ÉTUDE DES MESURES DE CONFORMATION DU POULET
V. — VARIABILITÉ
PHÉNOTYPIQUE
ETGÉNÉTIQUE
DES MENSURATIONSDE CARCASSE DANS UNE SOUCHE DE TYPE « CORNISH »
F.-H. RICARD R. ROUVIER
G. MARCHE
Station
expérimentale
d’Aviculture duMagneraud,
17 -Saint-Pierre-d’Amilly,
Station centrale de
Génétique
animale,Centre national de Recherches zootechniques, 78 -
Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Nous avons étudié le
poids
vif et g mensurations de carcasse sur c5ocoquelets
et 150poulettes
d’une souche Coritish sélectionnée selon une orientation « inâle-chair ». Ces animaux étaient âgés
de 59
jours
et ont été obtenus en 6 lots d’éclosion, selon unplan d’accouplement hiérarchique.
Nous observons des différences entre moyennes de lots pour le
poids
vif, mais les variances intra-lots sonthomogènes. Quand
on regroupe les 6 lots, on obtient unbon ajustement
à la loinormale et les liaisons des g mensurations par rapport au
poids
vif peuvent être considérées commelinéaires.
Les héritabilités sont élevées,
principalement
en cequi
concerne lalongueur
du bréchet et le diamètre de la patte. Nous observons un effet génétique lié au sexe pour l’angle depoitrine.
Les corrélations entre valeurs brutes des variables sont moins élevées, dans l’ensemble, que celles que nous avions observées
précédemment
sur descoquelets B y esse-pile.
Enparticulier, l’angle
de
poitrine
est en corrélation faible, ou mêmenégative,
avec les autres caractères.L’analyse
en com-posantes
principales
de ces corrélations faitapparaître
un facteur de variation lié à la taillegénérale
ainsi
qu’un
facteur de co_npicité des carcasses, comme dans nos étudesprécédentes.
Les compo- santes suivantes correspondent à desoppositions
entre mensurations du tronc et mensurations du membrepostérieur.
Elles sontplus
faciles àinterpréter
sur leplan phénotypique
que sur leplan génétique.
Au total,les
4premières
composantesprincipales
permettent de décrire,quantitative-
ment, et de
façon indépendante,
la taillegénérale
et la formecorporelle.
INTRODUCTION
Nous avons étudié en détail la variabilité
phénotypique
etgénétique
de nom-breuses mensurations de carcasse sur des
coquelets
de la soucheBresse-Pile (RouviE R
et
Rrcnxv, ig66 ;
RICARDetR OUVI E R , ig66).
Nous observions des héritabilités élevées et de.; corrélations souvent fortes avec lepoids
vif.L’analyse
des corrélations entre mensurations selon la méthode descomposantes principales
nous apermis
de décrirela conformation à
partir, essentiellement,
d’un facteur de taillegénérale
et d’unfacteur de forme lié à la
compacité
des carcasses.A notre
connaissance,
il n’existe pa; d’autretravail,
ayant faitl’objet
d’unepublication,
sur la variabilitégénétique
intra-souche des mensurationsprises
sur lacarcasse du
poulet.
Sur le
poulet vivant,
le caractère dont on a leplus
souventanalysé
la variabilitégénétique
estl’angle
depoitrine, probablement
parcequ’il
est fortement lié à unebonne
présentation
de la carcasse. C’est ainsi que COLLINS et al.( 195 ,»
donnent les résultatsd’accouplements
obtenus selon unplan
diallèle dans une souche de Rhode- Island. KISH( 1953 )
ainsi que CooK et al.( 195 6)
étudient des souches deNew-Ham!- S
hire,
SiEGE!, et ESSARY(ig5 9 ), puis
SWG!!,( 19 6 2
a,19 6 2 b)
une souchede Plymouth-
Rock. GODFREY et GOODMAN
( 195 6)
ainsi que BRUNS ON et al.( 195 6)
travaillent surdes
poulets New-Ham!shire,
SiLver-Oklabar et leurs croisements. MERRITT( 19 66)
acréé et étudié en détail une souche
synthétique
maintenue sans sélection : l’Ottawa Meat Control Strain.Quelques
travauxportent
sur d’autres mensurations telles que lalargeur
des masses musculairespectorales,
lalongueur
dubréchet,
la hauteur depoitrine,
lalongueur
de lapatte.
