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Le Rapport Mapping de l'ONU sur les crimes commis en RDC : conséquences sur notre présent et avenir. La justice comme préalable pour une paix et un avenir serein de la jeunesse.

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Academic year: 2021

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Submitted on 17 Nov 2020

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Le Rapport Mapping de l’ONU sur les crimes commis

en RDC : conséquences sur notre présent et avenir. La

justice comme préalable pour une paix et un avenir

serein de la jeunesse.

Bienvenu Matumo

To cite this version:

Bienvenu Matumo. Le Rapport Mapping de l’ONU sur les crimes commis en RDC : conséquences sur notre présent et avenir. La justice comme préalable pour une paix et un avenir serein de la jeunesse.. 2020. �hal-03008825�

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Le Rapport Mapping de l’ONU sur les crimes commis en RDC : conséquences sur notre présent et avenir.

La justice comme préalable pour une paix et un avenir serein de la jeunesse1.

1. Contexte général de la conférence

Le mois d’octobre 2020 marque le 10ème anniversaire de la publication du rapport Mapping de l’ONU sur les crimes commis en RDC entre 1993 et 2003. A ce jour, aucune des recommandations issues de ce rapport n’a jamais été mise en œuvre afin de mettre fin à l’impunité. Cette dernière a dominé les rapports sociaux et politiques entre les acteurs et les populations en RDC notamment dans la partie orientale du pays. Depuis quelques années, le prix Nobel de la paix de 2018, le Dr Denis MUKWEGE a entrepris une démarche en termes de plaidoyers au sein des institutions nationales, régionales et internationales pour que les recommandations coulées dans ce rapport connaissent une application. C’est dans cette logique que le comité de soutien au Dr Mukwege a organisé une série d’activités durant le mois d’octobre 2020 pour rappeler à l’ensemble des acteurs nationaux et transnationaux épris de valeurs de paix, de justice et de concorde nationale que les responsables des massacres, des tueries et des faits de génocides cités dans ce rapport continuent à être libre alors qu’ils doivent répondre de leurs actes devant les cours et tribunaux compétents. C’est dans ce cadre qu’un package de visioconférences a été organisé par le comité de soutien au Dr. Denis Mukwege pour sensibiliser et vulgariser les recommandations du rapport Mappin auprès de la population et des décideurs congolais et internationaux afin que ces derniers se les réapproprient.

Dans ce contexte que nous avons été sollicités de préparer une communication autour de la justice comme un préalable pour la paix et un avenir serein de la jeunesse. Ce choix porté sur notre personne est conséquent à notre statut de militant du mouvement citoyen la Lutte pour le Changement « LUCHA ». Cette présentation est fondée essentiellement sur les observations empiriques, ce qui fait qu’elle s’écarte logiquement de la rigueur scientifique.

En effet, il sera question de tenter d’articuler notre propos autour des conséquences de crimes et de l’impunité sur l’avenir de la jeunesse congolaise. Certains questionnements en découlent : Quelles sont les conséquences liées à l’impunité sur le développement et l’avenir de jeunes en RDC ? Que faire pour que les entrepreneurs de la violence puissent libérer l’état congolais capturés par ces derniers ? Comment agir pour mettre fin à l’impunité ?

2. La justice et la paix, fondements du développement ?

La notion de justice est une problématique qui est au cœur des plusieurs débats et échanges au sein des disciplines en sciences sociales et est au centre des débats public et social dans plusieurs sociétés. Elle est abordée et questionnée différemment par les auteurs et décideurs et porte des sens et significations singuliers selon chaque discipline et selon chaque contexte politique, culturel et géographique (Herland, 2013). Le concept justice est ainsi polysémique et renvoie à

1 Par Bienvenu Matumo, doctorant en géographie sociale et politique au sein de l’UMR LADYSS 7533 de

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des compréhensions variées et parfois opposées. La justice peut être définie en plusieurs acceptions mais seulement deux attirent notre attention dans le cadre de cette communication militante :

