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UN DÉSERT DE BRUYÈRES

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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UN DÉSERT

DE BRUYÈRES

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Du même auteur dans cette collection :

— Un coin de paradis

— Ma nuit de noces

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Michel DAVET

UN DÉSERT DE BRUYÈRES

Roman

PRESSES DE LA CITÉ PARIS

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La Loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'Article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1 de l'Article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, consti- tuerait donc une contrefaçon sanctionnée par les Articles 425 et suivants du Code Pénal.

© Presses de la Cité, 1974

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L FILLE DU PASTEUR SE réveilla en entendant un grincement de porte. Quel- qu'un marcha dans le jardin ; ce n'était ni le vent ni un rêve. Un croissant de lune coiffait le faîte d'un sapin à hauteur du carreau ; l'aube était d'une féerie à couper le souffle. Une ombre pataude la traversa en poussant dans l'allée une bicyclette qui tanguait sous le poids d'un sac de voyage. L'ombre tira la barrière, ne la referma pas, disparut dans un chemin blafard, ruisseau de brume se perdant dans une désolation de steppe d'Asie Centrale. Ce n'était pas l'Asie Centrale mais une lande du Jutland, en Danemark.

La jeune fille appelée Ulla courait depuis une ving- taine de minutes, lorsqu'elle atteignit une grille de domaine de belle allure. Dans la nudité tragique des alentours, le moutonnement frisé des sapins et le velours des pelouses étaient une rafraîchissante sur- prise. Ulla poussa non la belle grille mais le barreau de bois menant aux écuries. Une porte était entrou- verte qui laissait voir un falot au bout d'un bâton.

Sous ce falot, nimbé de brume jaune, un homme paraissait attendre, debout et rêvant. Odeur de paille

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et de crottin, quelques chevaux de bonne race, des ombres de harnais dans les recoins...

L'homme sursauta ; une voix aiguë criait derrière lui.

— Monsieur von Berg, il se passe un événement abominable !

Le palefrenier se frotta les paupières.

— Quel événement ? Y aurait-il le feu à la cure ?

— Est-ce que votre frère Waldemar ne prend pas le train ce matin pour regagner Aarhus ?

— Oui. Y aurait-il un accident de voiture ? L'homme se détacha du mur ; il était immense et sauvage par l'abondance de cheveux et de favoris roux.

— Mon Dieu ! gémit Ulla tournant sur elle-même comme si elle cherchait une solution à sa peur dans l'entassement des harnais. Pour l'amour du ciel, Kris- tian, sautez à cheval et rattrapez votre frère à la gare : il vient d'enlever Margrethe.

Le géant parut stupéfait, puis renversa la tête pour rire mieux.

— Ah ! La bonne histoire ! Waldemar von Berg enle- vant la jolie fille du pasteur de Varde ! Non sur un alezan mais dans un sale petit train !

— Comment, vous osez rire ! Mais ce sera demain un abominable scandale et le déshonneur de ma soeur !

— En effet, j'ose rire malgré le respect que j'ai naturellement pour votre père. Le cher homme est un mauvais berger... Non, ma poulette, je ne me précipi- terai pas pour sauver l'honneur de Margrethe, et cela pour deux raisons : comme vous le voyez, je veille une jument à sa première mise à bas, ce qui m'importe plus que la vertu de toutes les jolies filles du monde.

Secondement, j'ai tout lieu de penser que mon inter- vention ne servirait à rien, la petite caillette de Mar- grethe étant trop amoureuse et sa vertu déjà trop chancelante pour...

— Vous êtes un dégoûtant, un cynique. Je vous

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défends de parler de ma sœur sur ce ton. Sa seule faute est d'avoir cru à la parole d'un von Berg sans honneur. Mais attention ! Je soulèverai le village ; vous n'y êtes pas aimé ; je...

— Allez au diable, sorcière, ou c'est moi qui vous fous dehors !

— Sale Prussien qui nous a volé le Schleswig ! cria Ulla en avançant son visage enflammé sous un capu- chon noir.

Deux mains se plaquèrent contre son buste, la sou- levèrent, la précipitèrent sur une litière fangeuse.

— Beauté sur fumier ! gronda la voix rauque. La garce sera fouettée comme une Jeanneton.

La paille était sale et puante. Jambes gainées de laine noire dans les broderies des jupons, Ulla se débattait avec une rage endiablée. La colère de l'homme tournait au jeu. Il tenta de plaquer la jeune fille le nez sur la paille et de la trousser pour une fessée. N'y parvint pas. Brusquement Ulla le mordit au doigt.

