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Facteurs biologiques des qualités de la viande bovine
G. Monin
To cite this version:
G. Monin. Facteurs biologiques des qualités de la viande bovine. INRA Productions Animales, Paris:
INRA, 1991, 4 (2), pp.151-160. �hal-00895934�
G. MONIN INRA
Station de Recherches sur la Viande 63122
Saint-Genès-Champanelle
Facteurs
biologiques
des qualités
de la viande bovine
Les qualités de la viande bovine fournie
auxconsommateurs résultent des effets combinés de facteurs biologiques et de facteurs technologiques. Cet
article
selimite
auxfacteurs biologiques, entendus
commeles facteurs
responsables des caractéristiques des animaux prêts à quitter la ferme pour
l’abattoir ; les facteurs technologiques, c’est-à-dire l’ensemble des traitements appliqués
auxanimaux pour les transformer
enviande, du transport à l’abattoir
audésossage de la carcasse, seront traités par A. Ouali dans
unprochain numéro.
Les
qualités
de la viande bovine sont trèsvariables,
d’abord parce que la viande est le résultat de l’évolutioncomplexe
d’un tissu trèsdivers dans ses
caractéristiques.
Lawrie(1966)
et Dumont
(1980) distinguent
deux groupes de facteursexplicatifs
de cette diversité : des fac- teursresponsables
des différences entre ani- maux, comme la race,l’âge,
le sexe, le niveaud’alimentation ;
et des facteursresponsables
dela variation entre muscles dans un même ani-
mal,
c’est-à-dire la localisationanatomique
et la fonctionphysiologique,
bien entendu indisso- ciables.La notion de
qualité
de la viande est certes trèsétendue,
et sonacception
varie selon les agents intervenant dans la filière. Ondistingue généralement
desqualités nutritionnelles, hygiéniques, technologiques
etorganolepti-
ques. Seuls les deux derniers groupes seront considérés dans le cadre de cet article.
1 / Qualités technologiques
et qualités organoleptiques
Il
apparaît
ici souhaitable derappeler
trèssuccinctement les notions de
qualités
technolo-giques
etorganoleptiques.
1.
1
/ Qualités technologiques
Les
qualités technologiques
caractérisentl’aptitude
de la viande à la conservation et à la transformation.Bien que le
pH
ne soit pas en soi unequalité technologique,
mais unecaractéristique
chimi-que, son évolution post mortem détermine
grandement
lesaptitudes
à la conservation et à la transformation de la viande. Pour cette rai- son, il est habituel de le traiter avec lesqualités technologiques.
Notonsqu’il
aégalement
uneinfluence sur les
qualités organoleptiques,
sur-tout la couleur.
Le
pouvoir
de rétention d’eau mesurel’apti-
tude de la viande à retenir l’eau
qu’elle
contient, lors de la conservation et au momentde la cuisson, voire à absorber de l’eau dans certaines transformations. Il augmente avec le
pH,
par suite des effets de ce dernier surl’orga-
nisation
spatiale
du réseaumyofibrillaire (voir
Résumé
-Les
qualités technologiques
et sensorielles de la viande bovine que sontl’apti-
tude à la
transformation,
lepouvoir
de rétentiond’eau,
lacouleur,
latendreté,
lajutosité
et laflaveur, dépendent
deplusieurs
facteursbiologiques.
Cet articletente de passer en revue les
principaux
de ces facteurs : la localisation anatomi- que et la fonctionphysiologique
dumuscle,
le typegénétique (race
et typeculard), l’âge,
le sexe, les conditionsd’élevage.
Il en ressort queparmi
les fac-teurs de variation des
qualités
de la viande entre animaux,l’âge,
le sexe et lesconditions
d’élevage jouent
un rôleprimordial,
la racen’ayant qu’un
effetmineur.
Le
pH
ultimedu muscle conditionne
l’aptitude à la
conservation et à la
transformation
dela viande.
Sa
valeur
varie selon lesmuscles,
enfonction des
proportions
desdifférents types de
fibres.l’excellent article de Offer et
Knight
1988, surce
sujet).
