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Modélisation numérique de la guitare acoustique.

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Academic year: 2021

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(1)Modélisation numérique de la guitare acoustique. Grégoire Derveaux. To cite this version: Grégoire Derveaux. Modélisation numérique de la guitare acoustique.. Mathématiques [math]. Ecole Polytechnique X, 2002. Français. �pastel-00002585�. HAL Id: pastel-00002585 https://pastel.archives-ouvertes.fr/pastel-00002585 Submitted on 28 Jul 2010. HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés..

(2) ` THESE pr´esent´ee a`. ´ L’ECOLE POLYTECHNIQUE pour obtenir le titre de. DOCTEUR EN SCIENCES sp´ecialit´e. ´ ´ MATHEMATIQUES APPLIQUEES par Gr´egoire D ERVEAUX Sujet de la th`ese :. Mod´elisation num´erique de la guitare acoustique. Directeur de th`ese : Patrick J OLY. Soutenue le 4 juin 2002 devant le jury compos´e de : Antoine C HAIGNE Dominique C HAPELLE Dominique H ABAULT Patrick J OLY Patrick L E TALLEC Serge P IPERNO Olivier P IRONNEAU Bernard R ICHARDSON. Examinateur Examinateur Examinatrice Directeur Examinateur Rapporteur Rapporteur Examinateur.

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(4) a` Soazig et Enora.

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(6) MERCI BEAUCOUP. Merci a` Patrick Joly de m’avoir accueilli au sein du projet Ondes a` l’I NRIA. Je ne sais pas si j’ai toujours su mesurer la chance que j’ai eue d’avoir e´t´e encadr´e par une personne dont l’incroyable gentillesse n’a d’´egale que l’immense culture math´ematique. Merci a` Antoine Chaigne d’avoir propos´e ce sujet captivant. Merci de m’avoir initi´e avec une si grande patience a` l’acoustique musicale et au fonctionnement de la guitare. Merci a` Eliane B´ecache d’avoir toujours e´t´e disponible, toujours avec le sourire, pour r´epondre a` mes petites questions. Merci a` Ian Solliec pour tout ce temps pass´e a` discuter dans notre bureau, a` deviser sur le sens des ding, bling et blang d’une guitare et d’autres sources de bruit. Merci a` Francis Collino pour ses remarques et son aide pr´ecieuses. Merci a` Fran¸cois Cl´ement pour sa disponibilit´e permanente pour r´esoudre toute sorte de probl`emes techniques et informatiques avec une telle s´er´enit´e. Merci a` Michel Kern, mon gourou en alg`ebre matricielle, pour son aide dans le choix bien difficile des bons algorithmes de r´esolution de probl`emes lin´eaires. Merci a` Olivier Pironneau et a` Serge Piperno d’avoir accept´e avec gentillesse d’ˆetre rapporteurs de ma th`ese. Merci beaucoup de vous eˆtre plong´es aussi rapidement dans les d´etails de ce manuscrit et de m’avoir fait part de vos remarques. Merci a` Patrick Le Tallec de m’avoir fait l’honneur de participer au jury de cette th`ese. Merci a` Dominique Chapelle pour l’int´erˆet qu’il a toujours port´e a` ce travail et pour ses remarques judicieuses. Je suis tr`es heureux qu’il ait fait partie du jury de th`ese. Merci a` Dominique Habault et a` Bernard Richardson d’avoir accept´e de venir de si loin pour participer au jury de th`ese. Merci a` Bernard Larrouturou pour m’avoir mis sur les rails de la recherche. Sa confiance et ses conseils m’ont bien aid´e a` franchir le pas. Merci a` l’´equipe multimedia de l’Inria Rocquencourt, en particulier a` Arghyro Paouri, pour l’´enorme travail de r´ealisation d’un film d’animation. Merci pour sa patience, pour sa curiosit´e et pour les merveilleuses images qu’elle a r´ealis´ees. Merci a` Marie-Claude Bour et a` Yves Duval de m’avoir enseign´e les math´ematiques avec tant de qualit´e. Je ne les oublierai jamais. Merci aussi a` tous les membres des projets Ondes, Estime et Otto. Helena, Muriel, Leila, Claire, Clarisse, Thierry, Jean-Marc, Kevin, Sandrine, Houssem, Chrysoula, Benoit, Dolores, Wang, Vincent, Jeronimo, Abelaziz, Gilles, Sebastien, Isabelle, Fabrice, Jacopo, Hussein, Etienne, Christine, JeanDavid, Gary, Jacques, Jean, Jerome,... Merci d’avoir contribu´e a` la bonne ambiance qui r`egne dans le long couloir tordu du bˆatiment 13..

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(8) ` TABLE DES MATIERES. Table des mati`eres Introduction. 1. I Un mod`ele num´erique de guitare. 9. 1. 2. 3. La guitare, une description et un mod`ele physique. 11. 1.1. Un mot sur le fonctionnement de la guitare . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 12. 1.2. La corde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 15. 1.3. La table d’harmonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 23. 1.4. L’´equation des ondes acoustiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 31. 1.5. Un mod`ele pour la guitare . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 33. Analyse math´ematique du mod`ele. 41. 2.1. Le th´eor`eme de Hille-Yosida . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 41. 2.2. Solution forte pour le mod`ele de guitare . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 43. 2.3. Identit´e de l’´energie – Estimations a priori . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 57. Pr´esentation g´en´erale de la m´ethode de r´esolution num´erique. 61. 3.1. Pr´esentation des difficult´es . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 61. 3.2. D´emarche pour e´ tablir un sch´ema de r´esolution . . . . . . . . . . . . . . . . .. 62. 3.3. Choix effectu´es pour la r´esolution num´erique . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 63. II R´esolution num´erique de l’´equation de plaque de Kirchhoff-Love. 69. 1. Une formulation mixte de l’´equation de plaque orthotrope de Kirchhoff-Love. 71. 1.1. Les inconv´enients de la formulation variationnelle naturelle . . . . . . . . . .. 72. 1.2. Survol de quelques m´ethodes existantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 77. vii.

(9) ` TABLE DES MATIERES. 2. 1.3. Une nouvelle formulation mixte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 82. 1.4. Formulation variationnelle du probl`eme amorti . . . . . . . . . . . . . . . . .. 91. Discr´etisation spatiale de l’´equation de plaque orthotrope de Kirchhoff-Love. 95. 2.1. 96. 2.5.  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Discr´etisation spatiale du probl`eme   . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Discr´etisation spatiale du probl`eme 

(10)  et  

(11)    . . . . . . . . . . . . . . . . . . Approximation des espaces   . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Approximation de l’espace     . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Approximation de l’espace . 2.6. A propos d’estimations d’erreurs concernant le probl`eme semi-discret . . . . 128. 2.2 2.3 2.4. 3. 4. 5. Analyse de dispersion num´erique des probl`emes semi-discret. 97 99 107 107. 137. 3.1. Relation de dispersion du probl`eme continu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138. 3.2. Dispersion num´erique du probl`eme semi-discret . . . . . . . . . . . . . . . . . 139. 3.3. Courbes de dispersion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152. Discr´etisation temporelle de l’´equation de plaque. 163. 4.1. Forme g´en´eral du probl`eme semi-discret . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163. 4.2. R´esolution par diff´erences finies en temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165. 4.3. Une autre approche : la r´esolution exacte en temps . . . . . . . . . . . . . . . . 186. 4.4. Comparaison des diff´erentes approches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198. R´esultats num´eriques. 207. 5.1. Fr´equences propres d’une plaque rectangulaire homog`ene isotrope encastr´ee. 207. 5.2. Fr´equences propres d’une plaque rectangulaire h´et´erog`ene encastr´ee . . . . . 211. 5.3. Fr´equences propres d’une plaque circulaire homog`ene isotrope encastr´ee . . . 214. 5.4. Comparaison des trois discr´etisations en temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216. 5.5. Troncature et fr´equence de coupure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222. III R´esolution num´erique du mod`ele de guitare. 225. 1. 227. Analyse du couplage plaque-corde 1.1. Le probl`eme non amorti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228. 1.2. Le probl`eme amorti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232. 1.3. Discr´etisation spatiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235 viii.

