27 avril 1802). "J'at lu ton ouvrage avec' avidité .... Tu as entrepris de lutter contre l'auteur d' Att&la (sio] et tu l ' a8 fait avec -8UCCa . . . . " •

Henry-Rosier, La. Vie de Charles Nodier (Paria, 19.31), pp.

98-99.

22. A. J:atlsnard. ~.

ill.,

~, 19.

-.

\

(26)

II'

',..

r<t • 17 -1.

Pourtant, l peine-Nodier a-t-il fini Les Proscrits qu'il se lance -dans' la rédaction d 'un deuxi~JIIe roman du même genre. Il se sent plus

l

l'aise dan~ sa deuxl~me oeu·rre, - et plus inspiré aussi. Car ~~r~se Kriss, qui n'était qu'une connaissance tr~s charmante, a cédé sa place de "femme idéale"

A

Lucile Franque, jêune femme mariée que Nodier a

f ' ~

,

rencontrée ldrs de son premier voyage

A

Paris en décembre 1800 et dont il est tombé amoureux. Lucile et son mari sont des artistes 'dont la fréquentation est tr~s enrichissante pour Nodie~. Il les voit souvent et deviént l'ami de Joseph ainsi que celui de Lucile. Mais ce n'est pas un vral trio "werthérlen" car 11 est sar que cette 'amitié n'inspire A

"

.

, Nodier aucune idé_ de suicide. Il est mélancolique mais non désespéré. la meilleure preuve 'en est qu'il peut rédiger la m&me année (18a3) dehx

-romans où l'amour tlent·_une grande place, aussi différents que

Le Dèrnier chaEi~re de mon roman et Le Peintre de Saltzbourg. Tandis que

"

Le Dernier c~Eitre de mon roman est une satire qui se moque de la fidélité, Le Peintre de Saltzbourg idéalise l'amour et prône les sentiments exaltés.

Les plaintes aœoureuses ont un accent plus sinc~re dans Le Peintre de SaI tzbourg q u~ dans Les ?roser! ts. Nodier y est plus

conscient de'la naturel il se livre l des descriptions plus détaillées.

• <

Son héros est plus philosophe. Est-ce Parce que l'auteur est amoureux?

~Bt-ce

grâce A ses contacts avec' les

"Médiw.teurs~,?2~,

Est-ce A cause

~

2J.

C'était un groupe d'artistes dont fàiaa.i~nt partie Joseph et Lucile Fra-nque, qui se .nun188&it

1

Pa.SI!!IJ pour discuter de rel~gion,

d'art et de politique. ,

l

".J "

(27)

.'

18

-.

de l'empreinte de Chateaubriand sur la littérature de l'époque? sans doute chacpne de ces trois in~luences a-t-elle contriPué à la ~éusBite du Peintre de Saltzbourg qui sera le roman werthérien le plus connu de Nodier. A l'âge de s9ixante ans, écrivant une nouvelle pré~ace au roman, Nodier précisera, pour'ceux qui pouvaient ~ncore s'y méprendre 1

Mon héros a vingt ans, il, est peintre. 11 est po8te, il est ALLEMAND. Il est exacteme~4 l'homme avec lequel

je m'étois identifié à cet âge •••

. Dix-88pt an. sépsrent la pub1icat1on du Peintre

~

Saltzbourg de celle d'Ad~le. A beaucoup d'égards ces années ont été difficiles pour

Nodier. le grand probl~me ~e sa vie n'est pas l'amour mais l'argent. Il a maintenant , une ~emme et un en~ant mais aucun revenu fixe. Ce sont

les années de "touche-à-tout". I l est successivement professeur

à

Dôle, secrétaire privé'; Amiens, journaliste à Laybach, alors la capitale administrative des Provinces.Illyriennes annexées à l'Empire français en 1805 ( Traité de Presbourg). Revenu à Paris en 1813, il se remet

l la crlti Pendant les dix années 8uivante~ il écrit dans Le Jo s Dé'ba. ts,

25

Le Drapeau Blanc.

La Quotidienne.

f

La Gazette de France, ~e ConserV!teur et. La Foudre. Ce travail lui

laisse peu de temps pour ses oeùvres d'imaginationl ses seuls romans

24. C. Nodier, Rou.na (Paria, 1862). p. 19.

25. Ce journal .. 'est appelé Le Journal de l'lapin de 1805

l

1814 •

y

(28)

-.

