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Sur une note du ministre de la guerre
,
concernant quelques préparatifs de guerre
,
FAIT
A L’ASSEMBLÉE NATIONALE,
AU NOM DES COMITÉS MILITAIRE ET D’AGRICULTURE,
Par M. DAMOURETTE,
Député du Département
desArdennes,
Le Février 1792 :Imprimé par ordre de l’Assemblée Nationale,
Messieurs,
Vous avez renvoyé
àvos comités
militaire^d’a-
griculture, réunis,une
note quivous
aété préfentée par le miniftre de la guerre ,concernant
quelquesMilitaire.
N°.
ap,A
^IHENEWBERRY L1BRARY
V
frontières
nommeront
fur-le-champpour
confiater fans délai , dans touteRetendue
deleur
département,
les quantités de fourrages&
paille ainfi
que
lenombre
dechevaux &
voituresexiftans
chez chaque
particulier; , .
io. Qu’ils foient autorifés, fur la requifition
mo-
tivée*des commiflaires- ordonnateurs, a
donner
les ordres néceffairespour
les quantités dechaque
ei-pèce
à fournir par diltrid, par municipalité&
parhabitant, àtelle
époque
qui fera fixee ;,o Qu’ils déterminent les prix a payer par1
adm,-
niflration
de
la guerre,pour
les fournituresde
four- rages&
paille, ainfique pour
le loyer de,voitmes
fournies à la réquif.tion des ordonnateurs ,
& que
cesprix foient acquittés , à la réception des fournitures
pour
les fourrages&
la paille,& chaque
jourpour
eLoyer
Q
S
u ^° dépen j ammen
tdu
prix de loyer desvoitures , quipourroitêtre fixé
généralement
a12
hv.pa
tour par voiture attelée de quatrechevaux,
les
four!-ages
P
foient fournis
aux chevaux, &
le painaux
charretiers, fans
aucune
retenue&
fur lememe
piedqu aux
trouPfe^ a
j m
jn
;ftratifs foient invités à concilier, dans la fixation des prix, les interets des narticuliersavec
celuidu
trelor public;pL
g°
Que
lesdépartemens
de l’interieur foient in- vités"à fournir à l’arméeun
contingentquelconque en
voitures,dont
les propriétairesrecevront
le loyerfo;t fai(.
une
effimation contradiftoire tantdeschevaux que
desvoitures,au moment
deitw
\
( 3 )
ïivraifon,
ou
fixéune fomme quelconque, du mon-
tantde laquelle il feroit tenu
compte aq
propriétaire dans le cas de perte defditschevaux ou
voitures par forcemajeure
, conflatée par des procès-verbaux authentiques.
Vos
comités, Meilleurs,ont confidéré cespropo-
fitions fous les
deux
rapports qui leur font naturels; l’un, de fïmple location, qui n’efi: autre chofe
qu’un
prêtfaitpour un temps
6c avec conventions; l’autre,
d’approvifionnement
, qui dépouille celui qui livre, de fa propriété; 8c
remarquant
ainfien
ellesdeux
caradères bien diftinds, ilsont
jugé àpropos
de les divifer.Quant
à la première , ils penfent,comme
le mi- nière de laguerre, qu’il
y
a lieu à faire le recenfe-ment
deschevaux
6c voitures dans les départe-mens
frontières, 8c à taxer le prix des charois ; ilsvoient qu’il eft impoffibîe d’acheter 6c d’entretenir
aux
frais del’Etatun nombre
dechevaux
6c voitures capable d’affurer lesmOuvemens
, 6: d’effeduer
en
touttemps
6c fans délai les tranfports denos
diffé- rentesarmées;
6c ilsaiment
à fe perfuaderque
tousles citoyens fupporteront à l’envi la privation
mo- mentanée
de quelqueschevaux,
lorfqu’ilsappren-
drontque
ce léger facrifice efl indifpenfablepour
leur propre sûreté; îorfqu’iîsfendront qu’àla guerre, lamoindre
circonftance, le pluspetit revers
peuvent changer
tout-à-coup
les difpofitions lesmieux com-
binées; qu’une
marche
forcée,comme une
retraite inattendue,
ne peuvent
s’opéreravec
avantageou
fans perte,
que
parune réunion
fubite 6c toujours allurée de fecours extraordinairesen chevaux
6c voitures, 6cque
lemoindre
retard dans les tranfportspeut expofer avec l’armée entière ,leurs vies 6c leurs propriétés;(
4
)lorfqu’jls réfléchiront
que
fi des casimprévus ne-
ceflitent fouvent
une augmentation
fubite&
conli-dérable
de
voitures&
dechevaux,
mitantd
aprespeut rendre cette
augmentation
tellement inutile ,qu’elledeviendroit
même extrêmement
onereuiepour
l’Etat, fiaprès avoiracheté,
on
étoitobligede garderles
chevaux
,faute de trouver àlesvendre
,ou
desen
défaire au plus vil prix,parce
qu’on ne
pourrait les garder; lorfqu’ilsfaurontque
fil’ondétermined avance
k
livraifonque chaque
particulier doit fournir, li l’onfixe le prixdes loyers, c’eftqu
iln
eft plustemps
dans lesmomens
de crife, decompofer &
de fairedes
marchés; &
qu’enfin la patriene
leurdemande
qu’avec de iuftes
dédommagemens
, ceque
le det- potifme exigeoit d’eux autrefois avec tyrannie&
parcorvées.