(12) ` TABLE DES MATIERES 1.4 2. 3. Discr´etisation temporelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240. Analyse du couplage plaque-air. 259. 2.1. Avantages et inconv´enients des m´ethodes usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . 260. 2.2. Une formulation en domaines fictifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264. 2.3. Discr´etisation spatiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269. 2.4. Discr´etisation temporelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276. R´esolution du probl`eme complet. 287. 3.1. Formulation variationnelle mixte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 287. 3.2. Discr´etisation spatiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 288. 3.3. Discr´etisation temporelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 290. 3.4. R´esolution du sch´ema  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 294. 3.5. Compl´ement : pr´esentation d’un autre sch´ema possible . . . . . . . . . . . . . 299. 3.6. Une guitare a` 6 cordes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 302. 3.7. Aspects num´eriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 306. IV R´esultats num´eriques. 309. 1. 311. 2. Exp´eriences de validation 1.1. Validation de la m´ethode des domaines fictifs : le cas d’une boˆıte parall´el´epip´edique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 311. 1.2. Etude de convergence par raffinement de maillage . . . . . . . . . . . . . . . . 313. 1.3. Influence des composantes modales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 319. 1.4. Fr´equences propres d’une table d’harmonie de guitare non raidie . . . . . . . 319. Mod`ele num´erique de guitare. 323. 2.1. Influence des raidisseurs et du chevalet sur les modes de la table d’harmonie. 324. 2.2. Spectres temps-fr´equence des six cordes a` vide. 2.3. Admittance au chevalet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 330. 2.4. Influence du rayonnement sur l’amortissement de la table . . . . . . . . . . . 333. 2.5. Les modes de cavit´e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 336. 2.6. Le rayonnement du son . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 337. 2.7. Visualisation des vibrations mises en jeu par la guitare . . . . . . . . . . . . . 341 ix. . . . . . . . . . . . . . . . . . 327.

(13) ` TABLE DES MATIERES Bilan et perspectives. 343. Annexes. 345. A Le mod`ele de plaque mince de Kirchhoff-Love. 347. A.1 Le mod`ele e´ lastique tridimensionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 347 A.2 Les hypoth`eses de Kirchhoff-Love . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352 A.3 Le mod`ele de plaque mince de Kirchhoff-Love . . . . . . . . . . . . . . . . . . 357 A.4 Equations locales du mod`ele de Kirchhoff-Love . . . . . . . . . . . . . . . . . 362 B La probl´ematique de la condensation de masse. 367. B.1 Un exemple : l’´equation des ondes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 367 B.2 Echec de la condensation de masse dans.    . C Solutions stationnaires de l’´equation de corde amortie. x. . . . . . . . . . . . . . . . . 370 375.

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(15) Introduction. Introduction Les enjeux de la construction d’une guitare La guitare classique est un instrument de musique a` corde pinc´ee, descendant de la vihuela espagnole datant du XVI e si`ecle, elle-mˆeme d’origine antique. Elle e´ volua rapidement au cours des XVIIIe et XIXe si`ecles pour se stabiliser vers la fin de ce dernier sous sa forme actuelle.. F IG . 1: — a` gauche, une vihuela — a` droite une guitare classique Le propos de la guitare est d’amplifier le son extrˆemement faible rayonn´e par une corde, a` l’aide d’un m´ecanisme acoustique. Les vibrations de la corde sont donc transmises a` la table d’harmonie, qui grˆace a` sa large surface interagit plus efficacement avec l’air. En fait, lorsqu’on pince une corde de guitare, l’essentiel de l’´energie est dissip´e au sein de la corde, et seule une toute petite partie d’entre elle est transmise jusqu’`a nos oreilles. L’effort le plus remarquable des luthiers au cours des ann´ees de perfectionnement de cet instrument est certainement la recherche d’une plus grande puissance sonore. Dans ce but, le corps de la guitare a e´ t´e agrandie et la table d’harmonie affin´ee, pour favoriser sa mobilit´e. La masse des cordes a e´ t´e augment´ee, ce qui a eu pour cons´equence d’augmenter 1.

(16) Introduction leur tension, afin de conserver la mˆeme hauteur de note. Ces transformations fragilisant l’instrument, un syst`eme de barrage plus ou moins sophistiqu´e, r´ealis´e a` l’aide de baguettes de bois dur coll´ees sous la table de l’instrument a permis de garantir la solidit´e de la table, et en particulier la r´esistance a` la tension des six cordes. Cette contribution majeure est attribu´ee au luthier espagnol Antonio de Torres (1817 - 1892). Le travail du luthier consiste ainsi, entre autres, en la recherche d’un savant e´ quilibre entre les dimensions de la table d’harmonie et sa raideur, pour obtenir le meilleur rendement acoustique possible. Mais la qualit´e d’une guitare ne repose bien entendu pas sur le seul crit`ere de la puissance sonore. L’am´elioration de la justesse, l’homog´en´eisation du timbre, le faible bruit engendr´e par les vibrations de la table d’harmonie, la fiabilit´e m´ecanique dans le temps, le confort de l’ex´ecution et l’esth´etique sont e´ galement des e´ l´ements d´eterminants intervenant dans l’appr´eciation de la qualit´e d’un instrument. Celle-ci repose en outre sur des crit`eres subjectifs qui d´ependent de la sensibilit´e de chacun, ou encore du type de musique que l’on d´esire jouer. On ne peut donc pas parler d’une guitare id´eale, dont la reproductibilit´e serait assur´ee par l’ex´ecution d’un plan bien e´ tabli. Les luthiers cherchent ainsi en permanence a` faire e´ voluer la guitare pour obtenir une qualit´e sonore nouvelle et adapt´ee aux besoins de chacun. Pour cela une bonne compr´ehension du fonctionnement intime de l’instrument est n´ecessaire. Celle ci repose essentiellement sur leur exp´erience personnelle et la transmission des savoirs faire techniques.. Le contexte scientifique Dans ce contexte, le travail du chercheur en acoustique musicale est de contribuer a` une meilleure compr´ehension de la physique de l’instrument, afin de pr´eciser les ph´enom`enes vibroacoustiques mis en jeu. “L’un des d´efis des ann´ees a` venir r´eside probablement dans le d´eveloppement de techniques d’optimisation et de pr´ediction qui devraient permettre aux luthiers d’avancer plus surement ˆ vers le but vis´e, sans eˆtre oblig´e de tˆatonner dans le flou d’un empirisme total” (A. Chaigne [10]). L’´etude pr´esent´ee ici fait suite aux travaux initi´es par Antoine Chaigne il y a une dizaine d’ann´ee au groupe acoustique de l’E NST sur l’´elaboration de mod`eles physiques destin´es a` la pr´ediction fine du comportement vibratoire des instruments de musique, appliqu´ee en particulier a` la synth`ese sonore 1 . La d´emarche g´en´erale adopt´ee consiste en l’´elaboration d’un mod`ele qui s’attache a` d´ecrire le plus pr´ecis´ement possible les ph´enom`enes vibratoires mis en jeu lors de l’utilisation d’un instrument de musique. Celui ci est consid´er´e comme un assemblage plus ou moins sophistiqu´e de structures e´ l´ementaires. Le mod`ele se traduit alors par l’´ecriture d’un ensemble d’´equations aux d´eriv´ees partielles coupl´ees entre elles, r´egissant les vibrations de chacune de ces structures e´ l´ementaires, et compl´et´e par des conditions aux limites faisant intervenir la g´eom´etrie de l’instrument. On s’attache alors a` mettre en œuvre une m´ethode num´erique que l’on veut bien sur ˆ ef1. On parle dans de cas de synth`ese sonore par mod`ele physique. La technique utilis´ee par la plupart des synth´etiseurs repose sur un enregistrement pr´ealable du son produit par un instrument r´eel, et cherche a` le reproduire en utilisant des techniques de traitement du signal. Il s’agit alors de synth`ese sonore par analyse. 2.

