LA SPERMATOGENÈSE DE POECILIA RETICULATA
IV. — LA SPERMIOGENÈSE.
ÉTUDE
ULTRASTRUCTURALER. BILLARD
Anne-Marie ESCAFFRE Nicole TRAMASAYGUES Station centrale de Physiologie animale,
Centre national de Recherches zootechniques, 78 - Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche agronomique
RÉSUMÉ
La spermiogenèse de Poecilia veticulata est caractérisée par un allongement important du
noyau, accompagné de mouvements complexes de la chromatine en même temps que se mani- festent des structures transitoires (formation intercentriolaire et faisceau de microtubules). Le
noyau est successivement occupé par trois types de chromatine.
Les mitochondries sont peu modifiées ; elles subissent seulement un aplatissement et une élongation et se disposent autour du flagelle duquel elles restent séparées par le canal cytoplas- mique. Il subsiste du cytoplasme dans la pièce intermédiaire. Le spermatozoïde mûr conserve
la symétrie bilatérale acquise par les jeunes spermatides, il ne comporte pas d’acrosome et ne
conserve que le centriole distal modifié.
INTRODUCTION
Les informations ultrastructurales concernant la
spermiogenèse
des Poissons Téléostéens sont peunombreuses ;
elles concernent leProtoptère ― Proto!terus
annecteus -
(BOISSON et al., 19 6 7 ), Oligocottus
maculosus(STnrr!.!y, 19 66, 1969)
et des Poissons du groupe des
Cyprinodontiformes :
Lebistes reticulatus = Poecilia yeticulata PETERS
(PORTE
etF OLL E NIUS , ig6o ;
MATTEIetBOISSON, 19 66 ;
GR0NBERGet
T>!!,xKa, rg68 ; M ATTEI , ig6g
a etb),
Cnestevodoya decemmaculatus(S OTEI , O
etTxuJm!,o-C!NOZ, 195 8), Jenynsia
lineata(D ADON E
etN ARBAI T Z , 19 6 7 ).
Claez Poe-cilia
y eticulata,
en l’absence de connaissance sur lachronologie
de laspermiogenèse,
les informations sont
quelquefois contradictoires ;
c’est ainsi que MATTEI et Bois- sorr( 19 66)
observent 2centrioles au cours de laspermiogenèse (comme
chez Poeciliavelifeva, R ASCH , zg68),
alors que pour PORTE etFor,!,!rmus ( 19 6 0 ),
il n’existequ’un
centriole dans le
spermatozoïde.
Le
présent
travail se propose,compte
tenu des travauxantérieurs,
de décrire l’évolutionmorphologique
des cellulesgerminales
au cours de laspermiogenèse
chez Poecilia yeticzslata.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Les observations portent sur des mâles provenant de q souches différentes et élevés à la
température de 25 ! 1°C sous une photopériode iç L ― 10 N. Après anesthésie les animaux sont sacrifiés et les testicules immédiatement plongés dans une solution à 4 p. 100 de glutaral- déhyde (tampon phosphate pH !,25) sont disséqués sous une loupe binoculaire en vue de l’isolement des tubules. Ces derniers subissent un second bain de 30 minutes à la température de 4!C et sont
ensuite placés dans une solution d’acide osmique à 2 p. 100 dans le même tampon pendant
i heure. Les coupes sont successivement colorées à l’acétate d’uranyle (5 mn) et au citrate de plomb, après inclusion dans l’épon. Les préparations sont recouvertes d’un film de carbone et observées à l’Elmiskop Siemens.
Les étapes de la spermiogenèse retenues ici, correspondent à celles décrites en microscopie photonique (BILLARD, 1969a). Les mesures de surfaces, portant sur 5 spermatides à chaque étape de la spermiogenèse, ont été réalisées à l’aide d’un planimètre « CORA senior » sur 2coupes
sagittales orthogonales et 3 coupes transversales passant dans les parties antérieure médiane et postérieure de la tête spermatique.
