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Academic year: 2022

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économie d énergie

RÉNOVEZ

INTELLIGENT !

Des projets inspirants

avec Planète Manche Rénovation

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PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION 3

ÉDITO SOMMAIRE

PAVILLON DES ANNÉES 70 EN PARPAING

La métamorphose d’un pavillon - Les Pieux 4

PAVILLON DES ANNÉES 60-70 SUR SOUS-SOL

Paille et bois de châtaigner - Donville-les-Bains 6

Un loft grand ouvert sur le jardin - Donville-les-Bains 8

MAISON DE LA RECONSTRUCTION

Préserver l’esprit de la Reconstruction - Saint-Lô 10

MAISON DE VILLE EN PIERRE

Un nid cosy et lumineux fait main - Donville-les-Bains 12

L’art de rattraper un chantier raté - Cherbourg-en-Cotentin 14 Un loft laqué blanc dans une échoppe délabrée - Granville 16

LONGÈRE / FERME EN PIERRE

Une longère calfeutrée dans un cocon biosourcé - Saint-Senier-de-Beuvron 18 Chantier participatif et bottes de paille - Les-Moitiers-d’Allonne 20

Une demeure historique à vivre - La Hague 22

MAISON DE MAÎTRE

Rénover une maison de maître en préservant ses boiseries - Cherbourg-en-Cotentin 24

La passion de la restauration - Valognes 26

E

n France, le premier consommateur d’énergie est le secteur du bâtiment.

Avec plus de 70 % des logements construits avant 1975, sans réglementation thermique, le territoire de la Manche doit relever le défi de la rénovation énergétique.

C’est en ce sens que depuis 2013, le conseil départemental de la Manche mène une politique innovante et volontariste de rénovation de l’habitat : comment vivre dans des logements adaptés à la vie d’aujourd’hui, sans pour autant consommer de nouvelles terres agricoles ?

Dans ce contexte, le conseil départemental de la Manche a mis en place dès 2015, le dispositif Planète Manche Rénovation : une aide aux particuliers pour des projets ambitieux en matière de rénovation énergétique mais également de respect de la qualité architecturale, sans condition de ressources.

Avec le conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de la Manche (CAUE), le dispositif permet d’accompagner techniquement et financièrement les particuliers dans leur projet afin d’intégrer dès la réflexion l’amélioration de la performance énergétique et le respect de l’architecture du bâti existant.

Formidable effet de levier, déclenchant le « passage à l’acte » et la montée en gamme des travaux projetés, Planète Manche Rénovation permet d’accompagner environ 160 projets par an à hauteur de 9 000 € en moyenne par projet, soit entre 1,4 et 1,5 million d’euros de subventions annuelles. Ce dispositif est un véritable soutien à l’économie et aux emplois locaux permettant la réalisation de 10 à 12 millions de travaux par an par nos entreprises et artisans manchois.

Cette publication se veut un recueil d’exemples de rénovations accompagnées dans le cadre du dispositif Planète Manche Rénovation, représentant les principales typologies d’habitat de la Manche.

Du bâti ancien en pierre et masse au pavillon en parpaing des années 70, en passant par le bâti de la Reconstruction et les maisons de maître, ces douze projets de rénovation sont des réponses concrètes aux différents enjeux et problématiques régulièrement rencontrés.

À lire ou à suivre, ces exemples dressent un panel des solutions possibles pour permettre à chacun de rénover son logement, de mieux l’isoler pour maîtriser ses dépenses énergétiques, de réorganiser les espaces intérieurs pour obtenir un meilleur confort, de respecter les qualités architecturales et les matériaux anciens ou de résoudre les problèmes humidité.

Bonne lecture !

Marc Lefèvre Président du conseil départemental de la Manche

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PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION

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Construite en parpaing et isolée en polystyrène, cette maison est un pavillon typique des années 1970.

PAVILLON DES ANNÉES 70 EN PARPAING

LES PIEUX

LA MÉTAMORPHOSE D’UN PAVILLON

R

arement la transformation d’une maison aura été aussi spectaculaire ! Construit en 1971, ce banal pavillon en parpaing de 135 m², mal isolé avec du polystyrène, est devenu une maison d’allure très contemporaine, répondant au double critère Bâtiment basse consommation (BBC) et démarche E+C- (bâtiment à énergie positive et réduction carbone).

Juste après l’acquisition, en 2016, le couple de propriétaires rencontre Romain Travert, un jeune architecte originaire de la région, qui vient de s’installer. « Bon contact, bon feeling ! », se souvient Ludovic. Il travaille dans la restauration, sa compagne est assistante sociale : « À l’époque, nous ne pensions pas faire une telle rénovation, nous voulions faire les choses nous-mêmes avec notre – petit – budget. Mais au fur et à mesure que nous avons découvert toutes les aides qui s’offraient à nous, nous n’avons plus seulement pensé isolation, mais revu le projet dans sa globalité. »

Avec ses revêtements en cuivre brut et bois douglas, un banal pavillon est devenu une maison d’allure très contemporaine.

Nous avons choisi cette maison pour son emplacement. D’ici, on voit d’un côté la forêt et de l’autre la mer.

La vue est exceptionnelle, sans aucun vis-à-vis ! Nous sommes très exposés aux tempêtes, mais la maison est bien étanche : dehors, on entend le vent rugir mais dedans, on est en tee-shirt.

Ludovic C. et Christelle L.

L’isolation des murs par l’extérieur est réalisée en fibre de bois rigide

et insufflation de ouate de cellulose. Au sud, le bardage en bois douglas lazuré coloris café finalise l’isolation par l’extérieur.

Travail des ouvertures, du volume intérieur et de l’enveloppe

L’extension au sol n’étant pas possible, l’architecte préconise d’augmenter la surface de la maison et les volumes intérieurs en aménageant les combles, où sont percées deux grandes lucarnes ouvrant largement sur le paysage naturel environnant. Les principales ouvertures de la maison sont orientées au sud et à l’ouest, vers la mer. Les murs et la toiture sont isolés par l’extérieur afin de supprimer les ponts thermiques, sources de déperdition de chaleur. Un poêle à bois mixte est installé pour le chauffage, complété par un ballon thermodynamique pour la production d’eau chaude sanitaire et une VMC double flux pour le renouvellement de l’air. « L’air est sain, la double flux, c’est vraiment pas mal », commente Ludovic. Le couple est particulièrement satisfait de ce « pack » isolation-chauffage.

La consommation énergétique a été divisée par 10, passant de 700 kWh/an/m² (classe G) à 55 kWh/an/m² (classe A).

« En cette mi-octobre 2020 plutôt frisquette, nous n’avons pas encore eu besoin d’allumer le poêle », se réjouit Christelle. « Le matin, il fait 17 °C à 18 °C dans la maison, mais elle se réchauffe vite dans la journée grâce aux apports du soleil. Et le soir, il suffit d’allumer le four pour cuire un gâteau ou une tarte et il fait bien chaud ».

Afin de réduire l’impact visuel de la construction dans le paysage, l’architecte a proposé au jeune couple un revêtement très contemporain : une audacieuse « peau » en cuivre, sur les façades est et ouest et la toiture, ainsi qu’un bardage en clin bois lazuré couleur café pour les pignons, deux matériaux de teinte sombre dont les couleurs changent selon la lumière : « la maison semble parfois marron clair, presque rougeâtre, et elle prend des reflets violets dans la tempête », apprécie Christelle.

Les travaux ont duré près d’un an. « Pendant onze mois, nous avons habité avec notre petite fille un mobil home posé sur le terrain. On regardait les travaux… », se souvient-elle. Ils emménagent en décembre 2018.

Dans les combles, les travaux d’agrandissement ont permis de créer deux nouvelles chambres, un bureau et un espace vidéo en mezzanine. Aujourd’hui, Ludovic et Christelle s’estiment « très satisfaits du projet. Nous avons été bien entourés et les artisans ont bien fait leur travail. »

CHIFFRES CLÉS

Surface

(combles compris) 104 m² Date des travaux 2018 Coût des travaux

liés à la rénovation

énergétique 101 500 € Aides du Département

de la Manche 12 500 €

TRAVAUX RÉALISÉS

¡ Isolation thermique par l’extérieur des murs et de la toiture, menuiseries aluminium noir (Performance Habitat)

¡ Maçonnerie et cuivre brut pour le bardage de deux façades et la toiture (SARL Capelle)

¡ Poêle à bois, ballon thermodynamique et VMC double flux (Samuel Fossey)

¡ Concepteur : Atelier prospectif Romain Travert Architecte

Après l’ouverture des combes, la lumière zénithale inonde les pièces de vie.