(17) Introduction ficace, pr´ecise et fiable, pour r´esoudre le syst`eme d’´equations obtenu dans le domaine temporel. Ce choix original d’une r´esolution dans le domaine temporel est une une caract´eristique de la d´emarche, qui rompt avec l’approche fr´equentielle, intimement li´ee a` la notion de modes de r´esonances, adopt´ee g´en´eralement pour d´ecrire le comportement vibratoire des instruments de musique. L’int´erˆet de l’approche temporelle r´eside dans la finesse de description des couplages ainsi que dans la mod´elisation des transitoires d’attaque, particuli`erement lorsque ceux-ci font intervenir des ph´enom`enes non lin´eaires comme la percussion d’un maillet sur la membrane d’une timbale ou le frottement d’un archet sur une corde de violon ou encore le frottement du doigt pin¸cant une corde de guitare. Outre le d´eveloppement d’outils d’aide a` la conception pour la facture instrumentale, de tels mod`eles constituent un outil de production de sons vari´es, fort utile dans le domaine de la psychoacoustique, en plein essor actuellement. On peut en effet faire varier comme on le d´esire les param`etres physiques ou g´eom´etriques de l’instrument, ce qui met a` notre disposition une v´eritable “biblioth`eque sonore” pouvant eˆ tre utilis´ee dans le cadre d’´etude dont l’objet est l’analyse de la fa¸con dont on per¸coit les sons. 2 L’oreille humaine e´ tant un outil extrˆemement puissant pour e´ valuer la pertinence des signaux calcul´es, l’´ecoute des sons de synth`ese constitue une e´ tape de validation essentielle du mod`ele. Mais il convient de remarquer que les r´esultats obtenus sont beaucoup plus riches que la simple production d’un son, comme on peut le constater a` la lecture du dernier chapitre de ce manuscrit, consacr´e a` l’exploitation syst´ematique du mod`ele de guitare. Son r´ealisme permet en effet de simuler un grand nombre d’exp´eriences effectu´ees sur instrument r´eel : calcul des modes de la table d’harmonie, mesures de l’admittance au chevalet, diagrammes de directivit´es, intensit´e acoustique, rendement... Parmi les travaux r´ealis´es dans le cadre de ce th`eme de recherche, on peut citer l’analyse des cordes de guitare (Antoine Chaigne [8]), l’analyse des instruments de percussion a` clavier (Vincent Doutaut [20]), l’analyse des vibrations de plaques minces rectangulaire (Christophe Lambourg [46]) et la mod´elisation num´erique de la timbale (Leila Rhaouti [54]), r´ealis´ee en collaboration avec l’I NRIA, premier mod`ele d’un instrument complet faisant intervenir des m´ethodes num´eriques modernes. La contribution du travail pr´esent´e dans ce document concerne la mod´elisation num´erique de la guitare acoustique.. Un mod`ele physique de la guitare S’attachant a` d´ecrire le fonctionnement de cet instrument, le mod`ele retenu inclut : le mouvement transverse de la table d’harmonie, d´ecrit par le mod`ele de plaque mince de Kirchhoff-Love pour un mat´eriau orthotrope (comme le bois) et h´et´erog`ene (pour prendre en compte les raidisseurs), 2. Les travaux de C. Lambourg, d´evelopp´es dans le cadre de ce th`eme de recherche sur les vibrations de plaques minces, ont par exemple e´ t´e utilis´es par l’I RCAM, pour r´ealiser des e´ tudes psychoacoustiques. 3.

(18) Introduction le mouvement transverse de la corde, d´ecrit par une simple e´ quation des ondes monodimensionnelle, le rayonnement du son, a` l’int´erieur et a` l’ext´erieur de la cavit´e qui communiquent par l’interm´ediaire de la rose. Le champ acoustique est d´ecrit a` l’aide des e´ quations d’Euler lin´earis´es et de conditions d’interaction fluide-structure a` la surface de l’instrument, la prise en compte des ph´enom`enes de pertes internes au sein de la corde et de la table d’harmonie, qui interviennent de mani`ere fondamentale dans le timbre du son produit. Ces pertes sont d´ecrites a` l’aide de deux termes d’amortissement, l’un de type fluide, l’autre d’origine visco´elastique. Jusqu‘`a ce jour, a` notre connaissance, les mod`eles propos´es pour rendre compte du couplage fluide-structure reposent sur une approximation, comme par exemple l’utilisation de l’int´egrale de Rayleigh ou la r´eduction du comportement de la cavit´e a` celui d’un simple oscillateur [13]. L’originalit´e de cette e´ tude par rapport aux travaux ant´erieurs r´ealis´es sur la guitare est de mod´eliser compl`etement le champ acoustique rayonn´e.. R´esolution num´erique du mod`ele D’un point de vue math´ematique, le probl`eme a` r´esoudre apparaˆıt comme un probl`eme lin´eaire d’´evolution. Il rentre a` ce titre dans le cadre des hypoth`eses du th´eor`eme de HilleYosida, ce qui permet de v´erifier, en guise de pr´eliminaire, qu’il s’agit d’un probl`eme bien pos´e, c’est a` dire qu’il poss`ede une unique solution dans un espace fonctionnel ad´equat. Ce r´esultat repose en grande partie sur une identit´e de l’´energie qui assure que l’´energie totale du syst`eme d´ecroˆıt en r´egime libre. Cette propri´et´e est bien sur ˆ fondamentale du point de vue de la physique, mais elle nous int´eresse aussi pour la r´esolution num´erique, puisqu’on cherchera a` obtenir une propri´et´e similaire au niveau discret, ce qui permettra d’assurer la stabilit´e de notre sch´ema de r´esolution. S’il existe bien une solution, il n’est pas du tout envisageable de chercher a` la d´eterminer analytiquement. Il nous faut donc mettre en œuvre une m´ethode num´erique pour la calculer. Les difficult´es qui surgissent alors sont nombreuses. Les principales d’entre elles sont les suivantes : - probl`eme de grande taille (3D) pos´e dans un domaine infini et de g´eom´etrie complexe, - r´esolution de l’´equation de plaque dynamique de Kirchhoff-Love, tant pour l’approximation spatiale que temporelle, - stabilit´e de la m´ethode, La recherche d’une m´ethode num´erique de r´esolution de ce probl`eme nous a conduit a explorer assez syst´ematiquement un nombre important d’alternatives possibles. Nous avons donc e´ t´e amen´e a` effectuer un choix en s’appuyant sur des crit`eres de pr´ecision, d’efficacit´e, tant en terme de m´emoire que de temps de calcul, de fiabilit´e, de stabilit´e num´erique mais aussi de simplicit´e d’impl´ementation informatique. 4.

(19) Introduction La r´esolution num´erique repose avant tout sur une r´ee´ criture sous une forme variationnelle mixte du probl`eme global, qui permet d’utiliser la m´ethode des e´ l´ements finis pour l’approximation spatiale, particuli`erement adapt´ee aux probl`emes de g´eom´etrie complexe. D’autre part, c’est un moyen e´ l´egant d’obtenir une identit´e d’´energie discr`ete similaire a` celle obtenue dans le cas continue, qui permet d’assurer la stabilit´e num´erique de la m´ethode. Les aspects essentiels de la m´ethode num´erique retenue sont les suivants : L’approximation spatiale de l’´equation de corde est effectu´ee par e´ l´ement finis mixtes, de type Lagrange du premier ordre, sur maillage r´egulier. L’approximation temporelle repose sur l’utilisation de diff´erences finies explicites centr´ees en temps d’ordre 2. De mˆeme, l’approximation spatiale de l’´equation des ondes acoustiques est effectu´ee par e´ l´ements finis mixtes de Raviart-Thomas du premier ordre sur maillage cubique r´egulier. L’approximation temporelle repose elle aussi sur l’utilisation de diff´erences finies explicites centr´ees en temps d’ordre 2. L’´equation de plaque est r´esolue par une m´ethode spectrale. Les modes de la table d’harmonie sont calcul´es par une m´ethode d’´el´ements finis mixte originale bas´ee sur une formulation en vitesse-moment. L’approximation spatiale est effectu´ee a` l’aide d’´el´ements finis de type Lagrange, du second ordre, d´evelopp´es par Nathalie Tordjmann pour obtenir la condensation de masse [62]. Le syst`eme semi-discr´etis´e en espace est ensuite r´esolu analytiquement en temps. Le probl`eme d’interaction fluide-structure est r´esolu par une m´ethode de domaine fictifs introduite par Glowinsky dans le cas du probl`eme de Laplace stationnaire, et adapt´e ici des travaux de Leila Rhaouti sur la mod´elisation num´erique de la timbale [54]. L’introduction d’une nouvelle inconnue , qui s’interprˆete comme le saut de pression a` travers la surface de l’instrument permet d’´ecrire une formulation variationnelle de type mixte dans laquelle la guitare n’apparaˆıt que via le multiplicateur de Lagrange , ce qui permet d’utiliser un maillage r´egulier cubique pour approcher le champ acoustique. Il suffit alors de mailler la surface de la guitare pour approcher par e´ l´ements finis mixtes de type Lagrange d’ordre 1. On prend ainsi en compte de mani`ere tr`es pr´ecise la g´eom´etrie de l’instrument tout en pr´eservant l’efficacit´e de la m´ethode des diff´erences finies pour la r´esolution du probl`eme 3D. Le couplage entre la corde et la table d’harmonie au niveau du chevalet est e´ galement assur´e par un multiplicateur de Lagrange qui n’est autre que la contrainte exerc´ee par la corde sur le chevalet, naturellement introduite dans la formulation mixte de l’´equation de corde mentionn´ee ci dessus. Les calculs sont restreints a` un domaine born´e a` l’aide de conditions aux limites absorbantes d’ordre e´ lev´e, d´evelopp´ees par Francis Collino [17]. La stabilit´e num´erique du sch´ema global de r´esolution est obtenue par une m´ethode e´ nerg´etique. En pratique, cette stabilit´e est garantie sous deux conditions de type CFL reliant le pas de discr´etisation en temps aux pas d’espace des maillages de la corde et de l’air. Ce r´esultat de stabilit´e est int´eressant a` double titre : . Il s’agit d’une m´ethode originale qui couple deux techniques de r´esolution en temps radicalement diff´erentes : une m´ethode de r´esolution exacte pour la 5.