Il influencel’aspect
de la viande etson
aptitude
à la conservation, surtout lors de la vente sous formepréemballée,
et la tendreté de la viande cuite par le biais des pertes à la cuisson. Il conditionne le rendement de trans-formation
(saucisses
àpâtes fines).
L’aptitude
à la conservation parréfrigéra-
tion est conditionnée essentiellement par le
pH.
Les viandes de
pH supérieur
à 6 sontgénérale-
ment considérées comme
inaptes
à ce mode deconservation. En
effet,
le faible taux deglucides
des viandes à
pH
élevé favorise ladégradation
de
protéines
par lesmicroorganismes,
cequi
amène le
développement rapide
de mauvaisesodeurs
(Gill
et Newton1981). ).
1.
2 / Qualités organoleptiques
Ce sont les
qualités
perçues par les sens duconsommateur.
La couleur est une
qualité
trèsimportante
parce
qu’elle
détermine la décision d’achat de la viande par le consommateur, au même titre que laproportion
de gras dans le morceau. Sonimportance
croît encore avec ledéveloppement
de la distribution de la viande en
grandes
etmoyennes
surfaces,
où le consommateur estcomplètement
maître de sa décision d’achat etdispose
d’un choiximportant.
L’intensité de la couleur augmente avec la teneur enmyoglo-
bine et
dépend
de la microstructure du muscle.La microstructure est elle-même fortement influencée par le
pH :
l’intensité de la couleur augmente avec lepH,
et l’on obtient des viandes de couleur anormalementfoncée,
ditesà coupe
sombre, lorsque
celui-cidépasse
6. Lateinte varie en fonction de l’état
d’oxygénation
ou
d’oxydation
de lamyoglobine :
lamyoglo-
bine réduite non
oxygénée
est rouge pourpre, lamyoglobine
réduiteoxygénée
est rougevif,
lamyoglobine oxydée
estrouge-brun,
cette der-nière couleur entraînant une réaction de
rejet
par le consommateur.
La tendreté mesure la facilité avec
laquelle
une viande se laisse
mastiquer.
Elle est considé-rée comme la
qualité primordiale
par laplupart
des consommateurs. C’est seulement
lorsqu’un
seuil minimum de tendreté est
respecté
que le consommateur peutapprécier
d’autresqualités
comme la
jutosité
et la flaveur.La tendreté varie avec la
quantité
et lesquali-
tés du tissu
conjonctif
et avec ledegré
d’altéra-tion des
protéines
structurales au cours de la maturation.La
jutosité
de la viande cuitecomprend
deuxcomposantes
(Lawrie 1966).
Lapremière
consiste dans la libération d’eau au début de la mastication ; la seconde est
plus prolongée
etrésulte de la stimulation de la salivation par les
lipides.
Lajutosité dépend
donc dupouvoir
derétention
d’eau,
de laquantité
etpeut-être
de lanature des
lipides
de la viande.La flaveur de la viande est déterminée par la
composition chimique
et leschangements apportés
à cette dernière par la cuisson. Descomposés hydrosolubles
aussi bien queliposo-
lubles sont
impliqués
dans ledéveloppement
de la flaveur au cours de la cuisson.
2 / Variations des qualités
de la viande entre muscles
2.
1 / Evolution post mortem du pH
et installation de la rigidité cadavérique (rigor mortis)
a / Evolution normale
Chez le
boeuf,
la vitesse de chute dupH
postmortem et d’entrée en
rigor
varie nettement d’un muscle àl’autre,
mais cette variation apeu
d’importance pratique (Tarrant
et Mother-sill 1977, Bendall
1978).
En effet on n’observeque très rarement des vitesses assez élevées pour entraîner des déficiences
qualitatives,
contrairement à ce que l’on observe chez le porc. Fischer et Hamm
(1980)
enAllemagne
ont
rapporté
chez desjeunes
bovins des chutes depH
trèsrapides
entraînantl’apparition
deviande du type PSE
(pale
soft exudativemeat)
mais ce
phénomène
semble peufréquent.
