Croissance de jeunes Terminalia superba
en
conditions contrôlées
le
MAILLARD, Monique JACQUES,
E. MIGINIAC et R. JAC PascaleMAILLARD,
C.N.R.S.,
Monique JACQUES,
Institut de
Physiologie
F 91190 Gif-sur-Yvette
E. MIGINIAC
Végétale (Phytotro
R.
JACQUES
C.N.R.S., Institut dePhysiologie Végétale (Phytotron),
F 91190
Gif-sur-Yvette
Résumé
Les modalités de la croissance de
jeunes
Terminatiasuperba (arbre tropical
de la famille desCombrétacées)
ont été étudiées en conditions contrôlées duPhytotron
à différentestempératures
et
photopériodes.
Lesphotopériodes
lesplus longues (14
ou 16h)
favorisent le mieux ledéveloppement.
Afin de vérifier si l’effet de la lumière sur la croissance est dû à la durée de l’éclairement ou à laquantité d’énergie
lumineuse, 9 h d’éclairementtrophique précédées
par 7 h d’éclairement faible incandescent ont étéexpérimentées : l’allongement
de l’axeprincipal
estsimilaire à celui observé pour 16 h d’éclairement
trophique,
mais ledégagement
des entrenceuds diminue et leur taille augmente. La croissance de latige
desjeunes plants
est donc sensible à la durée et à l’intensité de l’éclairement. D’autre part, une différence de 5 °C dans latempérature
influence nettement la croissance de l’axe
principal
et accentue l’effetphotopériodique.
Lesconditions les
plus
favorables pour ledéveloppement
desplantes
T.superba
sont réunies pour unetempérature
de 27 °C associée à unephotopériode
de 14 h.L’allongement
de latige
desjeunes
T.superba
est continu à 22 °C etpériodique
à 27 °C pour des durées d’éclairement de 14 et 16 h. Dans toutes les conditions d’environnement étudiées, l’axeprincipal
desplantes présente
une structurepériodique (alternance
d’entrenoeudslongs
etcourts).
Des comptages cellulaires effectués sur des entrenœuds
longs
et courts, ont montré que leur taille finale est fixée relativement tôt car elle est dueplus
à une différence demultiplication
qued’allongement
de leurs cellules.Mots clés : Terminalia
superba,
croissance,ramification, photopériodisme, température.
1. Introduction
La croissance de nombreuses
espèces ligneuses tempérées
est sensible à l’action de facteurs du milieu comme laphotopériode (NiTscH
&S OMOGYI , 1958)
et latempérature tL
AVARENNE
et al. , 1975 ; M AUGET , 1983).
Ces facteurs affectent demême,
la croissance d’un certain nombre d’arbrestropicaux (BÜ NNING , 1948).
Enparticulier,
l’action de cesfacteurs a été
partiellement
mise en évidence sur le Terminaliasuperba (arbre tropical
Ce travail a été réalisé dans le cadre d’une série d’études concernant le Terminalia superba engagées par le C.T.F.T. (département forestier du C.I.R.A.D.). Il a bénéficié du concours financier de l’A.T.P. C.N.R.S.I I.N.R.A./M.R.T. « Physiologie de la croissance des végétaux ligneux » (A.LP. 51 8002) sur le thème « Détermi- nisme de l’induction de la floraison sur les ligneux forestiers ».
de la famille des
Combrétacées),
par observation de la taille finale d’un certain nombre de ses organes aériens(LorrcMwN, 1976 ;
LoncMwN &L EAKEY , 1979).