(20) Introduction plaque et une m´ethode de diff´erences finies en temps pour la corde et pour l’air. Ce point est certainement l’aspect le plus innovant de la m´ethode num´erique d´evelopp´ee ici. . Les conditions de stabilit´es obtenues ne sont autres que les tr`es usuelles conditions CFL des sch´emas aux diff´erences finies explicites couramment utilis´es la r´esolution de l’´equation des ondes 1D et 3D. On a donc e´ crit un sch´ema robuste pour lequel la condition de stabilit´e n’est pas p´enalis´e par les termes de couplages.. Concernant la r´esolution num´erique de l’´equation de plaque Une grosse partie de ce travail a port´e sur la recherche d’une m´ethode de r´esolution de l’´equation de plaque de Kirchhoff-Love, pour laquelle on a trouv´e peu de r´ef´erences dans la litt´erature concernant le probl`eme d’´evolution. L’´etude de cette e´ quation fait donc l’objet d’une partie enti`ere de ce manuscrit dans laquelle sont d´ecrites un grand nombre de solutions envisag´ees pour l’approximation spatiale et pour l’approximation temporelle. La formulation variationnelle naturelle de l’´equation de plaque conduit a` chercher l’inconnue dans , de sorte que son approximation conforme repose sur l’utilisation . Pour contourner ce probl`eme, on propose d’´el´ements finis sophistiqu´es de classe une formulation mixte non standard dans laquelle intervient le moment fl´echissant  .. 

(21) . . Cette formulation est non standard dans la mesure ou` elle ne v´erifie pas les hypoth`eses de la th´eorie des m´ethodes mixtes de Babuskˇa-Brezzi. Une des cons´equences est que  l’espace dans lequel on peut choisir le moment fl´echissant n’est pas fix´e par les conditions requises par ce th´eor`eme. On est ainsi amen´e a` e´ tudier deux choix possibles     pour cet espace, a` savoir et ..  

(22)   .  .  .  .   . . L’introduction du moment , qui est un tenseur du deuxi`eme ordre, augmente s´erieusement la taille du probl`eme. Un moyen de la r´eduire est d’´eliminer le moment lors de l’approximation spatiale. Pour cela, la matrice de masse du moment est r´eduite a` une matrice diagonale par bloc, ais´ement inversible, a` l’aide de la technique de condensation de masse. Si la probl´ematique de la condensation de masse pour les e´ l´ements de Lagrange dans le cas de l’approximation de l’espace est un probl`eme bien connu, il n’en est pas 

(23)  de mˆeme pour l’approximation de l’espace . Une grande partie du chapitre 2 

(24)  est consacr´ee a` la construction d’un e´ l´ement fini conforme pour lequel on obtient la condensation de masse et qui ne sera finalement pas retenu....  .  .    .  . En outre, pour limiter le ph´enom`ene de dispersion num´erique, c’est a` dire pour obtenir une estimation correcte des fr´equences propres de la table d’harmonie de la guitare, on e´ tend cette e´ tude aux e´ l´ements finis d’ordre 2. Une analyse de dispersion num´erique compl`ete sur maillage r´egulier infini concernant toute les approximations spatiales envisag´ees de cette formulation justifie le bien 6.

(25) Introduction fond´e de la m´ethode (sa consistance), l’int´erˆet de la mont´ee en ordre, et en outre est un indicateur pr´ecieux permettant de comparer la performance des diff´erents choix propos´es. N’entrant pas dans le cadre de la th´eorie des m´ethodes mixtes, on ne peut exploiter les r´esultats usuels concernant l’analyse d’erreur. Plusieurs auteurs ont e´ tudi´e des formulations variationnelles de ce type dans le cas particulier d’une plaque homog`ene  isotrope et en prenant dans . Une br`eve synth`ese bibliographique est pr´esent´ee a` la section 2.6..  

(26)   . Il s’av`ere que pour des raisons d’efficacit´e ou de pr´ecision, l’utilisation d’un classique sch´ema aux diff´erences finies en temps n’est pas adapt´e, qu’il soit explicite ou implicite. On est donc amen´e a` r´esoudre exactement en temps continu le sch´ema semidiscr´etis´e en espace, ce qui n´ecessite de diagonaliser la matrice de raideur. Le principal int´erˆet de cette approche est de permettre d’utiliser n’importe quel pas de temps d’´echantillonage pour calculer la solution sans nuire a` la pr´ecision du sch´ema semidiscret. A posteriori, cette m´ethode s’interprˆete tout simplement comme une m´ethode spectrale.. Organisation du document Ce document est compos´e de cinq parties : 1. La premi`ere partie est consacr´ee a` la pr´esentation du mod`ele et a` son analyse math´ematique ainsi qu’`a la pr´esentation g´en´erale de la m´ethode num´erique retenue. 2. La deuxi`eme partie est consacr´ee a` l’analyse de la r´esolution de l’´equation de plaque : formulation variationnelle, discr´etisations spatiale et temporelle, analyse de dispersion. Cette partie se conclut par une pr´esentation de r´esultats num´eriques permettant de comparer les diff´erents sch´emas de discr´etisation spatiale et temporelle propos´es. 3. La troisi`eme partie s’attache a` r´esoudre le mod`ele complet en trois e´ tapes. On r´esout tout d’abord le probl`eme couplant la plaque a` la corde puis le probl`eme couplant la plaque a` l’air. On r´ealise ensuite une synth`ese de ces deux probl`emes pour obtenir un sch´ema de r´esolution du mod`ele complet. 4. La quatri`eme partie pr´esente une exploitation du mod`ele num´erique obtenu. Apr`es quelques exp´eriences de validation, on r´ealise un nombre important de simulations num´eriques qui montrent les potentialit´es extrˆemement riche de ce mod`ele. Les r´esultats obtenus pr´esentent de nombreuses caract´eristiques bien connues de la guitare, comme le couplage entre la premi`ere fr´equence propre de la table d’harmonie et la fr´equence de Helmholtz de la cavit´e. Un aspect innovant et tr`es int´eressant du mod`ele est qu’il permet de mesurer l’influence du couplage de la table d’harmonie a` l’air environnant sur l’amortissement, quantit´e difficilement accessible voire inaccessible a` des mesures. 7.

(27) Introduction 5. Enfin, on pr´esente en annexe la construction du mod`ele de plaque mince de KirchhoffLove, la probl´ematique de la condensation de masse, ainsi que le d´etails de calculs concernant la solution g´en´erale de l’´equation de corde amortie.. 8.