C’est le cas de LERNERet al.(ig!7),
DILLARD et al.( 19
53)
et ABl’LANALP et al.( 1959 ) qui
étudient des souches deNew-Ham!shire,
deK
ANet al.
( 1959 ) qui
font des croisements diallèles entreLeghorn
etNew-Hamfishire
ainsi que de MERRITT sur sa souche Ottawa.
Les souches
synthétiques
s Silver-Okla bar et Ottawa ont été créées àpartir
de diffé-rents
types d’animaux,
dont des souches Cornish.Curieusement,
on ne trouve pas depublication
concernant la variabilitégénétique
depoulets
detype purement Cornish,
alors que cette race est universellement utilisée pour laproduction
dupoulet
de chair.C’est
pourquoi
nous croyons utile deprésenter
les résultats obtenus à la Station duMagneraud
sur une souche Cornish sélectionnée essentiellement sur la vitesse de croissance et utilisée comme « mâle-chair ». Nous avons travaillé sur les 9 mensura- tionsqui, d’après
nos étudesprécédentes, permettent
de bien décrire la conformation etpeuvent
donc intéresser le sélectionneur.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Cent
cinquante
mâles et r5o femellesprélevés
dans 6 lots depoulets
éclos à l’automne 1965ontété abattus à
l’âge
de 59jours.
Initialement, nous avions prévu unplan d’accouplement hiérarchique
comprenant 10coqs et 3
poules
par coq. Pour cela, nous avons constitué ig parquetspedigres
dei coq et 5
poules
et nous avons choisi les ro coqs et les 3o poules avant suflïsamrnent de descendants pourdonner 5 enfants
dechaque
sexe parcouple,
le choix des enfants étant fait au hasard dans les 6 lots d’éclosion. Enpratique,
ce schéma a pu être réalisé pour 16poules.
Dans les autres cas, lenombre d’enfants d’un même sexe varie de 2à 7 pour les
poules
et de ra à 16 pour les coqs. Deplus,
par suite d’une erreur de numérotage, l’un des coqs a eu l’un de ses descendants mâles issu d’une
quatrième poule.
Pour
chaque poulet,
lepoids
vif a été déterminé immédiatement avantl’abattage, après
unjeûne complet
d’environ r6 heures. Sur la carcasseplumée,
nous avons mesuré lalongueur
du tronc, lalongueur
du bréchet, la hauteur de poitrine, lalargeur
du thorax,l’angle
depoitrine,
lalongueur
du
pilon,
lalongueur
de la patte, le tour dupilon
et le diamètre de la patte. Ces mensurations ont étédécrites en détail
précédemment (R ICAR D
et ROUVIER,19 6 5 ).
La même personne a effectué toutes les mesures sur toutes les carcasses.Xotre travail sur les mensurations de carcasse de
poulets Bresse-pile
avait montré que lalargeur
du thorax et le diamètre de la patte étaient les mesures les moins
précises parmi
celles que nous étu- dions ici (RouviER et RICARD, 1966). Par ailleurs,l’angle
depoitrine apparaissait
comme une mesureparticulièrement
intéressante. Dans le cas du présent échantillon, ces trois mesures ont étéprises
en double sur
chaque poulet
et dans les calculs, nous avons utilisé la somme des deuxrépétitions.
Vingt
coquelets
et 21poulettes
ont été mesurés 2 fois(!
fois pour lalargeur
du thorax,l’angle
de
poitrine
et le diamètre de lapatte).
Nous avons ensuite calculé le coefficient de fidélité selon la formuleoù J§est la variance de l’erreur aléatoire
exprimée
àpartir
des 41 écarts entre les deuxrépétitions
de la mesure et a,2la variance du caractère calculée intra-sexe pour la totalité des
poulets.