© R. Travert sauf mention

© P. Leboucher

© P. Leboucher

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PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION

6 7

Avec son sous-sol non enterré et sa toiture à quatre pans, ce pavillon typique des années 60 nécessitait d’importants travaux d’isolation.

PAVILLON DES ANNÉES 60-70 SUR SOUS-SOL

DONVILLE-LES-BAINS

PAILLE ET BOIS DE CHÂTAIGNIER

D

ans ce lotissement des années 60, toutes les maisons sont identiques ou presque : compactes, de plain-pied sur sous-sol non enterré, elles sont coiffées d’une toiture en tuiles à quatre pans. « J’ai acheté cette maison en 2018, séduite par sa hauteur, sa luminosité et ses 689 m² de terrain tout proche de la mer », raconte Charlotte, sa propriétaire. « Cela me tenait à cœur de rénover une maison existante avec des matériaux locaux, plutôt que de construire du neuf. »

Les anciens occupants l’avaient faite construire en 1966 et y avaient vécu depuis lors, sans y réaliser de travaux conséquents. « Très énergivore, elle était classée G lors de l’achat », précise l’actuelle propriétaire, « et nécessitait d’importants travaux d’isolation, ainsi que le changement de son mode de chauffage, vétuste. »

La maison est posée sur un sous-sol complet, qui comprend un garage. Les pièces à vivre sont situées à l’étage. Afin de créer une seule grande pièce lumineuse, la cuisine a été ouverte sur le séjour. « L’architecte du CAUE m’a conseillée de conserver les petites fenêtres, signature architecturale des années 60 ; il a aussi suggéré de percer une baie vitrée de 3,10 m orientée sud-ouest et ouverte sur la terrasse. D’ici, on entend la mer et on contemple le coucher du soleil… »

L’isolation par l’extérieur a été réalisée en fibre de bois et recouverte d’un bardage en châtaignier d’origine locale.

Je souhaitais moderniser la maison et l’isoler avec des matériaux biosourcés : j’ai opté pour une isolation en

paille et un bardage en bois de châtaignier, qui se marie bien avec la pierre. Le bois de châtaignier résiste bien à la pluie et à l’air marin, il couvre les toits des maisons du Mont-Saint-Michel depuis

plusieurs centaines d’années.

Charlotte L.

210 bottes de paille isolent les combles. Pour supprimer les ponts thermiques, le balcon en béton a été démoli et reconstruit en bois.

Une « grosse doudoune » 100 % biosourcée

Les combles perdus sont isolés avec 210 bottes de paille de provenance locale. Couturière de profession, Charlotte compare l’isolation réalisée à « une grosse doudoune avec de la ouate ».

Le plancher bas est quant à lui isolé en laine de bois. Le grenier n’a pas été aménagé, mais ce serait possible de le faire, sous réserve de modifier la charpente.

L’isolation par l’extérieur est réalisée au moyen d’une ossature en douglas, sur laquelle sont fixées des équerres qui maintiennent deux épaisseurs d’isolant en fibre de bois, le tout recouvert d’un pare-pluie. Une lame d’air est ménagée entre le pare-pluie et le bardage afin d’assurer une ventilation de celui-ci. Composées de trois largeurs différentes, les lames du bardage en châtaignier sont fixées verticalement à claire voie. « Le châtaignier vient de la Manche et le douglas du Cotentin, précisément de la commune où est né mon père. Cela a du sens pour moi », précise-t-elle.

Afin de supprimer les ponts thermiques, le balcon et la terrasse en béton sont démolis et reconstruits à l’identique, en bois. Les anciens poteaux en fibro-ciment sont remplacés par du chêne et les lambourdes sont en châtaignier rainuré, permettant à l’eau de mieux s’écouler.

« Les voisins craignaient que le bois ne pourrisse, mais en fait l’eau s’écoule, elle glisse comme sur une plume ».

Enfin, la chaudière fioul, vétuste, est remplacée par une chaudière gaz à condensation, une solution qui permet de programmer les plages horaires du chauffage.

Pour réaliser tous ces travaux, Charlotte a travaillé avec un artisan local spécialisé dans les matériaux écologiques, adhérent de la coopérative Les Chantiers de demain. Elle a ensuite pris conseil auprès du CAUE, « une démarche personnalisée, offrant plusieurs choix, des conseils très pro et avisés », puis déposé une demande de subvention auprès du conseil départemental :

« Quand on se lance dans un emprunt pour 25 ans, cette aide est très crédible aux yeux de la banque. Sans cela, j’aurais probablement opté pour des travaux plus bas de gamme. »

CHIFFRES CLÉS

Surface 70 m²

Date des travaux 2018 Coût des travaux

liés à la rénovation

énergétique 40 100 €

Aides du Département

de la Manche 10 000 €

TRAVAUX RÉALISÉS

¡ Isolation thermique par l’extérieur, isolation des combles et des planchers bas en auto-réhabilitation encadrée (La maison terre paille – Les Chantiers de demain)

¡ Menuiseries PVC (P2M)

¡ Chaudière gaz à condensation (SARL Grezet)

¡ Maçonnerie (Raphaël Guesnon)

Le bardage est en cours de pose côté jardin.

© C. L.

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PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION

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Une partie du plancher entre le rez-de-jardin et l’étage a été supprimée.

PAVILLON DES ANNÉES 60-70 SUR SOUS-SOL

DONVILLE-LES-BAINS

UN LOFT GRAND OUVERT SUR LE JARDIN

C

onstruit en parpaing avec un soubassement en pierre, ce pavillon typique des années 60 n’était pas du tout isolé. Les espaces de vie se situaient alors à l’étage, le rez-de-jardin étant composé de caves, ateliers et garage, avec une cage d’escalier ouverte qui transmettait le froid entre les étages. Le rez-de-jardin n’était pas aménageable en l’état : trop sombre, avec une trop faible hauteur sous plafond (2,2 m). Les menuiseries de l’étage étaient cependant récentes et la chaudière à gaz était en bon état.

« Je cherchais une maison depuis dix-huit mois et j’ai su en trois minutes que j’achèterai celle-là. J’ai tout de suite vu son potentiel, on pouvait y créer de l’espace et faire entrer la lumière. Il suffisait de réorganiser les volumes et de rendre le sous-sol habitable, en créant un vaste loft avec une grande hauteur sous plafond », se souvient Marilyne, la propriétaire.

Pour cela, une partie du plancher entre le rez-de-jardin et l’étage est supprimée, ainsi que l’escalier en béton. L’espace de vie (salon, salle à manger, cuisine) est aménagé dans l’ancien rez-de-jardin : c’est désormais un espace de 55 m², haut de 4,8 m, ouvert sur la cuisine et sur l’extérieur. Une porte et de larges fenêtres de type verrière d’atelier sont installées au sud pour laisser entrer la lumière et offrir une vue dégagée sur le jardin. Le garage et un atelier sont conservés. À l’étage, la pièce de réception et les pièces sanitaires sont supprimées pour ouvrir le volume de la pièce à vivre, les trois chambres sont restées telles quelles ; l’ancien couloir qui les desservait est devenu mezzanine.

À la façon d’un loft new-yorkais, l’espace de vie a été aménagé dans les anciennes caves et ateliers du rez-de-jardin.

Je ne voulais pas d’une maison neuve bâtie sur de la terre agricole, ni d’une vieille ferme à rénover entièrement.

Je voulais vivre dans un quartier où il y a déjà de la vie. Les maisons des années 60 sont saines et solides, leur seul défaut est

de ne pas être isolées. J’ai choisi de casser les planchers pour créer un loft et

ouvrir l’espace sur le jardin. Un tel chantier est une belle aventure.

Marilyne S.