(28) Premi`ere partie. Un mod`ele num´erique de guitare.

(29)

(30) La guitare, une description et un mod`ele physique. Chapitre 1. La guitare, une description et un mod`ele physique L’objet de ce chapitre est de pr´esenter le mod`ele de guitare retenu pour cette e´ tude. C’est en particulier l’occasion de d´efinir les notation utilis´ees. Ce mod`ele doit prendre en compte les ph´enom`enes physiques susceptibles de contribuer au son produit par l’instrument tout en restant abordable dans le cadre d’une r´esolution num´erique. Il faut dans ce sens rester modeste quand au degr´e de finesse d´esir´e pour une telle mod´elisation. Il s’agit donc de proposer un mod`ele a` la fois simple et suffisamment pertinent par rapport aux objectifs que nous nous sommes fix´es. Avant de proposer un mod`ele, il convient de comprendre, tr`es bri`evement, le fonctionnement d’une guitare (section 1.1.) Ce fonctionnement g´en´eral e´ tant entendu, on consid`ere la guitare comme un assemblage de structures e´ l´ementaires coupl´ees entre elles. Ici, une corde coupl´ee a` la table d’harmonie par l’interm´ediaire du chevalet. La table est elle mˆeme coupl´ee a` l’air environnant, situ´e a` l’int´erieur et a` l’ext´erieur de la cavit´e. On suppose que seule la table d’harmonie vibre, c’est a` dire que le reste du corps de la guitare est totalement rigide. Il est important de pr´eciser que le timbre du son produit d´epend tr`es fortement des ph´enom`enes de dissipations internes au sein des mat´eriaux qui constituent la guitare. Cette caract´eristique est fondamentale pour l’´elaboration d’un mod`ele destin´e a` la synth`ese sonore (voir section 1.1.2). On pr´esente tout d’abord les e´ quations r´egissant les vibrations de chacune des trois composantes de la guitare ind´ependamment les unes des autres : e´ quation de corde (1.2), e´ quation de plaque (1.3) et e´ quation des ondes acoustiques (1.4). Ces trois e´ quations sont alors coupl´ees entre elles selon un mod`ele pr´esent´e en section 1.5. L’ensemble du chapitre est repris lors de la pr´esentation globale des e´ quations (section 1.5.4).. 11.

(31) La guitare, une description et un mod`ele physique. Notation 1.1 D’une mani`ere g´en´erale dans ce document, pour distinguer les quantit´es scalaires des grandeurs vectorielles ou tensorielles, les vecteurs sont repr´esent´es par des variables simplement soulign´ees (comme cela ), les tenseurs d’ordre deux sont repr´esent´es par des variables doublement soulign´ees (comme ceci  ), et les tenseurs du quatri`eme ordre sont repr´esent´es par des majuscules en gras (  ). D’autre part, de mani`ere a` distinguer les diverses parties de l’instrument, l’indice  repr´esentera la corde, l’indice  repr´esentera la plaque sup´erieure de la guitare et l’indice  repr´esentera l’air.  

(32) 

(33) On se donne un rep`ere muni d’une base orthonormale (   ,   ,   ) , dans lequel l’axe , dirig´e selon la verticale, correspondra a` la direction normale a` la table sup´erieure de la guitare, qui se trouve donc dans un plan horizontal. Dans la mesure ou` dans ce qui suit, on n´eglige syst´ematiquement la pesanteur, il n’y a aucune raison particuli`ere de choisir la direction verticale plutˆot qu’une autre. Il s’agit juste d’un choix conventionnelle.. . 1.1 Un mot sur le fonctionnement de la guitare Le propos de cette section est de d´ecrire sommairement le fonctionnement vibroacoustique de la guitare. Cet instrument fait l’objet de nombreuses recherches en acoustiques depuis une trentaine d’ann´ees. Le lecteur soucieux d’en savoir plus trouvera par exemple une pr´esentation plus approfondie de la guitare dans [56] ou bien dans “The physics of musical instruments” [32] qui constitue une introduction g´en´erale a` l’acoustique des instruments de musique.. 1.1.1 Principe g´en´eral La caisse de la guitare est compos´ee d’une part de la table d’harmonie, qui est une fine plaque de bois perc´ee d’un trou appel´ee la rose, et d’autre part des bords, nomm´es e´ clisses, et du fond, qui sont dans un bois plus dur. Les six cordes sont fix´ees d’un cot´ ˆ e au manche et de l’autre au chevalet, lui mˆeme coll´e sur la table d’harmonie (voir figure (1.1)).. F IG . 1.1: Vue e´clat´ee d’une guitare 12.

(34) 1.1 Un mot sur le fonctionnement de la guitare Usuellement les six cordes sont num´erot´ees de la plus aigue ¨ a` la plus grave. Les six notes a` vide sont Mi6 (82,5 Hz), La5 (110 Hz), R´e4 (147 Hz), Sol3 (196 Hz), Si2 (247 Hz), Mi1 (330Hz), (le chiffre indiqu´e entre parenth`eses est la fr´equence fondamentale de chacune de ces cordes). La source sonore est la corde (bien sur), ˆ appr´eci´ee d`es l’antiquit´e pour ses qualit´es harmoniques naturelles, qui produisent un son agr´eable a` l’oreille. Malheureusement, bien que le mouvement de la corde soit de forte amplitude, le son qu’elle e´ met est pratiquement inaudible, car son diam`etre est beaucoup trop petit pour rayonner efficacement dans l’air. Le propos de la guitare, comme de tous les instruments a` corde, est d’amplifier ce son par un m´ecanisme acoustique. Les vibrations de la corde sont donc transmises a` la table d’harmonie par l’interm´ediaire du chevalet. Grˆace a` sa large surface, la table rayonne plus efficacement dans l’air. Mais, compte tenu de ses petites dimensions, le rayonnement e´ mis de part et d’autre de la table a tendance a` s’annuler pour les grandes longueurs d’onde, c’est a` dire en basses fr´equences (figure (1.2)) On coupe donc l’onde arri`ere en l’enfermant dans une cavit´e.. F IG . 1.2: fonctionnement sch´ematique d’une guitare Il s’av`ere que la fr´equence fondamentale d’une table d’harmonie de guitare est de l’ordre de 200 Hz, alors que le fondamentale de la corde la plus grave vibre a` 82 Hz. Pour renforcer la puissance aux alentours de cette fr´equence , on perce un trou dans la caisse de la guitare (la rose), de mani`ere a` la transformer en r´esonateur de Helmholtz. D’une mani`ere g´en´erale, le fait de percer un trou de petites dimensions dans une cavit´e ferm´ee a pour effet de cr´eer une fr´equence de r´esonance nettement plus grave que le fondamental de cette mˆeme cavit´e d´epourvue de trou : c’est la fr´equence de r´esonance de Helmholtz (voir par exemple [9]). Ce principe est utilis´e par exemple pour construire les enceintes (ou caisson) de graves. Dans le cas de la guitare, cette fr´equence se situe aux alentours de 100Hz. La caisse a donc un role ˆ acoustique fondamental dans le registre grave de la guitare.. 1.1.2 A propos des ph´enom`enes d’amortissement En acoustique musicale, les ph´enom`enes d’amortissement jouent un role ˆ tr`es important sur la perception du son. La perception d’une note d´epend a` la fois de sa hauteur, c’est a` dire de sa fr´equence fondamentale, mais aussi de son timbre, de sa couleur, c’est a` dire de la fa¸con dont l’amplitude des harmoniques d´ecroissent au cours du temps. Les tous premiers essais de synth`ese sonore d’instruments a` corde par mod`ele physique, r´ealis´ees par Hiller et Ruiz en 1971 [40], montr`erent en effet que l’introduction d’un simple terme d’amortissement 13.

