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Lien entre la consommation maternelle de cannabis et l'usage de cette substance chez les adolescents inuits du Nunavik

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Academic year: 2021

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Lien entre la consommation maternelle de cannabis et

l’usage de cette substance chez les adolescents inuits

du Nunavik

Mémoire doctoral

Alexandra Simard

Doctorat en psychologie

Docteure en psychologie (D. Psy.)

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Lien entre la consommation maternelle de cannabis

et l’usage de cette substance chez les adolescents

inuits du Nunavik

Mémoire doctoral

Alexandra Simard

Sous la direction de :

Gina Muckle, directrice de recherche

Richard E Bélanger, codirecteur de recherche

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Résumé

Objectif: La prévalence de la consommation de cannabis chez les Inuits du Nunavik est l’une des plus élevées au monde, particulièrement chez les adolescents, et les facteurs permettant d’expliquer ce phénomène demeurent mal connus. Selon Bronfenbrenner (1979), la famille est l’unité la plus proximale de l’adolescent et est susceptible d’influencer particulièrement ses comportements. L’objectif de cette étude est d’examiner de manière longitudinale l’association entre la consommation de cannabis de mères inuites et de leurs adolescents. Hypothèses : Une fréquence de consommation plus élevée chez les mères sera associée 1- à une initiation plus rapide au cannabis et 2- à une consommation plus fréquente chez leurs adolescents. Méthode : Les données utilisées proviennent de l’étude de cohorte prospective Nunavik Child Development Study (NCDS). Ce mémoire utilise les données de deux périodes de collecte, l’une survenue entre 2005 et 2010 (T1 : temps 1, jeunes 8-15 ans), et l’autre entre 2012 et 2016 (T2 : temps 2, jeunes 16-22 ans). Des entrevues structurées ont permis d’évaluer la consommation de cannabis des participants et d’autres variables concomitantes chez la mère à T1 et chez son adolescent à T2. L’échantillon analysé compte 184 dyades mère-adolescent. Des analyses de régression ordinale et de Cox ont été réalisées pour vérifier les hypothèses. Résultats : Aucune association significative n’a été identifiée entre la fréquence de consommation des mères et l’âge d’initiation au cannabis, de même que la fréquence de consommation de cannabis de leurs adolescents. Par ailleurs, un statut socioéconomique élevé et la fréquentation scolaire sont associés à un moindre risque de consommer fréquemment du cannabis chez les adolescents. Conclusion : L’association attendue entre la consommation maternelle et l’usage de cannabis de jeunes Inuits n’a pas été retrouvée. La recherche de prédicteurs à l’usage de substances reste d’actualité afin de minimiser le cumul de vulnérabilités que vivent les populations autochtones.

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Abstract

Aim: Adult and adolescent Inuit from Nunavik show some of the highest prevalence of cannabis use in the world, particularly for youth. Knowledge of the factors that explain this phenomenon in this region is lacking. According to Bronfenbrenner (1979), family is the closest unit for adolescents and is susceptible to particularly influence their behaviors. The aim of this longitudinal study is to examine longitudinally the association between maternal use of cannabis and the subsequent use of this substance by their adolescents in an Inuit population. Hypothesis: A higher cannabis frequency use among mothers will be associated 1- with more rapid initiation of cannabis, 2- and more frequent use among their adolescent. Method: This study was based on longitudinal data from the Nunavik Child Development Study (NCDS). This study used data from two follow-ups, between 2005 and 2010 (T1: time 1, youth: 8-15 years old), and between 2012 and 2016 (T2: time 2, youth: 16-22 years old). Structured interviews were used to assess maternal cannabis use and other concomitant variables at T1, and for adolescents at T2. Our sample included 184 mother-adolescent dyads. Hypotheses were tested using a Cox regression analysis and ordinal regressions. Results: No significant associations were found between mothers’ frequency of cannabis use and adolescents initiation age as well as regarding the adolescents’ frequency of cannabis use. Nevertheless, a higher socioeconomic status and going to school were associated with a lower risk of frequent cannabis use by the adolescents. Conclusion: The expected association between maternal cannabis consumption and cannabis use of young Inuit was not found. The search for predictors of substance use remains relevant to minimize the accumulation of vulnerabilities experienced by Aboriginal populations.

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Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... iv

Liste des tableaux et figures ... vi

Remerciements ... vii

Avant-propos ... viii

Introduction ... 1

État des connaissances actuelles ... 1

Le cannabis ... 1

Problèmes liés à l’utilisation ... 1

Prévalence d’utilisation ... 2

Facteurs de risque ... 3

Facteurs de risque individuels à la consommation ... 3

Facteurs de risque environnementaux à la consommation ... 3

Les Inuits ... 6

Objectifs et hypothèses ... 9

Chapitre 1 ... 10

Links between maternal and adolescents’ cannabis use among the Inuit of Nunavik ... 10

Résumé ... 10 Abstract ... 10 Introduction ... 11 Method ... 14 Participants ... 14 Procedures ... 15 Measures ... 15 Statistical Analyses... 17 Results ... 18 Discussion ... 20 Conclusion ... 23 Conclusion ... 25 Bibliographie ... 32 Annexe ... 40

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Liste des tableaux et figures

Table 1: Characteristics of participants and descriptive statistics for cannabis use…...…..39 Table 2: Cox regression analysis to predict adolescents' initiation age for cannabis use from maternal cannabis use at T1 (N=58)………..………...………..40 Table 3: Ordinal regression to predict adolescents' frequency of cannabis use in the past year from maternal cannabis use at T1 (N=161)……….….…………..41 Figure 1: Associations between mothers' frequency of use and adolescents' initiation age by sex………...….42 Figure 2: Associations between mothers' frequency of use and adolescents' initiation age by socioeconomic status………...………..………43

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Remerciements

Je tiens à remercier plusieurs personnes et organismes qui ont participé à la réalisation de ce mémoire doctoral.

Premièrement, je remercie Nadine Forget-Dubois, professionnelle de recherche, pour toutes ses rétroactions constructives et ses encouragements.

Merci à Gina Muckle et Richard E. Bélanger, ma directrice et mon codirecteur de mémoire, qui m’ont guidé tout au long du processus avec beaucoup de respect, de passion et de plaisir. Je tiens également à remercier Marie-Hélène Gagné, qui a donné de son temps pour être membre de mon comité de mémoire et qui m’a apporté des réflexions

intéressantes.

Merci à Caroline Moisan, professionnelle de recherche, pour les réponses rapides à toutes mes questions par rapport à la méthodologie de l’étude NCDS.

Je souhaite également remercier Nicolas Vallée, Catherine Simard, Carl Simard, Lise Boivin et Julie Richard, cinq de mes proches ayant contribué chacun à leur façon à l’écriture et à la mise en page de ce mémoire.

Je tiens à remercier les participants qui ont accepté de nous partager des

informations sur leur consommation de substances, un sujet souvent complexe, et sur leur situation de vie.

Merci à la Régie régionale de santé et services sociaux du Nunavik et au gouvernement régional Kativik pour leur collaboration.

Et je tiens à souligner les sources de financement des collectes de données sans qui la réalisation de l’étude n’aurait pas été possible : U.S. National Institute of Health (NIH); Programme de lutte contre les contaminants dans le nord, Affaires autochtones et du Nord Canada; Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).

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Avant-propos

L’article empirique inclus dans ce mémoire doctoral n’a pas encore été soumis pour publication. La version actuelle de cet article sera bonifiée des commentaires reçus suite à la correction de mon mémoire en incluant les tableaux présents en annexe. Je suis l’auteure principale de l’article inclus dans ce mémoire. Les coauteurs de l’article sont : Richard E Bélanger, Gina Muckle, Nadine Forget-Dubois, Sandra W. Jacobson et Joseph L. Jacobson.

