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L'attitude à l'égard d'Internet, du shopping, et le comportement des Internautes

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L'attitude à l'égard d'Internet, du shopping, et le comportement des Internautes

BERGADAÀ, Michelle, CORAUX, Grégory

Abstract

Cette étude exploratoire quantitative s'inscrit dans un contexte de découverte. Elle vise à identifier les structures d'attitudes des internautes, objet central de la recherche. Les analyses factorielles effectuées permettent d'induire une structure à quatre dimensions principales : "le moyen de communication interpersonnelle", "l'outil commercial", "l'ouverture d'esprit &

curiosité", "la révolution intellectuelle". Ce réseau d'attitude, que l'on suppose développé depuis peu, est ensuite comparé à celui d'une autre activité sociale inscrite dans la vie quotidienne : le shopping. Les résultats ne montrent pas d'analogie entre les deux imageries induites par ces objets. Les tests statistiques usuels montrent ensuite les relations établies entre ces structures, les variables antécédentes (usage et personnalité) d'une part, et dépendantes (sources d'informations et relations interpersonnelles), d'autre part. Ces relations suggèrent d'inscrire les recherches futures autant dans un paradigme de marketing relationnel que transactionnel.

BERGADAÀ, Michelle, CORAUX, Grégory. L'attitude à l'égard d'Internet, du shopping, et le comportement des Internautes. 2004

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:5778

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FACULTE DES SCIENCES

ECONOMIQUES ET SOCIALES

HAUTES ETUDES COMMERCIALES

L'ATTITUDE A L'EGARD D'INTERNET, DU SHOPPING, ET LE COMPORTEMENT DES INTERNAUTES

Michelle BERGADAÀ

Grégory CORAUX

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1. L’attitude à l’égard d’Internet, du shopping, et le comportement des Internautes

Michelle Bergadaà (1) Grégory Coraux *(2)

(1) Professeur, Directrice de l’Observatoire de Vente et Stratégies du Marketing – Université de Genève

(2) Etudiant Doctoral HEC - Université de Genève

Contact:

Michelle Bergadaà OVSM – HEC Université de Genève

Uni Mail Bd du Pont-d'arve 40 CH-1211 Genève 4, Suisse tel./fax : 41-22-798 42 04 http://ovsm.unige.ch/

E-mail : bergadaa@hec.unige.ch

*N.B. Le second auteur a contribué à toute la mise en œuvre de cette recherche et a effectué la totalité des analyses sur les indications du premier auteur.

REMERCIEMENTS :

Nous remercions le FNRS qui a financé ces recherches et l'OVSM qui en a assuré la logistique.

Nous remercions également vivement Fatima Gueroui et Samad Laaroussi pour leurs critiques constructives durant cette recherche.

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L’attitude à l’égard d’Internet, du shopping, et le comportement des Internautes

Résumé :

Cette étude exploratoire quantitative s’inscrit dans un contexte de découverte. Elle vise à identifier les structures d attitudes des internautes, objet central de la recherche. Les analyses factorielles effectuées permettent d’induire une structure à quatre dimensions principales : « le moyen de communication interpersonnelle », « l’outil commercial »,

« l’ouverture d’esprit & curiosité », « la révolution intellectuelle ». Ce réseau d’attitude, que l’on suppose développé depuis peu, est ensuite comparé à celui d’une autre activité sociale inscrite dans la vie quotidienne : le shopping. Les résultats ne montrent pas d’analogie entre les deux imageries induites par ces objets. Les tests statistiques usuels montrent ensuite les relations établies entre ces structures, les variables antécédentes (usage et personnalité) d’une part, et dépendantes (sources d’informations et relations interpersonnelles), d’autre part. Ces relations suggèrent d’inscrire les recherches futures autant dans un paradigme de marketing relationnel que transactionnel.

Mots-clés : internautes, profils temporels, shopping, Internet, marketing relationnel, imagerie mentale.

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1. Introduction

Le monde virtuel auquel est confronté l’individu aujourd’hui évolue rapidement (Jones, 1997).

Entre l’époque des rêves de virtualité qui date de quelques années (Serres, 1997 ; Lévy, 1998)et l’époque actuelle beaucoup plus pragmatique, il y a eu « l’explosion de la bulle Internet ». Entre ces deux époques, à peine distante de quelques cinq ans, le nombre d’Internautes, reliés notamment au réseau ADSL, n’a cessé de croître. Or, si de très nombreuses recherches ont tenté d’appréhender ce phénomène nouveau de relations des individus à travers ce nouveau média, la très grande majorité d’entre elles sont restées au stade descriptif des comportements effectifs sur

« la toile ». L’objectif de cet article est de vérifier, en amont, s’il est possible de distinguer des attitudes et profils d’internautes quant à leur appréhension du commerce électronique. En d’autres mots, est-il possible d’induire maintenant une structure d’attitude à l’égard d’Internet qui puisse être considérée comme assez stable pour se prêter à des enquêtes ultérieures ?

Pour répondre à cette question, nous avons choisi de réaliser une étude exploratoire auprès d’une population de convenance, a priori homogène vis-à-vis de leur familiarité présumée face au média Internet. Nous avons ainsi interrogé un groupe d’étudiants de l’université de Genève, et nous avons contrôlé leur familiarité avec Internet et leur type d’achats déjà effectués en ligne.

Pour vérifier la stabilité des attitudes à l’égard d’Internet, nous avons procédé à des analyses factorielles susceptibles d’éclairer leur réseau d’attitudes spécifiques. Ainsi, la question centrale est de savoir si les individus issus d’une population homogène ont développé des attitudes significativement différentes dans leur manière d’appréhender Internet. Nous avons ensuite comparé ces attitudes à celles qu’ils adoptaient face à leur environnement habituel. En effet, les individus peuvent choisir de refuser l’ouverture sur le monde et d’être réactifs à ces stimuli, ou d’être, par exemple, acteurs de changement et avides d’ouverture. Nous avons utilisé pour cela des outils du « locus de contrôle » mis au point par Rotter (1966), ainsi que ceux de la perspective temporelle issus nos travaux antérieurs (Bergadaà, 1990, 1991 ; Bergadaà et Nyeck, 1995).

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Nous avons considéré, dans cette recherche, qu’Internet était un média de socialisation à multiples facettes, aussi bien un outil de transaction que de communication, une ouverture sur le monde ou un outil de communication interpersonnelle. Nous avons comparé l’imagerie mentale qui se dégageait chez les individus d’une autre imagerie que nous avons supposé établie de longue date, soit le réseau d’attitude face au shopping. A l’instar d’Internet, le shopping est porteur d’une représentation individuelle et sociale, économique et de loisir. Nous avons donc vérifié, dans un premier temps, que nous retrouvions bien chez notre échantillon spécifique une structure semblable à celle que nous avions trouvé avec un échantillon représentatif de la population (Bergadaà, Faure, Perrien, 1995). Ensuite, nous avons vérifié si nous retrouvions des dimensions analogues avec la structure des attitudes à l’égard d’Internet.

Pour conclure cette étude exploratoire nous avons considéré le consommateur comme un individu social qui entretient des relations non seulement avec les entreprises, mais aussi avec les autres personnes qui l’entoure. Dans cet article, nous considérons davantage le consommateur dans une optique de marketing relationnel que transactionnel. C’est-à-dire que nous étudions la relation entre les attitudes découvertes d’une part, et d’autre part, les sources de renseignement utilisées et la propension individuelle à entamer des actions de bouche-à-oreille.

