MPSI B 29 juin 2019
Énoncé
Cet exercice
1porte sur les déterminants des matrices à coecients dans {0, 1} . Dans ce texte, n est un entier supérieur ou égal à 2 et on note :
M n = M n ( R ) l'ensemble des matrices carrées d'ordre n à coecients dans R, GL n ( R ) l'ensemble des éléments inversibles de M n ( R ) ,
X n l'ensemble des éléments de M n ( R ) dont tous les coecients sont dans {0, 1} , Y n l'ensemble des éléments de M n ( R ) dont tous les coecients sont dans [0, 1] ,
I. Généralités
1. Justier que X n est un ensemble ni et préciser son cardinal.
2. Démontrer que | det(M )| < n! pour tout M ∈ Y n .
3. Soit M ∈ Y n et λ une valeur propre complexe de M c'est à dire λ ∈ C , ∃X ∈ M n,1 ( C ), X 6= 0
Mn,1(C)tq M X = λX.
Montrer que |λ| ≤ n et donner un exemple explicite où l'on a l'égalité.
4. Étude de X n
0= X n ∩ GL n ( R ) .
a. Faire la liste des éléments de X
20.
b. Montrer que X
20engendre M
2. La propriété Vect(X n
0) = M n est-elle vraie pour n ≥ 2 ?
II. Maximisation du déterminant
1. Justier l'existence de
x n = max {det(M ), M ∈ X n } y n = sup {det(M ), M ∈ Y n } . 2. Montrer que la suite (y k ) k≥2 est croissante.
3. Soit J ∈ X n la matrice dont tous les coecients valent 1 . On pose M = J −I n . calculer det(M ) et en déduire que (y k ) k≥2 tend vers +∞ .
4. Soit N ∈ Y n . Pour (i, j) ∈ J 1, n K
2
, on note n i,j les coecients de N et supposons que pour un (i
0, j
0) xé on ait 0 < n i
0,j
0< 1 .
a. Montrer qu'en remplaçant n i
0,j
0soit par 0 soit par 1 , on peut obtenir une matrice N
0∈ Y n telle que det(N) ≤ det(N
0) .
b. Montrer que x n = y n .
1
d'après Math 1 PSI Concours Centrale-Supelec 2016
Corrigé
I. Généralités
1. L'ensemble X n s'identie aux fonctions de J 1, n K
2
dans {0, 1} , il est donc ni et de cardinal
2
(n2)2. Exprimons le déterminant avec des permutations
|det(M )| =
X
σ∈S
nε(σ) Y
j∈
J1,nKm σ(j)j
≤ X
σ∈S
n|ε(σ)| Y
j∈
J1,nK|m σ(j)j |
Tous les facteurs sont entre 0 et 1 donc tous les n! termes de la somme sont plus petits que 1 d'où | det(M )| ≤ 1 .
3. Soient A et B dans Y n et λ entre 0 et 1 . Considérons M λ = λA + (1 − λ)B . Ses coecients vérient
terme i, j de M λ = λa i,j + (1 − λ)b i,j ∈ [0, 1]
Donc M λ ∈ Y n ce qui prouve que Y n est convexe.