Dans ce pavillon des années 60, les espaces de vie se situaient à l’étage. De larges ouvertures de type verrière d’atelier laissent entrer la lumière et offrent une vue dégagée sur le jardin.

Espace et volumes

« Aujourd’hui ces volumes donnent un sentiment de grand espace. On a presque l’impression de vivre dehors », se réjouit Marilyne. « Et le nouvel escalier métallique qui dessert les chambres habille la pièce, il dissipe l’impression de vide ».

Pour améliorer la performance thermique, elle choisit de doubler l’isolation intérieure de certains murs par une isolation extérieure. « Une fois que les murs sont mis à nu, cela ne coûte pas beaucoup plus cher de faire les deux », précise-t-elle. « Aujourd’hui je passe presque toute l’année sans chauffage. L’été, quand il fait 35 °C dehors, il fait 24 °C à l’intérieur… J’ai conservé l’ancienne chaudière à gaz que je règle à 18 °C l’hiver et j’allume le nouveau poêle à pellets quand je rentre à la maison. Ça chauffe très vite et la maison conserve longtemps la chaleur. »

« Finalement, un tel chantier n’est pas si compliqué à condition d’être bien entouré », poursuit Marilyne. « J’ai sollicité une entreprise de gros œuvre qui travaille pour le monde agricole.

Quand je leur ai proposé mon projet, ils ont dit : “Waouh ! Un loft !” Je leur ai montré mes dessins pour leur expliquer ce que je voulais, notamment pour les fenêtres. Le Département de la Manche m’a bien conseillée également, le CAUE m’a préconisé d’augmenter l’isolation de la toiture (deux couches croisées de 20 cm de laine de roche), et m’a donné des conseils techniques pour l’ensemble. Quand j’ai évoqué mon projet de colorer la façade en orange (je ne voulais surtout pas de bardage !), ils ont suggéré de peindre l’encadrement de la verrière en gris, pour l’habiller. Au départ, je pensais que les couleurs ne plairaient pas aux riverains, mais pas du tout

! Ils ont adoré ! Dans le quartier, deux autres maisons ont été repeintes, en vert olive et blanc pour l’une et bleu et blanc pour l’autre ! »

CHIFFRES CLÉS

Surface (après travaux) 125 m² Date des travaux 2018 Coût des travaux

liés à la rénovation

énergétique 71 000 €

Aides du Département

de la Manche 9 002 €*

* Une partie des travaux de maçonnerie, d’isolation et de menuiseries avait déjà été réalisée avant le dépôt de la demande de subvention.

TRAVAUX RÉALISÉS

¡ Maçonnerie (Perrigault)

¡ Isolation des murs par l’extérieur (Isigny Peinture)

¡ Isolation de la toiture (Leprovost Alain)

¡ Menuiseries du rez-de-chaussée (ASC Robine)

¡ Poêle à granulés (Poêles et Cheminées de la Baie)

Le poêle à pellets permet de chauffer très vite la maison.

© D. Daguier - CD50, sauf mention

© M. S.

© M. S.

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PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION

10 11

Cette maison de la Reconstruction était

« dans son jus » : non isolée et chauffée par une vieille chaudière à gaz.

MAISON DE LA RECONSTRUCTION

SAINT-LÔ

PRÉSERVER L’ESPRIT DE LA RECONSTRUCTION

C

ampée au pied des remparts, cette habitation de quatre niveaux est enserrée dans une rangée de maisons en bande, typiques de l’architecture de la Reconstruction.

Comme de nombreuses villes normandes, Saint-Lô a été rebâtie sur les ruines du Débarquement par des concepteurs animés d’un élan vital, résolument tournés vers l’avenir. Ils veulent alors inventer un monde nouveau, des villes modernes et fonctionnelles, des logements bien conçus, aérés et lumineux, qui offrent un confort domestique bien supérieur aux normes d’avant-guerre. Le tout bâti en béton, le matériau de la modernité. Mais le temps a passé…

Le couple acquiert cette maison en 2015. « Lorsque les enfants sont nés, nous vivions en pleine campagne. Quand ils ont grandi, le besoin de se rapprocher des écoles et des activités nous a ramenés en centre-ville », explique Céline. « Cette maison était alors

“dans son jus”, non isolée et chauffée par une vieille chaudière à gaz. À l’époque de sa construction, les consignes de chauffage étaient fixées à 14 °C », sourit-elle. Pourtant, le couple saisit rapidement son potentiel : « sa compacité, son orientation et sa grande ouverture plein sud favorisaient naturellement le bioclimatisme et la lutte contre les déperditions. »

La maison a été entièrement isolée et les façades habillées de panneaux d’Eternit ®.

Cette maison était un “dommage de guerre”. Sa reconstruction a été financée par les Allemands après l’Armistice. Nous voulions préserver son esprit années 50,

mais la rendre plus confortable et cosy pour abriter notre famille.

Yannick et Céline H.

Des menuiseries et des volets roulants en aluminium

gris anthracite s’intègrent au bardage. Une cloison a été abattue pour créer une pièce de vie traversante.

Une façade à deux tons de gris

La priorité est d’isoler cette « passoire thermique » dans le but d’atteindre un niveau BBC : murs, toiture, menuiseries, toute l’enveloppe est traitée. Les pièces étant relativement petites et puisque les façades de béton nécessitaient un ravalement, les propriétaires décident d’isoler les murs par l’extérieur, au moyen d’une épaisse couche de laine de verre. La maison étant située dans le périmètre de l’église Notre-Dame, toute transformation extérieure est soumise à l’avis de l’architecte des bâtiments de France (ABF). Celui-ci préconise d’habiller les façades de panneaux d’Eternit ®, un matériau composite « très solide, qui résiste bien aux intempéries », précise Céline. « Nous souhaitions souligner les modénatures et les volumes initiaux de la façade, et l’ABF nous a conseillé d’utiliser deux teintes de gris : anthracite et gris souris ».

D’élégantes menuiseries en aluminium gris anthracite remplacent les menuiseries en bois simple vitrage et des volets roulants sont discrètement intégrés au bardage. Pour conserver le soubassement en pierre d’origine, le rez-de-chaussée est isolé par l’intérieur, participant à la qualité architecturale du projet. Les qualités originelles du bâti sont ainsi mises en valeur et l’habitation a beaucoup gagné en confort.

On pénètre dans les lieux par le rez-de-jardin, où un escalier mène aux pièces de vie situées dans les étages. Dans l’ancien garage, Yannick, musicien, a aménagé son espace de travail, une pièce de 30 m² pleine d’instruments. Murs, sol et plafond sont recouverts de panneaux isolants écologiques, afin d’assurer une parfaite isolation, aussi bien thermique que phonique.

À l’étage, la cloison séparant la cuisine du salon a été abattue pour créer une vaste pièce de vie traversante et lumineuse. « Elle est désormais très agréable à vivre, avec sa baie vitrée qui laisse largement entrer le soleil. » Les radiateurs en fonte d’époque ont été conservés pour leur silhouette ventrue, mais la chaudière à gaz vétuste a été remplacée par une chaudière à condensation.

Leur seul regret concerne l’isolation insuffisante de la toiture. La faible hauteur sous plafond ne permettait pas d’augmenter l’épaisseur de l’isolant. Conséquence : dans sa chambre sous combles, leur garçon souffre de la chaleur certains jours d’été. « Si de nouveaux travaux étaient à prévoir, ce serait d’isoler la toiture par l’extérieur », observe Yannick.

CHIFFRES CLÉS

Surface 120 m²

Date des travaux 2015 Coût des travaux

liés à la rénovation énergétique

54 100 €

Aides du Département

de la Manche 12 500 €

TRAVAUX RÉALISÉS

¡ Isolation des murs par l’extérieur, isolation de la toiture et menuiseries en aluminium gris anthracite (Batiman - Izabelle)

¡ Chaudière gaz à condensation, ventilation simple flux (Nicolas Sébire SARL)

La large baie vitrée plein sud laisse naturellement entrer lumière et chaleur.

© C. Hervé - CD50

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PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION

12 13

Construite dans les années 20, cette maison en pierre était très dégradée, à la limite de l’insalubrité.