D’abord, je postule la justice comme une institution de la recherche de la vérité dans l’appréhension de l’appareil judiciaire, c’est-à-dire, la notion qui renvoie au droit et aux obligations dans une société à travers la définition des normes et des lois. La justice perçue comme l’ensemble des procédures acceptées pour régler les différends entre deux ou plusieurs sujets. Dans ce sens, les recommandations du rapport Mapping doivent aboutir à la création d’un tribunal pour organiser les procès pour juger les responsables de ces violations documentées dans le dit rapport. Ce qui signifie que le volet justice comme loi, comme institution doit être mobilisée pour participer à la réparation et aux corrections des crimes commis et à la valorisation des victimes humaines et spatiales produites.

Dans un second temps, selon John Rawls, la justice est appréhendée comme équité (Rawls, 1971). D’une manière explicite, Rawls définit la justice comme « l’utilité commune et repose sur l’énoncé général selon lequel l’objectif de toute société est de produire le plus grand bonheur à ses membres »2. La justice est aussi comprise comme égalité des droits dans une société et est perçue comme des capabilités de base développées par Amartya Sen depuis les années 1980 (Sen, 2010). Je postule à la notion de justice comme capabilités de base car elle questionne les opportunités offertes à une personne, dans le cas d’espèce les jeunes pour se réaliser en accédant aux ressources nécessaires à leur fonctionnement et à jouir de leurs libertés et selon leurs conditions naturelles et physiques.

Cette notion est plus développée par les économistes sociaux, les socio-géographes et les philosophes politiques et égalitaristes ou par la philosophie sociale proposée par G.A. Cohen. Il s’agit d’interroger la justice comme outil et dispositifs de lutte contre les inégalités et la pauvreté dans un espace urbain et rural. La justice est positionnée en une démarche correctionnelle des injustices subies, ressenties et vécues par un groupe social spatialisé. Selon John Rawls, cette justice vise à sortir au maximum les pauvres dans les inégalités sociaux et économiques (Rawls, 1971) et de les doter des principes de libertés propre à leur développement.

En considérant les deux acceptions que nous attribuons à la notion de la justice, il est fort clair que la situation d’impunité ne permet pas d’établir la paix durable et d’envisager l’avenir d’une manière stable et sereine pour les jeunes.

Pour ce faire, qu’est-ce que la paix ?

Se fondant sur des faits empiriques observés dans notre société, on peut considérer la paix comme l’absence de la guerre et des conflits dans un espace géographique donné. C’est-à-dire que la paix signifie le calme social qui engendre des valeurs traduites en vivre ensemble dans l’harmonie, la cohésion et la concorde. Elle induit la stabilité d’un côté et instaure la sécurité des personnes et de leurs biens de l’autre côté. Ce climat contribue à établir un environnement

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propice à produire une croissance économique à travers divers investissements industriels et informels. Cette croissance économique ouvre la voie au développement de la société en créant de la richesse qui doit être redistribuée aux habitants et surtout aux régions défavorisées et aux habitants démunis.

La stabilité de la RDC est une nécessité puisqu’elle permet aux décideurs et autres acteurs privés nationaux et étrangers de procéder à la reconstruction du tissu national. Ce dernier a été déstructuré par les violences multiformes et les différents conflits qui ont eu lieu sur l’espace congolais. Ces efforts de reconstruction contribuent à créer de l’emploi et de diversifier les secteurs productifs de l’économie nationale. Ce qui est source de revenus pour les ménages et les jeunes. On peut ainsi conclure que la paix durable est une condition incontournable à la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales, économiques et les disparités qui sévissent sur un espace à l’instar de la pauvreté grandissante et des inégalités pressantes qui structurent l’état congolais.