(35) La guitare, une description et un mod`ele physique fluide, agissant identiquement sur toutes les fr´equences, conduit a` un son artificiel, de type e´ lectronique. Ce qui, entre autres, distingue le bruit sec d’une lame de bois par rapport au tintement d’un lame de m´etal par exemple, c’est la vitesse a` laquelle les hautes fr´equences s’att´enuent : tr`es rapidement pour l’un, plus doucement pour l’autre. Le mˆeme ph´enom`ene est e´ galement perceptible lorsque l’on pince une corde en nylon ou une corde en m´etal. Illustrons quantitativement ce ph´enom`ene, dans le cas du son produit par une guitare, pour un peu mieux le comprendre. La figure (1.3) repr´esente l’´evolution au cours du temps de la pression acoustique g´en´er´ee par le pincer de la corde grave d’une guitare, enregistr´ee a` environ deux m`etres de l’instrument. Une caract´eristique e´ vidente de ce signal est sa d´ecroissance au cours du temps, mais on ne voit ici que l’enveloppe du signal, ce qui nous fournit peu d’informations.. 1 Mi6 0.8. pression acoustique normalisee. 0.6 0.4 0.2 0. -0.2 -0.4 -0.6 -0.8 -1 0. 1. 2. 3. 4. 5. 6. temps (en s). ´ F IG . 1.3: Evolution au cours du temps de la pression acoustique g´en´er´ee par une guitare pinc´ee sur sa corde grave (Mi6). Une repr´esentation plus judicieuse, sous la forme d’un spectre temps-fr´equence, pr´esent´ee sur la figure (1.4), permet de mieux caract´eriser l’extinction du son. Sur ce spectrogramme, on visualise l’´evolution au cours du temps (en abscisse) de l’amplitude de chaque composante fr´equentielle du signal (en ordonn´ee — en rouge, l’amplitude est e´ lev´ee, en vert, elle est faible). Comme pr´ecis´e ci dessus, on constate une forte d´ependance de l’amortissement en fonction de la fr´equence : les partiels d’ordre e´ lev´e sont beaucoup plus vite amortis. Le fondamental de la corde grave de la guitare vibre a` 83 Hz. En fait, tr`es rapidement, seuls les harmoniques de la corde, ie. les multiples de 83 Hz, sont encore pr´esents. On observe, au tout d´ebut du signal, des pics qui correspondent aux vibrations de la table d’harmonie et qui sont tr`es rapidement amortis. La suite des fr´equence propres de la table n’est pas harmonique, ce qui a pour cons´equence de produire un bruit sourd au moment de l’attaque. Ce bruit caract´erise le son d’une guitare. L’introduction de ph´enom`enes dissipatifs dans le mod`ele est donc fondamentale. Ceux-ci doivent rendre compte a` la fois du ph´enom`ene de d´ependance temporelle et e´ galement de l’importance relative de l’amortissement des modes de table par rapport a` celui des modes de corde. 14.

(36) 1.2 La corde. F IG . 1.4: Spectrogramme du signal de pression acoustique g´en´er´ee par une guitare pinc´ee sur sa corde grave (Mi6).. 1.2 La corde 1.2.1 Corde vibrante non amortie L’´etude des vibrations des cordes est tr`es ancienne. Pythagore e´ labora sa gamme musicale en observant que les sons e´ mis par deux cordes de mˆeme nature dont les longueurs avait un rapport simple (1:2, 1:3, 2:3 etc  ) produisaient un son agr´eable a` l’oreille. D’une mani`ere g´en´erale, la fr´equence des sons e´ mis par une corde d´epend de sa masse, de sa tension, de sa longueur et des conditions impos´ees a` ses extr´emit´es. On rappelle quelques r´esultats e´ l´ementaires concernant la solution g´en´erale de la tr`es classique e´ quation de cordes vibrantes. 1.2.1.a. Equation de corde vibrante . On consid`ere une corde sans raideur, de longueur , inextensible, de masse lin´eique constante   , soumise a` une tension  . On n´eglige l’action de la pesanteur devant la tension impos´ee,   de sorte que sa position au repos est droite et confondue avec l’axe . On s’int´eresse aux d´eplacements transversaux de part et d’autre de cette position d’´equilibre dans le plan vertical     

(37) . Cette corde est soumise a` une force ext´erieure de densit´e lin´eique  qui repr´esentera l’effort exerc´e par le doigt de l instrumentiste. On suppose que ses d´eplacements sont suffisamment petits pour que la tension reste constante au cours du temps, ce qui permet de lin´eariser les e´ quations fondamentales de la dynamique appliqu´ees a` une petite portion de corde. Cette hypoth`ese est justifi´ee dans la mesure ou` les vibrations d’une corde de guitare longue de 60 cms sont de l’ordre de quelques millim`etres..  . . Un point  d’abscisse x au repos est situ´e au point M a` l’instant . Le mouvement de la  corde est donc d´ecrit par le d´eplacement 

(38)  repr´esent´e par une seule inconnue scalaire (voir la figure (1.5)). On note ainsi :  . La tangente en . a` la corde fait avec l’axe.  . . . 15.     . un angle . (1.1).   . que l’on suppose e´ galement.

(39) La guitare, une description et un mod`ele physique. F IG . 1.5: G´eom´etrie de la corde petit. On aura donc :. . .          . .    . . (1.2).  

(40) . . . . . La contrainte exerc´ee au point par la corde sur une portion de corde est en fait la composante normale de la tension en ce point. Dans la suite, cette contrainte sera not´ee . On a (voir la figure (1.13) concernant le couplage corde-plaque) :.    .    .  . . .  . .   . (1.3). Sous ces hypoth`eses, et en l’absence d’effort ext´erieur, le d´eplacement tion des cordes vibrantes non amorties :  . ou` le terme . .  . . .    .  . . .     .  . .  . . .    .  . . est r´egi par l’´equa-.       . (1.4). repr´esente l’inertie d’acc´eleration locale tandis que le terme . repr´esente le rappel du a` la tension de la corde..  . . . . On ıt ici la tr`es classique e´ quation des ondes monodimensionnelle, de c´el´erit´e    reconnaˆ   dont la solution g´en´erale, due a` d’Alembert, est donn´ee par la superposition de    deux ondes se propageant sans se d´eformer a` la vitesse  , l’une dans le sens des croissants,  l’autre dans le sens des d´ecroissants. Ces solutions sont dites propagatives car elles mettent en e´ vidence le ph´enom`ene de propagation d’un signal, intuitivement associ´e a` la notion d’onde.. . Remarque 1.1 En toute g´en´eralit´e, on aurait pu e´galement autoriser des mouvements dans l’autre . . Dans direction transversale a` la corde, c’est a` dire autoriser des d´eplacements selon la direction     .  .   . Il s’av` ce cas le d´eplacement d’un point  serait not´e     ere que les  deux composantes  et sont ind´ependantes l’une de l’autre : leur mouvement est r´egi par la mˆeme e´quation de corde vibrante (1.4)..  . 16.  . .

(41) 1.2 La corde 1.2.1.b. Conditions aux bords . La longueur de la corde est en fait d´etermin´ee par la position du doigt du musicien le long du manche. Soit celui ci pince la corde a` vide, soit il exerce une pression sur la corde entre deux frets avec son doigt. Dans le premier cas, l’extr´emit´e de la corde est en contact avec le sillet, dans le second, elle est en contact avec la fret, comme on peut le voir sur la figure (1.6). On n´eglige les vibrations du manche, de sorte que celui ci est totalement immobile dans le r´ef´erentiel de la pi`ece. Il est alors naturel de supposer dans un cas comme dans l’autre que le d´eplacement de la corde est nul a` cette extr´emit´e, ce qui s’´ecrit :.   . . . . . . (1.5). F IG . 1.6: Contact de la corde au sillet ou sur une fret Remarque 1.2 En situation de jeu, de la longueur de la corde est en fait amen´ee a` varier. Nous nous  contentons ici de consid´erer que est un param`etre fix´e. A l’autre extr´emit´e, la corde est fix´ee au chevalet. Ici encore, elle est en contact permanent avec une sillet rigidement li´ee au chevalet. C’est par ce point que la corde transmet une partie de son e´ nergie a` la table d’harmonie, ce qui la met en vibration. Le chevalet est donc lui mˆeme en mouvement. Cet aspect est d´ecrit plus en d´etail a` la section 1.5. Disons juste, pour fixer les id´ees que si l’on suppose que le chevalet est un solide rigide poss´edant un seul degr´e de libert´e, anim´e d’un mouvement vertical, d´ecrit par le d´eplacement de son centre de  gravit´e, not´e  (t), on aura :. 1.2.1.c.  .    . . .   . . . (1.6). Rappel : solution g´en´erale de l’´equation de corde vibrante. Dans l’imm´ediat, pour rappeler bri`evement quelques r´esultats classiques concernant l’´equation de cordes vibrantes, nous supposerons que le chevalet est immobile, soit :.  .    . . 17.    . (1.7).