Certaines
plantes
herbacées de climattempéré,
telles Viciafaba (MILLET, 1970)
ouChenopodium
rubrum(L ECHARNY
&W AGNER , 1984),
maiségalement
desvégétaux ligneux
commeQuercus pedonculata (L AVARENNE -A LLARY , 1966)
et Castanea vesca(L
AVARENNE
etal., 1971)
ouCorylus
avellana(B ARNOLA
etal., 1977), peuvent présenter
une croissance
rythmique qui
se maintient dans des conditions considérées commefavorables à la
croissance,
à unetempérature
constante et sous éclairement continu.Cette croissance
rythmique
se retrouveaussi,
chez ungrand
nombre devégétaux ligneux tropicaux,
tels Gnetumafrieanum (M IALOUNDAMA et al., 1984)
ouMangifera
indica
(P ARISOT , 1985)
et donne lieu à destypes
architecturauxparticuliers. Ainsi,
leTerminalia
superba
adulteprésente
unrythme morphogénétique
en conditions naturelles(FiSHE R
, 1976)
et se caractérise par une architectures’apparentant
au modèle d’Aubré- ville(H ALL É
&O LDEMAN , 1970).
Nous nous sommes
proposés
d’étudier les modalités dedéveloppement
du Termina- liasuperba
chez dejeunes plants
issus desemis,
en conditionsexpérimentales
duPhytotron,
afin :- de mieux
comprendre
les modalités de croissance de l’axeprincipal
sur desplantes jeunes,
en conditionsclimatiques parfaitement maîtrisées ;
- d’établir les conditions du milieu les
plus
favorables pour la croissance de cesplantes ;
- de
rechercher,
enparticulier,
l’influence éventuelle de la lumière(en
durée eten
intensité)
et de latempérature
sur la croissance de l’axeprincipal
etl’acquisition
del’aptitude
à la ramification.2. Matériel et méthodes
2.1. Matériel
végétal
L’étude a été réalisée sur de
jeunes plantes
Tarminaliasuperba
obtenues par semis.Les semences,
originaires
de Sibiti auCongo,
nous ont été fournies par le CentreTechnique
ForestierTropical (C.T.F.T.)
deNogent-sur-Marne (réf.
C.T.F.T. du semen-cier : 82/3808
N).
L’étude de certainesprotéines enzymatiques
dejeunes plantes
issuesde ces semences, montre que celles-ci sont très peu
polymorphes (VIGNERON, 1984).
Cedernier caractère nous
permet
doncd’espérer
uneplus grande homogénéité
desréponses
face aux conditionsexpérimentales envisagées.
2.2. Conditions de culture
La
germination
des semences se déroule en serre, à unetempérature
de27 °C,
enéclairement
naturel, augmenté
par un éclairementd’appoint (mixte
flurorescent etincandescent), lorsque l’énergie
lumineuse descend au-dessous de 125wE m- 2 s-’.
L’hu- midité relative est maintenue à 70 p. 100. Lesplantes
issues du semis sont cultivées survermiculite et arrosées deux fois par
jour :
solution nutritive(mise
aupoint
parNiTSCH,
décrite par BILDERLING &
L OURTIOUX , 1976)
lematin,
eau déminéralisée le soir.Afin d’étudier l’effet de la
température
et de laphotopériode
sur la croissance du Terminaliasuperba,
lesjeunes plants âgés
de 2 mois sont ensuiterépartis
en lots de 6plantes
et transférés en conditions contrôlées duPhytotron.
Cesjeunes plants
ont alorsatteint une hauteur moyenne, à
partir
descotylédons,
de1,2 cm
et ilsportent
4 à 6 feuilles. Deuxtempératures (22
et27 °C)
etquatre photopériodes
à éclairementtrophique
constant(9, 12,
14 et16 h)
sont utilisées. A 22 °C unephotopériode complémentaire
a étéexpérimentée :
9 heures d’éclairement forttrophique précédées
par 7 heures d’éclairement faible incandescent
(7
+ 9h),
defaçon
à vérifier si l’effet de la lumière sur la croissance est dû à la durée de l’éclairement ou à laquantité d’énergie
lumineuse délivrée.
L’éclairement artificiel des salles est assuré par des tubes fluorescents
(Mazda
F65,
Blanc
Industrie)
etcomplété
par deslampes
à incandescence. La valeur de l’éclaire- ment est de 250wE m- 2 s- 1
au niveau desplantes
pour l’éclairementfort,
et de 40>E
m- 2
çl pour
l’éclairement faible incandescent.2.3. Mesure de la croissance
Chaque
semaine lalongueur
destiges (au-dessus
de lapaire
decotylédons)
desplantes
est mesurée au mmprès,
de même que celle des entrenœuds constituant l’axeprincipal.