2. Revue de littérature

2.1 L’attitude à l’égard d’Internet

Depuis quelques années, les TIC augmentent considérablement les possibilités de jouer, de travailler, de communiquer et de réaliser des transactions (Singh, 1996). On s’interrogeait, il y a quelques années, sur les raisons des freins à l’usage de cette nouvelle technologie (Boulaire et Ballofet, 1999 ; Feartherstone et Burrows, 1995). Or, si pendant quelque temps, on a pu dire qu’Internet n’impliquait qu’une frange étroite de la population ; les taux de pénétration de ce média dans la vie privée et professionnelle, et son pouvoir, en font aujourd’hui un objet d’implication très important. Aujourd’hui, l’enjeu est donc, pour chacun, d’apprendre à trouver son équilibre dans un nouveau paradigme communicationnel et commercial qui remet en cause

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les rapports de l'individu au temps et à l'espace (Millerand, 1999; Babayou 1997). En effet, la grande disparité des choix possibles, liés à une pléthore d'informations, d'outils de communication et de moyens de consommation peut déstabiliser les individus et les sociétés (Balasubramanian, 1998; Foscht, 1999; Keller & Staelin, 1987; Palmer, 1997; Sérieyx &

Azoulay, 1996).

Si de très nombreux écrits traitent aujourd’hui de la relation le l’individu à Internet, rares sont ceux qui s’efforcent de profiler le type d’attitudes et d’organisation des attitudes sur lesquelles se fonde l’implication des consommateurs. Certes, pour les psychologues, tout objet, activité, action, idée sociale ou individuelle, peut définir un type d'implication (Festinger, 1957), et Internet peut de même être analysé comme objet potentiel d'implication. Cependant, Kassarjian (1981), ainsi que Houston et Rothschild (1977) différencient l'implication durable (ou attribut de l'individu), de l'implication de type situationnel. Or, c’est bien l’implication de type durable que nous recherchons dans cette recherche exploratoire, d’où les choix que nous avons fait pour structurer notre instrument de mesure. L’enjeu de cette recherche provient du fait qu’Internet constitue un objet récent de connaissance des individus et la difficulté réside dans le fait que nous ne savons pas jusqu’à quel point le réseau d’attitude est solidement constitué ou s’il fluctue au gré des situations.

• Première question de recherche : somme-nous en mesure d’identifier une certaine stabilité dans les structures d’attitudes à l’égard d’Internet en général ?

Le réseau d’attitudes que nous induisons dans cette recherche est issu d’une première étude qualitative exploratoire que nous avons conduite en 2000 auprès d’un échantillon de population spécifique, les seniors (Belmiloud et al., 2000). Nous avons ensuite formalisé nos propositions dans un article de recherche où nous avons illustré le type de relations qui se manifestent de manière distincte à travers la relation entre l'individu et Internet (Bergadaà et Hebali, 2001).

Dans cette recherche qualitative, nous avons montré qu’une partie des personnes interrogées utilisait le web comme un outil de communication pratique dans une optique fonctionnelle de commerce. C'est le côté pratique qui domine, ici, la relation. Un autre groupe d’Internautes

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commence à substituer Internet aux moyens traditionnels de recherche d’informations tels que les journaux, le fax, la télévision, etc. Ces internautes, motivés par leur curiosité, considèrent Internet comme un moyen de passer le temps dans des activités de plaisir et de loisir ou bien des activités qui n’ont pas eu l’occasion de faire dans la réalité "concrète". Quand les internautes sont surtout sociaux, ils perçoivent essentiellement l’aspect des relations interpersonnelles d'Internet.

Ce qui débute par un simple échange d'emails – souvent avec leur propre famille – peut se développer pour une nouvelle manière de communiquer avec leurs semblables. Ils ont alors un fort désir d’accroître leur sens d’appartenance communautaire dans un lieu virtuel qui est la synthèse des souvenirs partagés par le groupe.

• Seconde question de recherche : retrouve-t-on un réseau d’attitudes «un moyen de communication interpersonnelle », «un outil commercial », « une ouverture d’esprit et une curiosité » auprès d’un échantillon de contrôle radicalement différent du cas de notre étude exploratoire ?

2.2 L’attitude à l’égard d’une activité connexe : le shopping

La très grande majorité des recherches sur notre sujet dans le cadre du marketing a porté sur la fonction marchande d’Internet. Ainsi, le shopping a été mis en parallèle avec Internet dans le cadre particulier du comportement d’achat (Helme-Guizon, 2001). Les chercheurs en marketing ont longtemps considéré le shopping comme une activité obligatoire par opposition aux activités libres ou discrétionnaires. Ainsi, selon eux l’objectif premier du shopper aurait été de réduire ce temps "inélastique" afin d'accroître par ailleurs son temps discrétionnaire (Holman et Wilson, 1978 ; Voss, 1979). Mais le shopping est beaucoup plus qu’une activité orientée vers l’achat, tout comme Internet n’est pas qu’un instrument de commerce en ligne. Il est aussi une expérience qui ajoute de l’intérêt à cette action obligatoire et ils recherchent identiquement ce type de relation dans leur interaction avec Internet (Peterson et al., 1997). Ainsi, Bellenger et Korgaonkar (1980) constatèrent que 69% des consommateurs disent aimer le shopping comme activité de loisir. Tauber (1972), fut l’un des premiers à différencier des motivations telles que la diversion (le shopping est une activité de loisir), la gratification (l'individu cherche à se changer

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les idées ou à dépenser de l'argent pour lui-même), la curiosité (pour connaître de nouveaux produits), l'activité physique (la marche à pied), la stimulation sensorielle (le bruit de l'environnement), la rencontre d'autres personnes, l'attraction des pairs, le statut et l'autorité face au personnel des magasins, et le plaisir de marchander. Pour vérifier l’analogie possible entre l’imagerie mentale vis-à-vis d’Internet et du shopping, nous avons retenu le modèle proposé par Bergadaà, Faure et Perien, (1995) qui s’articule sur quatre dimensions (« Le shopping loisirs »,

«Le shopping utilitaire », « Le shopping social » et « Le shopping apathie »).

• Troisième question de recherche : le réseau d’attitudes que l’on retrouve dans notre échantillon spécifique présente-t-il la même structure que celle proposée dans la recherche sus- mentionnée ?

Pour qu’un parallèle soit réalisé entre ces deux activités, celle de l’internaute et celle du shopper, nous faisons appel au concept d’imagerie mentale. En effet, en phase d’action, l’individu qui entre en relation avec un monde virtuel, imagine que les évènements sont en train de se produire dans le monde réel (Gerrig et Prentice 1996). Le réseau d’attitudes développé à l’égard de l’objet

« Internet » est ainsi étroitement lié à l’imagerie mentale que l’individu va développer. Il va développer une imagerie mentale issue de la relation entretenue avec ce monde réel (Biocca 1992, Gerrig et Prentice 1996). Le traitement visuel comportera, « une image mentale » qui , sans être la stricte réplique de l’objet visualisé, comporte une ressemblance avec ce dernier » (Gavard-Perret et Helme-Guizon, 2003 p. 62). Les auteurs relèvent six modalités sensorielles d’image : visuelle, auditive, tactile, olfactive, gustative et sensori-motrice. De toute évidence, c’est l’imagerie visuelle qui est mise en contribution dans le cas de sites Internet. Ainsi, chacun développe une imagerie de ce qu’il attend d’une interface Internet et le design du site doit correspondre autant que possible à cette construction mentale (Green et Brock 2000, 2002). Par exemple, si un site est considéré dans une optique d’achat ou de préachat, il devrait correspondre à la représentation analogique que se fait l’Internaute d’un magasin réel en terme d’imagerie mentale.

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• Quatrième question de recherche : existe-t-il une analogie d’imagerie entre la représentation que les individus se font d’Internet et celle qu’ils ont développé à propos d’une autre activité sociale spécifique ?

2.3 Les individus co-acteurs

Concernant les variables explicatives de l’adoption d’Internet, l’âge est très clairement considéré comme une variable importante car il s’agit d'une des variables socio-démographiques les plus saillantes pour expliquer la résistance des individus aux nouvelles technologies (Rosen et Weil, 1995). Des études spécifiques montrent ainsi l’existence d’une relation négative entre l’âge et l’utilisation de certaines innovations technologiques comme les ordinateurs, guichets bancaires automatiques, les calculatrices, jeux vidéo, etc. (Kerschner et Chelsvig, 1981 ; Zeithaml et Gilly, 1987). Quant aux innovateurs, de manière générale, ils sont considérés en marketing comme étant des jeunes, et non des seniors (Dickerson et Gentry, 1983 ; Audit et al., 2000). Ainsi, Internet est associé à la jeunesse, à la nouveauté, à la mode, un style de vie qui séduit par son insouciance, son dynamisme, son culte de jeunesse (Boulaire et Balloffet, 1999). Nous avons donc interrogé dans cette étude exploratoire des individus dont l’âge se situait très majoritairement entre 20 et 25 ans. Par contre, le sexe pourtant largement étudié en marketing, a rarement été étudié en relation avec l’usage d’Internet. Nous en vérifions également son impact ici.