La justice qui est prise dans le sens de juste et de bien à l’opposé du mal et d’injustice permet que les actes mauvais soient réprimés par les instances judiciaires pour contribuer à offrir à la société la paix durable source de l’investissement économique et du développement territorial. C’est dans ces conditions que les jeunes peuvent trouver un cadre de vie qui les fournit des assurances et des capabilités positives pour affronter le présent et préparer l’avenir. Le développement induit par la stabilité permet aux décideurs et aux acteurs privés d’investir au profit des habitants et de l’espace dans le capital humain d’un peuple (santé et éducation), dans les besoins premiers (eau, électricité, logement, routes, nourriture, habitat, etc.) et dans les besoins nouveaux (les véhicules, la télévision, le téléphone, la radio, frigo, etc.) liés au fait de la mondialisation.

3. L’impunité créatrice de l’entrepreneuriat de la violence

Les acteurs de la violence en RDC sont bien identifiés et très connus par la population et les victimes y compris dans le milieu politique congolais. Ces prédateurs sont conscients de la profondeur de leurs actes odieux et deshumanisants qu’ils ont fait subir à des victimes et à la Nation. Cette attitude fait qu’ils montent des stratégies pertinentes pour fragiliser l’état et s’accaparent de ses ressources en contrôlant ses institutions. Dans une tactique bien cordonnée, les entrepreneurs de la violence contrôlent l’état congolais afin d’éviter tout processus de justice dans son acception judiciaire et de réconciliation soutenue. Ils sont bien présents dans toutes les institutions de la République et œuvrent à sa fragilisation structurelle et volontaire pour structurer leur domination et l’oppression.

« La domination, qui empêche certains groupes de faire des choix, l’oppression, qui empêche certains groupes d’acquérir les moyens mêmes de faire ces choix » (Lambony et Dufaux, 2009)

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Ces phénomènes aboutissent à l’instauration des différentes formes d’injustices théorisées par David Harvey et reprises par Gervais-Lambony et Frédéric Dufaux (2009). Il s’agit de l’exploitation, de la marginalisation, de l’absence de pouvoir, de l’impérialisme culturel et de la violence. La jeunesse ou la population congolaise est confrontée à ces formes d’injustices puisqu’elle est exploitée par entrepreneurs et prédateurs de violence et économique, elle est

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mise en marge dans les politiques publiques prédatrices. Sa voie n’est pas prise en compte dans la prise de décision sur son propre avenir et celui de la Nation. Cela est dû du fait que la culture de l’impunité a été érigée en mode de protection à la place de la justice procédurale. La jeunesse qui tente de s’opposer à cet impérialisme de l’impunité est rapidement soumise à l’ordre de la violence comme mode de gouvernance et de domination.

Cette situation induit la consécration de la violence et du conflit à des moyens légitimes d’ascension aux biens financiers, politiques, économiques et sociaux. En outre, cela participe à la pérennisation de la conflictualité et de la violence des groupes armés. Cette violence considérée comme une entreprise de guerre bénéficie aux belligérants et aux dominants alors que les jeunes victimes de ces groupes armés s’accommodent à percevoir les conflits au titre des débouchés socio-économiques car ils sont abandonnés par le pouvoir public au profit des entrepreneurs de la violence et gâcheurs de la paix lors des négociations.

Dans ce contexte de conflits, les investissements dans le capital humain sont détournés et confisqués, limitant ainsi les capabilités des jeunes. Ces derniers n’ont pas la capacités et les libertés d’agir pour leur propre construction d’avenir et de jouir des droits sociaux qu’offre l’appartenance à une Nation. Cela se vérifie dans le sens où, la société congolaise est déstructurée par les faits liés à la violence : les viols, les massacres systématiques, les pillages et les incendies des villages. Ces faits consacrent l’enterrement de l’avenir radieux des jeunes. Ils n’ont pas accès aux services sociaux de base qualifiés de « biens premiers » par Rawls pour garantir le bien-être à même de les encadrer vis-à-vis des besoins et des enjeux sociaux présents et ceux d’avenir.

