FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DEBORDEAUX
ANNÉE 1902-1903 Mo 38
XDTJ
IFaesYOIESBILI
ET EN PARTICULIER
DE
Son Traitement chirurgical
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 10 Décembre 1902
PAR
Paul-Hippolyte HERZVIAIVT
Né à Wail (Pas-de-Calais), le 30 septembre 1877.
Élève du Service de Santé de la Marine
/ MM. DEMONS professeur.... Président.
Examinateursde la Thèse :<) CASSAET„
professeur....!
agrégé ) Juges.
[ CHAVANNAZ agrégé
)
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE
DU MIDI — PAUL CASSIGNOL91 — RUK PORTK-DIJKAUX — 91 1902
J
l
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Cordeaux
M. DENABIAS,doyen — M. PITRES,
doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM. MIGÉ )
DUPUY MOUSSOUS
MM.
ni. . . , \ PICOT.
Clinique interne
^
PITRESPro fesseur.s ho110raives.
DEMONS.
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Pathologie et théra¬
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Clinique desmaladies cutanées et
syphilitiques MM.
Clinique desmaladies desvoies
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Physiologie Embryologie Ophtalmologie
Hydrologie etMinéralogie.
POUSSON.
MOURE.
REGIS.
RONDOT.
DENUCE.
ANDÉRODIAS.
PACHON.
PRINCETEAU
LAGRANGE.
CARRES.
Le Secrétaire dela Faculté: LEMAIRE.
Par délibération du5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions
émises dans 01
Thèsesqui lui sont présentéesdoivent êtreconsidérées commepropres
à leurs auteurs,
qu'elle n'entend leurdonner niapprobation niimprobation.
A MES
PARENTS, A MES AMIS
MAITRES de la MARINE et de la
FACULTÉ
(brest-bordeaux)
A MES CAMARADES DE LA MARINE
ET DE
L'ARMÉE
COLONIALEA MONSIEUR LE
DOCTEUR CEA VANNAZ
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX
CHIRURGIEN DES HOPITAUX OFFICIER D'ACADÉMIE
INTRODUCTION
Il est du domaine de la
chirurgie,
commede toutes les
sciences
pratiques, de rechercher
parl'étude et la comparai¬
son des faits
quelle est la voie la plus sûre pour arriver au
résultat
cherché,
àsavoir la guérison du malade,
outout au
moinsun
soulagement durable. Le
cancerdes voies biliaires
ne devait pas
échapper à
cesrecherches
;et puisque mainte¬
nant il est souvent du domaine de la
chirurgie, il était
intéressant d'étudier les résultats donnés par
celle-ci, et de
voir par
quels procédés
onavait le plus de chances de le com¬
battre efficacement. C'est pour
aborder cette question par un
de ses côtés que nous avons
entrepris
cetravail. Tout d'abord,
nous adresserons nos vifs remerciements àM.
le Prof, agrégé
Ghavannaz
qui
nous en asuggéré l'idée et nous
afourni les
meilleures indications pour
traiter
cesujet. Nous lui expri¬
mons aussi nos
regrets de n'avoir
pas sutirer un meilleur
parti des renseignements qu'il
nous adonnés.
Notre thèse a un grave
défaut, celui de n'apporter aucune
observationpersonnelle. Et
nous ne nousserions
pasrisqué
àla
présenter
aujugement de
nosmaîtres, si
nousn'avions
pensé
quele fait de rassembler
uncertain nombre d'observa¬
tions,
d'en comparerles résultats, et d'essayer d'en tirer des
indications pour
l'avenir, constituait à lui seul
uneobserva¬
tion dont 011 nous tiendrait
compte.
Le
temps, plus
encorela compétence clinique,
nousont manqué
pourfaire du
cancerprimitif des voies biliaires (le
seul dont nous nous soyons
occupé)
uneétude qui aurait
racheté les autres défauts de ce travail. Du moins avons-
nous
essayé de réunir quelques-unes des données actuelles
sur la
question.
Nous nous sommes
plus spécialement occupé, dans le
traitement,de
lacholécystostomie, dont
nous avonsfait
unchapitre spécial
; nous croyons, eneffet, qu'elle est appelée à jouer
ungrand rôle dans le traitement du
cancer.Ajoutons
que nous avonséliminé de parti pris le
cancerde l'ampoule de Vater. Son origine, qui n'est
passuffisamment
démontrée, ne nous a paspermis de le comprendre dans
unsujet qui traite exclusivement du
cancerprimitif des voies
biliaires.
CHAPITRE PREMIER
HISTORIQUE
Le cancer
primitif des voies biliaires n'a
pas unebien longue histoire. C'est
en'1888 qu'un médecin français,
Durand-Fardel,
publia le premier
casde
cancerprimitif de
la vésicule. Et deux ans
plus tard, le premier
casde
cancerprimitif du canal cholédoque. Depuis lors, la question resta
dans l'ombre en France. A
peine retrouvons-nous, dans la bibliographie des cinquante années qui suivirent, quelques
observations et un travail assez
complet de Villard
surle
cancer
primitif des voies biliaires. Mais la question avait été reprise
enAllemagne et
enAngleterre, et lorsque,
en cesder¬
niers
temps, la chirurgie, s'attaquant à la vésicule biliaire
calculeuse
d'abord,
à lavésicule cancéreuse ensuite, vint fixer
l'attention surle cancer desvoies
biliaires,
nouspossédions déjà
toute lapléiade des travaux de Stokes, d'Hamilton, d'Icery, de Foot, de Thudicum, etc.,
enAngleterre: de Lus-
•chka, de Herschl, deLambs, de Rosenstein, etc.,
enAlle¬
magne.
En
1886,
un de nos maîtres de laFaculté de Bordeaux,
M. le D1'
Denucé, faisait des
tumeurset calculs de la vési¬
cule biliaire le
sujet de
sathèse d'agrégation, et il
yesquissait
lathérapeutique chirurgicale du
cancertelle
quenous la connaissons
aujourd'hui.
Courvoisier
en 1890, Zenker en1891 faisaient paraître
d'importants
mémoires danslesquels le premier s'occupait de
la
chirurgie des voies biliaires, et le second, de l'anatomie pathologique et des symptômes.