OBSERVATIONS
La
spermiogenèse
est caractérisée par une transformationmorphologique
desspermatides
et une modification de leurposition
à l’intérieur descystes. L’évolution morphologique
desspermatides
se traduit parl’élongation
du noyau et parl’acqui-
sition d’une
symétrie
bilatéralequi
subsiste dans lespermatozoïde.
Cettesymétrie permet
de définir dans lesspermatides
et lespermatozoïde
une face dorsale et uneface ventrale
qui
est la face surlaquelle
sedéveloppe
leflagelle
au début de la sper-miogenèse. L’analyse
de l’évolution des différentesparties
desspermatides
estrésumée dans le tableau i et la
figure
i et faitl’objet
desdescriptions
suivantes.A. ―
Évolution morphologique
du noyau au cours de laspermiogenèse
i.
Morphologie générale.
Le noyau des
jeunes spermatides qui
estsphérique
immédiatementaprès
ladivision des
spermatocytes
secondaires(pl.
1A)
tend às’aplatir
du côté où s’estdéveloppé
leflagelle (fig.
iS,!) puis
às’invaginer.
Dans cerepli qualifié d’invagi-
natio!i nucléaire
qui
affecte la forme d’une fente située dans leplan
desymétrie
bilatérale de la
spermatide apparaissent
des microtubules(pl.
IIIA).
Ces dernierss’organisent
en faisceau entre lecomplexe
centriolaire et la membrane nucléaire avant dedisparaître
au cours de laphase
S 3. Lecomplexe
centriolaire passe pro-gressivement
à l’intérieur de cetteinvagination
nucléaire. A la fin de laspermio-
genèse
unepartie
du noyau se trouve du côté de la face ventrale de laspermatide
(fig. l ,S 4 ) ’
2
. La chyomatine.
Au cours de la
spermiogenèse,
la chromatine seprésente
successivement sous3
textures
différentes,
nettement individualiséesqui occupent
un volume variable dontl’importance
relativeapparaît
à l’examen des surfacesoccupées,
mesurées surmicrographies
etexprimées
enpourcentage (tabl. i) :
1
° Immédiatement
après
la deuxième divisionméïotique,
la chromatine esthétérogène
et seprésente
sous forme degranulations
isolées ougroupées
en amaset associées à des
grains
de taillevariable,
les uns de 300 à 5001!
lesplus nombreux,
les autres seuls ougroupés
par 2 ou 3 sontplus
gros, de 600 à 700A (pl.
iA).
2
° Cette chromatine
hétérogène
estprogressivement remplacée ―
selon uneprogression
ventro―dorsale ― par une chromatineplus
dense auxélectrons,
finementgranulaire
ethomogène (diamètre
desgrains :
100 à i5oA) (pl. II A).
Ce type
est
qualifié
de chromatine granulaire.
3
°
Un troisièmetype
dechromatine,
dite chromatinecondensée,
caractérisée par desgrains
degrande
taille(diamètre
400 à 600A)
et fortementosmiophile apparaît
à lapériphérie
du noyau, d’abord sur la face dorsale(pl.
IIIA), puis
gagnelatéralement la face ventrale
(p.
IIIC, D, E).
Cette chromatine condenséeremplace progressivement
la chromatinegranulaire
dans l’ensemble du noyau et occupe finalement la totalité de la têtespermatique
au cours de laphase S,.
Pendant lesphases S 3
etS,
lesgrains
de cetype
de chromatine tendent à sefusionner,
cequi
contribue à
augmenter
la densité de la chromatine.3
. La membrane nucléaire.
La membrane nucléaire est
légèrement
ondulée au début de laspermiogenèse (pl.
IA,
IIA). Ensuite,
la membraneplasmique
et la membrane nucléaire externequi
entrent en contact du fait de l’élimination ducytoplasme, présentent
toutesdeux de fortes indentations
(pl.
IIIA-B,
IVC).
La membrane nucléaire interne est étroitement accolée au noyau, mais reste identifiable(pl.
IIID-E).
B. ― Le
complexe
centriolaireLe
complexe
centriolaire est constitué par deux centriolesdisposés
en T etdont les dimensions varient au cours de la
spermiogenèse (tabl. i).
Les deux centrioles sont reliés entre eux par une formation intercentriolaire(pl.