Cependant, certaines études (Johnson et al., 1999a, 1999b ; Le Guel, et al., 2001) montrent que les variables socio-démographiques habituelles (âge, revenu, CSP et niveau d'éducation) jouent un rôle moins significatif sur l'achat en ligne que sur l'adoption de l'Internet. Un flux d'expérience offrant aux individus le moyen de développer leurs acquis et de progresser dans leur relation où le jeu des réponses sera facilité par l’interactivité machine-individu (Csikszentmihalyi, 1977; Hoffman et Novak, 1996). Ainsi, le fait d’avoir déjà acquis une certaine expérience d’utilisation d’Internet et d’achat en ligne influence le processus d’adoption.

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Nous avons donc contrôlé le fait que les individus de l’échantillon aient l’opportunité de réaliser des transactions commerciales sur Internet et en avons vérifié la nature.

Mais si l’usage renvoie à la simple utilisation des technologies, la pratique est une notion plus élaborée qui recouvre non seulement l'emploi des techniques d'usage mais les comportements, les attitudes et les représentations des individus qui se rapportent directement ou indirectement à l'outil (Jouët, 1993). A ce stade, l’internaute va prendre conscience des opportunités que présente Internet pour satisfaire diverses motivations (Alba et al., 1997) semble que le rapport concret avec ces technologies interactives contribuent à façonner des modes opératoires et des comportements nouveaux. Et c’est bien le développement d’un réseau d’attitudes qui constitue le cœur de notre recherche. L’expertise semble effectivement influencer le comportement de navigation et d’achat via Internet (Hoffman, et Novak, 1996 ; Novak et al., 2000). Nous devons ainsi contrôler si les personnes interviewées ont eu, ou non, l’occasion de développer une telle expertise.

• Cinquième question de recherche : trouvons-nous des variances significatives quant à l’attitude à l’égard d’Internet et du shopping selon les différentes variables antécédentes mentionnées ici ?

La personnalité, au travers des concepts tels que, par exemple, la "confiance en soi" (Ram, 1987) ou la curiosité aurait un impact direct sur la propension des individus à s’adapter et à adopter une nouvelle technologie (Boulaire et Balloffet, 1999 ; Rosen, Sears et Weil, 1987). Des caractéristiques personnelles sont susceptibles d'être des facteurs de résistance face à une nouvelle technologie (Clegg, et al., 1997 ; Ram, 1987 ; Emmanouilides et Hammond, 2000) ou, au contraire, des facteurs d’adoption et d’adaptation avec cette innovation (Gatignon et Robertson, 1985, 1989 ; Hammond, McWilliam & Narholz, 1997). Une myriade de variables mesurant les traits de personnalité en relation avec l’adoption d’un média technologique tel qu’Internet est aujourd’hui analysée. Cependant, cette recherche exploratoire s’inscrit dans le contexte de découverte, et c’est sur la base de la motivation à agir que nous analysons le développement de réseaux spécifiques d’attitudes. Ainsi, Ram (1987) montre que moins le

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consommateur a confiance en lui, plus il tend à avoir des freins à l’égard des nouvelles technologies. Rotter, (1990) propose dans sa conception du « locus of control » que les individus qui paraissent se considérer comme maîtres de leur destin semblent avoir une motivation endogène importante, motivation qui aurait sa source dans un futur plus lointain (Nutin, 1980).

Cette mise en perspective de l’action du consommateur dans une trame temporelle a été étudiée par de nombreux auteurs (Bergadaà, 1990, 1991 ; Valette-Florence, Usunier, 1994 ; Urien 2000, 2001,…). Certaines personnes craignent le changement et se réfugient ainsi dans un présent stable comportant le moins de stimuli dérangeants possibles. D’autres personnes, au contraire, savent davantage ce qu’elles veulent devenir, plutôt que ce qu’elles veulent faire, et ont des plans plus abstraits que concrets. Ces individus cherchent à se développer de concert avec leur environnement, se positionnent comme de véritables acteurs de changement (Bergadaà et Nyeck, 1995). Ainsi, la perspective temporelle dans laquelle s’inscrit la motivation et l’action de l’individu structurerait ses attitudes à l’égard des stimuli de la société qui l’entoure. Dans cette recherche, nous allons utiliser une échelle temporelle que nous avions validée dans une recherche à l’égard du shopping (Bergadaà, 1991).

• Sixième question de recherche : Existe-t-il des profils temporels qui permettent de mieux comprendre les attitudes différenciées des individus à l’égard d’Internet ?

2.4 Les comportements déclarés dans la relation avec Internet

Depuis quelques années, le paradigme d’un consommateur co-créateur de sa réalité se présente comme une alternative à celui du consommateur acheteur. L’élévation du niveau de scolarité et de l’éducation, ainsi que celle du niveau de vie, ont permis l'émergence de "consommateurs entrepreneurs", clients d'un nouveau type (Rochefort, 1997 ; Gaillard, 1997). Par son accès à l’information, son pouvoir d'action, face à la science du marketer, augmente continuellement (Mermet, 1997). Il est producteur du sens qu'il va donner à sa propre "consommation" (Moorman et Rust, 1999). Alors que dans la relation traditionnelle, l'entreprise envoie d’abord de l'information de masse, puis en mesure ensuite le résultat, un phénomène de partenariat en temps réel se développe avec le développement des sites Internet et celui de la communication directe

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(Martin, Payne et Ballantyne, 1993). Selon les termes de Wind (1999), le consommateur "fait désormais partie intégrante d'un processus de coproduction". Les spécialistes du commerce électronique et des TIC, notent également que c'est par le choix et les possibilités offertes d'établir une relation plus personnalisée avec les entreprises que les consommateurs sont en mesure d'influencer, directement ou indirectement, la conception des produits (Alba et al,1997;

Winer et al, 1996; Dutta, Kwan & Segev, 1997; Eveno & D'Irribarne 1997; Millerand, 1999).

Ainsi, le consommateur, acteur social, apprend à vivre avec de nouveaux paradigmes communicationnels et commerciaux (de Rosnay, 1998). Pour comprendre comment les Internautes se renseignent, et à travers quelles sources d’informations ils se forgent leurs opinions ; nous en ferons ici l’analyse.

• Septième question de recherche : quels sont les principaux médias utilisés par les internautes pour se renseigner et s’éduquer en matière d’usage de sites Internet ?

A l’aulne de ce nouveau paradigme d’un marketing de type relationnel, on considère que les individus sont producteurs de bien-être, donc de valeurs personnelles et interpersonnelles (Gummesson, 1987, 1994). Or, si les entreprises sont intéressées à développer des relations de partenariat plus importantes avec le consommateur, c'est que dans de nombreux secteurs leur pouvoir s'effrite. Le consommateur peut se renseigner, discuter, se forger des opinions et négocier, notamment en raison d'une meilleure accessibilité à l'information (Butaney & Wortzel, 1988; Foscht, 1999; Glazer, 1991; Porter, 1980). Or, ce consommateur ne doit pas se concevoir dans une relation one-to-one mais dans une relation bilatérale client-entreprise. L’individu est en relation avec un réseau de relations avec lesquelles il interagit en permanence créant ainsi des communautés d’intérêt (Cova, 1997, 1999). Par ailleurs, on considère également le caractère innovateur et la propension au bouche-à-oreille des premiers adopteurs et l’importance de l’interactivité et de la personnification des relations (Dutta et Segev, 1999 ; Dutta, Kwan et Segev, 1997). Dans ce contexte de réseau favorisé par l’esprit du « Net », se pose maintenant la question de la propagation des rumeurs ou du marketing viral.