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Introduction État des connaissances actuelles

Le cannabis

Cannabis est le terme générique pour définir plusieurs préparations psychoactives à base de Cannabis Sativa, une plante de la famille des Cannabaceae (Organisation mondiale de la santé (OMS), 2008). L’agent psychoactif principal présent dans le cannabis est le tétrahydrocannabinol (THC). Celui-ci est principalement responsable des effets recherchés par les consommateurs (OMS, 2008). En général, les adultes rapportent utiliser principalement le cannabis pour relaxer (Green, Kavanagh et Young, 2004), lors d’activités sociales (Green, Kavanagh et Young, 2004; Zvolensky et al., 2007), pour être conforme aux comportements des amis, parce qu’ils aiment l’effet, ou pour oublier leurs problèmes (Zvolensky et al., 2007). Durant les dernières années, les taux de cannabinoïde, dont principalement de THC, présents dans le cannabis semblent avoir augmenté. En 1995, aux États-Unis, le taux moyen de THC pour la marijuana était approximativement de 4% et a grimpé jusqu’à 12% en 2014 (ElSohly, Mehmedic, Pharm, Foster, Gon, Chandra et Church, 2016). Cela pourrait avoir un lien avec l’augmentation des impacts négatifs associés à sa consommation (Hall, 2006; Volkow, Baler, Compton et Weiss, 2014).

Problèmes liés à l’utilisation

De nombreuses études corroborent la présence d’effets délétères d’une consommation de cannabis sur la santé physique et mentale des adolescents et des adultes. Sur le plan de la santé physique, à titre d’exemple, fumer du cannabis est associée à certains cancers et à des symptômes respiratoires, tels que des symptômes de bronchite chronique (The National Academies of Sciences, Engineering, Medicine, 2017). Sur le plan de la santé psychologique, son utilisation est associée à un risque accru de souffrir de symptômes dépressifs (Griffith-Lendering, Huijbregts, Mooijaart, Vollebergh et Swaab, 2011; Hayatbakhsh et al., 2007), de symptômes anxieux (Griffith-Lendering et al., 2011; Hayatbakhsh et al., 2007), d’attaques de panique (Kalant, 2004), d’idées suicidaires ou de faire une tentative de suicide (Hallfors et al., 2004). Des symptômes psychotiques sont également rapportés à l’adolescence, surtout en présence d’une vulnérabilité génétique (Kalant, 2004; Moore et al., 2007).

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Ces observations sur la santé globale sont particulièrement préoccupantes à la période clé que représente l’adolescence. Alors que le cerveau des adolescents est encore en développement, les modifications neurochimiques induites par le cannabis sont susceptibles de provoquer des changements à long terme (Bossong et Niesink, 2010). Le système endocannabinoïde humain, impliqué en partie dans le processus de maturation des réseaux neuronaux corticaux ainsi que dans les processus d’apprentissage et de mémorisation, peut être perturbé par les phytocannabinoïdes (cannabinoïdes présents dans le cannabis). Une des régions pouvant être atteinte est le cortex préfrontal, responsable notamment, de la mémoire de travail, des fonctions exécutives et de la régulation des émotions (Bossong et Niesink, 2010). L’usage régulier peut interférer avec les capacités d’apprentissage, la performance académique et, conséquemment, la réussite scolaire (Bachman. et al., 2008; Hall et Degenhardt, 2009). Un jeune âge d’initiation au cannabis est associé à des risques accrus d’expérimenter des conséquences liées à son utilisation et de développer une dépendance au cannabis et à d’autres substances (Feeney et Kampman, 2016; Hall, 2006). Tout compte fait, les adolescents représentent le groupe le plus susceptible d’éprouver des effets négatifs de la consommation de cannabis (Hall, 2006; Kalant, 2004; Moore et al., 2007).

Prévalence d’utilisation

Le cannabis est la substance illicite la plus consommée dans le monde (United Nations Office on Drugs and Crime (UNODC), 2014). Selon les résultats de l’UNODC (2014), entre 125 et 227 millions de personnes ont consommé du cannabis en 2012, ce qui correspond entre 2,7 et 4,9% de la population mondiale âgée de 15 à 64 ans. Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé (2016), 33% des Canadiens de 15 ans ont rapporté avoir consommé du cannabis au moins une fois dans leur vie, soit un taux parmi les plus élevés des 42 pays d’Europe et d’Amérique du Nord documentés dans l’étude. Selon une étude de Santé Canada (2012), deux fois plus d’hommes que de femmes âgés de plus de 15 ans rapportent avoir consommé du cannabis au cours de la dernière année, soit 13,7% et 7% respectivement. Également, c’est dans la tranche d’âge des 15-24 ans qu’on retrouve le taux le plus élevé d’utilisateurs, soit près d’un jeune sur 5 (Santé Canada, 2012).

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Facteurs de risque

Facteurs de risque individuels à la consommation

Plusieurs facteurs sont associés à un risque accru de consommer du cannabis chez les adolescents : avoir un faible statut socioéconomique (Bowes, Chollet, Fombonne, Galéra et Melchior, 2013; Fothergill et Ensminger, 2006), avoir repris une année scolaire (Townsend, Flisher et King, 2007) et travailler plus de 20 heures par semaine (Brown, 2002). Également, les garçons sont plus nombreux à consommer du cannabis (Gudonis-Miller, Lewis, Tong, Tu et Aalsma, 2012; Muckle et al., 2004; Tu, Ratner et Johnson, 2008). Entre le début de l’adolescence et l’âge adulte, une augmentation de son usage (Chen et Jacobson, 2010; Needham, 2007) et une consommation davantage problématique ont été observées chez les garçons (Palmer et al., 2009; Young et al., 2002). Consommer d’autres substances constitue aussi un facteur de risque d’usage du cannabis (Courtney, Hernandez-Mejia et Jacobus, 2017). Par exemple, la consommation de tabac et de cannabis sont fortement associées et cette relation apparaît bidirectionnelle puisque l’usage du cannabis peut également prédisposer à la consommation de tabac (Bélanger et al., 2010; Bélanger, Akre, Kuntsche, Gmel et Suris, 2011; Chabrol et al., 2006; Macleod, Hickman, Bowen, Alati, Tilling et Smith, 2008; Tu, Ratner et Jonhson, 2008; Von Sydow, Liebm Pfister, Höfler et Wittchen, 2002). L’initiation à l’alcool (Kosterman, Hawkins, Guo, Catalano et Abbott, 2000; Tu, Ratner et Jonhson, 2008), le fait de s’être intoxiqué à l’alcool en bas âge (Korhonen et al., 2008) et la dépendance à l’alcool (Höfler et al, 1999) augmentent aussi le risque de faire usage du cannabis. Souffrir de symptômes dépressifs (Griffith-Lendering et al., 2011; Hayatbakhsh et al., 2007), avoir une faible perception du risque à consommer et avoir une attitude positive face à la consommation (Chabrol et al., 2006; Von Sydow et al.,2002) sont d’autres facteurs individuels associés à un risque accru de consommation de cannabis chez les jeunes.

Facteurs de risque environnementaux à la consommation

Le modèle écologique du développement humain de Bronfenbrenner (1979) stipule que les acteurs et les facteurs environnementaux interagissent ensemble pour promouvoir ou entraver le développement de l’enfant. Les environnements et acteurs proximaux des enfants et adolescents tels que les amis, la famille, l’école ou le travail influenceront davantage leurs comportements, leur adaptation et leur bien-être que les caractéristiques de leurs

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environnements distaux telles que les valeurs et croyances de la société. Ce modèle suggère de s’intéresser particulièrement aux personnes proches de l’adolescent dans l’examen des facteurs principaux associés à leur consommation de cannabis.