Par contre, les variations dans l’étendue de la chute du
pH
ont desconséquences qualitatives importantes
et sont une sourced’hétérogénéité
à l’intérieur d’une même carcasse. Les muscles d’un animal diffèrent par la vitesse de contrac- tion de leurs fibres et
l’importance respective
des voiesmétaboliques glycolytique
etoxyda-
tive,qui
définissent les typesmétabolique
etcontractile. Très succinctement, on
distingue :
- des fibres musculaires à contraction
rapide
età contraction lente
- des fibres musculaires
&dquo;rouges&dquo;,
riches enmyoglobine
et à forte activitérespiratoire,
et des fibres musculaires &dquo;blanches&dquo; pauvres enmyoglobine
et à activitéglycolytique prédomi-
nante.
La combinaison de ces caractères permet de
distinguer
3types
de fibres :blanches-rapides, rouges-rapides
etrouges-lentes,
tout muscle debovin contenant les 3 types en
proportion
variable(pour
unedescription
détaillée voirl’article de Lefaucheur paru dans Productions Animales de
juillet 1989).
LepH
ultime varieinversement au taux de
glycogène présent
dans le muscle au moment del’abattage.
Les mus-cles à
prédominance rouge-lente, qui
tendent à êtreplus
pauvres englycogène,
montrent lespH
ultimes lesplus élevés ;
ils se trouvent sur-tout dans les
quartiers
avant(Talmant
et al1986) (figure 1).
LepH
ultimedépend
aussi dupouvoir tampon
dumuscle,
ce dernier augmen- tant avec l’intensité du métabolismeglycolyti-
que.
Le
pH
varie aussigrandement
à l’intérieur d’un mêmemuscle, particulièrement
dans lesmuscles les
plus
volumineux. Cette variation reflète certainement cellequi
affecte les propor- tions destypes
de fibres en différentspoints
d’un muscle(Hunt
et Hedrick1977).
b / Effets
du
stressd’abattage
Il est connu de
longue
date que la viandeprésente
unpH
anormalement élevé chez les bovins soumis à un stressimportant
avantl’abattage (Mitchell
et Hamilton 1933 cités par Howard et Lawrie1956).
Cet effet du stressvarie fortement entre muscles
(Howard
et Law-rie
1956). L’hypersécrétion
de catécholamines consécutive au stressjoue
certainement unrôle,
mais ne suffit pas àexpliquer
l’élévation dupH.
En effetl’augmentation
dupH
estgéné-
ralementplus marquée
dans les muscles duquartier
arrière et dans leLongissimus
dorsi(long dorsal)
que dans les muscles duquartier
avant
(Sornay
etLegras
1978, Tarrant et She-rington 1980).
Ceci est vraisemblablement dûau fait que l’activité motrice des animaux durant le transport et
l’abattage
sollicite davan- tage les muscles des membrespostérieurs
et du dos que les muscles des membres antérieurs.Des
dégénérescences
musculaires consécu- tives à untransport prolongé
ont été observéeschez les
jeunes bovins,
surtout mâles entiers.Le
phénomène
a été bien décrit par Mouthon etMagat (1976) :
il se traduit par une décolorationet une exsudation de sérosité ambrée lors de la coupe du muscle. Il affecte surtout les muscles Pectoralis
profundus (pectoral profond)
et Lon-gissimus dorsi,
et, dans cesmuscles, spécifi-
quement les fibres à contractionrapide
et méta-bolisme anaérobie
prédominant (Van
Haver-beke et al
1978).
Ilparaît
résulter d’une interac- tion entrehypersécrétion
de catécholamines etoxygénation
insuffisante au niveau cellulaire.2.
