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ARTheque - STEF - ENS Cachan | L'observation du comportement pédagogique des enseignants lors des sorties scolaires aux expositions scientifiques

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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L'OBSERVATION DU COMPORTEMENT PÉDAGOGIQUE

DES ENSEIGNANTS LORS DES SORTIES SCOLAIRES

AUX EXPOSITIONS SCIENTIFIQUES

Luciana SEPULVEDA

Étudiante en thèse au Muséum National d'Histoire Naturelle, Paris

MOTS-CLÉS: PARTENARIAT ÉCOLE-MUSÉE - VISITES SCOLAIRES-ÉTUDE DE COMPORTEMENT

RÉSUMÉ: Dans le cadre des visites scolaires nous nous sommes attachésà préciser le rôle de médiateur des enseignants. Nous avons construit un outil d'observation des interactions entre ceux-ci, l'exposition et leurs élèves durant la visite afin de préciser quel rôle pédagogique s'attribue l'enseignant dans ce milieu extra-scolaire. L'outil d'observation et une première approche des résultats observés dans deux institutions muséales distinctes sont présentés.

SUMMARY : During school field trips teachers are mainly responsible for setling the bases of pupil-exhibits relationship. We have observed interactions among teachers, students and exhibits in order to identify the nature of teachers' pedagogical choices and related behavior in this specifie environment. Methodological aspects of observation and flfst results discussion are here proposed.

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1. INTRODUCTION

De nombreux auteurs ont mis en évidence la spécificité éducative du milieu muséal par rapport à l'école (Hooper-Greenhill, 1991; Martineau, 1991a ; Van-Praet, 1992; Jacobi et Coppey, 1995). Malgré ce constat, l'appropriation pédagogique que font les enseignants des visites aux institutions muséales n'a été que peu étudiée dans la littérature française. L'étude des représentations (Eidelman et Peignoux, 1994) et des pratiques déclarées (Gonin-Bolo, Bouchon et Pedemay, 1989 ; Schaub, 1994; Buffet, 1996) laisse ouverte la question de connaître ce qui se passe effectivement pendant la visite.

Nous chercherons iciàidentifier les rapports entretenus entre le savoir, l'enseignant, les élèves et l'exposition. D'autre part, il s'agit d'évaluer l'impact du projet muséologique et muséographique de l'exposition visitée sur les comportements observés. Nous avons mis en place une grille d'observation qui a été utilisée d'abord auprès des enseignants en visite à la Cité des Enfants de la Villette à Paris et ensuiteà Agropolis Museum à Montpellier. Les démarches d'observation, les apports et les limites de l'analyse comparée des fréquences des indicateurs font l'objet de cette communication.

2. L'EXPÉRIENCE MUSÉALE DE L'ENSEIGNANT

L'analyse des comportements pédagogiques des enseignants doit considérer l'exposition comme un environnement spécifique ayant sa propre économie (Eidelman, Van Praet et al., 1992) et la visite comme un parcours affectif et conceptuel (Miles, Roberts et Uzzel, 1993). Dans ce sens, on doit prendre en compte le rapport entre les acteurs impliqués et l'exposition, pendant la visite, en terme de processus, où le social (i.e. : la taille et l'âge du groupe en charge) et le contexte personnel (i.e. : son être socioculturel, le capital de familiarité avec l'exposition ou le thème) sont en interaction avec le contexte physique de l'exposition. On définit ainsi l'expérience muséale de l'individu (Falk et Dierking, 1991). La visite scolaire constitue, pour l'enseignant, un type d'expérience muséale dont le contexte personnel intègre la motivation pédagogique et les actions entreprises pour préparer la visite. C'est autour de cette expérience unique et plus précisement des interactions pendant la visite que nous avons centré nos observations.

3. LA CONSTRUCTION D'UNE GRILLE POUR OBSERVER LES COMPORTEMENTS PÉDAGOGIQUES DES ENSEIGNANTS DANS LES EXPOSITIONS

3.1 Les objectifs et les démarches de l'observation Nos objectifs étaient les suivants:

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· repérer le type de relation pédagogique prédominante (quel rapport entre l'enseignant, l'élève etle savoir?),

· identifier les rapports de l'enseignant aux objets, aux textes, aux artefacts,

· identifier les actions des enseignants pour médiatiser les rapports des élèves aux objets, aux textes, pour organiser l'emploi du temps de visite et pour organiser leur parcours dans l'exposition, · repérer la fréquence et la nature des échanges entre l'enseignant et un membre du service pédagogique pendant la visite.