Ces
confidérations, Meflieurs,ont
portevos co-
mités à adopter,pour
la fourniture deschevaux &
voitures au fervice de l’armée , le
mode
propofe par le miniftrede la guerre; mais ilsne
fontpasdu meme
avis
que
lui fur lapropofition relativeaux
fourrages, qui leur a paru mériterune
difcufiion particulière.^
En
effet, Meflieurs,les fourrages font,comme
legrain,
une denrée, &
par confisquentun
objet .ecommerce.
D’après ceprincipe,ilfautnecexTairement adopter,pour
l’approvifionnementdes fourrages, lesmêmes
règlesque pour
l’approvifionnement desgrains;&
il feroit auffiimpolitiqueque
contraire a la libertéd’en conftater à
volonté
lesquantités,d en
forcer leslivraifons,
&
d’en fixer les prix. .Vos
comités, Meflieurs, ont calcule lesincenve-
niens qui réfulteroient d’un femblable armtra.re;&
voici quelques réflexions à ce fojet :
On ne
peutconftaterlaquantité des fourrag q dedeux
manières;ou
par les vifites domiciliaires ;)
( î )
mais la raifon
&
la conftitution les ont profentes)ou
bien par la déclaration des cultivateurs; 8c alors c’eftune
opérationvague
Sc incertaine; car n’endoqtez
pas,Meilleurs, les fourrages font la richeffe de ces cultivateurs, fur-tout dans lesdépartement
frontières : c’eft aveceux
qu’ils élèvent&
engraiftent denombreux troupeaux,
qu'ils fertilifent les terres, Sc préparent d’abondantesrécoltes.La moindre
inqu:- fition éveillera leurs inquiétudes, les rendra méfkinsSc
foupçonneux
; 8c la crainte d’être privés d’uneconfommation
qu’ils eftiment autantque
leur grain, les portera à faire de faillies déclarations.Il réfultera de-là, Meftieixrs
,
que ne
connoiîTant alorsque
partie denos
richeflesen
ce genre,vous concevrez vous-mêmes
des alarmes ,vpn
s clouterez de la poftibilité decompléter vos approviftonnemens
,
& vous
craindrez peut-être 'la difette au milieude
l’abondance; 8c forcés de procurer des fourrages par toutes fortes de voies,
vous
en verrez fehauffer extrê-mement
le prix.D’ailleurs
un
inventaire de cette efpèce entraîne des difficultés, des lenteurs; 8c ce n’eft pas àl’ouverture d: lacampagne
qu’il fauttemporifèr; c’eft lemoment
d’afturer les
moyens,
8cnon
de les calculer.Je conclus de ces raifonsy qu’il ne
peut
y avoir lieu à conftater les fourrages dans les cas ordinaires, c’eft-à-dire,pour
les premiersapproviftonnemens
;
mais il peut devenir prudent 8c utile de le faire après ces premiers
approviftonnemens
efïèdués ; 8c cettemefure
doit-être présentéecomme
précaution ,en
casd’événemens imprévus
,comme
ur£m.çyen de
s’aftlirers’ilexifte,dans tel8ctel
canton
,des fourrages,
&
fi l’on peut y porter, au befoin,un
corps extraor-dinairede cavalerie.
