POURQUOI ÉCRIRE EN PLUSIEURS LANGUES?
Lou Sarabadzic
QUEL RAPPORT AVEC
MONTAIGNE??
Latin
Italien
L’Europe et la traversée des frontières
Intérêt de la Renaissance pour
l’Antiquité et
ses grands
maîtres
AUTANT DE RAISONS
QUE D’AUTEURS
Ágota Kristóf
Julien Green
Shan Sa
Nancy Huston
Patrick
Chamoiseau
Eugène
Ionesco
Samuel Beckett
Elsa Triolet
Irene
Nemirovski
Quelques éléments de mon parcours
■ Partie en territoire anglophone depuis 11 ans…
■ … pour des études universitaires et enseigner à la fac
■ Me suis mise à la traduction, comme beaucoup d’émigré.e.s, sans m’en rendre compte
■ Ai vécu en Irlande, en Écosse, en Angleterre
■ Ne m’étais jamais dit: « je serai autrice dans deux langues », mais c’est venu naturellement.
■ Si je pratique l’auto-traduction, il y aussi des genres où ce que j’écris est très différent suivant la langue choisie, car je n’y cherche
sûrement pas la même chose. Exemple: la poésie.
LANGUE, PENSÉE ET
ÉCRITURE
■ Question de la transmission
(culturelle et familiale)
■ Une nouvelle enfance:
"Écrire dans une autre langue, c'est comme choisir ses parents."
(Au lieu du péril de Luba Jurgenson, Verdier,
2014, p. 88)
■ Temporalités: Un langue adulte
"On doit traduire vers sa langue maternelle, c'est la règle. Ce qui me manque quand je
traduis : les choses de l'enfance. Mon français n'a pas d'enfance, c'est une langue née adulte.
Pas de petites locutions familiales, pas de
jargon scolaire, pas de séjours à la campagne ni à la mer, riches en locutions du cru, pas de grand-mère qui m'aurait récité des contes.
Toute une vie antérieure inventée, à rebours."
(Au lieu du péril de Luba Jurgenson, Verdier,
2014, p. 98)
Le choix d’une langue étrangère: être à la fois plus libre et plus contraint.e, limité.e
Langue maternelle
■ Enfermée dans une certaine histoire littéraire et personnelle, une certaine affectivité
■ Maîtrise plus grande des éléments linguistiques, légitimité affirmée
■ Vaste socle de références
■ Peut diviser l’individu dans son quotidien
Langue d’adoption
■ Réécrire son histoire
■ Entre la répétition de formules
apprises par cœur (l’ultra cliché) et la faute grammaticale obligée
■ Se savoir, avant même d’avoir commencé, en déplacement
■ Réapprentissage du langage:
portée poétique. S’admettre apprenant.
■ Quotidien moins divisé
DE QUELQUES IDÉES
REÇUES SUR LE
MULTILINGUISME
La différence entre langue et territoire
■ « La diversité des langues est bien plus grande que la diversité des États. »
Ranka Bijeljac et Roland Breton, Du langage aux langues, p. 75.
■ Cas français: standardisation
■ Jean Sibille, dans « Les langues régionales » (Flammarion, 2000),
propose de parler plutôt de « langues
autochtones dominées » (p. 6)
La majorité de la population (et des pays) est plurilingue
■ Privilège, hiérarchie et colonisation:
quelles langues officielles/enseignées?
■ Langue de l’immigré.e (pas forcément écrite)
■ Élite: de la nécessité au souhait
■ Diglossie, bilinguisme actif
Être bilingue ne veut dire ni « parler sans accent », ni « parfaitement »
■ "Contrairement à ce qui est communément affirmé à son sujet, le bilingue n'est pas un locuteur qui a une maîtrise élevée de ses deux langues. Bien sûr, certains bilingues relèvent du statut de cette
catégorie qui reste néanmoins minoritaire. Le statut de bilingue ne provient pas du niveau de la performance accomplie et tout
particulièrement l'absence d'accent. Cette conception est un mythe qui a la vie longue. C'est l'usage des langues qui définit le bilingue et cette définition large est maintenant standard. Les bilingues sont
divers et, le plus souvent, l'efficience dans leurs langues respectives dépend de leurs besoins cognitifs, communicatifs et plus largement sociaux et sociétaux."