II A etsuivantes), qui perd
son individualité au cours de laphase S,
en mêmetemps
que le centrioleproximal
et se transforme en une masse opaque aux électronsqualifiée
de manchonosmio!hile (pl.
IVF) qui
subsiste dans lespermatozoïde
mûr.Sur
les 4 côtes
fortementosmiophiles parallèles
au centrioledistal,
visiblessur les
spermatides
rondes au début de laspermiogenèse,
2 se dédoublent avant dedisparaître.
Les 2 côtesopposées qui
subsistent dans leplan
desymétrie
de la sper- matide entrent, avant dedisparaître,
en relation avec unegaine osmiophile qui
entoure les microtubules du centriole distal en même
temps
que du matériel dense comble 2 microtubules dechaque triplet (pl. IV E).
Cesphénomènes,
associés à la condensation de la formationintercentriolaire,
sontresponsables
del’aspect
densequi
caractérise lapartie
antérieure duflagelle
dans lesspermatides S, (pl.
IVF)
et le
spermatozoïde éjaculé.
Les microtubules
qui prennent
naissance au niveau du centrioleproximal
s’en-gagent
d’unepart
dansl’invagination
nucléaire et s’orientent d’autrepart
vers lapartie postérieure
de la tête de laspermatide
où ils constituent une deuxième cou- ronne de microtubulesparallèles
et extérieure à l’axonème(pl.
IVD).
A aucunmoment, il n’a été
possible
de noter une continuité entre lestriplets
du centrioleproximal
et les microtubules.C. - Le
flagelle
Le
flagelle
de structure 9 -! 2apparaît
dès le début de laspermiogenèse
etreste constamment
séparé
ducytoplasme
parl’invagination
de la membraneplas- mique (canal cytoplasmique).
Au fond de ce canalcytoplasmique
leflagelle présente
un
élargissement qualifié
derenflement
antérieur où la membraneplasmique possède
un
épaississement
avec une striation transversale(pl.
IIA,
IIIB,
IVC).
Le niveau d’insertion de la
paire
de fibres centrales ― dont leplan
est perpen-diculaire au
plan
desymétrie
de laspermatide ―
varie au cours de laspermiogenèse.
L’origine
de ces deux fibrilles se situe à un niveaupostérieur
au centriole distal audébut de la
spermiogenèse (fig.
I,S lb )
et au niveau du manchonosmiophile
aucours des
phases
suivantes(pl.
IIIB).
D. ― Les mitochondries
(cf.
tabl.i)
Les mitochondries
réparties
au hasard dans lesspermatides S u , (pl.
IA)
sedisposent ensuite,
dès laphase S ib ,
autour du canalcytoplasmique qui
entoure leflagelle,
surplusieurs colonnes,
entre 3 et6, mais,
leplus
souvent 4. Au cours desphases suivantes,
les mitochondries subissent unaplatissement qui
intéresse d’abord la colonne située sur la face dorsale de laspermatide (pl.
IIIB, pl.
IVF), puis
lesdeux colonnes latérales et,
enfin,
la colonne de la face ventrale. A l’extrémité distale de lapièce intermédiaire,
il ne subsiste que les 2 colonnes latérales(pl. V B).
Les crêtes restent individualisées tout au
long
de laspermiogenèse
et ne subissentpas de
modification,
mais leurdisposition
varie et ellesprennent
une orientationlongitudinale
ouconcentrique (pl.
IIIB)
au moment del’aplatissement
des mito-chondries. Les
granules
denses identifiées dans les mitochondries au début de laspermiogenèse (pl.
IA,
IIA) disparaissent
au cours de laphase S ic
et n’e xistentplus
dans les mitochondriesaplaties.
Entre lagaine
mitochondriale et la membraneplasmique
du canalcytoplasmique,
il subsiste sur lesspermatides S 4
et les sperma-tozoïdes,
des restes decytoplasme
formant unegaine qualifiée
de manchoncyto- plasmique (fig.
i,Spz).
- Autres structures
cytoplasmiques
Au début de la
spermiogenèse
une masse de matériel denseapparaît
dans lecytoplasme,
àproximité
du noyau(pl.