Cet
acte deprudence
e.ftmême
Rapport/par
M, D
amourette,A
3/
(«>
d’autant plus indifpenfable,
que
le tranfport des four- xages eftextrêmement
lent,coûteux &
difficile.Mais,
àmoins
de la plus abfolue,de laplus pref- fante nécefïitç ,on ne
peut , fousaucun
autre pré- texte, contraindreÀ
la livraifon.En
effet, ne feroit-ce pas
un
acte attentatoire à touteliberté? ne feroit- ce pasmême un
acte contraire à toute juflice ?Car
enfin,vous
n’impoferiezune
telle loi qu’aux citoyens des départemens
frontières ;ceux
desdépartemens
de l’intérieur n’y feroient pas fujets; 8cune
loi jufte doit frapperégalement
tous les citoyens. N’eft-ce pas affezpour ceux
desfrontières d’avoir à fupporterle renchériffement des objets de
confommation
, parle féjour de troupes
nombreufes
fur leur territoire , la dégradation de leurschemins
par leursmarches
les infultes
du
foldat, les incurfionsde l’ennemi?Les
forcerez-vous
encore à fe priver,malgré eux, de
leurs plus précieufes denrées , celles fur lefquelles iisfondent
l’efpoir de leur prochaine récolte ?Permettez-moi une
queftion, Meilleurs: Sivous
aviezmarqué
les fourrages d’ungrand nombre
deÎ
particuliers, fi
vous
aviezimpofé
à ces particuliers a condition devous
les livrer àune époque
fixe ,&
qu’à cetteépoque
ils fe trouvaffent hors,
d’états
de
le faire, parce qu’ils les auroientemployés
toutentiers à la nourriture de leurs befiiaux, je
vous
ledemande
, décréteriez-vous des peines contreeux
?Et quand vous
en décréteriez, votrearmée en
fe-roit-elle
moins
paralyfée? Meffieurs, cette feule ré- flexion doitvous
faire fentir l’inconféquencecomme
rinjuflice d’un tel
moyen
; mais ilm’en
refteen- core une
àvous
préfenter.Tout' le
monde
faitque
l’agriculture doit fes ac- çroiffemens à l’induffrie des cultivateurs;aufilen eft-ilpu grand nombre
qui,non-feulement confomment
(
7
)toutes leurs pailles, mais
même
en achètentencore,
tandisque beaucoup
d’autres n’ayant ni la facultéde
fe procurer des troupeaux, ni le talent de les élever^vendent
tous leurs fourrages.Eh
bien lMeilleurs
, par le
mode
quivous
ell propofé ,vous
forceriez àlivrer,celui qui ne le peut fans
une
perteextrême; &
celui qui livreroit volontiers, celuipour
quimême
c’eftun
befoin,vous
le forceriez à garder, N’efl ce pas làune
contradiction révoltante?Je n’abuferai pas de vos
momens
, Meilleurs,
pour vous prouver qu’on
ne peut taxer les prix;Il
me
fuffit devous
répéterque
les fourrages fontune
denrée,&
devous
rappeler les fages obferva-*tions qui
vous
ont étédéveloppées
par votrecomité
decommerce
, dans fon rapport fur les fubliflances.J’ajouterai feulement qu’en adoptant cette
méthode
,
vous ne vous
procureriez pas les fourrages à meil- leurmarché que
par l’achat; parce
que
les départe-mens
quien devroient fixer le prix, nemanqueroient
pas de le calquerfur les défavantagesqui réfulteroientpour
leurs admimftrés de cette livraifonforcée , à la- quelle ne feroient pas fujets les citoyens desdé- partemens
voilins.D’aprèscette courte différtation
, Mellienrs, il
vous
efl facile de juger
que
l’achat eft le feulmoyen
quiconvienne
dans cemoment pour
s’affurer des four- rages,& que
fi l’on efl contraint quelquefoisde
s’écarter des règles ordinaires, ce ne peut être
que
dans cesmomens
rapidesoù
l’on fe trouvedominé
par l’impofTibilité de faire autrement.C’efl d’après ces confédérations
que vos
comitésvous
propofent le décret fuivant:L’Affemblée nationale confidérant
combien
il im- porte,au moment où
la guerre paroît prochaine&
(8
)inévitable, d’affiner, d’unemanière certaine
& ponc-
tuelle, le fervice de l’armée ;
Confidérantqu’ilpeut arriverdes cas
imprévus où
ilFetoithéceflaire d’avoir,fur-le-champ, àfadifpofition
de nombreux
fecours en bêtes detraitou
defomme,
ôc en chariots, Sc
que
lemoindre
retarddanslescon-
vois,peut
entraîner les plus grands malheurs;Et
qu’il eft aufiîimpoffibledeprévoir lescas extraor- dinaires,que
defe procureràl’inftant l’augmentation indilpenfabledechevaux
Ôcvoitures, fans le
concours
lin
anime
des citoyens ;Confidérant enfin
que
s’ilefl quelquefois nécefïairè de conflater les quantités exilantes de fourrages Ôc pailles,&
d’en déterminerles livraifonsôc lesprix,on
ne
peutufer de cemoyen
, toujoursinquiétant ôc déli- cat, qu’avec iaplusgranderéferve ôcdansdes cas d’ex-tiême
nécefiité;Et
voulantconcilier ceque
la patrie doit à fesen-
fans, avec ce qu’elle a le droit d’attendre d’eux:Après
avoirentendu
fes comités militaire Ôc d’agri- culture, décrète qu’ily
aurgence.L’Affembléenationale, après avoirdécrétéfurgencc, décrète ce quifuit :
DÉCRET DÉFINITIF,
À r ticli; premier.
