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Corps et techniques : quelles frontières et quelles limites ?

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Appel à communication

Groupe de Travail N°41 de l’Association Française de Sociologie Corps, Techniques et Société

Congrès de l’AFS, 14-17 avril 2009 - Paris

« Corps et techniques : quelles frontières et quelles limites ? »

Fondé en 2005, notre groupe de travail s’est constitué autour de questions concernant le rapport entre les corps, les techniques contemporaines et la société moderne.

Le croisement des interrogations sur les corps avec celles sur les techniques (envisagé dans un rapport non hiérarchisé) rassemble des chercheurs qui travaillent, dans cet entre-deux problématique, des pistes originales et nouvelles pour penser la société de la modernité. Il s’agit d’une question ancienne que Marcel Mauss a abordée en identifiant le corps comme lieu « physique » - dans son épaisseur et dans sa chair - dans lequel une société inscrit et transmet ses valeurs. Mais c’est à la suite de George Balandier que notre approche vise à dépasser l’archéologie inscrite dans les corps pour prendre en compte les sociétés en devenir, leurs dynamiques et leurs changements, en explorant les nouveaux mondes socio-techniques qui informent les corps contemporains.

Les corps se constituent alors en lieux autant physiques que symboliques dans lesquels la société inscrit ses conceptions de l’humain et de ce qui fait l’humain. Ce constat nous permet de nous positionner par rapport à une grande thèse de l’anthropologie scientifique qui décrit le devenir humain comme un processus d’extériorisation des fonctions biologiques dans les techniques (celle de Leroi-Gourhan par exemple). L’homme s’est humanisé en fabriquant des outils détachés de son corps. L’amovibilité technique serait une formule biologique originale inventée par un vivant particulier pour résoudre le problème de l’adaptation.

L’objectivation, l’extériorisation technique, serait donc une condition essentielle du processus de l’hominisation. Hannah Arendt insiste elle aussi sur le fait que l’objectivité technique est une modalité de base de la condition humaine. L’existence prend son sens et ne peut s’établir que dans un monde artificiel d’objets durables – des œuvres – qui s’oppose au pouvoir d’érosion de la nature.

Les nouveaux dispositifs techniques viennent questionner autrement cette thèse puisque désormais les objets ne sont plus nécessairement détachés du corps mais peuvent lui être annexés ou être placés dans une proximité qui remet en question la frontière externe/interne.

Les exemples de la biométrie ou des nanotechnologies appliquées à la médecine ou à la communication évoquent une sorte de désobjectivation technique avec incorporation de la technique dans le corps. Cependant ces discours d’accompagnement doivent là encore être confrontés à la tradition anthropologique et philosophique et soulèvent notamment la question de savoir si ces nouveaux « objets » peuvent constituer un « monde » à l’intérieur duquel une existence humaine pourra se manifester. Ces nouveaux « objets » n’existent pas encore et rien ne permet d’affirmer avec certitude qu’ils existeront et que nous assisterons à cette régression anthropologique. Notre constat actuel est que le corps reste, malgré tout, central et pas assez pris en compte par la sociologie des techniques dans sa spécificité charnelle autant que cognitive. Il est un lieu de « résistance », qui trouve sa place même dans les processus les plus poussés d’automation, mais il est aussi traversé continuellement par des instances de pouvoir et de normativité, des stratégies de façonnement et d’adaptation qui tentent de le définir, de le mettre à distance, d’en neutraliser la présence.

Ainsi les perspectives anthropologique et philosophique rejoignent elle celle de la sociologie : le corps ne peut se penser ni comme totalement social, ni comme totalement individuel. Il est

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sans cesse pris dans une dynamique sociale de façonnement réciproque qui se fait constamment avec et à travers les systèmes et les objets techniques qui constituent notre dimension d’existence.