Plusieurs études démontrent que les amis sont une source d’influence importante sur le comportement et les attitudes de l’adolescent vis-à-vis la consommation de substances. Par exemple, le nombre d’amis qui consomment des substances légales et illégales augmente le risque de consommation de cannabis (Bahr, Hoffman et Yang., 2005; Gervilla, Cajal et Palmer, 2011; Höfler et al, 1999; Kosterman et al., 2000; Korhonen et al., 2008; Pomery et al, 2005). Certaines de ces études rapportent des corrélations allant de faibles à modérées (Höfler et al, 1999; Kosterman et al., 2000), alors que d’autres rapportent un risque de consommation de cannabis 2 à 4 fois supérieur chez les jeunes ayant des amis usagers de drogues (Bahr, Hoffman et Yang., 2005; Höfler et al, 1999; Korhonen et al., 2008). Cette association semble perdurer dans le temps. Les résultats d’une étude longitudinale, réalisée aux Pays-Bas auprès de 600 jeunes adultes âgés de 18 à 30 ans, indiquent que le nombre d’amis consommant du cannabis est associé au nombre d’occasions de consommer (Liebregts et al., 2013). Cette relation peut s’expliquer par la pression des pairs à consommer et l’accessibilité à la substance, mais également par le mécanisme de sélection des amis, puisque certaines amitiés se développent sur la base de l’adoption d’un comportement similaire face à la drogue (Liebregts et al., 2013).

La famille immédiate constitue aussi un environnement proximal, en fait l’un des premiers environnements où l’adolescent développe des relations d’attachement, susceptible d’influencer les comportements. Par exemple, l’usage de cannabis par un frère ou une sœur est significativement associé au statut de consommateur de l’adolescent (Kosterman, Hawkins, Guo, Catalano et Abbott, 2000; Neiderhiser, Marceau et Reiss, 2013). Les parents sont également des acteurs proximaux de l’enfant; il est donc envisageable que la consommation parentale soit susceptible d’influencer celle de leurs enfants. Cette association a été démontrée pour la consommation d’autres substances telles que le tabac (Kim et Chun, 2015) et l’alcool (Latendresse, Rose, Viken, Pulkkinen, Kaprio et Dick, 2008) ainsi que pour

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des comportements pro-santé tels que la propension à faire de l’activité physique (Kwon, Janz, Letuchy, Burns et Levy, 2016).

Les facteurs explicatifs de l’association entre la consommation parentale de cannabis et celle de l’adolescent réfèrent au phénomène de modélisation où l’enfant, témoin de la consommation de substances de son parent, pourrait avoir tendance à reproduire le comportement de ce dernier. La transmission de la vulnérabilité génétique face au cannabis, les pratiques parentales (par ex., encadrement et règlements) et même le fait que les parents puissent devenir une source d’accès au cannabis (Marmorstein, Iacono et McGue, 2012; Pomery et al, 2005; Vermeulen-Smit et al., 2015) sont d’autres facteurs explicatifs de l’association observée.

Il existe beaucoup moins d’études portant sur l’influence des parents sur l’usage de substances de leurs adolescents que de recherche portant sur l’influence des pairs. Une étude a démontré que la présence chez un parent d’une dépendance à l’alcool, aux drogues en général ou au cannabis augmente de trois fois le risque de développer une dépendance au cannabis chez l’adolescent (Marmorstein, Iacono et McGue, 2008). Deux autres études appuient l’hypothèse que la présence d’un usage problématique chez les parents est associée à un risque significativement plus élevé d’usage de cannabis chez leur adolescent (Friedman et al, 2000; Höfler et al, 1999). Également, l’association entre la consommation parentale et celle de l’adolescent est significative lorsque la substance consommée par les parents et les adolescents est le cannabis (Marmorstein, Iacono et McGue, 2012; Vermeulen-Smit et al., 2015).

Trois études soutiennent l’hypothèse que la consommation de substances de la mère est davantage associée à la consommation de cannabis de l’adolescent que celle du père (Friedman, Terras et Glassman, 2000; Newcomb et Bentler, 1988; Stephenson, Henry et Robinson, 1996). Ces trois études n’ont cependant pas réalisé d’analyses spécifiques pour chaque substance utilisée par les parents. Deux études ont évalué empiriquement l’association entre la consommation de l’adolescent et de leur mère et ont analysé les résultats spécifiquement pour la consommation de cannabis. La première étude qui a documenté la

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fréquence de consommation de drogue chez des mères et leurs adolescents comprend 622 dyades adolescents-mères qui ont été recrutés dans onze écoles de Los Angeles, aux États-Unis. Les résultats corroborent la présence d’une association entre leur consommation de cannabis respective, sans différence significative entre les dyades fils-mères et filles-mères (Newcomb, Huba et Bentler, 1983). La seconde étude a été réalisée auprès de familles de la ville de Rochester, aux États-Unis auprès de 442 dyades parents-adolescents. Les résultats de cette étude ont confirmé la présence d’une association entre la consommation de cannabis des pères et celles de leurs fils, mais pas entre la consommation des mères et celle de leurs filles (Henry et Augustyn, 2017). Globalement, les études qui documentent l’association entre la consommation des parents et celle de leurs adolescents sont peu nombreuses et génèrent à ce jour des résultats mitigés. Il est possible que d’autres facteurs contributoires ou modérateurs aient un impact sur cette association selon les différents contextes, ce qui limite la généralisation des résultats et amène donc des conclusions mitigées. Néanmoins, les quelques données empiriques suggèrent que la consommation maternelle apparaît plus déterminante que celle du père sur la consommation de substances de l’adolescent.

Les Inuits

Le Nunavik est une région arctique qui regroupe 14 communautés situées le long des côtes de la baie d’Ungava, du détroit d’Hudson et de la baie d’Hudson, au nord du 55e

parallèle. La population est composée de 12 000 habitants, Inuits pour la majorité. Au cours des 30 dernières années, la population a doublé. Comparée au reste du Québec, la population du Nunavik est très jeune. L’âge médian est de 22,8 ans, soit la moitié de celui du Québec qui est de 41,5 ans (Nunavik Regional Board of Health and Social Services, 2011).

Les taux de consommation de cannabis chez les Inuits du Nunavik sont parmi les plus élevés au monde. Selon les résultats de l’Enquête de santé auprès des Inuits du Nunavik, 60,2% des individus âgés de 15 ans et plus ont rapporté avoir consommé du cannabis en 2003 (Muckle, Boucher et Laflamme, 2004) comparé à moins de 5% dans le reste du monde (l’UNODC, 2014). En 2004, moment de la dernière enquête populationnelle de santé au Nunavik, les taux étaient particulièrement élevés chez les Inuits de 15-24 ans, chez qui le cannabis est la substance illicite la plus populaire. Comparé aux canadiens de 15-24 ans qui

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compte 20,3% d’utilisateurs (Santé Canada, 2012), les taux de consommation chez les Inuits de 15-19 ans étaient de 84,6% chez les garçons et de 69,9% chez les filles. Dans le groupe des 20-24 ans, la proportion de consommateurs était de 87,2% chez les hommes et de 63,3% de chez les femmes (Muckle, Boucher et Laflamme, 2004). Les résultats d’une autre étude sur la consommation des adolescents du Nunavik corroborent la présence de taux élevés de consommation de cannabis. L’échantillon comprenait 405 individus âgés de 11 à 21 ans en milieu scolaire. La proportion de consommateurs de cannabis chez les enfants qui fréquentent l’école primaire était de 24,2%, alors qu’elle était de 59,9% chez les adolescents fréquentant le secondaire (Brunelle et al., 2010). Contrairement aux études antérieures sur la consommation de cannabis, la prévalence de consommation apparaît ici supérieure chez les filles (57,9% vs 42,1%). Également, la proportion de consommateurs semble avoir augmenté avec les années, passant de 36,5% en 1992 à 60,2% en 2004 (Muckle, Boucher et Laflamme, 2004). D’autre part, l’âge d’initiation moyen chez les Inuits semble plus jeune que dans le reste du Canada. Selon l’étude de Brunelle et collaborateurs (2010), l’âge moyen d’initiation au cannabis serait de 12,9 ans chez les Inuits, alors que selon l’étude menée par le gouvernement du Canada chez des jeunes du secondaire, l’âge d’initiation moyen serait de 14,2 ans tout province confondue (2016).