Nous avons calculé les
paramètres statistiques
dechaque
variable et les corrélationsphénoty- piques
totalesaprès
avoirregroupé
les animaux des 6 lots. L’influence du lot d’éclosion sur les moyennes et les variances a été étudiée pour lepoids
vif seulement, et nous avons testé la linéarité des liaisons des 9mensurations par rapport aupoids
vif. Les calculscorrespondants
pour les autres variables n’ont pas étéentrepris
étant donné leur volume et le fait que nos travauxprécédents
ontmontré que ce
qui
était vrai pour lepoids
se retrouvait leplus
souvent pour les mensurations decarcasse.
Les composantes « mère » et «
père
» des variances, obtenues par uneanalyse hiérarchique,
ontpermis
de calculer des estimations des héritabilités par les formulesclassiques
(LERNER,1950 )
sui-vantes :
où à2@ e à et à2 sont
respectivement
les estimations de la variance intra-famille et des composantes mère etpère
de la variance pour le caractère étudié.A partir de
l’analyse hiérarchique
des covariances, nous avons recherché une estimation des corrélationsgénétiques globales
« mère -!-père
» en utilisant la formule :où x et y
représentent
les 2 variables considérées et côvmet côvp les estimations des composantes mère etpère
de la covariance.Les corrélations
phénotypiques
etgénétiques globales
entre les 9mensurations de carcasse ont étéanalysées
par la méthode des composantesprincipales
(Ho2Et,t,iNC, 1933), des i étant mis dans lapremière
diagonale des tableaux dc corrélations. La varianceanalysée,
somme des variances des 9caractères, est doncégale
à 9. Comme dans notre travail sur lepoulet
vivant (RouviER et RICARD, r9 6 5
) nous avons calculé la corrélation entre le
poids
vif et les composantesprincipales
obtenuesdans
l’analyse phénotypique
en utilisant la formule :où X,!est la valeur propre de la composante
principale
Yn, u!i est l’élément du vecteur propre corres-pondant
à la mensuration xt et où rzjzest la corrélationphénotypique
entre la mensuration xd et lepoids vif z.
La
plupart
des calculs ont été réalisés sur ordinateur IBM-i62o auDépartement
deGénétique
animale.
RÉSULTATS
ET DISCUSSION1
.
Étude
individuelle des variablesLes résultats obtenus pour le
poids
vif sontindiqués
dans le tableau z.Les coefficients de
variation,
de l’ordre de 9 p. 100, sont un peu moins élevés queceux que nous avons
précédemment
trouvés dans les souchesBresse-Pile
et Sussex(R
I C
ARD
et ROUVIER,19 65 ;
ROUVIERetRic!RV, ig66).
Dans ces travaux, nous avonsétudié en détail l’influence du lot d’éclosion et
la.nôrmalité
des distributions pour toutes les variables. Les résultats obtenus ici pour lépoids
vif confirment ce que nous avionsdéjà
observé : le lot d’éclosion influe defaçon significative
sur les moyennesmais les variances
peuvent
être considérées commehomogènes ;
si on regroupe leslots,
la distribution obtenue ne s’écarte passignificativement
d’une loi normale.Conformément à nos résultats
antérieurs,
onpeut
penser que les résultats n’auraient pas été sensiblement différents pour les autres variables.Les résultats de l’étude
statistique
des 9 mensurations de carcasse sontindiqués
dans le tableau 2.
I,es coefficients de fidélité sont élevés et peu différents de ceux que nous obser- vions pour les carcasses de
coquelets Bresse-!ile (RouviER
et RICARD,i 9 66).
Nousretrouvons le fait que le coefficient de variation de
l’angle
depoitrine
estplus
élevéque celui des autres mensurations. Nous avions discuté ce
point
dans notre travailsur le
poulet
vivant(Ric:!RD
et ROUVIFR,i 9 6 5 ).