."

,

- 19 -'

sont Jean Sbogar (1818),

Thér~se

Aubert (1819), et

Ad~le

(1820).26

La gen~se d'Ad~le reste en quelque sorte un myst~re. Sur ce

point la Correspondance d'Estlgnard ne nous est d'aucun secourss elle

,

L- .

ne)contient aucune lettre pour la période qui. s'étend du 23 jUin 1818 au 23 juillet 1822. Nous ne savons pas exactement quand le roman fut

ré~gé. Sainte-Beuve, paFlant sur un ton d'autorité, ajoute Ad~le

à

la liste des premiers romans werthériens de Nodier. Ces roaans, nous di t-lla

••• furent conçus sous ces ooups de soleil ardents, Leic1

ces pre.i~res lunes sanglantes et bizarres •••

à

ces titres

j'y joins éelu~ d'Ad)le, qui, publié beaucoup plus tard, remonte pour sa premi~re21dée et l'ébauche de la composition

l

ces années de prélude.

Sainte-Beuve n'explique aucunement pourquoi il est convaincu qu'Ad~le

a été écrit bien avant sa publication. Tout le monde ne sera pas de son avis, d'ailleurs. Certains oritiques verront en Thér~Be Aubert et

Ad~le des romans typiques de la Restauration.

Si Ad~le est toujours de la veine wertherienne de Nodier, oo __ e

nous le pensons avec Sainte-Beuve, le roman est d'un style bien différent

,

26. 1. Montégut note que la deux1~.e période d. fécondité littéraire ches Nodier (1818-1"822) correspond au rétablisse.ent d'un régiae politique

qu'il a1... ~

27. ~inte-B.UY~, Portrait. littérair •• (Paris, 1862), Vo1.1, p.

453.

2

(29)

1 l ' 1 \ 1 20

-de celui -des Proscrits et du Peintre -de Saltzbourg. Nous n'y sentons plus le juvénile élément d'enthousiasme autobiographiques l'auteur s'est assagi, et, pour ainsi dire, endurci. Il ne viendrait pas à l'idée de Gaston de Germancé, protagoniste d'Ad~le, de s'écrier, comme le fait le héros des Proscritss

C'est pour vous que j'écris, âmes sensibles qui avez

\

{

/

.,

été froissées de bonne heure par le choc des passions, et 28 qui vous êtes longtemps nourries des leçons de l'infortune.

Gaston de Germancé est un héros plus actif que celui des Proscrits ou que le Charles Munster du Peintre de Saltzbourg. Même son suicide est plus "viril". Point d'indécisions et de regrets chez Gaston s 11 se tue vite et de façon extravagante COMMe un héros de mélodraMe. Dans cette

dernl~re sc~ne d'Ad~le l'on retrouve justement certains éléments

----c-frénétiques (pkr exemple, Maugis, le scélérat sadique) et une certaine

inf1u~nce

de Scott.29 N'y a-t-il pas une parenté évidente entre la

sc~ne

de lvanhoe oh Rachel menace de se jeter par une fenêtre plutôt que de céder

à

son ravisseur, et celle d'A~le oh l'héro!ne exécute sa menace?

En 180) Nodier avait 23 ans - le même 'ge que Goethe A son arrivée

1

Wetzlar. En

1820

Nodier en a quarante et, en

1828,

il a presque atteint la cinquantaine. Son "rapport" avec llerther a sensibleMent évolués 11

28.

29 •

c.

Nodier, Nouvelle. (Paris,

1882), p.8.

'Il co . . enoe

1

Itre tr~8 oonnu en Franoe vers

1820.

(30)

-•

21

-.

alme· toujours cette oeuvre .ais il commence 1 s'en éloigner comme source d'inspiration personnelle. Quoique noua n'ayons que peu de détails sur la gen~se d'Ad~le (peut-3tre ma me

l

cause de cela), il

est sar que Nodier n'est, pas aussi "engagé" dans sa création werthérienne de 1820 que dans ses deux premi~res. Le roman a cessé d'3tre l'exutoire de ses sentiments personnels. Il est devenu, au contraire, un moyen

de s'évadèr de ses soucis quotidiens vers un Monde imaginaire consolateur. Sa santé faiblit et la pauvreté le tenaille. Il écrit non plus pour le plaisir, mais pour l'argent, pressé par la nécessité

4e

produire beaucoup

1

et vite. S'il a neuf volUl\es sous presse el\

urs

18281 (entre autres L'Histoire du roi de Boh3me et

d6

ses s~ châteaux), co . . e il l'écrit

1

" / /

Charles Weiss, c'est essentie1le~{ pour des raisons pécuniairesi , /

Je suis fatigué, obéré, devenu incapable. Ma vie ressellble 1 une 1I0rt cOlUlencée, et vaudrait mieux si elle

lui retsellblait encore davantage. C'est dans cet état )0 q u '11 faut travailler dix jours de sui te pour en gagner un.