IA), puis migre
vers leflagelle (pl.
IB)
etse
dispose
autour du canalcytoplasmique (pl.
IC).
Cette structure n’a pu être retrouvée au cours desphases
suivantes.L’appareil
deGolgi qui
se localise àproximité
ducomplexe
centriolaire au début de laspermiogenèse,
effectue unemigration
vers lapartie postérieure
de la sper- matide au cours desphases 8,!, S 2
etS!,
avant dedisparaître.
Lecytoplasme
desspermatides
est riche en réticulum et en ribosomes libres ougroupés
en rosettes.Les
granules osmiophiles
de PORTE etF OLLENIUS ( 10 6 0 ),
sedisposent principalement
sur la face ventrale de la
spermatide,
contre le canalcytoplasmique (pl.
II B etV B).
Lesspermatides
sont en relation entre elles par desponts cytoplasmiques qui
subsistentpendant
toute laspermiogenèse. L’ensemble
de cesorganites cyto- plasmiques,
àl’exception
dequelques granules osmiophiles,
sont éliminés à la fin de laspermiogenèse.
Le processus d’élimination semble en relation avecl’apparition
de grosses vésicules au sein du
cytoplasme qui
se manifestent dès laphase S lb (pl.
II A etC)
et deviennentparticulièrement
nombreuses au cours desphases
suivantes
(pl.
IV C et VA-B). L’ensemble
ducytoplasme
estrejeté
sur la face ven-trale des
spermatides (pl. V)
avant d’être éliminé vers le centre ducyste (pl. VI).
DISCUSSION
A. ― La
spermiogenèse
duGuppy
L’évolution
morphologique
desspermatides
et, enparticulier
celle du noyau,correspond
auxdescriptions
que VAUPEL( 1929 )
a faites enmicroscopie photonique.
Les
jeunes spermatides
sontsphériques
et subissent une série de transformationscomplexes
avantd’acquérir
la formeallongée
duspermatozoïde
décrite par PORTE et FOLLENIUS(ig6o)
et BILLARD(rg6 9 c).
Certaines des
étapes
de laspermiogenèse
décrites dans cette étudecorrespondent
à des
descriptions déjà
faites(phases S ic , S z ) (MATTEI
etBOISSON, 19 66 ;
GRÔNIBFRGet
T ELKKA , 19 68).
La
spermiogenèse
duGuppy
est caractérisée par :U!a mouvement de bascule du noyau
qui
passepartiellement
de la face dorsale surla face ventrale de la
spermatide
et au coursduquel
lecomplexe
centriolaire se trouve entouré par le noyau.Une
t y ansfo y mation progressive
de la chromatinequi
seprésente
successivement sous3
textures différentes.
L’existence transitoire d’un
faisceau de microtubules.
- Ce faisceau demicrotubules,
identifié par MATTEI et Boissorr( 19 66)
et GPÔNBERG et TELKKA( 19 68)
occupeau cours des
phases S ic , S 2
etS 3
uneinvagination
nucléaire(pl. III)
située dans leplan
desymétrie
de laspermatide ―
etdisparaît
à la fin de laphase Sa
Unetransformation
notable ducomplexe
centriolaire. - Il existe 2 centrioles sur lesjeunes spermatides,
mais le centrioleproximal
n’estplus
visiblependant
la dernièrephase
de laspermiogenèse
et il ne reste que le centriole distal dans lespermatozoïde,
ainsi que PORTE et
For,r,Ermus ( 19 6 0 )
l’ontsignalé.
Ilapparaît
donc que les obser- vations de MATTWet Boissorr(rg66) portaient
seulement sur desspermatides Si
etS 2
zet
Sa.
La formation intercentriolaire décrite par MATTW etBOISSON (1966)
dans lesspermatides
aégalement
étésignalée
dans lesspermatocytes
I(G R O NBERG
etT!r,xKn, 19 68)
sous le terme de corps lamellaire intercentriolaire et même dans desspermatogonies qui possèdent
unflagelle (BILLARD
etF L ÉC HON , 19 6 9 a).