Il est intéressant de voir que lescoquelets
et lespoulettes
ont une même valeur moyenne pourl’angle
depoitrine,
alors que pour les autres caractères le
dimorphisme
sexuel est très net. Sur lepoulet vivant,
nous avions même trouvé une valeur un peuplus
élevée chez les femelles.Il se confirme donc que, pour un même
poids,
lespoulettes
ont une meilleure confor- mationthoracique
que lescoquelets.
Dans le tableau 3, nous
indiquons, séparément
pourchaque
sexe, les héritabilités estimées àpartir
descomposantes
« mère » et «père
» de lavariance,
ainsi que la moyenne des q. valeurs obtenues. Les q estimations obtenues ont desprécisions
diffé-rentes, mais leur moyenne
permet
d’avoir une idée de l’ordre degrandeur
des hérita-bilités pour l’ensemble de notre échantillon.
Bien que les sous-classes ne soient pas d’effectifs
égaux,
nous avons cherché àpréciser
lasignification
des valeursobtenues,
comme si les i5opoulets
d’un sexeétaient
répartis
en 30familles(io
coqs et 3poules
parcoqs)
de 5 individus. Dans cecas, la
comparaison
des carrés moyens « mère », «père
» et « intra-famille »permet
de voir si lescomposantes
de l’héritabilité sontsignificativement
différentes de zéro ou non(GRAVEUR, 10 6 1 ).
Dans le tableau 3, nous avons noté d’unastérisque
les valeurscorrespondant
à un Fsignificatif
au seuil 5 p. 100. Cette méthodeapproximative permet
de voir que lescomposantes
« mère » sonttoujours significatives,
àl’exception
de la
largeur
du thorax chez lescoquelets.
Aucontraire,
lescomposantes
«père
» nele sont que rarement.
Le fait que les
composantes
«père
» ne soient pas souventsignificatives peut s’expliquer
par lepetit
nombre de coqs étudiés(io),
d’où une erreurd’échantillonnage importante.
Mais onpeut
aussi penser à l’existence d’un effetmaternel, puisqu’on
observe souvent une
composante
mèresupérieure
à lacomposante père.
Ce résultat estparticulièrement
net pour la hauteur depoitrine
et lalongueur
de lapatte
dans les 2 sexes, pour lalongueur
dupilon
chez lescoquelets.
C’estégalement
ce que trou-vaient LERNER et al.
( 1947 )
pour lalongueur
du bréchet et BxurrsoN et al.( 195 6)
pour
l’angle
depoitrine.
Nous observions engénéral
lephénomène
inverse chez lescoquelets Bresse-Pile (R ICARD
et ROUVIER,19 66).
Pour
l’angle
depoitrine,
dans leprésent échantillon,
nous obtenons une compo- sante mère inférieure à lacomposante père,
surtout chez lespoulettes.
Lacomposante père
estplus
élevée pour lespoulettes
que pour lescoquelets,
tandis que c’est l’inverse pour lacomposante
mère. Ces résultatspermettent
de supposer que dans la souche étudiée il existe desgènes
liés au sexeresponsable
dudéveloppement
des musclespectoraux.
Un tel effet lié au sexe se retrouve dans les chiffres cités par LERNERet al.( 1947
)
pour lalargeur
depoitrine
depoulets New-Hampshire,
dans ceux de GoDr.R!Y et GooDMnrr( 195 6)
pourl’angle
depoitrine
depoulets
Silver-Oklabar et de SIEGELet ESSARY
( 1959 )
pourl’angle
depoitrine
depoulets
WhitePly!raouth
Rock. Pour lesélectionneur,
l’intérêt des souches où cet effet lié au sexe existe est depouvoir
êtreutilisées en croisement comme souches fournissant les mâles
pères
despoulets
dechair.
Cependant,
nous devonssignaler
que dans la souche étudiéeici,
nous n’avonspas retrouvé cet effet lié au sexe pour
l’angle
depoitrine
dupoulet
vivant mesuré à 8 semaines. Pour les besoins de lasélection,
les héritabilités ont été calculéessystéma- tiquement
sur lespoulettes :
la moyenne des estimations faites de19 6 2
à19 6 7
donne0
, 3
6
pour lacomposante
mère et 0,33 pour lacomposante père (COCHEZ,
données nonpubliées).