(42) La guitare, une description et un mod`ele physique. . ce qui nous conduit finalement a` de simples conditions aux limites de type Dirichlet, et nous    supposerons e´ galement que les forces ext´erieures sont nulles (soit  .  . Le probl`eme de corde vibrante homog`ene fix´ee a` ses deux extr´emit´es est alors : . .   . . . . . .  . . . . .     . . .    . . . . .       .  .  . .  .  . (1.8). .  

(43) . On peut dans ce cas d´ecomposer toute solution a` l’aide de la base des modes propres du laplacien monodimensionnel avec conditions de Dirichlet. Rappelons que cette base est donn´ee par :.  . . .  . . Et on a : . .    .  .  . . .  . . .  . .  .  . . pour. .     .  .   . (1.9).      . . . et . (1.10). ou` .  . . . On cherche alors des solutions du probl`eme (1.4-1.5-1.7) sous la forme :. et on trouve ais´ement : .  .    . . $#%. ". ou`.

(44)  &. . .  .    . . .  !. . . (').

(45)   .  . (1.11). &. (1.12). . . est la pulsation du ne` me mode. Celui ci vibre donc a` la fr´equence  . *. . + . , +. . .   . Le premier. mode est appel´e “fondamental” et les suivants sont appel´es les partiels. Ces modes sont dits   harmoniques car leur fr´equence est un multiple de la fr´equence fondamentale   +   .. . On peut montrer que la solution g´en´erale du probl`eme (1.4) avec conditions de type Dirichlet peut s’ecrire :. .    .  !. . ". $#% .

(46)  *. 18. -') . . .

(47)    *. . (1.13).

(48) 1.2 La corde. F IG . 1.7: Les premiers modes de vibrations d’une corde Pour eˆ tre complet, il reste a` choisir des conditions initiales  ' tront de d´eterminer de mani`ere unique les coefficients " et. .   . .. et. . .   . qui permet-. Remarque 1.3 On appelle solution stationnaire toute solution a` variable s´epar´ee de (1.4-1.5-1.7),         c’est a` dire toute solution de la forme . On montre alors tr`es simplement que les solution stationnaires sont donn´ees par :     #% *  -')   &     ') .  "   " (1.14).  .  . .

(49) .

(50)  . . Ainsi, la solution g´en´erale du probl`eme (1.4) avec conditions de type Dirichlet est une superposition de solutions stationnaires. Pr´ecisons que ces solutions sont dites stationnaires en opposition aux solutions propagatives d´ecrites sommairement ci dessus, puisqu’ici il n’y a justement aucune propagation ici : il s’agit simplement d’un mode qui vibre sur place a` une vitesse donn´ee. On a repr´esent´e sch´ematiquement sur la figure (1.7) les vibrations des trois  premiers modes. Les points    , pour  Les d’amplitude nulles sont appel´es nœuds de vibrations et sont situ´es en     

(51) points d’amplitude maximale sont appel´es ventres de vibration et sont situ´es en +. . . Remarque 1.4 Dans le cas d’une corde, le spectre fr´equentiel est naturellement harmonique, c’est a` dire que les fr´equences sont un multiple de la fr´equence fondamentale. Mais ce n’est pas le cas de toutes les structures vibrantes que l’on peut trouver dans les instruments de musique. Par exemple, les modes d’une membrane de timbale sont totalement inharmoniques. Pour obtenir un son plus agr´eable a` l’oreille, on couple cette membrane a` une cavit´e ferm´ee ce qui a pour effet de rapprocher ses modes d’une suite harmonique. Un autre exemple est donn´e par les lames d’un xylophone. Si celles ci e´taient de simples parall´el´epip`edes en bois, leur spectre serait inharmonique. Les lames ont donc une section variable (en forme d’arche de pont) de mani`ere a` s’assurer que la fr´equence des deux premiers partiels est dans un rapport entier avec les fondamental. On parle alors de vibration pseudo-harmonique ([20]).. 1.2.2 Prise en compte des ph´enom`enes de dissipation dans la corde 1.2.2.a. Les origines diverses des pertes vibratoires. Les origines des pertes vibratoires sont tr`es vari´ees. Du fait de leur multiplicit´e, il est tr`es difficile de distinguer telle cause plutot ˆ qu’une autre, et par cons´equent plus difficile encore 19.

(52) La guitare, une description et un mod`ele physique de les quantifier. On peut n´eanmoins distinguer : les pertes aux bords, ici, par exemple, les extr´emit´es de la corde sont en contact avec des sillets qui absorbent en r´ealit´e une partie de l’´energie transport´ee par la corde. Nous ne les prenons pas en consid´eration. les pertes par rayonnement, n´egligeables dans le cas d’une corde car ses dimensions n’ont pas d’effet sur l’air. les pertes par couplage, fondamentales dans le cas d’une guitare, puisque c’est une partie de l’´energie transmise a` la caisse via le chevalet qui parviendra a` notre oreille. Ces pertes seront prises en compte naturellement dans le mod`ele, puisque justement un mod`ele de couplage au chevalet y est propos´e. les pertes internes au mat´eriau, dues a` des dissipations d’´energie au sein mˆeme de sa structure. Les ph´enom`enes de pertes internes sont eux mˆemes d´elicat a` d´ecrire. Ils peuvent eˆ tre par exemple d’origine thermique, mais ce ph´enom`ene est n´egligeable pour un mat´eriau comme le nylon, ou d’origine visco´elastique. Il existe une grande vari´et´e de mod`eles qui cherchent a` prendre en compte ces ph´enom`enes. 1.2.2.b. Un mod`ele d’amortissement intrins`eque. Nous avons choisi ici d’introduire deux termes d’amortissement lin´eaires plutot ˆ classiques et relativement ais´es a` manipuler dans le cadre d’une r´esolution num´erique : un terme d’amortissement visqueux :.  . . .   .  . .    . qui illustre les ph´enom`enes de relaxation du mat´eriau, c’est a` dire la prise en compte d’un effet de retard entre la force exerc´ee sur une portion de corde et la d´eformation qui en r´esulte (ce ph´enom`ene est e´ galement qualifi´e de ph´enom`ene d’hyst´er´esis). Ce type d’amortissement affecte davantage les hautes fr´equences et est tr`es faible voire n´egligeable pour les basses fr´equences (ce qu’on peut comprendre intuitivement on consid´erant que le retard est d’autant plus grand que le mouvement est rapide). un terme d’amortissement fluide appel´e ainsi car il est proportionnel a` la vitesse :       . . . Ce type d’amortissement extrˆemement simple ne d´epend pas de la fr´equence comme   on va le voir ci dessous, mais uniquement du coefficient . Usuellement, l’amortissement fluide d´ecrit l’effet des forces de frottement exerc´ees sur un solide en mouvement au sein d’un fluide ou en contact avec un autre solide. Les pertes de ce type pour une corde en contact avec l’air sont en fait n´egligeables. On ne peut donc pas mettre ce terme directement en relation avec une cause physique pr´ecise. Si on l’introduit ici, c’est plutot ˆ pour assurer un amortissement minimal en basse fr´equence, que ne permet pas l’amortissement visqueux. 20.