Dès
lors, l'élan était donné, et chaque année qui suivit
nous
apporta de partout, d'Angleterre, d'Amérique, de France, d'Allemagne surtout, de
nouveauxfaits qui éclairèrent d'un jour
nouveaula pathologie et la chirurgie biliaires. Nous
ne faisons queciter les travaux de Riedel, d'Heddaeus, de Len- nander, de Ivehr, de Petersen, de Kelynock, d'Elliot, cle Mayo Robson. de Mayo, de Cornil, de Rendu, de Quénu, de
Hanot,
de Lancereaux, de Terrier et Auvray, de Devic et Gal- lavardin, de Le Lionnais,
et toutrécemment la thèse de Ronamy, tous travaux importants
surla question, à la plu¬
part desquels
nousavonslargement emprunté
pourla rédac¬
tion de ce travail.
CHAPITRE II
ÉTIOLOGIE
Elle nous
paraît devoir
encoreêtre très longtemps, obscure.
«
L'âge avancé, dit Lancereaux,
enest la
causeprédispo¬
sante, le
séjour des graviers
ausein de la vésicule la
cause
occasionnelle,
etl'hérédité la seule
causeefficiente
connue »
(1).
C'est,
eneffet, dans
unâge avancé, entre quarante et
soixante-dix ans, que nous
trouvons le maximum de fré¬
quence
du
cancerdes
voiesbiliaires.
Maistandis
quele
cancer de la vésicule-se rencontre
cinq fois plus souvent chez
lafemme que
chez l'homme (statistiques de Courvoisier (*),
deTerrier et
Auvray (3),
ontrouve
quel'homme est atteint
ducancer des canaux biliaires dans les deux tiers des cas
(statistiques de Devic
etGallavarclin (4), d'ingelhans (5).
De
plus, la présence des calculs dans la vésicule
oules
canaux, si
fréquente dans les
casde
cancerde la vésicule,
est
l'exception dans le
cancerdes
canaux.Et ceci
nousamène
à
douter,
avecForster, Cornil
etRanvier, Devic
etGallavar- din,
de l'influence considérable de laprésence des calculs
sur (')Lancereaux, Traité des maladies du foieet du pancréas. Paris 1899.P)Courvoisier,Beitrage zur Pathologie und Chirurgie der Gallenwege.
Leipzig1890.
(3) Auvray,Tumeurs de la vésicule et des voiesbiliaires (Reu. dechir., Paris 1900.
P) Gallayardin, Cancer descanauxbiliaires(Rev.demêd.).
(a)Ingelhans,Cancer primitif du canal hépatique
{Arch.
c/ên. de mêd., septembre 1902).— 12 —
le
développement du
cancerdes voies biliaires, influence si
nettement affirmée
pourtant dans les travaux de Klebs, Zenker, Courvoisier, Rendu, Terrier
etAuvray, Bonamy, etc.
En effet, « la
proportion des migrations est vraisemblable¬
ment la même dans les deuxsexes, et
si les calculs prédispo¬
saient véritablement au cancer, les
femmes devraient
êtreégalement plus prédisposées
queles hommes
au cancerdes
voies
biliaires,
cequi n'est
pas »(1). A vrai dire, il
y adans l'origine de cette affection,
commedans celle de tous les
cancers,
des lois qui
nouséchappent. Contentons-nous donc
des constatations suivantes : le cancer de la vésicule biliaire est un cancer de
l'âge avancé, particulièrement fréquent chez
la
femme,
presquetoujours accompagné de lithiase; le
cancer des canaux biliairesest aussi un cancer del'âge avancé, plus fréquent chez l'homme, et rarement accompagné de lithiase.
Les
professions
neparaissent avoir
aucuneinfluence
surle développement ni de l'un ni de l'autre. Et
pourLancereaux, l'hérédité, dont l'action s'exerce
selon toutevraisemblance
par
l'action du système
nerveux,jouerait ici le principal rôle.
(i) DevicetGallavardin, Revue de médecine, 1901.
CHAPITRE III
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Siège.
—Le
cancerdes voies biliaires frappe plus
commu¬nément lavésicule que
les
canaux ;c'est
cequi fait
quela plupart des auteurs qui décrivent le
cancerdes voies biliaires
ne
parlent
quede celui de la vésicule. Celui-ci débute ordinai¬
rementpar
le col. moins souvent
parle fond. Le
cancerdes
canaux biliaires
siège le plus souvent
surle cholédoque. Voici d'ailleurs,
àcesujet, la statistique de Devic et Gallavardin.
Sur 52 cas
observés,
22fois
le canalcholédoque était atteint;
15 foisce fut le carrefour biliaire, ou
confluent
cliolédocho-hépatico-cystique, et 7 fois, le' canal hépatique. Il faut aussi
noter que
dans le
cancerdu cholédoque, c'est l'extrémité
inférieurequi est le plus souvent le siège du néoplasme.
Nous n'avons pas
parlé, dans cette localisation, du canal cystique. C'est
quecelui-ci n'est
presquejamais atteint primi¬
tivement. Nous n'en connaissons
qu'une seule observation, publiée
en1898,
parM. Etienne (de Nancy).
Aspect de la
tumeur. — Il est extrêmement variable. Tantôtcesontde
larges nodosités implantées
surles parois de la vésicule,
tantôt des massespédiculées ayant l'aspect de champignons, tantôt
unesimple ulcération de la paroi, tantôt enfin,
surtoutquand le
cancerdébute
auniveau du col de la vésicule,
unsimple soulèvement de la
muqueuseaboutissant
àun
épaississement
annulaire de laparoi. C'est
cedernier
aspectqu'on
retrouve leplus souvent dans le
cancerdes
_ 14 _
canaux biliaires ; il
s'agit alors d'un épaississement squir-
rheux du canal
atteint, d'une
sortede virole qui
enserre celui-ci, ouplutôt
sesubstitue à lui de façon à réduire consi¬
dérablementsalumière et à la
supprimer.