MAISON DE VILLE EN PIERRE

DONVILLE-LES-BAINS

UN NID COSY

ET LUMINEUX FAIT MAIN

C

onstruite dans les années 20, cette maison en pierre de 70 m² se niche dans une charmante impasse, en cœur de ville. L’ancienne propriétaire, une dame âgée, n’avait pas fait de travaux depuis très longtemps ; les murs étaient humides, l’électricité et la plomberie vétustes, l’ensemble était très dégradé, à la limite de l’insalubrité.

Les nouveaux acquéreurs, Jérémie et Gaëlle, un jeune couple avec un enfant, souhaitaient participer activement à la rénovation de leur maison : ils se sont adressés aux Chantiers de demain, une coopérative spécialisée dans les métiers du bâtiment, pour s’inscrire dans un projet d’auto-réhabilitation accompagnée, un dispositif qui permet de réduire les coûts des travaux en participant au chantier.

« Cette maison ne coûtait pas cher, mais elle n’était pas habitable en l’état », témoigne la jeune femme. « Dans les années 50-60, la pierre d’origine avait été recouverte et enfermée dans des matériaux non adaptés : polystyrène, ciment, amiante, mousse expansive… On a commencé par tout enlever, ce qui a assaini le bâti. Aujourd’hui, il n’y a plus de problème d’humidité dans la maison. »

Tous deux travaillent dans le monde du spectacle, Gaëlle est accessoiriste, Jérémie est scénographe, il a donc l’habitude de « travailler » l’espace : « nous avons tout fait au fur et à mesure, je dessinais des plans sur l’ordinateur pour guider le maçon », précise-t-il.

Sur la façade, une large baie a été ouverte et les pierres ont été rejointoyées à la chaux.

Nous avons beaucoup participé aux travaux de rénovation, dans le

cadre d’un chantier d’auto- réhabilitation accompagnée. Cela coûte

moins cher de retaper une maison ancienne en centre-bourg que d’en construire une neuve en périphérie.

Et cela fait revivre la vie de village et travailler le boucher du coin !

Jérémie et Gaëlle F.

L’isolation thermique par l’extérieur est réalisée en laine de bois et douglas. Dans la pièce de vie, un mur porteur a été percé pour ouvrir l’espace.

Une verrière d’atelier

Au rez-de-chaussée, auparavant composé de deux petites pièces, le mur porteur est percé pour créer un volume plus vaste. Une fois la maison entièrement mise à nu, « on se serait crus dans une bergerie », se souvient Gaëlle en souriant, tout en montrant les photos de la maison totalement évidée. Une large baie, façon verrière d’atelier, est ouverte sur l’impasse, offrant lumière et soleil. La charpente et la toiture sont entièrement refaites : couverture en ardoise d’Espagne, isolation en fibre de bois. Deux chambres sont créées dans les étages.

Une fois le gros œuvre terminé, le couple a sérieusement mis la main à la pâte, aux côtés des artisans des Chantiers de demain, pour isoler les murs en pierre nord et sud : « Une machine projette sur les murs un mélange chaux-chanvre d’environ 8 cm, qui agit comme un régulateur thermique. La projection s’est faite en une journée, entre 8h et 20h ; il faut aller vite car le mélange ne doit pas sécher avant la fin de l’application. Nous étions trois personnes pour les aider, notre rôle était de charger le chanvre dans la machine. Cela ressemble à de la litière pour hamster… ». Gaëlle s’est ensuite chargée des enduits de finition avec du sable de Bayeux et de la chaux blanche, colorée avec des pigments naturels.

Dans le cadre de l’auto-réhabilitation accompagnée, le couple a aussi secondé les artisans pour réaliser l’isolation thermique par l’extérieur de la façade sur rue en parpaing. Isolée avec de la laine de bois, elle est couverte d’un bardage de douglas posé verticalement.

Le couple a également réalisé d’autres travaux, dont le retrait des enduits en ciment sur la façade extérieure et le rejointement des pierres à la chaux. Jérémie a aussi fabriqué placards et rangements avec du bois de récupération. Les briques du salon sont elles aussi de la « récup »…

Enfin, un poêle à bois suffit à chauffer la maison : « L’hiver dernier, nous n’avons consommé que six stères de bois », se félicitent-ils.

CHIFFRES CLÉS

Surface 70 m²

Date des travaux 2019 Coût des travaux

liés à la rénovation

énergétique 50 000 €

Aides du Département

de la Manche 12 500 €

TRAVAUX RÉALISÉS

¡ Isolation thermique par l’extérieur en auto-réhabilitation encadrée (Julien Gaillot – Les chantiers de demain)

¡ Projection chaux-chanvre en auto-réhabilitation encadrée (Ma Maison au naturel - Les chantiers de demain)

¡ Isolation de la toiture et couverture (Mancel Duclos)

¡ Menuiseries PVC (Besnier Menuiseries Fermetures)

¡ Verrière en aluminium (Leroux)

¡ Poêle à bois, ventilation (SARL Lesage)

¡ Maçonnerie (Raphaël Guesnon)

Le mélange chaux-chanvre est projeté sur les murs.

© J.F. et G.F., sauf mention

© C. Hervé - CD50

© C. Hervé - CD50

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PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION

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Cette maison en schiste bleu construite en 1895 présentait des problèmes récurrents d’infiltrations et d’humidité.

MAISON DE VILLE EN PIERRE

CHERBOURG-EN-COTENTIN

L’ART DE RATTRAPER UN CHANTIER RATÉ

«

Cette maison nous avait séduits pour l’enchevêtrement de ses espaces. Elle avait quelque chose d’un peu labyrinthique, il faut être fou pour aimer ça… » sourit Matthieu. « Quand nous l’avons achetée en 2010, elle n’était pas du tout isolée.

Nous avons donc missionné un artisan pour réaliser une isolation, mais nous nous sommes rapidement rendus compte qu’une forte humidité remontait toujours du sol de pierre bleue, car une ancienne courette avait été couverte sans drainage préalable… » Huit ans plus tard, le couple décide de reprendre le chantier pour résoudre ces problèmes récurrents d’infiltrations et d’humidité. Leur chance est alors d’être sélectionnés pour bénéficier d’un « Diagnostic confort », une expérimentation portée par le Département de la Manche. Réalisé par une équipe pluridisciplinaire composée d’un architecte, d’un thermicien et d’un expert en humidité, il répond aux trois problématiques repérées : performance énergétique, humidité et réorganisation des espaces. « La maison a été littéralement “passée au scanner” », raconte Matthieu, « elle a été visualisée en 3D et mise sous pression pour étudier son étanchéité avec une soufflerie sur la porte d’entrée. »

Côté cour, l’étanchéité en pied de bardage a été reprise : l’isolation par l’extérieur est maintenant pérenne.

Nous avons acheté cette maison pas très cher dans l’idée de l’améliorer.

Mais les premiers travaux se sont avérés calamiteux, au point que nous avons

eu toutes les peines du monde à rattraper les dégâts. Nous avons enfin

réussi. Avec de l’aide…

Matthieu et Nadège L.

Deux murs porteurs ont été abattus et le sas d’entrée a été retiré

pour créer une vaste pièce de vie de 35 m² (salon - salle à manger). Pour améliorer le confort de la maison, la cuisine a été déplacée côté cour et une baie a été ouverte.

Le « Diagnostic confort », une aide à la décision

Ce diagnostic confirme les malfaçons des premiers travaux : Le bardage de l’isolation par l’extérieur ne présentait pas de grille anti-rongeurs. La laine de verre était en contact avec l’humidité, ce qui annulait son pouvoir isolant. Les ouvertures n’étaient pas satisfaisantes, n’ayant pas été réalisées dans les règles de l’art. De plus, l’humidité et la mauvaise qualité de l’air étaient étroitement liées au dysfonctionnement de la ventilation.

Mais le couple a toutes les peines du monde à trouver de nouveaux artisans pour reprendre le chantier. « Personne ne voulait intervenir sur des travaux mal faits. Finalement, nous avons rencontré un entrepreneur RGE (reconnu garant de l’environnement) qui s’est engagé à nos côtés. »

« Grâce au soutien du Département, nous avons décidé de profiter des travaux d’isolation et d’assainissement pour améliorer le confort de la maison en agrandissant le salon et en créant une cuisine ouverte », poursuit Matthieu. « Et l’artisan avait le sens pratique, il a adapté les préconisations de l’architecte à notre budget. » Deux murs porteurs sont ainsi déposés et le sas d’entrée est retiré. Une baie est créée dans le mur donnant sur la cour.