Après avoir fait l'inventaire des comportementsà partir d'observaùons libres, nous avons répertorié 30 indicateurs des comportements observables (externes et non ambigus) concernant les interventions didactiques, organisationnelles et disciplinaires ainsi que les actionsà l'égard des éléments de l'exposition et celles à l'égard des animateurs. Lors d'une visite, nous notions sur la grille d'observation la présence des indicateurs préalablement définis en rapport avec chaque élément d'exposition visité. Nous signalions la fréquence d'apparition d'un comportement, l'ordre d'apparition et sa durée. Les données permettant l'identification du groupe scolaire observé (établissement, date et horaire de la visite, classe) étaient également notés. Un questionnaire était proposé en fin de visite afin d'avoir accès aux renseignements liés aux moments de préparation et de l'exploitation ainsi que de connaître le contexte personnel de la visite pour l'enseignant.

3.2 Les échantillons observés

18 enseignants ont été observésàla Cité des Enfants de la Cité des Sciences et de l'Industrie et ont été enterviewvés dans le cadre d'un questionnaire. 77 enseignants ont été observés à Agropolis Museum àMontpellier dont 66 ont répondu au même quesùonnaire.

4. L'ÉTUDE COMPARÉE DES FRÉQUENCES

DES DIFFÉRENTES INTERVENTIONS AUPRÈS DES ÉLÈVES DANS DEUX EXPOSITIONS

4.1 Les indicateurs choisis

L'étude des fréquences des indicateurs observés peut être utile pour dévoiler le type d'intervention le plus courant dans une exposition de la part des enseignants. Nous allons prendre,àtitre d'exemple, les fréquences observées de 3 indicateurs choisis parmi les 30 repérés:

1- indicateur IDT : intervention disciplinaire par rapport au toucher

comportement observé: l'enseignant réprime ou reproche aux élèves, verbalement ou par le regard, l'action de toucher un élément ou un objet dans l'exposition.

2- indicateur IORG : intervention pour organiser une acùvité

comportement observé: l'enseignant détermine le temps d'une activité dans une partie de l'exposition, désigne des groupes de travail, organise l'accèsàune manipulation.

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comportement observé: l'enseignant fait des commentaires pour ajouter une information, explique un mot qu'il juge difficile pour les élèves, explicite un concept, donne des exemples.

4.2 Codage des indicateurs

Selon sa fréquence d'apparition, une intervention peut être codée comme "systématique", si elle se répète tout au long de la visite, "occasionnelle" si elle est apparue 1 ou 2 fois et elle est codée "absente" si elle n'a jamais été observée durant la visite.

4.3 Hypothèse de départ

Nous estimons que le type d'exposition visitée et le niveau de la classe en charge font varier les comportements observés (intervention systématique).

4.4 Tableau comparatif des fréquences des 3 indicateurs retenus, selon les classes en charge, à la Cité des Enfants.

indicateurs GSM*- CEI-CE2 CM1-CM2 CP

R 67% 83% 44%

!DT 0% 0% 0%

IORG 67% 87% 89%

.. Grande Section de la Maternelle

La Cité des enfants est une exposition interactive où les enfants sont invités à manipuler etàjouer pendant une séance d'une heure et demi dans un grand espace ouvert organisé en" îlots" reliés dans des grands thèmes fédérateurs. Globalement, les enseignants interviennent d'abord pour organiser et cela semble être davantage vrai vis-à-vis des élèves de CE et de CM. Ensuite, c'est l'explication d'un contenu ou d'une manipulation qui est l'intervention la plus couramment observée pOlir tous les niveaux, mais nettement moins observée auprès des CM. Quant à l'intervention disciplinaire concernant le toucher elle n'est jamais observée parmi les enseignants visitant la Cité des Enfants. Les enseignants semblent s'attribuer, en premier, le rôle d'organisateurs. La multiplicité des stimuli et la structure physique de l'exposition provoque chez les élèves, souvent très excités et tendus du fait même d'être dans un milieu inconnu, l'éparpillement de leurs actions. Les interventions pour "expliquer" peuvent concerner l'explication des phénomènes liés aux manipulations et même l'explication de "ce qu'il faut faire" auprès des élèves qui ne maîtrisent pas la lecture ou qui simplement n'intègrent pas la lecture dans leur stratégie d'appropriation. Cette préoccupation concerne moins les classes plus âgées, et donc théoriquement plusàl'aise et autonomes par rapport à la lecture et aux contenus.