Dans
l’ensemble,
nous obtenons des héritabilitésélevées,
comme dans le cas descoquelets Bresse-Pile
étudiésprécédemment (R ICARD
et ROUVIER,tg66).
Les valeurs citées dans la littérature pour des mesuresprises
sur le vivant sonttoujours plus
faibles : GODFREY et GooDMnrr
( 195 6),
BRU!sov et al.( 195 6),
Coom et al.( 195 6),
SWG!r, et ESSARY
(1959)
et SIEGEI,( 19 6 2 a)
pourl’angle
depoitrine ;
LERNERet al.(rg 47
),
DILLARD et al.( 1953 )
et ABP!,ANA!,r et al.( 19 6 0 )
pour lalargeur
depoitrine,
la
longueur
du bréchet et lalongueur
de lapatte ;
MERRiTT( 19 66)
pourl’angle
depoitrine,
lalongueur
du bréchet et lalongueur
de lapatte. Chaque
calcul d’héritabilitédépend
de la souche et des conditions du milieu. Mais le fait que les mensurations sur carcasse sontplus précises
que les mesuresprises
sur lepoulet
vivantpeut expliquer
en
partie
nos résultats.En
particulier,
les héritabilités sont élevées pour lalongueur
du bréchet et lediamètre de la
patte,
résultatqui
est confirmé sur le vivant(poulettes
de la mêmesouche mesurées à
l’âge
de 8semaines).
Onpeut
alors penserqu’il
estpossible
desélectionner une souche de Cornish à
poitrine allongée
et àpatte fine,
ce que recherche le consommateurfrançais,
enplus
d’unangle
depoitrine
élevé.Toutefois,
les corréla- tionsqui
existent entre ces 3 caractèresrisquent
de limiter l’efficacité de la sélection si on veut à la foisaugmenter l’angle
depoitrine, augmenter
lalongueur
du bréchetet diminuer le diamètre de la
patte.
Eneffet,
nous observons unelégère opposition
entre
angle
depoitrine
etlongueur
du bréchet tandis que diamètre de lapatte
etangle
depoitrine
varient dans le même sens, de même que diamètre de lapatte
etlongueur
du bréchet(cf.
tabl.5 ).
2
. Corrélations et variabilité
morphologique globale
Les tests de linéarité des liaisons de
chaque
mensuration parrapport
aupoids
vif sont résumés dans le tableau 4. Aucune valeur de F n’est
significative.
Le coeffi- cient de corrélation linéaire traduit donc bien les liaisons entre les caractères consi-dérés. Nous supposerons que les liaisons entre les différentes mensurations
prises
2 à 2 sont
également
linéaires. Nous avions vérifié cettehypothèse
pour l’une despopulations
décrites dans RICARD et ROUVIER(i 9 65).
En ce
qui
concerne les corrélationsgénétiques,
nous avons observé des différences entre lescomposantes
« mère o et« père » plus importantes
que dans notre étude surcoquelets Bvesse-!ile (R ICARD
et ROUV1ER,19 66).
Mais nos effectifs étantpetits
pource
type
decalcul,
les erreursd’échantillonnage
sontimportantes
et il nous a sembléplus
intéressant d’étudier les corrélations «globales
» mère +père.
D’autrepart,
nousavons obtenu une valeur
légèrement négative
pour l’estimation de la variance «père
»de la
longueur
de lapatte.
Nous avons utilisé cette estimation tellequelle
dans lecalcul des corrélations
génétiques globales
faisant intervenir lalongueur
de lapatte.
Nous
indiquons
dans le tableau 4 la valeur des corrélations observées entrechaque
mensuration et lepoids
vif. Les corrélations entre mensurations de carcassesont données dans le tableau 5.
