PLACE DE L'INFORMATIQUE ET DU MULTIMÉDIA
DANS LES ÉCOLES NORMALES SUPÉRIEURES
EXEMPLE DE L'ENSET D'ORAN
Abdelkader BELAIDI*, Malika KANDSI
ENSET Oran, *Responsable Post-Graduation "Didactique des Sciences et Techniques"
MOTSCLÉS : ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE FORMATION ORDINATEUR
MULTIMÉDIA
RÉSUMÉ : L'informatique et en particulier le multimédia joue désormais un rôle important dans la
formation de ces formateurs. L'ordinateur est devenu le laboratoire par excellence, au détriments des travaux pratiques. Cette situation de "tout informatique" peut-elle porter préjudice à la formation des formateurs ? Dans cette communication, vont être exposés le rôle et l'impact de l'outil informatique au niveau de l’ENSET d’Oran, d'une part, ainsi que les différentes tentatives d'introduction du multimédia, d'autre part.
ABSTRACT :
1. INTRODUCTION
La mission première des Écoles Normales est la formation des formateurs. L'École Normale Supérieure d'Enseignement Technique d'Oran (ENSET) forme des enseignants du primaire (MEF : Maître de l'Enseignement Fondamental) d'une durée de trois années, du Moyen (PEF : Professeur de l'Enseignement Fondamental) d'une durée de quatre années et enfin du Secondaire (PSET : Professeur Secondaire de d'Enseignement Technique), d'une durée de cinq années. Une nouvelle filière vient d'être ouverte cette année, il s'agit de la formation d'enseignants en Management Industriel, d'une durée de cinq années. Ces trois paliers de formations sont porteurs d'un contrat d'emploi dans un établissement sous tutelle du Ministère de l'Éducation Nationale à l'issue de la formation.
L'informatique occupe une place très importante dans le cursus de l'apprenant. Le tableau ci-dessous montre le pourcentage de Projets de Fin d'Etude (PEF) par catégories :
• Projets à caractère expérimental
• Projets basés sur la modélisation et la simulation en utilisant l'ordinateur
• Projets à caractère didactique par l'utilisation du multimédia.
Département Expérimental Modélisation & Simulation
Multimédia
Génie Civil 29 % 66 % 05 % Génie Électrique 22 % 60 % 18 % Génie Mécanique 47 % 50 % 03 %
2. UN ENSEIGNEMENT ET DES QUESTIONS À LA FORMATION
Cette étude s'est portée sur trois années et montre clairement que les projets de fin d'étude utilisant l'ordinateur sont de loin prédominants au détriment des PEF à caractère expérimental.
Les raisons de cet engouement pour l'informatique sont multiples. Les principales sont :
• Matériels de laboratoires vétustes, datant de plus de 30 ans ! (du temps de l'UNESCO en 1970).
• Le matériel en état de marche n'est pas fiable : pannes fréquentes, appareils mal étalonnés, pièces de rechanges difficiles à acquérir ou inexistantes due à l'âge de l'appareil. Ces problèmes poussent l'étudiant à opter pour un projet basé sur l'informatique.
• La disponibilité de l'ordinateur, la simplicité d'acquérir les logiciels adéquats pour simuler pratiquement n'importe quelle expérience physique et la sécurité d'utilisation du PC : pas de problèmes de griller un appareil ou d'être électrocuté, on peut aussi refaire l'expérience autant de fois qu'on veut même chez soi, il suffit de disposer d'un micro-ordinateur et le tour est joué.
- Mais ce tout digital ne pourrait-il pas porter préjudice à la formation du formateur ? En effet, ces travaux pratiques virtuels ne remplaceront jamais les travaux pratiques de laboratoire où l’on peut manipuler les appareils, les toucher, les raccorder et effectuer des vraies mesures. Certes, l'informatique peut jouer un rôle essentiel dans la formation du formateur mais non au détriment des travaux pratiques car demain ce est appelé à effectuer lui-même des expériences dans une classe devant ses élèves.
- L’École Normale Supérieure étant un établissement à caractère pédagogique, le multimédia doit y occuper une place particulière. Le faible pourcentage qu'occupe le multimédia dans la formation de l'apprenant est dû en partie à la réticence de certains enseignants à inclure cette nouvelle "manière d'enseigner" dans leur discipline. Les raisons principales de cette inertie vis-à-vis du multimédia sont souvent la méconnaissance de cette nouvelle discipline, son impact incertain sur la formation et surtout la peur de l'outil informatique de la part de certains enseignants.