2 / Couleur
Le
type métabolique
du muscle est leplus important
facteur de variation de la couleur de la viande dans uneespèce
et à unâge
donnés.En
effet,
il conditionne directement le taux depigment (myoglobine
etpigments respiratoires) qui
varie dusimple
au double entre musclesd’une même carcasse comme le montre la
figure
2. En outre, laprofondeur
de la couchesuperficielle rouge-vif d’oxymyoglobine (forme oxygénée
de lamyoglobine)
est inversementproportionnelle
à l’activitérespiratoire
des muscles(Lawrie 1953).
La stabilité de la couleur est, elle aussi, très
dépendante
du typemétabolique.
La formationde
metmyoglobine
-formeoxydée
de lamyoglo-
bine
responsable
du brunissementprogressif
de la viande en cours de conservation-
dépend
de
plusieurs
mécanismes(Renerre
et Labas1987) :
les vitesses de diffusion et de consom-mation
d’oxygène, l’autooxydation
de la myo-globine
enprésence d’oxygène
et la réductionenzymatique
de lamyoglobine.
Sa vitesse aug- mente avec l’intensité du métabolismeoxydatif (Renerre 1984) (figure 3).
Les muscles àprédo-
minance
rouge-lente
ont donc une couleur ins-tabte : la
hampe (muscle Diaphragma)
en est unexemple typique.
Les
pH
ultimes élevés favorisent le maintien de l’activitérespiratoire,
ets’opposent
ainsi à laformation de la couche
superficielle d’oxymyo- globine
rouge vif. Ceci conduit à la couleur pourpre(couleur
de lamyoglobine réduite)
desviandes à coupe sombre.
2.
3 / Teneur
en eau,pouvoir
de rétention d’eau et perte
à la cuisson
La teneur en eau varie
beaucoup
entre mus-cles. Bousset et al
(1986) rappportent
des valeurs extrêmes de 71,6 % d’eau dans le mus-cle
Diaphragma (diaphragme)
et 77,2 % dans le Brachialis(brachial antérieur).
Il est bien connuque la teneur en eau varie inversement à la
teneur en gras
(Callow 1947) ;
elleaugmenterait
avec la vitesse de contraction du muscle
(Ouali
et al
1989).
Lerapport
de l’eau auxprotéines
varie aussi
largement
entre muscles comme lerévèle une
analyse
de résultatsrapportés
par Lawrie et al(1964) (tableau 1).
Ilpourrait
y avoir une relationnégative
entre ce rapport et les pertes à la cuisson, comme cela a été sug-géré
pour le porc par Monin et al(1986).
Les muscles montrent de
grandes
différences depouvoir
de rétention d’eau à l’état cru.Celles-ci sont liées aux différences de
pH,
maisil a été montré
qu’à
même vitesse de chute dupH
et mêmepH
ultime des variationsimpor-
tantes subsistent entre muscles. La cause de ces
différences reste inconnue.
Comme le
pH,
lepouvoir
de rétention d’eau varie à l’intérieur même des muscles.La perte de
poids
à la cuisson résulte essen-tiellement d’une diminution du
pouvoir
derétention
d’eau, qui
se traduit par une perted’eau ;
celle-ci entraîne descomposés
azotés et des minéraux. Les différences entre muscles sont vraisemblablement dues enpartie
aux dif- férences depH,
mais aussi depropriétés
des fractionsmyofibrillaire
etconjonctive.
En effet latempérature
àlaquelle
seproduit
la dénatu- ration desprotéines
etl’enthalpie
de dénatura- tion de cesprotéines dépend
du type métaboli-que des fibres musculaires. Monin et Laborde
(1985)
ont montré que laperte
induite par unchauffage
à 100°Cpendant
10 minutes dans desconditions de
pH identiques
estplus impor-
tante dans les muscles rouges que dans les muscles blancs. Toutefois les mécanismes en cause sont encore à élucider.
2.
