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LES DISQUES. Les disques classiques

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Les disques classiques

En quelques années, la discographie de Monteverdi s'est pro- digieusement enrichie, en nombre et en qualité. Au premier rang des artisans de ce progrès il faut, je crois, citer 1' « Ensemble vocal et instrumental de Lausanne », que dirige Michel Corboz.

On lui devait, entre autres réalisations, l'enregistrement intégral de l'Orfeo et des Vêpres solennelles « délia Beata Vergine ». Il nous donne maintenant la suite et fin, en six disques, d'une inté- grale dont les deux premiers disques avaient fait sensation il y a deux ans (1). Le titre général est Selva Morale e Spirituale et l'œu- vre religieuse pour Saint-Marc de Venise. Les huit disques com- prennent les quarante pièces de la Selva Morale e Spirituale de

1640, plus vingt-huit œuvres tirées, soit du recueil posthume (Messa a 4 voci et Salmi) de 1650, soit de diverses publications collectives, et toutes vraisemblablement destinées à la Basilique de Saint-Marc.

Dans cette énorme production, dont la composition s'échelon- ne de 1615 (soit deux ans après la nomination de Monteverdi comme maître de chapelle à Saint-Marc) à sa mort, en 1643, toutes les ressources sont mises en œuvre d'une technique orientée vers l'avenir, mais qui ne répudie nullement le passé. Toutes sortes de combinaisons s'y rencontrent, de l'ancienne polyphonie à voix égales, au style concertant à une ou plusieurs voix solistes, avec ou sans instruments obligés, avec ou sans participation d'un chœur. Les structures ne sont pas moins déversifiées. Telle pièce E questa vita un lampo (Cette vie est un éclair) traduit le texte par sa brièveté même alors que le Laetatus sum, les deux Dixit, le Gloria, le Magnificat, le Nisi Dominas, ont une ampleur monu- mentale. Telle polyphonie à huit voix, le Credidi pour double chœur nous reporte à l'ancien style d'église, alors que la Plainte de la Madonne (Il Pianto délia Madona), adaptation du déchi- rant Lamento d'Arianna ne présente — et pour cause — que de bien faibles différences avec le récitatif dramatique du début du xvne siècle. L'écriture peut atteindre une hardiesse surprenante : qu'on écoute, par exemple, le Lauda Jérusalem du dernier dis- que.

Pour ce qui est de l'interprétation, elle est celle que nous pou- vions attendre de Michel Corboz et de son ensemble. Leurs affi- nités avec l'art de Monteverdi sont évidentes, la rigueur de leur

(1) Erato STU 70415 à 70420. Les deux disques parus en 1967 portaient les numéros STU 70386/87.

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style, l'authenticité de leur émotion ne font pas doute et, condi- tion essentielle pour l'exécution de cette musique, la justesse d'in- tonation est à peu près sans défauts. Voix et instruments ont fait l'objet d'un choix exigeant. Ces huit disques ont leur place mar- quée dans toute collection monteverdienne.

Moins connu du grand public que Monteverdi, le prince Gesual- do de Venosa inspire actuellement aux musiciens un intérêt pas- sionné. Nul doute qu'ils fassent grand accueil à la publication de ses six livres de Madrigaux par « Harmonia Mundi » qui nous avait déjà donné la première partie du 5e livre (Prix du Disque de l'Académie Charles-Cros en 1969) (2). Ce n'est pas ici le lieu d'évoquer le singulier et, somme toute, peu rassurant personnage du prince de Venosa, comblé de dons, mais deux fois meurtrier avec un minimum de circonstances atténuantes. Pourtant il semble bien que la hantise du double crime l'ait poursuivi sa vie durant, et qu'elle ait profondément marqué sa musique, aussi bien les œuvres sacrées, composées sur des textes qui « peuvent tous s'ap- pliquer au propre désespoir de l'auteur », (Robert Craft), que les madrigaux profanes où, à partir surtout du 3e Livre, l'idée de la mort est sans cesse associée à celle de l'amour.

Mais cet arrière-plan sentimental ne suffit pas à expliquer la texture musicale de l'œuvre. Gesualdo est, en son temps, à l'avant- garde de la recherche, curieux des innovations de Luzzaschi, des ressources nouvelles du chromatisme, d'une expressivité plus di- recte et plus profonde. Et il va beaucoup plus loin que ses devan- ciers, créant par moments des harmonies qui pourraient être d'au- jourd'hui.