La vitesse dedégagement
des entrenoeuds est définie comme étant le nombre d’entrenaeuds déboités au cours dutemps (ici
ensemaines).
Les entrenceuds sont dits déboitésquand
ils mesurent 2 mm.L’apparition
et le niveau d’insertion des rameauxplagiotropes
sont notés.Mesure de la
longueur
des cellules d’entrenoeuds de l’axeprincipal
En fin
d’expérience,
àpartir
desplantes (âgées
d’environ 6mois) placées
à 22 °Cet 14 h de
photopériode,
desrépliques
de surfacesépidermiques
d’entrenceuds de l’axeprincipal
ont été réalisées. Latechnique
utilisée consiste à mouler la surface des entrenoeuds à l’aide d’un matériau à base de silicone(Xantopren Plus, Bayer
Dental D-5090
Leverkusen). L’empreinte
ainsi réalisée estdupliquée
surlame,
à l’aide de vernis àongle transparent, puis
examinée aumicroscope optique.
Lecomptage
des celluless’effectue,
àpartir
dephotos prises
aumicroscope,
en troispoints
de l’entrenoeud(haut, milieu, bas),
etporte
sur 15 files cellulaires chacun. Les entrenoeudspris
encompte
ne sont pas encorelignifiés,
mais ont achevé leur croissance.3. Résultats
Il
apparaît
en find’expérience
que lesplantes, âgées
de 6mois, présentent
unerépétition,
lelong
de l’axecaulinaire,
de séries d’entrenceudslongs
et courts, lesramifications s’insérant
généralement
aux niveauxcorrespondant
aux entrenoeuds lesplus
courts.Toutefois,
cescaractéristiques
sont modulées par lecomportement
indivi-duel des
plantes
et surtout par les conditionsexpérimentales.
3.1.
Allongement
de l’axeprincipal
L’étude des courbes révèle l’existence à 27 ’’C
(fig. 1),
pour toutes lesphotopé- riodes,
d’unephase d’allongement
faible d’environ 8semaines,
àlaquelle
succède unephase d’allongement plus
intense.L’allongement
de cestiges
est d’autantplus important
que la
photopériode
estplus longue.
Il est maximal pour une durée d’éclairement de 14ou 16 h
(indifféremment).
Deplus,
pour cesphotopériodes, l’allongement
de l’axeprincipal présente
une alternance de croissance lente etrapide (inflexions
de la courbeaux 8 et 16e semaines de
traitement).
Cephénomène
estplus apparent
au niveau desplantes
étudiées individuellement(fig. la).
1 1
A 22 °C
(fig. 2)
comme à27 °C,
unephase
de croissance lente d’environ 8 semainesprécède
unephase
de croissancerapide
pour laplupart
desphotopériodes
étudiées. Toutefois à 22 °C sous une
photopériode
de9 h,
2phases
successives dansl’allongement
sontvisibles,
au cours des 9premières
semaines de croissance : lapremière pendant
les 4premières semaines,
au cours delaquelle
le taux de croissanceest peu différent de celui existant au cours des semaines 12 à
18,
et la secondependant
les 4 semaines suivantes où la croissance est !;ub-nulle.
L’allongement
desplantes
augmente
avec la durée del’éclairement,
néanmoins unephotopériode
de 14 h favoriseplus l’allongement
de l’axeprincipal qu’une photopériode
de 16 h. Il faut notercependant
quesi cette
durée d’éclairement de 16 heures est donnée sous forme de 7 heures d’éclairement faible suivies de 9 heures d’éclairementtrophique
elle a un effetsimilaire à une durée d’éclairement de 14 h.
L’énergie
lumineuse et la durée de laphotopériode
ont donc une incidence sur la croissance destiges.
L’étude des courbes individuelles desplantes
pourchaque photopériode étudiée,
enparticulier
pour 14 h d’éclairement(fig. 2a),
nepermet
pas de mettre en évidence dans la croissance destiges
des alternances dephases
de croissance lente etrapide
au cours dutemps.