4 / Tendreté
Le tissu
conjonctif enveloppe chaque
élé-ment du
muscle,
constituant une trame très ramifiée. Sagrande
résistancemécanique
en fait leprincipal
déterminant de la dureté de la viande. Laquantité
et lescaractéristiques quali-
tatives du tissu
conjonctif
varient avec les types contractile etmétabolique
des muscles. Il en vade même pour le
degré
d’altération des pro- téinesmyofibrillaires,
altérationresponsable
dugain
de tendreté observé au cours de la matura- tion de la viande.a l Le tissu
conjonctif
Il contient essentiellement deux
protéines fibrillaires,
lecollagène
et l’élastine. Le colla-gène
est leprincipal responsable
de la &dquo;ten- dreté de base&dquo; de laviande,
cellequi
n’est pas affectée par la maturation. Il y a une relation étroite entre la tendreté et la teneur en colla-gène,
cette dernière variantbeaucoup
d’unmuscle à l’autre
(Boccard
et al1967).
Mais laquantité
decollagène
ne suffit pas àexpliquer
les variations de
tendreté, puisque
la dureté du muscle augmente avecl’âge
sans variationimportante
de la teneur totale(Kopp
1976, Boc-card et al
1979).
Lescaractéristiques qualita-
tives du
collagène jouent
un rôleimportant : composition
enisoformes,
nombre et nature des liaisons intermoléculaires.La localisation
anatomique
est lepremier
fac-teur de variation du taux de
collagène (tableau 2).
Ce taux estplus
élevé dans les mus-cles à contraction lente que dans les muscles à contraction
rapide (Kopp
etal 1989).
Les carac-téristiques qualitatives
ducollagène
varientégalement beaucoup
entremuscles, particuliè-
rement le rapport entre les isoformes 1 et 3. Le
collagène
de type 3 estplus
sensible à la pro-téolyse,
on peut donc s’attendre à unehydro- lyse supérieure
ducollagène
par lesprotéases endogènes
dans les musclespossédant
un rap- porttype 3/type
1 élevé(Ouali,
communicationpersonnelle). ).
Les fibres de
collagène
sont stabilisées par des liaisons intermoléculaires de stabilité ther-mique
variable. Laproportion
des liaisons ther-miquement
stablesjoue
un rôleprimordial
dans la définition des
propriétés
texturales de la viande et diffèrebeaucoup
d’un muscle à l’autre chez le boeuf.Le
collagène
est altéré au cours de la matura-tion de la
viande,
mais on ne connaît pas exac- tement l’étendue deschangements qu’il subit,
ni dans
quelle
mesure ceux-ci affectent la dureté de la viande. L’altérationagit
vraisem- blablement sur la stabilitéthermique
des liai-sons intermoléculaires. Mais l’ensemble des résultats obtenus par divers chercheurs laisse penser que le
collagène
estimpliqué
d’unefaçon
mineure, voirenégligeable,
dansl’aug-
mentation de tendreté
qui
accompagne la maturation de la viande de boeuf(Ouali,
com-munication
personnelle).
L’élastine est
présente
sous forme de fibres localisées surtout dans le tissuconjonctif
intra-musculaire. Sa teneur varie inter- et intramus- cle. Dans la
plupart
des muscles debovins,
ellereprésente
moins de 6 % du tissuconjonctif,
mais elle atteint 10 % dans le Rectos abdominis
et le Gluteus medius
(fessier moyen)
et même35 % dans le Semitendinosus
(demi-tendineux)
et le Latissimus dorsi
(grand dorsal). Cepen-
dant ces variations semblentjouer
un rôlemineur dans la variabilité
globale
de la ten-dreté.
b / Les
protéines myofibrillaires
On admet que
l’augmentation
de tendreté due à la maturationprovient
d’une altération de la structuremyofibrillaire.
Cette structuresubit en effet des modifications
profondes
sousl’influence de
protéases endogènes.
La variabilité entre muscles dans la vitesse et l’intensité d’attendrissement est très
supérieure
à la variabilité entre animaux, selon Dransfield
et al
(1980-81). L’usage
de méthodes tant bio-chimiques
querhéologiques
apermis
de mon-trer que la vitesse de maturation des muscles de bovins augmente avec la vitesse de contrac- tion
(appréciée
par l’activitéATPasique myofi- brillaire)
et l’activitéglycolytique (Ouali
et al1988).