Dans la seconde douleur qui suivit, il jura et ferma les yeux. Les rouvrit pour voir la fille s'enfuir, les che- veux croulants, tandis qu'un hennissement, un aver- tissement plaintifs s'élevaient dans l'ombre des stal- les. Entre la jument mettant bas, et la fille à fesser, le hobereau n'hésita pas. C'est à la naissance d'un poulain noir que la seconde fille du pasteur de Varde évita la honte d'être troussée par un paillard, un matin d'un automne mauve, dans une écurie.

Terre de lacs, de rêve, de sagesse et de mythologie, le Danemark, à la fin du siècle dernier, n'offrait pas l'opulence et le modernisme dont il est aujourd'hui l'image exemplaire. La partie centrale du Jutland, en particulier, n'était que landes et bruyères désertiques sous une course de nuages dans des ciels d'opale. Pas

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de routes, peu de troupeaux, pas de cultures ; une grande misère et une grande attente.

Ulla dévala cette lande grise comme si le baron et son chien-loup la poursuivaient. Le ciel s'éclairait par touches légères, ses nuages fuyant comme un troupeau blafard. Mon Dieu ! Comment Margrethe, fille de pas- teur, élevée dans un milieu de si grande foi et de si charmante innocence avait-elle pu tourner à la déver- gondée ? Comment en avertir le père ? Trois ans plus tôt, la mort de la mère avait profondément désorganisé la maison ; le pasteur et ses filles en restaient meurtris jusqu'à chavirer au plus intime de leur sensibilité : le pasteur délaissait son apostolat pour s'enfouir dans une étude sur le théologien et poète danois Grundtvig ; Margrethe, la jolie caillette aux yeux verts, jusque-là timorée, se laissait aller à la sensualité la plus désho- norante et Ulla devenait acide.

Le village était fait d'une vingtaine de maisonnettes alignées dans les mêmes petits jardins de choux rouges que des fagotins protégeaient des bourrasques. Des poules errantes, des grognements de porcs, des vieilles sous des coiffes datant de Luther... Les hommes tra- vaillaient à une carrière à quelques kilomètres de là.

Pour se nourrir, ils avaient ces choux rouges, ces squelettiques volailles, et, merci mon Dieu ! le ruis- seau le plus poissonneux du monde où s'égaraient des saumons venus des anses du Limfjord.

— Hep ! Mademoiselle Ulla ! Le pasteur a dû oublier qu'on doit enterrer le vieux forgeron, à dix heures !

Seigneur ! Qui pensait à ce pauvre mort dans l'in- convenante agitation des vivants ! Même pas le pasteur penché sous l'abat-jour et ravi comme un bienheureux dans les abstractions métaphysiques de l'évêque-phi- losophe dont il était le biographe. Ulla pénétra en tempête et s'immobilisa devant son père, le regard flambant.

— Pasteur ! Vous avez mieux à faire qu'à parlemen-

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ter avec un évêque mort. Vous oubliez qu'on enterre le vieux Larsen dans dix minutes et vous n'avez rien préparé de l'attirail funéraire. Vous n'êtes pas aposto- lique.

Et puis, plus doucement :

— Une ennuyeuse nouvelle, papa : j'ai bien peur que Margrethe n'ait fait une bêtise. Je l'ai vue s'enfuir à l'aube chargée d'un gros sac de voyage.

— A l'aube ? Avec un gros sac de voyage ? Mais où allait-elle ?

— Très certainement rejoindre à la gare ce voyou de Waldemar von Berg et prendre avec lui le train pour Aarhus. Ils ne se quittaient pas depuis deux mois ; tout le village le voyait, sauf vous.

Ulla recula, recula et vite referma la porte pour ne pas voir le désarroi du pasteur. Dans la chambre de Margrethe, bonbonnière encombrée de niaiseries à l'image de la jolie fille qui avait grandi là, un billet était épinglé sur le satin de l'édredon. D'une écriture appliquée, Margrethe y avait écrit sa détermination de suivre Waldemar à Aarhus puisque la mère de celui-ci refusait son consentement au mariage. Ils se marie- raient discrètement là-bas.

La lettre au bout des doigts, Ulla se sentit terrassée.

Ce qui se dégageait de plus net, dans cette fugue, c'étaient la sottise et le scandale de demain. Mar- grethe était un gros poussin, une chatte enivrée, une ineffable et consternante idiote, mais sans son rire, ses chatteries, ses sottises, la maison serait un tombeau !