A une
température
de 22&dquo;C,
la croissance de l’axeprincipal
estplus
faible que cellequi
estenregistrée
à 27 °C et 9 heures d’éclairement constituent alors un facteur fortement limitant pour la croissance destiges. Néanmoins,
pour unephotopériode
de14 h et de 7
+ 9 h,
à22 °C,
la croissance de l’axeprincipal rattrape,
vers la 17csemaine,
celle desplantes poussant
à 27 &dquo;C pour desphotopériodes
de duréeidentique.
D’autre
part,
unetempérature
de 22 &dquo;C met en évidence un effet favorable maximal de laphotopériode
14 h surl’allongement
destiges,
alorsqu’à
27 °C desphotopériodes
de14
ou
16 h ont un effet similaire.3.2. Formation des entrenoeuds
A 27 °C
(fig. 3)
ledégagement
des entrenceuds augmente avec laphotopériode,
l’effet maximal étant toutefois atteint pour 14 heures d’éclairement.
Une diminution de la
température
de 5 °C affecte ledégagement
desentrenaeuds,
ralenti à 22 °C(fig. 4),
et ceci d’autantplus
que laphotopériode
est courte. Le nombre d’entrenoeudsdégagés
est maximal pour unephotopériode
de 14 ou 16h indifférem-
ment. D’autre
part
pour un éclairement de 16 heures(7 + 9 h),
le nombred’entre-
noeuds formés au cours dutemps
est du même ordre degrandeur
que celui obtenu pour 12 heures d’éclairement etsupérieur
à celui atteint pour un éclairement de 9 h. Ilapparaît
donc que l’éclairementjoue
un rôle sur ceparamètre,
à la fois par sa durée et parl’énergie qu’il
délivre.L’étude
comparée
des deuxtempératures
montre que lesdifférences, portant
sur le nombre d’entrenoeudsdégagés
par lesplantes,
sontdavantage marquées
d’unephotopé-
riode à
l’autre,
à 22 °C(fig. 4) qu’à
27 °C(fig. 3) excepté
entre 14 et16 h, photopériodes
pourlesquelles
aucune différence n’est visible.L’étude de la
longueur
des entrenoeuds lelong
de l’axeprincipal (profils)
desplantes placées
dans les différentes conditionsexpérimentales
detempérature
et dephotopériode,
révèle :- d’une
part, qu’une
diminution de 5 °C ainsi que desphotopériodes
courtes[9
h(fig. 5)
ou 12 h(résultat
nonmontré)],
retentissent sur la taille finale des entrenoeudsqui
est alorsplus
faible.Néanmoins,
pour une durée d’éclairement de 14 h(fig. 6)
oude 7 + 9 h
(fig. 7),
la taille atteinte par les entrenoeuds desplantes
cultivées à 22 °C estsupérieure
à celle rencontrée à 27 °C(fig. 8, 9) ;
- d’autre
part,
l’existence de deux vagues d’entrenoeudslongs
trèsmarquées
auxphotopériodes longues (fig. 6, 9).
A27 °C,
les deux séries d’entrenaeudslongs
sontséparées
par uneplage
d’entrenoeuds courtsplus importante qu’à 22 °C, température
pour
laquelle
la deuxième série succède à lapremière
presque sans transition. Cette structurepériodique
de l’axeprincipal (fig. 9),
se manifesteégalement
par unallonge-
ment de l’axe
présentant
deux alternances de croissance lente etrapide (fig. la).
Lastructure
périodique
visible à27 °C,
est d’autantplus
nette que les alternances de croissance sontplus marquées.
Longueur
moyenne des cellulesépidermiques
des entrenoeudslongs
et courtsLes résultats
indiquent
que lalongueur
moyenne des cellules dans un entrenaeud est sensiblement lamême-que
les mesures soient faites- enhaut,
au mllieu ou en bas del’entrenaeud
(tabl. 1).