L'exécution, par un quintette vocal que dirige Angelo Ephrikian est, au point de vue du style, d'une fidélité absolue à l'esprit de cette musique. L'appropriation des timbres, la juste proportion des volumes sont dignes de tout éloge. La seule réserve porterait sur quelques impuretés dans l'intonation, qui s'expliquent par la diffi- culté diabolique de certaines modulations, et aussi du fait que la composition du quintette n'est pas absolument constante : les noms des éléments permanents, Karla Schlean, Rodolfo Farolfi, Gastone Sarti, sont une suffisante garantie de qualité.

Sous le titre L'Art de Vladimir Horowitz, un coffret nous ap- porte trois disques consacrés à quelques-uns des compositeurs préférés de cet admirable virtuose (3). Cette anthologie va de D.

Scarlatti (3 Sonates) à Debussy (3 Préludes du 2e Cahier), en pas- sant par la Sonate Pathétique de Beethoven, l'Impromptu en

(2) Harmonia Mundi, Arco 301 à 305.

(3) C.B.S. S 77311.

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sol bémol de Schubert, l'Arabesque op. 18, les Scènes d'enfants et la Toccata de Schumann, 2 études, le 1er Scherzo et la Sonate en si bémol mineur de Chopin, la 19e Rapsodie de Liszt transcrite par Horowitz, deux études-tableaux de Rachmaninov, deux études et le Poème op. 32, n° 1 de Scriabine.

Une notice de Claude Rostand nous apprend que, pendant les douze années passées loin des estrades de concerts, Horowitz avait, aux termes d'un contrat signé avec C.B.S., un studio d'enregistre- ment installé à son domicile, en sorte qu'il lui suffisait de pousser un bouton pour fixer telle ou telle interprétation au gré des hu- meurs du moment. Plusieurs des œuvres confiées à ces trois dis- ques proviennent de cette source. On conçoit, sans qu'il semble nécessaire d'y insister, l'intérêt de tels témoignages, résultats de recherches approfondies à loisir, et d'un choix délibéré. La qualité de la gravure répond à celle de l'interprétation.

MARC PINCHERLE

Espagne, Lieder, Mélodies

Six disques de musique espagnole ancienne et classique sont sortis coup sur coup dans la célèbre collection « Archiv Produk- tion ». Interprétées par des musiciens espagnols, la plupart des œuvres présentées sont inédites ou, en tout cas, peu connues en France. Ce sont autant de révélations.

Le premier volume de cette série nous propose des œuvres sacrées du XVIIIe siècle interprétées par le Chœur de Montserrat et des solistes instrumentaux placés sous la direction de Ireneo Segarra (1). Le Salve Regina du moine Miguel Lopez est un exem- ple rare de musique baroque religieuse ou les « chirimias » (haut- bois baroques) dialoguent avec le soprano solo et le chœur. Plus rare encore : un admirable Noël maure de Diego Duron, le seul connu, dont le texte espagnol est déformé en « petit nègre », si l'on ose dire, et enrichi d'expressions faussement arabes. Le résultat est très savoureux. Et très beau.

Au début du xe siècle un instrument de musique arabe nommé Kitra ou Kouitra est introduit en Espagne. Il donnera naissance à la guitare, mais celle-ci, au xvie siècle, sera classée « instrument populaire », sa sœur noble étant alors la « vihuela de mano » qui possède deux cordes de plus. Le sixième disque de notre collection présente l'immense intérêt de nous faire entendre des œuvres caractéristiques du xvie siècle sur cet instrument pour lequel elles

(1) Archiv Produktion, (30 cm) : 198 452.

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furent composées. Renata Tarrago qui nous offre cette restitution, nous propose aussi, sur l'autre face, un récital d'œuvres pour gui- tare des xvne et x v me siècles, époque à laquelle la guitare, trans- formée, avait gagné son plein droit de cité. L'ensemble dégage un charme et une poésie prenantes.