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• Huitième question de recherche : quelles relations existent entre, d’une part des attitudes spécifiques à l’égard d’Internet et d’autre part, la propension à faire du bouche-à- oreille ?

3. Les procédures de recherche

Le modèle ci-dessous résume la revue de littérature qui précède.

-Variables socio- démographiques -Usage d’Internet -Achats réalisés -Profil temporel

-Dimension communication

-Dimension commerciale -Dimension curiosité -Dimension révolution intellectuelle

Attitude / Internet

Attitude / Shopping

-Dimension utilitaire -Dimension loisir -Dimension sociale -Dimension apathie -Dimension relations vendeurs

Comportement relationnel

-Sources d’information (journaux, TV,

discussion. Sites Internet, etc.) -Bouche-à-oreille

Variables antécédentes

Fig. 1 Modèle de recherche initial

L’enquête a été réalisée au mois de décembre 2003 auprès d’un échantillon de convenance de 206 étudiants. Le questionnaire a été placé en ligne et les questionnaires douteux ont été éliminés selon la coutume (Jones, 1999). L’échantillon final (N=166) est composé de 59% de femmes et de 41% d’hommes. Tous étaient familiers d’Internet dans les dimensions de recherches documentaires et d’usage du mail.

Nous avons placé en ligne un questionnaire comportant des parties distinctes afin de répondre aux huit questions soulevées dans cette revue de littérature. Suite à nos analyses exploratoires (Belmiloud et al., 2000 ; Bergadaà et Hebali, 2001), nous avons conçu un questionnaire structuré

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de 16 items couvrant les trois dimensions explorées dans nos recherches qualitatives soit « la communication interpersonnelle », «l’outil commercial », « l’ouverture d’esprit et curiosité ». Le questionnaire a été soumis (après une validation de « face » par experts) à une analyse factorielle exploratoire qui a permis de le réduire à 12 items, avant d’être placé en ligne. Les items étaient mesurés par des échelles de Likert en 5 points. Le second questionnaire utilisé est celui de l’attitude à l’égard du shopping, de Bergadaà, Faure et Perrien (1995). Ce questionnaire comprend 16 items couvrant les quatre dimensions « shopping loisirs », « shopping utilitaire »,

« shopping social » et « shopping apathie ». L’échelle mesurant les profils temporels est une adaptation de celle de Bergadaà, (1991) qui comporte 9 items couvrant les trois dimensions

« orientation passé », « orientation futur et « orientation présent ». Nous y avons ajouté une mesure du contrôle de destin adaptée des 13 items de l’échelle d’origine de Rotter (1966), et nous les mésurons avec une échelle de Likert en cinq points également. Les questions de type socio-démographique (sexe, l’usage d’Internet, l’habitude d’effectuer des achats en ligne tels que les livres, les logiciels, les CD et vidéo, les voyages), ont été mesurées à l’aide d’échelles nominales. Finalement, les variables comportementales sur les médias de renseignements utilisés (le recours à la littérature spécialisée et courante, le suivi d’émissions thématiques spécialisées, les renseignements auprès d’experts, la discussion entre amis, la recherche de sites spécialisés) et de la propension à entretenir des relations de bouche-à-oreille (donner librement des conseils généraux à ses proches, donner des conseils basés sur l’expérience personnelles, aider à passer des commandes, raconter ses expériences réussies ou échouées, interagir avec des webmasters) ont été mesurées avec des variables ordinales en 5 points (de « jamais » à « toujours »).

4. Les résultats de la recherche 4.1 Attitudes à l’égard d’Internet

Les 12 items de l’attitude à l’égard d’Internet (annexe 1) ont été soumis à une analyse en composante principale (SPSSx version11.5). Avant la réalisation de l’analyse en composante principale, la solidité de l’analyse factorielle a été contrôlée en vérifiant la matrice de corrélation

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qui a révélé peu de coefficients supérieurs à 0.3. La valeur de Kaiser-Meyer-Oklin était de 0.652 excédant la valeur habituellement recommandée de 0.6 et le test de Barlett’s test de sphéricité était significatif supportant la factorabilité de la matrice de corrélation.

L’analyse en composante principale avec rotation Varimax (annexe 4) a révélé la présence de 4 facteurs dont la valeur propre excédait 1 et qui expliquaient 63.5% de la variance totale. Une variable a dû être éliminée à cause de son faible pouvoir explicatif. Notre interprétation de ces composantes (annexe 1) est la suivante. Facteur 1 : « Un moyen de communication inter- personnelle », soit 17.74% de la variance (ex. « Internet facilite la communication entre les hommes»), Facteur 2 : « Un outil commercial », soit 17.60% de la variance (ex. «Internet peut être un moyen d’achat très pratique»), Facteur 3 : « Une ouverture d’esprit », soit 15.16% de variance (ex. «Internet c’est avant tout une fenêtre ouverte sur le monde »), et Facteur 4 : « Une révolution médiatique », soit 13% de variance (ex : « Internet est une révolution intellectuelle »).

Pour évaluer la consistance interne de chaque échelle, nous avons calculé des alphas de Cronbach. Les coefficients ont été respectivement les suivants : α1 = .75, α2= 0.62, α3= 0.95, α4= 0.65.

Nous constatons que nous retrouvons les trois mêmes facteurs provenant de nos recherches qualitatives exploratoires. Par contre, un nouveau facteur, « une révolution médiatique » est apparu car deux items (X10 et X11) provenant a priori d’autres dimensions se sont retrouvés réunis. Un item (X12) a du être éliminé à cause d’un « loading » trop faible. Compte tenu des objectifs de notre recherche nous n’utiliserons dans nos analyses ultérieures que les trois premiers facteurs. Au vu de la fidélité de ces dimensions, nous avons transformé chacun de ces trois facteurs par une combinaison linéaire des scores de variables pour obtenir des variables plus faciles à utiliser ici. Pour chacune de ces nouvelles variables, les moyennes et les variances étaient les suivantes. (1) « Le moyen de communication interpersonnelle » : moyenne : 4.10, s.d : 0.40 ; (2) « Un outil commercial » : moyenne : 3.74, s.d.: 0.41 ; (3) « Une ouverture d’esprit » : moyenne : 4.04, s.d.: 0.36. Nous constatons donc par ces éléments une implication positive à l’égard de cet objet de la vie quotidienne de notre population étudiante.

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Pour répondre à la première question de recherche , somme-nous en mesure d’identifier une certaine stabilité dans les structures d’attitudes à l’égard d’Internet en général ? La réponse est positive à cette phase d’exploration. La variance expliquée par notre modèle s’élève à 63.5%, ce qui est appréciable, et les facteurs se détachent correctement les uns des autres. En réponse à notre seconde question de recherche : retrouve-t-on un réseau d’attitudes auprès d’un échantillon de contrôle radicalement différent du cas de notre étude exploratoire ? La réponse est également affirmative. Nous retrouvons bien la même structure que celle induite au niveau des réponses fournies par un échantillon de seniors lors de la phase qualitative en 2000. Nous pouvons ainsi considérer que nous nous dirigeons vers une certaine stabilité de structure du réseau d’attitudes à l’égard d’Internet, et une recherche subséquente consistera à vérifier auprès d’un échantillon représentatif d’Internaute le caractère généralisable de ces résultats.

Par contre, le nouveau facteur qui est apparu « Internet, comme une révolution médiatique », lne semble pas pouvoir être expliqué par le simple fait de l’âge. Ainsi, avant de réaliser une analyse factorielle confirmatoire, nous devons mieux explorer la composition de ce quatrième facteur qui est apparu et qui n’était pas apparu en 2000 lors de nos recherches auprès de la population des seniors.

4.2 Attitudes à l’égard du shopping

Les 15 items de l’attitude à l’égard du shopping (annexe 2), issus de l’échelle de Bergadaà, Faure et Perien (1995), ont également été soumis à une analyse en composante principale. La solidité de l’analyse factorielle a été contrôlée en vérifiant la matrice de corrélation qui a révélé de nombreux coefficients supérieurs à 0.3. La valeur de Kaiser-Meyer-Oklin était de 0.76 excédant la valeur habituellement recommandée de 0.6 et le test de Barlett’s test de sphéricité était significatif supportant la factorabilité de la matrice de corrélation.