Cet appel à communication s’adresse donc à toutes les contributions qui aborderaient de manière transversale la relation étroite et problématique qui lie les corps et les

techniques. Nous traiterons pour ce colloque de la question des frontières et des limites — dans la continuité du séminaire de l’année 2007-2008 du GT 41— à partir de terrains de recherches, mais aussi d’approches plus théoriques. Où se situent désormais les frontières entre le corps et les techniques ? Que sera le corps de demain?

Nous proposons les axes de réflexion suivants (le 1er de ces axes reprend plus particulièrement le thème général du colloque de l’AFS) :

- Violences faites aux corps : de la guerre aux manipulations de cellules; des

modelages et sculptures du corps aux techniques médicales et à leur caractère plus ou moins invasif, peut-on saisir une frontière de l’acceptable et de l’inacceptable ? Qu’est-ce que la violence dans le registre du corps? Quel usage politique peut-il être fait de la technique/des techniques du corps ?

- Corps et techniques au travail : représentations, perceptions du corps au travail : qu’est-ce que la pénibilité et comment la technique peut-elle l’engendrer, la soulager, en créer de nouvelles formes ? Quels types de médiations nouvelles se mettent en place dans les coopérations hommes-machines ?

- Corps modelés, corps remodelés : Sport, alimentation, chirurgie, mais aussi esthétique du corps, le corps « alter-ego » est sans cesse travaillé. Quels usages ou quels détournements des techniques peut-on repérer ?

- Perfectibilité, performances : du dopage aux utopies des transhumanistes, comment

« améliore »-t-on un corps, et pour quel projet de société ? Où se situe la frontière entre naturel et artificiel ?

- Mises à distance et techniques : comment les techniques servent-elles ou créent-elles de la distance au corps ? Cadavres, substances, altérité : comment les techniques repoussent-elles ou consolident-elles les frontières de l’effroi ou du dégoût ?

Modalités de soumission des propositions

Les propositions de communications doivent être envoyées impérativement pour le 21 septembre 2008, conjointement aux deux responsables du réseau, soit aux adresses suivantes :

valerie.souffron@univ-paris1.fr; Caroline.Moricot@univ-paris1.fr, afin d’être étudiées par les membres du bureau du GT 41.

Les propositions détaillées de communication devront se conformer aux exigences suivantes : 1- Une proposition de communication, en 7500 caractères maximum, espaces compris,

soit environ 1 à 2 pages de texte, précisant les éléments suivants : thème(s) se

rattachant à la communication parmi les 5 axes proposés, objet de la recherche, stade de cette recherche, données théoriques et principaux éléments de la problématique, terrain(s), types de personnes interrogées et/ou corpus constitués, méthodes

d’investigation et d’analyses mises en œuvres.

2- Un résumé de cette communication, répondant aux exigences de l’AFS, soit en 1400 signes (espaces compris).

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Le tout devra être enregistré en fichiers de format Word (2003 ou 2007), .doc ou Pdf.

C’est sur la base de ces textes que les propositions seront sélectionnées, en fonction de l’intérêt qu’elles présenteront pour les diverses sessions de notre groupe, ainsi que des

groupes avec lesquels nous nous proposons de créer des sessions communes (RT23 et RT17).

Les candidats pourront préciser leur éventuel intérêt pour l’une de ces sessions communes (les programmes de nos collègues des RT17 et 23 sont disponibles sur le site de l’AFS).

Tous les publics de chercheurs, enseignants-chercheurs, doctorants, sont concernés par cet appel. Le GT 41 est composé de sociologues, anthropologues, philosophes et historiens et toutes les disciplines des sciences humaines sont les bienvenues, dans la mesure où les thèmes des communications s’inscriront dans ceux des axes de recherche énoncés ci-dessus.

Nous rappelons aux éventuels participants qu’ils devront s’acquitter des frais d’adhésion à l’AFS et de l’inscription au colloque pour pouvoir participer, dès lors qu’ils auront été sélectionnés.

Le colloque se déroulera du 14 au 17 avril inclus, dans les locaux de l’Université de Paris VII (Diderot), sur le site des Grands Moulins, dans le 13e arrondissement.

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