Ces phrases deYiendront le leitmotiv de ses propos. Dix-huit cent trente, l'année o~ paratt finale.ent L'Histoire du roi de Bohaae et de ses

1

sept châteaux est, pour reprendre l'expression de P.-G. Castex, son "année cruel1e".)1 Non seulellent

sa

&&nté S8 délabre .aisl

)0. A.. Zatlgnard, $! •

.2ll.,

p. 160.

)1. P.-G. Castex, Manuel

de.

études littéraires ,hançal •• sl XVIII, XIX. XX sl'c~es (Paris,

1934».

p.

657.

.

(31)

22

-Son rôle littéraire lui semble terminé. depuis plusieurs années. c'est autour de Victor Hugo que se groupe le

plus volontiers la jeune école. Il connait aussi des soucis d'argent. Mais son plus grand chagrin est né du mariage de sa fille Marie, sl fêtée par les habituée de l'Arsenal, il avait dirigé vers elle tous les élans de

sa nature aimante, et ce fut pour lui un d&chirement de la voir s'éloigner. J2

A propos de L'Histoire du roi de Bohême et de ses sept chtteaux.

Nodier a écrit ~ Weiss le 12 janvier 18)01

\

~

1

Quant au livre lUi-même. je n'y attache aucune importance. Il m'a amusé à écrire. mais il n'amusera personne.))

Quel triste état de ~ignatlon! Pourtant L'Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux est un livre amusant et extravagant. Le récit

J

werthérien qui intéresse cette étude, "Les Aveugles de Chamouny", si sentimental et larmoyant quand il parait dans Contes de la Veillée, \ est divertissant dans son propre contex~e. Co •• e le note

J.

~ichter.

)2.

))

.

34 •

Le récit de Nodier est un pastiohe trop réussi. plus long. plus développé que ces mod~les, l'éorivain y éli.ine des nourritures devenues poisons par Buite de l'abus

qu'il en

a

fait. Mais on voit que le8 tendanoes .entimentale, empruntée.

l

Richardson et Hterne,

l

Rousseau,

l

Werther ~

de.eurent fortes chez lui.)

J'

P.-G.

eastex, loe. cit.

J:stlgna.rd,

!œ.

21

t.

7P.228.

(32)

--./

, /

." 2)

"

Richter dit juste. il y a encore du Werther chez Nodier. Mais l'on ne peut nier que son influence en 1830 diff~re profondément de celle que le roman de Goethe avait exercée en 1802 •

*

*

STRUCTURE DES ROMANS

~~s la premi~re page de Werther le lecteur remarque qu'lI faut

r'

mettre ce li~8 sous la rubrique "romans épistolaires". Mais il ,ne -... --~

tardera pas l s'apercevoir qu'il s'agit d'un roman épistolaire

à

~ens

unique.

35

Comme le dit Karl Vi8tor,

In their origin as in their effect these are no true letters but hlghly Intimate confessions whlch a lone man makes to himself, ,monologues of a 8uffering soule Only Werther's voice Is heard, the friand to whom he writes a~pears only in ~ reactions which his replies avole. .)b

Tout le drame de Werther est intimement lié

A

cette structure épistolaire. Chaque lettre a sa date et quelques-unès indiqueht même

'"

35.

Voir noa commentaires, pp. 12-1).

36.

Karl Vi.tor, "La Jl&ladie du 81'01e" dansa Viotor Lange et al. • Goethe a A Colleotion of Cri tloa1 a8aals (lnglewood Cliffs. N. J ., 1968), p.

28.