4. Comme la colonne propre X est non nulle, il existe un indice i tel que 0 < |x i | ≥ |x j | pour tous les autres j . On en déduit, en examinant la ligne i du produit M X :
|λ||x i | ≤
n
X
j=1
|m i,j |
| {z }
≤1
|x j |
|{z}
≤|xi|
≤ n|x i | ⇒ |λ| ≤ n
Si M est la matrice ne contenant que des 1 et X la colonne ne contenant que des 1 , on a M X = nX . Il est donc possible d'obtenir des valeurs propres de module n . 5. a. Parmi les 16 matrices d'ordre 2 formées de 0 et de 1, on liste d'abord celles qui ne
contiennent ni ligne ni colonne nulle en considérant les premières lignes possibles (il y en a 3) :
0 1 1 0
, 0 1
1 1
, 1 0
0 1
, 1 0
1 1
, 1 1
0 1
, 1 1
1 0
, 1 1
1 1
Cette création est mise à disposition selon le Contrat
Paternité-Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.0 France disponible en ligne http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/fr/
1
Rémy Nicolai Amat5abrMPSI B 29 juin 2019
On élimine la dernière qui est de rang 1 . Il en reste donc 6 . A =
0 1 1 0
, B = 0 1
1 1
, I = 1 0
0 1
, C = 1 0
1 1
, D = 1 1
0 1
, E =
1 1 1 0
, b. Elles engendrent les matrices élémentaires car
E
1,1= E − A, E
1,2= D − I, E
2,1= C − I, E
2,2= B − A
Dans le cas général de l'ordre n . Si i 6= j , la matrice I n + E i,j est une matrice d'opérations élémentaire donc dans X n
0. Ceci montre que E i,j ∈ Vect(X n
0) . Pour les E i,i , on utilise la matrice D avec des 1 sur la mauvaise diagonale ( d i,j = δ n−j+1,i ) car D + E i,i est encore inversible. On engendre ainsi tous les E i,i sauf E p,p lorsque n = 2p + 1 . On pourra également l'obtenir comme combinaison mais avec plus de deux matrices. La propriété reste donc vraie à l'ordre n . Par exemple
0 0 0 0 1 0 0 0 0
= D + 2I −
1 0 0 0 1 0 1 0 1
−
1 0 1 0 1 0 0 0 1
Le raisonnement est sans doute plus clair avec les matrices de permutations qui sont des éléments de Vect(X n
0) .
Pour n'importe quel couple (i, j) , il existe des permutations σ telles que σ(j) 6= i . Le terme i, j de P σ est alors nul. La matrice P
0= E ij + P σ est inversible car son déterminant est ε(σ) . En eet σ est la seule permutation qui contribue au déterminant à cause de la contrainte imposée par les n − 1 colonnes (autres que la j -ème) qui ne contiennent qu'un seul terme non nul. De plus P
0Vect(X n
0) car elle ne contient que des 0 et des 1 don :
E ij = P
0− P σ ∈ Vect(X n
0).
II. Maximisation du déterminant
1. Comme X n est ni, l'ensemble des déterminants l'est aussi donc il admet un plus grand élément.
L'ensemble Y n est inni donc on ne peut armer que l'ensemble des déterminants soit ni. En revanche, on sait d'après I.2. qu'il est majoré. Comme toute partie de R non vide et majorée il admet une borne supérieure y n .
2. Le nombre y n+1 est un majorant de {det(M ), M ∈ Y n } . En eet, pour toute M ∈ Y n , on peut former une matrice M
0∈ Y n+1 de même déterminant en la bordant par des 0 avec seulement un 1 en position 1, 1 . Comme y n est le plus petit des majorants, on en déduit y n ≤ y n+1 .
3. Notons X
1, · · · , X n les colonnes de la base canoniques des matrices colonnes et C la colonne qui ne contient que des 1 . On peut alors écrire
C j (J) = C − X j
Développons le déterminant de M par multilinéarité par rapport aux colonnes. Seuls contribuent les distributions où C gure au plus une fois. On en déduit
det(M ) = (−1) n det(I) + (−1) n−1
n
X
j=1
det(X
1, · · · , X j−1 , C, X j+1 , · · · , X n )
= (−1) n−1 (n − 1) Ces matrices montrent que la suite des y n diverge vers +∞ pour les n impairs. Pour les n pairs, il sut de modier la matrice en permutant deux lignes ou colonnes.
4. a. On suppose n i
0,j
0∈ ]0, 1[ , considérons le développement du déterminant selon la colonne j
0. Dans ce développement, le coecient n i
0,j
0intervient seulement dans le terme
n i
0,j
0C i
0,j
0où C i
0,j
0désigne le cofacteur. Si ce cofacteur est positif ou nul, en remplaçant n i
0,j
0par 1 , on augmente le déterminant. Si le cofacteur est strictement négatif, en remplaçant cette fois n i
0,j
0par 0 on l'augmente aussi. On peut donc former une matrice N
0comme le demande l'énoncé.
b. Pour une matrice M quelconque dans Y n , en procédant systématiquement comme dans la question précédente, on peut remplacer tous les coecients dans l'inter- valle ouvert par des 0 ou des 1 et obtenir nalement une matrice M
0∈ X n telle que det(M ) ≤ det(M
0) . On en déduit que x n est un majorant de y n donc que x n = y n .
Cette création est mise à disposition selon le Contrat
Paternité-Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.0 France disponible en ligne http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/fr/