Il est harassant de constater que les massacres et tueries continuent à se commettre jusqu’aujourd’hui sans que cet acte odieux vu et su par tous les acteurs n’émeuve la République et l’ensemble de la communauté humaine (la Monusco par exemple). Cela est le fruit d’une impunité érigée en mode de gouvernance territoriale. Cela doit absolument céder la place à la justice juridique afin de décourager les gâcheurs de paix à poursuivre d’opérer impunément comme si l’espace congolais leur appartient à eux seuls et s’ils ont des droits suprêmes sur les autres congolais. Il ne se passe aucun jour sans compter des nouveaux massacres, des tueries et des incursions (Par exemple, dans la seule région de Beni, plus de 659 congolais ont été tués dans l’espace de 12 mois). Le peuple est limité à compter ses morts occasionnés par les entrepreneurs de violence sans que les décideurs se soucient à stopper ces barbaries humaines. Un deuxième rapport Mapping doit être documenté afin de cartographier l’ensemble des acteurs qui continuent à piller et à tuer impunément par ce qu’ils appartiennent au cartel de la violence qui a réussi à capturer l’état congolais depuis trois décennies.

Il est sans conteste que les jeunes vivant dans les milieux ruraux contrôlés par ces groupes armés (des entreprises de la violence) soient les plus touchés et finissent à devenir eux-mêmes des acteurs dans ces entreprises par manque des capabilités qu’offre l’état congolais. L’exemple des certaines factions disputées entre certains groupes armés locaux peuvent illustrer ces

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propos. Les oppositions entre les deux factions de Nduma Defense of Congo -RENOVE3 dans les territoires de Walikale et Masisi sont à inscrire dans la logique sus-évoquée.

Par ailleurs, les jeunes résident dans les centres urbains sont confrontés par les autres formes d’injustices sociales notamment le manque d’emploi et de formation car les décideurs prédateurs contribuent à capturation et à la fragilisation de l’état. A ce titre, ils sont victimes à plusieurs dimensions sociales car l’état capturé qui n’améliore pas le cadre éducatif qui est le socle de développement individuel et collectif. L’état doit doter la catégorie étudiante des outils et instruments modernes qui peuvent l’aider à être compétitive et attractive sur le marché de l’emploi au niveau national et international. Les entrepreneurs de la violence ont détruit le système éducatif d’une manière volontaire pour rendre cette jeunesse abrutie manipulable et dégradée. Il suffit de constater la passivité d’un nombre des jeunes congolais vis-à-vis des injustices dont ils sont des véritables victimes. Ils préfèrent courir derrière les politiciens affairistes qui peuvent leur donner quelques billets de banque. Ce qui offusque certainement leur avenir radieux. Ils préfèrent jouer au faux présent précarisant à la place d’un avenir radieux durable et espérant.

4. Mettre fin à l’impunité pour un avenir radieux ?

Il est difficile de mettre fin à l’impunité dans un pays dominé et dirigé par les entrepreneurs de la violence et prédateurs sociaux et économiques. Mais il est fort possible de se mobiliser pour exiger un processus qui contribue à la construction de la paix durable à travers la vérité. Cette vérité rend compte de la justice dans ses dimensions définies ci-haut et permet de procéder à la réparation pour les victimes mais aussi la réparation de l’espace endommagé durant la crise. Si des millions des congolais ont péri, des villes ont été détruites et les villages ont été incendiés par les différentes guerres menées par les divers entrepreneurs de violence (en profitant de nos ressources minières et naturelles bien évidemment). Il est urgent de procéder à la reconstruction ces villes et villages pour corriger les inégalités et disparités régionales et territoriales nées de ces conflits. Le cas de la destruction partielle de l’espace urbain de Kisangani et celle du village de Tingi-Tingi en province de Tshopo au Nord-Est de la RDC sont riches en enseignements et méritent d’être rappelés pour démontrer le besoin qui préside en faveur de leur reconstruction territoriale. Cela signifie de réaliser un aménagement correctionnel des espaces endommagés par les conflits.