« Nous confions son corps à la terre, terre à la terre, cendres aux cendres, poussière à la poussière », réci- tait le pasteur d'une voix chavirée. Le vent battait les roseaux qui enfermaient les tombes des barons et aussi les robes des bonnes femmes. Ulla, visage pen- ché, serrait ses paupières sur des images qui n'avaient rien à voir avec le cimetière, si ce n'est qu'elles étaient un orgueilleux et voluptueux défi à la croix et aux

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pauvres morts : une fille à la crinière flambante, accrochée au bras d'un baron, traversait la Store Torv en se laissant bécoter les lèvres. Ils entraient dans le hall de l'Hôtel Royal...

« Car l'homme marche dans une ombre vaine ; il accumule les richesses, mais sait-il qui les moisson- nera ? »

L'importance de l'église était curieuse étant donné la pauvreté des masures. En granit et vitraux, presque altière, elle dominait un très petit village. Elle était aussi historique, mais qui se le rappelait ? A moins d'une vingtaine de kilomètres, Silkeborg, petite capi- tale provinciale, avait joué un certain rôle à l'époque de la puissance des évêques. Son superbe palais épis- copal était, au XV siècle, avant la Réforme, une pépi- nière de jeunes prélats et une raison de richesse pour la région. Si bien qu'à Varde, notamment, un couvent de Dominicains avait donné alors une grande anima- tion au village. Seule, l'église était restée. Avec Luther et les transformations de l'Eglise danoise, ce fut la fin des abbayes et la fin de Varde.

— Père, il faut faire quelque chose.

— Naturellement nous devons faire quelque chose.

— C'est-à-dire que vous devez aller parler à Mme von Berg.

— Là, ma petite, ce sera vain. Dans ce genre d'af- faire, les garçons ont tous les droits. Margrethe a vingt et un ans ; la baronne me le signifiera avec morgue et condescendance.

— Vous parlerez plus haut qu 'elle. Vous êtes son pasteur.

— Je ne puis parler plus haut qu'elle car elle aura indéniablement raison.

— Son devoir est de rappeler à son fils de se conduire en homme d'honneur.

— On ne peut rien espérer de ces deux derniers von Berg : des jouisseurs et des brutes.

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— En conclusion, vous allez laisser se damner votre fille.

Le pasteur rentra les épaules. Ulla lança avec une telle force une bûche dans le foyer qu'un feu d'artifice partit des braises. Fille de chansons et de rires, grande bouche à mordre, tâches de rousseur sur un nez de bébé, réalisme et tendresse, tendresse et sensualité, Ulla était fleur danoise, superbement.

A toutes les saisons, sur cette lande, le ciel parais- sait pantelant. Nuages battus, bruyères battues, battue la fille qui marchait d'un pas furieux vers la maison des barons. Ignorant le respect peureux, Ulla avait décidé de se charger elle-même de la défense de Mar- grethe auprès de la baronne Eléonore. C'était une dame veuve et pieuse, mais redoutable. Femme de tradi- tions et de grande vertu. Il y avait du Prussien dans cette famille, mais cela remontait très loin.

Ulla s'immobilisa tout à coup en apercevant une forme humaine sur les bruyères. Immense, bras en croix, probablement un mort. Ce mort se souleva un peu et fit un signe. Ulla d'abord circonspecte s'élança dans sa direction.

— Helge ? Helge von Berg ? Mon Dieu que faites- vous couché sous cette glaciale petite pluie ?

— Une défaillance... J'ai marché trop vite... Toujours le cœur...

La silhouette était immense dans une houppelande de trappeur, en fourrure d'ours blanc, mais verdâtre le visage. Un Maure, un émir de légende égaré en Scandinavie, probablement un grand malade.

— Une petite crise... Chance que vous passiez par- là !

— Que puis-je faire ? J'allais justement rendre visite à votre mère.

Ulla se mit à genoux. Ce promeneur terrassé à l'œil débordant de détresse était le fils aîné de la dame de

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là-haut ; un monsieur, le seul baron, le seul aimable, le seul qui n'eût pas un teint et une santé de Viking.

La jeune fille posa sa main sur celle grise et racée qui semblait l'attendre. Le baron Helge sourit un peu.

— Bénédiction de vous voir surgir comme un ange sous ce ciel de fin du monde ! Ulla, vous voudrez bien dire au jardinier de venir avec la voiture... J'étais bien, en partant de la maison, mais j'ai marché trop vite.

La bourrasque...

Il ferma les yeux, les rouvrit, fit l'effort de porter la main de Ulla à ses lèvres.

— Merci Ulla, chuchota-t-il.