La
persistance
du canalcytoplasmique dans les spermatozoïdes. ―Dans les spermatides
et dans les
spermatozoïdes
leflagelle
est entouréjusque
dans sapartie
antérieurepar une
invagination
de la membraneplasmique,
identifiée par PORTE etFo!,r,!Nius (
19 6 0
) qui correspond
au canalcytoplasmique
desspermatides
de Mammifères.Cette structure a été
qualifiée
d’infundibulum de la membrane cellulaire par MATTEI et Borssorr( 19 66).
La
transformation peu prononcée
desmitochondries ;
la structurelongitudinale
ou
concentrique acquise
par les crêtes est la seule évolutionmorphologique
notableavec
l’aplatissement
etl’élongation
des mitochondries. Ces dernières ne fusionnent pas et leursimple
accolement conduit à la formation d’un manchon mitochondrialqui
nepeut
être considéré comme une véritablepièce intermédiaire, puisque complè-
tement
séparé
duflagelle
par un canalcytoplasmique qui
subsiste sur le spermato-zoïde mûr. La
gaine
mitochondriale duspermatozoïde
deGuppy
a été classée dans le groupe II par ANDRÉ( 19 62).
La subsistance de
cytoplasme
au niveau de lapièce
intermédiaire dans les!erma-
tozoïde mûr. Il subsiste
toujours
un manchoncytoPlasmique
entrela gaine
mitochon-driale et le canal
cytoplasmique.
C’est dans ce manchoncytoplasmique
que se localise leglycogène
au cours de laspermiogenèse (BILLARD,
nonpublié)
et dansle
spermatozoïde
mûr(A ND E R SON
etPERSONNE, 1970).
Le devenir des résidus
cytoplasmiques
éliminés desspermatides
n’a pu êtreprécisé.
Lecytoplasme
résiduelpourrait
être àl’origine
duliquide qui
se trouveà l’intérieur des
spermatozeugmes,
mais l’existence de corps résiduels dans les cel- lules de Sertoli(BILLARD, ig6g b) peut
faire supposer que des résiduscytoplasmiques pourraient
êtrephagocytés
par les cellules de Sertoli.L’examen
de laplanche
VImontre
cependant qu’il
n’existe pas derapports
étroits entre les cellules de Sertoli et les résiduscytoplasmiques
situés à l’intérieur ducyste.
B. ―
Com!ayaison
avec laspermiogenèse
d’autres animauxLes données actuelles sur la
spermiogenèse
chez d’autres Poissons et chez les Vertébréssupérieurs permettent
de fairequelques comparaisons
avec lesdescrip-
tions établies chez Poecilia yeticulata.
La chromatine dite
condensée,
caractérisée par desgranulations
fortementosmiophiles
de 40o à 600A
estcomparable
à celle décrite chez leCrapaud (B URGOS
et
FAWC!TT, 195 6),
chez le Poulet(N A G ANO , 19 6 2 )
et les Mammifères(F AWCETT , I95
8),
mais sa localisationpériphérique
d’abord unilatérale estoriginale.
Cette par- ticularité se retrouve chez d’autres Poissons : Cnesterodon decemmaculatus(SoT!!,o
et
T p ujmo-CENOz, 195 8) ; jenynsia
lineata(D AD O N E
etN ARBAITZ , 19 6 7 ) ; Oligo-
cottus maculosus
(S TANLEY , 19 6 9 )
et Phoxinius laevis(B ULLOU G H ,
1939, en micros-copie photonique). Malgré
une forte condensation au cours desphases S 3
etS t ,
la chromatine duspermatozoïde
mûr n’est pas aussicompacte
ethomogène
que chez certains Mammifères(F AW CF;TT, I g58).
Lesgranulations
de la chromatine se retrou- ventégalement
dans la tête duspermatozoïde
de Truite(K O E HL E R , 19 6 9 ).
Au début de la
spermiogenèse
des structures nucléairespeuvent
êtrerapprochées
de celles observées dans des cellules
somatiques.
Lesgrains
de 200 à 300A
de dia- mètregroupés
dans des zones interchromatiniennesrappellent,
par leurdisposition,
les
granules
interchromatiniens de SWIFT( 1959 )
et deG RANBOU r,AN
et BERNHARD(
I g6 I
).