C’est à ce titre qu’il est nécessaire d’invoquer cette formule qui peut servir à la compréhension du triptyque Justice-Paix-Développement : la vérité plus la réconciliation divisée par la justice permettent de créer la cohésion sociale et territoriale. C’est de cette manière que la construction de la paix durable est un préalable au développement territorial et humain. L’exemple de l’Afrique du Sud de l’après apartheid peut structurer cette logique de mettre en avant la justice dans la démarche de réconciliation.

3 Les deux factions de NDC se livrent à une guerre intestine mortelle au Nord-Kivu :

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20200718-rdc-milice-ndc-r-livre-guerre-guidon-shimiray-Gilbert-Bwira-nord-kivu; consulté le 15 novembre 2020,

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Par ailleurs, il est important de noter qu’il est impérieux de tirer les leçons de la guerre passée ou encore en cours pour réinventer la société congolaise marquée par la puissance de la violence. Cela sous-entend qu’il faut valoriser la mémoire des victimes. Le rôle de mémoire est un fait marquant pour un créer un nouveau paradigme pour les générations futures.

L’avenir radieux du Congo et des congolais signifie amorcer un processus de la reconstruction économique et de l’organisation spatiale du pays pour améliorer le social et permettre l’insertion du pays dans l’ordre mondial. Chaque opération sur l’espace congolais doit répondre à un besoin d’aménagement du territoire pour d’une part de corriger les déséquilibres territoriaux et d’autre part de résoudre la problématique du développement et des inégalités entre les régions et entre les congolais. C’est à ce stade que la fraude territoriale ne doit pas être encouragée comme une stratégie d’organisation spatiale. L’exemple de celle qui a tenté s’opérer au Sud-Kivu lors de l’érection controversée d’une entité infime de Minembwe en commune rurale est révélateur.

La construction de la paix durable est un préalable au développement et à la stabilité et aux capabilités collectives. Il est ainsi remarquable que la justice soit un préalable à tout développement économique et à la création des opportunités pour les jeunes et pour l’ensemble des catégories sociales.

Dans un autre cadre, il est nécessaire d’interroger les liens entre la démographie et les conflits fonciers récurrents dans la région du Kivu au sein desquels les entrepreneurs de la violence sont très actifs et bloquent tout processus de justice réparatrice de notre société amputée de ses fonctionnalités souveraines. C’est à ce point que les rapports fonciers participent au creusement des conflits et au cycle de l’impunité car ce sont les belligérants qui accaparent les fonciers à l’est du Congo.

En effet, pour arriver à mettre fin à l’impunité, il faut une large mobilisation des congolais toutes les catégories socioprofessionnelles confondues afin d’exiger la création d’un tribunal pénal international pour le Congo. Ce tribunal permettra de juger les entrepreneurs (nationaux et étrangers) des violences qui capturent l’état congolais et détournent l’avenir des jeunes congolais à cause de leurs intérêts. D’autres pays ayant connu des situations de massacres, de génocides et des tueries ont connu la création de ce tribunal international. C’est le cas pour le Rwanda avec le tribunal pénal international d’Arusha (de novembre 1994 à décembre 2015), du tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (crée en 1993 et dissout en décembre 2017), etc. qui peuvent servir de modèle à ce tribunal international pour le Congo exigé par les couches sociales et politiques congolaises.

Cette mobilisation sociale doit s’amplifier partout en RDC et dans la diaspora congolaise à travers des nombreuses campagnes sur les réseaux sociaux, des plaidoyers auprès des institutions nationales et internationales et des actions fortes mais non-violentes de la rue. L’exemple des campagne CONGO n’est pas à vendre, pas de CONGO sans BENI, pas de PAIX sans Justice, non à l’amnistie collective, non à la prime des crimes, le criminel d’hier ne doit pas être mon autorité de demain, est à amplifier absolument. Ces actions et mobilisations doivent continuer même au-delà du mois symbolique d’octobre afin de pousser les autorités des