Pour
l’ensemble,
les corrélationsphénotypiques
sont un peuplus
élevées chez lescoquelets
que chez lespoulettes,
tandis que les corrélationsgénétiques
sont sou-vent du même ordre de
grandeur
pour les 2 sexes. Parrapport
auxcoquelets
Bresse-pile
étudiésprécédemment (R ICARD
etR OUVIER , 19 66),
nous obtenons presque tou-jours
des valeursplus faibles, principalement
pour les corrélationsgénétiques.
Cerésultat est
particulièrement
netpout
les corrélations faisant intervenirl’angle
depoitrine
et le diamètre de lapatte.
Onpeut
donc s’attendre à une différence sensible entre les 2 souches à ces 2 niveaux.Il est intéressant de
souligner
les faibles valeurs des corrélations observées entrele
poids
vif etl’angle
depoitrine.
On doitpouvoir
sélectionner ces deux caractères defaçon
relativementindépendante,
et, enparticulier,
obtenir unpetit poulet ayant
une bonne conformation
pectorale.
Les chiffres cités dans la littérature sont assez variables. Des valeurs assez faibles de l’ordre de 0,2 à 0,3 sont données par COLLINSet al.
(rg5o),
GODFREYet GOODMAN( 195 6)
pour leur soucheSilve y -Oklabar,
CooK et al.( 195 6)
ainsi que par M!xRmT(zg66).
Des chiffresplus
élevés sontindiqués
par GODFR
EY et GOODMAN
( 195 6)
pour leur soucheNew-Hampshire,
par BRUNSON et al.( 195
6)
et SIEGEI.( 19 6 2 b).
Dans notre étude surcoquelets Bresse-pile (R ICARD
etR OUVIER
,
19 66)
nous observions des valeurs voisines de 0,4.I,es
analyses
encomposantes principales
que nous avonsfaites, permettent
d’étu- dierglobalement
les corrélations entre les g mensurationsprises
2 à 2et de les utiliser pourexprimer
la formecorporelle.
Dans les tableaux 6 et 7, nousindiquons
les résul-tats
correspondant
aux 4premières composantes principales.
Ces 4composantes représentent
environ85
p. 100 de la varianceanalysée
dans le cas des corrélationsphénotypiques (tabl. 6),
et 93 p. 100dans le cas des corrélationsgénétiques (tabl. 7 ).
Ces
analyses
ne sont pas tout à faitcomparables
à celles que nous avons faites sur lescarcasses de
coquelets Bresse-Pile (R ICARD
et RouviER,19 66),
du fait de la différence du nombre de caractères étudiés. Ilapparaît cependant
que lapremière composante représente
uneplus
faible fraction de la varianceanalysée
dans notre échantillon depoulets Cornish,
et parconséquent
que c’est l’inverse pour lescomposantes
suivantes.L’analyse
des corrélationsphénotypiques
conduit à des résultatsremarquable-
ment voisins pour les
coquelets
et pour lespoulettes.
Dansl’analyse
des corrélationsgénétiques,
les résultats sontcomparables
pour lapremière composante
mais ilspré-
sentent
quelques
variations pour lescomposantes suivantes,
aussi bienquand
oncompare les 2 sexes que par
rapport
àl’analyse phénotypique.
La
première composante principale
est en corrélationpositive
avec toutes lesmensurations,
àl’exception
del’angle
depoitrine qui présente
3 fois sur q. une corré- lationnégative
mais de faible valeur absolue. A cetteexception près,
onpeut
l’inter-préter
comme un facteur lié à la taillegénérale
de l’animal. Sur l’ensemble des 4 ana-lyses faites,
c’est lalongueur
du troncqui présente
laplus
forte corrélation avec lapremière composante.
Dans nos étudesprécédentes (R OUVIER
et Rrcnxn19 6 5 ;
RicnRD et ROUVIER
ig66),
lalongueur
du tronc étaitpratiquement
sans corrélationavec les
composantes
suivantes etpouvait
donc être considérée comme caractéris-tique
de lapremière composante. Ici,
les corrélations avec lescomposantes
suivantesne sont pas
négligeables,
c’est-à-dire que lalongueur
du tronc intervient dans ladescription
de la formecorporelle,
enplus
de sa forte liaison avec la taillegénérale.