(33)

\

r

24

-l'heure de leur rédaction. L'agencement de ces lettres est important, de même que leur division entre les deux "livres". Goethe donne un

, "IF

schema chronologique qui semble en conflit avec la durée romanesquet

"

l'intrigue se déroule en réalité sur deux ans, mais il est facile de s'y méprendre et de penser que Werther rencontre Lotte et se suicide la même année. Cette impression répond sans doute aux intentions de Goethel

"

le lecteur arrive ~ sentir, comme Werther, que l'année passée loin de Lotte est une année perdue.~Dlx-sept lettres séparent la dernière

,

let tre du premier 11 vre (du 10 septembre 1 ?71) et cel_le du 18 juillet 1772, dans laquelle Werther prévient Wilhelm de sa décision de retrouver Lotte.

3

?

L'on voit encore plus clairement l'intention de Goethe de minimiser

la durée de cette année de séparation quand on observe que~la correspondance pour ces dix mois d'absence ne représente qu'environ dix pour cent du

texte.

38

Le "temps" est tr~s important dans Werther. Que Goethe ait choisi le roman épistolaire comme structure implique un certain intérêt pour les "dates". Dans son article, "Season, Day and Hour - Time as a Metaphor

in Goethets Werther", Frank Ryder analyse, de façon plus détaillée que ses prédécesseurs, cet aspect particulier du roman. Werther est divisé en deux livres. Dans le premier, les lettres sont surtout écrites au printemps et en été. Werther est con~iant et heureux, absorbé par ce

,

:37.

Il y a

87

lettres datée. dans Die Laiden des jungen Werthers.

38.

Dans l'édition du Deutschen T&.ohenbuch Verlag.

13

plges de texte

sur 108.

(34)

-•

25

-,

qu '11 y a de beau et d' exal tant dans la vie. soit auteur préféré est

alors Hom~re dont 11 admire la beauté mesurée et classique. Dans le

second livre, les lettres sont écrites surtout en automne et en hiver. Werther est mélaœolique et malheureux, préoccupé Jar la mort et la

dissolution de tout ce qu'il avait précédemment idéalisé. Son auteur

préféré est alors Ossian qui dépeint des sc?mes tristes et grandioses dans

les brumes nordiques. Comme d'autres critiques, Ryder voit la possibilité

d'un mais

parall~le entre la m~ de Jésus-Christ et le suicide de Werther,

il

préf~re

souligner le

~lisme

de la nature. Sa conclusion

est que.

\

Taken at lts maximum, the contra st can be put thusi

on a. night close to the shortest in the year Werther

staf~ up, negating darkness, in transports of happiness

untU sunrise. On a night close to the longest, he

. shoots himself at miru,ight.J9

Les saisons et les autres aspects du temps peuvent être considérés

comme l'infrastructure complexe et ré:fléoh1e. de Werther. En examinant si

Goethe a exercé une influence struoturale sur Nodier, nous regarderons

ces aspects de plus pr~s pour estimer en q~elle mesure ils annoncent

le suicide du héros. Il faudra tenir compte du fait que dans Werther (de même que dans trois des quatre romans de NOdier), le suicide du

héros est déorit dans un post-scriptwn aS8e~ court ajouté

l

la partie

39.

Frank G. Ryder, "S8ason, Day and Hour - Tiae as a Me'taphor in

Goetbe's W.r'th.r", Journal of Inslleh and GerMn Phl101ogy, LXIII

(1964),

pp.

)89-407.

\

,

(35)

26

-autobiographique du texte. L'on peut dono dire qu'outre la division

de Werther en deux livres et la subdivision en lettres, il faut considérer le rôle de "l'éditeur" dont le récit termine le roman. Une analyse

structurale du livre, tout en soulignant le rôle tr~s concret des saisons et des divisions, ne saurait, par conséquent, négliger cell~ de la

-technique narrative de l'auteur •

Dans le premier roman de Nodier, Les Proscrits, nous ne trouvons aucune date en tête des "chapitres" que le héros (anonyme) insère dans

, 40 ~ (

~on livre. La premiere ébauche des Proscrits qui date sans doute de

1799)

est une suite de lettres qui ne portent aucune datel à la place de

_-"Cha pi tre 1" nous trouvons "Lettre 1". La di vision du roman final en .. bhapitres" plutôt qu'en "lettres" perlllet à Nodier d'étiqueter chaque morceau, si court qu'il soit. Il es~rObable que le jeune écrivain a choisi ce précédé pour souligner le thème de chacun, mais il n'a pas été sensible à la\brutalité formelle à laquelle le conduit cette

bri~veté

41

voulue. Les Proscrits est d'ailleurs le s~u1 roman divisé de cette

!'