Généralisation. — Alors que
dans la vésicule le
cancerest
rarement
limité, qu'après avoir envahi les parois de celle-ci qu'il distend, qu'il rompt même quelquefois (cas de Goats et Finlayson), il
se propage peuà
peu versles
organesvoisins,
canaux
biliaires, foie, côlon
transverse,péritoine etc., soit
par
contiguïté, soit
parmétastase
;le
cancerdes
canaux biliaires est leplus souvent
unepetite tumeur bien limitée. Il
lui arrive
cependant quelquefois,
commedans le
casrapporté
par
Glaisse à la Société anatomique de Paris,
en1894, de
se propagersuivant la direction du canal où il
apris naissance,
de
façon à former
untube épais et rigide dont les parois sont
indurées, mamelonnéesuniformément
sur unegrande éten¬
due. D'autres fois, cette
généralisation,
ouplutôt cette
extension, sefait
sousforme de bourgeons charnus, envoyant
dans la lumière du canal des
prolongements qui l'obstruent
sans adhérer à ses
parois. Et il n'est
pas sansintérêt de noter
que
quoique celui-ci soit incomplètement oblitéré, la rétention
de la bile soit
complète,
cequi
nousamène à
penserqu'à
l'obstruction
mécanique
sejoint
un spasmemusculaire dû à
une influence réflexemal connue, que
certaines interventions
comme la
simple ouverture de la vésicule peuvent faire
cesser(cas de Griffon et Dartigues).
La
généralisation du
cancerdes
canauxbiliaires peut
encore se
faire,
comme pourle
cancerde la vésicule,
aux organesvoisins
:mais
cesont surtout les ganglions du hite
etle foie
qu'il attaque de préférence.
Histologie.
—Le
cancerdes voies biliaires débute
parla prolifération soit de répithélium de revêtement de la vésicule
ou des canaux,
soit de l'épithélium glandulaire. Les auteurs
déclarent que
cette origine
setraduirait dans l'évolution ulté¬
rieure de la tumeur.
L'épithélioma cylindrique
oude revête¬
ment aboutirait
plutôt à la forme squirrheuse, et l'épithéliorna
- 15 —
glandulaire, dont les cellules sont polyédriques, aurait plutôt
tendance à subir la
dégénérescence colloïde. Celle-ci n'a jamais été observée jusqu'ici dans le cancer des canaux
biliaires,alors qu'elle est
assezfréquente clans celui de la
vésicule.
Presque partout cependant
ontrouve
unépithélioma cylindrique. Le tissu conjonctif est d'ordinaire fortement hyperplasié et la disposition alvéolaire est frappante.
Etat de la vésicule et des canaux. —
Lorsque le
cancersiège
à son niveau, la
vésicule, gonflée, distendue
parles produits qu'elle recèle, tumeur, bile, calculs, liquide séreux,
muqueuxet
quelquefois purulent,
seprésente à
nous sousforme d'une
grosse
tumeur dont la perception est d'un grand
secours pour lediagnostic. Ses parois sont épaissies
parla néoformation
de tissu
conjonctif, et aussi de vaisseaux qui sont si souvent
la cause d'hémorragies à la
suite de l'ouverture de cette
vésicule.
Dansle cancerdes canaux,
la vésicule, suivant
encela la
loi de Courvoisier-Terrier, se distend. C'est
dans
cet étatde
distensionqu'on l'a trouvée dans
presquetous les
casde
can¬cerdu
cholédoque (17 fois
sur18
casrapportés
parDevic et Gallavardin). Mais lorsqu'il s'agit de
cancerdu carrefour biltaire,
et àplus forte raison dans le
cancerdu canal hépa¬
tique
onconçoit aisément qu'il
nedoive plus
enêtre de même
eton est même
porté à croire
quec'est le contraire qui
seproduise. Pourtant,
sur 14 casde
cancerdu carrefour biliaire,
Devic et Gallavardin ont trouvé la vésicule distendue 7fois,
normale dans 3 cas et rétrécie dans 4; et
Ingelhans, dans
son récent travail surle cancer du canal
hépatique, qui porte
sur 15cas, nous dit
qu'il
atrouvé la vésicule le plus souvent atrophiée,
maisassez souvent aussinormale,
et mêmedeux
lois distendue. Il est vrai que
cette distension peut n'être
pastoujours
due à labile, mais aussi
ausimple produit de sécré¬
tionde la
paroi vésiculaire
retenu par unobstacle siégeant
auniveau du carrefour.
Lescanaux
biliaires,
dans le cancerde la vésicule, gardent
leurs dimensions à peuprès normales tant
quele néoplasme
ne les a pas
envahis,
onbien
encoretant
que, par son volume ouparles adhérences qu'il contracte, il n'a produit
leur
compression,
cequi arrive dans la plupart des
caset
assez
rapidement.
Lorsqu'ils sont eux-mêmes frappés, la dilatation est la règle au-dessus de l'obstacle. Au-dessous, elle est l'exception
etle calibre reste normal.
Etat des viscères.—C'est surle foieque
retentit tout d'abord
le cancer desvoies biliaires. En dehors de la
généralisation possible à cet
organe, cedont
nous avonsdéjà parlé;, le foie
est presque
toujours hypertrophié. Comme cette augmenta¬
tion de volume est
toujours accompagnée d'une dilatation
énorme des conduits biliaires
intra-hépatiques, il est regret¬
table que
des pesées rigoureuses
ne nousrenseignent pas
sur le
poids du foie. Il serait intéressant de noter si cette augmentation du volume de l'organe est due à la seule dila¬
tation des conduits biliaires.
L'hypertrophie de la rate, signalée dans quelques
cas,coïncidait toujours avec celle du
foie.
L'ascite,
lorsqu'on la rencontre, est
peuconsidérable, 1 à
o litres;
elle
estdue à la généralisation
aupéritoine du néoplasme.
Les infections secondaires des conduits biliaires, rares au
début,
sont assezfréquentes dans la dernière période de
l'affection,
onl'on voit
souventéclater la fièvre et tous les
symptômes d'une angiocholécystite suppurée.