Pour résoudre les problèmes d’humidité, le sol en pierre bleue est retiré et un caniveau est posé sous le passage couvert. Les murs et le sol sont isolés et les menuiseries remplacées. Une chaudière gaz à condensation et une VMC sont installées. Enfin, l’isolation par l’extérieur est reprise.

Ce couple a un conseil à donner aux candidats à la rénovation de leur maison : « Se garantir du sérieux de l’entreprise qu’on sollicite. Réaliser un chantier chez soi, c’est presque un travail à part entière et il faut avoir un rapport de confiance avec les artisans », prévient Nadège. Matthieu précise : « On prend du temps pour choisir sa maison, il faut aussi prendre du temps pour choisir les artisans. »

Matthieu et Nadège se félicitent et remercient les artisans, les collectivités, la conseillère de leur banque « et tous les gens bienveillants » qui ont contribué à les aider à monter leur projet.

Aujourd’hui, la famille s’avoue ravie de sa maison rénovée : « il faut chaud, il n’y a plus d’humidité, c’est lumineux, spacieux. On a plutôt bien traversé les confinements, on peut même faire du sport dans la cour ! »

TRAVAUX RÉALISÉS

¡ Démolition, maçonnerie, isolation murs et dalle, menuiseries, reprise de l’étanchéité (MOMY SARL)

¡ Chaudière gaz à condensation, radiateurs (Entreprise CREN)

¡ VMC simple flux Hygro A (LEVEZIEL Jérôme)

Afin de résoudre les problèmes d’humidité, le sol en pierre bleue a été retiré.

© D. Daguier – CD50, sauf mention

CHIFFRES CLÉS

Surface

(avant extension) 145 m² Date des travaux 2018 Coût des travaux

liés à la rénovation énergétique

80 000 €

Aides du Département

de la Manche 12 500 €

© N. L.

© N. L.

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PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION

16 17

Cette ancienne échoppe avait besoin d’un sérieux lifting.

MAISON DE VILLE EN PIERRE

GRANVILLE

UN LOFT LAQUÉ BLANC DANS UNE ÉCHOPPE DÉLABRÉE

C

ette petite épicerie de quartier avait autrefois beaucoup de charme. Mais après des décennies d’abandon, elle tombait en ruine. Située au bord d’une route passante, dans un quartier résidentiel tout proche du centre-ville, la devanture décrépite constituait le rez-de-chaussée d’un immeuble étroit comprenant un logement à l’étage, des combles inutilisés au-dessus, et un minuscule jardin en fond de parcelle. Un ensemble inoccupé de 111 m², bien triste aux yeux des riverains qui désespéraient de voir un jour cette ruine reprendre vie.

Geoffrey a donc du flair quand il remarque que, si la façade de la bâtisse est effectivement bien délabrée côté rue, elle offre côté jardin une vue imprenable sur la mer.

Il acquiert donc l’ensemble « pour le prix d’une parcelle de terrain », conscient néan- moins que cet achat « implique de s’engager dans d’importants, longs et onéreux travaux ». Mais il exerce la profession de délégué commercial pour un industriel du bâti- ment, il est donc « de la partie » comme on dit… Il prend conseil autour de lui, s’appuie sur une amie architecte pour élaborer sur ordinateur les plans qu’il a en tête et s’adresse parallèlement à un courtier en travaux, qui l’aide à peaufiner son projet et son plan de financement.

Revêtue d’un bardage en zinc à joints debout, l’ancienne devanture a été modifiée pour constituer désormais l’entrée et la porte de garage.

Cet immeuble est resté abandonné très longtemps, personne ne voulait

acheter une telle ruine, même proche du centre-ville. Nous avons

fait de très importants travaux.

Aujourd’hui, il a retrouvé son cachet d’autrefois avec sa façade en pierre et zinc, le matériau qui recouvre nombre de toits de Granville.

Geoffrey et Maud W.

Au premier étage, les anciens murs ont été abattus pour créer une pièce unique

d’où s’envole l’escalier qui mène vers les chambres. Au dessus de l’extension, une terrasse a été aménagée pour profiter de la vue sur le port.

Une terrasse pour profiter de la vue sur mer

Aujourd’hui, cette sombre bâtisse est devenue un vaste logement, moderne et lumineux, entièrement réorienté vers l’ouest au moyen d’une extension surmontée d’une terrasse qui domine le magnifique paysage de l’entrée du port de Granville. Située au premier étage, la terrasse s’ouvre grand sur la cuisine et la pièce de vie au moyen d’une immense baie vitrée. Là, les anciens murs ont été abattus pour créer une pièce unique d’où s’envole l’escalier qui mène vers les chambres.

Les nouveaux propriétaires ont privilégié des surfaces lisses et laquées qui renvoient la lumière.

La maison est chauffée au moyen d’un élégant poêle à bois. L’orientation bioclimatique de la maison, ainsi que son isolation renforcée, lui garantissent une douce température.

L’extension de la maison (soit 54 m²) prend la forme d’une « boîte » d’un niveau, enchâssée dans le jardin, ce qui permet l’aménagement au rez-de-chaussée d’un garage et de pièces de vie.

Réalisée en parpaing, l’extension est isolée, comme tout le reste de la maison, avec des panneaux de chanvre, de lin et de coton. « Pour l’isolation des rampants du toit, j’aurais voulu faire de même, mais pour tenir le budget, on a dû rester sur de la laine de verre », déplore le propriétaire. L’ancienne charpente, en mauvais état, est partiellement reconstruite et repensée, dans le respect des altimétries existantes, mais de grandes fenêtres sont percées dans le toit afin d’offrir des vues sur la mer et le paysage.

Côté rue, la lucarne originelle, si pittoresque, a été recréée, et l’immeuble a gardé sa silhouette, toutefois revivifiée par un sérieux lifting. L’ancienne devanture de l’épicerie a été modifiée pour constituer l’entrée et la porte de garage. Un revêtement en zinc à joints debout souligne l’ancienne modénature et rappelle l’usage d’autrefois de ce rez-de-chaussée.

« Au départ, nous avions projeté un chantier de dix-huit mois, au final, il a duré trois ans », tempère le propriétaire. « Nous avons emménagé en mars 2020, le week-end avant le premier confinement. Puisqu’on était coincés à la maison, nous avons réalisé nous-mêmes les revêtements de sols et les carrelages en faïence de la salle de bains. »

TRAVAUX RÉALISÉS

¡ Isolation, menuiseries (MGC Gastebois)

¡ Poêle à bois (SARL Terre de Feu)

¡ VMC (HABCO Électricité)

¡ Courtier en travaux : Jean-Michel Robbe

La baie vitrée inonde de lumière la cuisine.

© D. Daguier - CD50 sauf mention

CHIFFRES CLÉS

Surface

(avant extension) 111 m² Date des travaux 2018-2020 Coût des travaux

liés à la rénovation

énergétique 63 000 €

Aides du Département

de la Manche 12 500 €

© G. W.

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PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION

18 19

Une grande baie vitrée a été créée sur le jardin avec un encadrement en brique et un linteau cintré pour respecter le style de la maison.

LONGÈRE / FERME EN PIERRE

SAINT-SENIER-DE-BEUVRON

UNE LONGÈRE CALFEUTRÉE DANS UN COCON BIOSOURCÉ

C

ette longère en pierre isolée au milieu des champs était une maison de famille.

« J’ai des souvenirs d’enfance pendant les vacances d’hiver, c’était alors sombre et humide », se rapelle Vincent. Aujourd’hui, la maison est calfeutrée dans un cocon de briques de chanvre de 10 cm, fabriquées localement par Agrochanvre.