Ulla fut remuée par cette douceur épuisée et se mit à courir vers le domaine de Lidarende. Helge en était propriétaire de la maison et du parc tandis que la triste lande appartenait à ses frères, arrangement de famille découlant moins de complexités juridiques que de la préférence manifeste des grands-parents pour cet aîné affectueux et mal portant. Aucune affinité entre les frères ; aucune mésentente non plus, car Helge vivait à part, dans une partie du rez-de-chaussée, servi par un vieux domestique. Sa famille ne voyant en lui qu'un mort en sursis, le traitait avec une pitié à peine voilée, qui lui tenait lieu de tendresse. Jadis, les filles du pasteur avaient joué aux quilles et tourné dans des bals d'enfants avec les garçons de là-haut, mais vite il était apparu que les cadets n'étaient plus fré- quentables, alors que Helge devenait un monsieur res- pectable et lointain.

La masse trappue, granitique de Lidarende domi- nait de partout le désert des bruyères : elle était un vaisseau échoué, couleur de vase et de vert-de-gris dans l'étendue d'un rose plus ou moins ardent, plus ou moins fané de la lande. Saisissante, de toute façon.

Ulla renifla le parfum balsamique des sapins et tra- versa l'allée d'un pas décidé, combatif. Quelques mai- gres soucis dans les festons bordant les massifs nus.

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A l'une des fenêtres du premier étage une main écarta discrètement un rideau. Ulla savait quelle était cette main et savait que son arrivée était épiée.

Trois marches de perron, une porte gothique dont le marteau était une grenouille en fer forgé, et la porte s'ouvrit sur l'apparition d'un bossu enfilant une veste...

— Mademoiselle Ulla Sorensen ! La bonne sur- prise !

Dans une pénombre de bronze, Ulla admira respec- tueusement un bahut allemand, un miroir géant et deux fauteuils de haute époque. Etait-ce aristocrati- que ou profondément déprimant ?

— Je viens de rencontrer M. Helge dans la lande.

Il se sent très souffrant et demande qu'on lui envoie la voiture.

— Oh ! Mon Dieu ! Oh ! Mon Dieu !

Le vieux disparut, bras levés, tandis que sous la panoplie des mousquetons de musée, apparaissait une silhouette en grand deuil. Un peu chevaline, morose, bruissante de tous ses taffetas, c'était la baronne Eléo- nore. Indéniablement grande dame mais dès le pre- mier regard, redoutable.

— Que dites-vous, Ulla ? Que se passe-t-il ?

— Bonjour, Madame. Je montais justement chez vous pour une affaire dont je vous parlerai plus tard, lorsque j'ai aperçu un homme couché dans la lande.

C'était Helge. La marche et le vent l'ont tellement éprouvé qu'il n'a plus la force de revenir à pied.

— Oh ! Le pauvre garçon ! Quelle imprudence de sortir un jour de grand vent ! Thomas, faites vite atteler... Emportez le plaid vert. En dehors de cela, qu'aviez-vous à me dire, ma petite ?

La baronne considérait Ulla avec une amabilité condescendante. Une méfiance traversa néanmoins son regard d'agathe dont la fixité devait être insoutena- ble quand elle s'attardait.

— S'agit-il d'une quête pour le village ?

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— Non, Madame. Il s'agit de l'enlèvement de ma sœur Margrethe. Votre fils Waldemar l'a entraînée à Aarhus. Mon père est terrassé...

Mme von Berg avança le cou. Prodigieusement éton- née, un petit rictus sur la lèvre.

— Et vous voulez me faire croire que mon fils a enlevé Margrethe ! C'est de la plus haute drôlerie, ma fille. Croyez-moi, Waldemar est incapable d'un effort pareil. Il faut que la jeune personne s'y soit complai- samment prêtée. A moins qu'elle n'ait elle-même mené l'aventure. En quoi puis-je vous être utile dans cette sotte affaire ?

— Cette sotte affaire s'appellera « scandale » sans tarder. Je sais bien que tout est permis aux garçons, particulièrement aux fils de famille, néanmoins, pour l'honneur même de Waldemar, vous devriez...

Elle allait conclure avec simplicité : « Les marier », mais sentit qu'il y aurait une maladresse dans cette abrupte suggestion. Sentit aussi dans le regard et le silence de la baronne une interrogation aiguë : « Cette petite parle net. Doit être pétrie de révolte. Une anar- chiste. Rien de la sottise d'oiseau de sa mère, la défunte Martha, et du respect timoré du pasteur. Se méfier de cette gamine là ! » Mme von Berg leva lentement sa main maigre pour lisser son chignon.