De vastes consultations menées par les Inuits, et quelques recherches, ont examiné l’importance de la famille dans la vie sociale, économique et politique au cours des dernières années. Une étude de 2011 a questionné 50 habitants de 14 à 94 ans de deux communautés du Nunavut. Les questions étaient semi-dirigées, posées sous forme d’entrevues individuelles. L’entrevue était axée sur les expériences de bien-être, le bonheur, le malheur, la guérison et sur les changements récents dans la communauté. Le thème le plus souvent mentionné par les participants était la famille et la parenté. Selon les répondants, être en famille, parler avec sa famille, aller en voyage ou visiter sa parenté, manger en famille et faire des activités familiales occupent un rôle central pour le bien-être, le bonheur et la santé (Kral et al., 2011). Une vaste consultation publique réalisée au Nunavik a été conduite entre février et décembre 2013 auprès de toutes les communautés ainsi qu’auprès des Inuits de Chisasibi, Kawachikamach et de Montréal. Les ateliers de discussion incluaient des représentants de groupes locaux, des représentants de comités inuits et des résidents des

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communautés. Des questions fondamentales affectant leur vie quotidienne étaient abordées. Les résidents des communautés avaient accès à leur discussion sur leur radio locale et des bulletins ont été transmis aux communautés pour les inciter à poursuivre leur propre processus de réflexion. Au cours des discussions, l’importance de la famille dans la vie sociale, économique et politique a été régulièrement mentionnée. Les groupes d’ainées, de jeunes, de femmes et d’hommes ont tous mentionné que le rôle de la famille semble avoir diminué au cours du dernier centenaire, mais demeure une préoccupation centrale dans les discussions, surtout pour qu’elle reprenne une place plus importante dans l’éducation et la vie sociale des jeunes (Parnasimautik Consultation Report, 2014). Une étude qualitative de Richmond et Ross réalisée en 2008 à l’aide d’entrevues semi-structurées visant à comprendre les influences de l’environnement social sur la santé chez des communautés des Premières Nations et des Inuits a été conduite auprès de représentants de la santé de ces communautés. L’échantillon comprenait 26 représentants. Selon cette étude, le support social (famille et autres institutions) serait fortement associé à la santé mentale et émotionnelle. De plus, la famille serait l’institution ayant le plus d’influence sur la santé par l’apprentissage des normes sociales et des comportements. Selon les participants, l’influence de la famille auprès des adolescents peut être positive, mais peut être problématique dans les familles dysfonctionnelles. La normalisation de comportements violents ou la consommation de substances sont des exemples cités par les participants pour expliquer ce point de vue (Richmond et Ross, 2008). Il est donc possible qu’en présence d’une proportion élevée de consommateurs de cannabis au sein des communautés et des familles inuites, les adolescents soient plus à risque d’adopter ce type de consommation. Ce comportement pourrait s’expliquer par le phénomène de modélisation. Également, les pratiques parentales relatives à l’encadrement de l’adolescent, tel que l’information sur le cannabis transmis au jeune pour faire de la prévention et les règlements en lien avec la consommation, peuvent être teintées par le fait que la consommation de cannabis est un comportement généralisé dans les communautés inuites.

En conclusion, les effets délétères potentiels sur la santé physique et psychologique associés à la consommation de cannabis semblent particulièrement préoccupants durant l’adolescence. De plus, la proportion de consommateurs de cannabis chez les Inuits du

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Nunavik est parmi les plus élevées au monde. Les facteurs de risque environnementaux à la consommation ont été documentés dans plusieurs populations issues de différents groupes culturels, mais il existe peu d’information empirique quant aux facteurs en action chez les Inuits. Selon certains travaux réalisés auprès des Inuits, la famille pourrait être une source d’influence des comportements adoptés par les adolescents inuits. De plus, selon le modèle écologique de Bronfenbrenner (1979), les parents sont une source d’influence proximale susceptible d’influencer les comportements des adolescents. Quatre études ont confirmé l’hypothèse que la consommation de la mère serait davantage associée à la consommation de substance des adolescents que la consommation du père. (Friedman, Terras et Glassman, 2000; Newcomb et Bentler, 1988; Newcomb, Huba et Bentler, 1983; Stephenson, Henry et Robinson, 1996). Puisque peu d’étude ont évalué l’association entre la consommation parentale de substances et la consommation de cannabis de l’adolescent, et que les résultats de ces rares études demeurent mitigés, d’autres études sont nécessaires pour démontrer empiriquement que la relation entre la consommation de la dyade mère-adolescent est davantage associée que celle de la dyade père-adolescent. Seul un devis longitudinal permet de documenter de façon prospective l’association entre la consommation de cannabis de la mère et de son adolescent. De plus, la seule étude de cohorte menée au Nunavik auprès d’adolescents des deux genres qui peut permettre de vérifier cette association est celle du NCDS.

Objectifs et hypothèses

Ce mémoire doctoral a comme objectif d’examiner l’association entre la fréquence de consommation maternelle de cannabis et l’âge d’initiation de même que la fréquence de consommation de son adolescent de manière prospective au sein de la population inuite du Nunavik. Deux hypothèses seront testées : une fréquence de consommation plus élevée chez les mères sera associée 1- à une initiation subséquente plus rapide au cannabis, et 2- à une consommation subséquente plus fréquente chez leur adolescent. Ces hypothèses seront examinées auprès d’un échantillon de dyades mères-enfants issues de la population inuite du Nunavik ayant été suivi longitudinalement.

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Chapitre 1

Links between maternal and adolescents’ cannabis use among the Inuit of Nunavik

Résumé

Objectif: Documenter de manière longitudinale l’association entre la consommation de cannabis maternelle et celle de son adolescent chez des Inuits du Nunavik. Hypothèses : Une fréquence de consommation plus élevée chez les mères sera associée 1- à une initiation subséquente plus rapide, et 2- à une consommation subséquente plus fréquente de cannabis chez leur adolescent. Méthode : Cette étude exploite les données de deux périodes de suivi de l’étude de cohorte prospective Nunavik Child Development Study (NCDS; N=184 dyades mère-adolescent), survenues entre 2005 et 2010 (T1, 8-15 ans) et entre 2012 et 2016 (T2, 16-22 ans). Résultats : Aucune association significative n’a été identifiée entre la fréquence de consommation des mères et l’âge d’initiation de même qu’avec la fréquence de consommation de cannabis de leur adolescents. Conclusion : La recherche de prédicteurs à l’usage de substances reste d’actualité afin de minimiser le cumul de vulnérabilités que vivent les populations autochtones.

Abstract

Aim: To document longitudinally the association between maternal use of cannabis

and the subsequent use of this substance by their adolescents among Inuit from Nunavik. Hypothesis: A higher frequency of cannabis use among mothers will be associated with 1- a subsequent earlier initiation to cannabis, and 2- a subsequent more frequent use among their adolescent. Method: This study was based on longitudinal data from the Nunavik Child Development Study (NCDS; N=184 dyads mother-adolescent). This study uses data from two follow-ups, between 2005 and 2010 (T1, 8-15 years old), and between 2012 and 2016 (T2, 16-22 years old). Results: No significant association was found between the mothers’ frequency of cannabis use and the age of initiation as well as the frequency of cannabis use by their adolescents. Conclusion: The search for predictors of substance use remains relevant to minimize the accumulation of vulnerabilities experienced by Aboriginal populations.