Pour ce couple qui ne souhaitait pas transiger avec ses convictions, le choix de maté- riaux biosourcés était une évidence : « la brique de chanvre constitue un matériau plus pérenne que la laine de verre, qui se dégrade au fil du temps. De plus, elles sont pro- duites dans un rayon de 150 km autour de Barenton par 80 paysans qui créent ainsi une filière locale en circuit court. »

Avant de s’installer dans la Manche, la famille a vécu plus de treize ans dans les îles, aux Antilles, puis à Mayotte. Vincent est infirmier, Séverine est professeur. Quand leurs deux enfants grandissent, le couple commence à penser au retour en métropole. « On voulait être près de la mer », précise Vincent. « On s’est dit qu’on pourrait revenir ici. La maison était à vendre. »

Un petit agrandissement à l’est a permis de créer deux chambres supplémentaires dans les combles.

Pour l’isolation de la maison, nous avons visé le BBC. Et pour y parvenir, nous souhaitions utiliser des matériaux biosourcés, des briques

de chanvre produites localement et des peintures bio fabriquées maison. Nous voulions aussi faire travailler les artisans du coin.

Vincent et Séverine B.

Un mur porteur a été abattu et le sol nivelé pour créer une vaste pièce à vivre de 50 m². Un escalier en bois local dessert les chambres de l’étage.

Un chantier plus long que prévu

Le couple acquiert la maison en 2016 et prépare son retour sur le continent pour 2018. Ils sont encore sous les palmiers lorsqu’ils peaufinent leur projet de travaux à distance, via Internet et le téléphone. « Nous voulions faire travailler les artisans du coin, le chauffagiste qui avait installé l’ancienne chaudière et l’entrepreneur recommandé par des amis. Mais négocier les emprunts et préparer le chantier à distance n’a pas été une mince affaire », sourit Vincent… « À notre arrivée dans la maison, on espérait que le chantier serait fini, mais ça n’a pas été le cas. Dans l’intervalle, on a dû s’installer dans la grange adjacente… »

La longère de pierre, longue de 22 m et large de 5, était autrefois composée d’une série de pièces en enfilade dont les sols étaient de niveaux différents, ce qui obligeait à franchir une marche pour aller de l’une à l’autre. La cuisine était aménagée au nord dans une extension en parpaing, construite sur le tard.

Le jeune couple choisit alors d’ouvrir une grande baie vitrée côté jardin pour apporter de la lumière et d’abattre le mur porteur qui sépare le salon de la cuisine pour créer une vaste pièce à vivre de 50 m². Tous les sols du rez-de-chaussée sont nivelés, afin d’y poser le plancher chauffant, alimenté par une pompe à chaleur air-eau. Les murs en parpaing de la cuisine, ainsi que la toiture, sont isolés avec de la laine de lin, chanvre et coton, recouverte d’une membrane d’étanchéité à l’air. Un système de ventilation simple flux (hygro B) complète l’ensemble.

Les combles sont aménagés pour créer les chambres des enfants, desservies par un escalier en bois local, et chauffées par les radiateurs existants, conservés.

Le couple a mis la main à la pâte pour assurer les finitions, allant même jusqu’à fabriquer sa propre peinture à partir d’argile, de farine de blé et d’huile de lin et l’appliquer sur les murs préalablement couverts d’un enduit. Objectif : ne pas polluer l’air intérieur. Il est vrai que cette maison exhale une fraîche odeur naturelle… « Depuis les travaux, notre maison de 140 m² consomme 3 600 kWh par an, ce qui représente 970 € pour le chauffage et l’eau chaude de toute la famille. C’est l’équivalent d’une maison passive. Nous sommes très contents : il ne fait jamais ni trop froid ni trop chaud », précise le propriétaire.

CHIFFRES CLÉS

Surface 140 m²

Date des travaux 2018 Coût des travaux

liés à la rénovation

énergétique 72 500 €

Aides du Département

de la Manche 12 500 €

TRAVAUX RÉALISÉS

¡ Isolation des murs en briques de chanvre et de la toiture en laine de lin, chanvre et coton, menuiseries PVC (Isola nature)

¡ Pompe à chaleur et plancher chauffant, VMC simple flux (Ets Marquer)

Des briques de chanvre de 10 cm d’épaisseur constituent l’isolation des murs en pierre du rez-de-chaussée.

© D. Daguier - CD50 sauf mention

© Agrochanvre

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PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION

20 21

Cette belle longère en pierre du XVIIIe arbore de nouvelles menuiseries.

LONGÈRE / FERME EN PIERRE

LES MOITIERS-D’ALLONNE

CHANTIER PARTICIPATIF ET BOTTES DE PAILLE

C

’est la maison où elle a grandi, une belle longère en pierre construite au XVIIIe siècle, longue d’environ 100 mètres, qui a abrité plusieurs branches de la famille dans différents logis. « Quand j’ai hérité d’un des lots en 2012, soit 124 m², j’ai vite compris que cette maison était située trop loin de mon travail et de ma vie actuelle pour que j’envisage de l’habiter. Je n’ai pas les moyens d’avoir deux logements et celui-ci avait besoin d’être sérieusement rénové. J’ai donc décidé de le louer (pour y loger une famille).

Avec un but : que cette maison “fasse sa vie” et qu’elle s’autofinance… », explique sa propriétaire, Marie-Noëlle.

Mais comment mener d’aussi importants travaux ? « J’ai contacté la SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) Les 7 Vents (Espace info-énergie de la Manche), qui m’a dirigée vers l’association Enerterre et le dispositif du Département, Planète Manche rénovation. Enerterre m’a conseillée sur les techniques à mettre en œuvre et m’a proposée de mettre en place un chantier participatif ; elle m’a également aidée à bâtir le plan de financement. »

Animatrice nature de profession, Marie-Noëlle est très sensibilisée à l’éco-construction.

La décision est donc prise d’adopter des solutions aussi écologiques qu’économiques.

En plus de l’isolation des murs et de la toiture, les menuiseries sont changées et un poêle à bois est installé pour compléter le chauffage électrique.

Malgré une enveloppe budgétaire contrainte, cette maison de famille a été rénovée avec des matériaux écologiques.

Merci Enerterre ! Grâce au soutien de cette association, j’ai pu rénover avec des

matériaux écologiques la maison héritée de mon père, dans le cadre d’un chantier participatif. Tous ces échanges m’ont permis

de tenir lorsque l’ampleur de la tâche me semblait insurmontable.

Marie-Noëlle D.

Le chantier participatif permet de réduire les coûts liés à la main d’œuvre. L’ensemble des murs en pierre est recouvert d’un enduit traditionnel.

Miser sur l’huile de coude

Pour compenser le manque de fonds, la propriétaire mise sur l’auto-réhabilitation accompagnée.

Un dispositif porté par Enerterre, qui organise et pilote le chantier participatif encadré par un artisan, commande les matériaux nécessaires et réunit les participants. Les bénévoles constituent un « vivier ressources » : aujourd’hui ils offrent leurs bras pour participer à un chantier ; demain, ils bénéficieront d’autres bras pour le leur. « En échange des trois semaines de chantier qui se sont déroulées chez moi, je dois trois semaines de travail au dispositif… », explique Marie-Noëlle.

La première phase du chantier participatif consiste à isoler les combles. Pour des raisons techniques, environnementales et de coût, l’association Enerterre a appuyé le choix de la paille : à l’aide d’une poulie, huit à dix personnes montent les blocs de paille compressés et les placent sur le plancher du grenier. « Dans le village, les gens étaient curieux. La méthode est encore peu connue et ce matériau peut effrayer par son caractère inflammable. En l’occurrence, les bottes de paille sont très compressées selon une technique strictement réglementée, et disposées dans les combles de façon très serrée, au point que s’il y avait un feu, il s’étoufferait de lui- même », précise-t-elle.

La deuxième phase du chantier vise à poser l’enduit à la chaux sur les murs. « L’artisan qui mène le chantier responsabilise l’ensemble des participants très en amont, afin que chacun fasse le nécessaire, dans le cadre des principes établis. Et puisque chaque bénévole sera un jour bénéficiaire, tout le monde a intérêt à ce que les choses soient bien faites ! », sourit la jeune femme. « Cette démarche, c’est un vrai soutien car tout ceci n’est vraiment pas simple », reconnaît-elle.