CHAPITRE IV
SYMPTOM ATOLOGIE
Elle est 1111 peu
différente, suivant le siège du
cancer.Mais,
àvrai
dire, quel
quesoit celui-ci.
nous nepossédons
aucunsigne net qui
nouspermette de reconnaître
nonseulement
la localisation du
néoplasme, mais même d'affirmer
son existence.Les
prodromes qu'il est coutume de signaler et
qu'onpeut
rencontrer seuls ou associés dans chacun des cas, sont la diminution des
forces,
lagastralgie, l'anorexie, les vomisse¬
ments, la
céphalée, de légères douleurs abdominales, des démangeaisons, des vertiges, rien de bien net enfin et qu'on
ne
puisse
rencontrer dans toute affection abdominale.Sans
doute, lorsqu'il s'agit de
cancerde la vésicule,
011 finira pardéceler
leplus souvent à l'exploration de 1 abdo¬
men, une tumeur faisant saillie dans
l'hypocondre droit,
au niveau du bord externe dugrand droit et
sousle bord tran¬
chant du
foie,
tumeur dont tous les auteurss'accordent
à direqu'elle
estpiriforme et
quela main éprouve à
son Contact la sensation d'une duretéspéciale, ligneuse et
sansélasticité.
Mais quecette tumeur se.déplace,
comme onla
constatédans un certain nombre de cas, ou
bien
encore que le bord antérieur du foievienne,
commeil le fait
assez sou¬vent,
s'interposer
entre lavésicule
etla paroi abdominale, et
ce
signe important, qui
noussuffisait
presque,étant donnes
H. -2
- 18 —
la douleur ressentie à la
pression, les douleurs spontanées
s'irradiant
jusque dans l'épaule et le bras droits, les élance¬
ments intermittents comme
des points de côté,
cesigne,
disons-nous,
disparait, et il
nenousreste plus rien. Si, il
nousreste l'ictère
qui apparaîtra à
uneépoque indéterminée de la
maladie,
qui
seraplus
oumoins intermittent, quoique sou¬
vent intense et
progressif
;il
nousreste le ptyalisme, la
diarrhée, les
vomissements alimentaires
oubilieux
;il
nousreste les
phénomènes généraux de tout
canceret de toute
insuffisance
hépatique, émaciation progressive, fatigue et
affaiblissement de
plus
enplus considérables, anémie pro¬
fonde,
œdème des membres inférieurs, ascite,
pourle cancer:
hémorragies,
rougeuret sécheresse de la langue, prostration,
anurie et
urémie, délire
et coma, pourl'insuffisance hépa¬
tique
;trop de choses et
pas assez pourque nous puissions
rien conclure
Il y a un
symptôme qui
nefait jamais défaut dans le can¬
cer des canaux biliaires: c'est l'Ictère. Il
apparaît dès le
début de
l'affection, dont il est quelquefois le symptôme
initial et subit. Cet ictère par
rétention est très intense; il
donne au malade unteint vert olive foncé et est
accompagné
le
plus souvent d'
unprurit considérable. Généralement cepen¬
dant, son
apparition est consécutive
auxtroubles généraux
que nous avons
déjà signalés
pourle
cancerde la vésicule.
Il y a peu ou pas
de douleurs spontanées
audébut. Plus
tard,
lorsque la rétention de la bile devient
partrop considé¬
rable, ily a
de véritables accès simulant la colique hépatique,
mais
qu'on distinguera de celle-ci
en cequ'ils suivent l'ictère,
tandis que
la colique hépatique le précède.
La vésicule distendue sera perçue
le plus souvent sur le
bord antérieur du foie
quand il s'agira de
cancerdu canal
cholédoque, L'ahsence fréquente de calculs, et
parconséquent
le fait que sa
réplétion
seradue simplement à la bile en
feront une tumeur lisse et
régulière, dont la consistance sera
la même en tous les
points. Mais n'oublions
pasque ce
symptôme peut
ne pasexister dans le
cancerdu carrefour
biliaire,
etqu'il fait le plus souvent défaut dans celui
du canalhépatique.
L'hypertrophie du foie vient
presqueconstamment s'ajouter à la rétention biliaire,
etil
n'est pas rarede
consta¬ter que
cet
organedéborde de deux
outrois
travers dedoigt
lesfausses côtes. La
percussion
enest douloureuse,
et môme lemalade accuse souvent unpoint de côté à droite. Plus tard, quand la généralisation du
cancer est venue atteindre laglande hépatique, le bord antérieur de celle-ci,
aulieu d'êtretranchant,
pourraprésenter des bosselures
et uneinégalité
cle consistance
qui feront
penserà l'existence de
noyaux secondairesdu carcinome.La rate resterait normale dans la
plupart des
cas,suivant Lancereaux,
Terrier etAuvray. Devic et Gallavardin
neparta¬
gent
pas cetavis,
et pour eux cet organeverrait augmenter
son volume clans
plus de la moitié des
cas. Cettehypertro¬
phie, dans
les cas où onl'observe, coïnciderait toujours
avec celle du foie. Dansquatre de
nosobservations
où l'état de la rate avait été noté, une seule fois cet organeétait augmenté
de volume ; lefoie au contraire était
hypertrophié dans tous
les cas.L'ascite,
nous l'avonsdéjà dit, n'est
pas rareà la période
ultime de l'affection. Elle
témoigne de la généralisation de la
tumeuraupéritoine,
oubien
de lacompression de la veine
porte parle
cancerlui-même ou parles ganglions du hile du
foie. Cette ascite est souventprécédée, et s'accompagne
pres¬que
toujours,
d'œdème des membres inférieurs. Peu consi¬dérable
et nedépassant
pasl à 3 litres, elle
a,dans quelques
cas
cependant,
nécessitéplusieurs ponctions.
Les urines sont d'ordinaire fortement
colorées, du brun acajou jusqu'au
noir leplus
pur.Elles renferment
engrande abondance
despigments biliaires.
Onn'y trouve
pasd'albu¬
mine ni de sucre, etpas
d'urobiline.
Leurquantité
est sou¬vent
diminuée
et s'abaissejusqu'à 500
grammes parjour et
mêmeau-dessous. Le taux de l'urée y
est aussi considérable¬
ment
diminué.
- 20 -
La décoloration des
selles est constante
;elle est plus pré¬
coce dans le cancer
des
canaux, parcequ'aussi l'obstruction
àl'écoulement de la
bile est plus rapide.