("L'Acquisition de plusieurs langues", Michèle Khail, PUF, 2015, pp. 3-4)
À l’oral, l’obsession de l’accent
■ Il n’y a pas de langue « sans accent »
■ Mais enjeu pour l’immigré.e:
■ "En arrivant à Paris, je parlais français avec un petit accent. On me demandait d'où je venais. Je me suis acharnée à le perdre afin que cette question ne puisse jamais être posée. Je choisis à qui je raconte d'où je viens.
[...]
Garder un accent, c'est comme ne pouvoir jamais refermer
complètement la porte de sa chambre: tout le monde peut s'y introduire.
Je tiens à pouvoir vivre la porte fermée." (Au lieu du péril de Luba Jurgenson, Verdier, 2014, p. 16)
LE POINT DE VUE DE LA TRADUCTRICE
Une évidence, un travail
Predictedprose.com
Telpere.com
LE POINT DE VUE DE L’ÉDITRICE
Promouvoir l’ouverture d’horizons littéraires
Les textes publiés
L’équipe d’Asymptote
LE POINT DE VUE DE L’AUTRICE
Un laboratoire constant
Premier statut Facebook, 4 septembre 2014
■ Augmente (et pas seulement double!) le lectorat
■ Hégémonie de l’anglais (première langue seconde mondiale et non maternelle) sur les réseaux sociaux
■ Utilisé en atelier d’écriture – Cours bilingues
– Français langue étrangère
S’amuser, expérimenter: le cas Beckett
■ « J’ai demandé un jour à feu Alex Trocchi à quoi ressemblait le
français de Beckett, que mijotait-il et pourquoi écrivait-il en français alors qu’il se débrouillait si bien en anglais?
‘Sam se paye la tête de la langue française’, a répondu Trocchi.
Les noms de famille irlandais ont l’air déplacé dans le texte
français – Malone, Macmann et Molloy, perdus dans le rhume et la myrrhe de tout ce qui est français. Mais pas plus étrange que ce que Beckett lui-même ressentait en tant qu’intellectuel solitaire protestant évangélique au milieu de catholiques amateurs
d’antiquités et fanatiques. »
Samuel Beckett d’Aidan Higgins et John Minihan, Traduit de
l’anglais par Bernard Hœpffner avec la collaboration de Catherine Goffaux, Anatolia, 1996, p. 13.
La cantatrice chauve d’Ionesco
Thème de la langue dans mes
publications monolingues
Jeux oulipiens sur Twitter
Multilinguisme en poésie
Lorem Ipsum – All Languages Are Foreign
[à paraître dans The Interpreters’ House. Poem created using the Générateur de texte aléatoire http://enneagon.org/phrases and the International Phonetic Alphabet translator app French Phonetic Transcription by Abanob Albert]
fʁagmɑ̃z ; e mɔ̃ ami sə diʁiʒa paʁ la.
ne o boʁ d’œ̃nø fɔsø sɑ̃glɑ̃t, lə vizaʒ ɑ̃ mɛʃø platz‿e mol, bʁokoliz‿ɑ̃ʃwa kɔm ɛ̃fajibləmɑ̃ loʁ də sə lɔ̃ vwajaʒ, kɔmisɛʁ, ʒ‿ɛ ʁəsy ynø bal ɑ̃ plɛ̃ fʁɔ̃t.
yn kolɛʁ u lɥizɛ ynø ʒwae. tʁebyʃɑ̃t,
la malœʁœzø, bloke, pɑ̃dyz‿oz‿aʁsɔ̃, fit neɑ̃mwɛ̃ dɛsɑ̃dʁ yn tʁasø bʁylɑ̃t
Fragments ; et mon ami se dirigea par là.
Né au bord d’une fosse sanglante, le visage en mèches plates et molles, brocolis anchois, Comme infailliblement lors de ce long voyage,
Commissaire, j'ai reçu une balle en plein front.
Une colère ou luisait une joie. Trébuchante, la malheureuse, bloquée, pendues aux arçons, fit néanmoins descendre une trace brûlante