Les travaux de rénovation se sont terminés en 2018. Une première famille a habité la maison, puis a déménagé pour des raisons professionnelles. « Aujourd’hui, la longère attend une nouvelle famille pour remplir son rôle… »

CHIFFRES CLÉS

Surface 124 m²

Date des travaux 2018 Coût des travaux

liés à la rénovation

énergétique 20 100 €

Aides du Département

de la Manche 5 000 €

TRAVAUX RÉALISÉS

¡ Enduits intérieurs et isolation des combles en bottes de paille en chantier participatif (Enerterre et Les Guêpes maçonnes - Les Chantiers de demain)

¡ Menuiseries PVC blanche, isolation des rampants (Déco’store)

¡ Poêle à bois, VMC (Tabarin & Entzmann)

Les blocs de paille sont hissés à l’aide d’une poulie.

© D. Daguier - CD50, sauf mention

© M.-N. D.

© M.-N. D.

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PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION

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Construite au XVIIe siècle, cette belle bâtisse rurale était en très mauvais état et souffrait d’infiltrations venant notamment du toit en schiste bleu, très abîmé.

LONGÈRE / FERME EN PIERRE

LA HAGUE

UNE DEMEURE

HISTORIQUE À VIVRE

C’

est une belle et imposante bâtisse rurale construite au XVIIe siècle, puis remaniée aux XVIIIe, XIXe et… XXIe siècles. Remaniement est le mot juste tant ces derniers travaux de rénovation ont été lourds, complexes et structurels ! Première priorité : assécher et assainir sols et murs, imbibés d’eau. D’en haut, la pluie tombait à travers le toit percé ici et là ; d’en bas, l’eau remontait du sol par capillarité. « La première année après l’achat, chaque fois que je venais dans la maison, je devais vider les seaux disposés un peu partout… » se souvient la propriétaire, Véronique.

Mais le couple est bien décidé à s’installer « pour ses vieux jours » dans cette maison aux murs en grès et granit et aux toitures en schiste bleu, surmontées de délicates faîtières à dentelle en terre cuite. Et d’y faire de la place pour y accueillir leurs petits-enfants.

Afin de bien comprendre l’histoire de l’édifice – et donc mieux le restaurer –, Véronique a mené de méticuleuses recherches dans les archives et les cadastres du Cotentin : « La première mention de la maison date de 1300. L’acte le plus ancien de 1631 ». C’est dans ces documents qu’elle a compris que « la dernière aile du bâtiment avait été construite sur un ancien puits de 7 mètres de profondeur, recouvert on ne sait pourquoi, puis oublié… ». Ces découvertes sur les différentes strates de construction du bâti ont permis de trouver des solutions plus pertinentes pour assainir les lieux et améliorer l’existant.

Les menuiseries blanches avec petits bois et la toiture en ardoises naturelles surmontée de faîtières en terre cuite redonnent à la façade son allure d’antan.

Cette ferme en pierre du XVIIe siècle était en très mauvais

état lorsque nous l’avons achetée.

Elle souffrait d’infiltrations venant du sol mais aussi du toit, très abîmé.

La priorité a été de résoudre ces problèmes liés à l’eau.

Christian et Véronique G.

Les toitures en ont été surmontées de délicates faîtières

à dentelle en terre cuite. Le salon a vu son plafond retiré afin d’ouvrir largement l’espace et apporter de la lumière.

Un majestueux salon ouvert et lumineux

Le couple a fait réaliser très en amont un « Diagnostic confort » financé par le Département de la Manche ; cette analyse fine du bâti, suivie de préconisations thermiques et de plusieurs scénarios travaux – avec les budgets y afférent – les a beaucoup aidés à prendre des décisions.

À l’intérieur de la maison, les sols sont posés au-dessus d’un drain sous hérisson de pierre. Au rez-de-chaussée, le plancher chauffant est alimenté par une pompe à chaleur air-eau.

À l’étage, les chambres sont chauffées par des radiateurs basse température. Une VMC simple flux aère l’ensemble du bâti.

Les murs sont isolés par projection d’un enduit chaux-chanvre sur une épaisseur de 8 cm avec enduits de finition à base de chaux et de sable. Ce matériau respecte l’aspect ancien et irrégulier des murs et accentue le caractère historique du bâti.

Ces ambitieux travaux ont également permis de recomposer les volumes intérieurs de la maison et de la moderniser. Auparavant bas et sombre, le majestueux salon orné d’une haute cheminée de pierre a vu son plafond retiré afin d’ouvrir largement l’espace. La lumière entre désormais à flots à travers deux étages de fenêtres (en menuiserie bois avec petits bois collés). Devenue mezzanine, la partie conservée de l’ancien plafond dessert les chambres situées à l’étage.

Et, parce qu’ils s’approchent de l’âge de la retraite, Véronique et Christian ont aussi envisagé qu’un jour peut-être, ils pourraient avoir des difficultés pour monter l’escalier. Raison pour laquelle une salle de bain a été équipée d’une douche à l’italienne et d’une porte très large au rez-de-chaussée. Et l’actuel bureau pourra également se transformer facilement en chambre.

Le couple s’est beaucoup investi dans ces travaux de rénovation. « Un tel projet c’est beaucoup d’engagement, à tous les niveaux. Il ne s’agissait pas seulement de restaurer un écrin historique, mais d’inventer la maison où nous allons vivre ».

CHIFFRES CLÉS

Surface 221 m²

Date des travaux 2019-2020 Coût des travaux

liés à la rénovation énergétique

74 000 €

Aides du Département

de la Manche 12 500 €

TRAVAUX RÉALISÉS

¡ Enduit chaux-chanvre de 8 cm projeté et enduit de finition chaux-sable (La Maison terre / paille – Les Chantiers de demain)

¡ Menuiseries bois avec petits bois collés (SARL Menuiserie Gosselin Patrick)

¡ Pompe à chaleur air-eau et plancher chauffant (ID Energies)

Les murs ont été isolés par projection d’un enduit chaux-chanvre sur une épaisseur de 8 cm.

© V. G. sauf mention

© C. Hervé - CD50

© C. Hervé - CD50

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PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION

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Au vu de la qualité des boiseries intérieures, l’isolation des murs des façades n’était pas recommandée.

MAISON DE MAÎTRE

CHERBOURG-EN-COTENTIN

RÉNOVER UNE MAISON

DE MAÎTRE EN PRÉSERVANT SES BOISERIES

«

Nous souhaitions une maison en centre-ville avec un petit jardin. Mais à Cherbourg, ce type de bien est rare, il y a beaucoup de demande. Lorsque nous l’avons visitée, ça a été le coup de cœur, mais la maison était trop petite pour nos besoins. Elle avait pourtant beaucoup d’allure avec sa façade avant en brique, les trois autres en pierre bleue (du schiste), ses épais murs de pierre, ses jolies boiseries intérieures et ses exceptionnelles portes vitrées colorées et sculptées… »

Avant l’acquisition, le couple s’adresse à un architecte, « un ami d’ami », qui les conseille pour réaliser une extension. « Nous voulions créer une pièce qui soit comme si elle avait toujours existé… » sourit Fabrice. « Qui ne fasse pas “verrue”. Il fallait qu’elle s’intègre au bâti existant. Nous savions ce que nous voulions, une serre-atelier à l’ancienne », complète Laure. « L’architecte a été précieux, il nous a bien conseillés sur les proportions, le choix des matériaux… »

« Quand on a reçu les premiers devis, j’ai pleuré », se souvient Laure. Décidés à ne pas s’avouer vaincus, ils suppriment des postes budgétaires. « Une rénovation, c’est toujours un compromis entre les rêves et les finances disponibles. Nous avons dû renoncer à certaines choses afin d’économiser et réaliser certains travaux nous-même, comme la démolition », poursuit Fabrice. Ils s’attellent également au dépiquetage des vieux joints ciment qui s’effritaient sur les murs pignon côté jardin.

Recouverte de briquettes, l’extension s’intègre subtilement au bâti existant.

Nous voulions révéler le charme de cette maison de maître

du XIXe siècle, ses boiseries, ses ouvertures très cherbourgeoises,

et l’ouvrir sur le jardin planté de grands arbres. Nous n’avons rien cassé de l’ancien et fait en sorte que

l’extension s’intègre à l’existant, comme si elle avait toujours été là.