Lesgrains
deplus grande
taille(6 50 A) situés au centre d’un halo clair,
seuls
ou
groupés
par 2 ou 3(pl.
IA) pourraient correspondre
auxgrains
ougranules périchromatiniens (S WIFT , 19 6 2 )
dont la tailleparaît
variable : 350A (W ATSON , 1962),
300 à 350A (BERNHARD
etGRAN B OU I ,AN, 1963)
et 400 à500 A (1VIONN!RON
et
al., 19 68).
Les masses trèsosmiophiles
degrande
taille( 2 000 A) (pl.
IA)
ontété
interprétées
comme nucléoles par GRÔNBNRG et TELKKA( 19 68),
alors que des structuresanalogues
ont étéqualifiées
de corpssphériques
par BuRGOS et FAWCETT( 195
6)
chez leCrapaud.
Le faisceau de microtubulesqui pourrait être analogue
au
corps axial de la
spermatide
de certains Invertébrés pour MATTEI et BOISSON( 19 66)
a été considéré comme un
squelette
relié au centrioleproximal
par GRÔNBFRG etT
ELKKA
( 19 68).
Eneffet,
le caractère transitoire de cette structure et saprésence
conjointe
avecl’allongement
de laspermatide, permet
de penser que les microtubules auraient un rôle dansl’élongation
de la cellule sans toutefois constituer undispositif mécanique
aussi élaboré que chez les Mammifères(C OUROT
etF I ,É C xoN, ig66),
lesOiseaux
(N A GA N O, ig62 ;
MCINTOSCH etPORTER, 19 6 7 ),
et lesReptiles (CHARNIER
et
al., 19 6 7
etCr, AR x, zg6 7 ).
Ils’agirait
donc d’une sorte de manchette. Laprésence temporaire
de ces microtubules les différencie de la fibre centrale et du canal endo- nucléaire identifiés chez laLamproie (F OLI ,E NIUS , I g65 ; STANr,!Y, 19 67)
et ducanal avec filament intranucléaire décrit en
microscopie photonique
par TuzET et FONTAINE( 1937 )
chezl’Anguille.
D’autrepart,
ilsemble,
à l’examen des dessins de VAUr!I,( 1929 )
que la structurequalifiée
de roodlet par cet auteurcorresponde
au
complexe centriolaire,
cequi
est en accord avec PORTE et FoI,I,!NIUS( 19 6 0 ).
L’existence de microtubules intracellulaires en relation avec le centriole
proximal
a été
signalée
dans lesspermatides
d’un autre Poisson :Lycodorctis afer (BOISSON
et
al ., I g67 ; M ATT F I , 1969 a).
La formation intercentriolaire se rencontre chez d’autres
Cyprinodontes (So’r!r,o
et
T RUJILLO -CE NOZ , 195 8 ;
DADONE etN ARBAI T Z , 19 6 7 )
et dans d’autres groupes de Téléostéens sous desaspects
variés :Dactylo!teyus
volitans(BOISSON et al., 19 68) ; U!eneus !rayensis (BOISSON et al., 19 6 9 ) ;
Salmo trutta(BILLARD, 19 69 c).
Le ren-flement antérieur du
flagelle
n’est pas une structureparticulière
aux cellulesgermi-
nales
puisque
desimages
semblables ont étéprésentées
sur des cils duplexus
cho-roïde de Rat
(M ARTIN E Z -M ARTINEZ
etD AEMS , 19 68). L’existence
de la masse de matériel dense identifié au début de laspermiogenèse (pl. I)
etqui peut
faire penserau corps chromatoïde
(S UD , 19 6 1 ;
COUROT etI, OIR , 19 68),
nepeut
être àl’origine
de la formation intercentriolaire ou du renflement antérieur du
flagelle qui
existentdéjà lorsque
ce matérielapparaît.