Autrichien, Hugo Wolf pensait avoir du sang latin dans son ascendance. C'est l'une des raisons pour lesquelles il décida après les œuvres de Mœrike, Gœthe ou Eichendorff, de mettre en musique des poèmes italiens traduits et adaptés en allemand par Paul Heysse. Ce ne fut pas une petite affaire : aux prises avec une inspiration fuyante, Wolf mettra six ans pour composer les 144 lie- der de l'Italienisches Liederbuch. Il en dira : « C'est la plus ori- ginale et la plus réussie de toutes mes œuvres. »

Voici, en effet, que nous a été récemment proposé une inter- prétation exemplaire de ce grand cycle mélodique, plus simple, plus direct, plus tendre aussi que les précédents de Hugo Wolf (1).

Tour à tour Dietrich Fischer-Dieskau et Elisabeth Schwarzkopf, tous deux accompagnés au piano par Gerald Moore, détaillent à ravir ces chants d'amour dont les titres disent assez le climat :

« Quand tes yeux me caressent », « Tu es la plus belle », « Si je meurs qu'on m'entoure de fleurs ».

Dans ce climat latin, Wolf, cependant, fait de la musique alle- mande. Il le savait et avouait à un ami en parlant de ces lieder :

« Oui, leur cœur bat en allemand, même si le soleil qui les inonde est italien. »

Pour rester dans « l'art "de la mélodie », signalons un disque qui porte précisément ce titre. Il nous introduit cependant dans un univers musical bien différent de celui de Hugo Wolf puisqu'il s'agit ici de mélodies françaises, de Gabriel Fauré à Francis Poulenc, en passant par Claude Debussy et Reynaldo Hahn (2). Le choix est judicieux bien que des plus classiques (Après un rêve, Mando- line, D'une prison, etc.). Qu'importe, on a grand plaisir à entendre à nouveau ces mélodies connues, interprétées avec un art et une sensibilité exemplaires par Nicolaï Gedda, accompagné au piano par Aldo Ciccolini.

lu Apocalypse de Pierre Henry

Il est dans la lignée des grands imagiers, simples et inspirés, du Moyen Age ». Claude Rostand situe ainsi Pierre Henry, musi-

(1) His Master's Voice. Série Angel., (2 x 30 cm) : SAN. 210-211.

(2) La Voix de Son Maître, (30 cm) : 2C 063-10 000.

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cien jugé cependant scandaleux par beaucoup, qui, l'an dernier, pour répondre à une commande du ministère des Affaires cultu- relles, présenta l'Apocalypse de Jean, une oeuvre d'une durée de deux heures, résultat d'un travail de plusieurs années de recherche et de stockage de matériaux sonores.

Des extraits du maître livre de l'apôtre Jean, dits par un récitant, sont en effet, illustrés — ou « enluminés » — par une musique née en laboratoire, et dont la matière première est aussi bien concrète (instruments, voix, bruits traités) que strictement électronique (fabriquée par la machine).

« Dans 1' Apocalypse de Jean, Pierre Henry fait un effort méri- toire pour varier, enrichir sa matière », écrit Lucien Rebatet dans sa passionnante et passionnée Histoire de la Musique qui vient de paraître (Robert Laffont). Il conclut cependant, après avoir détaillé ses critiques : « Cela n'est guère inventif, rapidement monotone. » Mais corrige : « En dépit des lacunes, des manies, des grossièretés et naïvetés de ce chercheur, on doit tenir compte de ses progrès, si lents et laborieux soient-ils, dans un domaine en- core ingrat. »

On doit surtout écouter cette musique pleinement de notre temps qui se cherche, en effet, mais dont les balbutiements ont l'attrait émouvant d'un art à l'état naissant. L'enregistrement in- tégral de l'Apocalypse, récemment publié dans la collection « Pros- pective xxie siècle » (1), en offre une excellente occasion à tous les discophiles. Le récitant en est Jean Négroni. Il est d'une émou- vante sobriété. Bien sûr l'auditeur ne'dispose pas dans son salon des douze pistes et des quarante haut-parleurs qui étaient en ser- vice au Théâtre de la Musique lors de la première audition, mais qu'il se rassure : quel que soit son équipement, le monde sonore qui entrera chez lui sera suffisamment puissant et inouï pour effarer ses invités, faire se tapir son chat, et — nous l'espérons — le fasciner.

MAURICE ROY

(1) Philips, (3 X 30 cm) : 837 923 à 925.

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