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Nations-Unies, des grandes puissances du Nord comme ceux des Suds à s’investir dans cette démarche de justice institutionnelle et de justice sociale à l’instar de la position courageuse prise par le parlement européen qui encourage à travers une résolution les Nations-Unies à œuvrer pour la mise en place de ce tribunal. C’est à ce sens que ces actions doivent toucher et mobiliser à la fois les décideurs supérieurs du Congo et ceux d’autres espaces géographiques (Citons l’exemple de l’engagement des Mairies de Paris, de Bruxelles, de Melun, de Malakoff, etc. qui se sont montrées favorables à ce combat de justice en RDC) afin de soutenir et relayer le discours et les efforts du Dr Mukwege auprès des instances internationales pour la création de ce tribunal pénal international pour le Congo. Les mouvements et associations des victimes doivent se constituer pour porter ces revendications de la justice transitionnelle. Il est à noter que le plaidoyer réalisé par le Dr Mukwege auprès du président de la république à propos de son implication personnelle dans cette lutte pour le tribunal est un fait marquant. Ce plaidoyer a été tenu lors des consultations politiques initiées par le président de la république4.

Les mouvements citoyens notamment LUCHA et FILIMBI (sifflet en Swahili) doivent s’impliquer davantage dans la mobilisation afin de mettre pression à la communauté internationale présente en RDC (à travers la Mission d’Observation des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo ; la MONUSCO) et aux autorités congolaises de toutes les échelles de pouvoir. Avec une focale sur le nouveau président en poste depuis le 24 janvier 2019. D’ailleurs, ce nouveau président n’a aucun lien avec les crimes du passé enregistrés et documentés dans ce rapport Mapping en dépit du fait qu’il s’est allié avec certains de ces entrepreneurs dans le cadre de son accession au pouvoir5. En revanche, il est sans doute que ces deniers mois, il cherche les voies et moyens pour se débarrasser de ses alliés dont certains sont impliqués dans les entreprises de violences les accusant de bloquer son action politique6. Cela est dû à la fois à la pression populaire notamment des mouvements citoyens et des groupes de la société civile qui ont dénoncé l’accord opaque de coalition conclu entre l’ancien Président et l’Union pour la Démocratie et Progrès Social (UDPS) et à la pression pressante exercée au nouveau président par certains pays occidentaux, les États-Unis en tête.

L’exigence de cette justice transitionnelle est un facteur indispensable et déterminant pour aller vers la bifurcation féconde d’une nouvelle société juste, repensée et réinventée autour de la paix et l’unité. Cette société sera exempte des entrepreneurs de la violence et des prédateurs économiques et sociaux voire politiques.

Il est très nécessaire de noter que ces dynamiques d’actions doivent aboutir sur les réformes substantielles de services de sécurité afin d’y extirper les affairistes qui continuent à capturer

4 Dr Denis Mukwege, mémorandum adressé au président de la république dans le cadre des consultations

nationales initiées par ce dernier afin de résoudre la crise politique entre CACH et FCC., lundi 09 novembre 2020. https://www.radiookapi.net/2020/11/09/actualite/politique/consultations-nationales-il-faut-la-rupture-avec-toutes-les-personnes, consulté le 10 novembre, 2020

5 Après les élections contestées, frauduleuses et bâclées de décembre 2018, l’ancien Président Joseph Kabila a

signé un accord de gouvernance avec le leader de l’UDPS, monsieur Félix Tshisekedi. Cet accord est dénoncé par l’opposition qui estime que la vérité des urnes n’a pas été respectée. Or, le Front Commun pour le Congo qui est le regroupement de Kabila regorge l’essentiel des entrepreneurs de la violence.

6 Le président de la République convoque les consultations nationales pour chercher à résoudre la crise

politique. https://www.dw.com/fr/rdc-félix-tshisekedi-lance-les-consultations-nationales/a-55475127 consulté, le 15 novembre 2020.