40.

Désoraais nous déaignerons le peraonnage principal de oe rOMn soua le noa de Héros avec h _juaoule, puisqu '11 n'a aucun nOll •

41.

Les di'dslona tournent

l

l'absurde dana le chapitre

9

intitulé

"Le Retour" qui a sept lignes et dans le chapitre 20, "Une F08S. de plua",

(36)

1 1

27

-1

Malgré l'absence de dates préo1ses dans Les Prosori ts, Nodier se sert des saisona, co ... le fait Goethe, pour établir un paralltlle

symbollque entre la nature . t 1& vie du héros. , Le Héros rencontre

Stella au début de l'été et toabe immédiatement amoureux d'elle. Leur aIIour s 'appro:tondi t pendant l'été 11&18 Nodier sellble vouloir mln1.1ser

cette période heureuse. seuls cinq chapitres sur vingt-trois y sont consacrés, - dix pages de texte sur quarante-huit. C'est l'automne, saison préférée de. rountiques, qui attire Nodier. Quel aeUleur

')0

_oaent qu'une soirée de septellbre pour déoouvrir que Stella souffre de la aort de sa .~re et va tous les joure prier , sur sa tombe? Quel meilleur arrl~re-p1&n pour un baiser paàsionné et interdit qu~un orage autollllal? Quant

l

la mort de Stella, Nodier veut être sdr que nous reJl&%'quions en quelle salson e1-1e -a lieu. Apr's l'adieu solennel de Stella, le Héros écrit.

J'errois autour de,.8& dea.ure sans autre nourriture que les fruits sauv.&ges de l'autoane,

san.

autre lit que 1& terre huaide •••

42

Ayee l'aide de son a.a1 Franz, le Héros attris. sa douleur

l

la lIort de Stella _111 11 lui aanque souvent "la torce de 'f'1tte".. Son suiclde '., iné'f'1tabl., rapporté par le "solitaire des Voag .... dan. une lettre

l

l'éditeur des Proscrit.; oontient 1. d.rnier ren.elgneMnt saillonnier

c

42.

C. lfod1er, !foUftll ••• p. 42 •

!

{

(37)

'.

28

-du livre. Le Héros a disparu en hiver, un an apna la aort de sa bien-aimée.

Dana la conclusion des Proacri ta, le "so11 taire des Vosges" qui écrit la lettre

l

l'éditeur, joue deux rôlea.

En

pre.ier lieu, co . . e narrateur, il donne des rense1gneaents valables et nécessaires, quoique

\

"bien incertains et bien tristes", sur la fin du Héros. C'est de lui que nous apprenons la

.ort

de Franz, l'aliénation progressive du Héros et les passages'de son 11Yre oh se trouvent des pensées "indignes d'un honnlte hOllJle" - c' est.-l..d1re, des pensées de suicide. Connaissant l' a.da1ra tion de Nodier pour Werther, nous pourrions trouver paradoxale

\

cette critique du suicide. Il n'en est pourtant pas ainsi.

S1

Nodier

~ 'est pas assez :té.éraire pour justifier le au1.o1de dane Les Proscri ta, c'est surtout l cause de son orientation politique et re11gieuse en 1802.

Un an plus tard dans "Les Méditations du Cloitre". il note.

()

Je le déclare aveo amertume, avec ettroi. le pistolet

de Verther et 1.& hache des bourrw.ux nous ont dé j l déoi.és

4

'

CE'l'TE GÉNKRATION SE LÈVE, ET VOUS DEMANDE DES CLO'îTRES.

J

ln 1802 et en 180) co_. noua .o10ns dans la oonclusion des Proaor1ts et 4u Peintre de Saltzbourl. Nodier ne peut aooepter le suioide que

dan. la .eaure o. le suioidé & perdu la raison par l'exca. de .es .atheurs. L'on

peut,

bien entendu, 1nterpritu le euioide de Verther de cette , ~taçon.

.

'"

43.

C. Nodier, 010lI&l18, pp.

71-78.

(38)

...

---~'l----•

29

-En plus de son raIe de narrateur et de porte-parole de Nodier au sujet du suicide, le "sol,taire des Vosges" est,en second lieu •

.