(53) 1.2 La corde Introduisant les deux termes d’amortissement par pertes internes, l’´equation de corde vibrante (1.8) devient :. . 1.2.2.c.  . .    .  .  .  . .  . .  . .   . .  . .        . (1.15). Solution g´en´erale du mod`ele d’amortissement. Afin de d´eterminer plus quantitativement l’effet de ces deux termes, regardons comment en sont affect´ees les solutions stationnaires non amorties (1.14) d´etermin´ees plus haut..  . . Si on se restreint aux fr´equences audibles, comprises entre 16Hz et 20000 Hz, et en prenant      et  ), on montre que les des valeurs typiques de et , (typiquement solutions stationnaires de l’´equation de corde vibrante amortie (1.15) correspondent quasiment aux solutions de l’´equation non amortie, pond´er´ees par un coefficient d’amortissement exponentiel (voir annexe C) :. .    . . ou` .  .   . #% ". +. . .  &. et . -'. . . .     . &. .  . (1.16).  . Cette analyse permet de faire les remarques suivantes :. . la fr´equence des solutions stationnaires non amortie a` peine perturb´ee par l’amor  est  tissement, puisque le facteur de perturbation   est tr`es proche de 1.  . le taux d’amortissement introduit par le terme visqueux vaut  et croit donc rapidement avec la fr´equence du mode consid´er´e. Tandis que le taux d’amortissement    + et touche donc de la mˆeme mani`ere introduit par le terme de type fluide vaut toutes les fr´equences. . . +. A basses fr´equences, l’amortissement fluide est pr´epond´erant devant l’amortissement  

(54) visqueux. En effet, pour le cas de notre exemple, pour une  , soit,  dans   fr´equence inf´erieure a` environ 500 Hz, on a . Le coefficient d’amortissement fluide permet donc bien de mod´eliser un amortissement en basses fr´equences qui serait insuffisant avec par le seul terme d’amortissement visqueux.. Finalement, ce simple mod`ele d’amortissement est donc satisfaisant dans la mesure ou` il r´epond a` notre exigence minimale de croˆıtre avec la fr´equence, et il sera amplement suffisant pour cette e´tude..   . Remarque 1.5 Ici on consid`ere que repr´esentant le taux d’amortissement en fonction de la la  courbe        ). Il nous faut alors ajuster les deux param`etres et fr´equence est une parabole ( 21.

(55) La guitare, une description et un mod`ele physique pour que cette parabole “colle” au mieux des donn´ees obtenues par des mesures de taux d’amortissement effectu´ees sur des cordes r´eelles. 1 On remarque ici que l’approche naturel de l’amortissement doit eˆtre faite dans le domaine fr´equentiel, puisque cette courbe que l’on d´esire est d´efinie dans le domaine fr´equentiel. Toute la difficult´e consiste alors a` proposer un mod`ele qui soit transposable simplement dans le domaine temporel, ce qui revient a` pouvoir l’´ecrire a` l’aide d’op´erateurs diff´erentiels locaux.. Remarque 1.6 On pourrait proposer d’autres mod`eles d’amortissement interne. Une g´en´eralisation du mod`ele pr´esent´e ici est donn´ee par le mod`ele de Wiechert (voir par exemple [46]). Celui ci consiste a` e´crire un mod`ele plus sophistiqu´e de la relation contrainte-d´eformation au sein du mat´eriau. Dans le cas d’une corde, on introduit la contrainte , qui, dans le cas non amorti n’est autre que la composante   normale de la tension, soit    . Le mod`ele de Wiechert s’´ecrit : .   . .  . .          . . .   !. . . . .  . . . . . . !. . . Notons que notre mod`ele consiste alors a` prendre Dans ce cas, la contrainte est d´efinie par :.  . . .  .    . . .  . et.    .  .  . .  . (1.17) .  , avec .  . . , . . . et .  . .. (1.18). F IG . 1.8: Int´erieur d’une table d’harmonie. 1. Quoique, en pratique, il ne faut pas totalement chercher a` fitter des courbes exp´erimentales, puisque les taux d’amortissement mesur´es sont dus a` toutes les pertes, dont les pertes au bords, et non seulement aux pertes internes.. 22.

(56) 1.3 La table d’harmonie. 1.3 La table d’harmonie 1.3.1 Pr´esentation La table d’harmonie est une fine plaque de bois, en g´en´eral en e´ pic´ea. Elle est raidie localement par un barrage, r´ealis´e a` l’aide de baguettes de bois plus rigide, par exemple de l’acajou ou du c`edre canadien, dont la premi`ere fonction est de la consolider suite a` un rabotage important (figure (1.8)). La table sup´erieure doit en effet r´esister a` l’effort permanent exerc´e par la tension des six cordes attach´ees au chevalet.. Traditionnel. Bouchet. Transverse. Sloane. F IG . 1.9: Quelques barrages de guitare (in Sloane [58]) Ce barrage a e´ galement une influence consid´erable sur la fr´equence et sur la forme des modes, et par cons´equent sur le rayonnement de la table. En particulier, l’effet du barrage est de concentrer les vibrations des modes dans le “ventre” de l’instrument et d’augmenter notablement les fr´equences propres de la table. Ces barres peuvent eˆ tre arrang´ees de diff´erentes mani`eres, et c’est un e´ l´ement critique de la qualit´e d’une guitare. Quelques barrages sont pr´esent´es sur la figure (1.9). La prise en compte d’un barrage le plus g´en´eral possible est donc un des objectifs de la mod´elisation. Une difficult´e de la mod´elisation r´eside dans le mat´eriau. Le bois, substance naturelle, est un mat´eriau vivant qui ne peut de ce fait entrer dans le cadre d’une mod´elisation tr`es rigoureuse. Ses propri´et´es sont tr`es variables d’un e´ chantillon a` l’autre, puisqu’elles d´ependent directement de l’histoire de l’individu (l’arbre) dont il provient. Suivant les ann´ees, les cernes du bois ne sont pas toujours pareillement espac´ees. En outre, des nœuds correspondant au d´epart des branches induisent une inhomog´eneit´e flagrante, qui n’est pas d´esir´e pour le bois de lutherie. Si bien qu’un luthier aura beau construire deux instruments exactement de la mˆeme taille et de la mˆeme forme, a` l’aide des mˆemes techniques, les fr´equences de r´esonances varieront de quelques Hz, et ce sera un instrument compl`etement diff´erent. On peut e´ galement noter que ses propri´et´es d´ependent tr`es fortement des conditions atmosph´eriques (en particulier la temp´erature et l’humidit´e). 23.

(57) La guitare, une description et un mod`ele physique N´eanmoins on pourra consid´erer que le bois utilis´e pour la lutherie a e´ t´e choisi avec soin, de sorte qu’il ne pr´esente pas de nœud apparent. On supposera que les cernes sont r´eguli`erement espac´ees et toutes dans la mˆeme direction. Un simple controle ˆ visuel sur la moindre guitare confirme, au moins grossi`erement, ces deux hypoth`eses. La raideur d’une plaque de bois est bien e´ videmment beaucoup plus importante dans la direction parall`ele aux cernes que dans la direction perpendiculaire aux cernes. On consid´erera donc que le bois est un mat´eriau e´ lastique lin´eaire orthotrope.. 1.3.2 Equation de plaque non amortie 1.3.2.a. Mod`ele de Kirchhoff-Love. La table sup´erieure d’une guitare mesure typiquement 50cm de long pour une e´ paisseur de 2 a` 3 mm, si bien qu’il est compl`etement justifi´e de la mod´eliser a` l’aide du mod`ele de plaque de Kirchhoff-Love, d´ecrit en d´etail a` l’annexe A. On confond alors la plaque avec sa surface m´ediane de sorte que l’on consid`ere qu’elle  . Son bord , not´e est compos´e de deux parties, son bord occupe le domaine de . ext´erieur not´e (on suppose donc que et le bord du trou not´e . La normale     et la tangente au bord, choisie de mani`ere a` ce que le ext´erieure a` est not´ee         soit orthonorm´e direct, est not´ee  ( voir la figure (1.10) ). tri`edre   . .  .   . .  . . . .  . F IG . 1.10: Description g´eom´etriques de la table d’harmonie Les vibrations de la table sont alors d´ecrites en toute g´en´eralit´e par un champ de d´eplacement .  d´efini sur par :.  .                            parall`ele a` la table, est appel´e mouvement Le d´eplacement   est appel´e mouvement de flexion. membranaire et le d´eplacement vertical  . . Nous n’avons pris en compte que la polarisation verticale de la corde, si bien que l’effort exerc´e par la corde sur la table consistera en une charge surfacique perpendiculaire a` la table, comme on le verra plus loin (cf. section 1.5). D’autre part la charge de l’air consiste en une force de pression exerc´ee sur les faces sup´erieures et inf´erieures de la table. Ici encore, il s’agit d’une charge surfacique perpendiculaire a` la table (voir la mod´elisation des couplages a` la section 1.5). Au total, dans le mod`ele que nous utiliserons, le chargement de la table est donc un chargement de flexion pure (voir page 361). 24.

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