Au niveaumicroscopique,
les modifica- tions affectant l’ultrastructure dusystème
myo- fibrillaire sontbeaucoup plus rapides
dans lesfibres à contraction
rapide
que dans les fibres à contraction lente. Ceci a d’ailleurs été observé aussi dans d’autresespèces (volaille, porc).
Ces différences entre types de muscles dans les modalités de la maturation sont
l’expression
de différences dans les activités des
protéases
et des inhibiteurs de
protéases,
mais aussi de variations dans la sensibilité desprotéines
myo- fibrillaires à laprotéolyse
et dans leschange-
ments de
pression osmotique
survenant postmortem dans les muscles. La relation entre la vitesse de contraction et les activités de deux enzymes
protéolytiques
est illustrée dans lafigure
4(noter qu’il n’y
a pas une relation directe entre ces activités et la vitesse de matu-ration,
puisque
celle-ci augmente avec la vitesse decontraction).
Ces aspects sont décritsen détail par Monin et Ouali
(1991).
2.
5
/ Flaveur
Les muscles
présentent
degrandes
diffé-rences de
flaveur,
cequi
n’est pas surprenant compte-tenu del’importante
variation affectantleur
composition chimique.
Parexemple
lesmuscles
Diaphragma
ou Rectos abdominis(droit
del’abdomen)
sontréputés
avoir une fla-veur
beaucoup plus développée
que le Psoasmajor (grand psoas).
Le typemétabolique paraît
être un facteur trèsimportant
de la fla-veur, selon les conclusions tirées par Valin et al
(1982)
d’études menées chez un autre rumi-nant,
l’agneau.
Le gras intramusculaire et sur- tout la fractionphospholipidique
semblentavoir une influence
primordiale
sur la défini- tion de la flaveur(Valin
etGoutefongea
1978, Mottram et Edwards1983).
Chez le porc, le taux dephospholipides
croît avec l’intensité du métabolismeoxydatif,
cequi expliquerait
que l’intensité de la flaveur augmente avec l’activité de cemétabolisme ;
on peut supposerqu’il
enva de même chez le bovin.
2.
6 / Jutosité
Les différences de
jutosité
entre muscles d’un mêmeanimal,
communémentadmises,
sont encore très mal
expliquées.
Onpeut
pen-ser que les facteurs
influençant
lepouvoir
derétention d’eau affectent
également
lajutosité.
Cependant
lepH, qui
est un desprincipaux
déterminants dupouvoir
de rétentiond’eau,
apeu d’influence sur cette
qualité organolepti-
que
(Dransfield 1981).
Purchas et Davies(1974)
discutèrent le rôle du gras intramusculaire sur la base de leurs propres observations et de celles de
plusieurs
autres auteurs : ils conclu- rent à une très faible relation entre le taux de cecomposé
et lajutosité
chez le boeuf. Comme laflaveur,
lajutosité
augmente avec le métabo- lismeoxydatif (Valin
et al1982).
Les écarts
de
vitesse et d’intensité de maturation sontbeaucoup plus importants
entremuscles qu’entre
anima ux.
La
tendreté de
la viande estplus
élevée chez les
femelles
que chezles
mâles et cet écartaugmente
avecl’âge.
3 / Variations des qualités
de la viande entre animaux
3.
1 / Influence du type génétique
a l La race
Il y
a peu decomparaisons
entre racesconcernant l’évolution post mortem du
pH.
Desexpérimentations impliquant
de nombreusesraces
européennes
continentales ou britanni- ques ont conduit à conclure que les différences raciales en ce domaine sont faibles(Ménissier
et al 1982, Liboriussen
1982).
Lepouvoir
derétention d’eau tend à diminuer
lorsque
ledéveloppement
musculaire augmente. La fré- quence des viandes àpH
élevé sembleplus
forte dans les races bovines de
type
laitier(Sor-
nay
1978).
Des différences entre races dans la teneur en
pigment
ont étérapportées
par divers auteurs(Renerre
1984, Boccard et al 1979,1980).