'

un ta.Jlpon entre Nodier et son public. Nodier est conscient des lacunes de son prell1er roman. Le" sol1 taire des Vosgesll

prend l' offensi ve

en les signalant avant qu'une critique défavorable puisse le faire.

r

I l faut supporter "un style inégal et incorrect dans un Il vre qui n'est

44

qu'une effusion rapide de sens1b1l1 té", "beaucoup de répét1 tions et de tournures semblables",

45

et "des choses qui nous pa.r01ssent bizarres, extravagantes et

glganteeque~.

46

Le 1113011 taire des Vosges"

,/"

prend. sur lui la res,i>onsabili té de présenter au public un texte déch1queté

1 - 'J"

car Ile Héros a effaoé, sur son conseil, des passages "dont l'a.bsence a lalssé. entre les fragments tels qu'ils sont aujourd'hui, un vide qui nuit

l

la I18.rche et

l

l'intént de l'ouvrage".

47

.. _ _ _ 1

,,'

r Au total, 11 faut bien convenir que Nodier se sert de la lettre

c

~ du "solitaire des Vosges" co~. fourre-tout pour terainer son roman

d'une seule traite. C'.st dans cette lettre que Nodier reprend pour la

--

---dern1~re fois le th~lIe de la proscrr~ ~_' éaigré fusillé sur la

.ont&gne n'est pas le Héros, tout au aoins il aurait pu l'3tre, coam. on 'nous l'indique clAire.ent. C',st dans cette lettre égaleaent que

Nodier 8e perllet de faire la .orale aux lecteurs. ParII1 plusieurs phrasee

..

C.

Nodier, Nouvell •• , p.

52.

Loc. cit.

a:-io41ër,

NOllT!ll •• t pp.

52-5J •

Ibid •• p •

.5J •

\

(39)

\

...

30

-d'une suffisance un peu irrita~te, la dernière-du téclt nous semble

particuli~re.ent p artificielle surtout quand nous la comparons

à

la

derni~re phrase simple et aust~re de l' édi teur de Werther. Le "Bo11 taire

d~s Vosges" conclut ainsi.

D'ailleurs, tout réfléchi, les coeurs honnêtes sbnt si rares, qu'il est juste et louable de consacrer leur souvenir. 48

A

l'enc~e

de Nodier père qui félicite son file d'avoir écrit un "petit cours de morale en actlonfl~ nous soupçonnons que c'est justement

ce cçté trop moralisateur de l'oeuvre qui l'a fait tomber dans un oubli

v

presque immédiat. Désormais Nodier réprimera sa tendance à prôner •

,

-Sur le plan structural, Le Peintre de 5altzbpurg ressemble plus que Les Proscrit!

l

Die Laiden des jungen Werthers. A l'instar de-Goethe, Nodier prévient déjl le lecteur des malheurs de son héros dans le titre qui, au cOMplet, est. Le Peintre de Saltzbourg, Journal de. éllotions d'un coeur souffrant.

Goue

Goéthe, Nodier date chaque

...

"-"article" de son texte d'une façon très préoise et nous pouvons voir

(40)

'.

)1 -(~ -+

un

ra.pport direct entre les

datee,

les salsons et le chagrin crols_nt de Charles Munster.

Le(roan co . . ence le

25

aoGt. donc

1

1& fin de l'été. Dans les

~

artlcles du 25 et du 26 aoGt, N.od1er nous donne

l'arri~re-pl~

de son histolres Munster est un proscrit qui revient chez lui et trouY8 qua

.

,

1

1

sa bien-aillée l'a trompé en épousant un autre. Dans le trolsi~lle article du 28 aolt. Munster revoit Eulalie pour la prea1.~re fois. Inutile de dire qu'elle e . malheureuse ("Elle sou:ffroit, car elle a regardé le c.1el. Sa. poitrine pa.rolssoit gonflée, ses ,cheveux épars, aIle a porté

sa _in sur son front. 11 brGlolt sans doute." )49 et Munster aussi

~(

(" • •• quand ja suis arr1 ft chez Iloi, aes ba.bes ont défailli, je .e suis laissé to.ber contre terre et j'ai fondu en iaraeso,,).50

Si nous Insistons sur cet article, c'est 'parce que

aa

date est d'un Intér3t partlculier aux jeunes adll1ra,:teurs , de Goethe coue Nodierl le 28 aolt est 1& date de l'a.nniversa.1re de Werther. Dans Die Leiden

de.