Fabrice C. et Laure F.

L’ouverture d’un mur en pierre dans le salon permet d’accéder à l’extension. Dans l’extension, la nouvelle pièce de vie est largement ouverte sur le jardin et la terrasse.

Isoler ou conserver ?

Afin de ne pas modifier les délicates modénatures de la maison, une isolation par l’extérieur n’est pas recommandée. Par l’intérieur non plus, au vu de la qualité des boiseries, moulures, chambranles… Finalement, seuls les pignons, aveugles, sont isolés au moyen d’une couche de 140 mm de laine de verre, avec membrane frein-vapeur. La toiture est entièrement recouverte d’ardoises d’Espagne naturelles et les combles sont isolés en laine de verre (280 mm) ; quatre Velux sont créés afin de les rendre habitables et d’y aménager une vaste chambre pour leur grand fils.

L’extension, où la cuisine a pris place, s’intègre subtilement au bâti existant. Construite en parpaings, ses murs extérieurs sont recouverts de briquettes posées une à une, assurant ainsi une continuité avec la façade. Le toit est couvert de zinc. Sur trois côtés, la pièce est largement ouverte sur le jardin et la terrasse. D’ici l’on peut cuisiner et prendre ses repas en pleine nature, au chaud, même au cœur de l’hiver.

Débarrassées de leurs volets roulants, les nouvelles menuiseries « grand jour » en aluminium noir sablé forment un cadre, comme un tableau donnant sur le jardin. Côté chauffage, le couple opte pour une nouvelle chaudière gaz à condensation et des robinets thermostatiques. Les radiateurs existants sont conservés, après nettoyage-désembouage.

Laure et Fabrice ont passé beaucoup de temps à mettre en valeur les qualités anciennes de la maison, à restaurer les moulures et les arabesques de plâtre. Laure a passé des heures, des jours et des semaines à fignoler les hautes portes anciennes, dont les vantaux de verre coloré s’illuminent au moindre rayon de soleil. Sa plus grande fierté.

CHIFFRES CLÉS

Surface

(avant extension) 90 m² Date des travaux 2018-2019 Coût des travaux

liés à la rénovation énergétique

55 000 €

Aides du Département

de la Manche 5 000 €

TRAVAUX RÉALISÉS

¡ Isolation des murs et de la toiture (S. Gautier)

¡ Menuiseries noir sablé 1 vantail (Menuiserie Liot)

¡ Chaudière gaz à condensation (Robine)

¡ VMC simple flux Hygro B (Fauvel Dugousset)

¡ Couverture en ardoises naturelles (SARL Capelle)

¡ Concepteur : Jérôme Piard - PIARD Architectes

Les exceptionnelles portes vitrées colorées et sculptées s’illuminent au moindre rayon de soleil.

© C. Hervé - CD50

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PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION PLANÈTE MANCHE RÉNOVATION

26 27

Les premiers travaux consistent à retirer les enduits ciment et à rejointoyer les pierres à la chaux.

MAISON DE MAÎTRE XVIII e

VALOGNES

LA PASSION

DE LA RESTAURATION

D

urant les XVIIe et XVIIIe siècles, Valognes est prospère et les familles nobles y construisent de beaux hôtels particuliers. Cette maison de maître de 109 m² a été bâtie en 1729, en retrait de la rue, dans le périmètre d’un site aujourd’hui classé.

« Une famille nombreuse vivait là depuis la guerre. Les pièces avaient été cloisonnées afin de créer de petits espaces dans les grands.

La maison n’était pas du tout isolée, elle n’avait pas été chauffée pendant des années, les sols étaient altérés et les murs très humides », raconte Véronique. Au fil du temps, les façades avaient été recouvertes par des enduits ciment : « les murs étaient bétonnés avec du sable de mer ! » s’insurge Frédéric, ingénieur en génie civil. « Nous avons donc décidé de commencer par dépiqueter toutes les surfaces et de rejointoyer à la chaux les murs extérieurs. »

La façade a retrouvé sa splendeur avec de belles menuiseries en bois et une toiture en ardoises naturelles ornée de tuiles faitières potières en dentelles.

Notre passion, c’est le patrimoine.

Pour nous, la restauration, c’est l’histoire d’une vie, un projet de couple, une aventure familiale. Loin de la spéculation,

c’est une philosophie générale, pour transmettre aux générations futures des

valeurs immatérielles, aller plus loin, trouver des solutions, ne pas baisser les

bras…

Frédéric et Véronique L.

Les murs intérieurs ont été mis à nu avant l’application

d’un enduit isolant en chanvre de 7 cm. Un mélange de pigments naturels a permis d’obtenir la couleur mastic caractéristique de la pierre de Valognes.

Un plancher chauffant pour un confort rayonnant

À l’intérieur de la maison, un enduit isolant en chanvre de 7 cm et un badigeon au lait de chaux avec pigments naturels sont appliqués sur les murs afin de leur redonner leurs qualités perspirantes. Ce badigeon étant poreux, il rejette l’humidité amassée dans la pierre. Le lait de chaux laisse une vibration naturelle, comme le ferait le geste d’un peintre, c’est un matériau vivant qui réagit à l’humidité par différentes nuances », précise Véronique. Amatrice d’art, elle a longuement testé des pigments naturels afin d’obtenir la teinte idéale, mélangé du jaune de Puisaye, de l’ocre jaune, et de la terre de Sienne, pour arriver enfin à la couleur mastic caractéristique de la pierre de Valognes.

« Restaurer l’ancien, c’est chercher à comprendre comment le bâti a été construit, comment les gens ont vécu dans ces murs. Si l’on vise la perfection de la modernité, des surfaces lisses et impeccables, mieux vaut choisir de poser des plaques de plâtre », sourit Frédéric.

Au rez-de-chaussée, afin de ne pas dénaturer la beauté des murs avec des radiateurs, le couple opte pour un système de plancher chauffant posé sur une dalle isolée, qui évite les remontées d’humidité capillaire. « Le plancher chauffant offre un confort très rayonnant, enveloppant. Et c’est économique, car il présente une grande inertie, ce qui donne une chaleur constante. La maison est désormais très facile à chauffer ».

Dans le respect des recommandations de l’architecte des bâtiments de France (ABF), les anciennes menuiseries sont remplacées par des fenêtres en bois double vitrage, avec petits carreaux côté rue, et par des menuiseries mixtes bois-alu grand jour, côté jardin.

À l’étage, les murs et la toiture sont isolés en laine de roche. Des ardoises naturelles remplacent les tuiles. Spécificité valognaise, les tuiles faitières potières en dentelles et l’épi de faitage en céramique ont été faits localement par un potier.

Aujourd’hui, les deux parents sont fiers : leur fils a récemment fait l’acquisition d’une maison très ancienne à Valognes, preuve qu’ils ont su transmettre leur passion pour le patrimoine. Les travaux de restauration sont déjà bien engagés… Nul doute qu’il sera bien conseillé.

CHIFFRES CLÉS

Surface 134 m²

Date des travaux 2017 - 2018 Coût des travaux

liés à la rénovation énergétique

183 900 €

Aides du Département

de la Manche 12 500 €

TRAVAUX RÉALISÉS

¡ Maçonnerie, enduits chaux-chanvre (SAS Maurouard)

¡ Isolation de la toiture et couverture en ardoises (Entreprise Cauvin France)

¡ Tuiles faitières et épi de faîtage (Monsieur Sitolle)

¡ Menuiseries bois et bois-alu (SAS Perrin)

¡ Chaudière gaz et plancher chauffant (CE Le plombier)

Au dessus d’un hérisson de pierre, la dalle isolée recevra le plancher chauffant.

© V. L., sauf mention

© D. Daguier - CD50

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Rédaction : Agnès Fernandez - Coordination : conseil départemental de la Manche ; CAUE Conception et Impression : conseil départemental de la Manche - Janvier 2021

Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement

2, place du Général de Gaulle 50000 Saint-Lô Tél. : 02 33 77 20 77

courrier@caue50.fr

Conseil départemental de la Manche

Direction des nouvelles ruralités 50050 Saint-Lô cedex

Tél. : 02 33 05 55 50 planete.manche@manche.fr

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