— L'honneur de Waldemar, ma petite, ne sera pas atteint parce que cette sotte sans pudeur vivra avec lui en dehors du mariage. Un jeune homme du monde traîne toujours quelque midinette dans sa vie d'étu- diant.

— Margrethe est fille de pasteur ; elle n'a rien de la midinette, Madame, je...

La baronne leva la main. Main d'ivoire et d'os, sans diamant.

— Pour sauver la respectabilité de la famille de notre pasteur, je veux bien m'interposer, dit-elle d'une voix morose, un peu nasillarde. J'écrirai à mon fils.

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— Merci, dit Ulla sans conviction.

Elle fit une brusque révérence et descendit en cou- rant les marches du perron.

— Mademoiselle, savez-vous si M. Helge avait sur lui sa pelisse d'ours ?

— Oui, Thomas : une houppelande de Père Noël.

— Et sa boîte de pilules-miracle ? Elles prévien- nent les crises et les amoindrissent.

— Je ne sais pas, Thomas. Il faut se hâter.

La voiture s'engagea sur un chemin depuis si long- temps balayé par les bourrasques qu'il n'était qu'une piste grise. Dès qu'elle dut l'abandonner pour rouler sur le tapis enchevêtré des bruyères et des buissons griffus, l'avancée de la berline ne fut plus possible.

Ulla et les deux hommes l'abandonnèrent. Ils trou- vèrent Helge von Berg assis frileusement dans les touf- fes blêmes des ajoncs, sa houppelande d'ours des neiges lui donnant un air de prince échoué. Il y avait bizarrement de l'Arabe dans ce visage de Viking dou- blé d'apport prussien. Une vieille rêverie, une précoce usure. Cependant une gaieté l'éclaira lorsqu'il vit Ulla accourir vers lui, pèlerine au vent, comme si elle volait vers l'amour. Cette créature de saga et sa bou- che à damner les saints vint s'abattre sur la peau d'ours étalée.

— Ah ! Je vous retrouve sourire aux lèvres ! J'étais extrêmement inquiète.

— Merci, Ulla. C'est à vous que je dois d'être si vite sorti de ma crise. Véritablement mon anxiété a fui dès que je ne me suis plus senti perdu comme un bébé dans ce désert buissonneux. Lamentable aveu, n'est-ce pas ?

— Sympathique aveu. Pourrez-vous aller jusqu'à la berline ?

— Oui. Mes deux vieux m'aideront. Pourrai-je aller vous remercier un jour prochain ?

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— Non pas me remercier mais bavarder. Nous en serions heureux, mon père et moi.

— Eh bien, c'est entendu. Peut-être à demain.

Il était très maigre et très long. Ses yeux de kalife malade en contemplant Ulla avaient l'air de faire une découverte. Cette petite, ce « Troll » délicieux, il la connaissait depuis l'enfance ! Et il n'avait jamais remarqué sa blondeur fauve, le mélange de tendresse et de sensualité de la bouche. Moins charnue et capi- teuse que sa sœur Margrethe mais d'une personnalité tellement plus exaltante ! C'était une fille à vous illu- miner l'univers condamné.

Helge von Berg sortit de sa brève méditation pour boutonner lentement le col de sa houppelande. Ulla lui sourit et repartit, traînant le pas.

— Père, toujours dans vos écritures et votre phi- losophie ! Ecoutez-moi : je suis allée parler à la baronne.

— Mon Dieu, ma fille, as-tu été correcte ?

— Là n'est pas l'important. Elle m'a promis, du bout des lèvres, d'écrire à son sacripant de fils, mais je n'augure rien de son initiative. Elle nous méprise.

En revanche, j'ai eu la chance de rencontrer le baron Helge échoué dans la lande et de lui rendre service.

Il nous rendra visite, nous discuterons de la triste affaire avec lui.

— Merci, mon Dieu ! dit le pasteur ranimé.

— Merci de quoi, je vous le demande ! Helge est si malade qu'un oiseau le renverserait. Que peut-il exiger de Waldemar ? En attendant une quelconque solution, laissons croire au village que Margrethe est partie pour quelques jours chez Bodil Jacobsen. — Qui est Bodil Jacobsen ?

— Une amie de pension : cette boulotte qui est venue à Noël, il y a trois ans. Père, votre barbe est

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mal taillée. Sortez donc de vos écrivasseries ; ne vivez plus comme un vieux rat dans les grimoires.

A la fin de l'après-midi, à l'heure d'allumer les lam- pes, l'instituteur du village apparut dans l'allée suivit d'un groupe d'inconnus.