La variabilité constatée ne semble pasimputable
à laprésence
d’un
gradient
de croissance dans l’entreneeud. Il nousparaît
doncpossible,
àpartir
desdonnées
existantes,
d’établir lalongueur
moyenne des cellules de l’entrenoeudindépen-
damment de la zone observée. La
longueur
d’une cellulereprésentative
de lalongueur
moyenne des cellules constitutives d’un entrenaeud
ayant
achevé sacroissance,
varie peucomparée
aux différences de taille des entrenoeuds_ Cettelongueur
moyenne tend àaugmenter
au niveau des entrenoeuds d’ordresupérieur (tabl. 2).
Il semble donc que les entrenoeuds lesplus longs-sont
ceuxqui présentent
leplus grand
nombre de cellulespuisque
la taille de ces dernières diffère peu que les entrenceuds soientlongs
ou courts,pour un même niveau de
tige.
3.3.
Développement
desbourgeons
axillairesA une
température
de22 °C,
le ralentissement de croissance de l’axeprincipal s’accompagne
d’une stimulationprécoce
de l’activité desbourgeons
axillaires. Ces derniers eneffet,
démarrentplus
tôt(un décalage
d’au moins une semaine a étéenregistré) qu’à
27 °C et enplus grand
nombre(fig. 5, 6),
mais bien peu sont àl’origine
de rameaux axillaires car ils se dessèchent et tombent.D’autre
part,
nous avons pu noter à22 °C,
laprésence
de rameaux axillairesinsérés assez bas sur l’axe
principal,
au niveau de la 11 ou 12e feuille(fig. 5) ;
à 27 °Cles
premiers
rameauxapparaissent plus
tardqu’à
22°C, généralement
à l’aisselle de la 15e feuille pour les
photopériodes
courtes(fig. 8)
et de la 25 à la 35&dquo; feuille pour lesphotopériodes plus longues (résultats
nonmontrés).
Le niveau d’insertion des rameauxdiminue
également
auxphotopériodes
courtes. Ainsi à unetempérature
de 27 °Cassociée à 9 heures
d’éclairement,
lespremiers
rameaux sontprésents
dès la 15’ feuille(fig. 8).
Par contre, pour unephotopériode
de 14 h(quelle
que soit latempérature)
lespremières
ramifications s’insèrent à l’aisselle de feuilles de rang relativementélevé,
leplus
souvent vers la 30e feuille(fig. 6, 9).
Pour toutes les conditionsexpérimentales
envisagées,
les rameaux axillaires sontparfois
isolés sur latige
mais leplus
souventgroupés par
trois ouquatre
et s’insèrentgénéralement
au niveau desplages
d’entre-noeuds courts.
A
22 °C,
en éclairement(7 + 9 h),
ledémarrage
desbourgeons
axillaires est enrègle générale toujours
suivid’élongation (fig. 6),
etl’aptitude
desplantes
à édifier desrameaux axillaires est
acquise
tardivement(environ
un moisaprès
celle desplantes placées
à 22 °C et à unephotopériode
de 16h).
4. Discussion
Il
apparaît donc,
au vu de cesrésultats,
que les conditionsd’environnement,
telles laphotopériode
et latempérature, peuvent
modifier la croissance desjeunes
Terminaliasuperba. Ainsi,
une diminution de lalongueur
dujour
ralentit fortementl’allongement
des
tiges.
Celui-ci est associé à un ralentissement dudégagement
desentrenaeuds, qui atteignent
unelongueur
finaleplus
faible. Le rôle limitant desphotopériodes
courtesdans la croissance de cet arbre revêt un aspect intéressant pour les conditions de 22 °C et 9 h d’éclairement. En
effet,
la croissance de latige
dans les 18premières
semainesde
développement
de laplante, présente
deuxphases
de croissance faibleséparées
parune
période
de croissance sub-nulle de 4 semaines(fig. 2).
Celle-ci survient 4 semainesaprès
le début de lapremière phase.
C’est au cours de cettepériode
que la fanaison descotylédons survient, lorsque
lesplantes
sont parvenues au stade de la 15 à la 17e feuille. Aussipeut-on
se demander si cettepériode intermédiaire, qui passerait inaper-
çue dans les conditions de
photopériode plus favorables,
nereprésente
pas le passage del’hétérotrophie
àl’autotrophie ?