Auffitôtla réception
du
préfent,décret,lescorps ad-minifhatifs des
départemens
frontièresnommeront
descommiflaires
pour
conflater fans délai, dans toute l’é-tendue
de leur reffort, lenombre
de bêtes de trait otx defomme
, des chariots ôc charrettes exiflanschez
chaque
particulier.Sûrlerapport defdits commiffaires , ilfera dreffé,
a
I
,
\
," ' '
, .
•
-> , ,
'
'/ ' \
* •J J. L '
(
9
^l’inftant, parlesdire&oiresde département,
un
tableau contenantfousplufieurscolonnes,lesnoms
dechaque
municipalité,ceux
dechaque
particulier ayant bêtes tirantesou
defomme &
harnois, lenombre
total de ce qu’ilen
aura ,&
la part contributive qu’il devra fourniriorfqu’ilen
fera requis.I I I.
Il fera dreffé
également
, par lefdits directoires
,
d’après Peftimation des municipalités,
&
furl’avis desdiftriéts,
un
tarifdu
prix à accorderpour
le loyer des voitures, lequel feraréglé d’après la nature 8claforce deschevaux
, 8c ladifficulté des chemins.I
V.
Il ferafait
,defditstableaux 8c tarifs,
deux
doubles,
dont
l’un relieraaux
archivesdu département
, 8c l’autre fera adreffé au miniftre de laguerre, quien
rendracompte de
fuite à l’affemblée nationale.V.
Auffitôt
que
l’aflembléeauraprononcé
fur ces ta- bleaux 8c tarifs, il en feraenvoyé
par le miniftre ,aux
commiflaires- ordonnateurs des guerres, des copiesduement
collationnées&
de lui fignées.Vî-
tes
voitures feront fournies fur l’ordre des direc- toires dedépartement
, auxquels lefdits commifiaires- ordonnateurs adrelfercnt leur réquilition; maispour
prévenir toute plainte, furprife, erreur,
ou double
t
fourni leurcontingent, afin qu’elles
ne
puiffent fournirune fécondé
fois,
que
toutes les les municipalitésdu
diftriéfc n’ayent contribuépour
leur quote-part.VIL
Les
loyers des voitures feront acquittéschaque
jour parlescommifîaires-ordonnateurs;& indépendamment du
prixdefdits loyers,les fourrages feront fournisaux chevaux,
oc lepainaux
charretiers,fans
aucune
rete-nue
,&
fur lemême,
pied qu’aux troupes.VIII.
Il fera fait entre
chaque
municipalité,
&
lescom-
mifTaires-ordonnateurs
ou
leurs repréfentans,
une
efli-mation
contradi&oire tant deschevaux que
des voi- tures,aumoment
de leurlivraifon,
ou
fixéune fomme quelconque
,
du montant
de laquelle il fera tenucompte
au propriétaire, dans le cas de perte defdits
chevaux &
voitures parforcemajeure
, conflatée par des procès-
velbaux
authentiques.I X.
Comme
il efl indifpenfable de cormoître,après les premiersapprovifionnemens
faits, ce qu’il refie de fourrages dans les divres cantons desdépartemens
frontières, afin de n’être pas furpris dans les cas im- prévus
où
l’on feroit forcé de porter fubitement fur telou
tel pointun
corps extraordinaire de cavalerie , lesparticuliers feronttenusdedonner,
lorfqu’ik enfe-( 11 )
ront requis, à la municipalité
du
lieu de leurdomi-
cile,ladéclaration despailles
&
fourragesqu’ils auronten
totalité,&
celle de ce qu’ilspourront en vendre;
defquelles déclarations les municipalités drefferont
un
état qu’elles enverrontaux
directoires de leursdépartemens
;&
ceux-cien
rendrontcompte au Pou-
voir exécutif; mais ils
ne pourront
fousaucun
pré- texte,àmoins que
laguerre ne foit déclarée,& pour
des cas
imprévus ou
d’extreme necelüte,taxer niles livraifons ni les prix.Le
préfent décretfera porté dansle jour à la fanetion