— Bonne nouvelle, Monsieur le pasteur ! Les études et les décisions concernant le défrichement de la lande se concrétisent. Il ne s'agit plus d'espoirs mais de réalité. Ces messieurs sont des conseillers agricoles venus d'Aarhus et même de Copenhague. — Nous entrons dans le domaine des réalisations techniques les plus audacieuses ; votre village va s'humaniser, se moderniser, Monsieur le pasteur.

Il y avait là trois hommes bavards et un quatrième silencieux qui fut présenté comme professeur d'agro- nomie, ingénieur, conseiller agricole, animateur des discussions dans les cercles d'études des milieux ruraux.

— Beaucoup de titres sympathiques, dit le pasteur souriant.

— Et beaucoup de générosité, de foi, de chaleur humaine, d'entrain au travail, assura l'instituteur. Le professeur est vraiment l'animateur qui entraîne et galvanise.

Le jeune professeur sourit et remercia.

— Alors, Messieurs, quand commencera le défri- chage de la lande ? questionna Ulla avec ardeur.

— Très vite. Nous allons dès demain rendre visite, pour en discuter, aux propriétaires de ce désert de bruyères. Vous paraissez intéressée par l'événement, Mademoiselle ?

— Passionnément. D'abord parce qu'il n'y a ici aucune raison d'intérêt, ensuite parce que l'idée de voir ma campagne nue se remplir d'ombrages et de terres à pommes de terre, est exaltante.

— Heureux de votre enthousiasme, dit le profes- seur en souriant à Ulla.

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La voix était chaleureuse. Le regard gris de pluie ; Ulla se sentit extrêmement excitée par l'importance de l'événement.

— Quel miracle du ciel et quel génie de l'homme sortiront le Jutland de sa misère ? s'écria le pasteur sur un ton prédicant.

— Je crois plus à l'homme qu'au ciel, Pasteur, ceci dit sans vous offenser. Dites-moi, avez-vous idée de la façon dont nous serons reçus par Kristian von Berg ?

— Mal, dit Ulla nettement.

— Les von Berg ne sont ni modernes ni humani- taires, dit le pasteur avec plus de modération. Leur fortune est médiocre. Derrière la maison ils ont un petit champ d'orge pour les chevaux et quelques car- rés de légumes. Je doute qu'ils vous cèdent la lande sans un important dédommagement.

— Alors on la leur prendra. Pasteur, il s'agit ni plus ni moins de révolution.

Helge von Berg apparut dès le lendemain, descen- dant avec précaution d'un vieux break au tortil effacé.

« Il a vingt-sept ans et il se voûte comme un vieux », pensa Ulla en avançant à sa rencontre.

— Bonjour Helge ! Il me semble que votre œil et votre teint se sont éclairés.

— Je me sens bien, mais je me sens aussi honteux du spectacle que je vous ai donné, Ulla : la fée des bruyères penchée sur un jeune vieillard malade.

— Un vieillard qui n'a pas trente ans ! Mon père n'a pas dû entendre la voiture : il est toujours perdu dans la philosophie de Grundtvig.

Helge regarda autour de lui dans la petite pièce rougeoyante, banalement meublée, et sourit.

— Rien n'a changé dans ce salon où je venais enfant avec ma grand-mère. Rien n'a changé, sauf vous.

Son regard enveloppa Ulla d'une admiration à la fois innocente et sans équivoque. Ulla en resta silen-

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cieuse, frappée d'une vague compréhension : Helge von Berg, le baron, s'était-il brusquement découvert un sentiment pour elle, à la faveur d'une rencontre dans la lande ? Possible ! Il vivait retiré, sa famille se gar- dant bien d'inviter des jeunes filles à Lidarende et nul n'en ignorant le pourquoi.

— Vous êtes devenue très jolie, Ulla. Mieux que cela : très séduisante.

— Merci, Helge. Voilà le premier compliment mas- culin que je reçois. Depuis combien de temps ne nous étions pas revus ? J'avais treize ans, lors de la der- nière fête d'enfants donnée à Lidarende par votre grand-mère. Votre frère avait attaché mes tresses au barreau de la chaise et riait comme un ogre. Je l'avais giflé.

Ulla s'assit sur le bras d'un fauteuil, n'y resta pas, tourna autour de ce fauteuil avec agitation.

— Helge, il nous arrive un malheur.

— Je sais. Ma, mère et Kristian m'ont tenu au courant.