Sur le
plan phénotypique,
la deuxièmecomposante principale
est en corrélationpositive
avec les mesures de «largeur
» et en corrélationnégative
avec les mesures de«
longueur
». Sur leplan génétique,
les résultats ne sont pastoujours
aussi nets. Maissur l’ensemble des
analyses faites,
onpeut interpréter
la deuxièmecomposante
commeun facteur de forme lié à la
compacité
de la carcasse, comme dans nos études sur lasouche
Bresse-pile.
Ici encore,J’angle
depoitrine présente
une très forte corrélationavec la deuxième
composante.
Le diamètre de lapatte
lui estégalement
fortementlié alors que ce n’était le cas que pour
l’analyse
des corrélationsgénétiques
«père
»chez les
coquelets Bresse-pile
étudiés dans RICARD et ROUVIER( 19 66).
Ce résultat confirme la difficultéqu’il
y aurait à sélectionner en mêmetemps
pour unangle
depoi-
trine élevé et une
patte fine,
dans la souche étudiée ici.Dans
l’analyse
des corrélationsphénotypiques,
la troisièmecomposante principale apparaît
comme un facteurspécifique
lié au diamètre de lapatte,
variant lui-même enlégère opposition
avec les mesures delargeur
de lapoitrine (largeur
du thorax etangle
de
poitrine).
Un résultat tout à faitcomparable
a été obtenu récemment par DA- vAiNE et al.(à paraître)
dansl’analyse
encomposantes principales
des corrélations intra-familles pour une autrepopulation
de Cornish et pour des mensurationsprises
sur le
poulet
vivant. Pour leprésent échantillon,
ce résultat se retrouve dansl’analyse
des corrélations
génétiques,
mais au niveau de laquatrième composante
et non pas de la troisième. Cetteopposition
dans les variationsgénétiques
del’angle
depoitrine
et du diamètre de la
patte
montrequ’il
restepossible
de sélectionner despoulets
àangle
depoitrine
élevé etpatte
fine. Mais ils’agit
d’unepossibilité
limitéepuisque
lescomposantes correspondantes
nereprésentent
que 7à 8 p. 100de la variancegénétique
totale
analysée.
Sur le
plan phénotypique,
laquatrième composante
faitapparaître
uneopposi-
tion entre le
développement
de la cagethoracique (longueur
dubréchet,
hauteur depoitrine, largeur
duthorax)
et certaines mensurations du membrepostérieur (longueur
et tour du
pilon, longueur
de lapatte).
Sur leplan génétique,
le mêmephénomène apparaît, quoique
defaçon
moins nette, au niveau de la troisièmecomposante.
Onpeut
comparer cetteopposition poitrine-membre postérieur
au facteur « silhouette »décrit par DAVAiNE et al. sur le
poulet
vivant. Onpeut
remarquer quel’angle
depoitrine présente
ici des corrélations designe
contraire à celles des dimensions sque-lettiques
du thoiax : ils’agit
d’une mesure dudéveloppement
musculaire ayant sa variabilité propre, différente de la variabilité de sonsupport squelettique.
Les
analyses
encomposantes principales
étant faites sur les corrélations entre mensurations de carcasse, onpeut
se demanderquelles
relations existent entre lescomposantes
et lepoids vif,
ce dernier étant souvent le seul critère utilisé dans la sélection dupoulet
de chair. Les corrélations entre lepoids
vif et lescomposantes
obtenues dansl’analyse phénotypique
sontindiquées
dans le tableau 6. Les résultats observésprécédemment
sur lepoulet
vivant(R OUVI E R
et RICARD,19 65)
se retrouventici : le
poids
vif est fortement lié à lacomposante
de taillegénérale,
modérément à lacomposante
decompacité.