Une différence de
température
de 5 °Cpeut également
affecter defaçon impor-
tante la vitesse de croissance des
tiges
de T.superba
et avoir une influence sur lalongueur
moyenne des entrenaeuds. Nous retrouvonsdonc,
en conditionscontrôlées;
des résultats
comparables
à ceux de LONGMAN(1976).
Eneffet,
cet auteur a pu mettreen évidence l’action de facteurs du milieu sur la
longueur
finale moyenne des entre- noeuds de T.superba :
cette dernièreaugmente
avec la durée dujour
et sous l’effetd’une
augmentation
de 5 °C de latempérature
nocturne. La croissance de l’axeprincipal (de
même que celle de sesentrenceuds)
de l’Actinidia chinensis est affectée de la mêmemanière,
par lalongueur
dujour
et par latempérature,
la croissance laplus
faible étant
enregistrée
enjour
court(8 heures)
combiné à unetempérature
fraîche(15 °C) (LtoN.aKts
&ScHw.asr., 1984).
La croissance de l’axeprincipal
du T.superba
estd’autant meilleure que les
jours
sontplus longs. Cependant,
à cettetempérature
de22 °C,
laphotopériode
laplus
favorable est de 14 heures et non de 16heures,
alorsqu’à
27 °C ces deuxphotopériodes
ont un effet similaire. Ceci tend à démontrer l’existence d’une interaction entre latempérature
et laphotopériode.
La durée de l’éclairement
joue
un rôle nonnégligeable
au cours de la croissance desjeunes
T.superba ; néanmoins,
la valeur de l’éclairement influe aussi sur la croissance de cet arbre. Eneffet, l’allongement
de l’axeprincipal peut
se maintenir enjour long (7
+9 h)
même si au cours decelui-ci,
seules 9 heures d’éclairement forttrophique
sont assurées. Mais dans ce cas, cetallongement
est dû non à uneaugmenta-
tion du nombre d’entrenceudsformés,
mais à unallongement plus important
de ceux-ci.Cet
aspect photopériodique
du rôlejoué
par la lumière sur ledéveloppement
d’uncertain nombre de
plantes,
a étédémontré,
enparticulier
sur lafloraison,
l’éclairement incandescent étantplus
efficace s’il est donné avantqu’après
l’éclairementtrophique (L
ANE
et al. , 1965).
L’axe
orthotrope
du Terminalia adulte est unmonopode
à croissancerythmique
cequi
confère aux branches unedisposition
subverticillée(H ALL É
&O LDEMAN , 1970).
F
ISHER
(1976)
a étudié cette croissance en conditionsnaturelles,
sur des T.superba âgés
d’au moins 3 ans, en
prenant
comme référence la taille finale des entrenaeuds et des feuillescorrespondantes
de l’axeprincipal.
Il a ainsi mis en évidence unrythme morphogénétique,
dont lacomposante
est à la foistemporelle (périodes
d’arrêt alter- nant avec desphases
de croissancerapide)
etspatiale.
Cette dernière concerne les entrenoeuds et les feuilles : les feuilles dont la surface est laplus grande
semblent êtreproduites
avant ouaprès
lesplus longs
entrenoeuds. Nous avons demême,
retrouvé enconditions contrôlées du
Phytotron,
et sur desplantes jeunes,
cettemorphogénèse rythmée.
Notre étude montre d’unepart,
que lesjeunes
T.superba édifient,
au coursdu
temps,
au niveau de latige
des structures ditespériodiques (vagues
d’entrenaeudslongs
etcourts)
et d’autrepart
quel’expression
de ces structures est modifiée defaçon
notable par les conditions extérieures.
Lorsque
ces structures sont trèsmarquées
et que les vagues d’entrenoeudslongs
sont délimitées nettement par une zone d’entrenaeuds courts, la croissance enlongueur présente
elle-même un caractèrerythmique.
Cettecomposante spatiale
ettemporelle
se retrouveégalement
en conditions contrôlées dans la croissance dumanguier (P ARISOT , 1985).