— J'ai le sentiment que l'un et l'autre ne se sen- tent pas concernés par cette odieuse affaire. Bien sûr, la faute de Margrethe est impardonnable, mais il ne serait pas juste d'oublier la responsabilité de Walde- mar.

— Je ne l'oublie pas, moi, Ulla. J'ai écrit immédia- tement à mon frère en lui intimant l'ordre de remet- tre Margrethe dans le train de Silkeborg. Je crois que le pasteur devrait se rendre à Aarhus.

— Il aurait dû en effet se précipiter dès le soir même. Helge, je m'excuse d'avoir à vous dire que vos frères sont de vilains oiseaux.

— Je sais, Ulla, je sais. Croyez qu'ils ne sont pas mes amis. Tout me choque dans leur nature ; je ne me mêle pas à la vie de famille. Ils sont des hommes de granit, je suis un mal portant... Il paraît que vous avez fait irruption hier matin à l'aube dans l'écurie ?

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— Oui, je pensais avec une sotte naïveté que votre frère allait s'élancer à cheval à la gare de Silkeborg pour empêcher le départ de Margrethe... J'espère ne plus avoir à me trouver en présence de Kristian von Berg. C'est une sombre brute. Il m'a renversée dans la litière fangeuse des chevaux et il... Bon ! Je préfère ne pas insister sur ses intentions.

Helge eut un sursaut et parut intensément malheu- reux.

— Je vous demande pardon de ce qui a pu se pas- ser, dit-il d'une voix rauque.

— Oh ! Croyez qu'il ne s'est rien passé d'offensant, car je serais remontée une heure plus tard avec le fusil. Néanmoins, je me suis vue dans l'obligation de lui sectionner à demi un doigt pour pouvoir m'échap- per.

Le pasteur poussa la porte et pénétra en bouton- nant hâtivement son veston trop étroit.

— Helge ! Quelle bonne surprise ! Je ne vous vois jamais seul. Ma fille vous a-t-elle mis au courant de notre abominable épreuve ? Quel conseil pouvez-vous nous donner ?

— De partir immédiatement à Aarhus, Monsieur. Si je n'étais pas mal portant ces jours-ci, je l'aurais fait moi-même. Vous avez un train mardi.

Deux heures plus tard, Helge était encore enfoncé dans la bergère verte. Et heureux. Ulla servit le thé, alluma les lampes, écouta des propos savants tout en s'amusant intérieurement d'une certaine ressemblance entre ces deux hommes : même enfantine innocence devant les problèmes humains, même fuite devant les réalités, même lâcheté. Ce n'est pas d'eux que vien- draient les initiatives pour ramener Margrethe, la pécheresse. Néanmoins, avec l'apparition de Helge dans leur solitude, Ulla se sentait affermie. Elle pres- sentait, elle savait qu'elle avait en lui dès ce premier jour, non seulement un ami mais une indéfectible ten-

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dresse. Elle croisa son regard lent et doux, la fixant.

— Puis-je revenir pour être au courant de ce qui se sera passé à Aarhus ?

— Pour cela et je l'espère aussi pour le plaisir de l'amitié, dit le pasteur. Peut-être vivez-vous trop confiné, mon garçon.

Ulla raccompagna le jeune homme jusqu'au che- min. Au passage, elle cueillit le dernier souci frileux de l'allée et le planta dans la boutonnière de son par- dessus. Helge remercia d'un sourire. Un sourire de bienheureux.

— Merci, Ulla. Vous ne pouvez savoir de quel prix est pour moi votre gentillesse.

Il s'immobilisa, la main sur le portillon de bois.

— Une question : Ulla, êtes-vous heureuse ?

— Ma réponse demande réflexion. Je répondrai que je suis parfaitement équilibrée, agitée, curieuse de tout. Et d'une bonne humeur danoise que rien ne démonte.

— Tout cela est raisonnable. Le bonheur a d'autres exigences à vingt ans. Ulla, êtes-vous amoureuse ? Avez-vous un fiancé ?

— D'où aurait-il surgi ? Un farfadet de la lande ? Voyez-vous, notre solitude est assurément la raison de la folle escapade de Margrethe. Il y a eu, certes, un coup de passion, mais il y a eu aussi la peur de l'ave- nir. Margrethe n'a pas ma solidité. Elle est un gros bébé gourmand, une belle colombe. Son absence com- mence à nous dévaster.

Ulla baissa la tête d'un seul coup, serra les lèvres et les paupières. Une main lui caressa les cheveux ; une voix chuchota une proposition extraordinaire :

— Je tiens à vous dire ceci, ma chérie : si un jour vous vous sentez prise de désespoir, si vous avez besoin d'un ami, et plus encore, d'un mari, sachez que je suis là. Mal portant, c'est vrai, mais profon- dément amoureux.