Les
hémorragies des muqueuses, si fréquentes et parfois si
graves,
puisque dans un cas de Laugier elles ont pu entraî¬
ner la mort, ne
sont
pasà proprement parler un symptôme du
cancer des voies
biliaires. Elles traduisent l'altération des cel¬
lules
hépatiques et sont du plus fâcheux augure. Gomme
dans toutes les
hémorragies d'origine hépatique, ce sont les
épistaxis qui sont le plus fréquentes ; viennent ensuite les
hémorragies gingivales, les hématémèses, le mélœna, le pur¬
pura
et plus rarement l'hémoptysie et l'hématurie.
L'examen du sang,
dans les cas où il a été pratiqué, a per¬
mis de constater, outre
la présence des matières colorantes de
la bile, une
diminution notable de l'hémoglobine et une aug¬
mentation
considérable des globules blancs. Cette augmenta¬
tions'était faite
surtout
auxdépens des polynucléés, de telle
sorte que
la proportion de ceux-ci était fortement accrue, et
celle des
lymphocytes,
aucontraire, très diminuée.Ces résul¬
tats concordent
bien
avec ce quenous savons de la formule
hématologique du cancer ; et il y aurait là, sans doute, un élé¬
mentde
diagnostic à
nepasnégliger.
Lafièvre est absente
le plus souvent, ou du moins légère.
A la
période ultime de l'affection cependant, il est constant
de lavoir
survenir
:elle revêt alors le type rémittent, ou inter¬
mittent avecaccès
vespéral
;elle est due tantôt à la périhépa-
tite,
tantôt à des poussées de vraie hépatite, tantôt à l'infec¬
tion biliaire par
voie intestinale. Constatée au début de
l'affection,
la fièvre
sera unmauvais signe et indiquera une
évolutiontrès
rapide de l'affection (Dieulafoy).
Evolution et terminaison. —
L'évolution du cancer des voies
biliaires
peut
serésumer dans cette définition de Devic et
Gallavardin : « Le cancer
primitif des canaux biliaires
estessentiellement
caractérisé
par unictère chronique à d-finit
insidieux,
à marche progressive, accompagné ou non de
quelques troubles digestifs ou douloureux, et auxquels vieil-
— 21 —
lient
rapidement s'ajouter des symptômes de cachexie et d'af¬
faiblissement
progressif entraînant la mort
anbout d'un temps variant d'ordinaire entre deux et six mois.
»Il en est
malheureusement de même pour
le
cancerde la vésicule,
bien que pour
celui-ci l'échéance fatale soit
unpeu retardée.
La
plupart des auteurs s'accordent,
eneffet,
pourlui assigner
unedurée dedeux à trois ans. Cette durée
plus longue s'ex¬
plique
parle mode de terminaison de la maladie.
«La mort,
dit
Guyon, est le fait
non pastant de l'empoisonnement
can¬céreux que
de troubles fonctionnels hépatiques et de compli¬
cations. L'insuffisance du foie et celle des reins, cette
der¬
nière
conséquence de la première,
ensont les conditions
habituelles*». On
conçoit dès lors
quele
cancerdes
canaux arrêtantplus vite le
coursde la bile
quele
cancerde la vési¬
cule, produise plus tôt
cesinsuffisances hépatique et rénale,
causes de la mort.
CHAPITRE V
DIAGNOSTIC
Nous
n'entreprendrons
pasici de faire le diagnostic différen¬
tiel ducancerdes voies
biliaires,
notrebut
étant surtoutd'étu¬
dier son traitement par
la cholécystostomie. A vrai dire,
cediagnostic
serala plupart du temps très difficile, sinon impos¬
sible. C'est à cette conclusion
qu'arrive Le Lionnais dans
sa thèse intitulée : Considérations sur lesdifficultés du diag¬
nostic des tumeurs de
Vliypocondre droit formées
parla
vésicule. C'est aussi l'avis de tous les auteurs
qui
sesont occupés cle la question, Denucé, Zenker, Gourvoisier, Lance-
reaux,
Robson, etc. Terrier
etAuvray, dans leur remarquable
travail sur les Tumeurs des voies biliaires,
reconnaissent
que
les caractères indiqués
pourle diagnostic sont plus théo¬
riques
quepratiques.
En
effet, alors
même que, par unesérie d'éliminations plus
ou moins
justifiées,
on auraécarté toutes les tumeurs de l'hypocondre droit, à savoir
:les tumeurs du foie, de l'esto¬
mac-,
de l'intestin, clu rein, du pancréas, du péritoine et de la paroi abdominale, et qu'on
seraarrivé à localiser l'affection
àla vésicule
biliaire, quelles difficultés n'éprouvera-t-on pas
encoreà différencier le cancer de la lithiase ! Sans doute,
la
consistance de la tumeur forméepar
la vésicule calculeuse
est souvent
plus dure et plus régulière; la vésicule, arrondie,
piriforme,et même limitée,
necontracte
pasd'adhérences avec
— 23 —
le
voisinage
;elle n'est
pasaussi souvent le siège cle dou¬
leurs
spontanées. Il
y aLien aussi
enfaveur de la lithiase
ce bruit de noisettes contenues dans un sac queJ.-L. Petit signalait il
y acent cinquante
ans,et qu'il est à
peuprès le
seul à avoir entendu. Mais tous ces
symptômes, même si
on les rencontre, n'aurontqu'une valeur approximative, puisque chaque fois qu'on
setrouve
enprésence d'une vésicule cancé¬
reuse on a,
d'après Zenker, quatre-vingt-cinq chances
sur cent delà trouverremplie de calculs. Ce n'est là qu'un hien
faible
exemple des difficultés du diagnostic. Le
cancerdes
canauxbiliaires va nous en fournir d'autres.
Nous avons vu
déjà
que, parsuite de la situation profonde
des canaux
biliaires,
et aussi à causede
sagrande limitation,
ce cancer était par
lui
mêmeinaccessible à l'exploration. Nous
avons vu aussi que
la dilatation de la vésicule était précoce,
constante
lorsque la tumeur siégeait
surle canal cholédoque
et inconstante dans les autres cas. Lors donc
qu'on
sera enprésence
d'une tumeur formée parla vésicule dilatée,
quel'absence
présumée de calculs
eu son intérieur et sa consis¬tance auront fait éliminer le cancerde la vésicule etla
lithiase,
il faudra encore se demander
si,
endehors du
cancer descanaux
biliaires,
on ne se trouve pas enprésence d'une
tumeur
comprimant
ces canaux, tumeurde
laface
inférieure dufoie,
del'intestin, de
latète dupancréas, etc. Alors,
nous devons bienl'avouer,
les donnéescliniques actuelles
ne nous permettront pasde répondre
avec assurance.Etlorscpue
nous aurons conclu à un cancer des canauxbiliaires, il
nous sera tout à faitimpossible d'affirmer
sonsiège, de dire,
par exem¬ple,
si la tumeur estimplantée
surle cholédoque
ou sur 1hépatique, puisque le seul signe qui devrait
nousvenir
enaide,
à savoir : la distension de la vésicule dans lepremier
cas, sa rétraction dans le second,
peut
nousfaire défaut.