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4.5 Tableau comparatif des fréquences des 3 indicateurs retenus, selon les classes en charge,à Agropolis Museum

indicateurs GSM*-CP CEl-CE2 CM1-CM2

R 83% 100% 83%

!DT 25% 18% 13%

10RG 100% 100% 100%

*Grande section de la maternelle

ÀAgropolis Museum, les textes, les objets et les artefacts présentent de façon thématique des concepts-clefs et des infonnations dans quatre espaces muséographiquement distincts. Beaucoup d'infonnation dans une multiplicité de registres détennine un parcours conceptuel chargé, plutôt difficile pour un public non averti. Tous les enseignants interviennent de façon systématique pour organiser la visite. De même, ils sont plus de 80% à intervenir sur le contenu, tous niveaux confondus, l'exposition semblant poser un problème de lisibilité pour les enfants. L'intervention disciplinaire concernant le toucher apparaît comme démarche répétée pour 1/4 des instituteurs des CP-GSM. Ce type d'intervention décroît au fur et à mesure que l'âge des enfants est plus importante, ainsi les enseignants interviennent moins auprès des CM qu'auprès des CE et ainsi de suite.

4.6 Comparaison entre les fréquences observées à la Cité des Enfants et celles observées à Agropolis Museum

De façon générale les trois types d'intervention systématique analysés ici ont été plus souvent observésàAgropolis Museum qu'à la Cité des Enfants. Tout d'abord il est évident que l'intervention disciplinaire par rappon au toucher ne concerne pas les enseignants lorsqu'ils visitent une exposition où le toucher est intégré à la conception de l'exposition. En revanche, ce type d'intervention est retrouvée à Agropolis Museum car le toucher est perçu comme un comportement non souhaitable dans un musée "classique". Pour l'organisation de la visite comme pour l'aide aux apprentissages c'est toujours les expositions à Agropolis Museum qui semblent susciter davantage les interventions des enseignants. Or, à Agropolis, tous niveaux d'enseignement confondus, l'intervention systématique pour organiser la visite concerne la totalité des enseignants! Cependant, l'écart entre les fréquences observées dans les deux institutions est plus important pour le CM et ensuite pour le CP. En fait, nous constatons que la variable "type d'institution visitée" intervient sur les comportements des enseignants et que son effet est nuancé par le niveau des classes en charge.

5 LIMITES DE L'ÉTUDE DES FRÉQUENCES

L'étude des fréquences apporte des renseignements sur les types d'interventions pratiquées dans une institution et permet d'observer des différences quantitatives selon les classes et l'institution muséale visitée, mais elle s'avère insuffisante encequi concerne la compréhension du sensàdonner aux comportements des acteurs. Un problème de fond concerne la polysémie des indicateurs. En effet, un

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même indicateur peut être différemment interprété selon les rapports qu'il entretient avec d'autres indicateurs. Pour donner sens à ces observations il faut, au moment de l'interprétation, regrouper les indicateurs dans des unités plus synthétiques prenant en compte toute une "ligne" dans notre grille d'observation, soit une séquence qui met en rapport un élément d'exposition et un ensemble d'actions enchaînées dans un temps précis. L'étude des séquences peut mettre en lumière une typologie des processus d'appropriation pédagogique durant une visite. En outre, l'interprétation des comportements observés doit intégrer des renseignements sur le contexte personnel de l'enseignant pour la visite.

6. CONCLUSION

L'étude des fréquences des indicateurs présente les premiers éléments d'une approche descriptive des pratiques pédagogiques des enseignants dans les expositions muséales. Cependant, cette approche, dans le cadre d'une étude des visites comme des processus de construction de sens et d'interaction entre le projet de l'enseignant et celui de l'exposition, doit être complétée. Les résultats obtenus dévoilent la nature des comportements des enseignants pendant une visite et suggèrent que ces comportements varient quantitativement selon le type d'exposition visitée et le niveau du public en charge. Bref, ce type d'approche avance des éléments intéressants d'analyse des enjeux de l'appropriation effective des expositions par le public scolaire.

BIBLIOGRAPHIE

FALK 1., DIER KINGL.,The museum experience,Whalesback Books, Washington, D.C. MOREL G., RAICHVARG D., VAN PRAET M., Les relations entre école et musées de sciences comme programme de recherches., inAnnées 2000 : enjeux et ressources de la formation et de la culture scientifiques et techniques,Actes des 14es 1.I.E.S., 1992, pp.393-397.

SEPULVEDAL., Quefont les enseignantsàla Cité des Enfants?Mémoire de maîtrise en Sciences de l'Éducation, Université René Descartes, Paris V, 1993.

SEPULVEDA L., 1994. Lemusée etl'école: quelles relations possibles? Analyse de cas de l'Atelier des enfants du Centre Georges Pompidou, Mémoire de D.E.A., Muséologie, Museum National d'Histoire Naturelle, Paris.

Références

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