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Introduction

The adverse impacts of cannabis use on several health indicators are clear. Cannabis consumption is associated with certain cancers and respiratory symptoms, such as symptoms of chronic bronchitis (The National Academies of Sciences, Engineering, Medicine, 2017). Cannabis use is increasingly recognized as a significant cause of non-intentional injuries and related mortality (Manrique-Garcia, Ponce de Leon, Dalman, Andreasson, Allebeck, 2016). Its use is also associated with depression (Griffith-Lendering, Huijbregts, Mooijaart, Vollebergh and Swaab, 2011; Hayatbakhsh et al., 2007) and anxiety symptoms (Griffith-Lendering et al., 2011; Hayatbakhsh & al., 2007; Kalant, 2004). Cannabis use seems particularly hazardous for youths (Hurd, Michaelides, Miller, Jutras-Aswad, 2014), with twice the risk of dropping out of school and of developing cognitive impairments for regular users (Hall, 2014), as well as a higher risk of developing psychotic disorders (Kalant, 2004; Moore & al., 2007).

According to the most recent Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) study (2013-2014), which has compared the health status of adolescents from 42 countries across Europe and North America, Canadians are among the frontrunners regarding lifetime cannabis use by age 15 (World Health Organization, 2016). Consumption peaks around age 15-24 years, with a rate for previous-year use estimated around 20% (Health Canada, 2012). Specific populations in Canada, such as the Inuit from Nunavik, are reporting even higher rates of use (Brunelle & al., 2010; Muckle, Boucher & Laflamme, 2004). The Nunavik is an Arctic region located north of the 55th parallel in the province of Quebec, Canada. About 12 000 peoples, 90% of whom are Inuit, live in the 14 villages located along the coasts of Ungava Bay, Hudson Strait and Hudson Bay. In the last 30 years, the population has doubled and is currently much younger than the rest of Quebec with a median age of 22.8 years compared to 41.5 years (Nunavik Regional Board of Health and Social Services, 2011). In 2004, 60 % of individuals aged 15 years or older reported having used cannabis in the previous year, a rate four times higher than their fellow Canadians (14%; Adlaf., Begin & Sawka, 2005; Muckle, Boucher & Laflamme, 2004). Moreover, youths from Nunavik start using cannabis earlier than other Canadians, at 12.9 years on average (Brunelle & al., 2010) compared with 14.2 years for other Canadians (Government of Canada, 2016). There is

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nothing to suggest that this situation has changed in recent years. Even if Inuit have one of the highest rates of cannabis use in Canada, specific predictors for cannabis use and related problems have not been well documented making prevention and adapted intervention difficult.

Most studies of cannabis use risk factors have been documented to the context of North American culture. According to these, male gender (Gudonis-Miller, Lewis, Tong, Tu & Aalsma, 2012), growing age, low socioeconomic status (SES) (Bowes, Chollet, Fombonne, Galéra & Melchior, 2013; Fothergill & Ensminger, 2006), and specific psychological characteristics such as suffering from depressive symptoms (Griffith-Lendering & al., 2011; Hallfors & al., 2004; Hayatbakhsh & al., 2007; Kalant, 2004) as well as being impulsive, extroverted and emotionally unstable (Brown, 2002; Beyers & al., 2004) are the main individual factors associated with cannabis use. Cannabis use during adolescence is also associated with the use of tobacco (Bélanger & al., 2010; Bélanger, Akre, Kuntsche, Gmel & Suris, 2011; Macleod, Hickman, Bowen, Alati, Tilling & Smith, 2008; Tu, Ratner et Jonhson, 2008; Von Sydow et al., 2002), alcohol (Kosterman, Hawkins, Guo, Catalano & Abbott, 2000; Tu & al., 2008), and other illicit substances (Hall, 2014).

Adolescents’ social environment also appears as a key determinant of cannabis use: consumption of legal and illegal substances by the peer group increases the risk for one’s cannabis use (Bahr & al., 2005; Gervilla, Cajal & Palmer, 2011; Korhonen & al., 2008; Kosterman & al., 2000; Pomery & al., 2005). However, the influence of close family members, whose influence on youths’ health-related behavior also appears important according to adolescents themselves (Bahr & al., 2005; Gervilla & al., 2011; Kosterman & al., 2000) has received little attention so far. In fact, having parents with substance use problems increases the risk for subsequent use in adolescents (Friedman & al, 2000; Höfler & al, 1999; Marmorstein, Iacono & McGue, 2008). This risk seems also present when parents and their adolescent consume the same substance (Marmorstein, Iacono & McGue, 2012; Pomery & al., 2005; Vermeulen-Smit & al., 2015), including cannabis (Hurd, Michaelides, Miller & Jutras-Aswad, 2014). Many factors can explain this influence: modeling, when adolescents see their parents using substances and copy this behavior, transmission of genetic

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vulnerability to substance use, parenting practices such as supervision and regulation of children’s health behaviors, and availability of cannabis through their parents (Marmorstein, Iacono & McGue, 2012; Pomery & al, 2005; Vermeulen-Smit & al., 2015). A recent study conducted in the United States examined children’s early onset of cannabis use as a function of their parent’s consumption behavior, with dad-son dyads and mother-daughter dyads. Only an association between sons’ early cannabis use and fathers’ early age of initiation was found (Henry and Augustyn, 2017). Despite that, three studies support the hypothesis that maternal substance use (not only regarding cannabis) has an impact on substance use of their offspring during adolescence (13-18 years old) (Friedman & al, 2000; Newcomb & Bentler, 1988; Stephenson, Henry & Robinson, 1996). Also, one study supports this hypothesis specifically for mothers’ cannabis use and adolescents’ cannabis use (Newcomb, Huba & Bentler, 1983). These mixed results suggest that other factors must contribute to, or moderate, parental influence on their adolescent’s cannabis consumption, as well as reducing the possibility of generalization of findings in different contexts.

Despite the high prevalence rate of cannabis use in Inuit from Nunavik, personal and environmental risk factors like peer and family influences have not been studied in this population. Family is important in all cultures, but particularly so among Inuit. In group discussions, Inuit often mention the importance of family for the social, economic and political aspects of their life (Kral & al., 2011; Parnasimautik Consultation Report, 2014). A study conducted with 26 health professionals from Canadian Inuit and First Nations communities showed a consensus that family is the social institution that has the largest influence on health, including the development of self-esteem and health behaviors, in these communities (Richmond & Ross, 2008). Consequently, family could influence young adolescents’ propensity to use cannabis in the Inuit context, and according to some empirical evidence in other populations, mothers’ cannabis use may be than fathers’ use.

The aim of this study was to longitudinally examine the association between maternal use of cannabis and the subsequent use of this substance by their children during adolescence, a developmental period characterized by a high risk for substance use, particularly in Inuit adolescents. We will test two hypotheses: a higher frequency of cannabis use among mothers

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will be associated with 1- an earlier subsequent initiation to cannabis, and 2- a subsequent more frequent use among their adolescent.