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l’armée congolaise. Il est aussi valable d’opérer des réformes de la justice congolaise pour la rendre active, renforcée et indépendante afin d’être à mesure de répondre aux besoins de la société et de la protéger contre les distorsions menées par prédateurs sociaux et des entrepreneurs de la violence.

Ces mobilisations doivent conduire les congolais à organiser les cérémonies mémorielles et de poser des actes de reconnaissance historique afin de rendre des hommages aux victimes en construisant des musées, des stèles, des statues, et des monuments par exemple. Cela a le mérite de sensibiliser les générations présentes et futures sur les violations graves des droits de l’homme qui ont décimé et déchiré la société congolaise depuis trois décennies afin d’éviter de retomber dans les cycles de violence. Ces mobilisations sociales devraient concerner aussi la réparation juste et équitable au profit des familles de victimes d’une part et de reconstruire l’espace affecté d’autre part. Au vu du nombre impressionnant des victimes, il est souhaitable et possible d’envisager une réparation collective et symbolique. L’approche de réparation contribue à lutter contre l’impunité, à prévenir contre la violence et de renforcer la cohésion sociale et territoriale.

5. Pas de paix durable, pas d’avenir radieux sans justice

Il est indéniable dans le sens de cette dynamique que l’avenir radieux d’une nation et d’une jeunesse en particulier dépend essentiellement de la justice institutionnelle et de la justice sociale facteurs qui offrent des capabilités. La paix latente ne peut pas garantir un développement d’un territoire d’un côté et ne peut pas offrir les capabilités (les libertés) aux jeunes et à la nation de l’autre côté. Sans ces préalables, les jeunes ne peuvent pas avoir une formation éducative moderne nécessaire à leur intégration à la société congolaise et à la mondialisation. La RDC a une population majoritairement jeune de moins de 15 ans (plus de 46% en 2016)7 mais elle est abandonnée et mise à la marge dans les politiques publiques élaborées par les prédateurs de la violence.

La justice institutionnelle est un gage de paix durable et de stabilité sociale ouvrant à l’appel de l’investissement dans les divers secteurs productifs de la croissance économique et par-dessus de tout du développement du pays conduisant ainsi à la justice sociale. En RDC et durant ces trois dernières décennies, la paix a été préférée à la justice. En revanche, cette approche a montré à bien des égards ses limites saisissantes. L’exemple marquant à évoquer est le cas du général Bosco Ntaganda qui était sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la cour pénale internationale pour des crimes commis en Ituri en 2003. Le pouvoir de Kinshasa l’avait protégé (ce qui se ressemble s’assemble, dit-on) au nom de la paix mais cette paix vantée et battue sur le sable n’avait pas duré (la joie de Kinshasa était d’une courte durée, dit-on) puisque ce dernier n’a pas hésité un seul instant de tourner le dos à l’armée et à la république lorsqu’il a fait défection au sein de l’armée congolaise en avril 2012 pour cofonder avec plus de 300 militaires (surtout ceux issus de la rébellion du Rassemblement Congolais pour la

7 RDC : https://demographicdividend.org/country_highlights/republique-democratique-du-congo/?lang=fr,

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Démocratie, RCD) une nouvelle rébellion dite du M238. Cette guerre a une fois de plus contribuer à endeuiller les familles congolaises alors que le pouvoir de Kinshasa avait les capacités de l’arrêter et le déférer devant les instances internationales. Cet exemple déconstruit les théories préfabriquées par le buildingpeace dans les pays post-conflits selon lesquelles la paix latente est préférable à la justice transitionnelle.