_en

Werthers,

.

la let~re du 28 aoilt est trtate. En dépit de

sa

,

reconnaissance pour les oadea.ux qu'on lui a donnés, s1,Ç'tout pour le

ri]

'*

.

ruba

,ro.e de la robe de Lotte qu'il pmera

avec

lui jusqu'au tO.beau,

ll,rther eat deTènu peaa1a1ste. I l écrit •

49.

50.

C. Nodier, Ro_na, p.

2J.

Ibid ••

p.24.

-,f

(41)

/

32

-• -•-• die Blttten des Lebttns sin4 nur Eracheinungen: Wie viele gehn yorllber, ohne eine Spur hinter sioh SlI las.en, ne wenige setœn Frucht

an,

und ne wenige dieser FrI1chte .erden reit:

51

"

Sa déclsion de ~u1tter Lotte et Wahlhei. se cristalli.e

l

ce aoaent et

1

U part deux sell8.iAes plus tard.

C'est de la tristesse plut8t que du pesslaisme que nous trouvons dans la lettre du 28 aoGt de Charle. Munster. Néanmoins elle contient une phrase troublante. Munster écrit.

c

• •• je ae suis approché de cette tenAtre, (ort se J

trouYe'Eul.aJ.le] et .1e _ suis plongé dans la luai~re ~ qui en de.cendai

t,";52

~

-/

Noua ayons ici une prétigurat10n de

dern1m rencontre de Mun.ter

.

et ,'Malie ot1il conte.~e longteapa avant de .. jeter.dan. le

..

r

Danube le8 lIurS du cloItre ot! ~le s'est ref'ug1ée. Chell Goethe et chez

J - ' ••• • '

~ , , "' fi . .

Nodier, le 28 aodt urque donc~une date crit1que 4u ro_n.. Pour Werlher

et pour Mun.ter, il n '1 aura pl •• de bonheur

l

part1r

cJ.8

ce jour. La

d1:r:rérence entre les deux roM.DS elt que, dans Werther,

34

de. )8

lettn~ du preaier 11.re préoW.ent le 28 aolt alors que, dan.

,

51.

J.V. Goethe, "Di. Ltl4eD de.

Juy!n Veribera.

J'rIbe Pro_

(Mlnohen,

1968),

p.

85.

52. C. lod.1er, ROl&lla, pp.

23-24.

.. '

(

(42)

v

-

33'~

Le Peintre de Salt~bourg, Nodi-er se passe du prell1er l1vre. 1& période qui l '1ntéresse dans la ne de Munster est oelle ob 11 est 1I&1haureux,

·o'es~"'41re. l'autoane du dewd'.e 11YX'8 chez Goethe, - la période

de crise ch~re aux·roaanciers français depuis l'époque classique.

,

Il Y a un ~ teur" dans Le Peintre de saI tzbourg 118.1s

l

l' epcontre

du "solitaire des Vosges", celui-c1 n'interY1ent pas dans le réoit qu'il donne, Sa "conclusion" reste object1!t\, cOlUle celle de l'éditeur dans Verther, et nous y trouTons les derniers renseigne.ents sur

~rles Munster. La date de

sa

.ort n'est pas précisée _ls elle .. lieu en hiver co . . e nous voyons d'ap~s 1& description de Charles dans ses vateaents de ~ler1n passant de'Y&nt le couvent d'Eulalie.

L' .. édi teu" note.

La neige, balayée par le vent, rouloit en tourbillons sur sa tate, et un aquilon glacé siffloi t dans les plis de

sa

robe.

53

u de joun' plus

tam,

le corpe de Charles Munster est retrouvé sur 1& riTe du Danube par son &ai Guillauae. De nou ... u, co_a dans

Verth.r et Le. Prosorits, dans la oonolua10n d. son ro_n, Nodier aou11gne 1& conjonction d. 1& .ort de 1& natu& et de c.ll. de Bon héros •

lbicl •• p.

66.

\>

Figure

TABU  DES  MATImS
figure  Werther.  Mais  il est  fort  peu  probable  que  ce  Werther  favori  soit  un  exemplaire  en  allemand,  langue!  peine  connue  de  Nodier)  Il  semble  logique  d'assumer  qu' 11  a  pris  contact  avec  le  roman  de  Goethe  par  l'intermédi

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