Sans
doute,
il ne nous est pasdéfendu d'espérer
quela
connaissance de nouveauxsymptômes, l'interprétation plus
exacte de ceux actuellement connus n'arrivent à
préciser le
diagnostic
du cancer des voies biliaires.Mais,
àprésent,
celui-ci est
impossible
aumoment où il faudrait lui donner
une sanction
thérapeutique. La laparotomie seule, faite hâti¬
vement,
permettra de
serenseigner. C'est à cette laparotomie
exploratrice, aidée, s'il le faut, du cathétérisme des voies biliai¬
res,que nous
conseillerons d'avoir recours, puisque, en fin de
compte, il faudra toujours
envenir là si on veut tenter un
traitement
chirurgical.
CHAPITRE VI
TRAITEMENT
Le cancer des voies
biliaires est
uneaffection fatale contre laquelle la médecine est impuissante. Tout au plus peut-elle
en calmer lessouffrances, et
lutter contre la cachexie en sti¬
mulant
l'appétit.
La
chirurgie possède contre cette affection plusieurs armes.
Tantôt elle
l'attaque radicalement
enprocédant à l'extirpa¬
tion de la tumeur: tantôt, au
contraire, devant l'impossibi¬
lité d'une cure radicale, elle cherche à
remédier
auxaccidents
que provoque
le
cancer.Dans le premier cas, l'opération est
dite curatrice : dans le second, elle
n'est
quepalliative.
A vrai
dire, trop souvent le bienfait de l'intervention est illu¬
soire. Mais n'en a-t-il pas
été de môme autrefois dans le
cancerdu sein,
de l'utérus, etc., et
ne nousest-il pas permis d'espérer, sinon
uneplus grande perfection opératoire, du
moins des interventions
plus hâtives et partant plus compa¬
tiblesavecle succès !
Opérations
curatives. —Lorsqu'il s'agit de cancer de la vési¬
cule, celui-ci, qui.
nousl'avons
vu,fait corps avec les parois
dontil
émane, exige l'ablation partielle ou totale de la vési¬
cule. Ces deux
opérations ont
reçule nom de cliolécystec-
tomie
partielle
etde cholécystectomie totale
.Il s'est trouvé
descas où la lésion de la vésicule avait
envahi le foie, de
telle sorte que
les chirurgiens ont
crudevoir joindre à l'extir-
- 26 —
pation de la vésicule
uneablation partielle du foie, d'où
unetroisième
opération curatrice
:la cholécystectomie totale
avec résection
partielle du foie.
La
cholécystectomie partielle
est une mauvaiseopération
à
laquelle
onn'a d'ailleurs
eu recours quelorsqu'on n'a
pas pufaire autrement (Lejars). En réséquant parcimonieuse¬
mentune
portion de la vésicule, elle
méconnaît les habitudes du cancer dont les limites sontparfois si reculées. C'est donc
une
opération à rejeter. Elle
neparaît
pasd'ailleurs avoir
été trèsemployée. Terrier et Auvray n'en citent .qu'un
casdû à Czerny. La malade mourut de septicémie neuf jours après l'opération.
La
cholécystectomie totale, pratiquée
surle chien dès 1070
par
Etmuller
: surle chat
en1767,
parHerlin
; surl'homme,
par
Langenbuch,
en1882 (Thèse de Calot, 1891), serait l'opé¬
ration de
choix,
si elle enlevait tout lenéoplasme. Malheu¬
reusement
l'expérience
a montré queles récidives étaient fréquentes surtout à la face inférieure du foie,
dans la por¬tion
contiguë à la vésicule
:et pourtant, à l'opération, le foie
avait paru
parfaitement sain. Depuis
que vonTischendorf (1886)
aappliqué cette opération
autraitement
du cancerde
la
vésicule,
un certain nombre d'interventions de ce genreont
été faites. Terrier et
Auvray
enont réuni 16
casdont 14 figu¬
rent avec leurs résultats. 5 fois la mort fut le résultat de
l'opération, et dans les 9
autres cas les récidives ne se firent pasattendre. La plus longue survie fut de sept mois (cas de Czerny), et la
moyenneest de trois mois
environ. Ce sontlà,
il faut bien
l'avouer,
des résultats peuencourageants
:et pourtant
nouspersistons à croire
quec'est à la cholécystec¬
tomie totale
qu'il faudra donner
lapréférence chaque fois
que
cette opération
serapraticable. Les
casde
mort à lasuite
de
l'opération sont dus,
pourla plupart, à
cequ'on n'était
intervenu
qu'à la dernière extrémité.
Les accidentsqu'on
asignalés
:difficulté de l'hémostase, l'amaigrissement rapide
de
l'opéré, la fistule biliaire,
nedoivent pas nousarrêter. La
difficulté de l'hémostase est le propre
de toutes les interven-
— 27 —
tions surle
foie,
etl'on s'est ingénié à les vaincre
pardiffé
rents moyens :
la therinocautérisation ordinaire, la cautéri¬
sation par
l'air cliaud, le tamponnement parabiliàire, etc.
L'amaigrissement rapide de l'opéré
nes'observe qu'avec la
récidive;
dans les
casoù l'opération semblait avoir réussi,
onanoté, outre une
amélioration générale
uneaugmentation de poids notable. Quant à la persistance d'une fistule biliaire*
celle-ci semble due à la
présence d'un calcul
oud'un obstacle quelconque dans le cholédoque, et d'ailleurs elle finit
par se fermer d'elle-même.La
cholécystectomie
avecrésection du foie, qui semblerait
de
prime abord devoir être l'opération la plus meurtrière, est
celle dont les résultats sont les meilleurs.