En effet, cette paix latente consacre la violence structurelle dans la société parce que seule la loi du plus violent, plus fort et du détenteur des entreprises de violence est la plus dominante et entendue. Le plus violent dicte ses règles de jeux selon ses intérêts au reste de la société. Cela se vérifie par le fait que les accords signés entre l’état congolais et les belligérants sans mettre de l’accent sur la justice ont légitimé la violence et l’a érigée comme un canal facile d’accession et de maintien au pouvoir politique, militaire et économique. Au même moment, ces pratiques contribuent d’une manière marquée à la dégradation et au déchirement des valeurs collectives de la société congolaise, ce qui engendre la conséquence de la disparition de l’état moderne au profit de l’empire des entrepreneurs de la violence et des prédateurs économiques. Cette situation conduit à assombrir l’avenir et le futur de la jeunesse congolaise car des opportunités pour les jeunes sont confisquées par les entrepreneurs qui dominent les institutions et gouvernent la république. La jeunesse congolaise est laissée pour compte sans aucune perspective d’avenir radieux. Les jeunes n’ont pas accès aux droits fondamentaux tels que les ressources et aménités indispensables à construire leurs capabilités nécessaires à s’épanouir et à se positionner vis-à-vis de l’avenir dans ce monde en pleine mutation bouleversante.

Les marquages sont bel et bien réels à propos de l’impérieuse nécessité de procéder à la justice judiciaire pour établir les responsabilités dans les crimes commis en RDC. Cela permet de libérer la République et de l’engager sur voie de la reconstruction afin d’offrir la justice sociale aux habitants y compris les jeunes dont il est question. Cette formule est à ce titre interpellante car la jeunesse d’aujourd’hui qui constitue la majorité de la population est celle qui va gouverner le pays demain. Elle doit être bien formée, instruite et outillée pour bien assumée ces responsabilités futures. Or, les entrepreneurs de la violence et prédateurs économiques et politiques qui bénéficient de l’impunité ont capturé l’état congolais. Cette prise en otage le rend fragile incapable d’offrir aux jeunes des opportunités d’encadrement et de développement pour leur assurer un avenir radieux. La mise en œuvre des recommandations du rapport Mapping est une opportunité majeure pour engager le processus de la construction de la paix durable incontournable à un avenir serein et radieux de la jeunesse congolaise et de la Nation congolaise globalement.

8 Le général Bosco Ntaganda, dit Terminator fait défection avec plus de 300 officiels pour aller créer le M23 : https://en.wikipedia.org/wiki/Bosco_Ntaganda, consulté le 15 novembre, 2020 ;

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Sources :

1. Gervais-Lambony, P. & Dufaux, F. (2009). Justice... spatiale ! Annales de géographie, 665-666(1), 3-15. https://doi.org/10.3917/ag.665.0003

2. Herland M., (2013), des inégalités justes, in (dirs) Diemer A. et Guillemin H., inégalités et pauvreté dans les pays riches, éd. Oeconomia, Clément Ferrand, pp. 96-120 ;

3. RAWLS J. (1971), Théorie de la justice, trad. fr., Paris, Seuil, 1987

4. SEN A. (2009), L’Idée de justice, Paris, Flammarion, 2010,

5. République Démocratique du Congo :

https://demographicdividend.org/country_highlights/republique-democratique-du-congo/?lang=fr ,

6. Radio Okapi, le Dr Mukwege propose la rupture avec toutes les personnes qui ont commis des crimes en RDC:

https://www.radiookapi.net/2020/11/09/actualite/politique/consultations-nationales-il-faut-la-rupture-avec-toutes-les-personnes,

7. Les deux factions de NDC se livrent à une guerre intestine mortelle au Nord-Kivu : https://www.rfi.fr/fr/afrique/20200718-rdc-milice-ndc-r-livre-guerre-guidon-shimiray-Gilbert-Bwira-nord-kivu,

8. Le président de la République convoque les consultations nationales pour chercher à résoudre la crise politique. https://www.dw.com/fr/rdc-félix-tshisekedi-lance-les-consultations-nationales/a-55475127 consulté, le 15 novembre 2020.

9. Le général Bosco Ntaganda, dit Terminator fait défection avec plus de 300 officiels pour aller créer le M23 en avril 2012 : https://en.wikipedia.org/wiki/Bosco_Ntaganda, consulté le 15 novembre, 2020

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