Le
plan
de lapaire
de fibres axiales duflagelle qui
estperpendiculaire
auplan
de
symétrie
duspermatozoïde, présente
sur un groupe deflagelles
voisins la mêmeorientation,
cequi
estanalogue
aux observations faites par FAWCETT( 19 68)
chezle
Cobaye
au cours de laspermiogenèse. Cependant,
une telle orientation n’est pasencore réalisée au cours de la
phase S 3 (pl.
VC),
maisapparaît
à la fin de la sper-miogenèse
dans lesspermatozeugmes complètement
formés(F AWCETT , 19 66).
Ilsemble que cette orientation soit due
principalement
à desimpératifs mécaniques
et
d’organisation spatiale ;
lesflagelles
sont étroitementappliqués
les uns contreles autres, ce
qui
a pour effet d’orienter toutes dans le même sens, lesexpansions cytoplasmiques
latérales desflagelles
et de ce fait lespaires
de fibres axiales situées dans le mêmeplan.
L’organisation
du centriole et de lapartie
antérieure duflagelle
estcomparable
à celle
rapportée
par Glssorrs et GRIMSTONE( 19 6 0 )
chez lesprotistes,
seul’.-mentau début de la
spermiogenèse, pendant
laphase S la
où l’extrémitéantérieure,
duflagelle
estdépourvue,
sur une courtedistance,
de fibres centrales. Au cours desphases suivantes,
le niveau d’insertion de lapaire
de fibres centrales vient seplacer
au niveau du manchon
osmiophile
et traverse ainsi le centriole distal sur toute salongueur.
Cettedisposition, déjà
décrite chez leGuppy
par MATTEIet BOISSON( I g66),
se retrouve chez le
Python (BOISSON
etM ATTEI , 19 66),
mais n’existe pas chez le Pleurodèle(PICH!RAr&dquo; 19 6 7 )
où la structuretypique
desprotistes
est conservéedans le
spermatozoïde.
La
persistance
du canalcytoplasmique
dans lesspermatozoïdes
semblegénérale
chez les Téléostéens
(M A TTEI, 19 6 9
a ; NzcnrrD>~x,rg68 ;
BILLARD etF L É CHON , 19
6 9
b),
alors que lesspermatozoïdes
des autresVertébrés,
ycompris
les Sélaciens et lesLamproies,
en sontdépourvus (NicnrrD!R, ig68).
Les
ponts cytoplasmiques
subsistent tout aulong
de laspermiogenèse ;
ilsdisparaissent
en mêmetemps
que lecytoplasme
et onpeut
supposer, comme OURA et MnTSUZexi( 19 68)
l’ont fait chez le Ver àsoie, qu’il n’y
aséparation
des cellules quelorsque
lesspermatozoïdes
sontcomplètement
formés.CONCLUSION
Au cours de la
spermiogenèse
de Poecilia vetic2ilata l’évolution des structures nucléaires et centriolaires estcomplexe
ets’accompagne
de mouvementsqui
aboutis-sent à une modification de la
position
de lachromatine,
à undéplacement
vers lapartie postérieure
ducomplexe
centriolaire en mêmetemps
que se manifestent des structures transitoires. A cettecomplexité s’oppose
uneorganisation
sommaire des mitochondriesqui
ne réalisent pas une véritablepièce
intermédiaire.Reçu Pour publication en avril 1970.
REMERCIEMENTS
L’auteur remercie M. COUROT pour ses conseils et R. SCANDOLO pour la réalisation des
micrographies.
SUMMARY
SPERMATOGENESIS IN THE GUPPY
(P I ECILIA RET1CULATA!
IV. - SPERMIOGENESIS. AN ULTRASTRUCTURAL STUDY
In the Guppy, considerable nuclear elongation occurs during spermiogenesis. A sequence of three chromatin structures (viz. heterogeneous chromatin, finely granular chromatin, and coalescing chromatin) occurs together with nuclear alteration and the transient appearance of intercentriolar bridges and microtubular bundles.
The mitochondria hardly undergo any transformation, except for flattening and lengthening.
They aggregate around the
flagellum,
but remain precluded from coalescence by a cytoplasmicsheath round the flagellum.
Mature spermatozoa display the bilateral symmetry which they developed as yonger sper- matids ; they are devoid of acrosome and only maintain an altered distal centriole.
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