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L’analyse en composante principale avec rotation Varimax (annexe 5) a révélé la présence de 5 facteurs dont la valeur propre excédait 1, et qui expliquaient 68.20% de la variance totale.

L’interprétation de ces composantes est la suivante (annexe 2). Facteur 1 : « Le shopping loisirs », soit 21% de la variance (ex. «Quand je fais du shopping j’aime prendre le temps de flâner »), Facteur 2 : «Le shopping utilitaire », soit 13.3% de la variance (ex. « Je fais du shopping pour me tenir au courant des prix »), Facteur 3 : «Le shopping social », soit 13.2 % de variance (ex. « Jaime faire du shopping pour voir du monde »), Facteur 4 : «Le shopping relations vendeurs», soit 10.4 % de la variance (ex. «Dans les magasins, j’aime parler aux vendeurs qui comprennent bien mes goûts »), Facteur 5 : « Le shopping contrainte», soit 10% de la variance (ex. « Pour moi, le shopping c’est une corvée »). Pour évaluer la consistance interne de chaque échelle, nous avons calculé des alphas de Cronbach. Les coefficients ont été les suivants : (α1 = 0.83), (α2 = 0.62), (α3 = 0.95), (α4 = 0.65), (α5 = 0.66).

Nous nous demandions, en troisième question, si le réseau d’attitudes que l’on retrouve dans notre échantillon spécifique présentait la même structure que celle proposée dans la recherche sus-mentionnée. Nous constatons que nous retrouvons bien ici la même structure que celle de la proposition de Bergadaà, Faure et Perrien (1995). Cependant, le facteur « social » s’est scindé en deux dans notre échantillon, d’une part «le shopping social », au sens général et d’autre part, «le shopping relations vendeurs ». Une seconde différence importante touche l’implication de cette population vis-à-vis de cette activité. Ainsi, nous avons comme précédemment transformé chaque facteur en un simple score en effectuant une combinaison linéaire des scores de variables le composant. Pour chacune de ces nouvelles variables, les moyennes et les variances ont été les suivantes : (1) « Le shopping loisirs » : moyenne : 2.91, s.d. : 0.91 ; (2) «Le shopping utilitaire » : moyenne : 3.17, s.d. : 0.70 ; (3) «Le shopping social » moyenne : 2.50, s.d : 1.05 ; (4) «Le shopping relations vendeurs » : moyenne : 2.80, s.d.: 0.82 ; (5) « Le shopping contrainte», moyenne : 2.83, s.d.: 0.77. Ces scores sont plus faibles que dans l’échantillon représentatif de population de l’article de 1995 (les moyennes étaient toutes supérieures à 3, sauf la dimension contrainte qui présentait une moyenne de 1.89). Ceci démontre une implication nettement moins importante chez le groupe d’étudiants que dans notre échantillon représentatif

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de la population française (ce qui est en accord avec nos résultats de 1995 qui montraient clairement que le shopping loisir obtenait des scores positifs surtout de personnes âgées et retraitées).

4.3 L’imagerie comparée Internet et shopping

Notre troisième question de recherche porte sur le fait de savoir si l’on retrouve une analogie d’imagerie entre, d’un côté la représentation que les individus se font d’Internet, et celle qu’ils ont développée à propos d’une activité sociale spécifique avec laquelle ils sont familiers, le shopping. On peut effectivement constater que dans les deux cas de ces activités sociales nous retrouvons des imageries visuelles fondées sur le plaisir personnel (dimension ouverture soit d’esprit pour l’objet Internet et de détente pour l’objet shopping), une dimension commerciale (dimension outil commercial pour l’objet Internet et shopping économique pour l’objet shopping), une dimension de relations (communication interpersonnelle pour l’objet Internet et des relations vendeurs pour l’objet shopping). Néanmoins, les deux dimensions du shopping,

« contrainte du shopping » et la dimension «shopping social » ne se retrouvent pas dans l’imagerie de l’objet Internet. Inversement, une dimension d’Internet n’a pas, logiquement, d’équivalent avec l’objet shopping. Il s’agit de « La révolution intellectuelle ». Ainsi, en tant qu’objets sociaux, Internet et le shopping ont des représentations similaires de base, mais chaque objet a ses propres dimensions complémentaires.

Cependant, pour répondre plus spécifiquement à notre quatrième question où nous nous demandions si la représentation que les individus se font d’Internet est issue de celle qu’ils ont développée à propos du shopping, nous avons observé les corrélations entre les variables créées à partir des dimensions factorielles. Les résultats sont les suivants :

- La dimension « Internet, un outil commercial » n’est corrélée à aucune des dimensions de l’attitude à l’égard du Shopping. Il semble que pour le moment, du moins, ces deux objets d’implication soient clairement distincts. Il n’y a pas eu dans notre échantillon de processus d’analogie entre les deux activités de type commercial.

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- La dimension « Internet, un moyen de communication inter-personnelle », » est corrélée à la dimension «le shopping relations vendeurs » (cor. 0.234, sig. 0.002). Nous nous attendions à trouver également une liaison avec le « Le shopping social », ce qui ne s’est pas produit. Ceci est certainement l’effet d’une population jeune qui est en constante situation d’évolution sociale due à ses études et n’envisage la relation aux autres dans le shopping que pour la dimension d’interaction directe. C’est donc du côté de variables latentes de cette nature qu’il va falloir continuer à explorer.

- La dimension « Internet, une ouverture d’esprit » est également corrélée à la dimension «Le shopping relations vendeurs » (cor. 0.210, sig. 0.007), ainsi qu’à la dimension « shopping détente» (cor. 0.155, sig. 0.046). Ici également, nous pensions qu’il y aurait une analogie avec la dimension du « Le shopping loisirs », ce qui ne s’est pas produit. C’est donc encore la relation directe aux vendeurs qui a une grande importance avec cette population.

Il ne semble pas, à la lecture de ces résultats, que l’attitude à l’égard du shopping, développée et renforcée depuis l’enfance, ait véritablement influencé la formation du réseau d’attitude à l’égard d’Internet. Cette dernière s’est développée depuis peu, et est certainement encore en mutation.

Mais il apparaît que notre population de jeunes se soit bien forgée des attitudes à l’égard d’Internet, indépendamment de celles à l’égard du shopping. Il apparaît donc peu prudent de considérer d’emblée en marketing qu’Internet soit un objet à connotation commerciale.

L’imagerie qui se dégage dans la présente étude à l’égard d’Internet semble relever davantage de l’objet relationnel que de l’objet transactionnel.

4.4 Les variables antécédentes

4.4.1 Les variables socio-démographiques et d’usage

Notre cinquième question de recherche concernait le fait de savoir si, dans notre échantillon volontairement homogène, nous retrouvons les différences de structures d’attitudes proposées précédemment, et si des différences de variances étaient observables. Nous avons réalisé, ici, de simples tests univariés, habituels pour mesurer la liaison variable par variable.

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Tous les étudiants ayant à peu près la même durée de familiarité, les tests concernant la familiarité avec le média n’ont pas été significatifs. Le même constat a été fait pour l’âge (faible variance), variable que nous avions voulu contrôler. Par contre, le sexe permet de différencier quelques attitudes à l’égard d’Internet et du shopping, mais pas dans la même nature. Les hommes sont significativement plus favorables à l’aspect « Internet, un outil commercial » : X1

= 4.03 s.d. = 0.59, alors que pour les femmes X2 = 3.79 s.d. = 0.60 (F= 6.48 - sig. = 0.012).

Quant à la relation du sexe aux attitudes à l’égard du «shopping loisirs », c’est cette fois les femmes qui y sont les plus favorables : X2 = 3.36 s.d. = 0.87, alors que les hommes ont des scores de : X1= 2.60 s.d. = 0.80 (F= 33.63 - sig. = 0.000.). Les autres relations ne sont pas significatives.