Method

Participants

This study is based on longitudinal data from the Nunavik Child Development Study (NCDS; Jacobson, Muckle, Ayotte, Dewailly & Jacobson, 2015). All mothers were recruited during pregnancy to document the effect of prenatal exposure to environmental contaminants on child development. Maternal caregivers (biological and adoptive mothers) were invited to a follow-up assessment when their child was in the transition between childhood and adolescence (Time 1 (T1): 2005-2010, N = 294 [8-15 years old]). The children alone were invited when they reached adolescence to a follow-up assessment (Time 2 (T2): 2012-2016, N= 212 [16-20 years old]). For our analysis, 184 dyads (mothers and adolescents) were included. Inclusion criteria at T1 were adolescents being aged between 8.5 and 14.5 years, having a birth weight of 2.5 kg and more, gestation duration of at least 35 weeks, and the absence of major health problems. Inclusion criteria at T2 were adolescents being aged between 16 and 22 years, having participated at T1 and having answered to questions about cannabis use.

The sample cannot be considered representative of the Nunavik population. Still, to examine the characteristics of families lost to follow-up between birth and adolescence, we conducted a series of adjusted t-tests within the Missing Value Analysis procedure of IBM SPSS 20 (IBM Corp., 2011). We compared the missing and present participants at the adolescence measurement on cordblood contaminants (lead, mercury and PCB 153), birth size and weight, breastfeeding duration as well as mother’s age and parity at the time of the child’s birth. These measures were chosen for their availability in the two combined birth cohorts. The participants lost to follow-up only differed from the participants assessed in adolescence for breastfeeding duration (missing: mean = 7.33 weeks; present: mean = 11.93 weeks, p = 0.003). Thus, caution should be exerted regarding the generalization of this study’s results.

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Procedures

We received written consent from the mother, verbal consent from the child at T1, and written consent from the adolescent at T2. Evaluations were done in the three largest villages of Nunavik (Kuujjuaq, Puvirnituq and Inukjuaq) so participants living elsewhere were flown to one of these villages. Data were collected during eight trips to Nunavik at T1 and four trips at T2. Assessments combined face-to-face interview with mothers (T1) and adolescents (T2), neuropsychological assessment of children/adolescents (T1 & T2), as well as the collection of biological samples from children/adolescents (T1 & T2). Interviews with mothers at T1 and adolescents at T2 were carried out in English, French or Inuktitut at participants’ convenience, with the help of an interpreter when necessary.

The study protocol at T1 was approved by Université Laval and Wayne State University ethics committees, and by the CHU de Québec-Université Laval ethics and research committee at T2. The study was endorsed by community stakeholders and public health authorities of Nunavik and by the Kativik Regional Government.

Measures

Mother’s cannabis use

Questions to the mother on her cannabis use at T1 covered lifetime use (“Have you

ever used hashish, marijuana, pot, or grass?”) and use in the preceding year (“During the past year, did you sometimes use cannabis?”), frequency of use (by week, by month or total

number of times) in the preceding year, and age at first use.

Adolescent’s cannabis use

Cannabis use at T2 was documented through specific items included from a standardized questionnaire, the ̎ Detection of Alcohol and Drug Problems in Adolescents” (DEP-ADO 3.2, Germain, Guyon, Landry, Tremblay, Brunelle & Bergeron, 2007). The questionnaire has been translated in English (Recherche et intervention sur les substances psychoactives, 2007) and an Inuktitut version has been used previously with Inuit youths (Brunelle & al., 2010). From this questionnaire, we retained the question “In the last 12

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included in the substance list. The frequency of use was rated in six categories: 1- never, 2- occasionally, 3- once a month, 4- weekends or once or twice during the week, 5- 3 times or more a week but not every day, and 6- every day. The frequency of use was recoded in four categories: no use, sometimes (includes occasionally and once a month), regularly (includes weekends or ≤ 2 a week, and ≥ 3 times a week) and daily use. A question about the age at first cannabis use was added to the questionnaire in 2015 for the two last trips to Nunavik (only completed by 58 of the 184 adolescents).

Potential confounders

Potential confounding factors selection was based on similar studies about adolescent’s cannabis use. The following sociodemographic characteristics were assessed at T1: age of child; age and years of education of the principal financial caregiver; marital status (single vs. married or living with a partner) and socioeconomic status (SES; Hollingshead, 2011). The SES is calculated with the Hollingshead’s formula: (mother’s school level (1-7) *3) + (mother’s work/occupation level (1-9) *5). Total income was not included in the socioeconomic status scores. They were coded in three categories (low, middle, high). Also, at T1, maternal distress was assessed with the “Index de Détresse Psychologique de l’Enquête Santé Québec” (IDPESQ-14; Ilfeld, 1976). The adolescent’s interview at T2 provided information about employment status and number of working hours per week, total income, school attendance (currently going to school or not currently going to school), and highest school level completed (Primary school, high school level or IPL: the individualized path for learning also called “Junior Leaders”). The aim of the IPL program is to learn skills that can be useful in adult life and help to go back to regular school.

At T2, the adolescents’ sensation seeking was assessed with the “Brief Sensation Seeking Scale” (1 = Strongly disagree, 2 = Disagree, 3 = Neither disagree or agree, 4= Agree, 5 = Strongly agree; for each question) (BSSS-4; Stephenson, Hoyle, Palmgreen et Slater, 2003); depressive symptoms were assessed with the short version of the “Center for Epidemiologic Studies Depression Scale” (0 = rarely, 1 = sometime, 2 = occasionally, 3 = always; for each question) (CESD-10; Radloff, 1977); problematic use of alcohol and illicit drugs were also assessed by the final score of the “ Detection of Alcohol and Drug Problems

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in Adolescents (0 = no use, 1 = not problematic use, 2 = emerging problem use, 3 = obvious problem use (DEP-ADO; Germain, Guyon, Landry, Tremblay, Brunelle & Bergeron, 2007).

Statistical Analyses

All data were analyzed using IBM SPSS 20 (IBM Corp., 2011) software. Descriptive statistics were first calculated to assess the variance and frequency of the measures of interest. To evaluate the association between each potential confounder and the predictors and outcomes of interest, we used Pearson, Spearman and biserial correlations as appropriate. The threshold of signification was fixed at p < .20 to retain a variable as a confounder. We then tested the association of these selected confounders with each other to avoid any multicollinearity issue. If two confounders were associated at r ≥ .40, only the one with the strongest association was included in the model. Also, we made comparisons between the subgroup of participants who answered the initiation age question with the ones who were not asked to know if the two samples were different.

The association between mothers’ cannabis use during the year before T1 (number of days last year) and adolescents’ age at cannabis initiation was tested by Cox regression analysis, a survival model. This analysis is a method for investigating the effect of several variables upon the time a specified event happens, initiation age for our study. The Cox proportional hazards model has been the most widely used because of its applicability to a wide variety of clinical studies (Cox & Oakes, 1984). For this analysis, a key analytical problem is called censoring. One of the reasons for which we would need to censor is if a participant does not experience the event before the study ends (Singh & Mukhopadhyay, 2011). In our study, Cox proportional hazard model is used to predict the initiation age of cannabis considering the mothers’ cannabis use and confounder variables. Confounders included in this model are socioeconomic status at T1 (Hollingshead, 2011) and sex.

The longitudinal association between mothers’ cannabis use during the year before T1 and the frequency of cannabis use during adolescence was tested using an ordinal regression analysis as was the association between maternal user status during the year before T1 (yes/no) and the frequency of cannabis use in adolescents. Significant confounders

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included in these models were socioeconomic status at T1 (Hollingshead, 2011), sex of participants and school attendance (going to school or not) at T2. Adolescents who completed the IPL program, or graduated from high school were not included in this analysis. We wanted to include only adolescents who were currently attending either high school or an IPL program and those who had dropped out before finishing either of the aforementioned formations.

Throughout the analyses performed, no missing values were replaced. As a result, such as regarding the age of initiation of cannabis by adolescents, not all denominators are equal. This is reported in related tables.