Pratiquée
pourla première fois
parHeussner
en1889, cette intervention
aété répétée
uncertain nombre de fois depuis lors, notamment
par
Hochenegg (1890) dont la malade
recouvra unebonne
santé et survécut trois ans, au
bout desquels elle mourut de
récidive.
Czerny, Duret, Mayo Robson, Terrier, etc., firent
cette
opération
avecdes résultats divers. Sur les 17
cas rap¬portés par
Terrier
etAuvray, 2 fois seulement la mort
survint à la suite de
l'opération. Dans les autres
cas,la
moyenne
de
survie fut de huit à neuf mois.Fait important à
noter, dans aucun cas lamort ne fut causée par unehémor¬
ragie
venant du foie.Naturellement, lorsque le néoplasme
aenvahi le canal cystique,
ouqu'on
ades raisons de craindre la propagation
par cette
voie,
il est toutindiqué de faire suivre la cholécys¬
tectomie de l'ablation du canal
cystique
oucysticectomie
secondaire.
Jusqu ici,
aucune intervention radicale n'a été tentée dans le cancer des canaux biliaires.Cependant il n'est
pasdérai¬
sonnable de penser que
dans
ces casde
cancerdu cholédo¬
que où la tumeur est si
petite qu'au toucher elle donne
1illusion d'un calcul enclavé dans le canal, on ne
puisse
tenter cetteopération
queDoyen
apratiquée dans
un casde
déchirure
ducholédoque, et
queReynier et Waring ont faite
— 28 —
avec succès chez le chien en 1897 : nous voulons
parler de la
résection
partielle
outotale du cholédoque, de la cholédo-
chectomie. Et cette
intervention, suivie du rapprochement
des deuxbouts par une
ckolèdochorraphie
oubien de l'abou¬
chement du bout central à la peau ou
à l'intestin (cholèdo- chostomie—cholédocho-entérostomie),
nedoit
pasêtre
repous¬sée avec
dédain,
parcequ'il
setrouvera des chirurgiens
assez audacieux pourla tenter, et
assezheureux
pourla réussir.
Le canal
hépatique
aété jusqu'ici à l'abri de toute inter¬
vention radicale. Sans
doute,
onpourrait rêver
pourlui aussi
une résection totale ou
partielle,
unehèpaticectomie. Mais
personne ne
s'y est hasardé jusqu'ici,
croyons-nous.Nousavons insisté àdessein sur ces
opérations curatrices qu'on trouvera réglées
entous leurs temps dans l'excellent
ouvrage
de Pantaloni
surles tumeurs du foie
:c'est que, à
notre avis, ce sont les véritables
opérations à
opposer aucancer des voies biliaires. Nous ne doutons pas en
effet
quelorsque l'anatomie pathologique
auramontré d'une façon plus complète comment
sefait la propagation de
cenéoplasme,
et
quelle est
sonétendue
auxdifférentes époques de son évolution,
on enarrive à pratiquer de préférence les opérations
comme la
cholécystectomie totale
avecla résection partielle
du foie.
Opérations palliatives.
—Nous
avons vu, au coursde l'étude
que nous avons
faite du
cancerdes voies biliaires, que dans
presque
tous les
casil
seproduisait
unerétention de la bile
au-dessus de l'obstacle formé par
la tumeur. Nous
avonsvu
aussi que
cette rétention biliaire
netardait
pasà provoquer
une insuffisance
hépatique beaucoup plus dangereuse pour le
malade que
le
cancerlui-même, puisque c'est
auxaccidents
provoqués
parcette insuffisance, le
passagede la bile dans le
sang,
les épistaxis, l'anurie, l'urémie, le
coma,plutôt qu'à la
cachexie cancéreuse que
le malade succombe. Nous avons
même
expliqué la plus longue durée du
cancerde la vésicule
par ce
fait
quela rétention de la bile était plus lente à se pro¬
duire que
dans le
cancerdes
canaux.Il était donc rationnel
— 29 —
de penser
qu'en supprimant cette rétention de la bile on empêcherait du même
coupl'insuffisance hépatique et toutes
ses
conséquences, et qu'on verrait le cancer achever lentement
son évolution. De cette
idée
sontnées toutes les opérations palliatives. Elles sont de deux ordres : les unes font écouler
la bile au dehors, 011
les désigne
sousle
nomde stomies
cutanées ; les autres
font la bile
sedéverser dans l'estomac
ou
l'intestin,
cesont les stomies viscérales.
Stomies cutanées. — En dehors
de la cholécystostomie
dont nous allons faire l'étude dans un
chapitre spécial,
toutes les
portions de l'arbre biliaire sont susceptibles d'être
abouchées à la
paroi abdominale, et de fait elles l'ont été. Il
est vrai que presque
toujours
011 nesavait pas sur quelle
partie dilatée des voies biliaires
011opérait. Il
11efaudrait
donc pas
de prime abord, si la voie viscérale, préférée à juste
raison par
les auteurs,
nousétait fermée, rejeter l'idée d'une
cholédochostomie, d'une cysticostomie. d'une liépaticostomie
et même d'une
hépatostomie. Ullmann, qui fit cette dernière
opération à la suite d'une résection de l'hépatique, eut le
bonheur de voir sa malade survivre
cinq mois et demi à
son intervention. C'est là le seul cas destomie
cutanée pour cancerque nousconnaissions,
endehors bien entendu des cas
de
cholécystostomie.
Stomies viscérales. — Le rétablissement du cours de la bile dans
l'intestin, qui est le but de
cesinterventions, est
évidemment la meilleure
thérapeutique à
opposerà la réten¬
tionbiliaire
lorsque la
causede celle-ci
11epeut être enlevée.
Malheureusement
dans ces cas, et pourles mêmes raisons qui s'opposent à la
cureradicale,
cesinterventions sont
souvent
impraticables. Terrier et Auvray
nousfont la rela¬
tion de trois
cliolécystentérostomies
pour cancerdu cholé¬
doque. Deux
fois,le malade succomba
peuaprès l'opération.