- Beaucoup d'enseignants sont charmés par le multimédia. Mais ils sont troublés par les difficultés techniques, par la machine. Ils craignent aussi pour leur position : dans un cours traditionnel, ils représentent le savoir. Avec les nouveaux outils, l'information est partout. En outre, leurs élèves connaissent mieux qu'eux les ordinateurs et n'ont aucune blocage vis-à-vis de la machine. Il est parfois difficile de s'imaginer élève de ses propres élèves.
3. RÉPONSES D’UN DÉPARTEMENT DE DIDACTIQUE DES SCIENCES ET TECHNIQUES
L'École abrite aussi cinq formations de Magistère dans les spécialités suivantes :
• Électronique option Modélisation et Simulation des Matériaux,
• Électrotechnique option Commandes des Processus,
• Chimie option Gestions des eaux et pollutions,
• Génie Mécanique options Machine Thermiques - Construction en Génie Civil - Fabrication
Mécanique,
Les thèmes de Magistère pour la plupart sont basés sur l'outil informatique, à quelques exceptions près (certains sujets de Chimie et de Génie Mécanique qui disposent de certains matériels de laboratoire). Le choix de l'outil informatique comme laboratoire de travail est motivé par la disponibilité de la machine (PC) ainsi que par les problèmes liés à l'expérimentation évoqués plus haut.
Le Magistère Didactique des Sciences et Techniques, par contre, est un Magistère pilote de toute la région et même de tout le pays, destiné à former des didacticiens dans différentes disciplines (Physique, Informatique, Mathématiques, Mécanique, Médecine, etc.).
La production, la diffusion et l'évaluation de produits multimédia à caractère pédagogique est la mission principale de ce Magistère. Ce Magistère devrait donner un nouveau souffle à la Didactique et promouvoir et encourager l'utilisation du multimédia dans le cursus de l'étudiant.
Quant aux thèses de doctorat d'état, elles sont pratiquement à 100 % basées sur la modélisation. Les quelques expériences pratiques sont en général effectuées dans des laboratoires étrangers. En effet, monter un laboratoire en vue de faire une recherche dans un thème pointu demande un investissement important que beaucoup d'Écoles Normales Supérieures, voire, même, des Universités, ne peuvent se permettre. Par conséquent, les enseignants préfèrent se rabattre sur l'outil informatique où la chance de trouver un résultat dans un délai raisonnable est plus grande que dans le cas d'un travail expérimental.
L'École mène depuis deux années un certain nombre d'actions dans le but de privilégier le volet recherche scientifique qui constitue, sans doute, à un soutien incontournable à la formation post-graduée et au développement de la recherche appliquée.
À cet effet, plusieurs projets et laboratoire de recherche ont vu le jour. Des budgets d'équipement et de fonctionnement ont été mis à la disposition de ces laboratoires qui commencent à s'équiper. Une nouvelle dynamique est en train de se mettre sur place pour stimuler la recherche expérimentale et combler les carences expérimentales dans le cursus de formation du formateur. En parallèle, un équipement informatique moderne se met en place : ordinateurs haut de gamme, Internet à haut débit, Intranet à fibre optique.
Avec cette NTIC (Nouvelle Technologie de l'Information et de la Communication) et la recherche scientifique au sein des laboratoires, les Écoles Normales Supérieures pourront donner une formation de qualité.
4. CONCLUSION
Les nouvelles technologie de l'Information et de la Communication (NTIC) nous font entrer dans une civilisation du tout digital, y compris nos manières de communiquer. Avec l'arrivée des hypermédias, des réseaux, de la réalité virtuelle et autre quincaillerie informatique, la pédagogie se voit une nouvelle fois poussée en avant par la technologie. L'acquisition des connaissances s'accélère, les moyens de formation se développent, le temps libéré s'allonge et les échecs des systèmes éducatifs s'extériorisent avec force, ce qui nous pousse à utiliser d'autres moyens pour
apprendre : l'informatique.
Cependant, ceci ne doit pas se faire aux détriments des travaux pratiques. Les simulations sur ordinateurs sont importantes et nécessaires mais ils restent "virtuels" et ne doivent pas remplacer les manipulations aux laboratoires mais les compléter.