Concernant l’usage d’Internet spécifiquement dans une relation d’achat, nous avons vérifié la relation entre certains achats caractéristiques des jeunes. Certes, compte tenu de la faible taille de l’échantillon, nous n’avons pas pu obtenir une mesure de fréquence d’achat qui nous aurait véritablement permis de mesurer l’impact de l’expérience, et non pas seulement de l’usage, sur le renforcement de certaines attitudes. C’est donc avec prudence qu’il nous faut observer les résultats qui suivent.

• L’achat de CD et vidéos, qui sont des biens de type culturel, est corrélé à la dimension «Une ouverture d’esprit » (sig. 0.043). La moyenne et la variance montre que ceux qui ont répondu

« oui », ayant réalisé ce type d’achat sont significativement plus impliqués par cette dimension (oui : X= 3.95, s.d. = 0.50), (non : X =3.75, s.d. = 0.72). Ce type d’achat est également corrélé à la dimension « Un outil commercial », (sig. 0.006). La moyenne et la variance montrent que ceux qui ont répondu « oui », ayant réalisé ce type d’achat sont significativement plus impliqués par cette dimension (oui : X = 4.08, s.d. = 0.62), (non : X = 3.82, s.d. = 0.57

• L’achat de logiciels, biens de type utilitaire, est corrélé à la dimension «Un outil commercial », (sig. 0.005). La moyenne et la variance montrent que ceux qui ont répondu « oui », ayant réalisé

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ce type d’achat sont significativement plus impliqués par cette dimension (oui : X = 4.15, s.d. = 0.65), (Non : X = 3.85, s.d. = 0.56).

• L’achat de produits de voyage, qui sont des services, est également corrélé à la dimension

«Un outil commercial » (sig. 0.004). La moyenne et la variance montrent que ceux qui ont répondu « oui », ayant réalisé ce type d’achat sont significativement plus impliqués par cette dimension (oui : x = 4.05, s.d. = 0.57), (non : X = 3.79, s.d. =0.61).

Nous constatons, ici, que ces résultats, très semblables dans leur caractère descriptif à ceux que l’on trouve dans la littérature générale sur Internet, restent factuels. Le caractère tautologique de ces études nous semble évident : si l’on choisit une optique d’analyse avec pour a priori un comportement et une relation de type transactionnel, deux à trois des dimensions de notre objet de recherche disparaissent, alors même que nous avons vu combien « Un moyen de communication interpersonnelle » et «Une ouverture d’esprit » occupent une place importante dans l’imagerie des jeunes de notre échantillon. Ce n’est donc pas ce type de variables de type explicatif qui nous permettrons, semble-t-il, de comprendre le développement du réseau d’attitude, mais plutôt la manière dont Internet s’insère dans le vécu des individus.

4.4.2 Les profils temporels

Notre sixième question concernait donc la manière dont Internet avait pris place dans la trame temporelle des individus et s’il existait des profils temporels qui permettent mieux de comprendre les attitudes différenciées des individus à l’égard d’Internet. Le premier problème était déjà de savoir si l’on trouvait des profils distincts au niveau de l’attitude à l’égard de la vie entre personnes d’un groupe social, a priori homogène, à savoir : des étudiants.

Les 13 items de l’attitude à l’égard de la vie (annexe 3) issus de nos travaux antérieurs (Bergadaà, 1991) ont été soumis à une analyse en composante principale. La solidité de l’analyse factorielle a été contrôlée en vérifiant la matrice de corrélation qui a révélé peu de coefficients

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supérieurs à 0.3. La valeur de Kaiser-Meyer-Oklin était de 0.69, excédant de peu la valeur recommandée habituellement de 0.6 et le test de Barlett’s test de sphéricité était significatif supportant la factorabilité de la matrice de corrélation.

L’analyse en composante principale (annexe 6) avec rotation Varimax a révélé la présence de 4 facteurs dont la valeur propre excédait 1 et qui expliquaient 64.9% de la variance totale. Notre interprétation de ces composantes est la suivante. Facteur 1 : « Orientation passé affectif », soit 18.7% de la variance (ex. «Je suis très attaché au passé ») ; Facteur 2 :« Orientation Futur » soit 17.4% de la variance (ex. « Je suis toujours en train de préparer l’avenir»), Facteur 3 « Contrôle du destin », soit 15.9 % de variance (ex. « Je crois que la chance joue un rôle important dans la vie des gens») ; Facteur 4 : « Orientation présent », soit 12.8% de variance expliquée (ex.

«Quand on fait des projets trop précis on a de fortes chances d’être déçus »). Pour évaluer la consistance interne de chaque échelle, nous avons calculé des alphas de Cronbach. Les coefficients ont été les suivants : le passé affectif, (α = 0.86), l’orientation futur (α = 0.78), le locus of control, (α = 0.69), l’orientation vers le présent (α = 0.59).

Nous retrouvons donc bien sur notre échantillon la même structure que celle que nous avions proposée en 1991. Il apparaît donc, comme nous l’avions noté à l’époque, que la trame temporelle dans lequel l’individu inscrit ses projets, ses décisions et ses actions ne dépend pas de son âge. Seules les moyennes, plus ou moins importantes sur chacune des dimensions vont certainement varier. Compte tenu des objectifs de notre recherche, et pour des raisons d’homogénéisation des analyses, nous avons, comme précédemment, transformé chaque facteur en un simple score en effectuant une combinaison linéaire des scores de variables le composant.

Pour chacune de ces nouvelles variables, les moyennes et les variances ont été les suivantes : (1)

«Orientation passé affectif», Moyenne X = 3.20; s.d. = 0.88, (2) «Orientation Futur», Moyenne X = 3.71 s.d. = 0.74 ; (3) «Contrôle du destin», Moyenne X = 2.87; s.d. = 0.78 ; (4) «Orientation présent», Moyenne X = 3.08 s.d. = 0.79. Ainsi, notre population de jeunes est à la fois orientée plutôt vers le futur, mais encore attachée à son passé. Cette population est assez indifférente à l’attitude à l’égard du destin comme à celle de l’orientation présent.

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Etant donné que la question des profils temporels nous intéressait, ici, en premier lieu, nous avons réalisé une analyse typologique de type nodal. Et nous avons obtenu les Profils suivants (cf. tableau 1).

- Profil 1 « Les attirés par le futur », qui, très clairement, ne s’intéressent ni au passé, ni au présent, mais croient en leur bonne étoile. Ils représentent 31.35% de l’échantillon.

- Profil 2 « Les réfugiés au présent », qui ne s’intéressent, ni au passé, ni au futur, ni au destin, mais se réfugient dans le présent. Ils représentent 12.65% de l’échantillon.

- Profil 3 « Large spectre temporel » qui très clairement s’intéressent vivement au passé, au futur et au présent, et qui sont extrêmement sceptiques à l’égard du destin. Ils représentent 56% de l’échantillon.

Nous avons été surpris de rencontrer dans un tel échantillon des personnes réfugiées dans le présent alors que les auteurs s’accordent à trouver que c’est une attitude générale plutôt réservée aux personnes possédant une scolarité moins poussée et de classes sociales plus défavorisées.

Nous ne savons pas si le fait que nos étudiants issus de multiples cultures soit un facteur particulier. Genève est, en effet, une plaque tournante multiculturelle à cause de nombreuses organisations internationales et plus de 40% se sa population est d’origine étrangère. Il faudrait sans doute vérifier, ici, l’influence de variables proposées comme modératrices (Hall, 1977, 1984).

L’étape suivante a consisté à vérifier si les profils temporels pouvaient être considérés comme antécédents aux attitudes à l’égard d’Internet d’une part, et du shopping, d’autre part. Seules les dimensions suivantes ont donné des résultats significatifs avec les profils temporels « Internet, un outil commercial » (F = 6.1, sig. = 0.003), « Internet, une ouverture d’esprit » (F = 3.53, sig.