Results

Descriptive statistics are shown in Table 1. Participating adolescents were between 16 and 21.9 years of age, and slightly more adolescent women (55%) have been part of the NCDS study. About 71% of the adolescents had an annual income of less than 5000$. The majority of participants (66%) were not attending school at the time of the interview, 81% did not graduate from high school, and among those who did not graduated, 9% had not begin high school. In our sample, 13% had completed high school or a college degree and 6% had begun or completed the IPL.

Data regarding maternal age, employment status and number of years of education were only available for the 163 mothers who were the child’s principal financial caregiver at T1. For the other adolescents, their father was the principal financial caregiver and they were not included in our analysis. Mothers were aged between 26.8 and 71.6 years old; a large age range was observed since 14 adolescents (7.6%) were adopted, most largely by their grand-mothers. This also explains why some mothers reported no education: biological mothers attended school for a period of 6 to 15 years, and less than 6 years of schooling was reported among adoptive mothers.

As shown in Table 1, regarding the 184 adolescents included in our analysis, about seven out of ten reported having used cannabis during the previous year and about 45% of

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users consumed daily. All of the 58 adolescents who were questioned about their age of initiation to cannabis had used the substance at least once in their lifetime and more than 50% before reaching 14 years. This specific group who answered question on their age of initiation to cannabis reported using cannabis more frequently in the preceding year than participants enrolled earlier in the study when this question was not include (X2= 20.683, p= 0.001). Their mothers reported an earlier age of initiation to cannabis than the mothers of the other participants (t (156) = 1.582, p= 0.022).

Regarding the mother’s cannabis use at T1, about eight out of ten had self-reported lifetime use, and among lifetime users, six out of ten had used cannabis during the year prior to the interview. The total number of days they consumed cannabis during the previous year varied from one to 365 days (median 154.8, SD 144.0), and about two out of ten had used cannabis every day (data not shown).

One cox regression analysis was conducted to predict adolescents’ initiation age according to maternal use earlier on. The independent variable included in the analysis was the number of days of maternal use during the year before T1, and confounders considered were socioeconomic status at T1 and sex of adolescents. Results are presented in Table 2. The model was not significant (χ2(4) = 2.979, p = 0.56) showing no significant relationship

between frequency of maternal use and age of initiation to cannabis among adolescents.

An ordinal regression analysis was used to predict the adolescent’s frequency of cannabis use at T2 based on maternal use earlier on. Results are shown in Table 3. The model included the number of days the mother uses cannabis the year before the T1 interview, socioeconomic status at T1, adolescent’s sex and school attendance. According to this analysis, no significant association was found between maternal use the year prior T1 and adolescent’s frequency of use at T2. The ordinal regression analysis showed no significant association between mothers’ user status (cannabis user vs non-user) and adolescent’s frequency use (OR=0.80, CI=0.35-1.83, p=0.60) (results not shown). Higher socioeconomic status at T1 and school attendance at T2 were significantly associated to lower frequency of

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cannabis use by adolescents. Increased frequency of cannabis use was reduced by half according to high socioeconomic status and being in school.

Discussion

This longitudinal study addresses the influence of family’s substance use on their adolescents’ related-behavior among the Nunavik Inuit, by focusing for a first time on cannabis, and mothers’ association using longitudinal data. Such perspective has the potential to orient prevention strategies and interventions regarding psychoactive substances use and related problems, in order to tackle the cumulative vulnerabilities faced by several Canadian indigenous communities.

Our first hypothesis was that maternal use at the beginning of adolescence would be associated with earlier initiation to cannabis later on, which was not confirmed by our analysis. Our results therefore corroborate those from Henry and Augustyn (2017) who also reported, in a sample of 168 mother-daughter dyads from the United States, no significant association between cannabis use by the mother and the onset of cannabis use by their daughters. Outside these 2 studies, none to our knowledge have examined the specific aspect of maternal cannabis use on initiation to cannabis adolescence.

Our second hypothesis was that frequency of maternal cannabis use would be associated to the subsequent frequency of cannabis use by their adolescent. Similarly, results from the ordinal regressions do not support this hypothesis. Our results do not corroborate those from Newcomb, Huba & Bentler (1983) who found an association between the frequency of maternal cannabis use and the frequency of cannabis use by their adolescents. However, there are major differences between the sample from Newcom et al. study and our sample: first, only 2.4% of the mothers in the Newcomb et al. sample admitted using any cannabis at all compared to 86.1% in our sample; second, the two studies were conducted in an interval of about three decades, during which cannabis use started to be more socially accepted. Despite these elements, two other studies found an association between parents’ and adolescents’ cannabis use, yet problematic use for each member of the dyad was documented in those studies rather than the frequency of use (Friedman & al, 2000; Höfler

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& al, 1999; Marmorstein, Iacono & McGue, 2008). Such information was not available for the Inuit mother in our study. The frequence of cannabis use by each member of the dyad inquired yet emphasized that problematic substance cannabis use should be documented in future studies aiming to identify risk factors of psychoactive substance use among Inuit adolescents.

One possible explanation of the depicted associations between mother and adolescent’s cannabis use in previous studies is modeling, that is when adolescents see their parents using substances and copy this behavior (Marmorstein, Iacono et McGue, 2012; Pomery et al, 2005; Vermeulen-Smit et al., 2015). The lack of association we are reporting between mother and adolescent’s cannabis use might be explained by the less direct mother-child modeling in the Inuit population, as the Inuit culture extends proximal connections beyond the family unit. This value often mentioned by Inuit is that of being “ilagiit” in Inuktitut (Parnasimautik Consultation Report, 2014): the people who are with me. The majority of Nunavik Inuit currently lives in overcrowding houses (62% of families) (Ruiz-Castell & al., 2015) providing adolescents diverse models where maternal influence could be weakened.

In this study, we did not question mothers about their parental practices, such as the framework and rules related to cannabis use, another factor that could explain a possible association between mother and adolescent’s cannabis use (Marmorstein, Iacono & McGue, 2012; Pomery & al, 2005; Vermeulen-Smit & al., 2015). Qualitative interviews might be best suited to document these dimensions and may provide useful insights with regard to family and parental variables to be considered in future longitudinal studies involving the Inuit.

Even if our results did not show any association between mothers’ and adolescents’ cannabis use, several findings seem interesting with regard to cannabis use among Nunavik Inuit. Our results show that the difference in cannabis consumption between the Inuit of Nunavik and other Canadians is considerable. Adolescents in our sample aged between 16 and 22 years old report a prevalence of use the year before the assessment of 69.1%. This may be compared to the 20% and 33.3% of other Canadians aged 15-17 and 18-24 years old,

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respectively, at a populational level. Moreover, a greater proportion of Inuit adolescents from our sample reported using cannabis everyday (31%) when compared with national statistics for Canadian adolescents (2% for 15-17 years old, 4.9% for 18-24 years old Canadians). Higher prevalence of cannabis use in the year prior to T1 was also observed for Nunavik Inuit mothers in our sample: 59.1% of them reported having used cannabis compared to 10.3% (25-44 years old) and 4.1% (45-64 years old) for other Canadian women at a populational level. While the representativeness of NCDS sample was not an objective, the inclusion and exclusion criteria for mothers and offspring did not orient cannabis or substances users to be included more than others, int the contrary less.

In parallel, we reported that school attendance and high socioeconomic status have similar associations with cannabis use among Inuit than in studies conducted in the general population; we found that the risk of increased cannabis use is two times lower among adolescents still attending school. We cannot know if such associations may be causal because both variables we assessed at the same time, but past studies reported that early cannabis use is a risk factor for dropping out from school (Bray, Zarkin & Ringwalt, 2000; Fergusson, Horwood & Beautrais, 2003; McCaffrey, Liccardo, Han & Ellickson, 2010) and any use of cannabis is related to lower number of days of school attendance (Engberg & Morral, 2006). We also found that the risk of increased cannabis use is lower among adolescents from higher socioeconomic status. This finding is consistent with those from studies conducted in France and in the USA (Bowes, Chollet, Fombonne, Galéra & Melchior, 2012; Fothergill & Ensminger, 2006; Legleye, Janssen, Beck, Chau & Khlat, 2011). Even if the Inuit culture is unique, some strong risk factors regarding psychoactive substance use seem to coexist between distinct populations.