La croissancerythmique
dumanguier présente
un caractèreendogène
car lapériodicité
durythme
est de 3 à 4semaines,
différente donc de la
périodicité jour-nuit
du milieuqui
a une influence certaine sur lesplantes (MILLET
&M ANACH È RE , 1979).
En tout cas, il
apparaît
que le devenir des entrenoeudslongs
ou courts, dont lacroissance résulte à la fois de la
multiplication
et del’allongement
descellules,
est fixérelativement
tôt, puisque
c’est laprolifération
cellulairequi
est déterminante dans le processus de croissance enlongueur.
Cetype
de croissance enlongueur
serapproche
donc de celui des entrenaeuds de
tige
de Vic-iafaba (MILLET, 1970)
ou de ceux durameau annuel de Fraxinus excelsior
(C OTTIGNIES , 1985).
C
HAMPAGNAT
(1983)
a montré queles,
corrélationsjouent
un rôleimportant
dansl’aptitude
à faire un tronc. Celle-ci est avant tout soumise à deux processusphysiologi-
ques : la ramification acrotone de l’axe
principal (l’acrotonie
étant définie comme la dominanceapicale
dubourgeon
distalcapable
d’inhiber la croissance desbourgeons axillaires),
et leplagiotropisme
des rameaux(les
rameauxplagiotropes
influencent la croissance des autres rameaux en auto-entretenant le « programme» plagiotrope).
L’absence de
démarrage
d’ungrand
nombre debourgeons
axillaires chez le T.superba
serait due
également
à unphénomène
de corrélations inhibitrices : lebouturage
derejets
de souches sur des arbresadultes,
révèle eneffet,
quel’aptitude
aubouturage
nediffère pas selon le niveau de
prélèvement
de la bouture sur lerejet (Ko y o, 1985).
Desfacteurs extérieurs comme la lumière ou la
température peuvent
modifier cesphéno-
mènes de corrélation et en
particulier
l’intensité de la dominanceapicale (M IGINIAC , 1974 ; P HILLIPS , 1975) :
ces auteurs constatent d’unepart,
que l’inhibition corrélative desbourgeons
estgénéralement augmentée
par des éclairements de faibleénergie
etsous l’effet d’une
augmentation
de la durée de laphotopériode,
et d’autre part, que cette inhibition diminue auxtempératures
fraîches. Nous observons le mêmetype
de résultats pour le T.superba puisqu’en
éclairement delongue
durée(7 + 9 h)
desdémarrages
momentanés debourgeons
lelong
de l’axeprincipal n’apparaissent
pas, etl’aptitude
desplantes
à édifier des rameaux axillaires estacquise
tardivement. De même les rameaux axillairesapparaissent
à des niveaux inférieurs sur l’axeprincipal lorsque
latempérature
est diminuée de 5 °C et pour desphotopériodes
courtes.Le T.
superba présente
une alternance d’entrenœudslongs
et courts lelong
del’axe
principal,
modulée par les conditions extérieuresétudiées,
maistoujours présente.
En
particulier
l’influence de la lumière sur la croissance destiges
de T.superba, qui
semanifeste selon deux modalités
(durée
eténergie), apparaît
comme certaine. Des éclairements incandescents de faible intensitéprovoquent
l’étiolement avec un fortallongement
des entrenoeuds deplantes
comme le !phaseolusvulgaris (F IELD
&J ACKSON , 1974)
ou leCatalpa bignonioides (DowNS
&B ORTHWICK , 1956).
Demême,
l’éclairement faible incandescent(riche
en lumièreinfra-rouge)
des conditionsexpérimentales (7
+ 9h)
affecte nettement le nombre etl’allongement
des entreneeuds formés par lesjeunes
T.superba :
ceci tendrait à prouver que laqualité
de la lumièrejoue également
un rôle dans la croissance du Terminalia. Une
expérimentation
en cours faisantappel
àdes éclairements colorés tentera
d’apporter
des éléments deréponse
à cettequestion.
Il est
probable
que larythmicité
de lacroissa.nce, qui
se traduit par l’architecture trèsparticulière
du T.superba,
ait uneorigine endogène.