= 0.032), «Le shopping relations vendeurs » (F = 4.4, sig. = 0.014). Pour ces trois relations nous constatons les attitudes suivantes :

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• Profil 1 « Les attirés par le futur », obtiennent une moyenne significativement supérieure aux deux autres groupes sur la dimension « Un outil commercial » (X = 4.16, s.d. = 0.62). Ils sont également très positifs sur la dimension « Une ouverture d’esprit » (X = 3.79, s.d. = 0.71), quoique moins positifs que ceux ayant un « Large spectre temporel ». Ils ne se distinguent pas des autres sur la dimension « Internet, un moyen de communication interpersonnelle ». Enfin, ils ne se distinguent pas des deux autres groupes pour les trois dimensions : « Le shopping loisirs »,

«Le shopping utilitaire », et « Le shopping social ».

• Profil 2 « Les réfugiés au présent », sont assez positifs quant aux dimensions « Internet, un outil commercial » (X = 3.72, s.d. = 0.62). « Internet, une ouverture d’esprit » (X = 3.52, s.d. = 0.83) et se situent pour ces deux dimensions entre les deux autres groupes. Par contre, pour la dimension «Le shopping relations vendeurs », ils sont bien plus négatifs que les deux autres groupes (X = 2.50, s.d. = 0.60). Ils sont par ailleurs tout à fait neutres sur les dimensions « Le shopping loisirs » (X = 2.92, s.d. = 0.94), «Le shopping utilitaire » (X = 3.08, s.d. = 0.57), et négatifs sur « Le shopping social » (X = 2.42, s.d. = 1.08), mais ne se distinguent pas des autres groupes de manière significative.

• Profil 3 « Large spectre temporel » obtient les scores les plus positifs des deux autres groupes pour la dimension « Internet, une ouverture d’esprit » (X = 3.92, s.d. = 0.53), ainsi que pour la dimension «Le shopping relations vendeurs » (X = 2.95, s.d. = 0.80). Concernant la dimension

« Internet, un outil commercial », (X = 3.85, s.d. = 0.60), ils se situent entre les deux autres groupes. Enfin, ils ne se distinguent pas des deux autres groupes pour les autres dimensions.

Notre sixième question de recherche portait sur une éventuelle relation entre les profils temporels et le développement d’attitudes spécifiques à l’égard d’Internet (et du shopping). A ce stade de notre exploration, nous pouvons constater que ces variables sont déjà plus riches de sens compréhensif que les variables d’usage précédentes. Par exemple, les personnes du profil 3

« Large spectre temporel » donnent des scores supérieurs à la dimension « Internet, une ouverture d’esprit » par rapport à la dimension « Internet, un outil commercial ». Ces personnes

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sont des acteurs curieux et informés. L’inverse se produit pour les personnes du profil 1 « Les attirés par le futur », qui privilégient d’abord - et fortement - l’aspect « Internet, un outil commercial ». Cette tournure d’esprit du groupe 1 se retrouve également dans le fait qu’il sont indifférents à la dimension «Le shopping relations vendeurs », mais la rejette, cependant, moins que les autres. Ces « attirés par le futur » sont avant toute chose des pragmatiques qui recherchent dans Internet l’efficacité de l’action. Quant aux personnes du profil 2 « Les réfugiés au présent », ils indiquent, pour toutes les dimensions d’Internet et du shopping des scores inférieurs à ceux des deux autres groupes (même dans les dimensions où le test – pour des raisons de faible taille d’échantillon, n’a pas pu être significatif). Ces « réfugiés au présent » essaient d’éviter les situations qui leurs sembleraient devoir remettre en cause leur manière de vivre ce présent. Nous pouvons donc faire maintenant la proposition qu’il existe certainement des façons de percevoir l’environnement d’action, selon le profil temporel qui structure la compréhension des individus.

4.5 La relation aux variables dépendantes

Dans cette dernière partie de l’analyse nous explorons le concept d’un consommateur co-créateur de sa réalité, qui se présente aujourd’hui en alternative au traditionnel consommateur acheteur.

La pléthore d’écrits récents concernant le marketing relationnel et le développement d’outils spécialisés comme le « e-crm » appellent, en effet, une meilleure connaissance de la manière dont les individus se forgent des opinions et interagissent à propos de ce média de portée à la fois communicationnelle, commerciale et interpersonnelle.

4.5.1 Internet, le shopping et les sources de renseignements

Notre septième question de recherche concernait les principaux médias utilisés par les internautes pour se renseigner et s’éduquer en matière d’usage de sites Internet. Les individus de notre échantillon se révèlent très actifs.

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• La dimension « Internet, une révolution intellectuelle » est très nettement celle qui génère un comportement plus riche et plus varié en la matière. Ainsi, cette dimension est liée à tous les items que nous avions mesurés : la quête de littérature spécialisée (Pearson cor. = 0.206**, sig. 0.008), la lecture des conseils de magasines usuels (Pearson cor. = 0.282**, sig.

0.000), les conseils des émissions TV spécialisées (Pearson cor. = 0.247**, sig. 0.001), le fait de se renseigner auprès d’experts d’Internet (Pearson cor. = 0.159*, sig. 0.041), le fait d’en discuter avec des amis (Pearson cor. = 0.368**, sig. 0.000), et l’attitude à l’égard de la consultation des sites spécialisés (Pearson cor. = 0.334**, sig. 0.000). Plus les personnes sont sensibles à cette dimension, et plus elles vont s’engager dans un comportement actif de recherche d’informations.

• La dimension « Internet, un outil commercial » est liée de manière plus pragmatique aux sources de renseignement. Alors que les médias indirects (presse usuelle et spécialisée, TV) ne sont pas sollicités, les avis directs sont par contre sollicités : ceux des experts (Pearson cor. = 0.165*, sig. 0.034), comme ceux des amis (Pearson cor. = 0.264**, sig. 0.01), ainsi que la consultation de sites spécialisés (Pearson cor. = 0.398**, sig. 0.000).

• La dimension « Internet, un moyen de communication interpersonnelle » est uniquement liée aux discussions avec des amis (Pearson cor. = 0.177*, sig. 0.022) et à l’attitude à consulter des sites spécialisés (Pearson cor. = 0.244**, sig. 0.002).

4.5.2 Internet et la propension à faire du bouche-à-oreille

Notre huitième question de recherche concernait les relations existantes entre des attitudes spécifiques à l’égard d’Internet et la propension à faire du bouche-à-oreille. Contrairement à l’analyse précédente, c’est cette fois la dimension « Internet, un outil commercial » qui fournit la plus grande richesse de comportement.

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• La dimension « Internet, un outil commercial » est effectivement liée à tous les items que nous avions mesurés : le fait de renseigner les autres (Pearson cor. = 0.362**, sig. 0.000), de donner des conseils fondés sur l’expérience personnelle (Pearson cor. = 0.298**, sig. 0.000), d’aider activement dans la réalisation d’achats on-line (Pearson cor. = 0.307**, sig. 0.000), le fait d’aimer faire part librement aux autres de ses impressions (Pearson cor. = 0.243** sig.

0.002). Il semble bien que l’aspect pragmatique reflété par cette dimension entraîne un comportement d’acteurs impliqués dans la propagation de ce type d’achat. Ceci n’est pas sans rappeler, les recherches effectuées auprès des innovateurs et leaders d’opinion face à une nouvelle technologie.

• La dimension « Internet, une révolution intellectuelle » induit nettement moins de comportement de bouche-à-oreille, uniquement au fait de renseigner les autres (Pearson cor. = 0.236**, sig. 0.002) et de donner des conseils fondés sur l’expérience personnelle (Pearson cor.

= 0.220**, sig. 0.004).

• La dimension « Internet, un moyen de communication interpersonnelle » quant à elle, se révèle indépendante de la propension à discuter de l’usage du média en lui même.

4.5.3 Le contrôle du shopping

La seule dimension du shopping qui soit reliée à un comportement actif de renseignement est le

«Le shopping utilitaire ». Ainsi, cette dimension est liée à tous les items que nous avions mesurés : la quête de littérature spécialisée (Pearson cor. = 0.224**, sig. 0.004), la lecture des conseils de magasines usuels (Pearson cor. = 0.199*, sig. 0.010), les conseils des émissions TV spécialisées (Pearson cor. = 0.212**, sig. 0.006), le fait d’en discuter avec des amis (Pearson cor.