Il est en corrélationlégère
ou nulle avec lescomposantes
suivantes. Ce résultat confirmequ’on
doitpouvoir obtenir,
chez lepoulet,
une formecorporelle
déterminée defaçon
relativementindépendante
dupoids
vif.CONCLUSION
Nous avons étudié successivement 2souches de
poulets
detypes
très différents : la soucheBresse-Pile,
maintenue sanssélection,
et une souche Cornish sélectionnée selonune orientation « mâle-chair n. De nombreux résultats sont
identiques
dans les 2 cas :le lot d’éclosion influe de
façon significative
sur les moyennes mais non sur les va-riances ;
l’ensemble de l’échantillonpeut
être considéré comme distribuénormalement ;
les liaisons parrapport
aupoids
vifpeuvent
être considérées commelinéaires ;
la varia- bilitégénétique
individuelle des caractères étudiés estimportante ;
la conformationpeut
se décrire àpartir d’expressions
de la taillegénérale
et de la formecorporelle.
Lataille
générale
est bienreprésentée
par lalongueur
du tronc et elle est fortement liéeau
poids
vif. La variation de forme laplus importante
est liée à lacompacitié
de lacarcasse, elle-même bien
représentée
parl’angle
depoitrine.
L’échantillon étudié ici
présente,
en outre,quelques particularités
intéressantes.Il
apparaît
une variancegénétique
liée au sexe pourl’angle
depoitrine
et ce caractèrevarie de
façon indépendante
aussi bien dupoids
vif que de la taillegénérale.
La varia-bilité
génétique
de lalongueur
du bréchet et du diamètre de lapatte
estplus impor-
tante que pour les
coquelets Bresse-pile.
Chez cespoulets Covnish,
sélectionnés enpremier
lieu pour la vitesse decroissance,
la variabilitéphénotypique
etgénétique
dela forme
corporelle,
relativement à celle de la taillegénérale,
sembleplus importante
que dans la souche
Bvesse-!ile.
Lacomposante
decompacité
traduit ici une assezforte association entre
angle
depoitrine
et diamètre de lapatte,
associationqui
rendcompte
d’une fraction notable de la variancegénétique
totale des 9 mensurations considérées. Lacomposante exprimant
letype morphologique complémentaire (angle
depoitrine élevé, patte fine)
rendcompte
d’une fractionplus
faible de la variancegénétique
ouphénotypique
totale. Elle fournitcependant
un critère de sélectionqu’il pourrait
être intéressant d’utiliser enpratique.
Ilapparaît
par ailleurs uneopposition
entre ledéveloppement
de la cagethoracique
et celui du membreposté-
rieur.
En mettant en évidence la variabilité
génétique
de la conformation de notre soucheCornish,
et enexprimant
sonimportance,
les résultats obtenuspermettent
de voir comment il seraitpossible
de modifier cette conformation par la sélection.Reçu pour publication en septembre r968.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier Mle R. I3ouxuior.
qui
asupervisé
lesopérations d’élevage
de nos ani-maux ainsi que MM. L.
1’. C OCHEZ , J.
LErEUVRE et L. OLLIVIERqui
ont lu etcritiqué
notre manuscrit.SUMMARY
STUDY OF CONFORMATION MEASUREMENTS IN THE CHICKEN V. - GENETIC AND PHENOTYPIC VARIABILITY OF CARCASS MEASUREMENTS
IN A a CORNISH n STRAIN
150
cockerels and 150
pullets
from 6hatching
lots obtained in a hierarchicalmating design
were slaughtered at 59days
of age. Theirliveweights,
trunklength,
keellength, body depth,
thorax width, breastangle,
leg length, shank length,leg girth
and shank width, were estimated.Table I summarizes the statistical
analysis
oflive-weight.
There are differences between lots but the variances can be considered homogeneous. For the 6 lotspooled,
the distribution is normal.The statistical parameters of carcass measurements are indicated in table 2.
Dam and sire components of heritabilities are
given
in table 3. The values aregenerally high.
particularly
asregards
keellength
and shank width. There is a sex-linked effect for breastangle.
Table 4 summarizes the
relationships
betweenliveweight
and carcass measurements. The linkscan be considered linear. The correlations between