Il serait toutefois intéressantd’étudier la croissance de cette
plante,
en conditionscontinues,
afin de vérifier cettehypothèse.
D’autrepart,
il nousparaîtrait justifié
d’aborder lesphénomènes
de corréla-tion
susceptibles
d’intervenir au cours de cette croissance. Nousenvisageons
donc notamment, d’étudier les éventuelles relations existant entre la croissance et la taille finale des entrenoeuds et celles des feuillescorrespondantes
et de voir si les alternances de croissance de l’axeprincipal
ont unrapport
avec ledéveloppement
des rameauxaxillaires.
Reçu
le 1 avril 1986.Accepté
le 2juin
1986.Summary
Growth
of
young Terminaliasuperba
in controlled environmental conditions In thefollowing study,
the effects of differentday-lengths
and temperatures on shootgrowth
in
vegetative
Terminaliasuperba plants (Combretaceae)
have been determined.The reaction of 2 months-old trees
originating
from seeds obtained at Sibiti(Congo)
tovarious environmental conditions were studied in a controlled environment
(Phytotron)
at twotemperatures
(22
or27 &dquo;C)
and fiveday-lengths (9,
12, 14, 16, 7 + 9h).
Increasing
thephotoperiod
resulted in an increased shootgrowth (fig.
1,2).
The best values of shoot extension, internode emergence rate(fig.
3,4)
and finallength
achievedby
theseinternodes
(fig.
6, 7, 8,9)
were obtained in 14 h and 16 hday-lengths.
Todistinguish
between truephotoperiodic
responses and effects oflight intensity,
the fullintensity
9 hperiod
was extended to16
h by
lowintensity supplementary
illumination(7 h) :
theelongation
of the young trunk was similar to that observed in fullintensity
16 hphotoperiod (fig. 2)
but theproduction
of internodeswas reduced
(fig. 4).
Thus the finallength
of internodes was enhanced. Therefore shootgrowth
inTerminalia
superba depends
upon bothday-length
andlight intensity.
Shoot
growth
was also influencedby
a 5 &dquo;C temperature difference. At 22 &dquo;C(fig.
2,4)
thegrowth
was lower than at 27 &dquo;C(fig.
1,3) :
theplants produced
fewer and smaller internodes at 22 °C. However,plants growing
at 22 &dquo;C and 14 or 7 + 9 h(fig. 2)
after 17 weeks reach the size of plantsgrowing
at 27 &dquo;C and identicalday-lengths.
Moreover, theelongation
ofplants
wassimilar at 14 and 16 h
day-lengths
at 27 &dquo;C, whereas 14 hphotoperiod
has a greater effect than 16h photoperiod
at 22 °C(fig. 2).
It is clear that temperature andphotoperiod
interact,controlling
the stemgrowth.
The
development
of lateral buds in young T.superba plants
was also sensitive today-length
and temperature. Short
days
increased(fig.
5,8)
andlong days
reduced the number ofgrowing
buds
(fig.
6, 7,9).
Thesubsequent development
of lateral buds was decreasedfollowing
a temperaturedrop
of 5 &dquo;C(from
27 to 22&dquo;C).
At agiven
level of the stem, three or fourspirally arranged
lateral budsgenerally
grow out as aclosely spaced pseudo-whorl
of lateral branches.This work has shown that the trunk grew
continuously
at 22 &dquo;C(fig.
2,2a)
andperiodically
at27 °C for 14 and 16 h
day-lengths (fig.
1,la).
In any case, this trunkdisplayed alternatively long
and short internodes
(fig.
6, 7, 8,9).
Thisperiodic phenomenon
could not be attributed tochanges
in external conditions : indeed the fluctuationsregistered
were different fromperiodic
fluctuations of the environmental conditions. The measurement of
epidermic
cell meanlength
inlong
and short internodes revealed no clear difference(tabi. 1).
Therefore the finallength
reachedby
the internodes is determinedearly
anddepends
upon the mitoticactivity
inside the terminal bud.Key
words : Terminaliasuperba, growth, ramification, photoperiodism,
temperature.Références
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