= 0.175*, sig. 0.024). Les autres dimensions ne génèrent pas un tel type d’activités.

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Par ailleurs, la seule dimension le shopping ne génère pas une activité de bouche-à-oreille, sauf pour la dimension : «shopping apathie». Ainsi, cette dimension est une aide active à la réalisation d’achats on-line (Pearson cor. = 0.163*, sig. 0.036) et à l’interaction avec le webmaster de sites d’achat en ligne pour améliorer le service (Pearson cor. = 0.210*, sig. 0.07).

Il semble que le shopping en ligne soit considéré comme alternative valable pour les personnes que cette activité rebute dans sa forme traditionnelle.

Quand à l’absence de liaison des deux dimensions absentes ici, « le shopping loisir » et « le shopping social », elle ne peut que nous inciter à explorer un aspect que nous avons occulté dans cette étude, c’est-à-dire l’aspect « expérientiel » du shopping (Cova et Cova , 2001).

5. Pistes de recherches futures et conclusion

Comme toutes les recherches qui s’inscrivent dans un contexte de découverte, et non de justification, et qui procèdent à l’aide de méthodes et méthodologies inductives, nous sommes davantage en mesure de proposer des voies de recherches plutôt que de confirmer ou d’infirmer des résultats antérieurs. Si les limites de cette recherche sont nombreuses, notre but était bien d’explorer des dimensions génériques et de jeter les assises de futures recherches.

Le premier résultat significatif de cette recherche concerne la structure d’attitude autour de laquelle s’articule notre objet central de recherche, soit Internet. Les dimensions que nous avions déjà induites d’une recherche qualitative réalisée auprès des seniors se révèlent encore nettement.

Internet s’articule bien autour de « moyen de communication interpersonnelle », de « l’outil commercial », de « l’ouverture d’esprit », et d’une nouvelle dimension, soit « la révolution médiatique ». Ceci nous incite à proposer d’éviter d’agir comme avec le shopping, qui durant des dizaines d’années n’a été considéré que sous son aspect rationnel et économique. Ce n’est pas parce qu’Internet est aussi un média commercial qu’il faudrait décider a priori, de fonder tout design d’investigation sur cette connotation commerciale. Il est maintenant important de valider la richesse de la structure que nous avons induite en procédant auprès d’un échantillon représentatif de population.

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Nous nous sommes interrogés sur le fait de savoir si l’attitude développée et renforcée depuis l’enfance par les individus à l’égard du shopping agit, par analogie, au niveau de l’imagerie mentale manifestée à l’égard d’Internet. La réponse n’a pas été probante et l’absence de corrélations réellement utiles entre les dimensions des deux objets « Internet » et « shopping » semble indiquer que les attitudes se sont développées de manière indépendante. Peut-être que nos jeunes, issus pour la plupart de la « Game boys generation » ont un processus analogique différent de celui de leur aînés ? Mais ceci reste à explorer. Tout laisse penser, pour notre échantillon, qu’il existerait une variable latente de sociabilité qui influencerait la forme d’implication développée face à l’objet Internet.

Un autre résultat de cette étude semble riche de potentiel d’exploration. Les résultats portant sur l’attitude et les profils temporels ont encore été probants et nous ont permis d’explorer la place que prenait l’objet Internet dans la vie des individus interrogés. Très clairement, les trois profils temporels génèrent des attitudes distinctes. Les personnes ayant « un large spectre temporel » sont d’abord sensibles à la dimension « ouverture d’esprit » d’Internet et ceux qui sont « orientés vers un futur » sont sensibles à la dimension « outil commercial ». Quant aux personnes

« orientées vers le présent », elles semblent éviter de remettre en cause leur manière habituelle d’interagir avec leur environnement. Nous retrouvons donc, ici, nos propositions initiales (Bergadaà, 1990, 1991) comme le fait que la structure temporelle est organisatrice de l’action humaine et permet, à défaut, de proposer des liens de causalité formels, d’inscrire davantage l’attitude des individus dans la trame d’un réseau de nature compréhensif.

A contrario, nous n’avons pas retrouvé des liaisons véritablement originales concernant les variables antécédentes que nous avions mesurées. Il nous faudrait, par exemple, affiner notre mesure concernant la fréquence d’achat de certains biens pour vérifier si l’usage plus ou moins intensif de cette technologie influence les attitudes commerciales à l’égard d’Internet. Mais en articulant davantage cet aspect marchand de l’objet Internet, il ne faudrait pas occulter les trois autres dimensions que nous avons mises en évidence dans cette recherche comme c’est souvent le cas, ou alors, il convient de le faire, comme nous nous y sommes essayés, par analogie avec le shopping traditionnel. A ce moment là, des résultats originaux pourraient apparaître, comme par exemple, la différence significative que nous avons trouvé entre les hommes (plus favorables à l’aspect commercial d’Internet) et les femmes (plus attirées par l’aspect loisir du shopping).

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Si l’on considère que l’individu est un animal social, il est un phénomène que les marketers ne peuvent absolument pas occulter : celui de la propagation des idées, des rumeurs, des conseils à propos d’Internet. Il nous semble un peu hasardeux de prêcher pour de grandes politiques de marketing relationnel ou la mise en place d’outils sophistiqués de E-CRM, tant qu’on ne connaît pas davantage sur les besoins et les comportements actifs des internautes. Notre étude montre clairement que le besoin de se renseigner existe chez les internautes, mais que les voies qu’ils empruntent les distinguent. Alors que les individus qui donneront une grande importance à la dimension de « révolution intellectuelle » rechercheront des renseignements d’origines très variées, ceux qui accorderont plus de poids à la dimension « outil commercial » rechercheront, avant tout, des conseils spécialisés. Faire du marketing relationnel a donc du sens, mais encore faut-il maintenant, bien cibler les messages, les destinataires et les médias. Quant à l’avenir du Customer Relationship Management, c’est sur la base de la dimension « outil commercial » qu’il semble pourvoir s’inscrire.

Selon Schlosser et al. (2003), il est important que le design du site reflète l’imagerie mentale que se fait l’internaute du site dans sa recherche spécifique. Il doit y avoir une certaine congruence entre le design du site, qu’il soit marchand ou site de contenu, et les buts poursuivis par l’individu. Si la recherche sur Internet est considérée comme instrumentale et orientée vers un comportement spécifique tel que le comportement de renseignement pré-achat, ou l’évaluation des différentes alternatives (Hoffman and Novak 1996) on peut supposer que les internautes rejètent des sites dont le contenu serait lent et confus comme semble l’indiquer la relation avec les « orientés futurs » pragmatiques et utilitaires. Par opposition, un comportement de nos « large spectre temporel » serait davantage curieux et ludique et pas forcément linéaire (Hoffman and Novak 1996). Ces Internautes rechercheraient, sans doute, des sites riches de contenu et pas spécialement factuels.

Nous conclurons en rappelant qu'Internet est, d’une façon générale, associé à la jeunesse, à la nouveauté, à la mode, un style de vie qui séduit par son insouciance, son dynamisme, son culte de la jeunesse et sa tolérance. Et c'est justement parce que les personnes âgées devraient présenter une résistance quant à l’utilisation de la nouvelle technologie que nous avions choisi de commencer nos travaux par eux. Il ne s’agit de ne pas oublier ces personnes qui seront de plus en plus nombreuses à prendre une retraite dans de bonnes conditions de finance et avec l'atout précieux de disposer de plus de temps libre (Price, Arnould et Curasi, 2000 ; Peterson, Balasubramanian et Bronnenberg, 1997 ; Nicovitch et Cornwell, 1999). Le fait que notre

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échantillon homogène de jeunes ait développé finalement des réseaux d’attitudes similaires à ceux de nos seniors, nous incite à souhaiter maintenant, de valider ces résultats au niveau d’un échantillon représentatif de l’ensemble de la population.

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