Some limitations to our study should be considered. First, cannabis use by both the mothers and their adolescents were only documented for the year preceding the data collection, and the presence of problematic cannabis use was not assessed. Including this last issue in future studies would increase the clinical value of related findings. Second, since the study uses data from the prospective NCDS, which was not designing to extensively assess adolescent’s cannabis use, the age of initiation question was added during the data collection

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process. We cannot rule out that the smaller sample size due to missing data may have reduced the power of the analysis. Third, several years have elapsed between the age of initiation reported by adolescents and the time of assessment, increasing the possibility that the retrospective recall might include errors, which therefore reduce the likelihood of observing significant associations. Fourth, the measurement method of cannabis use through an interview, rather than a self-reported questionnaire, may in theory have resulted in an under-report of the frequency of cannabis use. However, the interviews conducted with the mothers and the adolescents provided high rates of cannabis use and frequent use. Interviews also ensured that the study participants whose first language is nor English neither French understood the questions.

In the context of the cannabis legalization in Canada and the low level of knowledge about factors related to the frequency of cannabis use among Nunavik Inuit adolescents, and because Nunavik Inuit adolescent start using cannabis earlier than those from the general Canadian population, future longitudinal studies on risk factors of cannabis use in this population should assess cannabis use by diverse proximal family members and adolescents at the two developmental sensitive periods of adolescence and early adulthood. Also, parenting practices and overall perceptions of youth regarding the substance should be explored and followed. Similarly, it would be relevant to directly question adolescents and ask them what led them to consume and what their sources of influence are.

Conclusion

In this study, we longitudinally tested the association between maternal frequency of cannabis use at the beginning of adolescence and their later frequency of use and initiation age among the Inuit adolescents of Nunavik. We did not find the hypothesized associations but empirically documented the high frequency of cannabis in a relatively-large sample of Inuit participants where the study of culturally-specific factors related to substance use is scarce. Such studies are required for aboriginal groups to support the development of efficient and culturally sound preventive actions by community and public health stakeholders, especially in the context of the legalization of cannabis in Canada. To make sure that prevention will be effective, it would be important to consult the community leaders to adapt

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the messages and preventive measures addressed to the population in order to respect their culture (Grant & Bélanger, 2017).

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Conclusion

L’objectif général de cette étude était de documenter la présence d’une possible association prospective entre la consommation maternelle de cannabis au tout début de l’adolescence et la consommation de cette substance plus tard par l’adolescent au sein de la population inuite du Nunavik. Les caractéristiques de la consommation maternelle documentées dans ce mémoire sont le statut de consommatrice (oui/non) ainsi que le nombre de jours de consommation durant l’année précédant l’entrevue maternelle, alors que leur enfant était âgé entre 8 et 15 ans. La consommation de leur adolescent a été documentée entre les âges de 16 et 22 ans. Notre étude avaitcomme objectif d’améliorer les connaissances quant aux facteurs associés à la consommation de cannabis des adolescents du Nunavik, particulièrement les facteurs environnementaux proximaux. Pour répondre à cet objectif, deux hypothèses ont été testées.

La première hypothèse était qu’une fréquence de consommation plus élevée chez la mère serait associée avec un âge d’initiation au cannabis plus hâtif chez son adolescent. Une régression de Cox a permis de tester cette hypothèse. Selon nos résultats, le nombre de jours de consommation de la mère durant l’année précédant l’entrevue, alors que l’adolescent était âgé en moyenne de 11 ans, n’est pas associé avec l’âge d’initiation au cannabis de l’adolescent à un âge moyen de 18,5 ans.

La seconde hypothèse était qu’une consommation fréquente chez la mère serait associée à la fréquence de consommation de l’adolescent. Deux régressions ordinales ont été réalisées afin de vérifier l’association entre la fréquence de consommation de l’adolescent et 1- le nombre de jours de consommation par an de la mère et 2- le statut de consommatrice de la mère. Cette hypothèse n’a pu être confirmée. La seule autre étude, à notre connaissance, ayant vérifié une telle hypothèse avait confirmé un lien significatif entre l’usage de la mère et celui de l’adolescent (Newcomb, Huba et Bentler, 1983), mais pas dans une population inuite.

Un des phénomènes soutenant l’hypothèse d’une association entre la consommation de la mère et celle de son adolescent est la modélisation (Marmorstein, Iacono et McGue,

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2012; Pomery et al, 2005; Vermeulen-Smit et al., 2015). Ce phénomène est défini par le fait que l’adolescent tend à reproduire le comportement de ses parents, soit de consommer du cannabis pour la présente étude. Une des explications possibles au fait que nous n’avons pas su prouver d’association significative entre la consommation de la mère et de son adolescent de façon prospective est l’apport diversifié des relations parentales dans la population inuite, bien que la mère y ait une place de choix. La culture inuite étend ses connexions proximales au-delà de l’unité familiale. Cette valeur porte notamment le nom de « ilagiit » en Inuktitut (Parnasimautik Consultation Report, 2014) : ceux qui sont avec moi. Également, la situation de surpeuplement des foyers au Nunavik, expliquée en partie par le haut taux d’adoption dans cette population, vécue par 62% des familles, et qui se définit par le fait d’avoir plus d’habitants que de pièces dans une maison, fait en sorte que plusieurs personnes cohabitent (Ruiz-Castell et al., 2015). Également, l’influence possible des amis par le modeling n’a pas été documenté, ni contrôlé dans les analyses, ce qui a peut-être influencé les résultats obtenus. D’ailleurs, dans d’autres cultures, le nombre d’amis qui consomment des substances légales et illégales augmente le risque de consommation de cannabis (Bahr, Hoffman et Yang., 2005; Gervilla, Cajal et Palmer, 2011; Höfler et al, 1999; Kosterman et al., 2000; Korhonen et al., 2008; Pomery et al, 2005). Enfin, le surpeuplement des foyers peut augmenter le nombre de personnes susceptibles d’avoir des liens proximaux avec les adolescents et ainsi d’influencer l’adoption de certains comportements (Bronfenbrenner, 1979), incluant la consommation de cannabis.

Quelques études transversales ont démontré que les pratiques parentales, soit l’encadrement et les règlements au sujet de la consommation de cannabis, jouent un rôle important vis-à-vis la propension de l’adolescent à consommer ou non et influencent également la fréquence de consommation (Marmorstein, Iacono et McGue, 2012; Pomery et al, 2005; Vermeulen-Smit et al., 2015). Dans la présente étude, nous n’avons pas questionné les mères à propos de leurs pratiques parentales en lien avec la consommation de cannabis, il nous est donc impossible de statuer si les pratiques parentales dans un contexte inuit au Nunavik sont également associées à une consommation fréquente chez l’adolescent. De plus, le lieu de disponibilité de la substance n’a pas été questionné non plus. Dans l’éventualité de résultats significatifs entre la consommation de la mère et celle de son adolescent chez les

Figure

Table 1. Characteristics of participants and descriptive statistics for cannabis use  Total
Table 2. Cox regression analysis to predict adolescents’ initiation age for cannabis use  from maternal cannabis use at T1 (N = 58)
Table 3. Ordinal regression to predict adolescents’ frequency of cannabis use in the  past year from maternal cannabis use at T1 (N =161)
Figure 1: Associations between mothers’ frequency of cannabis use and adolescents’  cannabis initiation age by sex
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Références

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