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Tout ceci lancé d'une voix faussement sereine, émo- tion et passion contrôlée. Ulla releva la tête.

— Helge, demanda-t-elle suffoquée, voulez-vous pré- tendre que vous avez un sentiment pour moi ?

— C'est en effet ce que cela veut dire.

— Nous sommes restés des années sans nous par- ler et pratiquement sans nous voir en dehors des salu- tations et des politesses au sortir des offices...

— Disons qu'il ne m'aura fallu qu'une heure pour flamber. Je n'insisterai pas, mais je vous demande de réfléchir.

Ulla s'appuya à la barrière, le menton contre son bras, stupéfaite. Helge gagna le chemin sans se retour- ner ; le vieux break s'ébranla, cahotant sur les cailloux, gagna l'orée de la lande où il disparut dans un lac de brume, une irréalité qui était comme la préfiguration d'un avenir. Ulla se détacha de la barrière ; un oiseau blanc, immense et maladroit survola le clocher, s'y engouffra, après quoi il n'y eut plus un mouvement, plus un bruit.

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I I

C MEME EQUIPAGE DE Lidarende s'arrêta encore le lendemain devant le jar- din de la cure. Ce ne fut pas Helge qui en descendit.

Apparut d'abord le pan brunâtre d'un manteau de

femme, puis la bottine résolue de la baronne Eléonore

sous une épaisseur de taffetas bruissants. L'apercevant derrière le carreau, Ulla courut prévenir le pasteur d'avoir à passer un habit convenable et s'avança à la rencontre de la châtelaine en lissant ses cheveux. La dame donnait des instructions à Peter, le cocher-jar- dinier. Voix sèche, tintante où ne perçait pas la moin- dre chaleur. tourte. Chez la vieille Christel à laquelle vous donnez mon paquet, enfin vous faites vérifier les fers du cheval... Bonjour, ma petite. continuant à parler dans le vent. Sa cape violette gan- sée de jais, enflée de vent, lui donnait l'air d'un albatros monstrueux. Néanmoins, elle était une grande dame. Beaucoup d'allure. Très peu danoise de tempé- rament. Elle marchait toujours très vite avec une — Mme von Berg dépassa Ulla et traversa le jardin en Vous vous arrêtez chez le boulanger pour la

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fougue galvanisée par on ne savait quelle mécanique intérieure. Et, lorsque le pasteur fut devant elle, tou- jours avec la même précipitation agacée, sans prendre le temps d'un préliminaire, elle se lança dans le sujet qui l'amenait.

— Vous savez pourquoi je viens, cher Monsieur Sorensen. Il est grand temps que nous prenions nos décisions, et, quand je dis « nous », c'est pour mar- quer l'intérêt déférent que je porte à l'homme d'église, car moi, n'est-ce pas, je ne suis en rien concernée par l'indécente aventure de votre fille. Mais il faut abso- lument éviter le déshonneur sur le représentant de notre chère Eglise.

— Madame, je...

— Vous avez été un déplorable éducateur, Pasteur.

Dé-plo-ra-ble !

Ulla, appuyée à la porte, écoutait, prête à l'explo- sion. Elle considéra son père, espérant un sursaut, une indignation. Rien. D'un œil myope et perdu, il fixait la fenêtre ; il avait l'air de compter les nuages. La baronne parla longtemps sur un ton à la fois prédi- cant et d'une sollicitude hautaine. « Il n'y a pas un mot qui ne soit une insulte », pensa Ulla. Elle se détacha de la porte et vint s'asseoir sur le bras d'un fauteuil.

— Il faut sauver la face ! cria tout à coup la baronne d'une voix si aiguë que le pasteur descendit des nuages et considéra cette dame assise au bord de la bergère, avec une sorte de terreur sacrée.

— Oui, murmura-t-il apeuré, oui, bien sûr. Sauver la face, tout est là !

Ulla renversa la tête et se donna l'ordre de ne pas éclater de rage.

— Je pense, dit-elle d'une voix assourdie par la contrainte, que la mère de Waldemar a autant d'in- térêt que le père de Margrethe à ne pas laisser éclater le scandale. Car le premier cri des gens du pays, qu'ils

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Achevé d'imprimer sur les Presses de l'Imprimerie Cino del Duca, Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). Dépôt légal : 4 trimestre 1974.

N° d'impr. : 162 N° crédit. : 3 512

Imprimé en France.

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