L’in-tensité de la couleur tend à varier inversement
au
développement
musculaire. Ceci est à rap-procher
de l’observation deMay
et al(1975),
selon
qui
une relationpositive
existe entre ledéveloppement
musculaire et le pourcentage de fibres blanches dans la musculature.Les différences raciales sont
importantes
pour la tendreté
(May
et al 1975, Palmer 1963 cité par Lawrie 1966, Boccard et al1969).
Enparticulier
Boccard et al(1969)
ont observé que la tendreté augmente avec ledéveloppement musculaire,
cequ’ils
ontexpliqué
par une rela- tionnégative
entre ce dernier caractère et lateneur en
collagène.
Renand(1988), analysant
la relation entre croissance musculaire et ten- dreté à
partir
d’étudeseuropéennes
et améri- caines, a concluqu’il n’y
a pas de relation clai- rement établie entre cescaractéristiques ;
toute-fois,
dans les deux étudeseuropéennes,
il exis-tait une corrélation
légèrement
favorable. Outre lecollagène,
le taux de gras intramusculaire varie nettement d’une race àl’autre,
cequi
peut contribuer à la variation raciale de tendreté(Callow
1947, Boccard et al1980).
b / Le
type
culardLe
gène
culard induit des modifications dequantité,
de structure et de solubilité des trames decollagène musculaire, qui
se tradui-sent par une nette amélioration de la tendreté de la viande en même temps que de la
quantité
de muscle
(Dumont
et Boccard1974). Cepen-
dant ces avantagess’accompagnent
de défauts de couleur et de gras intermusculaire entraî- nant une diminution de lasapidité.
Ces aspectsont été traités en détail et d’une
façon
très com-plète
dans une revuebibliographique
par Boc- card(1981).
3.
2 / Influence du
sexea
/
Evolutiondu pH post
mortemet
qualités technologiques
Après l’abattage,
la vitesse de chute dupH
dans la musculature estplus
lente chez les tau- rillons que chez lesgénisses
ou les bouvillons(Martin
et Freeden1974),
mais cela a vraisem-blablement peu
d’importance pratique.
Plussignificative
est l’influence du sexe surl’ampli-
tude de la chute du
pH.
Les taurillons montrentune
fréquence
de viandes àpH
élevébeaucoup plus
forte que les autres typessexuels,
selon detrès nombreuses observations
(Martin
et Free-den 1974,
Sornay
1978, Tarrant1981) (tableau 3).
La cause de cette différence réside dans letempérament plus
excitable des animauxmâles, qui
conduit à une motricitésupérieure
et vraisemblablement un stress
psychique plus
intense dans la
période précédant l’abattage (transport,
attente àl’abattoir).
Il en résulte uneglycogénolyse
musculaire accrue sous la dou- ble influence de la contraction musculaire et del’hypersécrétion
decatécholamines,
conduisantà un
pH
ultimeplus
élevé.b /
Qualités organoleptiques
Le sexe a une influence sur la teneur en
pig-
ments,qui
croîtplus
vite chez les femelles que chez lesmâles,
la différence étant d’autantplus importante
que les muscles sontplus
colorés(Renerre 1986).
Par contre, iln’y
a pas de diffé-rence de teneur en
pigment
entre taurillons et bouvillons(Weniger
et Steinhauf 1968, Watson 1969, Boccard et al 1979, Marinova et al 1985, Renerre1986).
Pour les auteursanglo-saxons,
la viande des taurillons est souvent
plus
foncéeque celle des autres types sexuels du même
âge (revue bibliographique
par Seideman et al1982).
Ceci est attribué aupH plus
élevé de lapremière.
En ce
qui
concerne latendreté,
l’influence du sexe est bien connue. La viande de taurillonest
généralement
considérée commeplus
dureque celle de mâle castré, elle-même
plus
dureque celle de
génisse (Touraille 1982)(figure 5)
bien que Boccard et al
(1979)
ne trouvent pas de différence entre les deuxpremiers
types sexuels de cepoint
de vue. La différence aug- mente avecl’âge
et deviendrait appparente vers15-16 mois
(Hedrick
et al1969).