Bans le troisième cas,
dû
àBootli et Peck, la dérivation
sefit très bien etl'amélioration de l'état
général s'était main¬
tenue six mois
après l'opération. Tout récemment, William
Mayo,
dans lastatistique des 328 opérations
surla vésicule
r
— 30 —
et les canaux biliaires
qu'il publia dans les A nnals of Sur-
gery
(juin 1902), relatait 3 opérations de cliolécystentéros-
tomie pour cancer avec
2 guérisons et 1
casde
mort, Il n'est pasdouteux
quecette opération
nedevienne plus fréquente
aussi, à mesure que sepréciseront mieux
lessymptômes du
cancer et que
les interventions
se ferontplus hâtives.
Les autres stomies viscérales n'ont
point
encoreété prati¬
quées à notre
connaissance dans les cas de cancer. Mais ellespeuvent l'être. Toutes
lesportions de l'arbre biliaire pourront
être
employées lorsqu'elles
auront été suffisamment dilatées.Ajoutons
quel'abouchement peut
sefaire
nonseulement
àl'in¬
testin
grêle dans toutes
sesportions,
nonseulement
aucôlon, maisencoreà l'estomac.La tolérance decedernier organe pour la bile a été démontrée d'unefaçon incontestable
parles expé¬
riences de M. le Prof. Masse et de sonélève Gannac
(Thèse de
Bordeaux
1897). En
somme,dans
toutes cesopérations,
on ne choisitguère. On abouche
laportion de l'arbre
biliairedilaté
avec la
portion du tube digestif la plus rapprochée, estomac
ou intestin.
En
résumé, malgré les échecs,
le traitement du cancer des voies biliaires doit êtrechirurgical. Le temps n'est
paséloigné
encoreoù l'on
disait: «L'interventionchirurgicale
est encore une médication
d'exception,
etil
nefaut
yrecourir
que
lorsqu'on
aépuisé tous les
moyensmédicaux
»(Ferrand).
On est arrivé ainsi à
épuiser le malade
et à le remettreà
moitié mort, sinon mourant, aux mains du
chirurgien (Mar¬
cel
Baudouin). Et l'on s'étonne, après cela,
queles statis¬
tiques soient si défavorables
!CHAPITRE VII
DE LA
CHOLÉCYSTOSTOMIE
Cette
opération
nedate
pasd'hier. Jusqu
en1833* il est vrai,
on avait bien eu lapensée d'ouvrir la vésicule biliaire,
mais
simplement lorsque celle-ci était adhérente à la paroi
abdominale ou
lorsqu'on avait réussi à
provoquercette adhé¬
rence. Acette
époque,
«Carré, chirurgien sous-aide-major
auVal-de-Grâce, passant
en revueles divers traitements appli¬
cables à la tumeur
biliaire, établit l'inutilité des
moyens médicaux et proposel'établissement hâtif d'une fistule
biliaire par
les
moyenssuivants
:qu'il
yait
ou nondes adhérences,
inciser laparoi, découvrir la tumeur, appliquer
la
paroi
contre elle au moyend'un pansement compressif, et
quarante-huit heuresaprès, les adhérences étant formées,
inciser la vésicule.
Bégin s'est servi de
ceprocédé
avec succèsdans deux cas dekystes abdominaux cle nature indé¬
terminée. Carré
ajoute
:La crainte d'intéresser le péritoine
pouvait arrêter les anciens
chirurgiens; mais aujourd'hui qu'on
l'incise si souvent avec succès dans lesopérations de
hernie ou d'anus contre nature, il ne nous estplus permis
d'être timides »
(Denucé, Thèse d'agrégation). Ainsi parlait-
on en
1833,
etpourtant
cen'est qu'en 1867
queBobbs,
croyant avoir affaire à unkyste ovarien, fit la première cholécystostomie.
En 1878,Marion Sims,
lepremier, prati¬
qua
systématiquement cette opération. Depuis lors, c'est
par centaines defpis qu'elle fut faite
pourdes
causesdiverses,
surtout pour
la lithiase. Dans les
casde
cancer,bon nombre
de
chirurgiens la rejettent, et
nousn'avons
pu enrelever
que 29 observations. Mais il n'est pasdouteux
que nous en ayons laissééchapper, soit à
causede notre ignorance des langues étrangères, soit
parcequ'elles n'ont
pasété publiées. De plus,
les
Anglais ont désigné pendant longtemps cette opération
sous le nom de «
cholëeystotomy
»qui leur servait à
nommerégalement la simple ouverture de la vésicule. Dette
synony¬mie. en
compliquant
nosrecherches,
a pufacilement aussi
nous laisser
échapper quelques observations.
Technique opératoire.— Nous
n'entreprendrons
pasde l'exposer ici. Elle
aété magistralement décrite
en1898
par Marcel Baudouin dans son ouvrageintitulé
:Les Opérations
nouvelles sur les voies biliaires,
puis
en1899
parPantaloni
dans sa
Chirurgie du foie
etdes voies biliaires, enfin
par Schwartz en 1901 dans un nouvel ouvrage surle même sujet.
Nous nousbornerons
simplement à faire
remarquerqu'il
nepeut s'agir ici d'opération
endeux temps. On
setrouve le plus souvent,
commedit Marcel Baudouin,
enprésence d'une
malade à moitié morte,
présentant des accidents auxquels il
faut remédier au
plus vite: et
commeil est d'autres
moyens d'établirdes adhérences oud'empêcher l'éruption de la bile
dans la cavité
abdominale, c'est toujours à la cholécystos-
tomie en un
temps qu'il faudra avoir
recours.Ici.
on auraà
choisir entre deux
procédés
:faut-il faire l'opération de Sims,
l'incision
première et la fixation dernière,
oubien l'opération
de
Ransohoff, la fixation première et l'incision dernière? 11
est
impossible de donner des règles à suivre
sur cepoint
:ce
n'est
qu'au moment de l'intervention qu'on jugera de l'état
des
parois de la vésicule, et
parconséquent de la possibilité
de faire une fixation
première. C'est à
ceprocédé
eneffet,
recommandé
déjà
en1886
parM. Denucé, qu'on
aurarecours
de
préférence,
parcequ'il permet d'éviter plus sûrement cette irruption de la bile dans la cavité abdominale
queredoutaient
tant les anciens
chirurgiens. Mais la fixation première ne
sera pas