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Conclusion – Séance commune Académie vétérinaire de France — Académie nationale de médecine : « Les toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) » – Académie nationale de médecine

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Academic year: 2022

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CONCLUSION

Patrick BERCHE *

Il me revient de conclure cette après-midi consacrée aux toxi-infections alimentaires d’origine collective (TIAC). Nous avons entendu d’excellents exposés portant sur la définition de ses toxi-infections, décrivant de façon détaillée leur épidémiologie en France, nous rappelant l’importance des conditions de sécurité alimentaire, et aussi les difficultés du diagnostic et du contrôle des diarrhées humaines, notamment pour détecter les nombreux virus à l’origine de ces diarrhées.

Au terme de ces exposés, il me vient à l’esprit une citation de Buffon : « L’erreur vaut mieux que la confusion ». En effet, quand on fait le bilan des TIAC dans les pays occidentaux, il faut être conscient qu’on ne perçoit que la partie émergée de l’iceberg. Considérons tout d’abord les agents responsables. Alors qu’aux États- Unis, les chiffres présentés estiment à 40 % la proportion des diarrhées virales (norovirus, rotavirus, astrovirus, etc.), en France nous estimons à environ 10 % la fréquence de ces diarrhées. Il y a probablement d’une forte sous-estimation des virus du fait des difficultés diagnostiques et des moyens mis en œuvre pour détecter les virus dans les selles. De même, les diarrhées àCampylobacter jejunipourraient être aussi beaucoup plus fréquentes que ne le montrent les relevés, probablement devan- çant les salmonelles. En effet, ces bactéries microaérophiles ne sont pas systémati- quement recherchées. Enfin, il faut souligner qu’aucun agent infectieux n’est détecté dans plus de 50 % des TIAC, ce qui montre l’importance de progresser dans la recherche des agents causaux inconnus à l’origine de ces diarrhées.

Malgré ces incertitudes, il faut rendre hommage aux remarquables progrès réalisés dans la prévention des infections àListeria monocytogenes, devenu aujourd’hui rare du fait d’une politique de sécurité alimentaire très efficace contre ce pathogène souvent mortel. Un deuxième fait mérite d’être souligné. La découverte de la contamination de très nombreux élevages de porcs par le virus de l’hépatite E dans les pays occidentaux pourrait désigner ce virus comme un futur pathogène émer- geant, encore trop souvent méconnu aujourd’hui du fait de difficultés diagnostiques.

Une seconde limite de nos connaissances concerne l’épidémiologie des TIAC. Tout d’abord, il faut rappeler la fréquence d’exposition de la population aux agents

* Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine. Hôpital Necker-Enfants malades — Paris ; e-mail : patrick.berche@univ-paris5.fr

Tirés à part :Professeur Patrick Berche, même adresse

Bull. Acad. Natle Méd., 2012,196, no8, 1683-1684, séance du 27 novembre 2012

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pathogènes, malgré les mesures préventives, exposition qui entraîne des dizaines de milliers cas de TIAC en France, mais aussi probablement de nombreuses formes inapparentes. Les chiffres donnés par les épidémiologistes sont fortement sous- estimés, du fait des sous-déclarations de cas souvent bénins dans les pays occiden- taux. On estime aux États-Unis la mortalité à environ un cas pour 100 000, associée à environ trois millions de cas de TIAC chaque année. Ces chiffres sont à mettre en miroir avec la gravité de ses TIAC dans les pays du Tiers-monde où l’on estime le nombre de cas annuel à 120 millions, avec une mortalité à un pour 285. Avec les pneumopathies aiguës, les diarrhées de l’enfant sont à l’origine des 50 % de décès des enfants avant l’âge de cinq ans. Les seuls rotavirus seraient responsables de 500 000 morts par an dans ces pays. Ces différences de mortalité sont bien sûr dues essen- tiellement à un défaut de prise en charge thérapeutiques des enfants et à des comorbidités.

Au terme de cette journée, on peut formuler quelques souhaits. Ne devrait-on pas encourager la déclaration systématique des diarrhées aiguës ? Inciter à la vigilance dans les institutions telles que les hôpitaux et maisons de retraite ? Tenter de mieux prévenir les contaminations de la chaîne alimentaire, notamment dans la restaura- tion collective. Enfin, il est clair que les progrès des connaissances sur les TIAC ne peuvent venir que d’une approche multidisciplinaire faisant intervenir médecins, vétérinaires, épidémiologistes, spécialistes de l’hygiène alimentaire, biologistes, etc.

Il reste beaucoup de travail pour mieux maîtriser ces infections épidémiques.

Bull. Acad. Natle Méd., 2012,196, no8, 1683-1684, séance du 27 novembre 2012

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