Elleprovient
au moins en
partie
de différences dans lateneur et la solubilité du
collagène.
Le taux decollagène
est leplus
élevé chez les taurillons etle
plus
faible chez lesgénisses,
les boeufs occu-pant une
position intermédiaire ;
par contre la solubilité ducollagène
est similaire chez les boeufs et lesgénisses,
les taurillons montrantune solubilité inférieure
(Kopp
1989, communi- cationpersonnelle).
Pour Seideman et al
(1982),
la tendreté infé- rieure de la viande de taurillons par rapportaux bouvillons
s’expliquerait
aussi par le fait que lespremiers
ont une couvertureadipeuse
plus faible,
et sont ainsi moins bienprotégés
contre la contracture au froid en cas de
réfrigé-
ration
rapide.
La flaveur et la
jutosité
de la viande de boeuf sont considérées commesupérieures
à celles de la viande de taurillons(Field
etal 1966, Reagan
et al 1971, Micol et Touraille
1983).
3.
3 / Influence de l’âge
Il est évident que les
qualités
de la viande bovinechangent
considérablement avecl’âge
des animaux. Cette évolution
correspond
à deschangements profonds
dans lacomposition
et lescaractéristiques métaboliques
des muscles.a / Evolution
post
mortem dupH
et
pouvoir de
rétention d’eauLa vitesse de chute du
pH
augmente avecl’âge,
tandis que lepH
ultime évolue peu(figure 6).
Cette accélération du métabolisme post mortem combinée à l’accroissement desépaisseurs
musculaires apporteprobablement
une diminution de la
propension
à la contrac-ture au froid
(pour
les muscles conservés sur lacarcasse)
bien que la sensibilitéintrinsèque
àcette contracture augmente avec
l’âge
selonDavey
et Gilbert(1975).
Lepouvoir
de rétentiond’eau de la viande de boeuf diminue avec
l’âge (Malterre
et al1974).
b /
Qualités organoleptiques
Chez le bovin comme dans toutes les
espèces
de mammifères
domestiques,
l’intensité de la couleur augmente avecl’âge
par suite de l’élé- vation du taux demyoglobine.
Le contenu dumuscle en
myoglobine
s’accroîtrapidement
aumoins
jusqu’à
2 ans(Boccard
et al 1979,Renerre et Valin 1979, Renerre
1982)
et mêmejusqu’à
3 ans selon Lawrie(1966) (figure 7).
L’augmentation
devient ensuiteplus
modérée.La stabilité de la couleur tend à diminuer avec
l’âge,
surtout dans les muscles lesplus
insta-bles
(Renerre
et Valin 1979, Renerre1982).
La diminution de tendreté observée
lorsque l’âge
augmente(Geay
et al 1975 ; Boccard et al 1979 ; Touraille1982)
ne repose pas sur l’évolu- tion du taux decollagène, qui change
peu. Elleest attribuée à
l’augmentation
dudegré
depolymérisation
ducollagène, appréciée
à tra-vers une décroissance de la solubilité
(Kopp
1971,
1976).
En outre, la vitesse d’attendrisse-ment durant la maturation diminue avec
l’âge :
le temps nécessaire pour atteindre la tendreté maximale à 4°C passe de 4-5
jours
chez le veauà 10-11
jours
chez la vache de réforme(Buchter
1972 ; Valin et al
1975).
La flaveur augmente avec
l’âge
des animaux(Touraille 1989).
Ceci peut être attribué à uneaugmentation
du taux delipides
intra-muscu-laires,
etpeut
être à une évolution du typemétabolique.
3.
4 / Influence des conditions d’ élevage
Le niveau d’alimentation affecte la
composi-
tion
chimique
du muscle. Lawrie(1966) conclut,
àpartir
deplusieurs
études menéesdans la
période
1940-1960, que la teneur enlipides
augmente et que corrélativement lateneur en eau diminue dans la musculature